Réponse de Guy de Rambaud à Philippe Delorme

Réponse de Guy de Rambaud à Philippe Delorme

Message par BRH » Mardi 30 Août 2011 14:29:32

<< Je suis au courant du changement d'avis de Mgr le comte de Paris sur le prisonnier du Temple. Je ne crois pas qu'il soit le genre d'hommes à s'opposer à des recherches sans raison. J'ai été très ami, pendant bien des années, avec Maître Hugues Trousset, que vous connaissez, et à une époque où cela n’était pas à la mode, il m'en a toujours dit le plus grand bien.

En ces temps il est vrai que je me souciais plus de mes amies, de faire des affaires et de mes chevaux. J'avais des doutes sur le témoignage de mon ancêtre et j'étudiais différentes hypothèses pouvant justifier son témoignage. C'est uniquement après la lecture de votre "Louis XVII, la vérité", que j'ai décidé d'écrire sa biographie. Je pensais avant de le lire qu'avec les tests ADN et le travail de celui que je considére comme un bon historien, le problème devait être enfin résolu. Mais je vous ai trouvé partisan par moments. J'ai trouvé aussi l'odyssée de ce cœur bien invraisemblable et que Pelletan avait toutes sortes de raisons de mentir. Des proches chirurgiens ou médecins, des connaissances en généalogie et cette déclaration du professeur Cassiman que je vous ai déjà citée firent que je me suis décidé à écrire cette biographie de mon ancêtre et mis à avoir à nouveau des doutes.

Bilalian, qui est un journaliste que j'aime bien, avait annoncé au JT que mon ancêtre et ses amis « étaient des témoins trop âgées et ultra-royalistes. » Je savais certes qu'elle avait 69 ans le 17 août 1833, quand elle rencontre "Naundorf", mais aussi qu'elle en paraissait 10 de moins selon son pire détracteur. J'avais une gravure d'elle du temps de Charles X, où elle paraissait encore relativement jeune. Il s'agissait donc d'un cliché sur elle. J’allais découvrir que son « ultra-royalisme » n’était en réalité que l’immense regret d’un roi bon et généreux et que ses idées, certains de ses proches et ses croyances n’étaient en rien très conservateurs pour une dame de la noblesse à cette époque.

Vous m’aviez avoué ne pas savoir grand chose sur elle, et je me suis rendu compte que les autres historiens ne savaient ou ne faisaient que répéter sur elle deux ou trois banalités parfois fausses. Et, c’est avec vos encouragements que je l’ai écrit… Puis ceux de Georges Bordonove…

La suite, vous la connaissez, je crois. J'avais du temps de libre du fait de problèmes de santé... Cela m'a permis de travailler quatre ans sur des documents, des souvenirs de famille et ses propos ou des propos sur elle et ses proches, que j'ai retrouvé difficilement. D’étudier aussi la vie de ma famille de 1764 à 1853. J’ai essayé d’éclairer la personnalité d'Agathe comme si j’étais un témoin proche et contemporain de sa vie, comme je m’étais glissé dans sa petite bourse à la vue des évènements de sa longue existence. L'environnement familial, social, culturel des familles Mottet et de Rambaud est un apport essentiel pour la compréhension des actions ou réactions futures de Madame de Rambaud : son amour, précoce, pour les enfants; l'attachement de sa famille à la personne royale; un engagement sage mais certain pour la monarchie... jusqu'à l'apparition du "prussien", « Naundorf ». Agathe de Rambaud reconnaît en cet homme, sur la base de ses souvenirs, et de preuves qu'elle considère comme irréfutables, le petit enfant dont elle s'est occupée à Versailles puis aux Tuileries. Ayant donné sa vie pour le petit prince avant et pendant la Révolution, au détriment, il est vrai, de ses enfants, elle s'offre désormais à "son" dauphin, comme le ferait une mère retrouvant trente ans plus tard son petit-fils. En cela, le dévouement d'Agathe de Rambaud pour Naundorf est remarquable. Quels intérêts aurait-elle eu à vouloir faire reconnaître Naundorf aux yeux de la duchesse d'Angoulême si elle n'était pas intimement persuadée que le prussien était Louis XVII ?
La notoriété ? Non, car elle n'est pas certaine d'en recueillir les lauriers. Elle va connaître les perquisitions policières. Elle risquait de perdre sa pension, d’être accusée de faux témoignages, d’être exilée, voir même emprisonnée.
L'appât d'argent ? Non, car sa famille en possède déjà. Elle va au contraire soutenir financièrement son prince.

Agathe est donc persuadée au plus profond d'elle-même que son dauphin vit encore, qu'il vit en la personne de « Naundorf ».
Agathe ne peut en aucun cas être considérée comme une opportuniste, mais une femme entièrement dévouée à une cause qu'elle estime juste et même obligatoire, car elle est l'une des seules, peut-être la seule d’ailleurs, à avoir réellement aussi bien connu Louis XVII. Pour elle, son engagement est un devoir. Certes, cette femme est naundorfiste. Mais elle n'est pas opportuniste. C'est une femme d'honneur, qui a fait passer l'intérêt de la famille Naundorf avant sa santé, avant sa subsistance.
Aujourd'hui, après réflexion, je perçois le dévouement d'Agathe de Rambaud comme une marque d'honneur, un acte pur. Qui peut, de nos jours, se vanter d'une telle constance, d'une telle droiture, d'une telle motivation, pour défendre un individu ?
Mais je vois qu’une nouvelle fois je ne parle que de l’énigme du Temple, mais mon livre parle aussi du reste de sa vie qui est à mes yeux beaucoup plus intéressant. Je pense à l’histoire de mes aïeux de 1764 à 1853, en des temps troublés, en France et à travers le monde. Je pense bien entendu en premier à ses relations et à son amour pour le petit Dauphin à Versailles et aux Tuileries. Mais il n’est pas facile de résumer mon livre qui fait 352 pages.

Bien amicalement.
Guy de Rambaud.>>

9 avril 2006.

Ajoutons à ceci le témoignage du cardinal de la Fare:


Le général d’Andigné (1765-1857), nous révélera dans ses Mémoires, au sujet de Louis XVII : « Sous la Restauration, j’en parlai au cardinal de La Fare, archevêque de Sens ; il me répondit que madame la Dauphine était persuadée que son malheureux frère n’était pas mort au Temple, et qu’ainsi nous ne pourrions que renouveler ses douleurs sans la convaincre. Malheureusement, le temps qui s'écoule rend, de jour en jour, la vérité plus difficile à constater. » (1) Ce propos confirme des souvenirs familiaux de l’auteur venant de la comtesse d’Allonville, ex-bru de Madame de Rambaud, son ancêtre morte en 1877. Elle est la nièce du général-comte Groult des Rivières, veuf de la fille unique du maréchal de la Fare et du cardinal-duc et pair de France du même nom. Anne Henri, son parent, ami du comte d'Allonville (avec qui Madame de Rambaud s'était remarié) lui a dit que Louis XVII est en vie. Bien entendu du fait des idées légitimistes du second mari de la quartaïeule de l'auteur cette révélation restéra secrète.

(1) Andigné, Fortuné (d') Mémoires du général d'Andigné 1765-1857 / publ. avec introd. et notes par Ed. Biré E. Plon, Nourrit, 1901, Tome II, p. 47

Ce livre est consultable sur Gallica.

Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

Napoléon
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