Confrontations à propos du Moyen-Âge

Confrontations à propos du Moyen-Âge

Message par BRH » Mercredi 06 Janvier 2016 10:11:00

Le salon beige (blog sur le net) épingle un article du Point :


06 janvier 2016
Quand l’obscurantisme des « Lumières » nous aveugle !

A partir de l'article du sieur Frédéric Lewino sur le Moyen Age, publié dans Le Point pourrait être écrit un « discours de la méthode » de manipulation des médias aujourd'hui. Il s'agit d'un véritable cas d'école.

L'article en question est de la même veine que l'anecdote contée par Régine Pernoud au début de son livre Pour en finir avec le Moyen Age.

Aussi, seule cette source, Régine Pernoud, autrement moins docte, moins érudite et moins célèbre que le journaliste du Point pourrait servir à mettre en lumière l'obscurantisme du frère Fréderic.

Son anecdote la voici :

« Comme cela se passait il y a déjà plusieurs années et que le neveu en question a aujourd'hui atteint l'âge de la majorité selon le Code civil, je croyais que les choses avaient changé depuis. Mais voilà qu'il y a quelques mois (juillet 1975), me promenant avec la petite-fille d'une de mes amies (Amélie, 7 ans), celle-ci me lance joyeusement :

— Tu sais, à l'école, j'apprends le Moyen Age.

— Ah, très bien ! Et comment était-ce, le Moyen Age ? Raconte.

— Alors, il y avait des seigneurs (elle cherche un peu avant de retrouver le mot difficile...) des seigneurs féodaux. Alors ils se faisaient tout le temps la guerre et avec leurs chevaux ils allaient dans les champs des paysans et ils abîmaient tout.

Un cornet de glace a ensuite capté son attention et mis fin à sa description enthousiaste. Cela m'a fait comprendre qu'en 1975 on enseigne l'histoire exactement comme on me l'avait enseignée à moi-même il y a un demi-siècle ou davantage. Ainsi va le progrès.

Et du même coup, cela m'a fait regretter l'éclat de rire — assez peu charitable, reconnaissons-le — que j'avais eu quelques jours auparavant en recevant un coup de téléphone d'une documentaliste de la TV — spécialisée qui plus est dans les émissions historiques !

— Il paraît, disait-elle, que vous avez des diapositives. Est-ce que vous en avez qui représentent le Moyen Age ?

— ? ? ?

— Oui, qui donnent une idée du Moyen Age en général : des tueries, des massacres, des scènes de violence, de famines, d'épidémies...

Je n'avais pu m'empêcher d'éclater de rire, et c'était injuste : visiblement cette documentaliste n'avait pas dépassé le niveau d'Amélie sur le point particulier de l'histoire du Moyen Age. Mais comment l'aurait-elle dépassé ? Où en aurait-elle appris davantage ? »

(En bleu les extraits de l'article)

Les mensonges du Point :

«C'était le règne de Robert le Pieux, le deuxième Capétien, avec ses épidémies, ses famines, ses guerres incessantes. Le paradis...

Oui-da, que la vie était belle en 1016 avec ses famines, ses épidémies, ses guerres. À chaque époque ses peines et ses malheurs. Et quand un noble vieillard prétend que c'était mieux à son époque, c'est qu'il commence à perdre la mémoire. »

La vérité restaurée:

Dans son livre, Pour en finir avec le Moyen Age , page 17, Régine Pernoud (RP) souligne :

« Aussi bien, des érudits en notre siècle ont-ils faits un remploi du terme renaissance. Constatant qu'autour de Charlemagne ont cultivait assidument les auteurs latins et grecs, ils ont parlé de « Renaissance carolingienne », et le terme est communément admis. D'autres plus hardis ont parlé de renaissance du XIIème siècle, voire d'humanisme médiéval.»

[…] « On va ainsi de renaissance en renaissance, ce qui ne manque pas d'être suspect. »

Entre l'an 800 et le XIIème siècle, l'an 1016 est plus ou moins au milieu. Alors elle n'est pas belle la vie en 1016 ? Qui est le noble vieillard ? Qui est l'ignoble ignare ?

