L'incroyable odyssée d'un faux triomphe anglais au Canada !

Re: L'incroyable odyssée d'un faux triomphe anglais au Canada !

Message par BRH » Lundi 11 Janvier 2010 10:54:22

Vu la question posée par Auguste sur Bougainville,

viewtopic.php?f=3&t=842

ne pourrait-on se poser la question : et si c'est Bougainville qui avait trahi ? Stationné au cap Rouge avec 2 000 hommes, le poste de l'anse aux Foulons n'était-il pas de sa responsabilité ? A-t-il vraiment fait diligence pour prendre les Anglais à revers ? la faiblesse des effectifs à l'anse aux Foulons ne lui incomberait-elle pas ? Je m'empresse d'ajouter que je ne prends pas parti, mais je pose la question. Qu'en pensent Vailcour et Raymond ?
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

Napoléon
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Re: L'incroyable odyssée d'un faux triomphe anglais au Canada !

Message par Raymond » Lundi 11 Janvier 2010 15:30:11

Bonjour à tous

BRH se pose la question de la responsabilité de Bougainville dans l'affaire de l'Anse-aux-Foulons. J'imagine que la question est posé avec comme arrière pensée les arguments soulevés dans le débat de la bataille navale des Saintes dans lequel on accuse Bougainville d'être responsable de trois défaites françaises.

Je cite Auguste qui dit: "Il faut se remémorer toute la biographie de Bougainville en commençant par l’expedition canadienne ou il fit preuve d’un très grand courage pour défendre les québecois."

D'une part, les habitants de la vallée du Saint-Laurent de 1755-60 ne sont pas des Québécois. Ils sont les habitants d'une province de la Nouvelle-France appelée Canada dont le territoire comprend la vallée du Saint-Laurent de Rimouski à Vaudreuil-Dorion et tous ses effluents dont le Saguenay et le Richelieu incluant les Lac Champlains et Saint-Sacrement (aujourd'hui Lake Georges dans l'État de New-York) et excluait la péninsule Gaspésienne qui était en Acadie, la plus vieille province de Nouvelle-France. La troisième province de Nouvelle-France est la Louisiane qui cédée aux Espagnols en 1762 sera récupérée en 1802 par Napoleon Bonaparte qui la vendra au États-Unis (et au diable la culture française en Amérique). Ce sont les britanniques qui vont créer une province appelée Québec et qui créeront donc l'identité de Québécois. Je rappelle que l'ingénieur Michel Chartier de Lotbinière a dût suivre l'armée française en France avec son fils MEGA (Michel-Eustache-Gaspard-Alain) après la capitulation de Montréal en laissant à Montréal sa femme et sa fille. Lorsqu'il apprend que le sacripant de Louis XV cède la Canada, sa femme et sa fille aux britanniques, il n'hésipe pas à se rendre à Londres, à donner son allégence à Georges III, roi de Grande-Bretagne, de France et d'Irlande et à revenir au Canada que les britanniques désignent maintenant comme la province de Québec. Il est donc un des premiers à décider volontairement de devenir un Québécois. Les habitants, eux, vont continuer à se désigner comme des canadiens pendant plus de 200 ans. C'est bizarre, car aujourd'hui les nouveaux arrivants se désignent comme des Canadiens alors que les habitants préfèrent être désignés comme des Québécois!!!

D'une part, Bougainville était responsable pour la défense du littoral Nord en amont de Québec. Mais, le point le plus sensible de la région était Neuville et ses environs (Pointe-aux-Trembles et Deschambeault) dont le frère de Michel Chartier de Lotbinière était le curé de paroisse. Les Britanniques étaient déjà débarqués à Deschambeault, détruisant une partie des magasins des armées déployées à Beauport en aval de Québec et les brigadiers de Wolfe avaient identifiés que si les Britanniques y débarquaient en force, ils pourraient s'y retrancher et forcer la capitulation de tout le Canada puisque les vivres de Montréal ne pourraient plus atteindre l'armée française et que dans cette région il n'y a qu'un chemin pour passer de Québec à Montréal à cette époque. De tels mouvements de la part de l'armée britannique étaient rendus possible par la possibilité pour la flotte britannique de passer en amont de Québec ce qui avait été jugé impossible par les défenseurs en début de campagne. Pour cette raison, le raid Britannique avait mis en éveil Montcalm et il avait chargé Bougainville avec environ 2000 des meilleurs éléments de l'armée incluant sa cavalerie d'empêcher qu'un tel débarquement puisse survenir. Pour cette raison, on est en droit de se demander si cela avait vraiment été une bonne idée pour Wolfe de suivre l'avis de ses brigadiers puisqu'une telle manoeuvre avait été anticipée par Montcalm. Quoiqu'il en soit, Wolfe choisira de débarquer à l'Anse-aux-Foulons qui est à environ 10 km à l'Est de Neuville. La garde à l'Anse devait être renforcée par un bataillon mais l'ordre avait été contremandé par Montcalm puis reconfirmé et n'avait donc pas encore été exécuté. Bougainville n'avait donc rien à voir avec ces ordres et contre-ordres et on peut juste lui reprocher de ne pas avoir réagit assez vite au débarquement Britannique. Mais, un tel reproche ne tient pas compte de toutes les feintes et possibilités que posaient les manoeuvres de la flotte britannique. Par conséquent, je n'ai trouvé aucun fait qui puisse me faire penser que qui que ce soit incluant Bougainville ait trahit Louis XV pour qui se battaient tant les Français que les Canadiens et les Acadiens. La défaite et la cession sont imputables avant tout à une brillante campagne menée par la Royal Navy et j'aime bien votre analyse de la défaite française à la bataille des Saintes qui combinée avec les défaites de Lagos et Quibéron expliquent mieux que tout autre facteur la cession par le roi de France à Versailles du Canada au roi de France à Londres. Même Louis XVI permettra de libérer 13 des 15 colonies britanniques de l'Amérique du Nord pendant la guerre d'indépendance américaine mais il se gardera bien de libérer les deux dernières qui sont Nova-Scotia (l'ancienne Acadie) et Québec (l'ancien Canada).
Raymond
 
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Re: L'incroyable odyssée d'un faux triomphe anglais au Canada !

