Un coup de stylet dans le dos ?

Les Totalitarismes à l'assaut de l'Europe !

Re: Un coup de stylet dans le dos ?

Message par Francois Delpla » Jeudi 21 Mars 2013 06:04:17

boisbouvier a écrit :Je n'ai pas connaissance d'une quelconque incitation des Anglais en faveur d'une installation du gouvernement français à Alger.
Pourvu que notre flotte ne tombe pas entre les mains d'Hitler les anglais se désintéressent de notre sort immédiat.
Quant au réduit breton personne n'a cru que si la Meuse et la ligne Maginot n'avaient pu enrayer l'attaque allemande ce serait la Vilaine qui le ferait.


Bravo, BRH, pour avoir amené MB à une clarification aussi condensée de son ignorance et de son refus de réfléchir.

Tous les espoirs sont permis désormais s'il médite sur cette bourde en trois phrases.
Francois Delpla
 
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Re: Un coup de stylet dans le dos ?

Message par BRH » Vendredi 22 Mars 2013 23:42:46

http://www.histoquiz-contemporain.com/H ... guen/3.htm


Le 16 juin, nous étions à installer un fort contingent de réfugiés, avec des chevaux et charrettes, à la Jolimais. Vers 16 heures, on vint nous prévenir qu'un officier français veut nous voir immédiatement. Il s'agissait de préparer sans délai un cantonnement pour une compagnie d'infanterie venant de Saint-Lô, une autre doit s'installer à Tréméheuc, le reste du régiment à Combourg; on parle d'une division qui doit arriver dans la région, pour organiser une ligne de résistance.
Le cantonnement fut installé en hâte, et vrers minuit un contingent d'environ soixante quinze ou quatre vingt officiers et sous-officiers, sous les ordres du commandant Leclerc arriva. La compagnie devait arrivezr le lendemain, mais le train qui l'amenait fut bombardé et immobilisé à Folligny.
Lundi 17 juin : journée lamentable, anxieuse, fièvreuse, avec le passage ininterrompu des malheureux réfugiés, le ronflement des avions ennemis et les allées et venues des soldats, dans l'attente d'on ne savait quoi.
Dans l'après-midi, des Rennais évacués nous apprirent qu'un avion allemand avait bombardé la gare, faisant sauter un train de munitions qui causa la mort d'un nombre considérable de personnes.


L'Occupation

18 juin :
La nuit fut agitée, les officiers, sous-officiers après avoir réquisitionné les autos de Messieurs Baudour et Mottay, vers trois heures du matin partirent dans la direction de Dinan. Ils revinrent vers huit heures, donnant l'ordre d'établir des barrages avec des troncs d'arbres, des charrettes, etc…Mr Pierre Cronier, maire dit alors qu'à son avis, c'était inutile, que partout on déclarait les villes ouvertes et que ce n'était plus le moment d'essayer de résister.
A ce moment un cycliste passa et cria : "Les boches passent au Chat*". Stupeur ! Nous ne voulions pas croire à une telle chose. Renseignements pris, on nous dit que depuis quelques temps, de nombreux motocyclistes allemands passaient à la Pindrie, quelques-uns même d'y étaient arrêtés. Il fallut bien se rendre à l'évidence, l'ennemi était là !
· Le Chat Troussé, carrefour des routes Bazouges – Combourg et Cuguen. Tréméheuc à 4,5 km au S.O. du bourg de Cuguen)
A Launay-Chartier, des évacués étaient au repos sur le bord de la route; des groupes de soldats allemands s'arrêtèrent et restèrent là quelques instants. Des habitants de Launay se sauvaient et traversaient la route pour aller où ? Ils se le demandaient eux-mêmes. Une femme s'adressant aux réfugiés leur demanda : "C'est-y vrai que les boches vous suivent , ". On lui fit comprendre qu'ils étaient là ! "Puisque c'est de même, dit-elle, je m'en retourne chez nous ! ".
Bientôt ce fut le défilé des engins motorisés d'Hitler, qui, en passant à Tréméheuc, firent prisonnière la compagnie de Saint-Lô qui venait d'arriver ! Dans le bourg, la consternation était générale, on ne savait plus que faire; chacun se résigna à attendre.
Vers deux heures de l'après-midi, une automitrailleuse déboucha de la route des Rieux, traversa le bourg. Des gens se cachaient, certains se sauvaient, d'autres se rangeaient sur le bord de la rue. Arrivée prés du café Joseph Hubert, l'auto-mitrailleuse stoppa, l'un des occupant, dans un mauvais français dit : "Haut les mains ! Le peuple et l'armée française sont prisonniers des Allemands ! ". Nos quatre vingt soldats et plusieurs personnes qui se trouvaient là, levèrent aussitôt les bras ! L'Allemand dit alors : " Préparez vous ! Dans une heure, on viendra vous vhercher ! ". L'auto-mitrailleuse partit en direction de Bonnemain.


