Commençons par le début :
La famille von Naundorf fait partie de la noblesse antique (Uradel) de la région de Saxe et de Thuringe. L’orthographe de leur nom est variable. Au moyen âge nous trouvons « Navendorf », plus tard « Nauendorf » ou « Naundorff ». Cette famille est mentionnée dans les chartes depuis 1121 avec son nom de famille, avec le nom du village de Naundorf et le manoir féodal. De nos jours le nom de la famille subsiste ainsi que le nom du village actuellement intégré dans une autre ville, le manoir a été détruit par les Suédois en grande partie pendant la guerre de trente ans et les Russes ont sans doute achevé les restes qui ont été démolis en 1948 car Naundorf n’est pas très loin de Dresde et tout le monde sait ce qui est arrivé dans cette région. En tout cas l’ensemble du village, les terres et le manoir appartenaient aux Naundorf depuis toujours.
En 1197 il est question de Heinricus von Naundorf. La généalogie sans interruption commence avec Christophe von Nauendorf vers 1380. A différentes époques entre 1314 et 1380 nous trouvons d’abord Dietrich von Naundorf pour la première date sur une charte, Eberhard von Naundorf en 1331 et en 1340. La lignée continue au 15ème et au 16ème siècle, différents membres s’installent au cours du temps en Saxe, en Thuringe, en Prusse et en Autriche, mais il y a toujours un membre de la lignée la plus ancienne à Naundorf avec le titre de comte.
Le 12 avril 1780 est né à Altenburg (à environ 60 km de Naundorf) Christian Heinrich Naundorf (sans la particule) bâtard du comte Gottlob von Naundorf, seigneur de Naundorf et Kassen ( 1752-1819). La mère qui était originaire de Halle mais totalement inconnue, s’appelait Suzanne Hopf. Christian Heinrich serait décédé à Halle ( à 15 km de Naundorf) le 14 août 1781. La ville de Halle et la petite ville de Altenburg étaient en Saxe. En 1817 , Halle a été donné à la Prusse à la suite d’une rectification de frontières qui avaient été chamboulées par Napoléon et Altenburg est restée en Saxe. Dans toutes les biographies de Naundorf il est indiqué qu’il est né à Halle et qu’il est un sujet prussien. Cela est faux.
Nous avons déjà évoqué ce Christian Heinrich Naundorf. Les renseignements que nous en donne Mme Lescarroux ne correspondent pas avec ce qui en est dit par Otto Friedrichs. L'identité du père semble même faire problème, puisqu'il ne s'agirait pas de Gottlob von Naundorf, mais bien de
Wolf-Georges Henri Von Naundorff. S'il y a accord sur le nom de la mère, Christian Heinrich est donné pour être décédé en 1817 et non pas en 1781.
La suite n'est pas très claire. On n'y comprend plus rien :
Le fils d’un petit bourgeois de Halle cordonnier de son métier, né dans la paroisse de Saint-Georges in Glauca le 15 janvier 1775, qui s’appelait Christian Heinrich Naundorf est décédé le 14 août 1781 à Halle et son identité a été utilisée d’abord par le déserteur Werg et ensuite dans le cours du complot afin de couper toute piste concernant d’une part la disparition d’un déserteur et embrouiller d’autre part la naissance et la vie du bâtard Naundorf, fils de Gottlob von Naundorf. Dans les textes français on dit souvent que Christian Heinrich Naundorf « est mort » en 1781 mais dans les textes allemand on dit « serait mort » Et on change aussi parfois la date de 1781 en 1788, voire en 1817.
Et voilà que ce Christian Heinrich serait le fils d'un petit bourgeois de Halle, décédé le 14 août 1781 à Halle ? Mais il ne peut avoir deux pères ? C'est à n'y rien comprendre. Y-a-t-il ou non, un acte de décès de Christian Heinrich Naundorff, indiquant la date du 14 août 1781 comme celle de son décès ?
