L'énigme du "Haltbefehl"...

Les Totalitarismes à l'assaut de l'Europe !

Re: L'énigme du "Haltbefehl"...

Message par Francois Delpla » Jeudi 18 Juillet 2013 18:52:14

Nous en arrivons à un point crucial : Hitler a-t-il jamais envisagé une alliance avec la Pologne pour attaquer l'URSS ? A mon avis non : il le lui a seulement fait miroiter, le temps d'être prêt à lui régler son compte et, un peu plus tard, celui de la France.
Je le démontre longuement dans Churchill et Hitler.
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Re: L'énigme du "Haltbefehl"...

Message par BRH » Jeudi 18 Juillet 2013 22:09:41

Je n'en suis pas si sûr. Hitler savait bien que ni l'Angleterre, ni la France ne consentiraient à la disparition de la Pologne. Il pouvait être tentant de trouver un accord avec la Pologne en vue d'attaquer l'URSS. Ce plan avait l'aval des appeasers, il ne faut pas l'oublier... Il est vrai que je n'ai pas lu votre "Churchill et Hitler".
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Re: L'énigme du "Haltbefehl"...

Message par alain adam » Vendredi 19 Juillet 2013 20:25:40

Francois Delpla a écrit :
alain adam a écrit :De qui on se moque ? Hitler qui veut la paix ?
Il ne cesse d'avoir des actions belliqueuses depuis des années, et il voudrait la paix ? Evidemment que c'est pour attaquer la Russie , et libérer ainsi un front a l'ouest . En cela je suis d'accord, une invasion de la Pologne sans réaction des Anglais et des Français l'aurait arrangé . Et nous aussi , au final , j'aurais peut être connu plus de membres de ma famille .


Je n'ai évidemment jamais écrit ni pensé que Hitler, le 24 mai, voulait la paix en tout et pour tout pour les siècles des siècles.

En revanche, j'affirme avec force qu'il voulait la guerre en envahissant la Pologne. Il avait tout fait pour se la faire déclarer conjointement par la France et l'Angleterre, qui ne pouvaient se dérober.

Et ce, comme écrit dans Mein Kampf, pour frapper la seule France, afin que l'Angleterre, qui a tant de chats à fouetter outre-mer, soit bien obligée de laisser à l'Allemagne la maîtrise du continent.

C'est ce qui échoue d'un cheveu, Churchill arrivant au pouvoir un poil trop tôt.

Cette thèse ne présuppose pas une seconde qu'on méprise l'histoire militaire.


Bonsoir ,
Si tel etait son souhait , d’être en guerre contre la France et la Grande-Bretagne , n’était il pas plus simple d'attaquer directement la France , plutôt qu'attaquer la Pologne ?
Si certains d'entres vous ont consulté les cartes indiquant les positions des GU Allemandes début septembre et pendant la campagne de Pologne, ils n'auront pas raté le fait que le front ouest etait plus que largement dégarni .Ainsi en attaquant la Pologne , tout en sachant que la France allait réagir ( hypothese FD ) , Hitler laissait ouverte la route jusqu’à Berlin aux troupes Françaises ...
Certes , l'armée Française n'avait commencé a mobiliser que début aout , et n'etait pas a plein régime , seules quelques divisions d'active auraient été disponibles a 80/90% de leur puissance théorique . Certes les anglais n'etaient pas encore sur le sol Français en force . Certes , les divisions blindées " a la française" etaient en cours de formation , sauf deux DLM ( de mémoire) .
Mais comment Hitler pouvait présager que les Français n'allaient pas investir la Ruhr , et faire un peu plus que l'offensive de la Sarre ? Toutes ses meilleures unités étaient en Pologne , "scotchées" au front , et il n'avait que des divisions de reservistes sur l'ouest + une "copie" de la ligne maginot ( je commence a étudier le sujet , et il semble que ce n'etait pas si mal que ça , contrairement a tout ce qui a été écrit depuis des années ) .
C'etait un sacré bluf ... ou de la pure folie . Ceci dit , on peut parier que la neutralité belge , et donc la fermeture d'un "couloir de blindés" dans son dos a du lui faire estimer que son "mur de l'ouest" allait résister a une attaque .

