Les bannis s'expriment

Re: Les bannis s'expriment

Message par Francois Delpla » Jeudi 02 Mai 2013 06:33:31

quiz : c'était Vlassov !
La question se confirme beaucoup trop lâche, ne permettant pas du tout de cerner son objet. Pas de quoi fouetter un chat mais les auteurs de réponses intelligentes seraient fondés à faire une remarque.

http://www.passion-histoire.net/n/www/v ... &start=225
Reprise du débat sur la folie de Hitler !Il avait contribué, fin janvier, au bannissement de Daniel (qui avait offert bêtement le prétexte d'une contestation publique de la modération, mais n'avait pas épuisé le contingent des avertissements prévus). Mais le plus intéressant dans ces pages est l'hypercriticisme des sieurs Raguse, Hektor et quelques autres. A partir de l'information (fausse) que la cure de Hitler à Pasewalk serait connue par un document unique, les précités édictent le principe totalement anti-scientifique, inspiré d'une logique juridique : un seul document, pas de vérité. La dérive de PH connaît là une de ses plus belles illustrations.

A présent on oblique sur une question fondamentale et très peu déflorée : l'influence de Wagner sur l'antisémitisme hitlérien.

Winston Ch. a écrit :
Sujet du message: Re: Hitler: vie, personnalité
MessagePosté: 01 Mai 2013 10:58

Dans le numéro du 30.03.2013, Der Spiegel évoque l'influence de Wagner sur Hitler. Je savais qu'Hitler l'adorait fanatiquement, mais l'hebdomadaire dit que l'antisémitisme du compositeur aurait joué un rôle important dans la haine d'Hitler envers les Juifs. Sans remettre en cause le sérieux de ce journal, j'aimerais avoir des précisions des spécialistes — vous, en l'occurrence — et des rectifications, si tout n'est pas juste.


C'est Alain.g qui, sans complexe, joue au spécialiste ! Parmi les perles de son collier :

Hitler était effectivement entiché de Wagner mais, à ma connaissance, s'il prenait chez lui le culte de la force, de la grandeur et des dieux germaniques, par contre son antisémitisme était venu à lui par d'autres canaux.
L'antisémitisme hitlérien était plus complexe que le vieil antisémitisme traditionnel allemand repris par Wagner, Hitler insistait notamment sur la liaison entre les juifs et le bolchevisme, les juifs et le capitalisme américain, la démocratie qu'il méprisait, comme le christianisme qui affaiblit, thème nietzschéen.


Pédant, va !
Dévot de sainte Approximation !

Oui, l'antisémitisme de Wagner a plu à Hitler, certainement, il retrouvait ses propres idées, mais il avait en tête des idées antisémites étrangères à Wagner comme l'anti-capitalisme, l'anti-bolchevisme évidemment, la haine de la démocratie dite juive ...
Il existe une littérature abondante sur les sources de l'antisémitisme des nazis: elles sont nombreuses. Vous en avez une idée sur le net.


Le type même du butinage sans discernement sur Wiki !

Les nazis synthétisent et renforcent les diverses sources d'un antisémitisme violent pour en faire un mythe après la PGM. Hitler avait ses lubies, qui tournaient à la lutte des races pour la survie.


Il dit même parfois des choses presque justes ! Ici il suffirait d'inverser : de partir des lubies personnelles et de décrire le parti comme leur vecteur.

Il existe une boutade jalouse et méchante de Roosevelt sur Churchill : "il a cent idées par jour dont trois ou quatre bonnes, mais il ne sait pas lesquelles". Cela s'applique ma foi assez bien aux pédanteries mal encadrées sur le Troisième Reich.

Il urgerait d'intégrer ou de réintégrer quelques compétences !
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Re: Les bannis s'expriment

Message par Francois Delpla » Jeudi 02 Mai 2013 13:42:35

Le bouquet n'a pas tardé :

Tonnerre a écrit :
Sujet du message: Re: Hitler: vie, personnalité
MessagePosté: 02 Mai 2013 8:58
Citation:
ainsi que des textes comme l'Essai sur l'inégalité des races humaines du Comte de Gobineau



Ce n'est pas parce que wiki le dit que c'est vrai.
Gobineau (qui n'était pas comte, c'est un titre "de courtoisie") a eu quelques lecteurs en Allemagne au XIXème siècle mais il ne figurait pas--et pour cause--parmi les penseurs de références nazis et sentait même le soufre à leurs yeux pour plusieurs raisons:

