La Réforme.

La Réforme.

Message par A.Lionel » Samedi 01 Septembre 2007 10:00:12

Bonjour, chose promise chose due! :wink:

-Le contexte politique :

L'élection impériale de 1519.

Le défunt empereur Maximilien ne put obtenir de la diète d'Augsbourg l'élection de son petit-fils Charles à la couronne en 1518 alors qu'il était déjà titré roi des Espagne en 1516. La diète craignait que cette élection provoquat une crise extérieure, notamment avec la France, mais aussi des troubles en Saxe où un certain prédicateur sévissait...
Maximilien ne réussit pas à acheter les voix des électeurs de la diète, en fait l'élection au titre supreme ressemblait bien souvent à un marchandage!

Charles eut donc trois concurrents : Frédéric le Sage électeur de Saxe soutenu par le Pape qui ne voulait pas que l'Italie tombat sous le joug espagnol ou français ; François Ier (de France) et Henry VIII (d'Angleterre), ce dernier fut vite écarté, il n'était pas catholique.

François Ier était le meilleur candidat, au fait de sa puissance depuis ses succès en Italie, il avait un argument de poids, les Turcs menaçaient la Hongrie et le Roi de France était pret à intervenir s'il était élu Empereur.
François Ier fut écarté car il n'était pas allemand mais surtout parce qu'il ne put non plus acheter la Diète faute de liquidités.
Par conséquent le Roi de France se rangea à l'avis du Pape, mais Frédéric le Sage se retira alors qu'il venait d'etre tout fraichement élu et présenta Charles comme l'Héritier légitime de l'Empire. La Diète unanimement conféra le titre à Charles car beaucoup de banquiers d'Augsbourg et d'Italie avaient débloqués 800 000 Florins payables aux électeurs après l'élection.

La personnalité de Charles Quint.

Il n'avait d'allemand que ses ancetres, il était polyglote mais parlait mal l'Allemand.
Il était né en Flandres et résidait en Espagne, juste après son élection les princes allemands signèrent en son nom, le 3 juillet 1519, un nouvel engagement par lequel l'Empereur se devait de maintenir les privilèges des princes-électeurs, de gouverner avec des eux l'Allemagne, ce qui excluait donc les princes étrangers, de ne jamais conclure d'alliance avec des états non allemands, de ne jamais autoriser le passage de troupes étrangères sur le sol du Saint-Empire sans l'assentiment des princes-électeurs sauf si l'empire était attaqué.
Le 22 octobre 1520 Charles s'engagea par serment solennel à respecter ses engagements et fut couronné Empereur du Saint-Empire Romain Germanique.
Le début du règne de Charles Quint commençait mal, on pourrait meme dire, en faisant un anachronisme, qu'il subit un diktat des princes, à cela s'ajoutait les prédications de Martin Luther qui bouleversaient la Saxe, elles allaient ébranler toute l'Allemagne et meme l'Occident chrétien...

-Les premières conséquences de la révolte de Luther.

Les origines de la révolte de Luther.

A) Les précédents.

Il nous faut remonter le temps (et cela va etre long désolé), en 1378 le Pape Grégoire meurt, cette date allait marquer le début du Grand Schisme et provoquer des remous dans toute l'Europe et en premier lieu dans le Saint Empire.

A cette date, les cardinaux choisirent l'archeveque de Bari qui prit le nom de Urbain VI, ce nouveau pape était soutenu par le Saint Empire, l'Angleterre, la Flandre et Milan mais les cardinaux français soutenus par l'Ecosse, les Etats Ibériques et la France choisirent un autre pape : Clément VII.
A la mort de ces deux papes, le schime continua, les princes allemands et le clergé allemand restèrent fidèles à Rome en reconnaissant le nouveau pape : Boniface IX (élu en 1389).
Ce soutien allemand permit à Robert de porter la couronne impériale en 1400, son prédécesseur Venceslas fut destitué par les princes-électeurs soutenus par le clergé parce qu'il s'était rallié au pape français Benoit XIII.

