Les bannis s'expriment

Re: Les bannis s'expriment

Message par Francois Delpla » Samedi 15 Juin 2013 13:20:22

quelle salade !

mais avant tout il importe de dégager la piste :
viewtopic.php?f=12&t=1099 .
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Re: Les bannis s'expriment

Message par Francois Delpla » Dimanche 16 Juin 2013 05:49:05

Un nouveau fil de PH sur Barbarossa http://www.passion-histoire.net/n/www/v ... 71#p448571 ignore fâcheusement que, devant l'os inattendu de la présence de Churchill à la tête de l'Angleterre lors de la campagne de France, Hitler a, du point de vue nazi, toutes raisons de tenter le coup même avec des chances faibles de mettre l'URSS au tapis en trois mois.

Ce n'est pas là, de sa part, un calcul, mais un pari sur l'aide de la Providence : nous retrouvons sa folie.

Une nouvelle preuve que certaines exclusions d'hommes sont des exclusions d'idées, et un passeport pour battre librement, c'est le cas de le dire, la campagne.

N'est-ce pas, CNE503 ?
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Re: Les bannis s'expriment

Message par Francois Delpla » Dimanche 16 Juin 2013 10:27:35

De CNE503 toujours, sur le même fil :

CNE503
Sujet du message: Re: Les paradoxes du 3ème Reich.
MessagePosté: 15 Juin 2013 7:52

Vladtepes a écrit:
Donc la Pologne n'avait rien à attendre d'un pays lié par traité et qui ne lèverait pas le petit doigt pour la défendre (ou si peu, car à part Narvik et la Sarre, rien d'efficace). Ce n'est pas ce que l'on peut espérer d'un pays se disant "allié". Les Polonais ont donc été bernés ? ou plutôt sacrifiés ? Triste diplomatie, quand on pense qu'à l'époque l'armée française était jugée comme la plus forte sur le continent européen... :rool: . Quant au temps, il n'a guère joué pour mettre la France à genoux en cinq semaines.
Vlad.



La diplomatie qui ne s'appuie pas sur un outil de dissuasion ou de coercition efficace est creuse. L'armée française était considérée comme la meilleure, mais il faut se rendre à l'évidence : elle avait besoin de temps pour s'organiser, se développer, se renforcer, avant de pouvoir être décisive sur le champ de bataille face à l'Allemagne (disposant d'une armée plus nombreuse). On était sûr qu'appuyée sur la ligne fortifiée frontalière, elle mettrait en échec une invasion, mais absolument pas qu'elle pourrait envahir l'Allemagne avant de longs mois.

Le calcul des hommes politiques, conseillés par les généraux français, était simple : les Polonais doivent tenir un certain nombre de mois, en occupant les Allemands. En ayant la majeure partie de leur armée en Pologne, les Allemands seraient vulnérables à une contre-offensive qui pourrait se développer à partir de la fin septembre ou du début d'octobre au plus tôt. Le pacte germano-soviétique d'une part, en laissant a minima planer la menace d'une invasion soviétique de la Pologne, et les premiers comptes-rendus des combats en Pologne (Varsovie atteinte le 7 septembre, les batailles frontalières tournant au désastre pour l'armée polonaise tronçonnée) d'autre part, ne laissent pas présager d'une résistance polonaise longue.
A quoi bon dans ce cas quitter la protection de la ligne fortifiée frontalière en ayant des unités pas encore mobilisées, un corps expéditionnaire britannique pas encore présent, et aucun intérêt stratégique à s'emparer de territoires allemands (car dans ce cas, on anéantit l'avantage stratégique de la ligne fortifiée frontalière !), alors même que l'on sait que l'armée allemande, mobilisée depuis avril 1939, plus nombreuse et auréolée de ses succès polonais que l'on n'a pas encore analysés, est en train de rappliquer à vitesse grand v ?

Attention, le CEFS et Narvik, c'est avril 1940, pas septembre 1939. Il ne s'agit en rien d'une opération destinée à soulager les Polonais.