- il classe les juifs parmi les races d'élite (pas tout à fait au niveau des Arians sic mais presque) et souligne leurs grandes qualités: "un peuple libre , fort, intelligent, ayant fourni au monde autant de docteurs que de marchands".
- il considère que toute pratique raciste (ségrégation etc) est vaine car selon lui, le métissage des "races supérieures" avec les "races inférieures" est inévitable--et est déjà largement réalisé à son époque.
Ce qui est intéressant avec Gobineau, c'est qu'il est souvent cité lorsque l'on évoque les sources théoriques de l'idéologie raciste moderne, mais que personne ne se donne jamais la peine de le lire-- et que de ce fait, les même clichés complètement faux (Gobineau référence du nazisme) sont constamment recyclés.


Et c'est pour avoir osé résumer une prose de ce pédant grotesque que j'ai été chassé !
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Re: Les bannis s'expriment

Message par Francois Delpla » Lundi 06 Mai 2013 07:20:21

Rectificatif : on trouve bel et bien chez Gobineau (dont la rigueur philologique n'était pas la qualité maîtresse) le vocable "Arians", concurremment à "Aryans", pour désigner les "Aryens", alors qu'en général les auteurs français ont soin d'utiliser un "y", pour les distinguer des partisans de l'hérésie chrétienne fondée par Arius.

Pour le reste, Tonnerre a le grand tort de minorer l'influence de Gobineau sur les nazis, via Chamberlain en particulier. Il est bel et bien l'artisan principal de l'idée de "race pure" et celle-ci n'est pas marginale ! Il semble que sans le dire Tonnerre soit influencé par le travail réhabilitateur de Jean Gaulmier, aussi précieux pour connaître qui était vraiment Gobineau que discutable dans l'analyse de son influence.

Cela dit, il ne faut pas oublier que la folie hitlérienne recompose tout cela en une idéologie et une pratique toutes personnelles.
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Re: Les bannis s'expriment

Message par Francois Delpla » Lundi 06 Mai 2013 08:13:13

Le nouveau fil de PH sur les rapports germano-polonais des années 30 http://www.passion-histoire.net/n/www/v ... 99&start=0 a suscité l'inscription d'un nationaliste polonais rigide, Guy Crouchback :

Guy Crouchback a écrit :
Sujet du message: Re: Alliance Allemagne - Pologne
MessagePosté: 04 Mai 2013 11:30


Inscription: 04 Mai 2013 10:48
Messages: 11
Localisation: Pologne


Hitler offrait plusieurs fois l'alliance Allemagne-Pologne, mais la Pologne
a refusé cette alliance pour la seule raison: notre foi en France comme
superpuissance européenne était énorme, et dans la conséquence nous
avons préféré la France comme un allié. Nous nous sommes trompés.
Nous avons payé le prix.

En tous cas, je crois que, malgré le prix, nous avons choisi bien et la Pologne
a émergé de la Seconde Guerre Mondiale mutilé, trahie par ses "alliés", mais
avec l'honneur.


C'est là refuser de voir que Hitler joue au chat et à la souris avec Pilsudski puis Beck; il les compromet par un pacte d'amitié, puis par le pourboire de Teschen au lendemain de Munich (dont Crouchback a l'audace de faire un problème purement polono-tchécoslovaque !). Plus discutable encore, pour faire des Polonais des chevaliers blancs antinazis, il n'hésite pas à opposer leur comportement à celui d'autres Slaves, sans tenir le moindre compte des contextes :
Guy Crouchback a écrit :
Sujet du message: Re: Alliance Allemagne - Pologne
MessagePosté: 04 Mai 2013 13:13

Vladtepes a écrit:
Les Polonais seront toujours des Slaves pour le Aryens.



Ce n'était pas un problème: les Croates et les Slovaques sont aussi des Slaves mais ils
étaient les alliés d'Hitler, n'est-ce pas? Il y avait aussi les divisions SS slaves (comme
la Ukrainienne SS-Galizien par exemple).


CNE503 04 Mai 2013 14:30 fait observer que le livre de Rolf Dieter Müller et son interview dans le dernier Guerres et Histoire montrent que sa thèse repose essentiellement sur des Kriegspiele de l'armée allemande et que ce type de document est bien impuissant à prouver une volonté politique (en l'occurrence, l'acharnement nazi à rechercher une complicité polonaise, avant mars 39, pour un assaut commun contre l'URSS, et le refus vertueux d'une Pologne soucieuse de ne fricoter avec aucun des deux totalitarismes voisins).