Sans entrer dans le détail, l'Empereur d'Allemagne était élu en deux temps, d'abord il devait avoir le soutien de la majorité des princes-électeurs de l'Empire, puis etre sacré empereur par le Pape, on note donc que le sacre n'était pas toujours une simple formalité...

On fit appel à Robert pour trouver une solution au schisme.
Le concile de Pise de 1409 tenta de résoudre le problème : les partisans du pape français et ceux du pape romain dénoncèrent chacun leur pape et Rome choisit Alexandre V comme nouveau pape.
Malheureusement les deux papes désavoués refusèrent de s'incliner et le monde catholique se retrouva avec trois souverains pontifes!

Tout allait de mal en pis, l'Eglise était discréditée et le Grand Schisme religieux eut une réplique politique dans le Saint-Empire.
A la mort de l'Empereur Robert en 1410, les princes-électeurs choisirent le frère de Venceslas comme empereur sous le nom de Sigismond mais une minorité des princes-électeurs passèrent outre en désignant un margrave de Moravie : Josse.
A la mort de Josse en 1411, Venceslas, l'empereur destitué, fit valoir ses droits mais l'unanimité du collège des électeurs se rallia à Sigismond.
Venceslas renonça mais conserva jusqu'à sa mort la couronne de Bohème.

Sigismond assuré politiquement, convoqua un concile universel à Constance en 1414 pour mettre fin au schisme, il dura quatre ans.

Ce concile universel mit fin au schisme mais l'Eglise toute réunifiée demeurait discréditée, on lui faisait de nombreux griefs et ces griefs allaient perdurer jusqu'à la Réforme de Luther.
Il convient donc de les énumérer.

Le point essentiel est la remise en cause des richesses de l'Eglise qui étaient jugées indécentes lors des periodes difficiles et qui favorisaient l'émergence d'idées hérétiques.
Déjà en 1360 un pretre allemand Conrad Waldhauser et un prélat tchèque Milic se firent remarqués par leurs prédications, ils voulaient une reforme en profondeur de l'Eglise et le retour de l'enseignement de la Bible.
Sous le règne de Venceslas, la petite noblesse et le petit peuple des villes devenaient attentifs aux prédications réformistes car ils subissaient une conjoncture économique défavorable alors que l'Eglise conservait ses richesses et avait tendance à augmenter ses impots.
A partir de 1402 le théologien Jean Hus commença ses prédications à Prague en langue tchèque où il dénonçait les pratiques simoniaques (qui sont l'achat du paradis ou de la rédemption des péchés moyennant des biens matériels ou l'octroi de charges publiques) du haut clergé et la richesse de l'Eglise.
En ce sens Jean Hus continuait les idées réformatrices du prédicateur anglais Wyclif qui voulait une Eglise pauvre et proche du peuple.
Jean Hus obtint des échos favorables en Bohème aussi bien venant des Tchèques que des Allemands, il crut que, par le haut, lors du concile de Pise, il aurait l'appui de l'Empereur et du Pape mais ses ambitions furent brisées par l'archevèque de Prague. Jean Hus rompit avec l'Eglise officielle, pour autant, sur convocation, il soutint sa thèse au concile universel de Constance où il échoua, il mourrut condamné pour hérésie sur le bucher le 6 juillet 1415 alors que l'Empereur Sigismond lui avait délivré un sauf-conduit qu'il refusa.
Son exécution provoqua de nombreux troubles en Bohème, une nouvelle Eglise y fut fondée par ses partisans où les pretres et laics étaient traités de la meme façon.
A la mort du Roi de Bohème, Venceslas en 1419, les idées hussistes prirent une telle ampleur que la diète refusa de reconnaitre Sigismond roi de Bohème.
Le Pape issu du concile de Constance appella à la croisade contre les réformistes, de 1420 à 1436, la guerre ravagea la terre de la couronne de "Saint Venceslas", Sigismond malgré un appel lancé dans toute l'Allemagne ne réussit pas à faire plier les hussistes, il dut négocier car les hussistes eux-memes s'étaient divisés, un courant radical avait établi une république dans la ville de Tabor qui avait organisé une société selon les préceptes bibliques. Il y avait un danger de contamination dans le courant hussiste modéré.
La diète hussite de Bohème et l'Empereur trouvèrent un compromis : le culte catholique était rétabli et les Utraquistes (ceux qui communiaient dans les deux religions) étaient reconnus comme "les vrais et fidèles enfants de l'Eglise".
Une Lettre de Majesté fut accordée par l'empereur Sigismond, enfin reconnu Roi de Bohème, qui garantissait l'autonomie politique du Royaume et entérinait les transferts de propriété effectués depuis 1420 aux dépens de la Couronne et surtout de l'Eglise et dont avait bénéficié la noblesse de Bohème.

