http://www.39-45.org/viewtopic.php?f=17 ... 03#p463703Réponse à Roger "Norodom", qui me harcelait depuis des semaines, sans dire où il voulait en venir, à propos du voyage de Reynaud à Londres le 26 mai 1940.
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Je passerai vite sur l'affirmation, qui tourne en boucle chez les supporters de l'explication militaire, du moins les plus démunis d'arguments, selon laquelle je chercherais à détruire celle-ci pour faire de la place à la mienne. Mon raisonnement est exactement inverse : l'explication militaire étant entièrement postérieure à l'ordre d'arrêt, entièrement nazie au départ et entièrement floue, multiforme, contradictoire, y compris ici, elle doit être considérée comme du remplissage. L'ordre d'arrêt en plein élan, empêchant le bouclage imminent d'un encerclement, bouscule toute logique militaire : sa raison est donc politique.
Jusque là je suis entièrement d'accord avec ce qu'écrit Frieser, du moins dans son livre de 1995, et ce n'est pas la moindre incohérence de mes contradicteurs que de m'opposer à toute force à lui. Ensuite je diverge : sa raison politique (Hitler brise l'élan pour montrer qui commande) n'est pas du tout convaincante.
Caricature encore, trahissant ce que j'appelle désormais un "syndrome du rempart viking"
http://www.39-45.org/viewtopic.php?f=25 ... &start=660 , le retour d'une affirmation que j'avais pourtant réussi à faire régresser depuis quelques semaines : ma thèse consisterait à dire que Hitler stoppe pour permettre le rembarquement britannique. Cela, c'est une vieille affabulation de Jean Vanwelkenhuyzen, véritable négationniste de la révolution costellienne et s'ingéniant à n'y voir qu'une résurgence du confus Liddell Hart.
Grande faiblesse argumentative encore, le fait de m'attribuer des propos tenus par d'autres sous prétexte que je ne les ai pas encore démentis. Ici, la négation porte sur le travail même que chacun fait sur les forums et qui consiste à exprimer son analyse et à en prendre la responsabilité, plutôt que de critiquer systématiquement celles des autres et d'être considéré comme l'auteur de ce qu'il ne dément pas dans l'instant.
J'ai enfin compris ce que Norodom me voulait au sujet de la visite de Reynaud à Londres : il avait compris, lui, que c'était là, d'après moi, le vecteur de la transmission des propositions généreuses, et il jouait au chat et à la souris en essayant de me le faire dire plus clairement, pour pouvoir m'opposer le démenti des archives.
Eh bien il faut relire, ne serait-ce que le court article qui a enfin lancé le débat après 20 ans de tête dans le sable :
http://www.delpla.org/article.php3?id_article=560 .
Comme le rappelle Bruno (dont je ne partage pas toutes les formulations, que ce soit bien clair, même si je ne prends pas le temps de toutes les démentir !), c'est Dahlerus et non Nordling via Reynaud qui transmet l'info sur les "clémentes" conditions allemandes à Londres. La preuve : les trois débats du 19 au 23 mai sur le "plan Dahlerus", amené par Halifax. Pour supposer que cela ne signifie pas qu'il a été au courant du reste de la conversation, il faut supposer, ce que Norodom n'hésite pas à faire, que le Suédois n'a transmis que l'accessoire en oubliant l'essentiel. Cela procède d'un défaut de méthode qu'on appelle le positivisme : considérer que ce qui n'est pas dans le document n'a pas d'existence; en l'occurrence, si Halifax parle d'un plan Dahlerus concernant Narvik et pas des conditions généreuses, cela ne saurait prouver que la transmission de Dahlerus s'est bornée à ce plan, en oubliant en route les conditions généreuses.
Là se niche une autre déformation de mon propos, qui revient à me traiter de journaliste à sensation ou d'historien du dimanche (je le suis d'ailleurs, la preuve ici même... mais aussi du lundi, etc.) : je supposerais sans aucun répondant que, puisque Halifax a présenté le plan Dahlerus, il a aussi déballé devant ses quatre collègues du cabinet de guerre le reste de la conversation du 6 mai. Or je pense et j'ai écrit exactement le contraire : autant les archives du Foreign Office ont fait l'objet d'un tri prouvé, destiné à effacer le nom même de Dahlerus, autant les minutes du cabinet me semblent fiables. Halifax ne parle pas des conditions allemandes, parce qu'il n'ose pas ou pas encore, et c'est bien pour cela qu'il propose de les demander, via Mussolini.