Duc de Raguse a écrit :Il existe une définition
Une définition juridique datant de la période 1944-1948.
Duc de Raguse a écrit :Comment pouvez-vous seulement poser la question ? Le concept est contemporain des éléments qu'il englobe dans sa définition.
Duc de Raguse a écrit :Comment pouvez-vous seulement poser la question ? Le concept est contemporain des éléments qu'il englobe dans sa définition. C'est la Shoah qui crée justement la notion de génocide - tout comme de crime contre l'Humanité - à ce titre votre question est soit illogique, soit dénué de sens.
Duc de Raguse a écrit :je pense que c'était l'argument ultime : le négationnisme. Poser cet infect dénominateur sur la tête de quiconque est l'arme de destruction massive.
Même en tentant de me justifier, je fais comme s'il y avait un soupçon !
Bravo, en tout cas, l'effet est gagnant.
Duc de Raguse a écrit :Il existe une définition
Une définition juridique datant de la période 1944-1948.
Francois Delpla a écrit :avec l'obligation qu'on prétend imposer d'en passer par les appréciations du tribunal international.
on n'a pas, en histoire, comme dans n'importe quelle activité cognitive, à se sentir tenu, dans la définition des concepts, par une instance non scientifique quelconque.
Duc de Raguse a écrit :
Personnellement, avec compte désactivé ou pas, je quitte ce forum .
Francois Delpla a écrit : (...) je voudrais enfin commenter le texte d'Edouard Husson, en souhaitant que des gens plus ouverts (...), et vraiment passionnés d'histoire, me donnent la réplique :François Delpla a développé une oeuvre historique anti-conformiste. Quand toute la corporation des chercheurs en histoire ne s'intéressait qu'aux phénomènes de "radicalisation cumulative de la violence" dans les institutions du IIIè Reich, il a renouvelé l'analyse du comportement hitlérien et rappelé utilement qu'on avait toujours tendance à minimiser les capacités manoeuvrières du dictateur nazi. Comme l'avait dit le politiste Karl-Dietrich Bracher il y a quarante ans, "l'histoire du nazisme est d'abord celle de sa sous-estimation", à commencer par la sous-estimation, jadis par les dirigeants aujourd'hui par les historiens, de Hitler lui-même. L'étude la plus magistrale de Delpla est peut-être celle qu'il consacre à l'arrêt des blindés allemands avant Dunkerque, sur ordre de Hitler. Les généraux allemands après la guerre, relayés par beaucoup d'historiens, ont affirmé qu'il s'était agi d'une magistrale erreur du dictateur, qui avait manqué l'occasion de faire prisonnière l'armée britannique. Delpla montre au contraire le calcul stratégique hitlérien, parfaitement dosé: laisser une partie des troupes britanniques se rembarquer tout en pouvant reprendre l'offensive à tout moment, c'est envoyer un signe au parti de l'appeasement resté très fort après le début de la guerre, en particulier sous l'impulsion de lord Halifax; et, comme le montre Delpla, il s'en fallut de peu, dans les jours qui suivirent, que Churchill ne fût mis en minorité au sein du Cabinet. Autrement dit, Hitler a failli gagner son pari d'une entente avec l'Angleterre sur la base "respect de l'Empire britannique par l'Allemagne/ Acceptation par la Grande-Bretagne de la création de l'Empire européen continental de l'Allemagne". L'oeuvre de Delpla regorge de renouvellements historiographiques de ce genre. Je ne partage pas toutes ses thèses mais je les trouve toujours stimulantes.
Notre débat de lundi dernier, lors de la soutenance d'habilitation, a porté en grande partie sur ma répudiation du fonctionnalisme, qui forme l'axe du mémoire d'auto-histoire (publié sous peu par Daniel Laurent en hors-série de son magazine La Dernière guerre). Aucun des six membres, très divers, du jury, n'a émis sur ce point d'objection. C'est là un véritable événement historiographique. L'enjeu est en effet de taille, et il convient de l'expliciter.
