par BRH » Lundi 12 Décembre 2011 22:30:13
Excusez-moi, mais je ne mets pas le regretté Jean-François Chiappe au rang des porteurs de ragots. Ses livres sont une mine de renseignements et parfaitement bien écrits. De plus, s'il était royaliste, il n'était pas survivantiste (bien qu'admettant que la question puisse se poser).
Un exemple des talents de Monsieur :
Lafont d'Aussonne relate que le Comte de Provence, ayant appris le malheur du Roi à Varennes, et son retour forcé à Paris, vit aisément que les factieux allaient abuser de la captivité du Monarque et qu'ils ne tarderaient pas à lui arracher les décrets les plus subversifs et les plus désastreux. Il écrivit aussitôt, aux grands souverains, pour leur dénoncer l'esclavage du Roi, son frère, et il les pria de trouver bon qu'il prît, lui, à Coblentz, le titre de Régent de France, jusqu'à ce que Louis XVI eût recouvré sa liberté.
Voici la lettre de Louis XVI au Baron de Breteuil, en réaction à cette odieuse attitude fraternelle :
Paris, etc., 1791
"Je suis informé, M. le Baron de Breteuil, que mon très cher frère, Monsieur, Comte de Provence, trompé sur ma véritable situation , et me croyant dans les chaînes, a cru devoir établir une autorité centrale destinée à régir mon empire, comme si le trône était vacant, ou en minorité ; les choses, avec la permission de Dieu, ne sont point ainsi.
A quelques orages près, je jouis de la liberté nécessaire à un prince , et moi seul dois donner des ordres dans mon Etat. Vous voudrez donc bien, M. le Baron de Breteuil, dès la réception de la présente, vous transporter à Vienne, auprès de notre puissant et cher Frère, l'empereur, pour lui communiquer nos intentions. Vous agirez de même auprès de toutes les têtes couronnées, pour les supplier, de ma part et en mon nom de n'admettre ni de reconnaître la susdite régence.Les actes de cette autorité contradictoire n'aboutiraient qu'à irriter davantage mon peuple, et le porteraient infailliblement aux derniers excès contre moi. Tant que je vivrai, je ferai mon possible pour m'acquitter de mes devoirs, et rendre la paix et la félicité à mes peuples. Si Dieu dispose de moi , la Reine, ma très-digne et honorée compagne, deviendra régente, de plein droit. Son bon jugement, son bon cœur, ses vertus, me garantissent la sagesse de son administration.Sa tendresse pour mon fils doublera ses moyens naturels et son zèle. Adieu, mon cher M. le Baron de Breteuil; dans le malheur, comme dans la prospérité, je serai toujours votre bon roi et votre ami le plus sincère.
Signé LOUIS."
Apostille de la Reine
"M. le Baron de Breteuil, le Roi étant persuadé qu'il y aurait de l'inconvénient à la régence de notre Frère, je joins ma recommandation à ses ordres. Notre intention n'est pas de contrarier Monsieur, mais d'empêcher de plus grands malheurs : et il paraît que cette mesure soulèverait toute la France. Je vous prie, Monsieur, de croire, dans tous les temps, à la vive reconnaissance que je vous ai vouée : elle ne s'affaiblira jamais.
Au château des Tuileries, etc.
"Signé MARIE-ANTOINETTE."
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !
Napoléon