L'affaire Louis XVII: une question d'épistémologie?

L'affaire Louis XVII: une question d'épistémologie?

Message par Richelieu » Jeudi 19 Mai 2016 20:30:06

En consultant le site Cril17, la référence en terme de l'enquête sur le Petit Prince, j'ai vu que ce jour, une annonce est faite sur la publication prochaine de révélations concernant l'affaire Louis XVII. Ces révélations concernent plus particulièrement Naundorff. Venues de trois sources différentes, elles invalideraient de manière définitive la candidature de Naundorff et ses descendants aux primaires (pour parler moderne!)à la légitimité royaliste en France. Le livre 'Sang Royal' avait choisi ce même thème d'une résolution 'définitive' de la question, et cela n'a pas eu lieu.
Sommes nous encore à la veille d'une énième résolution définitive? Possible que oui, ou non. Une énigme aussi ancienne ne se laisse pas résoudre aussi facilement. Elle est devenue une énigme dans son essence, un organisme aux millions de cellules que sont tous les faits contradictoires qui la constituent. Et on peut prédire d'avance que les trois sources seront immédiatement contredites par les tenants de l'opinion inverse.

Une science nous ferait du bien, agirait comme une pause sur le chemin: ce serait l'épistémologie. C'est la science des sciences. Celle qui a pour objet de prendre du recul sur les choses et se poser la question de nos préjugés, de nos valeurs, de nos hiérarchies dans nos jugements. Dans le cas de l'affaire Louis XVII, l'épistémologie nous demanderait de faire du rangement. De ne pas charrier dans le même flot, la génétique, les sources historiques, les croyances personnelles. Imaginons la situation, très possible, où nous nous trouverions confrontés à des considérations génétiques très tranchées en faveur de telle thèse, contredite par des considérations historiques toutes aussi tranchées en faveur de l'opposé? Nous sommes en phase d'accumulation de faits, mais pas d'une méthode pour classifier ces faits.
Ce qu'on appelle la Providence semble jouer son rôle, en nous surprenant à chaque fois. Prenons par exemple, les analyses sur Louis XVI, qui n'ont, a signalé l'administrateur du site CRIL eu aucun écho dans la presse. Il est évident que les premières analyses sur la compatibilité Bourbon de Hugues de Bourbon avait fait la une car elles portaient à la connaissance du public quelque chose qui peut changer toute l'histoire de France. Affirmer que ce même Hugues n'est pas le descendant de Louis XVI en fonction de cheveux n'intéresse qu'une poignée de spécialistes, c'est à dire, nous, les intervenants sur les divers forum ad hoc. Il vaut mieux d'ailleurs que ces nouvelles ne soient pas encore trop ébruitées. On se rappelle l'histoire du sang de Louis XVI trouvé dans la calebasse, qui avait fait grand bruit, puis disparut. Sur le même site CRIL, avait été mentionné un nouveau tissu imbibé du sang de Louis XVI, acheté fort cher, et qui fera l'objet d'analyses génétiques. Imaginons qu'elles offrent un troisième génotype, encore différent des deux premiers. Il vaut mieux que ces choses soient tues, pour le moment, restent entre nous pour ne pas ridiculiser une cause très noble. Car, au fond, tout cela charrie, toujours au nom de l'épistémologie, des motivations très différentes. Je me considère, par exemple, royaliste, au sens où j'espère qu'un jour proche, quelqu'un en France sera à sa place, le Prince, faisant ensuite, que tous les autres trouveront leur place. Ma motivation de résoudre une énigme au nom de la médecine ou de la science ou pour écrire un roman ou un article est quasiment nulle. Dans ce cadre, on ne peut être ni naundorffiste, ni anti naundorffiste, ni rien du tout, et attendre simplement de résoudre ou que se résolvent les questions.
Il est vrai qu'on ne peut s'empêcher de manifester des sentiments dans cette histoire. Les miens sont que je souhaite que Louis XVII ait survécu. Et qu'il ait eu descendance. Et que cette descendance soit digne. Ce serait un véritable conte de fée. La Révolution, qui nous a laissé de belles choses, n'aura pas été si sanglante que cela
Il est possible aussi que non, comme le croient certains, voire la majorité. J'accepterai et serait bien triste, mais aussi triste que pour tant d'autres massacres de l'histoire.
En attendant, le conte de fée est possible et des sites comme le CRIL ou celui ci font vivre cet espoir! Il est dommage cependant que des 'certitudes' soient évoquées ici et là, alors qu'elles sont 'épistémologiquement' impossibles pour le moment. La génétique n'est qu'une province de l'histoire, celle des molécules. L'histoire est un vaste organisme, bien plus grand que toutes ses parties. Le langage nous le montre. Sans qu'il y eut de lien etymologique direct, le son 'hist-' a dérivé dans trois usages: hist oire, hist ologie, hyst-. L'histologie est la science des tissus, hyst- est l'utérus (comme dans hysterectomie, hystérique etc). L'histoire est donc un tissu qui croît dans une matrice. Elle fourmille et vit, elle a ses propres exigences de survie et de croissance. Nous ne la ferons pas plier avec nos hypothèses. Y aura t il une résolution un jour de l'énigme Louis XVII? On peut le croire et le souhaiter. Ce sera alors comme un accouchement d'un tissu venu à terme...
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Re: L'affaire Louis XVII: une question d'épistémologie?