La réforme hussite toucha au-delà de la Bohème, il y eut des prédicateurs dans toute l'Allemagne, à Strasbourg, en Saxe et meme en Prusse sur les terres des chevaliers teutonniques!
Tout était pret pour aller plus loin quelques dizaines d'années plus tard et dès le millieu du XVème siècle l'invention de deux allemands allait avoir des conséquences incalculables dans la transimmion des savoirs et des idées, il s'agit bien sur de l'imprimerie inventée par Gutenberg et Schaeffer. Entre 1466 et 1520 il y eut plus de 22 éditions de la Bible en allemand ce qui ouvrit la voie aux travaux de critique des hummanistes qui pouvaient étudier nombre de textes en hébreux et en grec et surtout la connaissance de la Bible se répandit un peu partout dans l'Empire.
Parallèlement, une quinzaine d'universités furent fondées au XVIème siècle où l'on enseignait les langues, les sciences, la littérature.
C'est dans ce contexte de renouveau intellectuel allemand que se plaçait Martin Luther.

B) Le bras de fer entre l'Eglise et Luther.

Né en 1483 à Eisleben, Luther n'avait rien d'un hussiste, il sortit de l'université d'Erfurt avec une maitrise de philosophie et souhaitait commencer des études de droit mais, sur la route de Mansfeld à Erfurt, en 1505, il eut une révélation alors qu'il y avait un violent orage il invoqua sainte Anne et décida de se faire moine et entra chez les Saint Augustin au monastère d'Erfurt, ordonné pretre en 1507, puis chargé de cours à l'université de Wittenberg, il fut, en 1512 docteur en théologie et prieur de sa communauté. Ce fut un bon moine respectant les règles de son ordre en y ajoutant des mortifications supplémentaires.
Commence alors chez Luther une véritable obsession, celle de son salut, celle de son ame. Selon toute vraisemblance, vers 1512-1513, Luther aurait trouvé la solution à ses angoisses dans "L'Epitre aux Romains, versert 27 du chapitre III" de St Paul : "Que l'Homme est justifié par la foi sans les oeuvres de la loi."
Jusqu'àlors Luther était persuadé que l'Homme est un pécheur indigne, incapable de se sauver et que seule la miséricorde divine peut le sauver.
C'est la théorie de "la Justification" qui s'oppose donc aux principes de l'Eglise qui préchait à l'Homme de faire de bonnes oeuvres pour se sauver et surtout quand ces bonnes oeuvres étaient faites à l'Eglise en échange d'indulgences.
Par exemple et c'est très frappant pour montrer l'état spirituel de l'époque : Frédéric le Sage, pour assurer le salut de son ame, avait rassemblé quelque 17000 reliques dans son chateau ce qui lui valut 128000 années d'indulgences!
Le peuple lui-meme plaçait son salut dans ces indulgences, c'est contre cela que Luther va rompre avec Rome et il saisit cette occasion lorsque l'élection à l'archevéché de Mayence fut remportée par Albert de Hohenzollern déjà à la tete de deux archevéchés dont il avait dispensé son clergé de payer les frais dus à l'adminstration pontificale.
Evidement, il fallut bien payer Rome et c'est le Banquier Frugger (le meme qui soutint Charles à la Couronne impériale plus tard) qui avança l'argent au nouvel archevèque de Mayence qui eut l'accord de Rome de précher une indulgence qui rapporterait pour moitié 12000 ducats qui serviraient à la construction de la nouvelle basilique de St Pierre de Rome, l'autre moitié servirait au remboursement du banquier Frugger.
Dans toute l'Allemagne on precha des indulgences, Luther fut indigné, il considérait les indulgences comme une véritable escroquerie morale à l'égard des donateurs.