J'imagine que vous allez penser au bluf et a la supériorité intellectuelle d'Hitler , moi je pense plutôt qu'il n'a pas su estimer correctement les risques encourus , ou qu'il connaissait mal l'armée française de 1939 .
Mais , mais , l'histoire fait que l'on s'est arrété a 50 km de la frontiere lors de la campagne de la Sarre , et que tout le monde a oublié cette attaque dans le dos des allemands en 1939 , sauf quelques tordus de cette époque comme moi .
Ceci dit , il y a de quoi l'oublier tant cela a été monté n'importe comment et qu'aucune exploitation de la percée n'a été effectuée ( au point de revenir a la frontière pendant la phoney war ) . Je pense que les Français ( je précise , l’état major Français ) avaient peur de l'armée Allemande , alors que l'analyse faite , il n'y avait pas lieu . Encore une fois , le renseignement manquait , car quelques unités solides auraient pu atteindre Munich et d'autres grandes villes en peu de temps , tout en immobilisant une partie de la production de matiere premiere de la ruhr . Mon objectif n'est pas de refaire l'histoire , car je pense que cela n'a aucun intérêt , aussi je m’arrête la sur ces hypothèses .

Mais reste posée la question , si on s'image a la place d'hitler, je veux que les Français/anglais me déclarent la guerre , ok j'attaque la pologne , ça les fera réagir . Suis je prés a sacrifier mes mines d'acier et de charbon pour autant ?
Je ne vois qu'une seule solution : Hitler ne pensait pas que la guerre serait déclarée , ou alors misait tout sur des réservistes , du matériel ancien ou de prise , et des réserves de munitions très limitées ( ça je peux le prouver ) . S'il avait été logique , il aurait attaqué la pologne avec une masse réduite de blindés , par exemple , et laissé des forces de contre-attaque a l'ouest . Ce n'est pas le cas, il a tout mis dans l'attaque de la pologne ( et il y a eu un tres fort nombre de chars perdus , un millier de souvenir , mais les chars allemands , a l’époque, c'est des automitrailleuses a chenilles en fait ... )

Ou alors il était déjà cinglé ... c'est plutôt ma thèse ... et croyait que tout était possible après ce qu'il avait annexé en force et que les puissances européennes avaient finalement accordé pour ne pas entrer en guerre .

Mais la aussi , aucun écrit ne le dira car je doute que Hitler ait vu un psy pendant qu'il était en exercice , et dans tous les cas cela n’apparaîtrait pas dans les archives du 3e reich , ce qui laisse la porte ouverte a des divagations de pseudo historiens ... N'oublions pas non plus le rôle de l’éducation nationale , ne nos pairs et pères, qui ont toujours soutenu , que l'armée allemande était ultra puissante . C'est totalement faux , et ils étaient meme en retard technologiquement sur pas mal de points , mais si nous nous replaçons dans la personne lambda , il est clair que l'armée allemande est vue comme visionnaire avec du super matériel , et les revues/magazines spécialisés, vu que c'est vendeur , continuent a propager cette image .
Mais la réalité historique est tout autre , lorsqu'un Tigre était vu en Normandie , soit 50% des engagements , on constatera avec analyse , plus tard, qu'il n'y eu que 2% ou la rencontre réelle avec un PzKfw VI etait avérée , la plupart du temps c'etait des Pz IV classiques . Du coup est resté , surtout en France , et grâce a Vichy , un sentiment de force Allemande surpuissante , avec des engins blindés surpuissants en nombre , et des alliés qui n'ont gagné que par la conviction et toute autre bouffonnerie politique .
La réalité est tout autre , et en cela , il faut lire les archives allemandes , je le répète .
Mais du coup , si aujourd'hui encore on pense que l'armée allemande était forte , peut être que Hitler le pensait aussi au moment de la Pologne .... il se serait convaincu lui même par ses mensonges ... voici le lien avec les propos précédents que FD devait chercher dans ce discours ...


Alain
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Re: L'énigme du "Haltbefehl"...

Message par Francois Delpla » Samedi 20 Juillet 2013 09:17:56

@ BRH
Hitler veut abattre la France, ou du moins sa puissance et son prestige militaires, ou non ?

@ Alain
Serait-il malin de le faire par une attaque directe, au lieu de faire coup double en écrasant la Pologne et en faisant l'étonné que cela chagrine Paris et Londres ?

Non seulement il est le mieux informé des carences militaires (et financières, et industrielles, et politiques -le consensus de 1933-38 fondé sur des victoires sans guerre et sur l'antisoviétisme risque de voler en éclats devant la guerre et le pacte) de son pays, mais il se met dans la tête de Chamberlain, Daladier, Staline, Roosevelt et autres moindres seigneurs, en sachant qu'ils vont le trouver fou de prendre de tels risques, donc qu'ils croient qu'ils ne va pas les prendre, donc que l'effet de surprise va jouer à plein lors de ses attaques du printemps 40.

