Du Guesclin...

Du Guesclin...

Message par BRH » Samedi 07 Août 2010 21:43:52

Par C. DOUVILLE :

Bonsoir,

Du Guesclin est le prototype pratiquement parfait du guerrier du Moyen-Age. Étant non-seulement un homme d'arme efficace et redouté pendant le combat corps à corps, il fut en outre et surtout un très bon capitaine. Il a du ses victoires à une parfaite maîtrise de l'art de la guerre au 14eme siècle. Lors de ses campagnes, le chef Breton a su se révéler Rusé, tacticien habile, bon stratège et même technicien en maniement d'armes et en protections corporelles.

Une légende vivace et inculte a longtemps pesé sur lui, celle qui prétendait que Du Guesclin avait reprit la majeur partie des possessions que les Anglais possédaient en France sans livrer de batailles rangées, seuls une guérilla et quelques sièges auraient suffi pour chasser les Anglais. Tout cela est archi faux! Du Guesclin a livré de nombreuses batailles, toutes ses qualités guerrières décrites dans le premier paragraphe lui permirent de remporter notamment trois grandes batailles : Cocherel en 1364, Pontvallain en 1370 et, enfin, Chizé en 1373. Il faut tout savoir que lors des ses trois batailles c'est la chevalerie Française qui combat avec Du Guesclin, mais cette même chevalerie va combattre avec des méthodes modernes et intelligentes, celles du connétable Breton.

Le système de combat le plus couramment utilisé par Du Guesclin me semble être le suivant : Lors de certains revers, les chevaliers Français combattaient à cheval. Lorsque les flèches des archers Anglais tuaient les chevaux, il était souvent arrivé que des chevaliers Français se blessent assez gravement dans leurs chute de cheval pour qu’ils ne puissent plus se relever, il arrivait aussi que des chevaliers se retrouvent coincés sous leurs chevaux morts. C’est pourquoi avec Du Guesclin, la chevalerie Française combattra principalement à pied, sauf pour les masses de manoeuvres décrites plus bas. Lors de certains revers, les armures des chevaliers Français avaient démontré quelques failles pour les flèches Anglaises. Dès lors, à partir de Chizé, les chevaliers Français de Du Guesclin auront des protections corporelles supplémentaires, mais légères, et adéquates à se protéger des archers Anglais. A titre d’exemple, à la bataille de Chizé, le tir des archers Anglais sera inefficace, toutes les flèches rebondissant sur les nouveaux casques et les boucliers des Français. Pour les combats au corps à corps, les chevaliers Français de Du Guesclin seront équipés plus légèrement qu’auparavant, permettant ainsi des mouvements plus rapides et sûrement un équilibre amélioré. Lors des premiers revers Français de la guerre de cent ans, la chevalerie combattait frontalement et sans tactiques. Du Guesclin va utiliser des chevaliers combattants à cheval mais les utilisera non pas pour réaliser des attaques frontales mais pour aborder l’ennemi de flanc ou par les arrières, par l’effet de surprise, cette cavalerie de Du Guesclin sera sa masse de manoeuvre. Afin d’éviter que les chevaux de la masse de manoeuvre ne soient blessés par les archers Anglais, les chevaliers à cheval seront souvent établis en réserve derrière les chevaliers combattants à pied.