En 1517 Luther afficha à Wittenberg ses 95 thèses dénonçant ces indulgences qui pronent les mérites alors qu'à ses yeux, ces indulgences ne pronent que celui de gagner de l'argent.
Luther rappelait que "à tout chrétien vraiment repentant, la rémission plenière de laénitence et meme du péché est due sans lettre d'indulgence."
Enfin Luther déclara que les seules richesses de l'Eglise sont les Saintes Ecritures".
En quelques semaines ses 95 thèses furent connues dans toute l'Allemagne et provoqua tant l'enthousiasme que la colère.

L'archevèque de Mayence à qui Luther avait envoyé, avant de les rendre publiques, ses 95 thèses prévint Rome qui lui adressa une convocation immédiate qu'il refusa, le pape Léon X dut envoyer son légat pour débattre avec Luther sur ses thèses.
La rencontre fut un échec en 1518 (nous sommes à un an de l'avènement de Charles V) et Luther lança un appel à un futur concile.
Cela fit grand bruit dans toute l'Allemagne au point tel que Frédéric le Sage - électeur de Saxe - refusa de livrer Luther à Rome tant qu'une université allemande ne l'aurait pas jugé hérétique! (vous lisez bien, une université)
Tout s'envenima l'année suivante, donc en 1519, Luther et ses disciples affrontèrent les théologiens de la doctrine romaine enmenés par Jean Eck.
Luther n'hésita pas à qualifier le Pape d'Antéchrist, de dénoncer la tyrannie de Rome dans "L'Appel à la noblesse chrétienne de la nation allemande", il invitait les chrétiens à travailler pour la réforme de l'Eglise.

La réaction du Pape ne se fit pas attendre et dans une bulle de 1520, il condamna 41 des 95 thèses de Luther sans citer nominativement l'auteur, toutefois l'auteur avait soixante jours pour se rétracter sinon il serait excommunié.
Luther fit appel en vain et devant les étudiants de l'université de Wittenberg, il brula publiquement le texte de la bulle pontificale ainsi que divers livres de théologie !
Le 3 janvier 1521 la bulle "Decet romanum pontificem" jetta l'anathème sur Luther et ceux qui le suivaient.

C) Réactions politiques et sociales.

Le nouvel Empereur qui eut une élection assez difficile et occupé par ses affaires d'Italie et d'Espagne, laissa dans un premier temps, les théologiens se queréller.
Mais vu que la querelle se déplaçait sur le terrain politique, l'électeur de Saxe protégeant Luther malgré son excommunication et le Pape exerçant des pressions sur Charles Quint, l'Empereur se résolut à intervenir.
En 1521 il réunit la diète de Worms et invita Luther muni d'un sauf-conduit à s'y présenter. Il défendit ses thèses avec véhémence et conclut : "A moins d'etre convaincu par des preuves tirées des Ecritures ou des raisons évidentes - car je ne crois ni au Pape, ni aux conciles seuls, lesquels, cela est certain, se sont souvent trompés et contredits - je suis lié par les textes de l'Ecriture que j'ai présentés et ma conscience est captive des paroles de Dieu. Je ne puis ni ne veux rien rétracter car il n'est ni sur ni convenable d'aller contre sa conscience. Que Dieu me soit en aide! Amen!"
Les arguments de Luther n'impressionnèrent pas la diète qui le mit au ban de l'Empire.
Pour sauver Luther, l'électeur de Saxe le fit enlever et demeura un an en son chateau où il rédigea dans un allemand proche du peuple une Bible comprise par tous.