Bref, il donne le tournis à tout le monde et convertit ses carences en atouts au moyen du facteur VITESSE.
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Re: L'énigme du "Haltbefehl"...

Message par BRH » Samedi 20 Juillet 2013 11:00:52

Hitler veut abattre la France, sans-doute. Mais était-ce sa préoccupation principale ? La lutte pour le Lebensraum le motivait bien davantage, à mon avis. Donc, on ne peut exclure, a priori, qu'il ait entrevu la possibilité de prendre la tête de la croisade anti-bolchevik. Le refus de la Pologne de coopérer, le raidissement de l'Angleterre ne lui laisse alors plus guère le choix : il doit abattre la France après la Pologne et espérer quand même pouvoir s'entendre avec l'Angleterre. C'est là que le bât blesse : son admiration pour l'empire britannique le perdra ! Il n'a pas pris en compte la possibilité d'un Churchill...
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Re: L'énigme du "Haltbefehl"...

Message par Francois Delpla » Samedi 20 Juillet 2013 18:48:35

Cette discussion m'inspire une image.
Hitler est, parmi les dirigeants des grandes puissances, un nouveau venu appliquant des méthodes nouvelles, dans un champ balisé par des milliers d'ouvrages historiques ou théoriques. Imaginons donc un footballeur débutant qui avance vers le but en dribblant tout le monde, face à une équipe composée des spécialistes les plus reconnus. Plus il va approcher du but, moins on va craindre qu'il marque : on va chaque fois penser que le dernier dribble était, précisément, le dernier et que l'équipe adverse va bien finir par récupérer le ballon. Si au moins il faisait des passes ! mais non, il joue trop perso !

Il n'aurait effectivement aucune chance de marquer, si on ne le sous-estimait pas et si on réagissait en conséquence.

Ici, le tir au but, c'est la mission donnée à Dahlerus par Göring. Churchill est le gardien remplaçant qui vient d'entrer sur le terrain, dont personne n'attend des étincelles et qui défend sa lucarne du bout des doigts, en un saut désespéré.
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Re: L'énigme du "Haltbefehl"...

Message par Chef Chaudard » Lundi 22 Juillet 2013 11:39:15

Je n'en connais pas d'autre où l'une des deux thèses en présence se réfugie autant dans les généralités, la théorie et la logique (ou ce que, des décennies plus tard, on estime logique), au détriment de l'observation du comportement et des propos des acteurs sur le moment.


Pan sur le bec! Prenant à la lettre la critique de François sur le manque de profondeur de mes remarques, je me suis donc penché sur la situation stratégique au moment du Haltbefehl et relu ce qui la concerne dans différents ouvrages : Frieser, Lidell-Hart, Delpla, Lemay (Von Manstein) ainsi que quelques autres. (Ne le répétez pas à Daniel qui préfèrerait me voir travailler sur un tout autre sujet pour une prestigieuse revue. Merci.)

François indique dans "Churchill et les Français" qu’Hitler stoppe ses chars au grand dam de ses généraux.
Ce qui m’amène à deux questions :
- Qui sont ces généraux ?
- Qu’avaient-ils prévu qu’ils prennent ombrage à l’ordre d’arrêt ?

De cela il ressort :
Les généraux qui s’insurgent contre l’ordre d’arrêt sont Halder et Brauchitch. Jodl, Keitel et, bien sûr Rundstedt et Göring sont pour (Göring a clamé le 23 que la Luftwaffe allait s’occuper seule de réduire la poche, ce qui épouvante ses généraux bien conscients qu’ils n’en ont pas les moyens). Je laisse de côté Guderian et Kleist, le premier n’est qu’un chef d’unité Panzer, lui et le second aux ordres de von Rundstedt. Leur périmètre de décision est réduit.

On est dans la phase qui suit ce qui est défini dans « Fall Gelb » : l’arrivée à la mer des Panzer consommant l’encerclement des meilleures troupes alliées.