Message par vailcour » Mardi 19 Janvier 2010 20:19:38

Bonjour à tous,
Rappelons que les célébrations dui 250e anniversaires de la Bataille des Plaines d'Abraham prévues en grandes pompes ont été cancellées

Il faut rappeler que toute l'histoire de la «Bataille des Plaines d'Abraham» consignée dans les livres et manuels d'histoire est basée sur des documents dont on ne connaît pas la provenance et de surcroît de source anonyme.

En 1923, M. Aégidius Fauteux responsable de la bibliothèque St-Sulpice accusait réception d'une liasse de documents portant sur la capitulation de Québec 164 ans après les évènements du 13 septembre 1759

Il ne pouvait toutefois expliquer la provenance de ces documents. «L'histoire de leurs pérégrinations de 1759 à 1923, serait sans doute forte intéressante, mais pour le moment qu'il nous suffise de dire que nous les avons acquis de leur légitime propriétaire.»

Quant au document se voulant le récit du siège de Québec et faisant partie de cette liasse de documents, M. Fauteux déclare, reconnaissant la source anonyme du document.

«Ci-après publié, il n'en reste pas moins que avec son mérite intrinsèque et même anonyme, nous croyons qu'il est encore une contribution précieuse à notre littérature historique.»

De plus toute cette histoire telle que racontée par ces documents est considérée comme officielle et que l'on retrouve dans le «Dictionnaire biographique du Canada, les manuels d'histoire, les films de l'ONF les stèles du «Parc des Champs de bataille», l'histoire inscrite dans la pierre.
Source: «Les Archives Nationales du Québec« rapport des années 1922-1923

En d’autres termes tous ces récits relativement au Siège de Québec pour la période du 13 septembre au 20 septembre 1759 sont basés sur des documents et dont on ignore l’origine et la provenance

Dans les circonstances il devient très difficile de commenter ces récits pour le moins qu’on puisse dire qualifiés d’apocryphes.

Parmi ces documents reçus par M. Aégidus Fauteux figurent une correspondance entre M. de Vaudreuil, gouverneur et M. De Ramezay commandant de la ville de Québec. À noter que dans toute cette correspondance il ’y a aucune allusion aux deux protagonistes Montcalm et Wolfe.

-Document du 15 septembre 1759

Il n’y a jamais eu de requête des négociants, marchands ou encore des notables demandant la capitulation de Québec le 15 septembre 1759

Parmi ces documents nous retenons celui qui fait état de la requête des marchands de la ville de Québec demandant la capitulation et datée le 15 septembre 1759. Cette requête faisant partie de l’histoire officielle, est signée par 24 marchands. Ces derniers élaborent longuement sur la soit -disante famine qui aurait régné à Québec pendant le siège, quand on sait que les petits et gros gibiers venaient rôder à proximité des habitations. Comme c'est le cas encore aujourd’hui.
.
Voir le document en annexe:
http://vailcourt.com/docplaines-7a.htm

Des 24 signataires de cette pétition on ne retrace que deux noms Panet et Daine dans les archives, soient de mariage, de sépultures, archives de justices , actes notariés, etc. De plus sauf une ou deux exceptions aucun prénom accompagne ces noms ce qui est contraire à l’usage en Nouvelle France. Parmi les signataires on note bien la présence d’un négociant français et un autre de Bordeaux, on ne peut évidemment vérifier l’authenticité.

On ne peut que souligner l’absence dans cette requête, des principaux marchands et négociants influents de Québec, soient Joseph Michel Cadet, ses oncles François Michel Cadet et Augustin Cadet. ((Dictonnaire biographique du Canada)

Bien sûr, il y a eu une famine à Québec dans la période qui a suivi la capture de Québec. Cette famine concerne les troupes anglaises emmurées dans Québec. Et qui ne pouvaient bénéficier d’aucun ravitaillement substantiel. Aussi dans ce récit fabriqué on a tout simplement étendu cette famine à l’ ensemble de la population et ce pour toute la période du siège de Québec allant jusqu'au 18 septembre 1759.

Dans une intervention signée «hibernatus» sur le présent forum et datée du 9 mars 2008, il fait état de cette famine frappant les troupes anglaises à l’intérieur des murs de Québec, et confirmée par les lettres de Murray et le chroniqueur Knox accompagnant les troupes anglaises.

« Les Anglais étaient en fait prisonniers dans la ville; ils ne pouvaient en sortir pour aller chercher du bois de chauffage qu'au risque de leur vie. Et ils manquaient tant de provisions que le scorbut s'est installé et a fait de nombreux morts; ceux qui ont survécu ont perdu leurs dents, ce qui les rendaient incapable de charger leurs fusils. Beaucoup d'autres ont subi des engelures suffisamment graves qu'il fallait les amputer pour éviter que la gangrène se propage. Selon les écrits de Murray et aussi de Knox, le printemps venu, il ne restait plus qu'environ la moitié des hommes en état de combattre. »

On pourra prendre connaissance de toute cette correspondance du 13 7bre au 19 7bre 1759 entre Vaudreuil et M. De Ramsay (transcription et manuscrit) dans le document «Les Plaines d’Abraham revisitées en annexe:

http://vailcourt.com/docplaines.html

Il y a aussi les faux qui figurent dans les documents d’archives du CANADA, dont l’acte de capitulation de Québec du 18 7bre 1759. Lesquel seront l'objet d'une prochaine analyse

En cette année de 2009, les célébrations du 250e anniversaire de la bataille des Plaines d’Abraham ont été cancellées Reviendra-t-on à la charge pour le 275e?

Cordialement
vailcour
 
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Re: L'incroyable odyssée d'un faux triomphe anglais au Canada !

Message par Raymond » Mercredi 20 Janvier 2010 16:57:37

Bonjour à tous

Je constate que Vailcour fait certaines affirmations qui ne tiennent pas la route devant un examen sérieux.

Mais commençons par le commencement. Il affirme que "les célébrations dui (sic) 250e anniversaires de la Bataille des Plaines d'Abraham prévues en grandes pompes ont été cancellées". D'une part il n'y a jamais eu de célébrations prévues, il était prévu de commémorer l'évènement comme cela se fait partout dans le monde pour toute sortes d'évènements. Je constate qu'en Europe les Français ont moins de misère à se réconcilier avec les Allemands que certains Québécois avec les Britanniques (qu'ils identifient encore comme des Anglais alors que le royaume d'Angleterre n'existe plus depuis 1603). En conséquence, toutes les batailles importantes survenues lors de la Guerre de 7 ans survenus en Amérique ont été commémorées incluant Québec dont les commémorations ont été marqués par la polémique mais qui ont eu lieu quand même.