Quant aux guerres du Moyen Age, on est loin des millions de morts de 14-18 et des dizaines de millions de 39-45. Mais cette idée n'effleure même pas notre historien du jour.

Les mensonges du Point :

Pas de terrorisme ! Pas de crainte de réchauffement climatique ! Pas de chômage ! Pas de Le Pen !

La vérité restaurée:

- La terreur islamique n'a pas encore fermé l'accès aux lieux saints, il est vrai. Les Turcs ne vont exterminer les chrétiens de Jérusalem qu'en 1078. Mais ces pratiques barbares, de conversion par la force et d'extermination de tous ceux qui ne veulent pas se soumettre, ont commencé dès l'hégire, soit 632 ! La terreur islamique est telle qu'elle seule réussit à assurer l'unité des habitants du pays sous le commandement de Charles Martel en 732 à Poitier.

- De l'an 800 environ à 1215, le monde vit une période de réchauffement prononcé qui correspond vers la fin à la première révolution agricole du Moyen Âge. Cette période sèche et chaude a joué un rôle déterminant dans le recul des forêts et l'augmentation des rendements céréaliers. Cette période est souvent considérée par les climatologues comme un idéal climatique. Le blé poussait au Groenland et la vigne au bord de la Tamise. Cela laisse de la marge et l'homme peut encore produire quelques milliards de mètres cubes de gaz carbonique avant de gagner les degrés qui nous manquent aujourd'hui !

- « Pas de Le Pen » : Le Moyen Age c'est le fascisme ! Ben voyons !

Les mensonges du Point :

Autour de l'an 1016, les Capétiens viennent de s'emparer du royaume. Succédant à Hugues Capet, son père, Robert II le Pieux règne depuis une vingtaine d'années.

La vérité restaurée:

Comme la manipulation est grosse. Comment un journaliste moderne peut-il imaginer que dans ce lointain siècle obscur, ses ancêtres pouvaient être autant, voire plus respectueux de la volonté populaire que lui ; donc être plus démocrate que lui ?

Rappelons qu'Hugues Capet ne s'est pas emparé du Royaume, le Royaume des francs et non la Francie. Comme plusieurs de ses ancêtres Robertiens, Eudes Ier ou Robert Ier, il a été élu ! Eh oui élu ! Et que la fonction royale depuis plusieurs années passe des carolingiens à la famille des Robertiens. Simplement, Hugues n'est plus un «passage» de plus mais le fondement de la troisième dynastie.

Si finalement les Capétiens ont définitivement été choisis aux dépens des Carolingiens, c'est que ces derniers ne remplissaient plus leur fonction royale correctement. Ils étaient par trop « normaux », dirait-on aujourd'hui.

Les mensonges du Point :

Grosso modo, le roi des Francs (et pas encore de France) règne sur la Francie de l'Ouest, qui comprend les duchés de Bretagne, Normandie, Bourgogne, Aquitaine et Gascogne, les comtés de Flandre, Vermandois, Anjou, Blois et Toulouse, ainsi que le marquisat de Gothie.

La vérité restaurée:

Le mot Francie a été créé par convention par des historiens pour rendre le mot latin Francia autrement que par France, dont c'est la traduction ordinaire, dès lors qu'on se situe aux époques mérovingienne ou carolingienne). Les rois de France portent uniquement le titre de roi des Francs, « Rex Francorum » dans leur titulature latine, et ce jusqu'au XIIIe siècle.

Je passe sur la carte, qui à première vue me paraît fausse et ne pas respecter les limites du Royaume des Francs de l'époque.

Les mensonges du Point :

Espérance de vie de 14 ans

Son royaume compte seulement six millions de Français constitués à 90 % de fermiers. Mais pas des agriculteurs avec télévision, tracteur, subventions et pesticides. Le paysan vit à moitié nu dans le froid et l'humidité. Il s'épuise du lever au coucher du soleil sans pouvoir réclamer un seul jour de RTT à son maître. Il mange rarement à sa faim, devant se satisfaire à tous les repas de pain mouillé d'une soupe de légumes. Très rarement de la viande. Bref, de la nourriture bio, ne contenant ni sucre, ni gras, ni additifs, et encore moins de conservateurs cancérigènes. Bref, lors des famines, ils meurent de faim par dizaines de milliers, mais au moins dans un corps « bio ».