Faits Prisonniers

Le commandant Leclerc et quatre officiers s'enfermèrent dans la Mairie où ils discutèrent longuement, pendant que sous-officiers et soldats allaient et venaient, affairés, et désemparés. Le plus fort groupe était dans une des classes, ne sachant que faire. Je fus à eux et leur dis :
" Aller vous rester ainsi pour vous faire prendre prisonniers ! Il vous est facile de vous sauver, nous allons vous trouver des habits civils ".
Ils refusèrent, disant que c'était impossible, qu'ils seraient vite repris et qu'ils risquaient d'être fusillés ! Ils me demandèrent du papier et des enveloppes pour écrire à leurs familles et me confièrent une vingtaine de lettres que je promis de mettre à la poste dés que les circonstances le permettraient.
Je fus ensuite trouver les officiers et leur demandais ce qu'ils pensaient faire de leurs hommes. " S'ils s'en vont, dirent-ils, ils seront portés manquants et qu'adviendra-t-il ensuite ?"
Après avoir bouclés valises et cantines, ils transportèrent le tout dans une autre autre classe, avec tout le matériel qu'ils purent récupérer, espérant le reprendre à la fin de la guerre, qu'ils croyaient proche ! Ensuite, ils prirent leurs fusils, qu'ils alignèrent prés du mur de la mairie, sur le bord de la route, allant et venant, attendant les évènements.
Bientôt arrivèrent deux assez fortes automitrailleuses, avec deux occupants chacune, en tunique noire, avec une insigne, tête de mort sur la manche.
Deux hommes descendirent, pistolet au poing et parlèrent rapidement, personne ne comprenant rien à leur langage. Ils saisirent les fusils et les brisèrent en les frappant contre le mur. Les coups sourds résonnaient lugubrement. Terrible spectacle ! Et des larmes coulèrent en silence sur bien des visages ! En quelques instants, le sol fut jonché de débris : crosses brisées, baïonnettes tordues, paquets de cartouches, etc… Les hommes alignés, impassibles, attendaient. Par la fenêtre de la Mairie, ouverte, l'officier des détails, le lieutenant C. dit au conducteur des autos : "J'ai la Caisse !
Combien ?
Deux Cents !
Deux cent francs ?
Deux cent mille ! "
Il sortit alors accompagné d'un soldat, révolver à la main et remis une liasse de billets que le conducteur feuilleta et plaça dans une poche de sa chemise. J'appris par la suite qu'il avait donné deux cent trente-cinq mille francs..
Je me trouvais à côté du commandant qui avait jeté une petite boîte au prés du mur. Il me fit signe d'approcher et me dit : " Vous voyez cette petite caisse, tâchez de la prendre et brûlez la aussitôt ! " Je réussis à la ramasser, sans être vu, je la portais dans la cheminée de la salle à manger, la recouvris de de papiers et de branches, prêt à y mettre le feu, s'il y avait lieu, je baissais le tablier de la cheminée et retournais dans la rue.
Quelque jours plus tard, j'ouvris la caisse, elle contenait quelques notes et les états de service du commandant Leclerc, un héros de la guerre 1914-1918. Commandant de la Légion d'Honneur. Je mis ces papiers en sécurité, et au début de 1942, zautant que je me rappelle, j'appris que le commandant Leclerc avait été libéré d'Allemagne et était rentré dans son pays, une petite ville de la côte normande, dont je ne me souviens plus du nom. Par l'intermédiaire d'un sous-officier qui avait servi sous ses ordres, je lui fis remettre ce qui lui appartenait. Il m'en accusa fort aimablement réception en me disant qu'il viendrait me rendre visite après la fin des hostilités, mais je n'en ai plus entendu parler.
Les Allemands donnèrent l'ordre aux prisonniers de monter dans les automitrailleuses, ils s'installèren,t partout, sur les ailes, le capot, le marchepied et dans deux autos de l'armée française. Le lugubre cortège s'ébranla dans un silence impressionnant et prit la direction de Combourg.
Et c'est ainsi que, fait sans précédent, les Allemands vinrent à Cuguen ! *
*En septembre 1815, suite à la défaîte de Napoléon 1er, une armée prussienne séjourna une quinzaine de jours dans la région. Combourg et les communes voisines durent loger et nourrir 800 hommes et 50 chevaux. Ces troupes commirent de nombreux vols et dégâts.


Libres !