Pour le temps qui n'a pas joué, il faut considérer la puissance relative des deux ensembles belligérants sur le front occidental :
- pour les Allemands, ils sont le plus vulnérables en septembre 1939 (42 divisions dont seules une partie est pleinement opérationnelle immédiatement, et une partie non négligeable ne l'est guère). A partir de la fin du mois, ils ne cessent de se renforcer, pour atteindre les 130 divisions en mai 1940. Il aurait donc fallu les attaquer à pleine puissance en septembre 1939.
- pour les Alliés, ils sont le plus faibles... en septembre 1939 ! L'armée française n'achève sa mobilisation - et encore, pour la série A tant la série B est faible et mal équipée, soit une cinquantaine de divisions, sans compter que si la mobilisation est achevée, ce n'est pas le cas de la concentration aux frontières ! - qu'à la fin du mois ; les Britanniques ne se mettent en place qu'à compter de la seconde quinzaine de septembre pour un premier déploiement opérationnel le 11 octobre. C'est donc en septembre 1939 qu'ils sont le moins capables d'une offensive puissante. Ils ne cessent par la suite de se renforcer, et disposent en mai 1940 de plus de cent divisions (sans compter les Belges et les Néerlandais).

Leur atout n'est pas dans le nombre, qui reste en permanence inférieur, après septembre 1939, à celui des Allemands, mais dans le temps : effets du blocus et de la guerre navale, liberté de manoeuvre stratégique qui permet d'envisager une stratégie périphérique, industries de guerre plus productives une fois pleinement mobilisées, apport des empires coloniaux, etc.
En révolutionnant l'art de la guerre par le Blitzkrieg en mai 1940, les Allemands ont mis en défaut ce calcul des alliés occidentaux, mais il était très rationnel et était le plus logique.


En gros, lancer l'opération "Sarre" le 8 septembre 1939 est déjà un signe fort d'engagement, sans aucune intention de faire plus que ce qui a été fait (sauf si une opportunité stratégique se présente, mais à part la désertion massive des unités qui sont opposées aux Français, je n'en vois guère que l'on aurait pu saisir) parce que les moyens disponibles ne le permettaient guère, et que l'intérêt stratégique en était absent. Un geste, rien de plus. Et c'est parfaitement compréhensible.

Avec une armée mobilisée depuis avril 1939 et une BEF présente sur le sol français le 1er septembre 1939, plus aurait peut-être pu être fait, mais on oublie constamment dans ces débats que la mobilisation est un processus complexe et délicat qui impose lourdeurs et lenteurs et au cours duquel la priorité n'est pas d'envisager une offensive, mais de s'assurer que l'adversaire ne profitera pas de la vulnérabilité du pays pour lancer une attaque brusquée (paradigme de la ligne fortifiée frontalière qui conditionne les mentalités stratégiques depuis 1930 et l'abandon du gage du Rhin).


Bref, en 1939-40 l'armée française a fait ce qu'elle pouvait et son gouvernement aussi !

Ce texte est pourtant typique d'un défaut stigmatisé par de Gaulle... dès 1927 ! Il consiste à élaborer des plans excellents sans réfléchir aux initiatives que pourrait prendre l'ennemi. Non seulement sur le plan militaire mais diplomatique : la démarche militairement la plus urgente, avant le 21 août 1939, ne consiste-t-elle pas à disputer Staline à Hitler ? Et Daladier fait-il tout pour cela ?
Evidemment non : l'anticommunisme prime... et il est manié, de main de maître depuis la fin des années 20, par Hitler !
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Re: Les bannis s'expriment

Message par Francois Delpla » Dimanche 16 Juin 2013 19:21:27

Mais non, Puyol !

http://www.passion-histoire.net/n/www/v ... 25#p448625

Puyol
Sujet du message: Re: Les "appeasers" anglais
MessagePosté: 16 Juin 2013 16:02

J'ai créé un fil sur un autre forum, en espérant que de nombreux internautes participeront au débat.