Ensuite nous abordons le point le plus sérieux de ses affirmations. "Il faut rappeler que toute l'histoire de la «Bataille des Plaines d'Abraham» consignée dans les livres et manuels d'histoire est basée sur des documents dont on ne connaît pas la provenance et de surcroît de source anonyme."

Cette affirmation est inexacte et même fausse à certains égards. Il existe une grande quantité de livres et de manuels d'histoire qui ont été produits depuis les évènements de 1754-1760. Certains historiens vont même jusqu'à les classer en deux écoles de pensées diamétralement opposées. Ils identifie une école de pensée dite de Québec qui décrit le changement de régime comme ayant été un bienfait pour la population du Québec alors qu'une école de pensée dite de Montréal au contraire pense que la Conquête a été une calamité sans nom qui opprime toujours le peuple québécois. C'est dans cette seconde école de pensée qu'on fomente l'idée d'un complot pour falsifier l'histoire afin de l'embellir. En ce qui concerne le siège de Québec de 1759, il existe plusieurs ouvrages sérieux et très bien documentés dont les auteurs ont examiné les documents originaux, les ont analysés, en ont établit la crédibilité, y ont repéré les erreurs lorsque les faits sont contredits par les données disponibles et qui en cas de doute en font mention afin de permettre au lecteur de comprendre la limite de nos connaissances.

Je comprends que les documents reçus par M. Fauteux peuvent poser certains problèmes mais je ne crois pas que des ouvrages comme ceux de Stacey et McLoad aient été induit en erreur par ces documents et si ce n'est pas le cas, j'aimerais savoir quelles citations ils font de ces documents et quelles interprétation erronées ils en ont fait. Moi de mon côté, j'étudie des documents rédigés par l'ingénieur canadien Michel Chartier de Lotbinière, l'aide de camp de son cousin Vaudreuil et beau-frère du canadien Joseph-Gaspard Chaussegros de Léry. Stacey et Mcload n'ont même pas examinés ces documents parce qu'ils en ignoraient l'existance (j'ai posé la question à McLoad et je suis sûr que Stacey ne les connaissaient pas car ils ont été trouvés en 1978 bien après la rédaction originale de son livre). Ce que j'ai appris jusqu'à présent confirme les données de ces deux auteurs et je n'ai pas encore touvé de contradiction.

En ce qui concerne les vivres, la situation de la Ville est critique comme le montre l'inventaire fait par Ramezey et croire que le gibier se promenait librement en quantité suffisante à l'intérieur des murs d'enceinte n'est absolument pas documenté. Même en temps de paix, le père de Lotbinière, qui aimait beaucoup le gibier, devait se rendre sur sa seigneurie de Lotbinière sur la rive sud du Saint-Laurent entre Québec et Trois-Rivières pour le chasser. Je pense qu'à Québec il ne devait rester que des souris comme gibier (et encore j'ai des doutes tellement il n'y avait rien à manger). Pour ce qui est de l'histoire des marchands ayant fait pression pour que l'on rendent la Ville, ce n'était qu'un facteurs parmis d'autres. Il faut cependant tenir en compte des coutumes de l'époque. Il n'y avait pas de convention de Genèves qui déterminait comment on peut faire la guerre de manière civilisée. comme si il y avait une manière de tuer son prochain de manière civilisée! Comme le disait si éloquemment un de mes professeurs en ingénierie, si on tue une personne on est un assasin, si on en tue un million on est un conquérant. Donc, la coutume voulait que si une ville refusait de se rendre, les assaillant se donnaient le droit de passer au fils de l'épée les survivants et de piller les biens. C'est ainsi que d'Iberville a conquit Terre-Neuve en donnant le choix aux habitants de se rendre ou d'être massacrés. Pour Québec, les Britanniques ont envoyé un ultimatum exigeant la reddition de la Ville sinon ils ne répondaient pas de l'action de leurs soldats. Je crois que cet ultimatum combiné au manque de vivre ont été les deux facteurs déterminants dans la décision prise de se rendre.

Quoiqu'on en pense, on ne peut pas contester que Québec s'est rendu et on ne peut pas contester non plus qu'il aurait été impossible pour les Français de tenir la colonie jusqu'en 1763 sans marine pour apporter les vivres indispensables à la survie des habitants et de l'armée. Alors, on peut toujours chercher à interpréter l'histoire avec les données que nous avons et je vous cite la question d'un journaliste et la réponse de Donald Rumsfeld:

"Q: Regarding terrorism and weapons of mass destruction, you said something to the effect that the real situation is worse than the facts show. I wonder if you could tell us what is worse than is generally understood.

Rumsfeld: Sure. All of us in this business read intelligence information. And we read it daily and we think about it and it becomes, in our minds, essentially what exists. And that's wrong. It is not what exists.

I say that because I have had experiences where I have gone back and done a great deal of work and analysis on intelligence information and looked at important countries, target countries, looked at important subject matters with respect to those target countries and asked, probed deeper and deeper and kept probing until I found out what it is we knew, and when we learned it, and when it actually had existed. And I found that, not to my surprise, but I think anytime you look at it that way what you find is that there are very important pieces of intelligence information that countries, that spend a lot of money, and a lot of time with a lot of wonderful people trying to learn more about what's going in the world, did not know some significant event for two years after it happened, for four years after it happened, for six years after it happened, in some cases 11 and 12 and 13 years after it happened.

Now what is the message there? The message is that there are no "knowns." There are thing we know that we know. There are known unknowns. That is to say there are things that we now know we don't know. But there are also unknown unknowns. There are things we don't know we don't know. So when we do the best we can and we pull all this information together, and we then say well that's basically what we see as the situation, that is really only the known knowns and the known unknowns. And each year, we discover a few more of those unknown unknowns.
It sounds like a riddle. It isn't a riddle. It is a very serious, important matter.