Le reste de la journée se passa tristement; de nombreux curieux, même des communes voisines vinrent aux nouvelles et contemplèrent les armes brisées, que je fis mettre dans une classe.
Le soir, vers 21 H 30, j'entendis des pas dans la cour de l'école; je regardais par la fenêtre. Rien ! Quelques minutes plus tard, nouveau bruit de pas et de voix puis plus rien ! Intrigué, je sortis, et entendant parler dans une classe, je fus voir ce qui s'y passait. Je reconnus alors un groupe de nos soldats et sous-officiers qui revenaient à leur cantonnement. Ne comprenant rien à cela, ils m'expliquèrent qu'arrivés à Combourg, on les avait fait descendre des voitures et se ranger le long d'un trottoir pour regarder passer le défilé motorisé des troupes allemandes, qui passait sans interruption depuis plusieurs heures.. Dans la soirée, on leur avait dit qu'ils pouvaient s'en aller !
Ils ne se le firent pas répéter deux fois. Prés de la moitié du contingent pris le matin se trouvait libre. Je leur remis les lettres qu'ils m'avaient confiées dans l'après-midi. Ils passèrent la nuit là, et le lendemain au lever du jour, ils se mirent en route imprudemment, avec leur tenue militaire; quelques uns furent repris entre Antrain et Ducey, à quelques kilomètres de chez eux et restèrent prisonniers en Allemagne jusqu'à la Libération. !
En quelques heures les événements s'étaient précipités. Les Allemands se répandirent dans toutes les directions : à l'Ouest, en Normandie; dans l'Est, vers Dijon.
Le 17 juin, le gouvernement avait démissionné et Pétain avait pris la place. Le 18, il demanda l'armistice; ce même jour, ce fut la prise du Mans, de Rennes ; le 19, Brest ; le 20, Nantes; le 22 Saint-Malo, Lorient ; le 23, Saint-Nazaire.
Le 24, signature de l'armistice.
Pendant les jours qui suivirent l'arrivée à Cuguen, quelques cyclistes allemands patrouillèrent dans la commune, recherchant les soldats français qui auraient pu se cacher. Peu à peu, le travail reprit, la vie redevenait normale; quelques personnes disaient : " Il ne faut pas se décourager, les boches ne seront pas longtemps; ils s'en retourneront bientôt, et plus vite qu'ils ne sont venus ! " Cela se produisit, en effet, mais quatre ans après !
Des réfugiés assez nombreux repassaient, s'en retournant chez eux; beaucoup de ceux installés à Cuguen, repartirent. Mais l'angoisse restait grande parmi les familles qui ne recevaient aucune nouvelle des leurs et chacun se demandait avec anxiété ce qu'ils étaient devenus.
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

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Re: Un coup de stylet dans le dos ?

Message par BRH » Samedi 23 Mars 2013 14:49:10

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Situation le 15 juin au soir

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Situation le 16 au soir

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Situation le 17 au soir

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Situation le 18 au soir
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

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Re: Un coup de stylet dans le dos ?

Message par BRH » Samedi 23 Mars 2013 17:00:19

Fougères aurait été occupée le 17 au soir. En tout cas, un cousin de la famille Gallais arrive à Fougères avec son régiment. Désespérés, les soldats commencent à casser leurs armes sur les murs du château pour que les Allemands ne puissent pas les utiliser. René Gallais, guide au château de Fougères, pense spontanément à les récupérer, conscient de leur future utilité. « La résistance chez nous, ça a été instinctif. » (Huguette Gallais)
Les armes sont là. Il faut les cacher avant l’arrivée des Allemands. Elles sont déposées dans une tour du château, la tour du Hallay. «Tout le monde aide à mettre les armes dans la tour du château, lesgens du quartier… ». (Huguette Gallais)
René Gallais ne veut pas croire à l’arrivée imminente des Allemands. Lorsque Huguette lui fait part de
ce qu’elle a entendu à ce sujet en tant qu’infirmière auxiliaire de la Croix Rouge, il lui dit : « Mais c’est
pas possible ! On a une défaitiste dans la famille ! »
Pourtant dès le lendemain, René Gallais fait visiter le château aux soldats allemands. Ils passent tout près des armes. Les soldats repartent. Ils n’ont rien vu. A la suite de cette visite, René Gallais trouve préférable de changer les armes de cachette. Il faut trouver des personnes possédant des véhicules, ce qui à l’époque n’est pas fréquent, tout ayant été réquisitionné. C’est comme cela que sont contactés le boulanger et l’épicier. Le transfert des armes dans différents villages s’organise. Ce sont les premiers actes de résistance du groupe Gallais.
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

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Re: Un coup de stylet dans le dos ?

Message par alain adam » Lundi 03 Juin 2013 22:08:33

C'est fou comme ces cartes me font penser a quelque chose ;)

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