Le titre du fil : London - War Office - 1940

http://deuxiemeguerremondia.forumactif. ... ffice-1940


Pas War Office (le ministère de la guerre c'est-à-dire de l'armée de terre, dirigé par Anthony Eden), War Cabinet !

Faire suivre à qui de droit sur les deux forums si vous êtes adeptes de Clio.
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Re: Les bannis s'expriment

Message par Francois Delpla » Lundi 17 Juin 2013 13:57:56

http://www.passion-histoire.net/n/www/v ... &start=210
Pendant que Raguse essaye en vain de convertir Alain.g à l'orthographe de Clemenceau, le général Estienne est anobli en d'Estienne par Tie-tie et Narduccio est contaminé !
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Re: Les bannis s'expriment

Message par Daniel Laurent » Mardi 18 Juin 2013 03:16:04

Bonjour,
Francois Delpla a écrit :le général Estienne est anobli en d'Estienne par Tie-tie et Narduccio est contaminé !

En voila deux qui auraient du lire la biographie en ligne du général a la page 45 du magazine Dernière Guerre Mondiale no. 7 :
http://derniereguerremondiale.net/DGM7.php
L'article est de moi mais, comme indiqué dans les remerciements en fin d'article, doit beaucoup au colonel Henri Ortholan.
Cordialement
Daniel
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Re: Les bannis s'expriment

Message par Francois Delpla » Mardi 18 Juin 2013 08:42:58

Francois Delpla » Dimanche 16 Juin 2013 19:21:27 toujours pas de correction sur le vert

Le fil PH http://www.passion-histoire.net/n/www/v ... a&start=30 "paradoxes du Troisième Reich" permet d'étalonner les nouveaux modérateurs.

"Jadis" : érudit et pondéré
mais CNE503 semble de plus en plus déformé par des obsessions de logisticien :

CNE503 a écrit :
Sujet du message: Re: Les paradoxes du 3ème Reich.
MessagePosté: 16 Juin 2013 7:07

Je me suis toujours demandé si l'impréparation était telle qu'il n'existait aucun équipement d'hiver, ou si les contraintes logistiques très lourdes nées d'un parc de véhicules n'ayant cessé de diminuer depuis le début de la campagne, l'allongement des lignes de communication et la météo déplorable avaient plutôt empêché la dotation des unités, la priorité étant les munitions, l'armement, la nourriture, l'eau, le carburant, les pièces de rechange.

Ce phénomène s'observera à l'automne 1942, avec une réorientation de toute une armée blindée du Caucase vers Stalingrad en raison du manque de débit logistique des voies de communication exploitables, et une carence logistique lourde vers la 6. Armee engagée dans de durs combats dans la grande ville des bords de la Volga.
Pourquoi pas fin 1941 ?


Non seulement le manque d'équipements d'hiver, fin 41, pourrait être dû à des délais de livraison des peaux de mouton achetées en Espagne, mais la réorientation de l'offensive de 42 du Caucase vers Stalingrad serait due principalement, voire exclusivement, à un réseau de communications plus performant ici que là !

D'une façon plus générale, on aimerait voir intervenir un internaute sensible à une autre réorientation drastique de l'effort de guerre allemand : celle qu'impose la présence et le maintien de Churchill au pouvoir. C'est cela qui induit la tentative désespérée de mettre l'URSS au tapis en trois mois, et qui laisse le Reich dépourvu d'une économie de guerre à la mesure de ses ambitions.

Faute de prendre ce facteur en compte, les interventions laissent implicitement ou explicitement une large place aux interprétations éculées et, surtout, fausses, sur l'incompétence, le désordre, l'aveuglement idéologique e tutti quanti.
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Re: Les bannis s'expriment

Message par Francois Delpla » Mardi 18 Juin 2013 09:21:46

Arrivée sur PH http://www.passion-histoire.net/n/www/v ... 80#p448780 de Michel Cuny http://www.cunypetitdemange.sitew.com/# ... s_sommes.B que j'ai croisé (un tout petit peu) à propos des Aubrac.

