Raaah, voici typiquement le genre de texte qui me fait me fâcher toute rouge !!!
Non pas tant à cause du parti pris évident de l'auteur (étant républicain, il est forcément partial), mais à cause de sa mauvaise foi insupportable !!!
Rien de plus agaçant en Histoire que les mensonges, savamment entretenus par l'élite qui détient le pouvoir, tant il est vrai que, depuis toujours, "l'Histoire est écrite par les vainqueurs".
Je suis tout à fait d'accord, cela va de soi, avec vos commentaires. Il est bien dommage que je ne puisse pas répondre à ce monsieur (ce texte date de l'année dernière de toutes façons

), je lui aurais dit volontiers ma façon de penser. Il n'y a que des bêtises dans ce texte, où alors les choses sont dites de façon à induire les lecteurs en erreur. Ca m'énerve, il faut que j'y mette mon grain de sel. Et tant pis si ça ne sert à rien, ça va me défouler !
Il convient tout d'abord de séparer 2 choses : la France et la République.
Et Monsieur Cheminade ferait bien de se souvenir qu'à l'époque où Marie-Antoinette correspondait avec les puissances étrangères, la France était encore une Monarchie. Il ne peut donc pas y avoir, de sa part, trahison de la République puisqu'elle n'avait pas encore été proclamée ! Et elle faisait tout, justement, pour qu'elle ne le soit pas ! La défendait la Monarchie, donc la France qui était une Monarchie.
En réalité, si on y regarde bien, ce sont les républicains, et certainement pas la Reine de France, qui ont trahi la France !
Un petit rappel historique s'impose avant de commencer à dire des bêtises, et Monsieur Cheminade aurait bien fait de le faire, ça lui aurait éviter de tomber dans la partialité primaire.
En 1791, la parti républicain est de plus en plus puissant. Mais les Français en ont marre de la Révolution, ils estiment qu'ils ont eu ce qu'ils voulaient, et ils aspirent à un retour au calme, à la paix, et à la prospérité.
Il est évident que, pour les républicains (dits aussi "Jacobins"), une telle chose ne peut être possible, car si la Révolution s'arrêtait, ils n'auraient jamais ce qu'ils veulent le plus au monde, c'est-à-dire le pouvoir.
Aussi font-ils tout pour fomenter ou encourager révoltes, séditions, ils vont même jusqu'à soutenir les carnages qui ont lieu à Avignon pour pouvoir prendre possession de cet Etat (qui appartient encore au Pape à cette époque), et leur trouvaille ultime, c'est de déclarer la guerre aux princes étrangers (qui, en réalité, restaient très discrets malgré les appels au secours répétés du Roi et de la Reine…).
Bref, en quelques mots, c'est eux qui foutent le bordel en France ! Ca bizarement, l'auteur n'en parle pas.
On comprend mieux, dans ce cas, l'attitude de Marie-Antoinette. Son but à elle, c'est justement de sauver la France, et avec elle le Roi et sa famille. Mais pour sauver son pays (et étant Reine de France, Marie-Antoinette considérait bien évidemment la France comme son pays !) de la ruine et du chaos qui s'annoncent, il faut renverser les républicains et les constitutionnels (eux sont moins enragés que les premiers mais bien incapables d'éteindre le feu qu'ils ont allumés, voilà pourquoi elle ne leur accorde guère de confiance, d'ou son double-jeu avec Barnave !) afin de rendre le pouvoir au roi.
Et pour cela, il n'y a pas d'autres choix que de compter sur l'aide étrangère. Ce n'est pas nouveau. Quand un pays est en difficulté, même aujourd'hui, n'appelle-t-il pas d'autres Etats à la rescousse ?
Si Monsieur Cheminade faisait preuve d'un minimum de bonne foi, il aurait constater que Marie-Antoinette, sa correspondance nous le prouve, n'a jamais eu d'intention hostile envers la nation française. J'ignore par quel miracle il arrive à voir exactement le contraire dans cette même correspondance ou avec quels yeux il l'a lu !
Elle n'a de cesse, elle et le Roi, de repousser les plans qui risqueraient de provoquer une guerre civile en France, et appelle fortement son frère l'Empereur à retenir les armées des émigrées, qui feraient bien plus de mal que de bien s'ils pénétraient sur le sol français.
