Bonjour à tous,
LES MILICES DE LA NOUVELLE-FRANCE
Suite à la déroute de la Monongahéla
Les survivants de cette déroute attribuèrent en grande partie leur défaite à l'attitude de la population des colonies. Ils lui reprochaient de les avoir démoralisés en leur rappelant sans cesse que s'ils utilisaient les méthodes de combat à l'européenne contre les Franco-Indiens qu'ils allaient être pulvérisés. Ce qui fut effectivement le cas
Organisation des milices
La supériorité numérique des Anglo-Américains, était largement compensée par les incursions des miliciens procédant à des attaques mobiles, variées et imprévues pouvant déstabiliser et désorganiser un ennemi supérieur en nombre comme on le faisait depuis trois quarts de siècles. On s’appliquait alors à détruire les dépôts de munitions, et autres infrastructures tels que ponts, estacades ,etc. Il prenait un temps considérable pour rétablir ces ouvrages dans leur état initial, ce qui contribuait d’autant à maintenir l’ennemi à distance.
C'est ainsi "qu'en mars 1756, Chaussegros de Léry mena, à travers des forêts quasi impénétrables et par mauvais temps, un parti de 360 hommes, Indiens, Canadiens et soldats réguliers français, chargés de détruire les dépôts de ravitaillement du Fort Bull dans l'état de New-York. Le succès de cette entreprise réduisit à néant les plans britanniques d'une offensive printanière dans la basse région des Grands Lacs."
Cependant, Montcalm arrivé au pays l’année suivante, estimait que ce n’était pas une façon de faire la guerre. De sorte qu’il soumit un plan visant le démantèlement des milices , et proposa à Vaudreuil d’abandonner la vallée de l’Ohio et les forts des Grands Lac et Champlain, de cesser les incursions en territoire américain et d’incorporer la milice aux troupes régulières
Vaudreuil refusa, jugeant que le mieux continuait d’être le maintien de l’ennemi loin de la vallée du St-Laurent comme c’était le cas depuis 75 ans. Comme il avait été accordé préséance à Montcalm en ce qui concerne la politique militaire, ce plan fut appliqué. Dès lors, ce fut le commencement de la fin, alors que l’ennemi d’abord retenu chez lui se présentait maintenant aux frontières en surnombre dans une proportion d’au moins 15 contre un, et on connaît la suite.
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La bataille de Carillon (1758) donne un aperçu du résultat de cette nouvelle stratégie imposée par Montcalm. Le miracle de Carillon ne sera pas répété, alors qu’une armée de 15000 hommes commandée par Abercrombie s’était heurtée aux 3750 Français retranchés au Fort Carillon.
La Bataille de Carillon, (1758) une bataille qui n’aurait pas dû avoir lieu.
Ainsi, le 5 juillet au matin, l’armée anglaise se met en route sur le lac Saint-Sacrement, s’avancent 900 bateaux, 135 barges et plusieurs bateaux plats pour le transport de l’artillerie». Les 15000 hommes d’Abercromby se sont mis en route en toute quiétude profitant d’infrastructure intacte. Il n’y eut aucune incursion de la part de miliciens pour détruire les infrastructures comme ce fut le cas avec la destruction dépôts de
ravitaillement du Fort Bull dans l'état de New-York, tel que relaté précédemment.
Les plans de Montcalm prévoyaient le démantèlement des milices et leur intégration aux troupes régulières mettant de ce fait fin aux alliances franco-indiennes qui avait assuré la maîtrise de l’Amérique du Nord pendant près de 75 ans.
Dorénavant la stratégie militaire consistait à s’emmurer à l’intérieur des murs et attendre le choc comme ce fut le cas à Québec, appliquant la tactique de la terre brûlée. Une stratégie qui n’allait nulle part.
Et pourtant nous pouvions gagner cette guerre!
Dans un essai sur l’invasion de la Nouvelle-France en 1759 (La Bataille de la Mémoire) l’auteur René Boulanger mentionne que nous pouvions gagner la guerre se basant sur quatre facteurs de forces: alliance européenne, alliance amérindienne, système militaire unique, géographie éminemment favorable.
«Pour les miliciens de la Nouvelle- France, la façon de se battre n’était plus de mourir en bataille rangée, mais de tuer sans être tué, en profitant des caractéristiques du terrain. La discipline à l’européenne qui obligeait à marcher à l’abattoir sous le feu ennemi ne trouvait pas preneur.
Agiles, rapides, tireurs d’une grande précision, les miliciens de la Nouvelle-France faisaient l’envie de leurs adversaires américains qui reprochaient aux officiers britanniques de ne pas tenir compte de cette réalité.» (La bataille de la mémoire)
Sources:
-La bataille de la mémoire par René Boulanger
-L'histoire populaire du Québec de Jacques Lacoursière
-Le dictionnaire biographique du Canada
-The Lifes and Times of Washington.
Cordialement