Tout aurait pu en rester là, malheureusement durant la diète de Worms Charles Quint annonça qu'il devait partir pour l'Italie et l'Espagne où, en plus des convoitises et des troubles que suscite l'absence du souverain au Trone des Espagne, la Réforme commençait à prendre forme. De plus la guerre avec la France pointait déjà à l'horizon (déjà en Hollande - début de la "guerre des Quatre Ans" (1521-1525) - (je ne m'étends pas là-dessus)), guerre non voulue ni par l'Empereur, ni par François Ier au départ. François Ier fut défait au sud à la bataille de la Bicoque et les Français furent chasser de la Lombardie.
Charles Quint confia la gestion des affaires allemandes à son frère Ferdinand assisté d'un conseil de régence. L'Empire était menacé au sud par les Turcs.
Mais un an après, par le traité de Bruxelles, Charles Quint dut céder à son frère l'ensemble des possessions autrichiennes des Habsbourg.
Ferdinand hésita sur l'attitude à prendre face à Luther ce qui encouragea les réformistes, beaucoup d'hummanistes se sentaient proches de Luther, l'un d'entre eux : Philippe Melanchton, mit en forme l'essentiel de la doctrine de son maitre dans ses "Loci communes".
Le monde des arts également à l'image du célèbre peintre Durer...
La petite noblesse emboitait le pas mais le plus important fut le ralliement de petites villes entières à l'image de ce que fit Constance, elles refusèrent d'appliquer l'Edit de Worms!
Mais ce n'est pas tout, entre 1522 et 1525, des grandes villes se rallièrent à la Réforme telles : Nuremberg, Erfurt, Magdebourg, Breme, Hambourg...
Le ralliement le plus spectaculaire fut celui de Albert de Brandebourg, le Grand Maitre de l'Ordre teutonnique qui sécularisa les biens du temporel et se reconnut vassal du Roi de Pologne!
Les ecclésiastiques qui rallièrent la Réforme firent de meme, ils sécularisèrent les biens temporels dont ils avaient la charge.

La rapidité, pour ne pas dire l'engouement de nombre de puissants à rallier Luther ouvrit la porte à de graves agitations sociales en Allemagne.

A la vérité la contestation ne nait-elle pas toujours lors de troubles économiques graves (ce qui est bien souvent vrai)? La Renaissance finalement n'a t-elle pas aussi comme raison d'etre une prise de conscience collective très large de l'impuissance ou du conservatisme du ou des pouvoirs politiques face à des crises graves qui, lorsque le pouvoir spirituel ne réagit pas ne fait qu'aggraver les choses? La Réforme mais en lumière deux points importants : l'interpénétration entre le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel qui ne peuvent se maintenir sans cette alliance objective qui conduit à l'immobilisme et les pratiques simoniaques qui en découlent et qui pénalisent les plus faibles, c'est à dire les plus nombreux? La Réforme serait donc religieuse mais aussi politique et sociale, finalement elle serait réactionnaire car elle s'appuie essentiellement sur une lecture rigoureuse de la Bible mais extremement reformatrice dans la mesure où elle rompt avec des pratiques politiques et religieuses séculaires à bout de souffle?

