La responsabilité du Front Populaire dans le désastre...

Les Totalitarismes à l'assaut de l'Europe !

Re: La responsabilité du Front Populaire dans le désastre...

Message par BRH » Samedi 15 Décembre 2012 14:23:16

Un blog original qui défend une position bien argumentée sur la débâcle de 1940 :

http://realite-histoire.over-blog.com/a ... 11940.html


- Par VSA - Publié dans : Contemporaine La débâcle de mai-juin 1940 aurait-elle pu être évitée (1) ?
En mai-juin 1940, la France subi l'une des plus écrasantes défaites de son histoire face au IIIème Reich d'Hitler. Mais cette débâcle aurait-elle pu être évitée et était-elle prévisible ? Les politiciens et les militaires de notre pays avaient-ils fais le nécessaire pour se préparer à la guerre ? Tout d'abord, nous allons analyser la situation de l'armement français face aux voisins. Ensuite, nous aborderons le comportements des politiciens, puis des militaires.



L’état démodé de l’armement français



En 1938, parait un livre intitulé Notre Sécurité. Son auteur est Paul Louis Théodore Benazet (Parti Républicain Socialiste puis Union Socialiste Républicaine) ancien sénateur et député de l’Indre. Il souhaitait interpeller ceux qui, conscients de l'impréparation militaire de la France, justifiaient leur optimisme en rappelant 1914 et la Bataille de la Marne. Il expliqua dans son chapitre introductif : "La faute capitale de nos services, et des gouvernements qui s'en sont trop paresseusement remis à eux, est de n'avoir pas compris la gravité de ce nouveau rapport des forces, et de s'imaginer qu'il sera possible de s'en tirer, comme en 1914, et au même prix, en opposant des pièces de 75 à des pièces d'artillerie lourde, ou des fusils à des mitrailleuses. Je répète qu'il s'agit ici d'une situation sans précédent. Ce serait faire preuve d'une incroyable légèreté que de ne pas construire les matériels de défense appropriés aux conditions nouvelles de combat, et cela avec une rapidité telle que l'adversaire ne puisse encore donner à ses moyens d'attaque une supériorité nouvelle." (Paul Bénazet, Notre sécurité, Edition Grasset, 1938, p. 9-10). Hector Ghilini résumait ainsi : "Il est déraisonnable de s'en tenir à la seule expérience de la guerre 14-18, et de croire à l'équivalence entre l'homme et le matériel. Le courage de l'un ne peut suppléer à l'insuffisance de l'autre. Aujourd'hui, l'absence d'une arme adaptée aux conditions toutes nouvelles de la lutte frappe la trompe "d'impuissance absolue". (Hector Ghilini, A la barre de Riom, Edition Jean Renard, 1942, p. 52). A la fin des années 1930, les usines françaises produisaient un armement dépassé par rapport aux autres nations. A propos du canon de 75 (canon de défense anti-aérienne), dont certains continuaient à vanter l'efficacité, Bénézat répondait: "Exagération de la mobilité au détriment de la puissance, progrès techniques réalisés depuis, tout concourt à faire de notre 75 un matériel entièrement démodé" (Paul Bénazet, Notre sécurité, Edition Grasset, 1938, p.26). Il ajouta : "De toute nécessité, il faut se ressaisir et s'efforcer de remplacer le 75 par un obusier de campagne de calibre équivalent au 105 mm." (Paul Bénazet, Notre sécurité, Editions Grasset, 1938, p. 31). Il concluait : "Il faut avoir le courage de le dire: L'Armée française, avec son canon de 75, possède un matériel d'artillerie antiaérienne et des stocks de munitions qui sont à renouveler intégralement!" (Paul Bénazet, Notre sécurité, Editions Grasset, 1938, p. 54). De plus, le canon de 75 mm, modèle 1897, tirait des obus atteignant péniblement 5 000 mètres. Certes, les modèles 1932 et 1933 aux tubes allongés permettaient de tirer à une hauteur de 7 500 mètres, mais les avions allemands utilisés en 1937 volaient à 8 000 mètres (Charles Reibel, Pourquoi nous avons été à deux doigts de la guerre, Librairie Arthème Fayard, 1938, p. 23 et 27). De plus, le canon allemand de 88 mm utilisé pendant deux ans en Espagne pouvait abattre un avion "en 10 ou 15 coups" (Hector Ghilini, A la barre de Riom, Edition Jean Renard, 1942, p. 52). L’ancien sénateur et député rappelait que depuis 1916, l'aviation avait fait un bond gigantesque. Selon lui, l'avion avait "triplé sa vitesse et doublé son plafond" (Paul Bénazet, Notre sécurité, Editions Grasset, 1938, p.49). Il ajouta que "Le plus récent de nos canons de DCA remonte à dix ans, époque où l'avion n'avait encore fait que des progrès négligeables par rapport à ceux accomplis dans la décade suivante." (Paul Bénazet, Notre sécurité, Editions Grasset, 1938, p .51).
Concernant le canon Hothkiss de 25 mm, il ne niait pas des qualités, mais il indiquait : "Cette arme a des défauts de tous les petits calibres puissants. Le projectile perd rapidement sa vitesse, donc ses possibilités de perforation [...] En outre, le projectile de 25 mm est de calibre trop faible pour pouvoir contenir utilement une charge d'explosif." (Paul Bénazet, Notre sécurité, Editions Grasset, 1938, p. 39-40). Par ailleurs, la guerre civile d'Espagne (1936-1939) avait mis en évidence les mauvaises options prises par l'armée française en matière d'artillerie. Alors que depuis 1935, la France produisait en série le canon antichar Hotchkiss, le conflit espagnol avait démontré l'efficacité des canons de 47 mm à grande vitesse initiale, capables de perforer toutes les cuirasses, tandis que le 25 mm était inefficace à moyenne portée contre les chars lourds.