_ Bataille de Cocherel 1364 : L’armée de Du Guesclin se composait de toute la meilleure chevalerie Française du royaume, on trouvait un contingent de chevaliers Bourguignons à l’aile gauche, un de chevaliers Bretons à l’aile droite, un de chevaliers Picards, Français et Normands au centre, le tout combattait à pied. Pour finir, une masse de manoeuvre représentée par des chevaliers Bretons combattant à cheval et se trouvant habilement camouflée dans le bois de Cocherel, à l‘abris du regard des archers Anglais. L'armée ennemie se composait de deux contingents de nationalité différentes, l'un composé d'Anglais et commandé par Jean Joël, l'autre composé de Navarrais et commandé par le captal de Bush. A l’origine, les Anglais et les Navarrais s’étaient positionnés dans des retranchements difficiles d’accès pour les troupes Françaises, ces mêmes retranchements étaient en outre garni de plusieurs centaines d‘archers Anglais. N’étant pas suicidaire au point d’attaquer des retranchements frontalement et voulant éviter le tir meurtrier des archers Anglais, Du Guesclin se refusa bien entendu à toute idée d‘offensive. Son plan sera plus judicieux. Il fera tout d’abord une fausse retraite. Pensant voir les Français fuir, il est probable que les ennemis sortiront de leurs retranchements pour poursuivre les Français. Si les ennemis tombent dans le piège de Du Guesclin, le connétable Breton fera alors immédiatement faire volte face à ses troupes et les fera attaquer les ennemis au corps à corps. Ainsi, par l’intermédiaire de cette simulation de fuite, Du Guesclin fera d’une pierre deux coups : en premier, devant la mêlée au corps à corps, les archers Anglais se refuseront à tirer, de peur de blesser leurs propres chevaliers, en second, en faisant sortir les ennemis de leurs retranchements, les ennemis s’annuleront tout seul un sérieux avantage tactique. N’étant pas sur de remporter le corps à corps, Du Guesclin fera intervenir sa masse de manoeuvre sur le flanc ou les arrières des ennemis, se créant alors plus de chances pour remporter la victoire. Le plan de Bertrand va marcher. Voyant les Français semblant s’enfuir sans livrer bataille, les chevaliers Anglais de Jean Joël, combattant aussi à pied, vont commettre l’erreur de sortir de leurs retranchements. Plus méfiant que le chef Anglais, le captal de Bush interdira à ses Navarrais de sortir des retranchements. Voyant les chevaliers Anglais arriver dans la plaine, Du Guesclin fait alors faire volte face à ses chevaliers Français et leur fait charger les Anglais. Le combat corps à corps commence entre des chevaliers à pied des deux camps, l’on se bat avec énergie, à coups d’épées et de haches. Le combat, au départ, est assez indécis, l’on se bat bien de chaque côtés et les pertes s’équilibrent. Comme l’avait prévu Bertrand, les archers Anglais ne savent pas sur qui tirer dans cette mêlée et sont donc devenus parfaitement inutiles. Se doutant que le corps à corps allait être indécis, Du Guesclin se décida à écraser le contingent Anglais en l’attaquant de flanc avec sa masse de manoeuvre. Cependant, le hasard voulu que les chevaliers Français à pied n’aient pas besoin de ce renfort. En effet, désirant donner du courage à ses chevaliers qui combattaient à pied, Du Guesclin leur envoya deux cavaliers leur dire de se rassurer puisque les chevaliers Bretons de la masse de manoeuvre allaient bientôt débarquer pour les appuyer. Ayant entendu cette nouvelle, les Anglais se découragent et perdent confiance. Dans le camp des Français, c’est le contraire, à l’annonce de cette nouvelle, une nouvelle ardeur est retrouvée. Dès lors, une ultime charge permet aux chevaliers Français de défaire entièrement et définitivement les chevaliers Anglais démoralisés. Jean Joël, le chef Anglais, reçoit plusieurs blessures qui l’entraîneront quelques heures plus tard dans la mort. A la surprise générale, l’annonce même de l’arrivée de la masse de manoeuvre aura suffi à défaire les Anglais. Ca ne veut pas dire pour autant que cette masse n’aura pas de rôle à jouer. Les Anglais défaits, il reste à vaincre les Navarrais du captal de Buch. Les Navarrais étant restés dans les retranchements, Du Guesclin va utiliser sa masse de manoeuvre et attaquer ces derniers ennemis par les arrières et par le flanc. S’élançant rapidement à cheval, les deux cent chevaliers Bretons tournent les Navarrais, les surprennent totalement et les défont entièrement en peu de temps. Le captal de Buch se rend à Du Guesclin. La victoire de la chevalerie Française est totale. Le royaume de France, sérieusement menacé avant la bataille, est promptement dégagé.