Message par Lys111 » Jeudi 19 Mai 2016 22:51:02

Merci Richelieu pour ce très beau message. :)
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Re: L'affaire Louis XVII: une question d'épistémologie?

Message par BRH » Vendredi 20 Mai 2016 08:23:44

Tout ceci est bel et bon, à condition de ne pas perdre de vue l'essentiel : savoir que le dossier Louis XVII est le secret de la Franc-Maçonnerie. Au final, elle est capable d'influencer les chercheurs et même, de décourager les premiers intéressés à sa résolution. Je suis libre de l'écrire ; aussi, je ne m'en prive pas !
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

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Re: L'affaire Louis XVII: une question d'épistémologie?

Message par Richelieu » Mardi 24 Mai 2016 18:49:20

C'est bien possible, cher BRH! Cela fait partie d'une énigme à propos de l'énigme des énigmes. Bref, une énigme au cube!!

Le site CRIL, qui déroule une véritable enquête à la Sherlock Holmes (imaginons à quel point cette enquête eut été impossible s'il avait fallu attendre une copie papier de toutes ces informations!) a présenté les trois hypothèses 'nouvelles' (pour deux d'entre elles) concernant l'affaire Louis XVII.
On peut, on doit, avoir la plus grande admiration pour le travail de fourmi que fait le CRIL depuis des années, tant l'administrateur que ceux qu'il évoque souvent pour l'avoir aidé. Soit tout cela finira en une gerbe de poussière: Louis XVII est bien mort au Temple, soit, conte de fée, nous disions, il y a bien eu survivance et descendance.
Le seul regret que je peux formuler à l'endroit du site CRIL est le parti pris résolument 'non-naundorffiste', que je préfère à anti-naundorffiste. Bien que parfois, on se demande s'il n'y a pas de l'anti dedans. Je ne me considère nullement naundorffiste. Je me sens légitimiste, et s'il advenait que le Prince ait survécu, c'est la légitimité la plus cristalline qui s'exprimerait. A défaut de cette légitimité, il reste une autre plus vaste. Je crois que la France au cours de son histoire a expérimenté plusieurs types de gouvernements, peut être plus que d'autres pays, selon les temps et selon les besoins. Il y a eu le monarchisme de droit divin, la légitimité incontestable donc. En parallèle, ou parfois, en succession, l'orléanisme, qui représente l'association des 'parlements' au gouvernement du peuple. Il est curieux, à ce propos, qu'il y ait eu quatre maisons d'Orléans, sans lien direct (autre qu'étant tous des Capétiens), et toutes se sont illustrées par cette volonté du souverain d'associer le peuple au gouvernement via la courroie parlementaire. Prenons Louis XII, le Père du Peuple, Gaston d'Orléans ou le Régent, puis Louis Phillipe, on trouve cette fibre 'associative'. Puis le bonapartisme, qui a pour mode de gouvernement le plébiscite que demande l'homme providentiel, celui qui est le mieux adapté à répondre à la situation immédiate, souvent dans l'urgence, mais qui n'est pas 'légitime' au sens classique, et donc ne peut instaurer de légitimité, comme on l'a vu avec les fils de Napoléon 1er et Napoléon III.
Il y a eu également la République, de plusieurs sortes, qui est une autre manière de fonctionner, qui a eu et continue d'avoir sa légitimité. En réalité, une quantité qu'on appellera la 'légitimité totale' s'est constituée avec le passé et le présent de la France, et celle-ci voudrait qu'on prenne le meilleur de chacun de ces modes. Qu'on en fasse la synthèse: entre le plébiscite (ou référendum), les parlements locaux, la démocratie et le sacré que représente le Prince Légitime (et/ou la Princesse!), et qui serait le point de levier de tout cet ensemble. L'existence d'un tel Prince serait le cadeau de la Providence, et sous sa