Paul Bénézat va aussi donner son point de vue sur la vétusté de l’aviation française : "La première de toutes, l'aviation française a entrepris la rénovation de sa flotte aérienne. Elle a dépensé, à cet effet, à partir de 1933, des crédits considérables. Malheureusement, ils ont été engagés sur un programme qu'aucune autre aviation n'a voulu adopter et qui s'est révélé en complète opposition avec le but qu'il fallait atteindre. Depuis cette grave erreur de conception, la situation de notre matériel aérien n'a cessé de s'aggraver. Aucune personne vraiment renseignée n'a pu, à cet égard, se faire la moindre illusion, en dépit du caractère optimiste de certaines déclarations officielles." (Paul Bénazet, Notre sécurité, Editions Grasset, 1938, p. 66-67). A ce sujet, il concluait : "Au début de 1938, l'aviation française se trouve par conséquent dans la situation la plus grave. Les avions construits à coups de milliards pendant les trois dernières années sont démodées et il n'y a pas d'outillage pour en construire d'autres." (Paul Bénazet, Notre sécurité, Editions Grasset, 1938, p. 109). Le 7 juin 1938, Bénazet interpella le général Gamelin pour connaître son avis sur la sécurité de la France. Loin de tout optimisme, celui-ci confia : "Tout bien réfléchi, il me paraît difficile de vous répondre. Je ne puis, sur un sujet si grave, révéler la vérité. Mais si je la dis, je découvre le ministre de la Guerre." (Gringoire, 24 avril 1942, p. 2).
Malgré tout, à la fin des années 30, le ministre de l’Air Pierre Cot et le général Denain entama un programme pour rénover sa flotte aérienne, mais avec des conceptions techniques et stratégiques erronées. Bénazet a écrit: "Fortes de ces enseignements toutes les aviations militaires entreprirent immédiatement de réagir et de modifier leurs matériels. Rien de plus simple au surplus. Calquer les appareils de bombardement sur le Douglas. De même, il suffisait de calquer l'appareil de chasse sur le Heinkel […] Cette solution fut adoptée par tous les grands pays, l'exception de la France." (Paul Bénazet, Notre sécurité, Editions Grasset, 1938, p. 70-71). Il poursuit : Au moment où les aviations étrangères avaient des programmes et construisaient des prototypes qui leur permirent les réalisations de 1936 et 1937 (l'Allemagne gagnant le record du monde de vitesse avec 611 km/h!) nous nous enfermions dans des conceptions absolument différentes. Nos programmes de 1933, dont les prototypes furent présentés au salon de 1934, ne faisaient état d'aucun des progrès techniques incorporés dans le Douglas DC-2 et dans le Heinkel-70 qui figuraient à ce même salon. On se bornait à placer des moteurs relativement puissants sur des cellules d'un type déjà périmé !" (Paul Bénazet, Notre sécurité, Editions Grasset, 1938, p. 77-79). La preuve de ce retard fut apportée en 1937, au meeting de Zürich. A cette rencontre qui, tous les deux ans, mettait en compétition les différentes aviations militaires, les chasseurs modernes français de modèle Dewoitine D-510 furent surclassés par les Dornier-17 allemands, ceux-ci ayant battus ceux-là de plus de 54 km/h (Paul Bénazet, Notre sécurité, Editions Grasset, 1938, p. 67, et Hector Ghilini, A la barre de Riom, Editions Jean Renard, 1942, p. 22). De plus, Pierre Cot organisa une course aérienne Istres-Damas. La Dewoitine D-510 montra son infériorité face, cette fois, au bombardier italien Savoïa S-79 qui réalisa une vitesse moyenne de 427 km/h, contre 402 km/h (Paul Bénazet, Notre sécurité, Editions Grasset, 1938, p. 66-67, et Hector Ghilini, A la barre de Riom, Editions Jean Renard, 1942, p. 22-23).
L’infériorité technologique est flagrante, et la France avait accumulé un retard important. Cependant, quelques personnalités politiques tirèrent la sonnette d’alarme.