Pierma modère (avec des pincettes).

L'instant est solennel !

Souhaitons à tous que la greffe prenne.
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Re: Les bannis s'expriment

Message par Francois Delpla » Mardi 18 Juin 2013 10:05:30

Je verse au débat interrompu brutalement (c'est le cas de le dire) http://www.passion-histoire.net/n/www/v ... &start=150 sur la folie du chef nazi cet extrait de la nouvelle préface de mon Hitler (1999), à paraître en poche fin août :

Sur ce point les analyses de Rudolph Binion, de Brigitte Hamann et de moi-même ont été confirmées par le livre que Thomas Weber a consacré à Hitler soldat et au régiment List dans lequel il s’était engagé en 1914 : il n’est antisémite ni avant ni pendant la guerre (témoin son lien privilégié avec Hugo Guttmann, le commandant en second du régiment), et le devient juste après celle-ci. Les études de Rudolph Binion sur l’importance de la « cure » de Pasewalk ont été, après trente ans de silence, confirmées par diverses publications dans les années 2000 . Signalons toutefois les démentis laborieux d’un certain nombre de psychiatres allemands qui trouvent commode de nier, malgré la mise en évidence de la cure du dr Forster, que Hitler ait jamais rencontré le moindre psychiatre (*) . Cette littérature est imprégnée de moralisme. L’important, pour ses auteurs, semble être que Hitler ait été responsable de ses actes (mais ceux qui constatent sa folie ne songent pas à le nier) et puisse continuer à passer pour un méchant homme : la perpétuation des clichés sur sa paresse, son inculture et sa sottise leur semble moins néfaste, à moins qu’ils n’y adhèrent eux-mêmes, que le constat de sa psychose.

________________________________

(*) Cf. Armbruster (Jan), Edmund Robert Forster (1878–1933). Lebensweg und Werk eines deutschen Neuropsychiaters, Husum, Matthiesen, 2005; du même, “Die Behandlung Adolf Hitlers im Lazarett Pasewalk1918 : Historische Mythenbildung durch einsietige bzw speculative Pathographie”, Journal für Neurologie, Neurochirurgie und Psychiatrie, n° 10, 2009, p. 18-2. En ligne : 3http://www.kup.at/kup/pdf/8276.pdf . Résumé conclusif : « L’absence du dossier médical de Hitler oblige par conséquent jusqu’à plus ample informé à rejoindre Oswald Bumke qui, en tant que psychiatre et contemporain de Hitler, constatait : « La cécité de Hitler était-elle hystérique ? Je ne puis le dire », avant d’ajouter que « Hitler n’avait, c’est sûr, jamais été vu par un psychiatre ». La méfiance de la plupart des historiens apparaît, au regard du séjour de Hitler à l’hôpital militaire de Pasewalk, plus que fondée. Pour un bilan on doit mettre à contribution Peter Theiss-Abendroth, qui conclut ainsi : « Et pourtant, l’austère insécurité de l’ignorance doit prendre le pas sur la fascination des explications simples résultant de présomptions. » Theiss-Abendroth est l’auteur de l’article « Was wissen wir wirklich über die militärpsychiatrische Behandlung des Gefreiten Adolf Hitler ? », Psychiatr Prax, 2008.
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Re: Les bannis s'expriment

Message par CNE503 » Mardi 18 Juin 2013 18:48:54

Francois Delpla a écrit :[...] mais la réorientation de l'offensive de 42 du Caucase vers Stalingrad serait due principalement, voire exclusivement, à un réseau de communications plus performant ici que là !