Grain de sel d'Elgor 05 Mai 2013 10:26 trouvant que les Kreigspiele ne valent effectivement pas tripette comme preuve mais que la thèse d'une recherche d'alliance polonaise par le Troisième Reich n'a rien d'invraisemblable !

CNE 05 Mai 2013 10:36 alors sombre dans une noire ambiguïté :

Mmmh, attention à l'erreur grave qui consisterait à penser que Hitler voulait la ruine de l'URSS avant d'avoir réalisé la "Grossdeutschland" pangermanique. Chronologiquement, cet objectif est le premier, et tous ses efforts dans les années 1930 visent à l'atteindre. Or, pour ce faire, il faut revenir sur certaines conditions les plus humiliantes du traité de Versailles, celles qui ont obligé l'Allemagne à céder d'importants territoires orientaux à la Pologne (Prusse-occidentale, province de Posen, etc) alors même que l'armée allemande était capable de l'empêcher, puis après elle en dépit des succès des Freikorps dans la défense de la Basse-Silésie, en 1920-1921.

Deux solutions pour ce faire : 1) une solution diplomatique négociée par laquelle la Pologne cèderait volontairement, contre compensations territoriales à saisir sur un autre pays avec l'aide de l'Allemagne ; 2) une solution militaire, par la conquête de ces territoires sur la Pologne.

Il est douteux que les Polonais aient pu accepter la première solution, étant donné leur fort irrédentisme reposant sur le vif ressentiment né des partages successifs de la Pologne, de 1772 à 1794, la certitude que ces territoires sont polonais et nécessaires à l'existence de la nation polonaise (bassins industriels et miniers de Silésie, façade maritime, etc) et l'incertitude liée à ces territoires à conquérir (dont les nationalistes polonais considèrent d'ailleurs qu'ils sont leurs - je rappelle qu'au XVIe siècle le royaume de Pologne-Lituanie s'étend de la Baltique à la Mer noire).
De plus, il est douteux que les Allemands aient accepté un compromis reposant sur l'extraterritorialité seule du corridor de Danzig. Bref, la solution 2 était inévitable, même si des manoeuvres diplomatiques auraient peut-être pu la retarder quelques temps.


Mais non, Loïc, il n'y a pas d'objectifs premiers ou seconds ! Il y a une seule et même démarche de tromperie, visant à ce que l'Allemagne agresse la Pologne en 1939 dans les meilleures conditions diplomatiques et militaires, afin de s'en prendre à la France, de neutraliser l'Angleterre puis de coloniser à loisir le monde slave.
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Re: Les bannis s'expriment

Message par Francois Delpla » Lundi 06 Mai 2013 17:54:40

d'un ex-porte-flingue de Raguse :

Mauser a écrit :
Sujet du message: Re: Alliance Allemagne - Pologne
MessagePosté: 06 Mai 2013 13:02

John Toland en parle en quelques lignes dans son Hitler en collection bouquins. Sa conclusion reste que Hitler aurait déclaré qu'il aurait pu s'entendre avec le Maréchal Pidulsky mais pas avec son successeur.
Maintenant quid de la grande Pologne qui empiétait largement sur l'Ukraine. Ici je ne souviens plus de ma source.


Entre "Pidulsky" et Beck, on n'aurait pas fait passer une feuille de papier à cigarette !
C'est Hitler qui ne s'est pas conduit pareillement en 1934 et en 1939 : entre-temps le fruit avait mûri, et il l'a cueilli.
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Re: Les bannis s'expriment

Message par Francois Delpla » Mardi 07 Mai 2013 01:19:53

Loïc fourbit sans doute sa réponse : en attendant, le débat s'enlise sur les chances que la Pologne ne soit pas écrasée et le rythme auquel elle l'a été.

Et qui va tordre le cou au mythe de la guerre préventive proposée en vain par Pilsudski à la France en 1933 ?

Zephyr a écrit :
Sujet du message: Re: Alliance Allemagne - Pologne
MessagePosté: 06 Mai 2013 20:55


Le Maréchal Piłsudski avait envisagé une guerre préventive dès 1933 contre "Monsieur le Chancelier", sans rencontrer d'écho de la part des Occidentaux. Les cryptographes polonais travaillaient sur le chiffre allemand (Enigma) depuis les années 20.


