Le cabinet Reynaud comportait 24 membres, Reynaud compris. Juste une comparaison :
Chautemps,
Marin,
Ybarnegaray,
Mandel,
Bouthillier,
Dautry,
Laurent-Eynac,
Campinchi,
Rio
Sérol,
Prouvost,
Delbos,
Pomaret,
Jullien,
Frossard,
Thellier,
Pernot,
Rivière,
Queuille,
Rollin,
Chichery,
Monnet.
Soit 22 ministres (Reynaud et Pétain n'étant pas comptés).
On retrouve les suivants, dans le cabinet Pétain :
Chautemps,
Pomaret,
Bouthillier,
Rivière,
Frossard,
Chichery,
Ybarnegaray,
On peut en conclure que les 7 en question étaient pour l'armistice. Mais les autres ? Reynaud aurait noté sur un papier le nom des ministres hostiles à la proposition Chautemps (sonder les Allemands pour reconnaître le caractère inacceptable de l'armistice).
Rio, Marin, Delbos, Monnet, Rollin, Sérol.
Mais Mandel, Dautry, Campinchi ? On sait que ceux-ci étaient contre l'armistice. Voici donc 9 ministres du côté de Reynaud.
Manquent :
Laurent-Eynac,
Prouvost,
Jullien,
Thellier,
Pernot,
Queuille.
Selon Guy Penaud (De-Gaulle / Pétain, l'affrontement de 1940), Laurent-Eynac aurait été contre l'armistice. Ils sont donc 10, désormais. Mieux, Rio a affirmé plus tard que 15 ministres étaient contre l'armistice et 9 favorables seulement. Pour Marin, c'était 14 contre 10... Les deux paraissent inclure les secrétaires d'état dans le compte des ministres, ce qui était contraire aux usages. En théorie, ces derniers n'assistent pas au Conseil des Ministres. Possible qu'ils aient seulement ajouté Pétain et Reynaud aux 22 ministres.
Jean Prouvost ayant été nommé Haut-Commissaire à l'information le 19 juin, par Pétain, on peut le ranger sans crainte dans le camp des partisans de l'armistice. Nous avons donc 8 noms de ministres soutenant Pétain...
Alfred Jules-Julien est donné comme hostile à l'armistice. C'est un radical et il s'abstiendra donc de voter les pleins pouvoirs à Pétain le 10 juillet. Si on admet cette version, nous avons donc 11 ministres hostiles à l'armistice.
Le cas de Paul Thellier est douteux. On peut considérer qu'il est favorable à l'armistice. Il votera en effet les pleins pouvoirs. Voilà notre 9ème pétainiste... D'autant qu'il faisait partie des 17 ganaches qui se couchèrent devant Hitler en 1936 !
Même chose pour Georges Pernot. Il est clairement à droite, il vote les pleins pouvoirs et il est nommé au Conseil National. Aucun doute, il est favorable à l'armistice. Voilà le dixième homme !
Reste Queuille, Henri Queuille, le petit père Queuille... Le modèle de François Hollande ! C'est un radical, il s'est abstenu volontairement le 10 juillet et a été surveillé par le nouveau régime. Aucun doute, il est hostile à l'armistice. Pourquoi ? De Gaulle l'a appelé auprès de lui en 1943. Il a fait office de vice-président du GPRF : de Gaulle n'aurait jamais confié un tel rôle à un partisan de l'armistice, c'est une certitude ! En somme, nous avons notre douzième apôtre...
Résumons :
12 + 1 = 13
10 + 1 = 11
La conclusion est un peu inattendue pour moi : Reynaud disposait bien d'une majorité au conseil des Ministres. Pourquoi n'a-t-il pas demandé un vote formel sur cette question ? Tout simplement parce qu'il n'avait pas l'étoffe pour résister à Pétain. Ni le courage.