Ah Marchand, désolée si j'ai mal interprétée vos paroles, mais j'avoue avoir été un peu choquée quand vous avez dit
Excusez MA de traitrise en disant qu'elle ne le faisait que pour sauver le Trône et éliminer l'Assemblée Législative, c'est prendre parti : le Roi (et la Reine) plutôt que la République (ou du moins la monarchie constitutionnelle). Quant à moi, c'est une traitrise majeure. Mais je suis de parti pris : je suis républicain. Dédouaner MA de sa traitrise, c'est être monarchiste. Il n'y a pas à en sortir.
Vous voyez, la France n'était même pas une République encore à l'époque, donc ce n'est pas le problème.
Je dis et je le redis : je ne considère ni Louis XVI ni Marie-Antoinette comme des traitres puisque le gouvernement avait les pieds et mains liés par l'Assemblée, que toute discussion était impossible avec elle, et que la Révolution, aussi belle soit-elle de loin, était une dictature. Que l'Assemblée, contrairement même à ce que promulgait la Constitution, détenait tout le pouvoir, et que cette prise de pouvoir était illégitime.
A partir du moment où le pouvoir avait été accaparé illégitimement par un groupe, il fallait trouvé un moyen pour renverser ce groupe avant que les choses ne dégénère davantage (et on sait comment elles ont dégénéré...).
Pourquoi ne pas considérer que l'Assemblée a trahi le roi en dénoncant les seuls pouvoirs que la constitution lui avait accordé ? (ex : le droit de véto).
Il ne faut pas voir les choses que dans un seul sens. Croyez-vous que les souverains ont eu le choix ? Franchement, examinez bien la situation et vous verrez qu'ils n'avaient pas le choix.
Croyez-vous que c'est par plaisir que MA transmettait aux puissances étrangères les plans des armées de France (ça ne leur apportait pas grand-chose d'ailleurs !) ? Ni elle ni le roi n'avaient envie de devoir leur rétablissement sur le trône à une puissance étrangère, dont ils auraient été les obligés jusqu'à la fin de leurs jours, et qui leur aurait demandé des compensations, c'est évident...
Mais ils avaient le couteau sous la gorge. S'ils avaient réussi aujourd'hui on les verrait comme des héros. Seulement pas de pot, ils ont échoué et alors ils sont vu comme des traitres. C'est trop facile !
Je vais d’ailleurs vous faire un aveu : je n’ai lu qu’un seul livre sur MA, celui de Stefan Zweig.
Ok, I understand !
Effectivement, la biographie de Zweig, aussi classique soit-elle, est loin d'être l'idéal pour vraiment appréhender le personnage !
Stephan Zweig est passé à côté de Marie-Antoinette. Son analyse freudienne des rapports entre elle et le roi n'est pas mal mais, outre qu'il juge très sévèrement Louis XVI, il donne de Marie-Antoinette une image de petite reine idiote et futile qui frise le machisme ! Pour moi, sa biographie, c'est une image d'Epinal !
Non vraiment, je comprends maintenant que vous ayez cette image d'elle si vous n'avez lu que la bio de Zweig

(mais c'est un bon romancier en revanche

).
Car la difficulté que j’ai vis-à-vis de MA, ce n’est pas de voir en elle la pire reine de France (ce que je n’ai jamais écrit), mais de ne pas comprendre l’engouement et l’adulation de celle que vous appelez vous-même, Pénélope, votre ‘maitresse’ (relisez-vous. Comment peut-on utiliser de tels termes en 2007 ?).
Ah, ça c'était un petit clin d'oeil à Pimprenelle concernant un autre sujet sur un autre forum
Bah, il n'y a rien de choquant là-dedans, c'était de l'humour ! Quant à l'adulation dont vous parlez, ben c'est le personnage qui veut ça je crois. Elle a toujours provoqué ça, même en son temps. Vous allez me dire qu'elle était détestée. Je vous répondrai que c'est plus compliqué que ça.
Marie-Antoinette est typiquement le genre de personnage qui gagne à être connue. Réellement.
Mais au fait, vous-même, avant de demander à vos interlocuteurs s’ils ont lu beaucoup de livres sur MA, en avez-vous lu quelques uns qui vous permettent, sur les autres personnages de notre histoire, de dire que MA est la plus grande de tous ??
Oui oui, et je peux vous dire que Marie-Antoinette n'est pas, loin de là, le seul personnage que j'admire, bien sûr ^^ ! (je vais pas vous faire la liste, y'en a franchement pas mal...).
Mais j'ai une affection particulière pour elle, peut-être, justement, parcequ'on la trop calomniée (et que ces calomnies étaient politiquement voulues). On ressent beaucoup d'injustice vis-à-vis d'elle, qu'on ne ressent pas forcément avec les autres. Et la manière dont elle a su supporter ses épreuves est réellement admirables. Et ça, ce n'était pas donné à tout le monde !
Pénélope a écrit:
Comme l'aurait dit notre bien aimée Reine : "on dirait que les gueux ont peur".
Ne sentez-vous pas dans cette phrase, cette simple phrase, dans ce mot de « gueux », tout le dégoût, la condescendance, la morgue et le dédain d’une reine de France vis-à-vis de son peuple.
Non Marchand, le peuple en faisait voir de toutes les couleurs à Marie-Antoinette et elle avait des raisons d'être exaspérée, mais ici le terme "gueux" ne s'adresse pas à lui.
C'est dans une lettre à Fersen qu'elle emploie cette expression. Mais il ne s'agit pas du peuple dans cette phrase, il s'agit des membres de l'Assemblée, du moins de la partie "jacobine" de celle-ci, qui, après avoir forcé le roi a déclarer la guerre, se rend compte que les armées françaises ont les plus grandes difficultés à soutenir le combat ! Ce qui les rend encore plus hargneux (les jacobins, pas les armées françaises

).
D'ailleurs, elle n'employait cette expression de "gueux" que parcequ'il s'agissait de Fersen, qui lui était un total aristo mal embouché et complètement réfractaire aux idées nouvelles (un personnage peu sympathique, contrairement à l'idée qu'en donne Stephan Zweig

). La Reine savait très bien se mettre "au niveau" de ses interlocuteurs ! Il ne s'agissait pas pour elle de paraitre trop laxiste sinon elle était accusée de prendre partie pour la Révolution et d'être finalement très contente de son sort (vraiment Marchand, les pourris dans cette histoire ce sont les émigrés

).