Nouveau fil sur Barbarossa
http://www.passion-histoire.net/viewtop ... b399789c18 , où CEN fait valoir ses compétences historiques et logistiques pour dégager un moyen, qu'il juge lui-même hypothétique, de victoire allemande (en attaquant sur un seul axe, vers Moscou). En négligeant le tableau mondial, et les calculs de Hitler (espérer très fort un effondrement politique et, à défaut, contraindre Staline à la paix en occupant l'Ukraine).
Je préfère me concentrer sur ceci, qui n'a pas encore suscité de commentaires
http://www.passion-histoire.net/viewtop ... b399789c18 :
JPdeRouen
Sujet du message : Tractations britanno-niponnes en 1942?
Message Publié : 11 Oct 2020 15:00
Le point d'interrogation a son importance. Dans un vieux livre d'Andrieu d'Albas nommé "Marine impériale" qui raconte la guerre du Pacifique du point de vue de la marine japonaise, j'ai trouvé p.67 l'information suivante: après la chute de Singapour, la Grande Bretagne aurait fait des ouvertures de paix séparée au Japon. Cette paix aurait été basée sur les conditions suivantes: rétrocession de la Malaisie et de Singapour au Royaume-Uni, reconnaissance britannique de la prépondérance japonaise sur la Chine du nord (voire même du Mandchoukuo), entremise britannique pour réconcilier Japon et USA. Cette tentative aurait avortée du fait de Tojo, grisé par la vague de victoires japonaises du moment, qui y aurait coupé court. Cette réaction de Tojo me paraît compréhensible: on voit mal le Japon rendre Singapour si peu de temps après une conquête aussi triomphale
Etant donné que c'est le seul ouvrage que j'aie lu qui fasse part de cette négociation, je pose les questions suivantes:
1): un autre auteur, francophone, anglophone, japonais ou autre en fait-il mention?
2): quelle peut être la source de l'auteur? Japonaise, je suppose, parce que si ces tractations ont vraiment eu lieu, j'imagine mal Londres le reconnaître publiquement, du moins avant longtemps.
3): existerait-il des documents qui laisseraient penser que ces tractations ont vraiment eu lieu?
4): si c'est le cas, Churchill en est -il à l'origine ou bien le Foreign Office a-t-il agi à l'insu de Winston. Ce dernier étant sévèrement malmené aux Communes en cette année 1942, certains ont croire sa chute sur le point d'arriver et prendre des initiatives derrière son dos.
5): quel aurait pu être le canal d'une telle négociation, qui doit être d'une discrétion totale, sachant que le renseignement US interceptait quasiment tout le trafic diplomatique japonais et que cela se savait à Londres?
Si les Anglais ont vraiment fait cette ouverture et que les Américains en aient eu vent sans le laisser paraître, cela ne pouvait qu'aggraver les tensions entre les deux alliés et exacerber la propension américaine à soupçonner les anglais de vouloir récupérer leur empire à tout prix (ce qui n'était pas faux) et contribuer à faire du front Birmanie/Inde la cinquième roue du carrosse, toujours servi en dernier.
Emmanuel Marie Auguste ANDRIEU D'ALBAS (1894 - 1969), que je découvre
http://ecole.nav.traditions.free.fr/off ... manuel.htm , est sans doute l'un des rares officiers japonisants des forces armées françaises. Ses ouvrages sur la marine nippone valent probablement le détour.
Il faut considérer comme très improbable une scission des milieux dirigeants britanniques telle qu'une ouverture de paix serait faite au Japon à l'insu de Churchill dans les semaines, critiques pour lui, qui suivent la prise de Singapour. Reste la question : et à sa connaissance ? C'est encore plus improbable, tant il est obsédé par souci de vaincre le nazisme et tant il considère l'alliance américaine comme vitale pour ce faire, au point de soumettre humblement à Roosevelt sa stratégie et ses plans.
Je souscris donc à l'idée que la source est probablement japonaise. Dès lors, une logique apparaît. Ce seraient les forces dites pacifistes du Japon (en fait, opposées à cette guerre-là), dominées de justesse en 1941, qui mijoteraient leur revanche.
La consigne churchillienne d'un "absolute silence" aux postes diplomatiques approchés dans les pays neutres
par des agents allemands porteurs de propositions de paix (consigne donnée juste après le remplacement de Halifax par Eden)
aurait été étendue au cas du Japon (ce serait logique)
et des diplomates japonais partisans de la paix auraient fait des ouvertures (en Suède, en suisse, en Turquie ou n'importe où)
et déduit du silence anglais que Londres ne disait pas "no".
A transmettre à JP de Rouen, qui peut utiliser ces données à son gré.
De mon côté, étant en contact avec Jean-Louis Margolin, je lui soumets la question.