Au final, les Français ont probablement moins souffert que si la lutte s'était prolongée en AFN. Mais, à quel prix ? Notre puissance et notre rang subirent un recul considérable, malgré l'action énergique d'un de Gaulle. Les Anglo-Saxons étaient trop contents de l'effacement de la France : ils surent en profiter et nous cantonner -autant que possible- dans notre nouvelle situation. Ils avaient effacé l'Allemagne et la France de la carte : d'une pierre, deux coups. De Gaulle tentera d'y remédier en se réconciliant avec l'Allemagne, mais ce fut peine perdue. La nouvelle Europe qui se profilait serait d'inspiration américaine et sous son influence...
Cette analyse n'est pas la bonne.
La France et la G-B ne sont en déclin relatif que par rapport aux nations qui ont émergé au fil du temps historique et qui se révélèrent plus fortes qu'elles dans tous les domaines : population, superficie, richesses naturelles, productivité agricole et industrielle. Les E-U, la Russie, le Japon hier, la Chine, le Brésil, l'Inde, aujourd'hui, challengent les nations européennes sans l'avoir ni désiré ni voulu de par le fait même des caractères géographiques qui sont les leurs. L'avance qu'eut l'Europe sur le reste du monde à partir du XV° siècle et qui trouva son apogée vers 1850 sous la reine Victoria n'a cessé de s'effriter depuis. Ce déclin relatif (et non absolu car les progrès des Sciences et des Arts s'y maintinrent) fut accéléré par les deux guerres mondiales qui l'appauvrirent et la déclassèrent au profit de nations extra-européennes comme les E-U sans qu'il faille y voir une intention sournoise de dominer le monde de la part des américains.
Par exemple ils ont aidé l'Europe à se relever des ruines de la guerre avec l'aide Marshall. S'ils avaient désiré dominer l'Europe ils ne lui auraient pas donné les moyens de se relever pour les challenger à leur tour.
Tocqueville a écrit une page célèbre en 1835 sur les deux nations qui étaient appelées à dominer le monde à l'avenir : l'Amérique et la Russie. Pendant que les regards des hommes étaient occupés ailleurs elles s'apprêtaient à prendre les premières places.