par boisbouvier » Samedi 08 Décembre 2012 09:02:46
Je transpose ici un texte que je viens de mettre sur le blog d'Alain Michel en réponse à une de ces attaques dont il ne se fatigue pas.
Léon Bel,alias Lebel, est un juif d’AFN dont la vie a été bouleversée par l’abolition du Décret Crémieux effectuée par Vichy en même temps que le premier statut des Juifs d’octobre 40. Rien ne le fera plus changer d’avis.
Or, son cas est intéressant car il permet de comprendre pourquoi la révolte des musulmans d’Algérie était inéluctable et pourquoi la guerre d’Algérie fut, pour finir, inexpiable.
A se sentir méprisée une collectivité quelconque non seulement se révolte mais même elle se fonde là où auparavant elle n’existait pas. L’inégalité lui est à la longue insupportable.
Faute d’avoir prévu ce jour de leur révolte, la France des XIX° et XX° siècles avait conduit l’Algérie dans une impasse politique et sociale totale dont elle a failli périr elle-même. Il fallut le prestige du général De Gaulle pour empêcher dictature militaire et guerre civile.
Or, le décret Crémieux avait cet inconvénient très grave qu’il attisait la frustration ressentie par le monde arabo-musulman d’Algérie du fait de cette inégalité. En donnant en 1871 la citoyenneté française pleine et entière aux Juifs d’Algérie sans la donner aux musulmans, le décret Crémieux aggravait, c’est certain, le ressentiment des arabes contre les européens et contre la France elle-même. Vichy, en l’abolissant, empêcha probablement que la révolte musulmane ne se déclare à l’occasion pour elle favorable de la défaite française face à l’Allemagne.
Au contraire, cette communauté fournit-elle l’essentiel des troupes qui participèrent au nom de la France à l’armée d’Afrique. Celle-ci se distingua en Italie, en Provence, en Alsace et ailleurs et nous fit figurer parmi les vainqueurs. Nous lui devons beaucoup.
Mais pour les Juifs d’Algérie quelle humiliation !
Quoi ! eux qui s’étaient sentis soudainement promus au dessus des masses arabes par ce décret se retrouvaient, également d’un seul coup, au plus bas de l’échelle sociale. S’il y a des choses qu’on peut pardonner, il en est d’autres qui ne peuvent s’oublier.
On comprend Léon Bel comme on comprend Ben Bella et Boumedienne.
Bel ne peut rien contre les appréciations des meilleurs historiens de la question en débat. Retirez de son texte des adjectifs éculés et des épithètes malsonnants, que reste-t-il ?
Poliakov, Kriegel, F-G Dreyfus, Hilberg … excusez-moi, mais c’est quand même autre chose que Paxton et Klarsfeld.