There's another way to phrase that and that is that the absence of evidence is not evidence of absence. It is basically saying the same thing in a different way. Simply because you do not have evidence that something exists does not mean that you have evidence that it doesn't exist. And yet almost always, when we make our threat assessments, when we look at the world, we end up basing it on the first two pieces of that puzzle, rather than all three."

Cette pièce d'anthologie mérite sa place dans la réflexion des historiens et politiciens. On ne perçoit la réalité que partiellement à partir des informations fragmentaires et parfois erronées dont nous disposons. Personnellement, je ne crois pas que les historiens du Québec se classent en deux écoles de pensées. Je crois que chaque historien a tenté de décrire les évènements du passé selon ses connaissances et ses propres analyses et que par conséquent, chacun des livres et manuels d'histoire produits est le reflet unique de chacun de ces historiens. Avec le temps, on trouve de nouvelles informations et de nouvelles analyses qui permettent de faire évoluer notre connaissance de ces évènements mais, il sera toujours impossible de retourner en arrière pour changer le cour de l'histoire. Par conséquent, en 2033, nous marquerons le 275e anniversaire du siège de Québec et j'espère que nous pourrons un jour nous inspirer des Français et des Allemands qui ont pu ensemble commémorer le débarquement en Normandie incluant des activités de reconstitutions de cet évènement. Cela s'appelle une réconciliation et il n'y a pas de convention de Genêves pour délimiter cet acte hautement civilisé. Il faut juste de la bonne volontée.

Salutations

Raymond, l'ingénieur du Roy
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Re: L'incroyable odyssée d'un faux triomphe anglais au Canada !

Message par vailcour » Jeudi 18 Février 2010 14:28:28

William Pitt accueille le rapport Townshend septembre 1759

De quelle façon fut accueilli par William Pitt le rapport Townshend du 20 sept 1759?

Dans le cas du Siège de Québec, on peut être assuré que William Pitt, comme tout chef d'état avait ses propres informateurs, et il devait être au courant de tout ce qui s’était passé à Québec. Les Archives du Parlement britannique pourraient nous révéler bien des choses

Bien sûr il était bien satisfait du rapport Townshend, ce qui était important fut que les troupes anglaises soient entrées à Québec le 18 septembre 1759. C’est le résultat qui compte même si la chose ne fut pas aussi glorieuse que celle que l’histoire proclame.

Pitt, ayant déjà des doutes sur l’équilibre mental de Wolfe, il aurait été grandement surpris si rien ne se s’était passé entre Wolfe et ses subalternes. Il est peu probable qu’il ait versé une larme sur le décès de son commandant en chef.

Voici un extrait de »l’histoire du Canada, une histoire populaire» alors que Pitt avait fait part de ses appréhensions au roi George II

«Lorsque l'on a confié à Wolfe la tâche de s'emparer de Québec, plusieurs ont des doutes sur ses capacités. Même William Pitt, qui l'a nommé, est inquiet. Un soir, lors d'un dîner chez ce dernier, Wolfe quitte la table, dégaine son épée et fait semblant de taillader un ennemi imaginaire. Pitt s'inquiète vivement de cette scène. Wolfe pourtant n'est pas ivre, et plusieurs convives suggèrent qu'il est peut-être fou.»

«Le roi George II accueille la nouvelle de l'incident avec bonne humeur:
«J'espère qu'il(ce fou)mordra quelques-uns de mes généraux.»

Wolfe n’avait-il pas signé son arrêt de mort en affirmant publiquement s’adressant
particulièrement à l’ambitieux Townshend, que ce dernier était un lâche et même un scélérat?

À plusieurs reprises il avait signifié à Murray et Townshend de les faire comparaître devant une cours martiale pour insubordination. Envoyés au fers, cela aurait signifier à toute fin pratique la fin de la carrière pour chacun d’eux.

C’est sans doute avec un soupir de soulagement qu’ils virent leur major-général emprunter le chemin du retour le corps enfoui dans un tonneau rempli de rhum de la Jamaïque.

Voici la mort de Wolfe tel que racontée dans la version présentée à la télévision d’état et reproduite de »Le Canada, une histoire populaire»

»Avant de donner l’ordre de tirer, Wolfe est vite repéré dans son nouvel uniforme par un tireur isolé qui lui transperce le poignet d’une balle. La blessure est bandée avec un mouchoir et, à 10h15 Wolfe est touché à l’aine et doit être transporté. Il reçoit une troisième balle à la poitrine qui lui sera fatale et s’effondre sur le sol, recevant avec joie la nouvelle que l’ennemi bat en retraite. »

La version du réputé historien américain Francis Parkman est que Wolfe connu une mort misérable, seul sans que personne ne vint à son aide. Cette version fut reprise par Simon Schama. Il en fut de même de Samuel Holland (arpenteur) qui au retour d’une tournée de reconnaissance affirme même lui avoir tenu la main avant d‘expirer.

Quant à Townshend dans son rapport transmis à William Pitt, le 20 septembre 1759, il ne mentionne même pas la présence de Wolfe sur les Plaines dans la matinée du 13 septembre.

Le mystère de la mort de Wolfe reste entier. Peut-être que les archives du parlement anglais pourraient nous en apprendre davantage.

Toute cette histoire de la bataille des Plaines d’Abraham du 13 septembre 1759 est lourdement hypothéquée par des pièces fausses figurant dans les documents officiels à savoir:

-La fausse lettre de Montcalm à Townshend du 13 septembre 1759, reconnaissant qu’il avait été forcé de capituler. (Townshend est entré en fonction après la mort de Montcalm)

-Le faux acte de capitulation de Québec du 18 septembre 1759, tel que constaté par le rédacteur des Archives nationales du Canada,volume de l’année 1905. (confronté à deux actes de capitulation)

Les fêtes du 250e contremandées, il est peu probable que l’on tente à nouveau de célébrer ou commémorer le 275e anniversaire de cet évènement à saveur politique encore moins le 300e.

LIENS;
Le débarquement des troupes anglaises au Foulon dans la nuit du 12 au 13 septembre 1759
http://vailcourt.com/Docplaines13B.html

J. Vailcour
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Re: L'incroyable odyssée d'un faux triomphe anglais au Canada !