bannière, chacun, selon ses compétences se rangerait et agirait: Orléans, Bonaparte et branches légitimistes comme républicaines. Tous méritent le respect pour les belles actions qu'ils firent au service de la nation. Et je vois bien, un jour, une conférence de presse associant à la même table, le Chef de la Maison de Bourbon (le Prince?), le chef de la Maison d'Orléans, le chef de la Maison Bonaparte, et le (futur) Président de la République, offrant à eux tous de 'reprendre les affaires en main'. La VIe République serait annoncée au sein d'un Royaume et d'un Empire français de retour. Du rêve? Mais pourquoi pas! On a bien vu un homme avec beaucoup d'avenir politique se prononcer clairement pour le modèle royaliste: Emmanuel Macron.
Dans cette galaxie de possibilités, la Providence ou, si l'on veut, la vérité historique garde en réserve une carte qui serait la survivance de Louis XVII, si elle eut lieu.
Je ne crois pas sage de rejeter l'une quelconque des hypothèses connues à ce jour. Il n'existe, même dans les sciences les plus pointues, aucune certitude à 100 pour cent, surtout pas en génétique, et donc on ne peut guère en formuler à propos de l'énigme Naundorff qui a convaincu et continue de convaincre des gens tout à fait sérieux. J'ai lu par exemple, récemment le livre de Reicher Sgradi, que le CRIL avait 'ressuscité' et on voit la conviction totale d'un auteur, naundorffiste, qui connaît l'essentiel des critiques contre son 'champion' et maintient sa thèse. On ne peut pas dire que quoi que ce soit de fondamentalement nouveau est arrivé, sur le plan des sources historiques, depuis cet auteur (le livre date de 1967). La génétique est encore trop complexe, prononçant compatible et incompatible l'hypothèse Naundorff. Il est donc nécessaire d'être ouvert, en marquant ses préférences, tout au plus, pour telle ou telle piste. Car lorsque la vérité mûrira (au moins un souhait!), elle risquerait d'éclabousser de nombreuses certitudes fondées sur quelques critères 'négatifs' et ignorant la plupart des positifs.
Les trois hypothèses présentées sur le Site du CRIL sont, de toute évidence, très intéressantes chacune. Mais si on les pèse sur la 'balance épistémologique', elles ne font qu'aggraver la confusion et épaissir l'énigme sans résoudre! Pour la génétique Bourbon-Condé, il suffit de dire que 1) l'horloge génétique ne pourrait être utilisée comme assez précise pour dater de quel Condé descendrait Naundorff, mais surtout 2), toute compatibilité entre Naundorff et un Condé, de quelque époque que ce soit, ne ferait que renforcer sa nature Bourbon, et nullement une hypothétique nature 'Condé' qui n'existe pas en elle-même. Autrement dit, le dossier Naundorff est déjà si épais que tout ce qui le rapproche de la 'bourbonitude' fait pencher forcément la balance en faveur de l'identité Louis XVII/Naundorff.
L'hypothèse soulevée voici quelques années par Mr Royet est bien complexe à suivre. C'est une sorte de 'roman alternatif' à l'histoire contée par les Naundorffistes. Difficile d'en peser les mérites, mais elle ne convaincrait certainement pas les naundorffistes fervents qui auraient toujours à opposer 'leurs' faits à ceux de cette hypothèse, et ils sont nombreux.
Restons tous au service de ce que j'ai appelé plus haut la 'légitimité totale', qui inclut les Orléans, les Bonaparte etc, mais forcément aussi Naundorff, à qui, au moins, nous accorderons le mérite d'avoir participé très largement à faire vivre l'hypothèse de la survie de Louis XVII. Qui sait si nous serions sur ce site ou celui du CRIL à discuter de tout cela, sans le parcours de Naundorff et de ses descendants?
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Re: L'affaire Louis XVII: une question d'épistémologie?