Jamais l'offensive n'a été réorientée du Caucase vers Stalingrad, puisqu'elle s'y est poursuivie jusqu'en novembre 1942. Puisque vous aimez critiquer ceux qui ne vous citent pas in extenso, vous êtes prié de faire de même.
J'ai juste mentionné qu'une armée blindée, la 4. Panzerarmee en l'occurrence, qui faisait partie du groupement offensif "Edelweiss" du 23 au 30 juillet 1942, a été déroutée le 30 juillet 1942 de son axe de progression plus ou moins nord-ouest/sud-est à l'est de la 1. Panzerarmee sur un nouvel axe sud-ouest/nord-est pour déborder la défense soviétique face à la 6. Armee engagée dans de durs combats dans la boucle du Don, puis pour l'épauler dans sa progression vers Stalingrad.
Et que l'une des raisons principales à cela, avec le raidissement de la résistance soviétique dans la boucle du Don, était qu'avec l'engorgement des flux logistiques vers les têtes de progression dans le Caucase, une telle masse de grandes unités (deux armées blindées et une armée, plus un corps venu de Crimée) était impossible à soutenir. D'où volonté de répartir la charge logistique sur les deux axes de progression : ouest-est vers Stalingrad, et nord-ouest/sud-est vers le Caucase. Malgré cela, la 6. Armee souffrira de carences logistiques lourdes tout au long de ses opérations de conquête de Stalingrad en raison de l'insuffisance de voies de communication à haut débit (essentiellement ferroviaires) entre ses bases de ravitaillement en Ukraine et ses dépôts avancés entre Don et Volga, ce qui explique également son affaiblissement graduel et finalement létal là où les Soviétiques réussiront à concentrer des forces nettement supérieures.

Quant aux peaux de mouton, même remarque que ci-dessus : je n'évoque pas ce point que je n'ai jamais lu nulle part, c'est un autre contributeur qui le fait. Merci encore une fois de ne pas critiquer dans le vide.

Vous pensez qu'en vous montrant inutilement agressif vous reviendrez sous les applaudissements sur PH ?
Vous m'aviez habitué à mieux qu'à une critique si facilement réfutable... D'un autre côté il est vrai que vous et les opérations militaires, ce n'est pas ça, n'est-ce pas François ? Alors pourquoi causer de ce qu'on ne maîtrise pas ?

Fin de la parenthèse en ce qui me concerne.

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Re: Les bannis s'expriment

Message par Francois Delpla » Mardi 18 Juin 2013 19:23:39

on se calme et on boit frais, c'est le jour... du moins à Paris !

Je soulève dans le post incriminé un problème et un seul : tu me sembles t'enfermer dans une "logique logistique" et si mon résumé est jugé insatisfaisant on peut se reporter à ce qu'il résume... et que je cite intégralement.

Quant à l'histoire des peaux de moutons espagnols, je confirme qu'elle avait été soulevée par quelqu'un d'autre mais tu te demandais (voir aussi ma citation) si ces vêtements d'hiver n'étaient pas restés en arrière pour des raisons logistiques : la question n'était pas celle de leur provenance.

En ce qui concerne le rétablissement de mon compte sur PH, j'ai toujours dit que je n'étais pas demandeur. On a simplement le devoir d'abolir une décision mauvaise quand on en a le pouvoir. Et j'espère bien, si cela arrive, que ce sera sans tambour ni trompette ! Nous regarderons vers l'avenir, et prouverons tous par les actes notre respect des chartes.

Pour en revenir à ce dont la situation actuelle prive les "passionnés", à leur insu ou non : à tes raisons logistiques, qui sont à considérer mais ne sont peut-être pas exclusives, il faut ajouter (ou du moins se poser la question de le faire)

-pour la réorientation de certaines troupes (et, me semble-t-il, une priorité donnée brusquement à Stalingrad alors que les deux axes semblaient avoir au départ la même importance) le souci de Hitler de montrer qu'il a toujours l'URSS comme ennemi principal et entend la frapper au coeur;

-pour l'absence de vêtements et autres équipements d'hiver, le souci du même Hitler d'inciter ses troupes à en finir en trois mois.
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Re: Les bannis s'expriment