La vérité restaurée:

Ecoutons Jacques Dupaquier dans son Histoire de la population française (4 tomes, Tome 1 page 10, Ed PUF):

« Dans le cadre de ses frontières naturelles actuelles, avec 7 millions au début de l'ère chrétienne, l'Hexagone pèse 23% de l'Europe, 2,8% du monde ; avec 20 millions en 1340, respectivement 27 et 4,5%. »

Il les sort d'où ses 6 millions de Français, ce journaliste ? Comment il trouve une espérance de vie de 14 ans ? On ne fait pas un article historique à partir de Wikipedia ! Si les Français meurent de faim comment ont-ils pu passer de 7 millions à 20 millions avec une espérance de vie de 14 ans de moyenne ? Admettons que les femmes eussent été nubiles à 10 ans en moyenne. Avec une telle espérance de vie, le taux de natalité n'aurait jamais atteint les 4 enfants par femmes donc moins de deux filles par femme !

Les mensonges du Point :

Malgré cette nourriture saine, la durée de vie moyenne d'un homme, à l'époque, atteint à peine 14 ans. Une moyenne plombée par les innombrables morts à la naissance, le reste étant le fait des épidémies. Le serf ne s'amuse qu'à l'occasion de rares fêtes religieuses. Un contemporain note : « Les poissons sont comme les paysans, car un poisson est toujours nu, et vit dans l'eau ; il est dépourvu de toute grâce. » Pas besoin de Karine Le Marchand pour les marier, ils s'unissent entre voisins, se reproduisent dans leur cahute au milieu des bêtes et des enfants. « Ces rustres qui se distinguent à peine du bétail... » Soupire un clerc.

La vérité restaurée:

- Comment peut-on écrire de telles stupidités ! Encore un journaliste qui confond la série télévisée La planète des singes avec les livres d'histoire.

Elles viennent d'où ces citations ? Un clerc, un contemporain ? C'est un article du Point ou un devoir du brevet des collèges qui est publié dans ce journal ?

- Ce sont ces « rustres » qui vont faire les progrès techniques suivants, et il suffit de penser à ce qu'ils impliquent en terme de connaissances et mentalités:

L'aiguille de fer, l'alcool par distillation, l'arbalète, l'arc-boutant, l'arme à feu, l'assolement triennal, la boussole portative, le bouton (vêtements), la brouette, le canon, la caravelle, la carte géographique, le cercueil, le champagne, la charrue à avant-train, coutre et soc dissymétrique, la cheminée, les cloches, la cotte de mailles, l'escalier à vis, l'étrier, le fer à cheval, la fonte, le fléau articulé, la fourchette, le haut-fourneau, la herse, l'horloge mécanique, l'imprimerie à caractères mobiles, le collier d'attelage, le savon dur, le bouton dans les vêtements qui remplace la fermeture par des liens, le joug frontal, le linge de corps, les lunettes à lentilles convergentes, le miroir de verre, le verre à vitre, la montre, le moulin à foulons, le moulin à vent, la notation musicale, le parchemin, la pompe aspirante et foulante, le rouet, le sablier, la scie hydraulique, le tour à aiguiser, le vitrail, l'art gothique (nouvel ordre), la voûte d'ogives, etc.

Alors toujours aussi rustres les ancêtres ?

- Etonnante la remarque : « Le serf ne s'amuse qu'à l'occasion de rares fêtes religieuses. », sous la plume d'un des sectateurs anti chrétien qui pullule dans les média…. Car c'est sous-entendre que l'Eglise en ce temps jouait un rôle social positif.

