Bernard Lugan et Jean haudry écrivent dans l’Afrique réelle.
Dans les années 1960, Cheick Anta Diop insiste sur le rôle de la tradition orale en Afrique. Hampaté Bah a dit que quand « un vieux meurt, c’est une bibliothèque qui disparaît ». Anta Diop insiste sur le caractère nègre de la civilisation égyptienne et devient un personnage important en Afrique. Ce n’est pas un homme de terrain mais un compilateur sélectif qui a des intuitions qu’il transforme en système : l’afrocentrisme. Tout serait originaire d’Afrique : les hommes, les inventions via l’Egypte nègre. La négriture des Egyptiens serait la matrice de la civilisation qui rayonne sur le monde classique.
Ces thèses sont très influentes aux USA. Ces postulats sont repris par la nouvelle école négro-américaine qui en fait une histoire officielle au sein des universités américaines. Ainsi, Abou Bakr, empereur du Mali, découvre l’Amérique avec 2000 pirogues au XIVe siècle. En effet, les Mayas ont des traits négroïdes et les Incas pratiquent la momification. Or il est impossible à des pirogues de dériver jusqu’aux Amériques et ensuite d’en revenir sauf à suivre le gulf stream qui se dirige vers l’Irlande. De même, la momification est pratiquée depuis -5000 en Amérique alors qu’elle n’est utilisée que depuis -2000 en Egypte. Les Noirs américains cherchent à travers ces thèses des compensations et les critiques sont considérées comme racistes.
Diop qui est un falsificateur de l’histoire. Il affirme que l’humanité est originaire d’Afrique même si les australopithèques se sont éteints sans descendance. Il n’y a sans doute pas d’Eve africaine (cf. C. Renfew). Il explique que l’homo sapiens sort d’Afrique même si on s’oriente vers une apparition simultanée.
Il pense que les Egyptologues ont détruit les momies noires pour mettre en avant les éléments blancs. Il fait aussi des apparentements linguistiques farfelus qui impressionnent les profanes. Il part souvent d’une parcelle de vérité. Ainsi, pour l’Egypte, les dynasties se mettent en place vers -2700 et elles s’effondrent vers -900 pendant 90 ans, période où des Nubiens prennent le pouvoir pendant deux dynasties. Les analyses des momies montrent la rareté des Noirs : les Egyptiens sont des populations de type berbère. Les Egyptiens tardifs ont, entre le 1er et le 3e siècle de notre ère, d’autres rites d’ensevelissement des morts : ils réalisent leur portrait réaliste (oasis du Fayoum). Les figures sont nettement européennes et nord africaines. Il n’y a pas de Noirs.
Sa méthode linguistique n’est pas scientifique et il commet de nombreuses erreurs étymologiques. Il se présente comme un progressiste mais il a une volonté d’endoctriner pour accroître les antagonismes raciaux.
Bernal est un ancien sinologue spécialisé pendant vingt ans dans les relations entre la Chine et l’occident au XXe siècle. En 1962, il étudie le Viet-Nam puis en 1975 s’intéresse à la Méditerranée orientale, à la Grèce et à l’Egypte. Le titre original de son livre est African Athena. L’éditeur PUF a préféré Black Athena, meilleur argument de vente. C’est un grand succès de librairie.
En Europe, un colloque sur Diop s’est tenu à Lyon en 1999. Les Antillais sont attirés par cette idéologie qui est soutenue par de nombreux journalistes. Le livre de Martin Bernal, Black Athéna est une forme moderne d’afrocentrisme qui a reçu un excellent accueil dans la presse. Pour Lugan, la sous-culture médiatique cherche à détruire les traditions et les éléments de cohésion de la société pour favoriser l’immigration venue d’Afrique qui est un enrichissement. Cette nouvelle idéologie se retrouve dans les universités françaises où on ne trouve pas de livre contradictoires à Diop qui lui est vendu dans toutes les grandes librairies. La science cède devant l’invective et le politiquement correct américain.
Les historiens de la Grèce ancienne réagissent dans leurs publications scientifiques confidentielles. Le grand public n’est pas informé et Bernal a le support des médias. Ainsi, RFI parle souvent du livre de Bernal et en fait une référence dans le monde francophone et antillais.
Un ouvrage collectif est publié en anglais, Black Athena revisited qui montre que les historiens ne sont pas d’accord avec Bernal qui ignore l’archéologie. Il n’y a pas de comptoirs égyptiens ni de pyramides en grèce. Les Grecs sont très précis quand ils décrivent physiquement les étrangers et ils se représentent comme « blancs ». A partir du IVe siècle, les sculptures deviennent réalistes. Avant, les représentations stylisées montraient un idéal europoïde. Idem pour les masques d’or des Mycéniens. Platon et Socrate sont blancs. Au IIIe siècle, on a des représentations typées de Noirs.
Le nom d’Athéna est d’origine libyque selon Hérodote dont il faut se méfier car il exagère la part de l’emprunt. L’étymologie du nom est inconnue, pré-hellénique.
La thèse de Bernal a un succès dans des disciplines autres que l’histoire et elle est diffusée par une sous culture qui devient celle des minorités. Lugan prédit qu’en 2010, elle sera impossible à attaquer. Les historiens africains sérieux n’existent pas en histoire ancienne. En Europe, les spécialistes sont cloisonnés dans leur discipline. L’ethnocentrisme participe à la culpabilisation de l’homme blanc qui est responsable de tout et surtout d’avoir martyrisé sa mère l’Afrique. Les sophismes servent d’idéologie officielle.
http://www.dailymotion.com/video/k14PhODLyRdF1CtF6w