Quant à Enigma, il s'agit d'une collaboration franco-polonaise, normale dans le cadre de l'alliance conclue en 1921 et, comme indiqué, antérieure au nazisme. En faire une preuve des choix antinazis de Pilsudski est dévoiler qu'on manque de munitions pour les prouver, et fait avec le peu qu'on a.
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Re: Les bannis s'expriment

Message par CNE503 » Mardi 07 Mai 2013 05:29:24

François,

Si je veux bien admettre que le terme "objectif" est peut-être trop formel pour désigner les étapes successives de la maturation du III. Reich, il n'empêche qu'il est évident, à mon sens, qu'Hitler ne peut envisager de régler son compte à l'URSS avant d'avoir réalisé la Grossdeutschland. Pour ce faire, cela lui impose de mettre au pas un certain nombre de pays, parmi lesquels l'Autriche, la Tchécoslovaquie, la Pologne, la France, la Belgique et le Danemark.

Donc, je ne change pas le sens de mon message : il était complètement illusoire de vouloir s'attaquer à l'URSS et au "monde slave" sans d'abord s'en être pris à ses voisins immédiats, pour des motifs pangermanistes ou pour des raisons géostratégiques.

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Re: Les bannis s'expriment

Message par Francois Delpla » Mardi 07 Mai 2013 07:25:32

Ce que je veux dire, c'est qu'il faut choisir entre deux thèses :

-l'une, classique, et encore réactivée par le best-seller de Timothy Snyder, consistant à dire que le scénario des relations germano-polonaises entre 1933 et 1939 n'était pas écrit d'avance. Ici, deux variantes : soit Hitler a hésité, puis tranché en faveur d'une attaque plutôt que d'une alliance; soit Hitler a proposé avec constance une alliance, en vue d'une guerre commune contre l'URSS, et Pilsudski puis Beck ont vertueusement refusé, conduisant Hitler à changer son fusil d'épaule, et à programmer une attaque, très tard (vers mars 1939).;

-l'autre, moins classique mais plus exacte, consistant à montrer un Hitler qui joue au chat et à la souris avec les dirigeants polonais. Il les amène au pacte de 1934, propre à refroidir leurs relations avec la France comme avec la Russie, puis il orchestre la rupture de mars 39; au passage, il a achevé de presser le citron polonais pendant la crise des Sudètes en dressant Varsovie contre Prague, en échange du pourboire de Teschen.


Rappel.- Ce fil n'est qu'un pontage de ce que j'ai appelé la thrombose : il est destiné à montrer de quoi l'arbitraire raguséen prive jour après jour à leur insu les "passionnés", et à inciter ceux d'entre eux qui passent par là à en informer les autres.
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Re: Les bannis s'expriment

Message par Francois Delpla » Mardi 07 Mai 2013 17:31:12

Un vieil échange sur Histoforums : http://www.delpla.org/article.php3?id_article=156 .

Il n'a pas pris une ride sauf que depuis j'ai découvert une pépite dans les mémoires de Wagener : c'est Pilsudski qui prend l'initiative d'un rapprochement avec Hitler et ce... vers 1930 (la précision chronologique n'est pas le fort de ces mémoires écrits de mémoire dans un camp anglais en 1946) !

Extrait de mon dernier livre http://www.delpla.org/article.php3?id_article=579 :