Message par hibernatus » Samedi 24 Avril 2010 19:49:15

Y avait-il risque de famine à Québec le 17 septembre 1759 ? Je crois que oui pour les raisons suivantes; dès la mi-mai, quand les navires d'approvisionnement commencent à arriver de France, les autorités décident de ne pas les décharger pour mettre leurs contenus dans les magasins de la ville, par crainte que ceux-ci soient détruits ou saisis par les Anglais. Elles ont préféré envoyer les navires à Batiscan, passé le Sault Richelieu, bien à l'abri, et en faire venir, soit par le fleuve ou par le chemin du Roy, une certaine quantité quand nécessaire. La ville n'avait donc jamais plus de deux semaines de provisions. Vers le 8 septembre 1759, de Ramezay a passé une commande pour recevoir des provisions. En pleine période de récoltes, il y avait très peu de gens et de charettes de disponibles pour un transport par voie terrestre; il fut donc décidé de l'envoyer par voie fluviale. Un soldat régulier déserteur en informa Wolfe, qui décida de tirer profit de la situation. Il aurait voulu faire un débarquement dès le 10 septembre, mais la pluie incessante le força a remettre ça. Ses bateaux à fond-plat se préparait dans les environs de Saint-Antoine, face à Cap-Rouge, où était Bougainville à ce moment. Il semble que ce soit lui qui a décidé in extremis de ne pas laisser aller les provisions par voie fluviale parce que c'était trop risqué; il fit donc décharger les barques pour terminer la route par le chemin du Roy. À peu près au même moment, Wolfe et ses hommes partaient. Wolfe comptait arriver au Foulon et passer devant les sentinelles qui croyaient qu'ils s'agissait de provisions.
Après la bataille du 13 septembre, les Anglais avaient le contrôle du chemin du Roy, et même de la rivière Saint-Charles, et plus du fleuve. Il n'y avait plus moyen d'approvisionner la ville sans une confrontation militaire. Les communications étaient aussi coupées; de Ramezay ne savait même pas où se trouvait l'armée française, encore moins si elle était pour lui venir en aide, encore moins quand.
Cela n'empêche qu'il aurait pu attendre un ou deux jours; après tout, les Anglais avaient d'énormes difficultés à monter des canons sur les Hauteurs, et il n'avaient jusqu'à présent tiré un seul coup vers la ville. À ce point-ci, je me permet d'émettre une hypothèse qui, vous le verrez, est à jamais non-vérifiable.
Après la bataille, les Anglais, maintenant sous Townshend, commence à se rendre compte qu'ils ont un gros problème; ils ne peuvent pas partir, parce qu'ils ont utilisé la seule faille pour monter sur les Hauteurs. S'ils partaient, les Français et les Canadiens auraient tôt fait de la boucher. Ils ne peuvent pas rester non plus, parce que le plan de guerre original prévoyait que toute la colonie aurait capitulé à l'automne, donc ils n'étaient absolument pas prêts pour l'hiver. Leur seul espoir est de pouvoir passer l'hiver dans la ville. Bien sûr, ils savent qu'ils ont bombardé la ville pendant 2 mois à partir de la Pointe-des-Pères à l'extrême ouest de Pointe-Lévy, et ils savaient fort bien que la Basse-Ville était détruite. Mais il n'y aucun point sur la rive sud qui soit plus que la moitié de la houteur de celle de la falaise. Donc, lorsqu'ils tiraient sur la Haute-Ville, ils le faisait à l'aveugle, sans connaître l'ampleur des dommages.
De Ramezay était un vieux de la vieille, un quinquagénaire, fils d'un gouverneur général de la Nouvelle-France. Il savait de première main que tous les bâtiments de la ville avaient été atteints. Mais il est aussi probable qu'il aie compris l'horrible dilemme des Anglais. Et voici mon hypothèse; de Ramezay à capituler pour créer un piège aux Anglais; il n'y avait que très peu de place où ils pouvaient loger. Puis une fois à l'intérieur des fortifications, ils ne pourraient pas en sortir sans risquer de se faire tirer dessus par un franc-tireur Sauvage ou Canadien. C'est à grand risque seulement qu'ils pourraient se procurer du bois de chauffage. Ils n'ont de provisions que jusqu'à la fin décembre tout au plus. Après cela, il leur serait impossible de s'en procurer. De plus, les Anglais sont férocement "anti-papistes", contre l'Église catholique romaine. De plus, compte tenu de la démographie de l'époque, la conquête est inévitable, tôt ou tard. De Ramezay profite du désarroi anglais pour exiger la protection de l'Église, ce que Townshend et Saunders accordent sans hésiter.
Mon hypothèse est donc que de Ramezay savait qu'il causerait un tort considérable aux Anglais en capitulant vite, comme on le verra au printemps suivant. Bien sûr, nulle part pouvait-il l'avouer, encore moins l'écrire, sous peine de représailles. De là l'impossibilité à tout jamais de prouver mon hypothèse.

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Re: L'incroyable odyssée d'un faux triomphe anglais au Canada !

Message par vailcour » Jeudi 06 Mai 2010 18:42:11

Bonjour à tous,

Quand on parle de famine en Nouvelle-France on ne peut qu’esquisser un sourire. L’habitant est capable de vivre à l’indienne. Il a appris à vive avec les ressources de la nature. Les forêts environnantes des parties habitées regorgent
de gros et petits gibiers. Le poisson abonde dans les lacs très nombreux et situés toujours à proximité. Sans parler du fleuve St-Laurent d’avant la pollution dans lequel le poisson également abondait.

Il y a eu bien sûr la famine à l’intérieur des murs de Québec qui sévissait sur la garnison anglaise encerclée pendant l’automne-hiver 59-60. Mais que les récits transposent à l’ensemble de la région et de sa population.

Parlant de gros gibier les chevreuils toujours curieux ,s’approchaient des habitations et aimaient observer les citoyens .Même encore aujourd’hui on rapporte que souvent des chevreuils vont se promener dans les agglomérations urbaines. Les agents de la faune sont souvent appelés pour capturer ces cervidés, les endormir et les retourner dans leur habitat.

Il y a encore quelques jours on signalait aux nouvelles de la TV, la présence d’un orignal à la périphérie de l’arrondissement de Charlesbourg de la ville de Québec.

