Résumé d'étape(NB : ceci n'est pas une réponse au post précédent de Raguse, mais peut contribuer à détromper ceux qui seraient tentés d'y ajouter foi)
Le nazisme et sa guerre (la seconde qu'on ait dite mondiale) ont fait l'objet de nombreuses études historiques. Elles ont présenté jusque vers 1990, et souvent bien plus tard, de graves limites, en fonction de trois vices qui parasitent habituellement les travaux historiques mais ont ici été particulièrement difficiles à surmonter, y compris par les spécialistes les plus travailleurs et les plus subtils : le moralisme, le juridisme et la commande politique.
Par exemple, le nazisme étant perçu comme la négation du bien et du droit, et comme un régime politique haïssable, les historiens ont eu tendance à accepter d'une façon insuffisamment critique les documents qui permettaient de nourrir de tels griefs. L'école dite (par elle-même) fonctionnaliste a élevé jusqu'à une forme d'art cette entorse à la rigueur, en présentant ce régime comme un panier de crabes, sans personne pour dominer l'ensemble. Elle a ainsi manqué des connexions qui auraient pu et dû être évidentes, entre des manoeuvres du même type ourdies par les mêmes dirigeants à différentes époques.
Ma propre intervention, à partir de 1990 (soit au milieu de ma carrière de professeur du secondaire, et non à l'occasion de ma retraite), après de solides études et des recherches intermittentes, est résumée dans mon mémoire d'habilitation de 2012 en une vingtaine de pages auxquelles j'invite curieux et sceptiques à se reporter d'un clic :
http://derniereguerremondiale.net/DGMHS1.php .
Parti de la campagne de France que m'éclairaient les archives du général Doumenc, alors troisième personnage dans la hiérarchie militaire française, j'ai découvert à ma propre surprise (et à ma douleur, pour surmonter mes préjugés) l'ampleur, et de l'habileté stratégique de Hitler, et de sa capacité à faire agir dans le même sens l'élite et la masse de ses concitoyens.
Concernant les résistances suscitées par ma vingtaine d'ouvrages, mes nombreux articles et mes interventions sur Internet, rien n'est plus démonstratif que la différence entre l'accueil fait à mon travail et celui qu'a reçu le livre, lui aussi élaboré au début des années 1990, de Karl-Heinz Frieser
Le mythe de la guerre-éclair, publié en 1995. Il m'a fait beaucoup d'ombre, tout comme, quelques années plus tard, la biographie de Hitler par Ian Kershaw, dont le premier tome sortit en 1999 en même temps que mon livre sur le même sujet -la première biographie française, ce dont je tire peu de gloire et beaucoup d'inquiétude.
En dehors de cet ouvrage, de mon étude sur les carrières imbriquées de Hitler et de Churchill parue en 2012 (et annoncée en poche pour 2013) après dix ans de labeur (qui a constitué le mémoire principal de mon habilitation), et de la synthèse sur le Troisième Reich que je prépare aux éditions Perrin pour le début de 2014, je me suis surtout intéressé à des moments-clés et à des épisodes emblématiques : Montoire, Dunkerque, le 18 juin 1940, l'évasion de Raymond Aubrac, la libération de la France, Nuremberg, Mers el-Kébir, l'exécution de Georges Mandel...
En ce qui concerne les joutes internautiques, je les tiens pour très utiles au débat entre chercheurs, même si peu encore s'y aventurent -certains accueils étant à vrai dire peu faits pour les y encourager. J'ai pour principe, sur les forums, une grande docilité aux avis des modérateurs, fondée sur une compréhension intime de la difficulté de leur travail bénévole. Si d'aventure ils sont indulgents avec des gens qui déforment mes thèses de manière malveillante, je n'insiste pas et vais voir ailleurs. Il s'est glissé malheureusement un malentendu à cet égard sur le forum Passion-Histoire, qui m'avait paru bien tenu lors de participations intermittentes et sans grand grabuge, entre 2006 et 2011. J'ai pensé alors que mes nouvelles analyses sur la folie individuelle de Hitler pouvaient sans dommage être soumises à ce banc d'essai, notamment parce qu'un modérateur pseudonommé Tonnerre avait un comportement digne d'éloges et assez rare, consistant à lire les livres en débat et à en tirer des argumentations informées. J'ai malheureusement sous-estimé sa raideur, sa capacité d'abuser de sa fonction pour imposer ses idées et, surtout, l'incapacité des autres modérateurs à le calmer.
Banni pour un délit imaginaire non mentionné dans la charte, j'ai dénoncé la chose sur mon propre forum
http://www.delpla.org/forum/viewtopic.php?f=95&t=473 pour solde, croyais-je, de tout compte, quand Bruno Roy-Henry relaya l'information sur son propre espace en contant une mésaventure similaire avec la même équipe. Il en a résulté un examen commun du fonctionnement de Passion-Histoire, et le constat, de ma part, d'une dérive amorcée il y a quelques années, symbolisée notamment par l'évolution vers le pire d'un nommé Narduccio (le seul, dois-je préciser, qui ait eu le courage d'abandonner son pseudo dans les échanges privés). Ce dernier a intrigué pour me faire exclure d'un autre espace, dit le "forum vert", et là, sans prétexte aucun, sinon d'être moi !
On a vu également se regrouper sur un site de lecture de livres, dont le meneur avait du mal à admettre mon explication de l'arrêt allemand devant Dunkerque, une dizaine de personnes avec qui j'avais eu maille à partir, parfois dix ans plus tôt, et qui, loin de raisonner et de débattre, surenchérissaient dans la haine. J'ai sauvegardé l'intégralité de cet égout, qui offre à la fois un échantillon de ce qui peut se faire de pire sur la Toile (une bonne analyse en a été faite ici même par Chef Chaudard :
viewtopic.php?f=15&t=1001&start=390 ), et une démonstration du faible nombre de personnes, au total, qui ont adopté une attitude aussi indigne :
http://www.delpla.org/article.php3?id_article=554 .
S'il faut parler une seconde de mon opinion sur moi-même, elle consiste avant tout à me sentir membre d'un ensemble, celui des chercheurs qui trouvent et, en la matière, s'épaulent. J'ai la fierté d'avoir été soutenu par des gens dignes d'estime, de toutes opinions et appartenances. Cela a commencé par Henri Amouroux, écrivant dans le
Figaro à propos de mon premier livre, sur Doumenc : "Il a eu la chance de tomber sur ces papiers -mais ces chances-là se méritent." Le grand résistant communiste, et bon historien, Pierre Durand a aussi écrit dans l'
Huma à propos de l'arrêt devant Dunkerque des choses très gentilles :
http://www.humanite.fr/node/147948 .
Je creuse, cela dit, mon sillon sans trop me soucier des commentaires -sauf justement sur la Toile, où je vais moi-même à leur rencontre. Je crois sentir cependant en ce moment -mais je me méfie car j'ai déjà eu des déceptions dans ce domaine !- comme une progression de l'audience : deux premiers livres à paraître en poche au prochain semestre, une arrivée chez Perrin, la première préface qu'on m'ait jamais commandée (pour un livre sur Hitler et les franc-maçons, à paraître en février), un livre sur la prise du pouvoir par Hitler d'ores et déjà accompagné d'un article dans une grande revue généraliste... Tout cela n'est pas désagréable, mais ne vaut rien, vous pouvez m'en croire, à côté du plaisir de la découverte elle-même, que je continue de ressentir très souvent. Mais cela, j'en fais part en général bien vite sur un ou deux forums... d'où, malgré toutes mes précautions de forme, de réactionnaires colères.
C'est la vie !