Message par CNE503 » Mardi 18 Juin 2013 19:53:15

1) Le coeur de l'URSS n'est pas Stalingrad. Stalingrad n'a jamais été vue que comme un point d'ancrage défensif pour protéger les opérations principales menées dans le Caucase, tout comme Voronej plus à l'ouest. Ce n'est qu'à partir de septembre 1942 que l'état-major allemand se focalise sur cette ville et qu'il s'acharne à vouloir s'en saisir dans une réédition dramatique de son erreur de Verdun 26 ans plus tôt, plutôt que de manoeuvrer pour la faire tomber.
Il ne s'agit pas d'attaquer l'URSS au coeur en 1942, mais bel et bien d'aménager ses positions pour pouvoir espérer durer dans ce conflit tant l'Allemagne semble en mauvaise posture. Pour aménager ses positions, il faut du pétrole, pour avoir du pétrole, il faut le Caucase.

L'échec de "Taifun" début décembre 1941 signe la fin du Blitzkrieg : finie l'espérance d'en finir rapidement avec l'URSS. Si les Allemands avaient persévéré dans leur volonté d'achever la guerre rapidement, ils auraient essayé de prendre Moscou et Leningrad en 1942. Or, cela n'a jamais été dans leurs projets. La campagne de 1942 n'est donc pas conçue comme décisive, mais bel et bien comme intermédiaire. Ce n'est plus un Blitzkrieg, une guerre-éclair censée s'achever décisivement au plus vite, mais une campagne à objectifs limités.

2) je maintiens mon étonnement devant cette impréparation au combat hivernal, non pas qu'elle est fantasmée, mais qu'il me semble très bizarre qu'une armée comme l'armée allemande, qui dispose d'unités spécialisées dans le combat en milieu extrême (elle dispose de six divisions de montagne en juin 1941, essentiellement recrutées en Bavière et en Haute-Autriche, plus les divisions légères destinées au combat en zone intermédiaire), n'ait eu aucun effet chaud à envoyer à ses soldats à l'automne 1941. Hitler ne gérait pas ces détails, il y avait une infinité de bureaux au sein de l'OKW ou de l'OKH pour le faire. Que toutes les unités n'aient pu être dotées, c'est une chose, qu'aucune ne l'ait été, c'est... étonnant. Surtout qu'avec l'expérience scandinave d'avril 1940, le problème avait déjà dû être soulevé. Il me semble que dans ce cas, des carences logistiques puissent expliquer un tel manque. Il est d'ailleurs aussi possible qu'une quantité d'effets chauds non négligeable soit restée entassée dans les bases de ravitaillement éloignées pendant qu'on expédiait au plus vite les ressources immédiatement nécessaires au déroulement des combats : munitions, médicaments, pièces détachées, carburant, vivres - sans compter les soldats, les chars et les canons. Mais je pense que l'engorgement logistique, conséquence d'une triple causalité reposant sur l'affaiblissement conséquent du parc automobile des unités du train en raison de son usure après six mois de campagne dans des conditions très dures, l'allongement des élongations due à la progression stupéfiante et ininterrompue des armées allemandes vers l'est et l'inadéquation des réseaux routiers et ferroviaires aux besoins gargantuesques des unités engagées en pleine offensive, suffit à expliquer pourquoi les Allemands n'ont pas su se doter dans les temps des effets nécessaires à leur maintien en ligne, au fin fond de la Moscovie, en plein hiver.
La désorganisation des flux en décembre 1941 est telle que les divisions de nouvelle levée "Walküre", telles la 328. Infanterie Division, sont obligées de faire plusieurs dizaines de kilomètres à pied en plein hiver pour rejoindre le front !

Bref, je me moque bien des peaux de mouton. Je parle d'effets chauds et adaptés au combat en milieu extrême (surtout que l'armée allemande a l'expérience des territoires soviétiques en hiver : elle y a, quoi que sous des longitudes plus occidentales, séjourné entre 1915 et 1918...), quels qu'ils soient et alors même qu'ils existaient dès avant 1941.