La Réforme eut un effet de catalyseur des maux du XVème qui continuèrent au XVIème, en effet les insatisfactions des Allemands étaient mal contenues, notamment dans les campagnes.
Depuis la fin du XVème siècle, la condition des paysans s'était aggravée sensiblement, le poids des redevances du aux seigneurs et à l'Eglise s'était accru.
Au malaise des paysans s'ajoutait le mécontentement de la petite noblesse immédiate, une classe aux effectifs pléthoriques et aux revenus précaires, victime de l'économie monétaire et en cours de marginalisation face à l'opulence de l'Eglise, de la grande bourgeoisie et des princes.
Les premiers soutiens furent ceux des chevaliers immédiats qui étaient nombreux en Allemagne du sud, virent en la Réforme un moyen de s'emparer des biens de l'Eglise.
Dans cette région de l'Empire, l'Eglise détenait un tier des terres, des chevaliers tentèrent sans succès de s'emparer de ces biens, les princes intervinrent sans que l'Empereur s'impliquat, Luther était opposé à ce pillage en règle.
La paysannerie n'était pas en reste, nombreuses furent les jacqueries, elles furent toutes écrasées sauf une qui resta dans les mémoires : "la guerre des paysans" fut un tournant dans l'histoire allemande au vu de son ampleur géographique, au nombre de ses participants, au ralliement d'un nombre important de petits nobles et surtout au temps qu'elle dura, plus d'un an. Mais là encore Luther la soutint pas.
Il faut bien admettre que ni les chevaliers, ni les petits paysans n'avaient compris le message de Luther, ceci dit ces révoltes montraient bien l'état de l'Empire germanique, "la guerre des paysans" fut l'occasion pour les paysans d'établir une liste de revendications en douze points adoptée en février 1525 à Memmingen : le droit de choisir son pasteur pour chaque paroisse, l'abolition du servage, le droit de chasse et de peche pour tous, la diminution des taxes et amendes excessives, la propriété communautaire des forets et en douzième point les paysans se déclarèrent prets à renoncer en totalité ou en partie à leurs exigences si on leur prouvait qu'elles étaient incompatibles avec la pmarole de Dieu!

Ailleurs dans l'Empire c'étaient les artisans qui se révoltèrent contre l'Eglise et les puissants.
Fait notable, en Alsace, la révolte paysanne ne commença qu'en 1525 sous la conduite d'un serf de l'évèque de Strasbourg un certain Erasme Gerber qui gagna toute la province en une seule semaine alors qu'elle était déjà acquise aux idées luthériennes.
L'anarchie régnait dans une grande partie de l'Empire, l'autorité déléguée impériale semblait tétanisée pendant près d'un an, les fameux douze points des paysans souabes furent soumis au jugement de Luther qui en valida certains mais il expliqua que "ni l'injustice, ni la tyrannie, ne justifient la révolte"
Luther était très inquièt, il était meme furieux, les révoltes entrainaient saccages, pillages et incendies de chateaux et de lieux sacrés...
Luther qui se justifia soutint les représailles des princes, "il n'y a rien de pire qu'un révolté"
Les luthériens modérés et les catholiques s'unirent aux princes pour rétablir l'ordre.
Conscient des dangers des mouvements de masse Luther se persuada qu'il fallait que les princes organisassent les églises réformées.


-L'enracinement de la Réforme.

Suite plus tard, merci pour votre patience... :wink:
Dernière édition par A.Lionel le Samedi 15 Septembre 2007 12:50:42, édité 9 fois.
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Message par Paul Ryckier » Vendredi 07 Septembre 2007 22:59:13

Cher Duc,

vaste sujet, mais tres intéressante. Et en commencant avec notre Charlequint de Gand je suis encore plus intéressé. La Réforme c'est une de mes champs d'intérêt, car elle était une des causes de la formation de la Republique des Sept Provinces et de les Pays-Bas du Sud, presque la future Belgique. Mais j'admets que c'est plutôt le Calvinisme, qui a engendré ça. Le Lutheranisme est plus la cause de la guerre de Trente Ans? Est-ce que le Calvinisme avec les huit? guerres de religion en France est aussi inclus dans votre "Réforme"? Ou est-ce qu'on fait un nouveau sujet de ça?