Interpellations de parlementaires inquiets et l’opposition politique

En 1932, la loi sur le recrutement a été modifiée et le service militaire pratiquement limité à dix mois. Le budget des armées pour la période 32-33 a été réduit de 20%, et le colonel Fabry, président de la Commission de l'Armée, déclarait déjà le 12 février 1933 à la Chambre : "Je maintiens que la Défense nationale est à l'heure actuelle compromise." Egalement, les manoeuvres ainsi que les cours et stages pour réservistes furent suprimés par mesure d'économie. De plus, la loi de finances de 1933 a prévu la suppression de 5.000 officiers. En deux ans, l'effectif des militaires de carrière tomba de 117.000 à 102.000. Conséquence, une partie de l'armée d'active n'existe qu'à l'état d'unités cadres. En parrallèle, du fait de l'arrivée des classes creuses (population qui vieillissait), le contingent tomba de 210.000 à 120.000 hommes. Mais lors de la séance du 19 décembre 1933, le ministre socialiste Léon Blum déclara à la Chambre : "Nous serons toujours contre la prolongation du service militaire [...] c'est une erreur de placer la sécurité d'une nation sans sa force militaire."

Conscients de la faiblesse aéronautique française, certains parlementaires s'inquiétèrent. Le 26 janvier 1937, Paul Reynaud avait lancé l'idée d'un corps cuirassé, mais Edouard Daladier répondit par un refus le 2 février (Guy Pédroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 478). Le 19 mars 1937, la commission de l'Air au Sénat, qui avait entendu le rapport de Paul Bénazet, son président rédigea la motion suivante: "La commission de l'Air, inquiète du ralentissement de la production dans les usines aéronautiques, appelle l'attention du président du Conseil et du ministre de l'Air. Elle charge à l'unanimité son président de se faire auprès du Gouvernement l'interprète de l'émotion de la Commission."
De plus, en fin 1937, il déposa une demande d'interpellation. La discussion, qui n’était évidemment pas publique, eu lieu en février 1938 devant les Commissions de la Défense nationale, siégeant en séance secrète. Charles Reibel raconte que : "M.Daladier avait eu l'habilité, à la faveur d'un changement de Cabinet, de faire remplacer M.Pierre Cot par Guy La Chambre; et les Commissions ne purent qu'entendre celui-ci s'associer aux sévères critiques de M.Laurent-Eynac (contre l'incompétence de P.Cot) et qu'enregistrer les promesses chaleureuses du nouveau ministre." (Charles Reibel, Les Responsables : Ma déposition devant la Cour suprême de Justice, Editions Baudinière, sd, p. 19). En parallèle, afin de rassurer les parlementaires, Guy de La Chambre mentionna une récente commande d'avions Curtiss faite aux USA. Cependant, ces livraisons furent "tardives et insuffisantes" (Jean Montigny, La Défaite, Editions Grasset, 1941, p.10).