Les mensonges du Point :

Il existe deux sortes de paysans : le serf et le vilain (un homme libre). Le premier est enchaîné, de père en fils, au domaine seigneurial. Son maître peut le juger, le battre, le tuer, le vendre, lui et ses enfants. Il est corvéable à merci. À cette époque, le statut d'homme libre est à peine supérieur. Théoriquement, il pourrait se déplacer, mais il le fait rarement, assommé par les loyers et les corvées qu'il doit au seigneur propriétaire de ses terres.

La vérité restaurée:

Donc, pour le journaliste du Point, le serf est ce qui s'appelle en français un esclave. Le problème est qu'il n'y a jamais eu d'esclaves dans le Royaume de France. Il ferait bien de lire la Chronique historique du Salon Beige.

« L'esclavage a disparu au tout début du Haut Moyen Age. Et brusquement réapparu au début du XVIème siècle ». […] Le fait est qu'il n'y a pas commune mesure entre le servus antique et le servus médiéval. Le serf. Parce que l'un est une chose et l'autre est un homme ».

Rappelons enfin l'édit royal du Roi de France, Louis le Hutin, du 3 juillet 1315, qui affranchit les serfs du domaine royal. Cet édit rappelle que selon le droit naturel, chacun naît franc, donc libre en langage actuel. Officiellement, depuis cette date, le sol de France affranchit l'esclave qui le touche. Louis X le Hutin consacre et amplifie ce vaste mouvement de libération commencé par Suger:

«Toute créature humaine doit généralement être franche par droit naturel. Le Roi condamne avec énergie le joug et la servitude qui est tant haineuse et fait qu'en leur vivant, les hommes sont réputés comme morts et, à la fin de leur douloureuse et chétive vie, ils ne peuvent disposer ni ordonner des biens que Dieu leurs a prêtés en ce siècle. »

Revenons à Regine Pernoud :

« Le servage est un état, lié à un mode de vie essentiellement rural et terrien ; il obéit aux impératifs agricoles et avant à cette nécessaire stabilité qu'implique la culture d'une terre. […] Par ailleurs, le serf a tous les droits de l'homme libre. […] Le seigneur, remarquons-le […] a les mêmes obligations que le serf, car il ne peut ni vendre, ni aliéner sa terre, ni la déserter. »

En fait, le servage est un des multiplies contrats sociaux qui compose la société de l'époque. C'est peut-être trop compliqué à comprendre pour un journaliste du XXIème siècle, nourri de principes marxistes ? Que la condition de serf ne fut pas des plus enviables est une évidence ; mais que «son maître put le juger, le battre, le tuer, le vendre, lui et ses enfants. Qu'il fut corvéable à merci.» est simplement un mensonge historique.

Les mensonges du Point :

Les uns et les autres vivent dans de misérables chaumières en boue et en argile, composées d'une pièce avec le feu au milieu et un trou dans le toit pour que la fumée puisse s'échapper. Autant dire que le rendement thermique ferait dresser les cheveux sur la tête de Ségolène Royal. Coïncidence, nos braves Français de l'an mil étaient, eux aussi, confrontés à un réchauffement climatique, mais à part le charbon, ils n'utilisaient pas d'énergies fossiles.

La vérité restaurée:

« Cliché, le paysan collé à sa glèbe. Le Moyen Age est le théâtre de grandes migrations : pour explorer des terres lointaines, des villages entiers se déplacent. Cliché le paysan misérable. Certes, quand un accident climatique ruine la récolte, la famine menace. Il en sera ainsi bien au-delà du Moyen Age. »

Dans l'Histoire du peuple français, Régine Pernoud consacre de longs chapitres à décrire la vie au Moyen Age, sous un jour plutôt favorable, assez inhabituel dans le tableau très sombre qui en est fait généralement. Elle évoque ainsi la maison et le mobilier, l'alimentation, la cuisine (avec des détails intéressants, par exemple sur la place des épices, l'hygiène, la médecine, les vêtements et la parure, les voyages, les métiers (les femmes ont exercé de nombreux métiers dans les villes, etc. D'autres historiens ont, depuis, creusé le sillon, notamment Difficile, à la lire, de reconnaître la civilisation arriérée et barbare que l'on nous a si souvent présentée.

