http://www.passion-histoire.net/viewtop ... 01#p516601Poursuite du débat entre CNE et Elviktor sur le maintien de l'offensive "Taifun" vers Moscou à la mi-novembre 41 malgré les difficultés qui s'accumulent et les officiers qui râlent.
Après avoir attribué toute la responsabilité aux généraux von Bock et Halder, CNE daigne parler de leur maître :
Quant au rôle de Hitler : il pousse à l'offensive, oui, mais Halder n'a absolument pas besoin de lui pour la réclamer et l'imposer à ses subordonnés. Et puis ça n'aurait pas été la première fois qu'il s'oppose sèchement au Führer depuis son accession au poste de chef d'état-major de l'armée de terre le 31 octobre 1938, si ça n'avait été qu'une exigence de Hitler... Or, ce n'est pas Hitler qui ordonne la tenue de la conférence d'Orcha, pas Hitler qui établit les objectifs délirants de "Taifun" début novembre, pas Hitler qui dirige personnellement la bataille (d'ailleurs, il est absent au cours de la période cruciale du 2 au 5 décembre 1941, s'étant déplacé jusqu'à Mariupol pour "régler" la succession de Rundstedt, limogé après son retrait sans autorisation de Rostov le 24 novembre). Il est possible, si Halder, avec Bock, relayant l'avis de la totalité des chefs d'état-major concernés par l'opération, et d'une partie des chefs d'armée ou de groupement blindé, avait défendu cette option de s'arrêter pour l'hiver, qu'Hitler se soit laissé fléchir et ait pu autoriser la prise des quartiers d'hiver mi-novembre. Cela aurait été un échec en soi, surtout après les déclarations triomphantes de la propagande nazie mi-octobre, mais cela aurait permis de mieux parer la contre-offensive soviétique de début décembre, donc d'y subir moins de pertes (tout en en infligeant plus à l'Armée rouge) et d'y laisser moins de terrain. Cela aurait permis à l'Ostheer d'être plus forte en 1942, et cela aurait ouvert des possibilités nouvelles pour l'offensive de printemps ou d'été. On voit mal de toute manière l'intérêt de poursuivre l'offensive une fois qu'il est évident que la relance de "Taifun" est un échec, et qu'elle reste enlisée dans les congères moscovites, alors qu'accepter l'évidence aurait au moins permis de reposer les troupes, d'améliorer leurs lignes de défense et de réorganiser la logistique sur une base établie.
Le curieux hors sujet d'une absence de Hitler du QG trois semaines plus tard (du 2 au 5 décembre) ne fait qu'attirer l'attention sur le fait qu'autour du 15 novembre il est bel et bien en train de commander Halder et Bock. L'initiative de ces deux-là revient à ne pas se rebeller, et l'initiative de Hitler à ne pas taper du poing sur la table lorsqu'ils sont dociles. D'autre part, étant plus près du bon Dieu que les autres, ils ont appris ce qu'était la "volonté du Führer" et ce qu'il en coûtait d'efforts stériles quand on le contredisait sur un point où il avait décidé d'être inflexible.
Si tu tiens absolument à donner une responsabilité personnelle à ces valets, pourquoi donc aller chercher un désir de figurer dans l'histoire au niveau de Napoléon ou de Moltke ? Il est plus raisonnable, et plus conforme à la structure de commandement de la Wehrmacht, de stigmatiser leur reptation, et la propension de l'être humain à présenter comme librement et habilement choisie une obligation à laquelle il n'a pas osé se dérober.