par Antonio » Lundi 27 Avril 2009 20:06:53
Bonsoir
Il faut se demander si la Reine a empeché , ou non , à Madame Royale de porter le deuil
lors de la mort de son pere Louis XVI.
Henri Foulon de Vaulx
" Louis XVII ses deux suppression"
Page 210
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Elle la termine ainsi:
« Oui mon oncle, c'est celle dont ils ont fait périr le père, la mère et la tante qui, à
genoux vous demande et leur grâce et la paix. »
De son frère, il n'est même pas question.
Elle allait atteindre sa dix-septième annèe.
Les collationnements, les rapprochements ne se seraient donc
pas joints dans son esprit ?
Parmi nos adversaires, d'aucuns ont déclaré qu'à aucun moment, avant les
derniers mois de son séjour au Temple, on ne lui avait dit quoi que ce fût sur la
mort d'aucun des membres de sa famille.
N'est-ce pas pousser trop loin la mystification ? Tous ne se trouvent-ils pas réunis
au dernier adieu du roi en route vers l'échafaud ?
Madame Royale et Madame Élisabeth n'entouraient-elles pas la reine
lorsqu'on vint au Temple l'enlever pour la conduire à la Conciergerie et, ensemble
encore, à l'heure où sonna l'appel de l'une d'elles, en mai 1794, au Tribunal
révolutionnaire?
Et l'on voudrait qu'elle n'eût pas eu la sensation du drame ?
On a déclaré également que Marie-Thérèse n'avait pas porté le
deuil de ses parents. La reine, qui prit le noir à la mort de
son mari, ne l'aurait donc pas imposé à son entourage ?
Pourquoi ces insinuations, sinon uniquement pour démontrer que
dans sa conviction de la mort de son frère, elle n'avait pas à
changer ses habitudes et à prendre le deuil.
A défaut de paroles volantes, considérez ses gestes. L'arrêté
du Comité de sûreté générale du 2 messidor an III
(20 juin 795) s'exprime ainsi:
« Vu les différents rapports faits par les commissaires préposés à la garde du
Temple sur les object dont la fille de Louis Capet pourrait avoir besoin, arrête que
la Commisson de secours demeure chargée de procurer à la
fille de Louis Capet les objets qu'elle a demandés pour... son
entretien etc... »
Sans doute possible, Madame Royale a eu le choix des habits.
Son gardien, Gomin, rapporte que: le matin
dans sa chambre, elle porte une redingote de basin blanc,
toute la journée une robe de nankin, le dimanche une robe
de linon et aux fêtes solennelles une robe de soie verte.
Est là un propos falsifié ? L'un des courtisans de l'exil, le sieur
d'Albins, qui couvre le nom de Michaud, publiciste royaliste,
reproduit des informations pareilles.
M. Ad. Lanne les a relevées dans un opuscule que d ' Albins fait éditer à Bâle en
1796 chez Tournesen, libraire.
On y lit à la page 14 : « Du 1O aout Il a été fourni depuis plus un mois, par suite des
arrêtés des comités de gouvernemen t pour Marie- Thérèse. ..
24 chemises toile de Hollande superfine.
Six paires de bas de soie de couleur.
Six paires de souliers.
Deux déshabillés de taffetas de couleur.
Deux déshabillés de pékin et cotonnade avec taffetas de Florence pour doublure »
et, à la page 122 :
«Du 20 Septembre, -Marie-Thérèse-Charlotte n'ignore pas
les malheurs de sa famille; elle passe presque tous ses instants à écrire pour se
distraire de ses chagrins; elle est tous les
jours en robe de nankin, tous les dimanches, elle se met en robe
de linon, et, toutes les fêtes solennelles elle se pare d'une robe
de taffetas vert.
Les dames de Tourzel y vont. trois fois par
semaine. »
D'autres journaux donnent des informations analogues.
M. Adolphe Lanne cite notamment l'Anti-Terroriste, de Toulouse du 4 vendémiaire
an IV (26 septembre 1795), tout à fait étranger sans doute aux écrits de Bâle.
Michaud nous apprend qu'il écrit d'après les renseignements fournis par
des témoins irrécusables, le mari et la soeur de Mme de Chantereine,
Madeleine-Élisabeth-Renée-Hilaire la Rochet te, entrée
fonctions comme dame de compagnie de Marie- Thérèse, en
vertu d'une décision du Comité de sûreté générale, dès le
5 prairial (13 juin).
Notez cette date.
Le comité avait donc choisi la personne du vivant de l'enfant marqué pour la mort.
Cétait donc une créature à lui, une conseillère plutôt qu'une
amie désignée par elle. L'abstention de tout deuil, la tendance
de l'esprit qui se reprend au plaisir, ne sont-ils pas l'indication
dess doutes, peut-être même d'une certitude, fixés dans sa
pensée ?
Tout de suite aussi, Madame s'extériorise.
Accompagnée de la marquise de Tourzel dont l'accès au Temple,
à quelques semaines de là, s'est trouvé autorisé, de sa fille
Pauline, de la marquise de Soucy, ancienne sous-gouvernante,
elle organise des réceptions dans le jardin, dessine, prend
des croquis de la tour et parfois même s'épanouit en une
vraie gaîté.
Le 15 aout, on chante sous ses fenêtres.
Le 1°vendémiaire (23 septembre), on vient du dehors en pélerinage lui apporter des
protestations de dévouement et d.e respect.
Un témoin du nom de Leblanc écrit au Comité de sureté générale:
« qu'on compte par approximation une centaine
de personnes » manifestant leur attachement.
N'est-ce pas là le sourire vite revenu à la vie ?
Alfred Nettement lui-même en a éprouvéde la gêne; mais il n' est pas dans les secrets; il ne peut pas reconnaître que le basin et le nankin s'expliquent par la
sensation d'une comédie, l'aveu prudemment dissimulé d'une
certitude; il s'efforce, dès lors, d'harmoniser sa pensée à l'aide
d'excusables altérations:
« Madame, écrit-il, quelques semaines
après son arrivée à Vienne, prit le deuil qu'elle n'aurait pas
pu porter dans sa prison.»