C’était encore il y a quelques années les journaux rapportaient à la une, qu’un orignal voulant s’abreuver dans la piscine d’une résidence, s’était empêtré dans la toile solaire qui recouvrait la dite piscine. On a dû faire appel aux agents de la faune pour le tirer de sa fâcheuse position, lesquels malheureusement ont dû l’abattre. Ça s’est passé dans l’arrondissement de Sillery, à quelques rues de mon domicile.

Dans ce récit historique pour ravitailler Québec, on fait état de la nécessité de faire venir de France des vivres. On mentionne dans ce récit que des citoyens se plaignaient de la présence de viandes avariées. On le serait à moins à la suite des deux mois ou plus de navigation. Assurément, les détails ne manquent pas dans ces récits.

Cordialement
vailcour
 
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Re: L'incroyable odyssée d'un faux triomphe anglais au Canada !

Message par Raymond » Mercredi 12 Mai 2010 16:20:59

Bonjour à tous

En faisant récemment des recherches concernant la bataille de la Restigouche, je suis tombé sur un texte qui explique que l'arrivée à Restigouche d'environ deux mille personnes désespérées et en grand besoins avait fortement taxé les animaux sauvages et que la nourriture des Micmacs normalement en abondance avait été rapidement consommée. La situation était devenue intense et les relations entre les Acadiens et les Micmac en ont souffert et se sont détériorées. Or, cette situation survient en juin et juillet en plein été.

S'imaginer que les 6000 habitants de Québec (et ne parlons pas des soldats qui sont autant de bouches additionnelles à nourrir) auraient pu survivre sur le gibier en plein hiver relève de la plus pure utopie. En fait, la théorie d'Hibernatus a bien du bon sens car effectivement les Britanniques n'étaient absolument pas prêts à occuper Québec alors que l'armée française était intacte.

Les alliés seront confrontés aux mêmes problèmes lors de l'invasion de la France et Eisenhower qui avait étudié le siège de Québec en détail (un autre ingénieur passionné d'histoire) avait identifié que l'un des scénarios à envisager était l'effondrement soudain de la défense allemande qui forcerait les alliés à nourrir une grande population incapable de s'autosuffire pour un certain temps. Par conséquent, il avait fixé au SHAEF trois scénarios de ce genre comme plus prioritaire à planifier que le débarquement en Normandie lui-même. C'est pour cette raison que les Alliés envisageaient de contourner Paris pour éviter d'avoir à ravitailler cette grande population. Évidemment, avec les Français impliqués dans l'action, ils ont forcés la main d'Ensenhower qui s'est retrouvé dans une situation semblable à celle de Townshend. Mais, comme il avait prévu cette éventualité, l'opération de ravitaillement n'est pas passée dans la grande histoire contrairement à celle de Québec.

L'ingénieur du Roy
Raymond
 
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Re: L'incroyable odyssée d'un faux triomphe anglais au Canada !

Message par Raymond » Vendredi 28 Mai 2010 20:35:18

Bonjour à tous

Toujours dans le cadre de mon enquête concernant les ramparts de Québec, j’ai trouvé récemment les instructions écrites données à Gaspard-Joseph Chaussegros de Léry en 1716. Voici le mémoire, en forme d'instruction, que lui remit, au moment de son départ, le Maréchal d'Estrées:

« Le Roi voulant prendre une résolution décisive au sujet des fortifications de Québec, le Conseil de marine a choisi le Sieur Chaussegros pour faire les plans des ouvrages déjà faits et de ceux qui restent à faire.

Le projet de fortifications, récemment soumis au Roi, renferme plusieurs défauts qu'il convient d'éviter:
• il semble trop resserrer la ville;
• la face gauche de la redoute du Cap aux Diamants n'est pas assez défend non plus que le terrain qui est entre cette redoute et la côte;
• il en est de même de la partie entre la pointe du Bastion numéro vingt, et la côte, numéro trente

Ainsi, ce plan a deux défauts essentiels aux extrémités ; défauts qui rendraient inutiles les fortifications qu'on pourrait élever dans cet espace. Étant sur les lieux, le Sieur Chaussegros verra mieux ce qui en est, et fera un rapport au Conseil sur ce qu'il aura remarqué.

Comme la ville de Québec est fort escarpée du côté du fleuve, on a jugé que les fortifications projetées du côté du Palais seraient inutiles. Le Sieur Chaussegros fera savoir néanmoins ce qu'il en pense.

Sur le plan proposé, on a marqué en jaune les fortifications qu'il faudrait élever, et il a paru qu'on ne pourrait rien faire de plus parfait, et que, si on ajoutait par la suite des demi-lunes devant toutes les courtines il n'y aurait point de place eu France qui fût plus forte que celle-là, d'autant qu'on ne pourrait établir aucune batterie pour l'attaquer en flanc, ce qui la rendrait plus difficile à prendre que si on accumulait plusieurs ouvrages les uns sur les autres. Par sa situation, Québec est des plus faciles à fortifier; mais cette ville ne le sera jamais bien, si l'on ne fait un fossé devant les ouvrages, puisqu'autrement les ennemis pourraient élever des batteries à deux ou trois cents toises de la place, battre les murailles en brèche et monter à l'assaut, sans être obligés de faire des tranchées, de sorte qu'elle perdrait tout l'avantage qu'elle a d'être bâtie sur un roc où l'on ne peut ouvrir de tranchées.

Comme ce projet de fortifications a été fait sans les profils du terrain, il pourrait arriver qu'il y eût quelques modifications à apporter. Le Sieur Chaussegros examinera donc s'il y a quelques changements à faire, et enverra un plan de la ville de Québec, avec des profils de tout le terrain et de la côte, ainsi que des profils et des plans des ouvrages déjà faits et de ceux qui sont projetés, afin que l'on sache exactement ce qu'il y a à faire et ce qu'il en coûtera, ayant soin de sonder le terrain où il convient de faire le fossé et de marquer, dans son plan, les lignes sur lesquelles il aura pris ses profils. Afin d'éviter à Sa Majesté des dépenses inutiles, on pourrait prendre dans le fossé la pierre nécessaire pour les fortifications et obliger les particuliers à y en aller chercher pour bâtir la Haute-Ville.

Le magasin à poudre de Québec étant très mal placé, le Conseil souhaite que l'on choisisse, dans l'enceinte de la ville, deux endroits éloignés du commerce, mais rapprochés des fortifications, où l'on puisse en bâtir deux. Le Sieur Chaussegros les marquera sur son plan.