Juste après cette conversation, Wagener relate la
visite au siège munichois du parti nazi d’un juriste
polonais, dont il a oublié le nom. En l’absence de
Hitler et de Hess, c’est lui qui le reçoit et ils ont une longue
conversation. Le visiteur se présente comme un envoyé du
maréchal Pilsudski, qui préside aux destinées de la Pologne
depuis son coup d’État de 1926.
Pilsudski, d’après le visiteur, suit avec sympathie l’ascension
du mouvement hitlérien, qui lui rappelle sa propre jeunesse
de patriote polonais. Cependant, il s’inquiète des dangers
du chauvinisme, rançon inévitable d’une « renaissance
nationale ». En conséquence, il voudrait ouvrir au plus vite
la voie à un accord de paix entre la Pologne et l’Allemagne. Il
regarde le « corridor de Dantzig14 » comme une disposition
du traité de Versailles qui sera, à la longue, insupportable
pour l’Allemagne et sera de ce fait une source potentielle
d’affrontement armé. Pour conjurer ce danger, le maréchal a
chargé cet émissaire de proposer à Hitler que les deux pays
signent un traité de paix et d’amitié pour dix ans, juste après
une arrivée au pouvoir des nazis. Il comporterait une clause
secrète suivant laquelle, pendant ce temps, la Prusse orientale
serait réunifiée avec le reste de l’Allemagne tout en sauvegardant
la liberté d’accès des Polonais à la mer Baltique. Pilsudski
espère que, pendant ces dix ans, les liens économiques
et les interdépendances enfanteront une union douanière
et permettront l’ouverture des frontières. Il voit dans un tel
règlement l’ébauche d’une fédération centre-européenne.
Pour la Pologne, d’après le visiteur, le plus grand sujet
d’inquiétude est la Russie, contre laquelle son pays ne peut
attendre des puissances occidentales une protection efficace.
C’est pourquoi Pilsudski se tourne vers l’Allemagne.
À son départ de Varsovie, affirme-t-il, le maréchal lui avait
déclaré : « Dites à Herr Hitler qu’il doit faire vite. Je me fais
vieux ! » Le visiteur polonais, qui va faire un séjour à Baden
Baden, donne son adresse à Wagener et se dit prêt à revenir à
Munich pour remettre son message à Hitler personnellement.
Au retour de ce dernier, Wagener rend compte de cette visite
et il raconte comme suit la réaction de Hitler :

Eh bien les choses avancent ! La SA n’est pas encore pleinement
organisée ; pour les compétences gouvernementales
le parti est encore adolescent, nos idées en matière d’économie
commencent juste à se clarifier, notre politique sociale
est embryonnaire et nous n’avons même pas réfléchi à la
forme future du gouvernement, que déjà un chef d’État
étranger nous contacte en abordant des problèmes de politique
extérieure sur lesquels il nous faut prendre position !

Je passe tout mon temps à développer le mouvement, à
gagner le peuple allemand en y recrutant des adeptes et à
préparer des campagnes électorales. Et pendant ce temps,
le véritable but et le sens de notre travail restent en rade.
Qui ai-je pour me conseiller en matière internationale ?
Qui dans mon entourage a des compétences d’expert sur la
Pologne, qui comprend le problème du corridor de Dantzig,
qui a étudié les possibilités de le régler autrement qu’en
lisant la presse ou quelques livres et d’autres publications ?
Nous devons refondre tout l’exécutif national du parti,
même si cela doit prendre des années, pour préparer notre
prise du pouvoir. Nous ne devons pas nous retrouver stupidement
devant un vide comme c’est arrivé aux sociauxdémocrates
quand la révolution de novembre 1918 les a
pris complètement au dépourvu.
Pensez à la façon dont nous devons exécuter cette refonte,
présentez-moi un plan. Et nous en parlerons dès que
possible.


14 Le traité de Versailles, pour donner un débouché maritime à la Pologne reconstituée
(elle avait été rayée de la carte et partagée entre ses voisins au xviiie
siècle), avait détaché de l’Allemagne le port de Dantzig, devenu un Etat libre,
et assuré à la Pologne, pour y accéder, un « corridor » peuplé d’Allemands,
qui scindait en deux le territoire du Reich : la Prusse orientale était coupée de
l’Allemagne par un territoire étranger et n’était plus librement accessible que
par voie maritime.
Francois Delpla
 
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Re: Les bannis s'expriment

Message par Francois Delpla » Mercredi 08 Mai 2013 06:27:11

http://www.passion-histoire.net/n/www/v ... 38#p444938

Toujours Pilsudski et sa guerre préventive, sur laquelle aucun "passionné"' n'a encore émis le moindre doute !.

Et le fil sur les appeasers anglais continue de se traîner en exégèses du médiocre chapitre de Kershaw : http://www.passion-histoire.net/n/www/v ... 24#p444924 .

Même pas fichus de voir la différence entre les deux travaillistes, Greenwood seul soutenant Churchill et Attlee aussi louvoyant que Chamberlain !