_ Bataille de Pontvallain 1370 : Désirant reprendre la guerre en France, Robert Knolles, chef Anglais, mobilise une armée Anglaise en vidant principalement les prisons Anglaises et débarque en France au cours de l’année 1370. Après avoir débarqué un peu partout en France, il finit par installer ses troupes dans l’Ouest de la France. Connaissant la localisation de l’armée Anglaise de Knolles, Bertrand Du Guesclin va nous sortir une petite panoplie de la guerre éclair, sa stratégie et sa tactique seront toute deux basées sur l‘effet de surprise. Après avoir réunit toute la fine fleur de la chevalerie Française, le connétable lui fait parcourir 300 kms en deux jours et la fait reposer une fois qu’il est tout proche des Anglais. Ne se doutant pas de l’arrivée si rapide des Français et n’étant pas du tout sur leur gardes, les 2000 soldats Anglais de Thomas de Granson sont éparpillés dans la plaine de Pontvallain et sont donc dans une situation très délicate. Ayant remarqué la situation très maladroite des Anglais, Du Guesclin se décide à leur livrer immédiatement bataille en passant d’une stratégie de surprise à une tactique de surprise. Il les fera attaquer par surprise par une chevalerie Française qui combattra encore à pied. Attaqués alors qu’ils ne s’y attendent pas et mal organisés, les Anglais n’auront aucune chance de résister à l’assaut. Afin de se préserver de toutes mauvaises surprises au cour de la bataille, Du Guesclin va former, sous les ordres d’Olivier de Clisson, une nouvelle masse de manoeuvre comprenant 1400 chevaliers Français combattant à cheval. Cette masse sera établie à l’arrière, de nouveau dans les bois voisons, cela afin de préserver les chevaux d’éventuels tirs d’archerie Anglaise. A l’aube, formant de parfaits rangs, les chevaliers Bretons, Normands, Manceaux et Poitevins avancent alors en silence et, arrivés dans la plaine, chargent tout d’un coup les Anglais. La surprise est totale, trop dispersés pour se défendre efficacement, les 2000 soldats Anglais sont soit passés au fil de l’épée par les chevaliers Français ou s’enfuient en désordre. Tenace, Granson, le chef Anglais, réussit à rallier de justesse un corps de mille Anglais pour faire face. Se battant avec énergie, Du Guesclin se met à la tête de sa chevalerie et vient charger ces nouvelles troupes Anglaises. L’assaut est si impétueux que les chevaliers Français enfoncent encore les Anglais et en couchent cinq cents nouveaux dans les prés. Dans la mêlée, Du Guesclin se fait remarquer par son habilité à magner les armes et fait pas mal de victimes dans les rangs Anglais. De nouveaux en déroute, les Anglais sont ralliés encore d’extrême justesse par Granson. De puissants renforts arrivent au chef Anglais, deux contingents, l’un commandé par David Hollegrave, fort de 500 soldats, et l’autre par Geoffroy Ourfelay, fort de 800 combattants à cheval. Tandis que le contingent de Hollegrave vient immédiatement renforcer les troupes Anglaises qui combattent celles de Du Guesclin, Granson ordonne à Ourfelay de se porter sur les arrières de Du Guesclin et de l’attaquer quand bon lui semblera. La mêlée recommence dans la plaine. Cette fois, bien renforcés, les Anglais résistent un peu mieux, le combat entre le corps de Du Guesclin et les troupes de Granson et d’Hollegrave en devient indécis. Après avoir réalisé le mouvement adéquate pour tourner Du Guesclin, Ourfelay pense que le moment est venu pour attaquer les arrières du connétable Breton. Mais, heureusement pour lui, Du Guesclin avait disposé en réserve le puissant corps d’Olivier de Clisson “le boucher des Anglais“. Toujours positionné dans les bois, s’apercevant depuis le départ des mouvements effectués par les chevaliers Anglais d’Ourfelay et comprennent évidemment tout le danger qui guète le corps de Du Guesclin, Olivier de Clisson prend immédiatement la tête de ses 1400 chevaliers Français, fond par surprise sur les 800 chevaliers Anglais et les met logiquement en déroute. Poursuivant sans relâches les chevaliers Anglais, les chevaliers Français de Clisson en tuent en grand nombre. Pendant ce temps, le combat était toujours indécis entre les chevaliers Français de Du Guesclin et les Anglais de Granson et d’Hollegrave. S’apercevant qu’il pouvait jouer un rôle décisif, Clisson décide alors de se servir de ses 1400 chevaliers Français pour aborder les Anglais de Granson et d’Hollegrave par le flanc et de les écraser pour de bon. La charge de Clisson est décisive. Abordés encore par surprise et de flanc, les dernières troupes Anglaises sont écrasés sur place par la masse des chevaliers Français et Du Guesclin réussit à faire prisonnier Granson, le chef Anglais. Dans la mêlée, Clisson tua de ses propres mains de nombreux Anglais, ce qui lui confirma son surnom de “boucher des Anglais”. Quelques troupes de chevaliers Anglais débarquent alors dans la plaine pour secourir ce qui peut être encore secourus, ils ne tardent pas à être à leurs tours défaits par les chevaliers Français d’Olivier de Clisson. Encore une fois, la victoire de la chevalerie Française est bien totale, il ne reste plus grand chose de l’armée Anglaise dont les dernières petites bandes fuient à perte de vue à travers les campagnes dangereuses.