L'époque où "toute la corporation des chercheurs en histoire ne s'intéressait qu'aux phénomènes de 'radicalisation cumulative de la violence'" couvre en effet (à quelques exceptions près, dont je parlerai plus loin) le dernier tiers du XXème siècle. En d'autres termes, dans une tradition inaugurée par le Behemoth de Franz Neumann, on décrivait le Troisième Reich comme un gros ectoplasme sans direction ou presque, assumant sans fin les conséquences de ses propres inconséquences. On a vu cependant vers 1990 apparaître une génération de "fonctionnalistes modérés", illustrée notamment par les noms de Philippe Burrin, Christopher Browning et Ian Kershaw. Ils prétendaient continuer sur la lancée précédente tout en redonnant un bout de rôle, et à Hitler, et à l'idéologie nazie. Outre ses inconvénients dans l'écriture de l'histoire proprement dite, ce positionnement paralysait la réflexion en s'interdisant, et en prétendant interdire, toute critique du fonctionnalisme pur et dur de la période précédente, favorisant ainsi sa survie chez de jeunes, et parfois très jeunes, chercheurs, comme Florent Brayard et, d'une façon plus générale, la plupart des germanistes de l'Institut d'histoire du temps présent (IHTP).
Pour parler un instant de moi-même, je n'ai ni la vocation de la solitude, ni celle du martyre. De ce point de vue, l'adjectif "anti-conformiste" employé par Edouard Husson peut induire en erreur. Si j'ai fait tout ce que j'ai fait et tracé une route apparemment solitaire, c'est en recevant à chaque fois de très solides appuis... de gens qui ne faisaient pas autorité dans les domaines précis dont je traitais mais avaient une connaissance suffisante de l'histoire et de ses méthodes, et avaient lu mon travail de suffisamment près, pour que leur approbation me donne une grande assurance. Je pense notamment à des gens qui, après leur agrégation d'histoire, avaient suivi des chemins divers, comme Madeleine Rebérioux, Pierre Dhers ou Lucie Aubrac. Il y eut aussi le soutien de Jean-Louis Crémieux-Brilhac, fort mesuré au début mais total à partir de 2000 et de mon livre sur le 18 juin, qu'il avait relu de près avant parution. Et bien entendu l'intérêt vigilant d'Edouard Husson, à partir de 1998. Juste avant qu'il ne s'impose comme un spécialiste.
Qu'est-ce que j'ai fabriqué au juste ? D'abord j'ai découvert l'intelligence de Hitler. Elle n'était pas, auparavant, tout à fait inconnue mais son constat était resté marginal. Le monceau de sottises incohérentes qui tenait lieu de consensus à propos de l'arrêt devant Dunkerque en fournit une excellente illustration, ainsi que les ventes de ma Ruse nazie (1997), mon plus bel échec commercial à ce jour. Comme un bonheur n'arrive jamais seul, je viens de me voir passer commande d'un article sur le Haltbefehl dans un organe de grande diffusion, à paraître au printemps prochain. Hitler, donc, était intelligent; il possédait un art de dérouter l'adversaire rarement égalé dans l'histoire, avec cette particularité d'arriver à masquer ce talent... et cela, c'est la vérité historique la plus facile à prouver, puisqu'il n'y a qu'à regarder, autour de soi, la foule de ceux qui n'ont toujours pas compris.
Après l'intelligence, il m'est revenu de cerner la folie de Hitler. J'ai certes toujours caractérisé son idéologie comme délirante mais je voyais mal, jusqu'à 2010 environ, le caractère très individuel que, comme toute psychose, revêtait ce délire. Il y fallait un moment déclencheur. J'avais certes été l'un des très rares à remarquer et à saluer l'oeuvre de Rudolph Binion, dès ma biographie de Hitler publiée en 1999, mais j'étais loin alors d'en tirer toutes les conséquences, et pensais avant tout que les soins du psychiatre avaient fortifié sa confiance en lui. Je n'ai compris que vers 2010 qu'il était alors, en l'espace d'un an au maximum, devenu radicalement autre, et s'était organisé pour se mouvoir en même temps dans le monde réel et dans son monde à lui. Décisive avait été à cet égard l'exploration de sa vie privée, entreprise autour de 2005 sur la commande d'un éditeur. Jusque là on souriait volontiers de son comportement avec les femmes et du fait qu'il les fréquentait platoniquement. J'ai à la fois montré qu'il menait (avec Eva Braun) une vie sexuelle apparemment banale, et que son besoin de présences féminines sans finalité sexuelle procédait du souci de se rassurer en permanence sur l'existence et le bien-fondé de sa "mission". Bref, c'était à la fois un très grand stratège et un pauvre type... et c'est bien la combinaison, parfaitement inédite à ce niveau de pouvoir, des deux, qui avait été à la base de ses succès.
A vous !
Sujet du message: Re: Le massacre des Héréros : premier génocide du XX° siècle
[...]
Ce n'est pas le nombre qui compte. Je peux réaliser un génocide en tuant 1 seule personne. Je peux tuer 1 000 000 personnes sans que ce soit un génocide.
Duc de Raguse a écrit : vous vous étiez très mal comporté sur PH
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