Les mensonges du Point :

Sur leur lopin de terre, ces paysans cultivaient principalement le blé, l'avoine, l'orge, l'épeautre, le millet et surtout le seigle, dont les tristes rendements feraient pâlir d'effroi les représentants de Monsanto. La vigne est largement répandue, jusqu'à Paris. En général, la terre est laissée en jachère une année sur deux. La forêt couvre largement le territoire, c'est presque l'Amazonie… Les villages et les hameaux sont généralement séparés les uns des autres par des forêts épaisses ou des terres en friche.

La vérité restaurée:

« Vers l'an 1000, la moitié de l'Europe a été défrichée. Des forêts ont été abattues, des marais asséchés – travaux gigantesques devant les quels les Romains eux-mêmes avaient reculé. »

Les mensonges du Point :

Les seigneurs médiévaux n'habitent pas encore des châteaux de pierre, mais des bâtisses en bois, généralement posées sur une butte et entourées d'une palissade. Ce sont les domini (maîtres), au-dessus d'eux, il y a les potentes (les puissants), les magnates (les grands). Leurs occupations principales sont la chasse, la guerre et faire suer le burnous à leurs serfs. Tous les villages ne possèdent pas leur chapelle ou leur église. Lesquelles sont généralement en bois et en terre, mais depuis quelques décennies, on les reconstruit, plus hautes, plus grandes et en pierre.

La vérité restaurée:

Il parle de la Russie, avant Pierre le Grand, ou de la France ? Et que fait-il des écoles et des universités créées par Charlemagne, puis par moult papes et autres rois ? Des abbayes et les églises ?

Il doit confondre avec le nord Mali et des villes comme Tombouctou ou Mopti.

Les mensonges du Point :

En général, le sort des femmes n'est guère enviable. Elles doivent être douces et soumises avec leur mari, s'acquitter de tous les travaux du ménage, aider aux champs, filer la laine. Les congés maternité sont inconnus. Si elles ont la chance de ne pas mourir en couches, elles doivent se remettre au boulot dans les jours qui suivent. Femmes du XXIe siècle, avant de vous plaindre, ayez une affectueuse pensée pour vos lointaines ancêtres. (Ça, c'était une spéciale dédicace pour mes nombreux fans féministes qui apprécient les occasions que je leur donne de me fustiger sur Twitter).

La vérité restaurée:

Et malgré tout cela, la population a augmenté et la France a été jusqu'à la révolution le pays le plus peuplé d'Europe, loin devant la Russie par exemple.

« Dans les actes notariés il est fréquent de voir une femme mariée agir par elle-même, ouvrir par exemple une boutique ou un commerce, et cela sans être obligé de produire une autorisation maritale »

Alors, le journaliste nous parle de nos grands-mères ou de l'état de nos filles, quand la charia sera la loi civile en France ? Il fait quoi de l'amour Courtois de la chevalerie française ? S'il y a bien une époque où les femmes ont été considérées, jusqu'à diriger le pays à de nombreuses reprises, c'est au Moyen Age !

Comment Jeanne d'Arc, une jeune fille de 17 ans, aurait-elle pu mener les armées du roi si les élucubrations du Point étaient justes ?

Les mensonges du Point :

Elle n'est pas encore la capitale des Francs, Robert le Pieux n'y fait que des séjours épisodiques. Il loge alors dans le palais de l'île de la Cité, qu'il a fait, néanmoins, reconstruire. L'essentiel de la population se concentre dans l'île de la Cité, où elle s'était réfugiée après les raids vikings. La ville commence seulement à conquérir la rive droite marécageuse. Les deux bourgs de Saint-Gervais et de Saint-Germain-l'Auxerrois (particulièrement dévasté par les sièges vikings) pansent leurs plaies et s'étendent. Leurs deux églises, situées sur de petites éminences surplombant la zone inondable, sont en cours de reconstruction.

Comme les autres cités, Paris appartient surtout à l'Église et aux abbayes.

L'assèchement du Marais parisien.

