par boisbouvier » Samedi 21 Juin 2014 11:14:21
Faut-il accuser Heidegger et Hannah Arendt comme le fait Delpla ?
Compte tenu de l'antériorité de vingt ans des crimes du bolchevisme sur ceux du nazisme et de l'impéritie (au moins apparente) de la démocratie parlementaire à les combattre, compte tenu aussi (et peut-être surtout) du bouleversement conceptuel radical qu'il constituait avec son Internationale qui mettait en cause toute l'histoire des civilisations et les nations elles-mêmes, n'était-il pas louable d'être fasciste en 1933-38 ? Gandhi et Churchill, je le répète, rendaient visite à Mussolini. Non seulement il n'était pas tabou, mais encore il parut comme Franco un recours contre Lénine, Trotzky et Staline. Bref, le bolchevisme fit peur, très peur. Nolte dit qu'aussi bien Rosa Luxembourg à Berlin que Bela Kuhn à Budapest, que Zinoviev à Moscou ou Eugen Lemiré à Munich ne faisaient pas mystère de vouloir liquider physiquement les 10 % de bourgeois qui se révéleraient inaccessibles à la grande transformation marxiste-léniniste en cours.
Les crimes du nazisme furent encore supérieurs à ceux du communisme mais ils leur furent postérieurs de sorte que les personnages qui furent fascistes en 1933 comme Heidegger, Jouvenel ou Duverger ne furent pas répréhensibles pour autant. Pas plus que ceux (dont je suis) qui ont voté la Constitution de la V° République dont l'article 16 donne, en fait, au président élu des pouvoirs illimités tout à fait comparables à ceux que Hitler a hérités au soir du 23 mars 33.
Si on adopte définitivement la règle de renoncer à l'anachronisme en Histoire (et comment pourrait-on la refuser, cette règle ?) on ne reproche pas à Heidegger son nazisme de 1933. On ne reproche pas à Hannah Arendt d'avoir aimé ce monsieur. C'était son droit.
Qu'en dis-tu, Delpla ?