Une descendance secrète du duc d'Enghien ?

Une descendance secrète du duc d'Enghien ?

Message par BRH » Vendredi 20 Mars 2020 14:18:29


Une descendance secrète du duc d'Enghien ?

(Rappelons toutefois que des Condé éventuels viennent bien après les Bourbons et les Orléans dans l'ordre de succession)...

Antoine-Louis de Bourbon-Condé, duc d’Enghien, fusillé en mars 1804 dans les fossés de Vincennes par Savary, est officiellement mort sans postérité.
Il existe cependant une famille qui se réclame de sa descendance : dans un chapitre de son livre, « Journal d’un réactionnaire » (France-Empire), Gabriel du Chastain révèle qu’il appartient à une lignée issue directement et légitimement du mariage morganatique du prince avec la princesse Charlotte de Rohan-Rochefort.

Claude PASTEUR, auteur du « Duc d’Enghien ou la mauvaise destinée » (Editions Tallandier) où elle affirme la légitimité souvent discutée de cette union, se montre en revanche sceptique quant à une postérité issue de ce couple, et tient le rôle d’avocat du diable dans son entretien avec Gabriel du Chastain.

Claude Pasteur : Comment avez-vous appris que vous étiez le descendant du dernier des Condé ?

Gabriel du Chastain : ce fut mon oncle Jean du Chastain qui m’en fit la révélation. Il m’avait invité à passer quelques jours près de lui à Bruxelles, et j’en avais profité pour demander une audience au comte de Paris, qui, alors exilé, vivait au manoir d’Anjou à quelques kilomètres de là. Le matin de cette entrevue, mon oncle me dit avec amertume : « Ainsi, toi qui te dis royaliste, tu vas aller voir l’arrière-petit-fils du régicide Philippe-Egalité, qui vota la mort de son cousin Louis XVI ? »

Je répliquai à mon oncle qu’il n’existait malheureusement pas d’autre prétendant reconnu comme tel. « Si »me répondit-il. Et après quelques moments d’hésitation, il reprit : « Tu es arrivé à l’âge où j’ai le devoir, n’ayant pas de fils, de te révéler un secret de famille dont je suis dépositaire depuis qu’il m’a été confié par mon propre père. Ton grand-père Louis du Chastain était le petit-fils du duc d’Enghien.». Il me remit alors un Mémoire qu’il avait rédigé de sa main pour fixer notre royale ascendance. Il y révélait que, du mariage secret du duc d’Enghien avec la princesse Charlotte de Rohan-Rochefort, était né un fils en octobre 1804, à Strasbourg : Henri-Louis-Joseph, soit environ sept mois après l’exécution du prince dans les fossés de Vincennes. « Devenu grand, le fils posthume du duc d’Enghien épousa Marie-Josèphe, une fille illégitime du roi d’Espagne Ferdinand VII, qui la reconnut cependant. Le jeune couple s’établit à Rome, et eut un fils, Louis-Jean, qui naquit à la Noël 1848. Il fut confié à un certain Monsieur Albert, qui le déclara à la Mairie d’Aigres comme son propre fils, et lui fit faire ses études à Angoulême. Mais, dès 1867, le prince Henri reprit son fils et vécut longtemps avec lui, à Paris. Louis-Jean fut reçu aux Tuileries et présenté à Napoléon III. La reine Isabelle d’Espagne, en exil à Paris, le voyait souvent. Il l’appelait « ma tante ». A Frohsdorf, il fut reçu avec son père par le comte de Chambord qui, chef de la Famille, devait procéder à la reconnaissance officielle. Cette reconnaissance n’eut jamais lieu, car le prince Henri, parti à l’étranger pour un supplément d’enquête, ne revint jamais. Sans doute fut-il séquestré quelque part. Quant à son fils, le prince Louis-Jean, il se fit voler le coffret qui contenait bijoux et documents.