Manteyer donne la réponse pour la naissance :
Altenburg, 12 avril 1780.
Naissance de Christian-Heinrich, fils naturel de Suzanne-Elisabeth Hopf et, suivant celle-ci, de M. Wolf-Heinrich von Naundorff, baptisé dans l'église de la garnison
Mais pas pour le décès :
Halle, 16 août 1781.
Acte d'inhumation de Johann-Wilhem Nauendendorff, fils de Me Gottfried Nauendorff, bourgeois et bonnetier, décédé le 14, âgé de 6 ans, 7 mois et 2 jours (Halle. Arch. paroiss. de St-Georgenkirche in Glaucha.).
Par contre, autre acte de décès :
Halle, 10 avril 1817.
Acte d'inhumation de Christian-Heinrich Naundorff, cordonnier, décédé le 7 courant, à 36 ans, dans la maison n°547 (Halle. Arch.paroiss. de St-Moritz-Kirche).
Alors ? Ce Naundorff, cordonnier de Halle, décédé en 1817, ne serait pas celui qui est né à Altenburg en 1780 ? A ce que j'ai cru comprendre, pour Mme Lescarroux, non. Car c'est bien le Naundorff d'Altenburg qui serait... notre Karl-Wilhem Naundorff !!! Fort bien,
mais où sont les preuves ? Il y a encore beaucoup d'assertions, toutes diffamatoires à l'égard des Bourbons de Hollande. Je reviendrai sur ce point, mais je compte aussi sur la collaboration des chercheurs du forum.
Dernier problème (car Mme Lescarroux donne raison au Pr Lucotte contre le Pr Cassiman) :
Il reste un mystère à résoudre : comment l’ADN des Bourbons anciens du 14ème siècle est-il entré dans la lignée des Comtes von Naundorf ?
C’est en étudiant les « croisades nordiques » que nous pouvons approcher de la solution qui in fine appartient au professeur Lucotte car il faudrait obtenir un échantillon pour faire l’ADN de trois personnages qui ont rejoint les chevaliers teutoniques pendant le 14ème siècle : il s’agit de Louis I de Bourbon qui les a rejoint peut-être avec un de ses bâtards qui l’accompagnait dans les affrontements, mais plus vraisemblablement de son petit-fils Louis II de Bourbon, « le bon Duc » qui est allé en Prusse au début de l’année 1391 et qui était de retour à Noël à Paris de la même année avec son compagnon Boucicaut qui est devenu maréchal à ce moment.
Les teutoniques avaient appelé les chrétiens au secours car ils étaient constamment en but aux païens et les papes avaient prêché plusieurs fois des croisades pour la rémission des pêchés. Toute l’Europe s’était mis en route par compagnies car celles-ci erraient en France et en Flandre sans autre but que de dévaliser les gens. Ces déplacements étaient appelés « Reise » et ne duraient jamais plus qu’à peine un an mais souvent moins. Les frais de voyage étaient à la charge des croisés ainsi que les frais de séjour. A partir de la France le chemin passait par la Lorraine, l’Allemagne du sud, Prague et Breslau pour arriver à Marienbourg. Le chemin passait forcément par la Thuringe et la Saxe, « provinces » des teutoniques. Les croisés qui étaient en petit nombre mais voyageaient avec moult sergents et valets se logeaient selon les possibilités dans des auberges ou chez la noblesse autochtone.
Voilà donc la solution : un Bourbon, de passage en Saxe, a eu la bonne idée de faire halte dans le domaine des Naundorff. Et pour les en remercier, il a eu la bonne fortune de se confier à la cuisse accueillante de l'épouse du seigneur Naundorff. Très simple, au fond, mais il fallait y penser... Il n'y a plus qu'à dénicher le dernier des Naundorff (né de bonne et légitime noblesse) et à séquencer son ADN-Y : "Honni soit qui mal y pense" !