En un seul mot : très peu loup et très court voyant !
Francois Delpla
 
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Re: Les bannis s'expriment

Message par Francois Delpla » Jeudi 09 Mai 2013 03:28:17

Samnet62 a écrit :
Sujet du message: Re: Alliance Allemagne - Pologne
MessagePosté: 08 Mai 2013 3:25


La politique et la guerre sont une partie d'échec, ce qui est vrai en 1933 ne l'est plus en 1935 ou 1938. Le refus de la Pologne de s'allier à l'Allemagne est néanmoins compréhensible, chacun voyait en Europe que Hitler n'avait aucune parole, qu'il considérait les traités comme de simples morceaux de papiers.

Mais la Pologne aurait aussi pu jouer un double jeu. Tout le monde se serait réjouie a l'époque de la chute de l'urss. Et l'Allemagne aurait néanmoins était affaiblit militairement. (Par les pertes, mais aussi par le nombre de militaires a laisser sur place, c'est bien beau de conquérir, mais plus on étends les frontières, plus il faut d'hommes pour les défendre)
Une guerre de cette ampleur, avec une Allemagne plus que jamais impérialiste aurait laissé beaucoup plus de temps aux alliés de se préparer au cas ou. Et je doute qu'il y aurait eut dans ce cas, une seconde guerre mondiale.




Mauser a écrit :
Sujet du message: Re: Alliance Allemagne - Pologne
MessagePosté: 08 Mai 2013 15:43

A Samnet 62 qu'en plus les allemands auraient du céder une part de leur équipement aux polonais pour espérer obtenir une cohésion tactique.


Cela vire à la stratégie de café du commerce !
Mais une déduction utile est possible : n'ayant rien fait et rien préparé de tout cela, Hitler a promené les Polonais de bout en bout et, à l'abri d'un traité d'amitié dénoncé seulement le 28 avril 39, bel et bien préparé "une seconde guerre mondiale".
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Re: Les bannis s'expriment

Message par Francois Delpla » Lundi 13 Mai 2013 13:47:42

encore !
http://www.passion-histoire.net/n/www/v ... =a&start=0

Surahki a écrit :
Sujet du message: Re: Questions sur Henri-Désiré Landru
MessagePosté: 12 Avr 2013 16:24

Oui, donc c'est vraiment à la fois la guerre qui l'a camouflé, étant donné que l'attention générale était portée vers des problèmes plus graves que des disparitions entre lesquelles il devait être relativement difficile d'établir des liens, et en même temps le soin qu'il mettait à faire les choses de façon méthodique... J'y vois plus clair avec ça A ce propos, lorsque mes articles seront plus développés, ça tente quelqu'un de lire et de juger de ma prose ?



qui va prévenir cette vaillante personne des éléments que j'ai donnés ?

Pierma, peut-être, qui intervient sur ce fil.

Comme il vient aussi de faire son apparition sur un forum où je puis avec lui correspondre, je me permets de l'informer, comme cela, avec Raguse qui ne nous lit pas, cela fera deux chances.
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Re: Les bannis s'expriment

Message par Francois Delpla » Mardi 14 Mai 2013 18:55:38

pas de réponse à mon message et toujours pas de répercussion de mes infos sur PH : décevant.

Autre chose : Rantanplan a encore frappé !

Alain.g a écrit :
Sujet du message: Re: Le cas "Hitler" analysé par John Lukacs
MessagePosté: 14 Mai 2013 14:50

Je viens de reprendre "l'héritage de la seconde guerre mondiale" de John Lukacs. L'ouvrage est un long plaidoyer sur le thème d'Hitler grand homme d'Etat qu'il admire et dont il vante les qualités, allant jusqu'à le blanchir du génocide des juifs (p. 114) en notant "son manque d'intérêt qu'il manifesta pour la marche de l'extermination, sinon sa répugnance à en être informé ... Il accumule les déclarations sur le sort terrible qui attend les juifs et le dur traitement qu'ils ont amplement mérité (paroles d'Hitler): mais il reste muet sur leur extermination physique. " Preuve que la judéophobie d'Hitler n'était pas simple commente Lukacs. Consternant.
Le long de l'ouvrage Lukacs montre sa préférence pour le nationalisme comme processus historique supérieur au communisme international dont il rappelle la disparition en 1989.
Sans cesse Lukacs indique qu'Hitler a failli gagner la guerre et insiste sur les appuis nombreux qu'il recueillait en France, en GB, aux EU, dans toute l'europe, par rapport au communisme qui était le péril général avant guerre.
Sa préférence est claire, elle privilégie le nationalisme hitlérien. il reprend l'idée qu'Hitler " avait la conscience d'un conflit inévitable entre les anglo-saxons et les russes ... il voyait ou prétendait voir les premiers signes d'un tel conflit et même la perspective d'un affrontement armé, dont lui même et l'Allemagne tireraient profit" (p. 186).
Lukacs précise qu'Hitler a "multiplié les tentatives pour diviser la coalition alliée.". Il juge plausible cette espérance dont on sent qu'elle était pour lui logique, en sous-entendant que l'avenir aurait été bien différent en europe notamment si les anglo-saxons avaient changé d'ennemi en se retournant contre Staline, comme Hitler l'avait prédit. C'est ce qu'il appelle l'héritage de la SGM.
Lukacs tente donc de réhabiliter Hitler en esquissant un regret que l'histoire n'ait pas favorisé sa vision anti-communiste qui était pour lui le bon choix. Il rappelle aussi qu'Hitler ne voulait pas de mal à la GB et aux EU à cette fin. et qu'il était compris.