Son idée au départ était un Congrès des puissances étrangères, qui se seraient tenu sur les frontières, afin d'impressionner les "factieux" et les faire reculer dans leurs projets. Une invasion de la France n'étant à utiliser qu'en dernier recours. Marie-Antoinette n'est pas idiote, quoi qu'on en ait dit ! Elle sait très bien que sa situation et celle du Roi sera très inconfortable si ils ne doivent leur rétablissement sur le trône qu'aux puissances coalisées, qui exigeront des "récompenses", c'est évident ! (et ce serait pire s'ils la devaient aux émigrés !).
Aussi, s'il doit y avoir la guerre, il faut qu'elle se fasse promptement, c'est-à-dire, dans son esprit, que les armées coalisées parviennent rapidement jusqu'à Paris afin de délivrer le Roi. Et si en plus, elle peut se vanter de les avoir "aider" ce sera toujours ça de gagner !
On voit ici, de la part de l'Assemblée et de la part du roi et de la reine, 2 intentions très différentes vis-à-vis de la guerre.
Si la guerre est une aubaine pour l'un et l'autre camp, l'Assemblée, et plus particulièrement les républicains (qui sont déjà maîtres de l'Assemblée à cette époque…) souhaitent que celle-ci dure le plus longtemps possible, car elle fait partie de leur "plan" pour continuer la Révolution et détourner les Français des vrais problèmes, les problèmes intérieurs.
Pour le roi et la reine, c'est le contraire : il faut qu'elle soit la plus courte possible. Une "Blitzkrieg" en quelque sorte, il ne faut surtout pas qu'elle s'installe durablement sinon ils sont perdus.
On comprend mieux, dans ce cas, les tentatives de la reine pour aider le camp "adverse" afin qu'il pénètre le plus rapidement jusqu'à Paris et que, le Roi libre, la paix puisse enfin revenir dans le royaume (scénario bien idyllique, il faut en convenir

).
Il faut aussi tenir compte du fait que leur situation est de plus en plus intenable aux Tuileries et qu'ils sont menacés un peu plus chaque jour. La journée du 20 juin y portera le comble. A partie de ce moment, la reine s'affole de plus en plus, les Alliés sont encore loin de Paris alors que chaque jour compte !
Bref, il n'y pas, de sa part, trahison de la France, puisque la France, à ce moment de son Histoire, est aux mains de la Révolution, et donc de l'Assemblée, qui n'est même pas fichue de respecter la Constitution qu'elle a elle-même établie et que le "pouvoir exécutif" (le Roi) a les pieds et poings liés et est menacé d'être renversé par une autre Révolution, encore pire que la première, qui verrait l'instauration d'une République. C'est bien pour éviter tout ça que Marie-Antoinette correspond avec les princes étrangers. Elle n'est d'ailleurs pas dupe du double-jeu de certains.
Alors, trahison de la France de sa part ? Tentative de la sauver plutôt !
Autre chose, car l'auteur a décidemment fait plein d'erreurs.
La reine n'a jamais été du parti de son beau-frère le comte d'Artois, et à l'époque de la réunion des Etat-Généraux, c'est le Roi qu'elle soutenait (elle en était même venu à être en froid avec son beau-frère, ce qui la désolait). C'est curieux comment on réécrit l'Histoire !
Quant à ses sentiments vis-à-vis de La Fayette, là il faut bien connaître le personnage pour comprendre l'attitude de la reine. J'avoue que moi non plus je ne lui aurait pas fait confiance. D'ailleurs que voulait-il ? Certainement pas la même chose que le roi et la reine ! Il ne considérait ces derniers que par rapport au "cadre" que leur reconnaissait la Constitution, qui était violée chaque jour par l'Assemblée, et qu'il considérait comme son oeuvre. Non, La Fayette avait fait trop de mal aux souverains et quand on connaît bien l'Histoire, on ne s'étonne pas du refus de Marie-Antoinette d'être sauvée par ce triste sire.
Voilà ! Désolée de vous avoir ennuyé avec ce long texte mais ça fait du bien ^^ !
Bon, quant au texte d'Henri Heine (ça ne s'invente pas !), je ne m'attarderais pas dessus, il est d'un machisme si désolant qu'il fait pitié pour son auteur...