A la même période, un colonel promu sous-directeur de la fabrication des armements au ministère de la Guerre rencontra confidentiellement le député Jean Montigny, membre de la Commission de l'Armée à la Chambre. Après avoir expliqué la situation catastrophique qui régnait aux Armements (irrationalité dans l'organisation des différents départements, chevauchement des attributions, falsification des statistiques pour ne rien laisser paraître, ...) il termina en concluant : "Même si demain l'on change radicalement de méthode, même si l'on travaille à force, le retard actuel ne pourra se rattraper avant plusieurs années. Si nous sommes entraînés à la guerre avant trois ans, nous allons à un nouveau Sedan, plus rapide, plus désastreux encore que celui-ci de 1871" (Jean Montigny, La Défaite, Editions Grasset, 1941, p. 102, et Le complot contre la paix, La Table Ronde, 1966, p. 155).
Le ministre Pierre Cot avoua son impuissance à mener un effort réel pour rénover sa flotte aérienne. Dans un livre paru en 1939, c'est-à-dire quelques mois avant la guerre, il admettait qu'en 1937, l'aviation française accusait un tel retard par rapport à ses voisins qu'il aurait pu démissionner. Mais il se justifia : "Le devoir était de rester, pour préparer l'armée de l'Air à la guerre de coalition, où notre infériorité relative se fondait dans la supériorité générale." (Pierre Cot, L'armée de l'Air, 1936-1938, Editions Grasset, 1939, p. 112). Alors il misa sur une "guerre de coalition" qui verrait les différentes aviations alliées s'épauler. Il expliquait que : "J'ai toujours eu en vue la guerre de coalition. J'ai toujours pensé que l'armée française de l'Air serait le cerveau de l'armée interalliée". (Pierre Cot, L'armée de l'Air, 1936-1938, Editions Grasset, 1939, p.121). Il rajouta : "J'ai choisi ma doctrine. Construire une Aviation militaire égale à celle de l'Allemagne? C'était un rêve, interdit à la France de 1936-1937,par son état démographique, son régime économique, son potentiel industriel et ses conceptions générales de la Défense nationale. Je n'ai pas voulu une doctrine appuyée sur des rêves ou des fantaisies. Mais trouver, en Europe, la flotte aérienne susceptible de faire, le cas échéant, échec et mat aux flottes de l'axe Rome-Berlin? Ici, nous n'étions plus dans le rêve." (Pierre Cot, L'armée de l'Air, 1936-1938, Editions Grasset, 1939, p.124-125). La France n'avait ni avions modernes et ni la possibilité d'en produire en masse, alors nous devions compenser cette faiblesse en prenant la tête d'une aviation interalliée. Cela explique pourquoi, en janvier 1938, lorsque Guy La Chambre remplaça Pierre Cot au ministère de l'Air, le nombre total des avions en ligne de la métropole n'atteignait que 700. En parallèle, les forces aériennes allemandes s'élevaient à 5 750 appareils, dont 2 850 de première ligne et 2 900 de deuxième ligne. De plus, les types d'appareils à construire pour renouveler la flotte n'étaient même pas choisis! (Gringoire, 24 avril 1942, p. 2). Pierre Cot espérait l’aide précieuse des flottes anglaises, russes et tchèques. Pourtant, dès 1936, l'ancien ministre de la guerre Jean Fabry connaissait les retards accumulés dans la production de l'armement, et avait prévenu que "l'aide immédiate que pourraient nous donner les Anglais serait insignifiante. Dans ces conditions, les risques que les évènements actuels nous conduiraient à courir serait bien supérieur, pendant les premières semaines, au secours que nous apporteraient les Anglais" (Raymond Recouly, Gringoire, 13 mars 1942, p. 3). L'aide anglaise était donc une illusion. A partir de septembre 1938, l'aide tchécoslovaque en devint une autre. Quant à celle de l'URSS, Raymond Recouly écrivit en 1940 : "Aucun homme de bon sens et de saine raison n'avait le droit de faire le moindre fond sur la Russie soviétique qui, par une intense propagande communiste en France, dont elle payait tous les frais, ne cherchait depuis longtemps qu'à nous diviser, nous affaiblir. Il fallait être atteint d'une véritable démence pour supposer que, du jour au lendemain, elle changerait son fusil d'épaule et combattrait vaillamment à côté d'un pays, dont elle avait sans cesse et avec une obstination diabolique, diminué la force, miné la résistance." (Gringoire, 10 octobre 1940, p. 1). Et de fait, fin août 1939, l'URSS fit volte-face ! Pierre Cot était donc davantage dans l’illusion que dans la réalité. Lors d'une interpellation, De la Grange avait lancé : "Je comparerai volontiers ce ministère à un de ces vieux biplans construits en dépit des lois de l'aérodynamique et qui comportaient tant de mâts et de cordes à piano que l'on arrivait pas, quelque puissant que fut le moteur, à augmenter leur vitesse, tant leur résistance à l'avancement était grande." (Jean Montigny, France, libère-toi !, Imprimerie commerciale de "La Sarthe", 1939, p. 183).