_ Bataille de Chizé 1373 : Commandant un corps de 1200 chevaliers Bretons, Bertrand Du Guesclin vint assiéger Chizé qui se trouvait aux mains d’une armée Anglaise forte de 2000 soldats. Les Anglais étant en supériorité numérique, la partie ne risquait pas d’être aisée pour les Français. Le siège commença par une sortie d’une partie d’une troupe Anglaise commandée par Robert Milton. Recevant vigoureusement les Anglais de Milton, les Français de Beaumont les repoussèrent en leur infligeant de lourdes pertes. Milton est même fait prisonnier des Français. Suite à ce revers, toute l’armée Anglaise décide de sortir de Chizé pour venir livrer une bataille générale à l’armée Française. Voyant les Anglais se déployer, Du Guesclin divise son armée en trois corps, deux ailes et un centre dont il prend lui-même le commandement. Comme pour les batailles précédentes, la majeur partie des chevaliers Français de Du Guesclin combattront à pied, les Anglais feront de même. Après s’être disposé sur des hauteurs, 400 archers Anglais commencent les hostilités en faisait pleuvoir une nuée de flèches sur les Français. Cependant, Du Guesclin ayant prit le soin d’équiper ses chevaliers Français de nouveaux casques et surtout d’un bouclier efficace, le tir des archers Anglais fut d’une totale inefficacité. Les chevaliers Anglais prirent alors le relais et, confiant dans leur supériorité numérique, vinrent attaquer les Français au corps à corps. Avant l’assaut, les Anglais prirent la curieuse décision d’abandonner leurs lances pour ne se servir que de l’épée. Supérieurs en nombre et possédant des protections corporelles qui les protégent bien des coups que les Français leurs portent au ventre, les Anglais ont d’abord l’avantage et font reculer les Français de plusieurs mètres en arrière. L’instant est critique puisque le connétable Breton est dorénavant à deux doigt de perde la bataille. Étant en pleine mêlée et en infériorité numérique, Du Guesclin ne peut inverser les choses en changeant de tactique. Dès lors, il va plutôt changer de technique de combat. Ayant remarqué que les Français avaient eu le désavantage au corps à corps à cause de leur manie à vouloir toujours frapper au ventre, Du Guesclin leur ordonna de frapper sur les points corporels où les Anglais sont mal protégés, aux articulations des bras, des jambes et, enfin, au cou. Cette nouvelle technique de combat va tout renverser. Écoutant sagement les conseils du connétable Breton, les Français repartent à la charge et abordent de nouveau les Anglais au corps à corps. Frappants à coups de haches, de marteau ou d’épées sur les points faibles définis, les Français réussissent dès lors à reprendre un sérieux avantage dans les corps à corps, abattant les Anglais en faisant sauter têtes, bras, jambes. En peu de temps, ce sont 500 Anglais qui sont soit tués, soit blessés, soit prisonniers. Écœurés par la tournure des évènements, le reste des Anglais s’enfuit et Du Guesclin abat le chef des Anglais d’un coup de dague enfoncé dans la tête, à travers la visière du casque.

Il faut préciser que Du Guesclin fut fait prisonnier aux batailles d’Auray (1364) et de Najera (1367), mais, lors de ces deux revers, il n’était pas le chef des troupes et ses conseils n’avaient pas été écoutés. Une victoire à Montiel (devant le château) en Espagne fut également remportée par Du Guesclin contre une armée de mercenaires Sarazin. C’est en Espagne que Du Guesclin amena les grandes compagnies pour, naturellement, s’en débarrasser.
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

Napoléon
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