Bifurcation à partir de
viewtopic.php?f=15&t=1002&p=13621#p13621Francois Delpla a écrit :Donatien a écrit :Mais les supputations autour du Haltebefehl, de l'envoi volontaire de Hess, de la politique "douce" envers la GB, de la transformation de Hitler introverti en un paranoïaque hystérique après l'hypnose, de Hitler voulant préserver l'Allemagne en faisant semblant d'expulser Goering et Himmler de toutes leurs fonctions alors que le Reich était en flammes, c'est votre droit de les défendre, et le mien de connaisseur de l'Allemagne, de considérer que vous devriez lire davantage de prose nazie, officielle surtout, et en allemand, vous seriez sans doute plus convaincant. Je ne dis pas ici que vous avez tort, mais que les apparences sont contre vous.
Quelles apparences ?
Celles, immédiates, des colères hitlériennes ou des autres procédés de dissimulation, assez transparents après coup si on daigne s'en préoccuper ?
Surtout, j'oppose à ces apparences des évidences : le dessin d'ensemble de la politique nazie (qui révèle des choses à la façon d'une photo aérienne par rapport aux observations à ras de terre) et la répétition des procédés.
J'ai lu beaucoup de documents allemands dans leur langue originale, et je continue, tous les jours.
Donatien a écrit :Quelles apparences ?
Celles, immédiates, des colères hitlériennes ou des autres procédés de dissimulation, assez transparents après coup si on daigne s'en préoccuper ?
je pense que vous confondez l'hystérie et la simulation. La faiblesse de votre thèse est d'être une intuition, un raisonnement, quand tant d'autres signes semblent indiquer une direction différente. A commencer, si je puis dire, par sa mort ! Puis enfin, croire une seconde que dans un document officiel il expulse du parti et de toutes leurs charges à la fois Himmler et Goering pour conspiration avec l'ennemi.. Vous avez lu ce texte ?
Le problème, c'est la différence entre la fragilité de vos thèses, subtiles, certes, et l'assurance avec laquelle vous les présentez. Je vous avoue que, de mon côté, je doute de bien des choses. Mais sur la vision que présente Hitler, non.
Déjà, affirmer que Hitler était cultivé, et qu'une hypnose l'a transformé en Führer conquérant... nous n'avons pas les mêmes lectures.
Sur l'assurance, mille millions de sabords ! Je ne fais pas perdre leur temps aux gens avec une bouche en cul de poule de faux modeste, quand j'ai trouvé je publie et quand je suis sûr je ne fais pas semblant de douter. Mais quand ce n'est pas le cas, je mets tous les conditionnels et les points d'interrogation requis.
D'autant plus qu'il faut essayer d'être pédagogue... c'est-à-dire, autant que nécessaire, sévère et direct.
Les dogmatiques de l'histoire du nazisme ont une manie déplorable (illustrée, entre mille exemples, par François Kersaudy, liens ci-dessus; ou, pour prendre un exemple extra-universitaire, par notre colistier Boisbouvier, à peu près dans tout ce qu'il écrit), consistant à prendre les documents au premier degré et à ne pas chercher plus loin, quand cela les arrange. Tout ce que je fais, c'est de dire : hé non, cela ne colle pas avec telle ou telle autre réalité, il faut donc creuser !
Si on suit Speer (et presque tous l'ont fait jusqu'à ces dernières années), il a saboté la terre brûlée; or Hitler restait (nous sommes fin mars 45) l'homme le mieux renseigné d'Allemagne. Donc il était complice de ce sabotage : c'est une certitude... que j'ai corroborée en trouvant un document qui va dans ce sens :
http://www.39-45.org/viewtopic.php?f=17&t=30819 .
A partir de là, RIEN NE TIENT des théories suivant lesquelles Hitler ne pensait qu'à se faire de l'Allemagne un bûcher et se moquait du sort de son peuple, ou pensait que, vaincu, il méritait de crever. Il l'a dit, pourtant... une fois ou deux... à Speer ! et uniquement d'après Speer !
Pendant ce temps, il dictait tout autre chose à Bormann : une explication rationnelle de la défaite, due à Mussolini, à Pétain, au manque d'esprit sportif de Churchill, aux conservateurs allemands, à la géographie... pour terminer sur l'idée qu'une renaissance était possible, à condition de maintenir l'exclusion des Juifs.
Quant à Himmler, si à ce moment il avait eu l'idée de jouer son jeu personnel, que ne l'a-t-il fait ? Et s'il ne l'a pas fait, c'est bien la preuve que comme au premier jour il était aux ordres... même pour trahir apparemment. De toute manière, si on veut faire de sa trahison une vérité historique, il faudrait commencer par la dater... et je serais curieux que vous me citiez un auteur qui esquisse là-dessus la moindre démonstration.
Enfin, sa culture a été réévaluée dans un livre sur sa bibliothèque qui, je le jure, n'est pas de moi, et sur la cure hypnotique je ne dis rien d'autre que : le roman de Weiss est de loin la voie d'approche la plus précise mais ce n'est qu'un roman. Il faut déplorer que la curiosité de Deuerlein et de Binion soit venue si tard et n'ait pas permis une approche plus précise. Dans un monde mieux fait, c'est dès la parution de
Mein Kampf, donc dès 1925, ou au moins dès 1930, date de la première percée du nazisme dans le paysage électoral allemand, que les historiens et autres politologues auraient lancé sur le séjour à Pasewalk tous les limiers imaginables.
Tirer sur les pianistes qui s'y sont mis les premiers et mettre au ban leurs lecteurs, ce n'est pas faire montre d'une curiosité historique très en éveil.