La compétition de l'aristocratie romaine.

La compétition de l'aristocratie romaine.

Message par duc de Raguse » Samedi 27 Janvier 2007 16:41:22

L'élite aristocratique romaine a toujours été animée par l'esprit de compétition et le cursus honorum témoigne d'un chemin politique souhaité et respecté par ces quelques grandes familles de Rome, s'agrandissant et se diversifiant au cours de l'histoire de la cité et du territoire qu'elle contrôlait.
Pourtant, selon certains auteurs, à partir des consulats de Marius, le système se grippe et dégénère dans une lutte acharnée au sein de la nobilitas pour la conquête du pouvoir.
Les consuls romains n'hésitent plus à cumuler les fonctions, à se faire proroger par des combinaisons politiques très douteuses et ils portent atteinte ainsi à ce cursus honorum. Ils n'hésitent pas non plus à marcher sur Rome avec leurs légions, mettant fin à l'inviolabilité militaire légendaire de Rome : Marius, Sylla, Pompée, César en sont les illustres acteurs.
Les conquêtes romaines étant croissantes, cela joua sans doute vers cette confiscation du pouvoir, pour qu'il ne demeure plus qu'un dirigeant du puissant empire, en la personne d'Auguste, premier princeps.
Ainsi, certains expliquent la fin de cette compétition aristocratique dans l'éclosion du régime impérial et la relative domestication de la noblesse romaine par la famille impériale et ses plus proches alliés et collaborateurs - bien qu'il resta de nombreuses fonctions leur étant réservées.
Ce schéma institutionnel et ce processus politique était-il selon vous inéluctable ? Est-ce uniquement l'accroissement des conquêtes romaines qui en fut la cause, ou bien la volonté pour cette élite de faire accroître sa potestas et sa fides ?

Merci d'avance de votre participation ! :wink:

duc de Raguse.
duc de Raguse
 

Message par A.Lionel » Mardi 30 Janvier 2007 18:52:59

Bonjour cher Duc, pour autant ceux qui confisquèrent le pouvoir au Sénat furent issus du patriciat. Le Sénat était exclusivement composé de patriciens (tous anciens magistrats et nommés par les censeurs) tout comme les classes des assemblées romaines : les comices centuriates, l'assemblée centuriate, l'assemblée des tribus... (exception des comices tributes (on pourrait encore discuter là-dessus meme).
L'empereur ne pouvait se passer du Sénat et inversement le Sénat ne pouvait se passer de l'Empereur (plus tard des deux empereurs et des deux césar, comme quoi les pouvoirs d'un empereur seul ne pouvaient pas etre suffisants pour administrer l'Empire, la vitesse d'exécution des ordres impliquait une puissante administration qui ne pouvait etre simplement pyramidale), le Sénat nommait aux emplois administratifs des provinces donc lorsque la république romaine s'étendit pour former un vaste empire (avant Auguste), le patriciat avait déjà un pouvoir de nommination très large (les proconsuls). L'énormité de l'Empire Romain ne pouvait s'appuyer que sur une aristocratie ancestrale dont nul ne pouvait discuter l'autorité. (morale et religieuse de surcroit, sénat veut dire ancien du latin "senex" qui signifie aussi "sage").
Il faut aussi prendre en compte l'avènement du christianisme sous Constantin qui plaide en votre faveur du coup mais c'est aller au delà de votre question. :wink:

Les deux consuls présidaient le Sénat et étaient nommés par lui, donc la boucle était bien bouclée.
Le système s'auto-alimentait et s'auto-entretenait.

En revanche on peut noter un changement important à l'époque impériale c'est la création de préfets par l'empereur agissant ainsi en concurrence avec le patriciat et donc le Sénat, concurrence limitée dans la mesure où l'empereur ne put jamais réduire au silence les sénateurs qu'il dut employer dans son conseil (à peu près 15% du corps des sénateurs), toutefois le développement des administrations limitait les pouvoirs du Sénat puisque les fonctionnaires étaient nommés par l'empereur lui-meme. La garde prétorienne renforçait aussi les pouvoirs de l'empereur.

Ceci ne suffisait pas pour remettre en cause l'aristocratie patricienne et le fameux cursus honorum à mon sens.

Les empereurs ne se succédaient pas à eux-memes, lorsque la confiance entre le patriciat et l'empereur n'existait plus, le patriciat trouvait toujours un moyen de se "débarasser du geneur".

Bien à vous.
A.Lionel
 
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