boisbouvier a écrit :2) le fait de vouloir confier la question de la Rhénanie à une SDN intransigeante et apte à mandater à la fois la France, l'Italie, la Pologne et l'URSS pour envahir l'Allemagne en cas de refus de retirer ses troupes au-delà du Rhin, te paraît-il vraiment, sincèrement, le signe d'une défaillance du roc ?
Mais oui bien sûr !
Faire confiance à la SDN était déjà une très grave faute politique en soi, mais lui faire confiance en 1936 alors que les sanctions avaient jeté Mussolini, puissance locarnienne, dans les bras de Hitler devientt franchement comique !
(...) tu m'apprends qu'il a cru en la SDN en 1936 !
Je tombe de haut !
Là peut-être, si tu sors de la polémique hargneuse, il y a moyen d'entamer un débat sérieux.
Tu te montres capable toi-même à d'autres propos de répudier l'angélisme, de dire qu'il faut faire de la politique dans les conditions qui existent et non celles qu'on pourrait souhaiter.
A cet égard, il est fort différent d'être au gouvernement ou dans l'opposition.
Ce dont il s'agit, pour barrer la route à Hitler en mars 1936, c'est de répudier à la fois
un certain pacifisme et
un certain anticommunisme. Churchill, anticommuniste en chef depuis 1917 et, depuis 1918, grand pacifiste, montre à la fois l'une et l'autre voie.
Etant dans l'opposition sur la question essentielle (bien qu'élu du parti majoritaire : les villepinistes sont là pour nous rappeler que c'est possible), il n'en est pas moins un député tory, qui ne peut aller au gouvernement qu'avec la bénédiction de son parti. Il doit donc faire changer celui-ci pas à pas (et n'a pas la tentation de rejoindre ni les travaillistes ni les libéraux, moins gangrenés par l'anticommunisme, mais davantage par le pacifisme, que la majorité Baldwin-Chamberlain-Eden).
Faire changer son parti pas à pas, cela passe souvent par la prise au sérieux des slogans, en obligeant les gens à s'y conformer. Quoi de mieux à cet égard que la SDN et son pacte, le Covenant ? Ce n'est pas un texte favorisant les agressions, c'est tout le contraire, un texte qui les dénonce d'un bout à l'autre.
Churchill agit pendant presque toute l'année 1936 au sein d'un rassemblement, "Arms and the Covenant", transcendant les frontières des partis et rassemblant des foules de plus en plus grandes. Cela finira par se briser en décembre, en apparence sur la crise "de l'abdication" où Churchill dresse bien des gens contre lui en paraissant soutenir Edward VIII, mais surtout, à mon avis, sur ... la ruse nazie : car Hitler en apparence applique son discours du 7 mars, en ne profitant pas de la sécurisation de sa frontière ouest pour se déchaîner vers l'est immédiatement comme on le craignait, et en ayant l'air de vouloir négocier, tandis que la guerre d'Espagne déchire les classes politiques et en particulier l'anglaise, et que le Front populaire français angoisse les possédant du monde entier. Il semble tout d'un coup y avoir d'autres urgences que le nazisme.
Je n'ai guère d'illusions sur Michel, qui risque une fois de plus de tout rejeter en bloc en disant que ce sont des mots et qu'il n'y comprend rien, alors qu'il a épuisé toute mienne patience à cet égard. Ou d'isoler une bribe pour engager un débat secondaire. Mais Bruno devrait être intéressé.