La vérité restaurée:

- Le siège de Paris, où les Viking ont détruit Saint-Gervais et de Saint-Germain-l'Auxerrois, date de novembre 885 et début 886. On sait avec l'article que nos ancêtres étaient rustres, mais en plus ils sont lents et fainéants ! 200 ans pour reconstruire deux églises, ce n'est pas une performance ! La république est plus rapide aujourd'hui pour les détruire !

Il faut rappeler que c'est Clovis, le premier de nos Rois, qui choisit Paris comme capitale. Il est vrai que tous les Rois n'ont pas fait ce choix par la suite. Mais il est important de rappeler aussi qu'un des titres des Robertiens, d'où sort notre troisième dynastie capétienne, dont Robert le Pieux est le second rejeton, est justement « Comtes de Paris » ! Mais bon, pour Le Point Paris appartient surtout à l'Église et aux abbayes. Allez comprendre !

- Difficile de parler du Mariage pour tous et des sodomites au Moyen Age; alors on procède par image subliminale avec le marais parisien. Mais pourquoi ne pas parler de l'assèchement du marais poitevin ; ou des régions de Picardie et des Flandres ?

Les mensonges du Point :

Les grands seigneurs y sont encore peu présents. Les émigrés sont rares, hormis les juifs qui occupent quelques rues, et une poignée d'étrangers rassemblés sous le nom de « Grecs », bien qu'ils soient principalement des Italiens.

La vérité restaurée:

Après le féminisme et le lobby LGBT, voici les immigrés ; pardon les émigrés !

Rappel de la définition des deux mots selon le Littré :

Emigré : qui a émigré. Celui ou celle qui a quitté son pays.
Immigré : qui est venu s'établir dans quelque lieu par immigration.

Mais pour une fois, à son corps défendant il dit vrai. Deux chiffres :

A la révolution sur 28 millions d'habitants la France ne compte que 200 000 nobles. Au XIème siècle ils ne devaient pas être nombreux.
De 496 jusqu'au XIXe siècle la quantité de migrants en France n'a pas atteint les 2 millions au total. Désolé pour la source ; celui qui a le temps peut la retrouver dans un des 365 jours de la chronique « C'est arrivé un… ». Après plus de trois heures à feuilleter sans succès dans ma bibliothèque j'ai abandonné.

Mais le démographe Jacques Dupâquier réfutait cette idée déjà au milieu des années 1990:

« C'est un fantasme. De l'an 700 jusqu'en 1800 [la France] n'a reçu que très peu d'apports extérieurs. […] Pour ce qui est de la masse de la population française, ce qui est vraiment incroyable, c'est la permanence du peuplement. »

Ce n'est qu'après les deux guerres mondiales que se produisent des mouvements significatifs.

Voir le Valeurs Actuelles du 16 avril 2014. Journal, ceci dit en passant, qui ne perd pas d'argent, gagne des lecteurs tous les ans et ne touche aucune subvention de l'Etat. Je doute que le Point puisse en dire autant.

Les mensonges du Point :

Pour en finir avec ce « bon vieux temps », rappelons donc qu'il fallait survivre sans chômage, sans Sécurité sociale, sans retraite, sans médecin, sans démocratie et, surtout, sans Internet. C'est ce qu'on appelle la belle vie, n'est-ce pas, papy ?

La vérité restaurée:

Il connait au moins le titre du livre de Régine Pernoud : Pour en finir avec le Moyen Age, à défaut de l'avoir lu !

C'est Laurent Fabius je crois, alors premier ministre, qui pour s'adapter à son auditoire journalistique, restreignait volontairement son vocabulaire employé à 400 mots afin de bien se faire comprendre. Il appliquait en cela les réflexions d'un célèbre linguiste Ferdinand de Saussure. Mais là on entre dans un autre débat !

Conclusion :

Quand on lit la phrase qui suit l'article: « Accédez à l'intégralité des contenus du Point pour 1€ seulement», on sait pourquoi le Salon Beige fait faire des économies à ses lecteurs !

Lois Spalwer
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

Napoléon
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BRH
 
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