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Re: Les bannis s'expriment

Message par Francois Delpla » Mercredi 19 Juin 2013 07:47:12

Stalingrad n'est certes pas le coeur et je ne l'ai pas dit. Mais comme la station de métro, c'est un...

... chemin vers !
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Re: Les bannis s'expriment

Message par Francois Delpla » Mercredi 19 Juin 2013 07:51:41

Tietie006 a écrit :
Sujet du message: Re: Les "appeasers" anglais
MessagePosté: 19 Juin 2013 7:02

A noter que François Kersaudy, dans Les secrets du IIIeme Reich, Perrin, 2013, dans son étude du vol de Hess évoque un vaste programme d'intoxication que les anglais avaient mis en place, dès automne 1940, en direction des autorités allemandes. Sous la direction du MI5, un service connu sous le nom de B1a, gérait plusieurs agents allemands retournés, pour faire parvenir en Allemagne, par divers canaux, des éléments de désinformation. Parmi ces fausses informations, l'idée qu'un fort courant pacifiste était à l'oeuvre, attendant le bon moment pour renverser Churchill.


Ici Kersaudy se conduit en funambule.
Cf. http://www.delpla.org/article.php3?id_article=600

à répercuter sans modération !

Il faudrait notamment demander à Tie-tie si cela le fait un peu bouger dans sa conviction si souvent martelée que Hitler ne savait rien, préalablement, du vol de Hess.
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Re: Les bannis s'expriment

Message par CNE503 » Jeudi 20 Juin 2013 00:40:45

Francois Delpla a écrit :Stalingrad n'est certes pas le coeur et je ne l'ai pas dit. Mais comme la station de métro, c'est un...

... chemin vers !


Non. Prendre Stalingrad, y saigner une partie de l'Armée rouge et couvrir les opérations offensives dans le Caucase en en permettant le succès n'aurait en rien représenté un pas supplémentaire vers la victoire. Cela aurait représenté un délai dans la marche vers la défaite.
L'hiver 1941-1942 a laissé l'Ostheer exsangue, et l'état-major allemand dans la certitude qu'une victoire rapide est impossible, voire même une victoire décisive tout court. Hitler en est persuadé également, et braque son regard vers le second front que les alliés anglo-américains, soutenus par leur empire et leur potentiel industriel sans comparaison, ne sauraient tarder à ouvrir. Il s'agit donc désormais de durer. Et pour durer, il faut aménager au mieux ses positions et posséder les ressources nécessaires à l'entretien de la guerre, au premier chef du pétrole.
Stalingrad n'est pas un chemin vers le coeur de l'URSS, Stalingrad est un accident, un choix mal maîtrisé, fruit des aléas d'une campagne sans objectif stratégique décisif identifié, dans le cadre d'une campagne qui ne vise pas à mettre l'URSS à genoux, mais bel et bien à retarder l'échéance encore éloignée qui verrait l'Allemagne passer sous les fourches caudines de vainqueurs impitoyables.

Bref, une grave erreur, en tout cas à partir du moment où le premier objectif de la campagne, la réédition des Kesselschlachten de l'année précédente entre Donetz et Don, est manqué (mi-juillet 1942).

Je le répète, en 1942, l'armée allemande renonce au Blitzkrieg qui a permis ses succès foudroyants des années précédentes. Elle en décline encore les principes tactiques, mais au niveau stratégique, il ne s'agit plus d'une "guerre-éclair" puisque rien dans la campagne ne permet de préjuger que l'URSS ploiera si les objectifs sont atteints. Renoncer à s'emparer des centres de décision politico-militaires, l'une des étapes principales du Blitzkrieg ouvrant la voie à l'effondrement psychologique et à la disparition de la volonté de résistance de l'adversaire, c'est renoncer à pratiquer le Blitzkrieg à l'allemande. C'est tacitement reconnaître que l'on n'en est plus capable.

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