Quant à Napoléon Ier, il s'agit d'un piètre stratège !

Strictement militaire: stratégies, tactiques et logistiques mises en oeuvre en vue des grands chocs guerriers de cette période.

Re: Quant à Napoléon Ier, il s'agit d'un piètre stratège !

Message par BRH » Samedi 10 Avril 2021 11:19:48

En effet, il semble que Napoléon ait sous-estimé son adversaire. De tous les monarques européens qui s'opposèrent à lui, c'était bien le plus dangereux ! D'une certaine façon, Napoléon a été piégé par le Czar, il a pris ses bonnes paroles pour ses véritables intentions et il s'est trompé sur l'entêtement dont celui-ci était capable. Le grec du Bas-Empire l'a joué, en lui laissant croire qu'il était un mauvais stratège, souvent indécis et qu'il n'avait pas le niveau face à l'empereur des Français. Alexandre avait une capacité de dissimulation incroyable, au point que Napoléon n'a jamais cru à sa détermination d'engager un duel à mort. Malheureusement, l'incendie de Moscou ne l'a pas désillusionné à ce sujet.

Quant à la stratégie des Russes, il ne semble pas qu'elle ait été arrêtée à l'avance. En mars 1812, le Czar et ses généraux ont bel et bien envisagé de prendre l'offensive avant que le gros de la Grande Armée ne soit parvenu jusqu'à la Vistule. Alexandre y a renoncé quand il a appris fortuitement que l'Autriche avait signé un traité d'alliance avec la France, en lui promettant le concours de 30 000 hommes. La retraite dans les anciennes provinces polonaises n'a pas vu de destructions massives, l'armée russe se contentant de détruire les approvisionnements qu'elle ne pouvait pas charrier avec elle. Elle n'a inauguré "la terre brûlée" qu'aux abords de Smolensk. Cette stratégie d'une retraite sans fin n'était pas véritablement arrêtée, encore que Barclay de Tolly y ait songée. Et finalement, l'armée russe s'est arrêtée pour tenter de bloquer l'envahisseur et fournir ainsi à Napoléon l'occasion de la grande bataille qu'il attendait et dont il avait un besoin impérieux. Sans compter qu'à Smolensk, elle est passée près d'une défaite importante à laquelle elle n'a échappé que grâce à la folie de Junot qui n'aurait jamais dû recevoir le commandement d'un corps d'armée ! Quant à la stratégie du camp retranché (Drissa), préconisée par le quartier-maître Pfühl, Oleg Sokolov a démontré que c'était un ramassis d'idées décousues, sans consistance, marqué sur le terrain par des retranchements inachevés, mal conçus et mal disposés.
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

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Re: Quant à Napoléon Ier, il s'agit d'un piètre stratège !

Message par BRH » Samedi 10 Avril 2021 11:58:26

CNE503 a écrit :Bruno a bien résumé ma position, et je l'en remercie : un génie sur le champ de bataille, un talent certain pour la gestion opérative des armées (campagnes), mais ces grandes qualités ne se retrouvent pas du tout au niveau de la gestion stratégique de la guerre que lui impose le Royaume-Uni et, tour à tour, les autres grandes puissances européennes.
Je crois qu'il y a assez de grains à moudre dans le fil pour que ma position soit étayée.

CNE503 (aka LCL EMB)


De rien... Merci pour cette réponse. Toutefois, je n'acquiesce pas totalement à cette vision. Je pense que les qualités de stratège de Napoléon ont été prises en défaut à l'occasion de cette campagne de Russie. En inaugurant finalement une forme de "guerre limitée", Napoléon s'est incontestablement fourvoyé et il a été induit en erreur par le Czar, en se trompant sur son caractère. Il n'a pas compris qu'une fois l'épée tirée du fourreau, Alexandre mènerait une lutte sans merci qui ne pourrait aboutir qu'à la chute de l'un des protagonistes.

Certes, il y a le précédent espagnol. Mais Napoléon ne pouvait pas imaginer qu'une majorité d'Espagnols prendrait fait et cause pour leurs monarques, dégénérés, falots et incapables. Il se faisait une piètre idée des soldats espagnols, en quoi il ne se trompait pas. Là, il s'est heurté à l'orgueil du peuple espagnol, fanatisé par un clergé rétrograde. Il n'a pas compris qu'on ne pouvait faire le bonheur des peuples malgré eux. Je pense qu'il serait parvenu à une pacification générale, en janvier 1809, si les mauvaises nouvelles de Paris ne lui avaient pas fait quitter la scène ibérique précipitamment (intrigues de Fouché et de Talleyrand à Paris, bruits de bottes à Vienne) !
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Re: Quant à Napoléon Ier, il s'agit d'un piètre stratège !

Message par Auguste » Samedi 10 Avril 2021 16:03:08

CNE503 a écrit :A la bonne heure !
L'olibrius pourrait éventuellement avoir une position défendable, il semblerait ? :lol:

Bruno a bien résumé ma position, et je l'en remercie : un génie sur le champ de bataille, un talent certain pour la gestion opérative des armées (campagnes), mais ces grandes qualités ne se retrouvent pas du tout au niveau de la gestion stratégique de la guerre que lui impose le Royaume-Uni et, tour à tour, les autres grandes puissances européennes.
Je crois qu'il y a assez de grains à moudre dans le fil pour que ma position soit étayée.

CNE503 (aka LCL EMB)


Quel olibrius ? Je ne retrouve pas l'expression fautive... :mrgreen: Bon, si j'ai eu tort, le maître des lieux a passé l'éponge. Je reste persuadé des qualités de stratège de Napoléon, au sens où vous l'entendez. Ces qualités ont été prises en défaut pour la campagne de Russie. Cela est indéniable au vu de ce que BRH a développé et que je ne conteste pas. J'ai le sentiment qu'il s'est laissé tenter par une campagne rapide qui pouvait déboucher sur une paix immédiate. Le salut de son armée est entré trop tard dans le calcul de ses combinaisons. Malheureusement, on peut dire qu'il a aussi péché dans la gestion opérative de son armée. Il a sous-estimé les possibilités de l'armée russe pour le prendre en tenaille sur ses arrière (Wittgenstein et Tormasof).
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Re: Quant à Napoléon Ier, il s'agit d'un piètre stratège !

Message par BRH » Samedi 10 Avril 2021 16:08:18

Ce n'était pas le général Tormasof (Tormassov, pour respecter la graphie russe), mais l'amiral Tchitchagov, qui a récupéré en partie l'armée de Tormassov pour l'intégrer à son armée du Danube (libérée par la paix signée avec les turcs)...
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Re: Quant à Napoléon Ier, il s'agit d'un piètre stratège !

Message par BRH » Dimanche 11 Avril 2021 09:57:20

Pour en revenir à Napoléon en 1812, j'ai l'impression qu'il s'est cru revenu en 1807, juste avant la victoire de Friedland. La perpective de passer le Niemen ne l'enchantait guère. L'imprudence de Benningsen lui donna l'occasion de remporter un succès éclatant, le 14 juin 1807. Quelques jours plus tard, un parlementaire russe se présentait pour solliciter un armistice. On lui laissa entendre que l'empereur des Français ne serait pas très exigeant sur les conditions de paix. Mieux, que si le Czar en personne le rencontrait, elles seraient singulièrement adoucies. Et ce furent les conférences de Tilsit.

Cinq ans plus tard, Napoléon considérait qu'une courte campagne, une victoire tout aussi retentissante que celle de Friedland, lui permettrait d'aboutir au même résultat ! Il est évident qu'il n'avait pas pris la mesure de son adversaire...
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