Selon ce que j’ai pu lire, rien ne mentionne Dunkerque spécifiquement dans les positions qui sont prises à haut niveau. On en est à discuter du meilleur moyen de réduire la poche, pas à tenter de bloquer l’accès à la mer des troupes encerclées, comme je l‘ai indiqué plus haut. Halder (c’est confirmé dans son journal) est colère parce qu’il estime que les troupes mobiles de l’aile gauche (Kleist), celles qui ont atteint la mer et prennent les Alliés à revers, rencontreront moins de résistance que l’infanterie de l’aile droite (Bock), qui les attaque de face. Halder râle ainsi contre le fait de permuter les rôles de « marteau » et « d’enclume » en stoppant les Panzer.

Il est question aussi d’une possible contre-attaque venue du sud, à laquelle Htiler croit peut-être.

A ce moment de la campagne, soit on profite du fait que les troupes mobiles prenant les Alliés à revers rencontrent une résistance relativement faible, comme le préconise Halder, soit on estime que ce serait prendre des risques inutiles alors que l’on vient de réussir un encerclement historique.

Dans cette situation fluide, il me parait personnellement que la volonté d’arrêter les troupes motorisées peut venir d’une volonté de les ménager, ou, plus simplement, de ne pas risquer inutilement de les voir s’enferrer contre une défense qui peut se durcir, pour gagner quelques jours dans une réduction de la poche qui, tous le pensent, est de toutes façons inexorable.
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Re: L'énigme du "Haltbefehl"...

Message par Daniel Laurent » Lundi 22 Juillet 2013 11:54:34

Bonjour,
Chef Chaudard a écrit :(Ne le répétez pas à Daniel qui préfèrerait me voir travailler sur un tout autre sujet pour une prestigieuse revue. Merci.)

Trop tard, je vois tout et je sais tout.
:mrgreen:
Accroches-toi aux branches, le DGM 10 démarre dans la semaine en correction et je connais une tenaille qui me dois une introduction.
Et que ça saute !
Foin du Haltbehfel, il s'agit la du vorrückenbehfel.
Cordialement
Daniel
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Re: L'énigme du "Haltbefehl"...

Message par Francois Delpla » Lundi 22 Juillet 2013 12:04:47

* il me semble que Kleist et Guderian sont particulièrement bien placés pour juger cet ordre inepte et, dans une optique purement militaire, lourd de conséquences fâcheuses ;

* l'absence de toute référence à une demande préalable de Haltbefehl par un gradé quelconque, dans la matinée du 24, se confirme;

*
Chef Chaudard a écrit : On en est à discuter du meilleur moyen de réduire la poche, pas à tenter de bloquer l’accès à la mer des troupes encerclées


elles sont où, ces discussions ?

Le Haltbefehl est un brusque diktat du chef suprême. De discussion, pas la moindre... si on excepte le coup de fil à grand spectacle aux deux bouts de la ligne, entre Hitler et Göring, l'après-midi du 23... qui ne déclenche aucun arrêt. Mais auquel il faut faire un sort, et, à l'inverse de Frieser, Jacobsen et consorts, j'en fais un : c'est la preuve que dès le 23 Hitler a l'intention de jouer du frein et de l'accélérateur, en vertu des signes que donne ou pas l'ennemi, et qu'il prépare à toutes fins utiles un prétexte "Luftwaffe" d'arrêt.
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Re: L'énigme du "Haltbefehl"...

Message par Chef Chaudard » Lundi 22 Juillet 2013 15:52:32

il me semble que Kleist et Guderian sont particulièrement bien placés pour juger cet ordre inepte et, dans une optique purement militaire, lourd de conséquences fâcheuses ;


Je ne pense pas: encore une fois, il s'agit d'un enjeu qui dépasse le simple niveau opérationnel. Qu'ils soient frustrés, qu'ils tentent de convaincre leurs supérieurs, pourquoi pas. Mais ils ne sont pas sensés intervenir au niveau stratégique, qui est du domaine de la "généralität". Qu'ils prennent quelques initiatives correspond aux traditions de la Wehrmacht. Mais pas au point de s'aventurer tous seuls sans savoir ce que va faire le reste de l'armée Allemande. La preuve que l'on est au dessus de leur niveau de responsablité est la réaction d'Halder, qui s'emporte contre Hitler car cela va contre son idée pour réduire la poche. Pas l'idée de Guderian ou Kleist, mais la sienne.

l'absence de toute référence à une demande préalable de Haltbefehl par un gradé quelconque, dans la matinée du 24, se confirme;


Nous sommes d'accord: il s'agit bien d'un diktat d'Hitler.