Oui les Fuggers d'Augsburg qui avaient des concessions de mines d'argent, de plomb, de cuivre et la production de mercure en Autriche, Hongrie et Espagne. Et les Fuggers, qui avec des emprunts pour l'election de Charles V au détriment de François I, qui n'avait pas l'appui de ces banquiers riches (ou ne voulait pas se compromettre?), avaient encore plus des concessions des mines données par Charles V après. (octrois?)

Le "Diktat des princes" est nouveau pour moi. Merci, pour le mentioner.

Duc, sujet intéressant, sur lequel on peut discuter des semaines sur ce forum. Je vous remercie pour l'introduction.

Cordialement,

Paul.
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Message par A.Lionel » Samedi 08 Septembre 2007 12:58:04

Bonjour Paul, il parait meme que les 800000 Florins d'époque représentaient...deux tonnes d'or!
Bien à vous.
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Message par A.Lionel » Samedi 15 Septembre 2007 01:32:58

Bonsoir Paul "Est-ce que le Calvinisme avec les huit? guerres de religion en France est aussi inclus dans votre "Réforme"? Ou est-ce qu'on fait un nouveau sujet de ça?"

A mon avis mieux vaut ouvrir un autre sujet meme si le calvinisme et le luthéranisme sont proches historiquement (1535 je crois pour le calvinisme?), ils ne seront liés, fusionnés(?) qu'au XIXème siècle.
Si vous etes candidat ça serait génial, du coup nous aurions une vision très large de la Réforme! :wink:

Vu l'ampleur de la tache sur Luther et le luthéranisme qui conditionne la Réforme, je croyais que je pouvais résumer rapidement (entre lire et rédiger il y a un monde. Je n'aurais pas voulu etre moine copiste! :P ), en fait, plongé dedans, je n'y arrive pas assez et ça m'a pris près de trois heures pour résumer et poster la suite sur ce forum!

Je tiens à m'en excuser car cela bloque le débat...

Bien à vous
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Message par Paul Ryckier » Samedi 15 Septembre 2007 22:47:58

Cher Duc,

je vous remercie pour votre réponse. Oui, le Calvinisme était tout autre que le Luthéranisme. Il venait via France dans le parti sud des Pays-Bas et c'était surprenant que c'était le Nord qui devenait prépondéramment Calviniste au lieu du Sud. Peut-être par le jeu des batailles?

Et parce-que le sort du pouvoir séculier était si étroitement lié avec celui de l'ecclésiastique, c'était tres important quel coté le souverain choissisait. C'était aussi du même importance dans le cas du Luthéranisme, et selon moi une des raisons pour la Guerre de Trente Ans: Cuius regio eius religio (de qui la région, de celui la réligion (traduction? la grammaire française est difficile :? )).

Aussi: pour prendre le Calvinisme: Henri IV: "Paris vaut bien une messe". Certains disent que son petit-fils Charles II de l'Angleterre a hérité ses qualités de s'arranger? Mais quoi alors avec ses autres petits-fils James II de l'Angleterre et Louis XIV :) ?

Cher Duc, je suis complètement d'accord avec vous de commencer un nouveau sujet, parce que, comme vous dites, la naissance et l'évolution du Calvinisme étaient sûrement autre que ceux (hmm, la grammaire est difficile, avec plusieurs noms de genre différents, la correspondance est du masculin pluriel :? ) du Luthéranisme.

"Et ça m'a pris près de trois heures pour résumer et poster la suite sur ce forum!"

Cher Duc, je suis un peu comme vous, mais selon moi ça vaut la peine, parce que en rédigant un tel texte, vous apprenez beaucoup plus que de le copier d'une quelconque source, soit d'un livre, d'audiovisuel ou de l'internet.

