http://www.passion-histoire.net/viewtop ... 43#p529906
Pierma a écrit :
Sujet du message : Re: La prise de pouvoir d'Hitler.
Message Publié : 21 Nov 2016 4:55
Histoire de fracasser la limite chronologique, je me fais la réflexion que Wilson avait cédé à l'illusion que la démocratie s'exporte, illusion que reprendra son lointain successeur de 2003.
La France, durement éprouvée, et qui en connaissait un bout en termes de militarisme prussien, aurait fait un dur vainqueur face à l'Allemagne, si Wilson n'avait pas posé ses 14 points sur la table. Typiquement, elle aurait démantelé les services secrets allemands, qu'elle connaissait bien, et aurait ainsi évité la diffusion de la Dolchstoss Legende, i.e. le thème du coup de poignard dans le dos orchestré par les services allemands. Mais justement la France à bout d'efforts avait besoin du soutien américain.
Mangin :"Nous ne sommes pas entrés en Allemagne et nous n'avons pas démantelé le militarisme prussien, tout sera à refaire dans 20 ans." Pétain, dont Foch dira méchamment "qu'il avait fallu le mener à la victoire à coups de pied au c...l " voulait à toute force mener son offensive sur la Meuse, d'accord en cela avec l'américain Pershing : il fallait désintégrer l'armée allemande.
L'Allemagne, qui n'avait jamais été républicaine - à part, je crois, une éphémère république crée par Napoléon, la confédération du Rhin, avant d'en faire le royaume de Westphalie - n'allait pas devenir une démocratie de génération spontanée.
D'autant que la république de Weimar - et c'est peut-être la véritable première des étapes que vous évoquez - a eu besoin très vite de ses militaires pour écraser les tentatives bolcheviques ou séparatistes.
Le thème de la revanche a pris naissance en Allemagne quasiment au lendemain de la défaite, avec le même mot d'ordre que celui de Gambetta dans des circonstances identiques : "Pensez-y toujours, mais n'en parlez jamais."
Ainsi il y aurait eu une essence militariste prussienne, comme un ressort qu'on aurait juste, en 1919, remis dans sa boîte... et qu'une action des services secrets français, si Wilson ne leur avait pas tenu la bride courte, aurait simplement comprimé un peu plus.
Au passage, apprenez, ô passionnés trompés par une clique bannisseuse et incapable de revenir sur des condamnations à vie, que la légende d'un Pétain désespéré que Foch signe l'armistice avant l'entrée en Allemagne a été pulvérisée par Bénédicte Vergez-Chaignon. Mieux : elle a démontré que le bobard s'était développé après 1930, date de la mort de Foch !
Autrement dit : du moment que l'Allemagne signait, le 11 novembre, des conditions qui la mettaient à la merci des vainqueurs en l'empêchant de reprendre raisonnablement le combat, Pétain était pour, et il n'a manifesté aucune contrariété.