Mais auquel il faut faire un sort, et, à l'inverse de Frieser, Jacobsen et consorts, j'en fais un : c'est la preuve que dès le 23 Hitler a l'intention de jouer du frein et de l'accélérateur, en vertu des signes que donne ou pas l'ennemi, et qu'il prépare à toutes fins utiles un prétexte "Luftwaffe" d'arrêt.


Je pense qu'Hitler prend une décision dans le domaine stratégique et l'impose à ses sbires. L'explication qui me semble la plus simple est qu'il veut ramasser sa mise sans risquer plus. Même si une contre-attaque venant du sud est improbable, même si les Panzer n'ont qu'un rideau défensif devant eux, il les préfère solidement implantés en défense, prêts à toute éventualité, plutôt que s'usants dans des combats indécis au risque de se faire piéger ou déborder.
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Re: L'énigme du "Haltbefehl"...

Message par Francois Delpla » Mercredi 24 Juillet 2013 01:55:16

Chef Chaudard a écrit :
il me semble que Kleist et Guderian sont particulièrement bien placés pour juger cet ordre inepte et, dans une optique purement militaire, lourd de conséquences fâcheuses ;


Je ne pense pas: encore une fois, il s'agit d'un enjeu qui dépasse le simple niveau opérationnel. Qu'ils soient frustrés, qu'ils tentent de convaincre leurs supérieurs, pourquoi pas. Mais ils ne sont pas sensés intervenir au niveau stratégique, qui est du domaine de la "généralität". Qu'ils prennent quelques initiatives correspond aux traditions de la Wehrmacht. Mais pas au point de s'aventurer tous seuls sans savoir ce que va faire le reste de l'armée Allemande. La preuve que l'on est au dessus de leur niveau de responsablité est la réaction d'Halder, qui s'emporte contre Hitler car cela va contre son idée pour réduire la poche. Pas l'idée de Guderian ou Kleist, mais la sienne.


le Hun n'empeche pas le Hautre et, surtout, Guderian recoit une mission, attaquer Dunkerque, et s'y attelle avec ardeur le matin du 24.
Chef Chaudard a écrit :
Mais auquel il faut faire un sort, et, à l'inverse de Frieser, Jacobsen et consorts, j'en fais un : c'est la preuve que dès le 23 Hitler a l'intention de jouer du frein et de l'accélérateur, en vertu des signes que donne ou pas l'ennemi, et qu'il prépare à toutes fins utiles un prétexte "Luftwaffe" d'arrêt.


Je pense qu'Hitler prend une décision dans le domaine stratégique et l'impose à ses sbires. L'explication qui me semble la plus simple est qu'il veut ramasser sa mise sans risquer plus. Même si une contre-attaque venant du sud est improbable, même si les Panzer n'ont qu'un rideau défensif devant eux, il les préfère solidement implantés en défense, prêts à toute éventualité, plutôt que s'usants dans des combats indécis au risque de se faire piéger ou déborder.


ici tu negliges non seulement le fait que Guderian est stoppe en plein elan, mais le fait que la paire Hitler-Rundstedt elle-meme annule l'ordre d'arret au bout de deux jours. C'est le temps qu'aura vecu cette stupide inversion du marteau et de l'enclume, sans que les chars aient ete retires de ce front.
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Re: L'énigme du "Haltbefehl"...

Message par Chef Chaudard » Mercredi 24 Juillet 2013 12:52:19

ici tu negliges non seulement le fait que Guderian est stoppe en plein elan, mais le fait que la paire Hitler-Rundstedt elle-meme annule l'ordre d'arret au bout de deux jours.

Je ne néglige pas: si l'on en croit la théorie de Frieser, Hitler a atteint son but en humiliant Brauchitch, ramenant la Generalität à sa botte et réhabilitant son chouchou Rundstedt. Il n'y a alors plus de raison de ne pas faire repartir les Panzer.

Une autre possibilité est que les désirs de la "base" soient revenus aux oreilles de Rundstedt, à qui le Führer a donné le pouvoir de faire repartir les troupes: l'évacuation à commencé à Dunkerque. Il ne s'agit encore que de non combattants (on en a déjà rapatrié un peu plus de 23 000), mais les Allemands ne le savent pas. Ce qu'ils constatent, sans pouvoir le troubler, néanmoins, c'est le flux de navires qui quitte le port, ce dont ils font part à leur chef.