Le jeune prince, après des séjours à Londres et à Paris, se maria, eut deux enfants, et vint s’installer en Belgique où il arriva à l’été 1888. Aussitôt informé de son arrivée, le roi Léopold lui envoya le comte d’Oultremont, grand maréchal de la Cour, pour lui souhaiter la bienvenue et remettre à sa femme, de la part de la reine, des fleurs et un bracelet orné de fleurs de lys. Louis-Jean vécut à Bruxelles, où il se fit une réputation honorable en donnant des cours de littérature, jusqu’à sa mort en 1925. Il avait pris le nom d’Albert du Chastain, nom de la grand-mère de ce Monsieur Albert qui l’avait élevé. Son fils prit également à Londres le nom de Jean du Chastain. Voilà toute l’histoire de la descendance du duc d’Enghien. »

Claude Pasteur : Personnellement, je ne crois guère à un enfant posthume issu de la princesse Charlotte. Comment, proscrite à vie, serait-elle venue mettre son enfant au monde à Strasbourg, alors qu’elle risquait à tout moment d’y être arrêtée, et que dans les mois qui suivirent la mort du prince, elle était étroitement surveillée par la police consulaire ? Enfin, s’il y avait eu un enfant posthume, comment expliquer que la princesse ne l’ait jamais repris auprès d’elle ? Même si l’on peut concevoir la nécessité d’une séparation momentanée pour soustraire le nouveau-né à d’éventuelles recherches, comment Charlotte, si attachée au duc d’Enghien, n’a-t-elle jamais fait revenir près d’elle son fils après la mort de Napoléon ?

Gabriel du Chastain : Je n’explique rien. Malgré les contradictions existantes, malgré les réserves que vous exprimez et que je comprends, je n’ai cessé toute ma vie de croire sans discuter ce qui m’avait été révélé dans ma jeunesse. J’ai pris les choses comme elles m’ont été dites, et je fais une confiance totale au document qui m’a été confié. La foi qui n’a cessé de m’animer depuis lors et qui a inspiré les meilleurs de mes actes, est demeurée absolument intacte.

Claude Pasteur : Ce qui me trouble également, c’est que mon arrière-arrière grand oncle Philippe Foucher, qui fut l’ami fidèle et l’exécuteur testamentaire de la princesse, n’ait jamais fait la moindre allusion à un enfant de Charlotte, dont il fut pourtant le confident pendant dix-sept ans. Pourquoi alors, compte tenu du mystère dynastique évident qui entoure votre famille, ne pas avancer l’hypothèse d’une descendance illégale du duc d’Enghien ? Le prince était grand amateur de femmes, et les descendants des Bourbon, légitimés ou non, furent toujours traités avec considération, ce qui expliquerait les égards rendus à cette famille …

Gabriel du Chastain : Je ne puis accepter la moindre évocation à une quelconque bâtardise qui me serait insupportable. Je demeure intransigeant sur ce point. Ma position est la suivante : ou ma descendance issue de ce mariage morganatique est indiscutable, (et je regrette de n’avoir jamais eu la possibilité matérielle de l’établir légalement, faute de temps et de moyens), ou bien nous demeurons dans l’énigme historique, avec l’espoir qu’un jour, elle sera résolue.

Claude Pasteur : Etes-vous l’unique descendant présumé du duc d’Enghien ?

Gabriel du Chastain : Non. J’ai une cousine, Nicole Kreisky, née du Chastain, fille de mon oncle Jean qui, après un veuvage, a épousé le cousin germain de l’ancien chancelier d’Autriche Kreisky. De son premier mariage, elle a eu trois fils qui sont mes petits-cousins et ont évidemment la même ascendance.

Permettez-moi d’ajouter en conclusion qu’à mes yeux, cette ascendance ne m’a jamais conféré le moindre droit sur le plan dynastique, mais seulement des devoirs dans le respect de la tradition monarchique à laquelle je me suis toujours senti profondément attaché, et suis toujours fidèle.

Source : Claude Pasteur (Historia 1985) via D. Tertrais
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

Napoléon
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