Deux projets d'enceinte en pierre, pour la ville de Montréal, ont été également soumis au Conseil. L'un a le grave inconvénient de couper la ville en deux, sans aucun avantage; l'autre ne détruit rien de la ville, mais n'appuie ses défenses que sur de petites tours carrées, éloignées pour la plupart les unes des autres; c'est peu de chose. On y a substitué une autre enceinte, marquée en jaune, qu'il semble préférable de suivre. Cependant comme ce plan a été fait sans profils du terrain, ni même d'échelle, le Sieur Chaussegros jugera de sa valeur. En attendant celui qu'il nous enverra de cette ville et de l'enceinte projetée, il fera commencer incessamment les travaux, suivant ce plan qui pourra, au besoin, être rectifié sur les lieux. Fait et arrêté au Conseil de marine, réuni au Louvre, le 23 Juin 1716.

(Signé) L. A. De Bourbon, Le Maréchal D'estrées. »

Le point dans ces instructions qui m’interpelle le plus concerne la mise en place d’un fossé en avant des ouvrages. Les instructions sont on ne peut plus claires sur la nécessité de faire ce fossé et de le faire avant de faire les murs afin de pouvoir se servir de la pierre pour réaliser les ouvrages de maçonnerie. On y donne même les raisons pour en justifier la construction. Or, le fossé n’a jamais été construit du vivant de Chaussegros de Léry et c’est son fils en 1758 qui sera chargé par Vaudreuil d’en commencer un à partir de la Rivière St-Charles au nord de la Ville de Québec.

Je cherche donc une explication qu’aurait pu donner Chaussegros de Léry pour expliquer ce que le Royal Engineer Montresor qualifiera de grosse erreur de ne pas avoir creusé le fossé avant de construire les ramparts. Pour corriger cette erreur, les Britanniques ont du construire la Citadelle qu'avait prévu et dessiné Chaussegros de Léry. Selon moi, il doit y avoir un lien entre l'absence de fossé et les plans de la Citadelle. Je sais seulement que la Citadelle n'a jamais été construite par les Français pour des raisons de trésorerie.
Raymond
 
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Re: L'incroyable odyssée d'un faux triomphe anglais au Canada !

Message par vailcour » Vendredi 04 Juin 2010 17:58:28

Bonjour,

Toujours la prétendue famine,

Pour faire suite à mon article du 6 mai dernier traitant de la supposée famine lors du siège de Québec, et véhiculée par les récits officiels, j’avais fait mention de la présence de gros gibiers près des habitations, comme c’est souvent le cas encore de nos jours.

J’avais fait part également de la présence d’un orignal à Sillery lequel après avoir traversé le fleuve et escaladé la falaise s’était abreuvé dans la piscine d’un particulier et avait dû être abattu.

La même chose s’est produite il y a quelque jours à Orleans, une municipalité francophone de la banlieue d’Ottawa, ou deux orignaux après avoir traversé la rivière Ottawa ont été vus broutant de l’herbe dans la cour d’une école (Les Pionniers).

Un orignal fut abattu par la police appelée sur les lieux mais son compagnon ou compagne prit la fuite.

LIEN:
Voir le reportage de Radio-Canada.
On lira les commentaires d’une résidente d’Orléans, mère de trois enfants fréquentant l’école.

http://www.radio-canada.ca/regions/otta ... tawa.shtml

Cordialement.
vailcour
 
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Re: L'incroyable odyssée d'un faux triomphe anglais au Canada !

Message par Raymond » Lundi 07 Juin 2010 16:08:49

Bonjour à tous

Une question simple, on alimente 16 000 personnes (6 000 habitants, 4 000 soldats et 6 000 miliciens) pendant combien de jours avec un orignal ?

Pour les Européens, il faut savoir qu'un orignal est une très grosse bête qui peut faire tout un dégat lorsqu'il s'invite chez vous sans autorisation.

Tout cela pour dire que ce n'était pas une prétendu famine et que la garnison de Louisbourg s'est mutinée pour moins que cela en 1757 malgré l'absence de Britanniques et la présence d'orignaux comme on peut encore en admirer dans le magnifique Parc National du Cape-Breton. Même les Britanniques qui ont pourtant apportés des provisions à Québec, vont perdre beaucoup de soldats et d'habitants à Québec à cause de la famine et ce en dépit des orignaux, à moins qu'ils aient eté évacués avec les soldats français et miliciens canadiens vers Montréal (j'en doute).
Raymond
 
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Re: L'incroyable odyssée d'un faux triomphe anglais au Canada !

Message par hibernatus » Mercredi 09 Juin 2010 01:54:41

La base de l'alimentation à cette époque est le pain, dont on mangeait au moins une livre par personne par jour, du moins en temps normal. Selon les surces d'époque, les saisons de croissance des années 1754, 1756,1757 et 1758 avaient été mauvaises car trop froides et trop pluvieuses. Il avait déjà fallu puiser dans les réserves. De plus, il y avait une sorte de conscription pour avoir des miliciens, qui venaient principalement de la campagne. Selon les écrits de Montcalm, un tiers des champs n'avaient pas été ensemencés en 1758; cette proportion montait à la moitié en 1759. Les écrits d'époque sont très clairs que la ration quotidienne de pain était réduite à un quarteron (un quart de livre) de pain par jour, au début chez les civils, puis chez les militaires et miliciens. Le munitionnaire Cadet a dû faire des miracles pour faire venir de la farine de Montréal et de la vallée du Richelieu. Mais ça ne suffisait pas. Tous les textes d'époque ne laisse aucun doute sur la disette en 1759. Ça s'est amélioré à l'automne pour les réfugiés hors les murs de Québec, mais pas pour les Anglais (Britanniques) dans la ville. Et même alors, à l'Hôpital-Général où s'était réfugiés grand nombre de civils, une soeur écrivait que les religieuses en étaient alors "réduites" à manger des pommes de terre, tellement la disette était grande. Le gouverneur de Ramezay a capitulé parce qu'il n'y avait plus que pour trois jours de provisions.
hibernatus
 
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Wolfe vu par le brigadier Townshend son second!

Message par vailcour » Jeudi 22 Juillet 2010 01:15:45

Wolfe sous le regard de Townshend!