Avec beaucoup d'estime et cordialement,

Paul.
Paul Ryckier
 
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Message par A.Lionel » Lundi 17 Septembre 2007 11:09:21

Bonjour, cher paul je ne répondrai qu'à cette question car mon temps est compté.
:cry:

"Et parce-que le sort du pouvoir séculier était si étroitement lié avec celui de l'ecclésiastique, c'était tres important quel coté le souverain choissisait. "

S'agissant du Saint Empire, l'alliance entre Rome et L'Empereur était indubitable, sans l'Eglise Otton n'aurait jamais fondé le Ier Reich.
Ceci dit le sacre proprement dit n'était que la seconde étape qui faisait l'empereur, en fait la diète élisait le nouveau "roi des romains", il y eut beaucoup de conflits mais une fois ceux-ci surmontés le "roi des romains" devait se rendre en Italie.
Quand le Pape était en accord avec le nouveau roi, il n'y avait pas de problème mais l'histoire du Saint Empire a vu le Pape ou tout du moins la partie adverse défendant le Pape assiégée par le roi des romains.
L'Empire n'était qu'une juxtaposition de pincipautés (avant les Habsbourg) qui élisaient un Roi. A partir de Charles Quint tout changea, finalement l'Edit de Worms perdura (je vais y revenir dans le sujet initial) et chose essentielle, c'était l'Empereur qui sauva la Chrétienté, il mit fin au schisme!
Du coup, c'était le pouvoir temporel qui résolva la grave crise spirituelle, au moins s'agissant du titulaire de la charge papale.
Il est légitime de se poser la question : les papes, notamment, le pape romain que l'on força à se démettre afin que Rome choisit Alexandre comme pape, était-ce légitime?
Un pape une fois élu est normalement non destituable?
Des spécialiste du droit canon ici? :idea:

Mais l'intervention impériale fut bien plus avantageuse que le précédent carolingien, à partir du XVIème siècle l'Empereur prit le dessus sur le Pape.
Le Pape n'avait plus le choix, la France avait une Eglise catholique et romaine mais affirmait son gallicanisme qui laissait les mians libres au Roi, de plus le sacre était devenu une formalité pour faire du dauphin un roi.
En Angleterre, le divorce avait déjà été consommé.

Rome ne put que se résigner à voir son pouvoir temporel s'amoindrir dans le Saint-Empire tout comme en France au passage.

Egalement, il est sur que le roi se devait d'etre de la religion du plus grand nombre, pourtant Luther, finalement, ne remet pas en cause la religion mais deux aspects qu'il juge intolérables dans l'Eglise : son manque de compassion à l'égard des faibles et les indulgences.
C'est l'entetement de Rome qui a poussé Luther à la révolte, suite aux précédents hussistes, Rome fut vraiment mal inspirée surtout quand l'unité de la chrétienté était en jeu!

Enfin et c'est déjà le germe de la rupture, le luthéranisme mit fin à l'universalité du Saint Empire, celui-ci devra devenir allemand ou ne pas etre.
Bien à vous.

PS : j'ai l'impression que ce sujet va partir dans tous les sens. :wink:
Je voulais parler des réformés français, la Saint Barthélémy, Henri IV...Je crois qu'il va falloir ouvrir un autre sujet?
Si je reviens sur votre question, Henri IV sut bien etre le Roi de France catholique (bien qu'il fut protestant au fond de lui) et appaisant le Royaume en accordant les memes droits à ses ex corréligionnaires.
:wink:
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Message par Paul Ryckier » Samedi 22 Septembre 2007 00:36:07

Cher Duc,

merci pour votre réponse. Excusez pour le délai, je responderai en profondeur, mais maintenant plus d'une heure et demie dans le matin...J'ai d'ailleurs des réponses au sujet de la Renaissance aussi...

Avec estime et cordialement,

Paul.
Paul Ryckier
 
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