par A.Lionel » Samedi 28 Juillet 2007 23:14:51
Bonsoir Bruno, tout ce que vous dites est parfaitement exact, ceci ce ne peut etre la seule explication car meme après le partage de Verdun, la couronne impériale demeura de droit, de fait c'est un débat bien vaste...Meme le malheureux Charles-le-chauve devint empereur avant sa mort.
On peut spéculer mais c'est important car cet atavisme juridique en matière de succession chez les Carolingiens ne peut etre suffisant pour expliquer cet effondrement ; d'ailleurs Charlemagne eut un successeur, Louis-le-pieux qui sut préserver l'unité administrative de l'Empire!
J'évoquais le problème de l'exercise du pouvoir confronté à la société d'alors.
En réalité l'administration carolingienne était brillante, rationnelle, en haut l'Empereur entouré de conseillers issus de l'Eglise, puis ses agents qui le représentait : les comtes non héréditaires, environs 200 selon les sources, certains historiens pensent qu'il y en avait entre 100 et 200, on est sur de rien.
Puis en dessous il y avait les vicaires et enfin les centenniers, c'est à ce dernier niveau et en partie à l'avant dernier que les problèmes de transmission des ordres était épineux, en effet, l'administration de Charlemagne s'appuyait sur des lettrés, l'Eglise bien entendu avait une place de choix, il suffit de voir la pyramide administrative que je viens de montrer ; or, le bas de la hiérarchie administrative, celle qui était donc en contact direct avec les populations ne comprenait pas toujours les ordres venant d'Aix-la-Chapelle! C'était aussi un des roles des missi dominici de vérifier l'application des actes royaux mais nous savons qu'il furent supprimés sous la pression des comtes vers 850 (capitulaire de Meersen? Je ne me souviens plus, désolé)
Mais entre temps nous aurions pu dire que l'Empereur ou au moins les rois, auraient pu réagir!
Avant d'avancer plus loin, ce n'est pas parce que l'Empereur, n'avait presque plus de pouvoir que l'Empire n'existait plus, il suffit d'é&tudier de près les évolutions du Saint Empire romain Germanique pour se rendre compte de cet état de fait : un empire avec beaucoup de principautés indépendantes capables parfois de faire et de défaire les empereurs.
A la vérité l'administration établie par Charlemagne et l'Eglise toute brillante fut elle ne résista pas à une autre pyramique, la pyramide vassalique, on parle de placage artificiel : pyramide administrative/pyramide vassalique. Evidement vu la personnalité de Charlemagne et de Louis-le-Pieux, les liens personnels s'effaçaient devant le pouvoir impérial mais au niveau des villages tout ceci s'étiolait du fait de l'incompétence des centenniers.
J'oserais affirmer qu'à ce niveau les Francs de l'époque avait gardé cette tradition gauloise qu'est de ne pas accepter toujours les ordres venus d'en haut.
La suppression des missi ndominici fut une catastrophe, les missi dominici voyageaient par paires : un ancien comte et un ecclésiastique, ils vérifiaient la mise en oeuvre des ordres par les comtes en charge, aucun moyen de faire pression sur eux ils étaient directement aux ordres de l'Empereur ou du roi, ils controlaient, comme nous l'avons vu, les vicaires et les centenniers.
Les comtes eux-memes pouvant faire partie de la chaine vassalique, avec le temps demandèrent l'hérédité de leur fonction à la mort de Louis-le-Pieux, Charles-le-Chauve s'y opposa dans un premier temps mais ayant besoin de l'appuis de ses vassaux il concéda que les comtes devenaient innamovibles, puis il fit une autre concession : la suppression des missi dominici qui ouvrait la voie à l'hérédité des fonctions comtales en 877 date du capitulaire de Quierzy-sur-Oise, date aussi de la mort de l'Empereur qui se rendait en "Italie" pour y restaurer son autorité.
Ces liens personnels qui obligent deux individus vont perdurer jusqu'à la Révolution et meme illégitimement après dans les campagnes reculées.
Ils seront le fondement de la féodalité : le contrat de fief.
Ce n'était pas une nouveauté au IXème siècle puisque près d'un siècle avant la chute de Rome, en Gaule, on assista à l'émergence de pouvoirs locaux concurançant l'administration romaine ou plutot l'incurie du pouvoir impérial romain.
Le potens était un chef adminstratif local qui s'était emparé des prérogatives de la puissance publique afin de protéger ses administrés face aux carences d'un empire devenu ingérable tant il était incapable de lui-meme de défendre ses frontières. Rome comptait trop sur ses auxilliaires non romains pour défendre l'empire.
Si l'armée n'était plus romaine, les chefs locaux n'avaient plus qu'à s'emparer du pouvoir.
On peut dire que la féodalité trouva ses fondements dans l'Empire romain et cela mina l'Occident durant des siècles.
Ainsi la tradition francque est finalement toute relative, l'empire de Charlemagne échoua face à des traditions séculaires qui favorisaient les intérets privés avant l'intéret général.
Finalement on en revient aux traditions germaniques d'avant les conquètes romaines.
Bien à vous.
DDR.
"Les vraies conquêtes, celles qui ne donnent aucun regret, sont faites sur l'ignorance."