Une remarque d'ordre stratégique général, toutefois: il ne semble pas y avoir de plan d'ensemble de réduction de la poche. Il n'y en avait pas avant l'arrêt des "Panzer", mais on en a pas plus à ce moment. La Luftwaffe tente de faire ce que son chef Goering a promis à la légère, alors que les forces terrestres sont bloquées ou continuent leur avance. On va au jour le jour.
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Re: L'énigme du "Haltbefehl"...

Message par Francois Delpla » Mercredi 31 Juillet 2013 04:17:03

quel besoin d'un plan à ce stade ?
Il s'agit de la plus grande opération d'encerclement de l'histoire, on la boucle et en attendant... on la boucle !
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Re: L'énigme du "Haltbefehl"...

Message par Chef Chaudard » Mercredi 31 Juillet 2013 09:46:22

Je rapelle que la Luftwaffe par la voix de son maitre s'est engagée à réduire la poche. Malheureusement pour elle, elle est tiraillée entre le support qu'elle doit apporter aux troupes à terre et les cibles comme Dunkerque, les voies de communication et autres cibles tactiques sur les arrières alliés. A ce moment, seules les unités disposant d'avions à faible rayon d'action, Stukas et chasseurs, ont pu être rapprochées du front vivant dans des conditions plus ou moins précaires. Les bombardiers sont toujours basés en Allemagne et ont donc un long chemin à parcourir. Autrement dit : Goering s'est beaucoup avancé. Après la décision d'Hitler du 23 mai de confier la tâche à son âme damnée, Dunkerque n'est véritablement bombardé que le 27.

La réduction de la poche nécessite un minimum de plan d'ensemble: il y a deux corps d'armée et la Luftwaffe à coordonner. On peut se contenter de les laisser faire ce qu'il veulent, comme c'est le cas, mais il est quand même du rôle d'un état-major de fixer un objectif "stratégique", ne serait-ce que pour la Luftwaffe qui courre deux lièvres à la fois.
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Re: L'énigme du "Haltbefehl"...

Message par norodom » Mercredi 31 Juillet 2013 20:58:26

@ Chef Chaudard

Bonsoir,

J'interviens dans vos échanges avec François Delpla, pour vous préciser quelques points sur votre approche du rôle qu'a tenu la Luftwaffe au cours de la bataille de Dunkerque.

Ne pensez surtout pas que cette Luftwaffe ait été handicapée par sa dispersion. Ce n'est pas du tout le cas... Tous les récits de témoins sur le terrain relatent le rôle dévastateur et impitoyable qu'elle à tenu. Je cite particulièrement Jean Beaux et Jacques Mordal.

Il est exact que Göring a fait le 24 mai, preuve d'un excès d'optimisme. Mais c'est après coup qu'il s'en est aperçu.
En premier lieu, il a fait un mauvais calcul sur l'emploi de ses bombardiers.
Un très grand nombre de bombes n'atteignaient pas leur objectif ou s'incrustaient dans le sol de consistance meuble, sans exploser. C'était particulièrement le cas des bombes de trop gros calibre lâchées sur les plages,

Dans ce domaine là, Göringl a bien rectifié son tir. Mais sont apparus d'autres imprévus météorologiques, des gênes provoquées par les écrans de fumée... Tout brûlait, les réservoirs de carburant, les véhicules dispersés sur les plages... et j'en passe !

Mais surtout, ce que Göring a sous estimé, c'est l'extraordinaire opposition des avions de la R.A.F... Les Hurricanes intervenant sans cesse causèrent beaucoup de pertes en avions et en pilotes allemands. Ce harcèlement opiniâtre fut la cause des imprécisions dans les lâchers sur les objectifs...
Ce n'est pas exagéré d'écrire que les Hurricanes furent les artisans de l'échec, tout relatif, mais échec quand-même de l'option Göring

J'en viens à votre réserve sur le dispositif stratégique mis en place par les Allemands.
Personnellement j'ai toujours pensé que le choix de la Luftwaffe était le bon. Il est bien évident qu'il y avait un choix à faire, car il était hors de question de faire opérer simultanément les chars et les avions dans un espace restreint.

La seule question qui reste en suspens, concerne les raisons qui ont justifié ce choix ?
J'ai acquis la conviction qu'on ne le saura jamais.
C'est si simple d'invoquer une erreur et de la qualifier d'absurdité après coup !... c'est le sens de toutes les erreurs... si on était sûr de les commettre avant... on s'en dispenserait !.

Cordialement,
Roger
norodom
 
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