Je disais il y a six mois sur l'autre forum de Bruno, dans une discussion avec un chevau-léger de tendance raguséenne
http://www.empereurperdu.com/forum/phpB ... 6&start=90 :
La principale, énorme erreur de CNE consiste à considérer séparément Hitler et Churchill comme deux bébés-bulles et à n'accorder à leurs inter-réactions qu'une attention intermittente,
if any.
Mais il en commet une autre : considérer la situation planétaire de façon statique,
- comme si Hitler avait tout son temps d'une part;
- et comme si peu importait, d'autre part, qu'il ménage le plus longtemps possible les Etats-Unis -dont l'entrée en guerre serait immédiate et donc avancée de six mois si, au lieu d'attaquer vers l'est au milieu de 1941, Hitler brisait (je converge avec CNE dans l'idée qu'il en a la capacité) la domination britannique en Méditerranée, notamment par l'occupation de l'Egypte et de l'Irak.
Enfin, il en commet une troisième, en liaison plus étroite encore avec le délit d'opinion qui me fait regarder tout cela depuis le banc de touche. Il méprise entièrement la dimension psychopathologique de l'aventure nazie ou, pour le dire d'une façon qui sera peut-être plus immédiatement comprise, sa dimension idéologique.
Nous ne sommes pas, mais alors pas du tout, dans une tentative de revanche sur 1918 en essayant de jouer un peu plus habilement les mêmes atouts. Nous sommes dans quelque chose de radicalement autre. Un chef halluciné, sincèrement persuadé qu'il a pris la tête du combat suprême des Aryens contre les Juifs, place toute sa mise sur la convergence fondamentale des intérêts anglais et allemands, en liaison avec une Providence qui lui en a donné mission et s'est manifestée en donnant au régime nazi une série continue de succès jusqu'en mai 1940. Vu sous cet angle, le nazisme, devant l'obstacle churchillien aussi unique qu'inattendu, n'a rien d'autre à faire que d'exploiter au plus vite la situation de mendiant apeuré dans laquelle il a placé Staline, non sans avoir par tous les moyens secoué le prunier anglais dans les deux mois précédents pour en faire tomber Churchill, sans attenter aux racines de l'arbre, c'est-à-dire précisément en menaçant mais en n'occupant pas Gibraltar, Malte, Suez, Chypre et Bagdad.
(...)
Les considérations qui précèdent sont à compléter par une intuition qui m'a poussé dans le cerveau, sous la stimulation des débats sur Hess notamment dans le fil éponyme de Passion-Histoire, en août dernier
http://www.passion-histoire.net/n/www/v ... s&start=45 : il y a peut-être, et même probablement, eu (dirait Victor Hugo) "tempête sous un crâne" (celui de Hitler) le 20 juin 1941 (jour où il fallait soit confirmer, soit annuler l'ordre d'attaquer l'URSS). Le chef nazi devait en effet opter entre deux transgressions du programme de Mein Kampf et du "contrat avec la Providence" : soit faire la guerre sur deux fronts, soit prolonger son flirt apparent avec l'URSS en aboyant plus que jamais contre l'Angleterre (mais non en l'attaquant sur la route des Indes, c'est là que je diverge avec CNE503).