boisbouvier a écrit :L'Amérique n'était pas du tout, mais alors pas du tout, déterminée à recommencer l'équipée de 1917 à ce stade de la guerre et ce n'est certainement pas les victoires supplémentaires qu'auraient offertes à Hitler les combats perdus d'avance des quelques troupes démoralisées et mal armées qui nous restaient en Afrique qui l'auraient incité à le faire, bien au contraire.
10. Le mercredi 7 août 2013, 05:36 par François Delpla
Effectivement, l'un des livres les plus novateurs jamais parus sur le nazisme.
Une limite cependant : sa vision de la stratégie d'ensemble du Führer. Trop tributaire de ses propres lectures, dont celle de Frieser, elle est aveugle devant ce paradoxe que les ventes pléthoriques des mémoires de Churchill ont fait ignorer à la planète : le nazisme se devait, après l'amuse-gueule polonais, de guerroyer d'abord contre la France et l'Angleterre en espérant écraser vite la première pour atteindre enfin la terre promise d'une entente durable avec la seconde.
Cela a échoué à quelques heures près, celles qui séparent la nomination de Churchill, décidée le 9 mai 1940, de l'offensive contre la France.
Sans cela, la percée de Sedan, à la mi-mai, aurait trouvé au pouvoir à Londres les appeasers, passés maîtres dans l'art de corseter la parole churchillienne.
Tooze traite de toute l'affaire p. 394 en quelques lignes, les premières à mentionner Winston :
"La Grande-Bretagne aurait conservé son empire en échange de son acceptation de la domination allemande sur le continent européen, permettant à Hitler de réaliser finalement le programme de Mein Kampf. Cependant, même sans le leadership décisif de Churchill, il y avait peu de chances que le cabinet britannique acceptât jamais un tel accord."
11. Le mercredi 7 août 2013, 05:48 par François Delpla
La suite du paragraphe est plus éclairante encore :
"La Grande-Bretagne aurait conservé son empire en échange de son acceptation de la domination allemande sur le continent européen, permettant à Hitler de réaliser finalement le programme de Mein Kampf. Cependant, même sans le leadership décisif de Churchill, il y avait peu de chances que le cabinet britannique acceptât jamais un tel accord. Dans l'espoir d'un soutien américain, Londres, à la fin de mai 1940, avait déjà décidé de rejeter toute offre de paix négociée. "
Les décisions du cabinet étaient fort loin d'une telle netteté : ce que décide le cabinet le 28 après trois jours d'une discussion des plus houleuses où Churchill risquait à tout moment d'être renversé, c'est précisément d'attendre pour statuer; attendre quoi ? le bilan des évacuation de Dunkerque; or il fut si étonnamment favorable que Churchill en profita pour éviter toute reprise de la discussion !
Mais surtout Tooze se contredit : ce précaire résultat devait tout, précisément, au "leadership décisif de Churchill".
Voilà qui est une belle façon de passer à côté de l’essentiel par incapacité à voir plus qu’un micro-détail… Sur les 600 pages d’un texte qui porte sur l’économie de l’Allemagne, on ne retient que les 5 lignes qui évoquent en passant un aspect diplomatique...
24. Le mercredi 18 septembre 2013, 11:26 par François Delpla
J'intègre l'échange qui précède à un fil de discussion sur mon travail en général viewtopic.php?f=12&t=1003&p=15172#p15172 .
Plus l'Allemagne aurait défié les Etats-Unis en envahissant la façade atlantique du Vieux continent, et plus ils se seraient peureusement recroquevillés dans leur coquille ?
Pétain n'est plus seulement un oblat sacrifiant sa réputation à l'intérêt national qui exigerait que la France se prosterne devant Hitler, et même plus du tout : le voilà érigé en un modèle universel que Roosevelt eût bien fait d'imiter !
Le refus de reconnaître que l'Allemagne nazie est à la recherche d'un équilibre durable avec les deux puissances anglo-saxonnes, n'a d'autre but que d'obtenir leur aval à ses entreprises vers l'est et essaye, en conséquence, de s'en prendre le moins possible à leurs chasses gardées maritimes et coloniales, fait commettre beaucoup de bourdes à beaucoup d'auteurs.
Grâces soient rendues à l'extrémisme pétainiste de Michel d'en montrer les implications avec une grosse loupe.
Francois Delpla
En tout cas merci de cette confirmation. Tu déploies, pour les besoins de la défense du maréchal, une interprétation extrême et inouïe de l'isolationnisme américain.
Le prendrais-tu pour de l'autarcie ?
Les Américains détestent les empires coloniaux, mais plus encore pour des raisons économiques que doctrinales : ils enragent des marchés que cela leur ferme et se persuadent en particulier que cette situation a aggravé sinon créé leur crise de 29, pourtant si autochtone. C'est dire que le risque d'un contrôle de Suez par une Allemagne prônant, elle, l'autarcie, n'a rien pour les indifférer.
, cela devrait interdire, à tout cerveau en bon état, de croire que l'auteur de la phrase prend la thèse à son compte.se persuadent en particulier que cette situation a aggravé sinon créé leur crise de 29
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