La préface est en ligne. Je rappelle qu'Alain tenait toute sa culture précédente de la très imparfaite fiche Wikipedia sur Lukacs (qu'il ne fait d'ailleurs que développer ici, comme si elle avait mis des oeillères à sa lecture du livre). Il a donc surfé. Il a dû tomber sur cette préface. Il en devait le lien à ses lecteurs. N'importe quel non banni passant par ici peut (et doit) y suppléer : http://www.delpla.org/article.php3?id_article=488 .

Ledit Alain ne fait pas partie des aigles de PH, au point que, si mes souvenirs sont exacts, même Raguse s'en est rendu compte. Mais ici il s'ingénie carrément à paraître analphabète. Notamment quand il cite ainsi l'ouvrage :

"son manque d'intérêt qu'il manifesta pour la marche de l'extermination (...)"


c'est évidemment "le manque d'intérêt" qui est écrit : le traducteur pourrait faire un procès !

mais peut-être Alain.g (encore un courageux insulteur anonyme) concourt-il pour la médaille d'or du plus fort écart entre la grandeur d'un livre et la petitesse d'une critique ?
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Re: Les bannis s'expriment

Message par boisbouvier » Jeudi 16 Mai 2013 10:57:01

Delpla n'a pas le sens du ridicule.
Lui qui bannit les autres de son forum ne tolère pas de l'être lui-même d'un forum qui ne lui appartient pas.
Il n'a pas le sens de l'humour.
"Faites ce que je dis pas ce que je fais" est sa devise.
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Re: Les bannis s'expriment

Message par boisbouvier » Jeudi 16 Mai 2013 11:30:15

Car, je veux dire pourquoi Delpla m'a banni de son forum.
Je m'en étais pris aux intellectuels (l'enseignement, l'édition, le journalisme) en tant que classe parmi d'autres au sein de la population globale d'un pays et de tous les pays. Bernard Pivot avait eu l'idée de le faire avant moi au cours d'une de ses "Apostrophes" intitulée "Pourquoi les intellectuels se sont-ils si souvent trompés ?" C'était très malin de la part de Pivot car ça mettait "les Intellectuels" au pied de leurs responsabilités, ça les obligeait à rendre compte de la façon dont ils les avaient assumées, ça parlait insidieusement de leur trahison par rapport à elles, mais surtout, surtout, ça mettait sournoisement le concept de "classe" en accusation, si fragile et pourtant, à cause d'eux, si puissant.
Et moi ce citer le cas du couple emblématique de l'après-guerre Sartre-Beauvoir qui s'est pavané dans la pose de compagnons de route de Staline quand cette pose fut si avantageuse malgré les crimes immenses commis par ce personnage particulièrement odieux.
Or, il apparait évident à qui sait lire entre les lignes que Delpla a été partie prenante de cette classe, qu'il a été victime lui-même de cette approche marxiste de l'histoire, qu'il a été lui-même "compagnon de route" de Staline et de ses successeurs, qu'il a souffert sous Raymond Aron et qu'il n'a pas aimé que je le lui rappelle.
Son thuriféraire le plus constant, Daniel Laurent, pourtant marxiste impénitent, a été plus honnête. Loin de me couper la parole il me l'a donnée dans sa revue en ligne.
Merci, Daniel
boisbouvier
 
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