Auparavant si le torchon brûlait entre Montcalm et Vaudreuil, ce fut de la
petite bière comparées aux tensions qui régnaient entre Wolfe et ses
subordonnés, Monckton, Murray, et Townshend. Ce dernier arrogant , méprisant
mais doué d’un talent de caricaturiste, fit de Wolfe sa cible favorite.
.
.
Comme caricaturiste, Townshend trouvait en l’aspect pale et
maladif de son commandant en chef un splendide sujet pour son art. On ne
pourrait pas s’attendre à ce qu’il garde pour lui ses dessins, Il lui arrivait
d’exhiber à ses collègues officiers quelques échantillons. Si ces dessins
étaient spirituels et comiques ils étaient pour le moins irrespectueux pour le
commandant en chef. pour ne pas dire plus

Ses caricatures montrent un général Wolfe malingre dans des poses ridicules et affectées.

Un certain nombre de ces caricatures sont conservées au Musée McCord de Montréal dont voici quelques unes;

Ces caricatures illustrent eu quelque sorte les comportements bizarres de Wolfe:

1er dessin:
Caricature montrant l’adjudant et ami de Wolfe prenant quotidiennement sa mesure.

2e autre manie de Wolfe
Wolfe portant une attention spéciale à la profondeur des latrines.

4e autre comportement bizarre de Wolfe
Wolfe aimait plastronner devant les vielles dames.


LIEN
- Wolfe vu par le général Townshend.
http://vailcourt.com/wolfe3.html


-Wolfe et ses subordonnés
http://vailcour.blogspot.com/2010/07/wo ... shend.html

Cordialement.
******
vailcour
 
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Re: L'incroyable odyssée d'un faux triomphe anglais au Canada !

Message par hibernatus » Jeudi 22 Juillet 2010 21:04:02

Je ne suis pas sûr que Wolfe était conscient de ces caricatures, même si je crois qu'il l'était probablement. Mais la question se pose: pourquoi l'a-t-il toléré?
Sur un autre sujet connexe;
Wolfe n'a jamais vu les fortifications de Québec. Elles sont invisibles au niveau du fleuve, et les collines sur la rive sud sont moins hautes que la falaise. Le 13 septembre 1759, il est monté par le sentier Saint-Denis qui aboutit au Bois de Coulonge. Lui et ses hommes ont ensuite fait un quart de cercle pour se rendre au Chemin Sainte-Foy, à l'angle de ce qui est aujourd'hui la rue Cartier, puis a descendu vers la falaise. Les cartes géographiques rendent mal la topographie; les supposées "Plaines" (appelées "les Hauteurs d'Abraham" dans les documents d'époques). Or les diverses buttes et boisés à l'époque rendaient les fortifications invisibles. C'est probablement volontairement que Wolfe a choisi ce trajet; s'il ne pouvait pas voir les fortifications, il ne pouvait pas être vu non plus. Il faut aller sur place pour bien comprendre, de préférence avec la carte de 1760 de Québec par Samuel Holland.
Une chose m'intrigue de Townshend. Tout d'abord, il a été blessé le 13 septembre, mais pas assez pour qu'il ne prenne la relève de Wolfe. Une fois rentré dans la ville de Québec après la capitulation du 18, lui et son armée se sont vite rendus compte que la ville était plus endommagée qu'ils le croyaient. Il céda rapidement la gouvernance à Murray, puis retourna en Angleterre (ou dans les colonies britanniques, je ne me souviens plus), disant que sa blessure guérissait plus lentement que prévu. Était-ce une raison, ou simplement un prétexte, puisqu'il voyait bien que son armée n'était absolument pas prête à passer l'hiver en Canada, et qu'il avait intérêt à laisser quelqu'un d'autre le soin de survivre à l'hiver.
Et Townshend n'était pas le second de Wolfe; Monckton l'était, mais il avait été blessé trop sérieusement pour assumer le commandement.
hibernatus
 
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Re: L'incroyable odyssée d'un faux triomphe anglais au Canada !

Message par Raymond » Samedi 31 Juillet 2010 17:42:20

Bonjour à tous

Hibernatus pose une question intéressante concernant la reconnaissance de Wolfe. Il faut savoir que son ingénieur chef, le Major Patrick MacKellar, a été capturé à Oswego en 1756 et qu'il est resté à Québec quelque temps avant de retourner en Grande-Bretagne en 1757. Il fait un rapport en juillet 1757, à l'Office of Ordonnance à Londres qui est responsable des Royal Engineers (qui est un méchant bordel comparé au Corps des ingénieurs du Roy Français ce qui incitera Washington à copier le système Français qu'il verra à l'oeuvre à Yorktown et ce malgré sa bonne connaissance du système britannique puisqu'il est arpenteur ce qui l'amenait à travailler directement avec les ingénieurs), sur l'état des défenses de Québec basé sur des informations qu'il a observé et glané des ses conversations avec les françcais qui ont pris grand soin de l'empêcher de voir les défenses du côté ouest. En conséquence, son plan montre les défenses du côté ouest telle qu'elle lui ont été décrite et correspondent en gros aux ouvrages existants avant 1744 à savoir des retrenchements et une palissade de bois. C'est la première fois que je lis une description assez détaillée du chemin emprunté par Wolfe lors de sa reconnaissance et Stacey indique que cette reconnaissance n'est pas documentée. Cependant, on sait que Wolfe va découvrir que la défense n'est pas une palissade de bois mais bien un ouvrage de maçonnerie et on sait que ce fut pour lui une désagréable surprise. Il n'aura jamais l'occasion d'en faire l'analyse pour en découvrir ses faiblesses. Mais, les ingénieur Mackellar et Montresor le feront plus tard et n'auront aucune peines à mettre en place une stratégie de siège qui saura convaincre les Français de l'inutilité de leurs défense. C'est lors de ces préparatifs que Mackellar sera blessé par un soldat britannique qui lui a tiré dessus parce que le justeaucorps des ingénieurs britanniques est bleu. La même chose était survenue à un ingénieur Français des troupes de la marine à Oswego parce que son justeaucorps est de couleur écarlate. Dur la vie d'ingénieur!

Détruire parfois! Construire beaucoup! Servir toujours!

L'Ingénieur du Roy
Raymond
 
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