Message par Lys111 » Samedi 28 Mai 2016 10:21:59

BRH a écrit :Tout ceci est bel et bon, à condition de ne pas perdre de vue l'essentiel : savoir que le dossier Louis XVII est le secret de la Franc-Maçonnerie. Au final, elle est capable d'influencer les chercheurs et même, de décourager les premiers intéressés à sa résolution. Je suis libre de l'écrire ; aussi, je ne m'en prive pas !


Je me demande s'il n'y a pas une histoire de lune et de doigt dans cette histoire.
Il est un fait incontestable et c'est peut-être bien le seul qui ne porte pas à subjectivité : le discours relayé officiellement par les faux historiens, les faux spécialistes de la question vendus et mis en avant par les media est grossièrement mensonger, rien de leurs arguments affirmant la mort de Louis XVII au temple ne résiste à la confrontation de faits parfaitement admis et reconnus historiquement. La volonté de tuer la question de la survie de Louis XVII dans l'oeuf est donc une réalité parfaitement objective et facile à reconnaître.
Ce fait est à lui seul une information, un aveu : il y a bien quelquechose à cacher et une légitimité à enterrer.

S'il avait été simple de balayer définitivement l'hypothèse Naundorff alors cela aurait été fait depuis bien longtemps. Or voilà : cela n'est toujours pas fait.
Ceci est également un fait, une information révélatrice.

Tant que les usurpateurs anti-chrétiens tiendront les ficelles du pouvoir alors le mensonge, la calomnie, l'inversion des faits continueront de brouiller les esprits et l'émergence de la vérité historique et spirituelle.

Cela aura une fin, c'est certain. Mais quand ? Dieu seul le tient
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Re: L'affaire Louis XVII: une question d'épistémologie?

Message par BRH » Samedi 28 Mai 2016 11:09:03

Cher ami (si vous permettez),

Vous parlez d'or ! Je n'en dis pas plus. Chacun comprendra...
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

Napoléon
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Re: L'affaire Louis XVII: une question d'épistémologie?

Message par Bergeronnette » Mercredi 08 Juin 2016 19:15:43

Bonsoir Messieurs,

Tout à fait d'accord avec "Richelieu" et "Lys 111" et permettez-moi de n'ajouter que 2 commentaires :
- Comme je l'ai annoncé et écrit "urbi et orbi" depuis bien longtemps sans avoir eu la moindre contradiction : s'il y avait eu, à Versailles, plusieurs enfants de l'âge de Louis XVII vivant quotidiennement avec la famille royale (Condé, Lambriquet ou autres), on n'aurait pas attendu aujourd'hui pour les répertorier et les étudier ! Or, Naudorff avait tous les souvenirs de sa petite enfance à Versailles.

- Dans ses prophéties, la voyante Marie-Juile Jahenny a affirmé : "Ne règneront sur la France ni les Orléans, ni les Bourbon d'Espagne, ni les Naundorff !" Hé bien, dites donc, mettre les "Naundorff" au même rang que les autres familles princières n'est tout de même pas si mal, ne trouvez-vous pas !!! Or, Louis XVII n'a été affublé de ce pseudonyme qu'en 1810, à 25 ans, et avant ???
Je vous présente à tous mes amitiés.
Bergeronnette
 
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