Charles Reibel s’alarma sur la situation de l’armée française. Il écrit : "La France n'a pas une minute à perdre; elle est placée aujourd'hui devant le dilemme le plus tragique de son histoire:
- ou bien elle va de suite appliquer de tous ses efforts et de tout son cœur à l'œuvre de salut,
- ou bien, suivant le mot de Balzac, elle n'a plus qu'à : "se coucher pour mourir" (Charles Reibel, Pourquoi nous avons été à deux doigts de la guerre, Librairie Arthème Fayard, 1938, p. 59-60). Cet appel ne fut cependant pas entendu.
De toute manière, il était bien trop tard pour surmonter son handicap en 1938. Montigny expliqua quelques mois après la crise tchécoslovaque : "Quand, en septembre dernier, on objectait à certains ministres bellicistes l'insuffisance de quelques matériels très importants, ils répondaient superbement: "Dans aucune guerre, la France n'a été vraiment "prête", elle se débrouille toujours. Le système D pouvait improviser la fabrication d'armes simples : le fusil de 1914,l'obus de 75. Mais pour faire démarrer la fabrication en grande série d'un avion ou d'un canon moderne, il faut environ deux ans. Souvent, il faut construire l'usine et les machines-outils nécessaires avant d'aborder la construction de l'arme proprement dite." (Jean Montigny, France, libère-toi !, Imprimerie commerciale de "La Sarthe", 1939, p.176). Montigny démontre très bien l’incompétence des politiciens à comprendre le danger allemand, qui avait une puissance militaire bien supérieure à l’armée française.
Le 16 novembre 1938, Guy La Chambre envoya une lettre confidentielle à Charles Reibel, dans laquelle il révélait que la flotte française de chasse ne comptait que 3% d'engins modernes, des Moranes 405/406 capables de voler à 488 km/h. Les autres avions ne dépassaient pas 393 km/h et le modèle le plus répandu, les Dewoitine 501 (28% de la flotte) volait à 359 km/h seulement. A cela, il faut ajouter 35 Potez 63 triplaces atteignant les 450 km/h. Au sein de la flotte de bombardement, la France, ne disposait d’aucun bombardier moderne en service, ni Lioré 45 (465 km/h), ni Amiot 350 (450 km/h), ni Bréguet 691 (490 km/h). La flotte comptait 28% de Bloch 131 (350km/h), les autres modèles ne dépassant pas 300 km/h. (Charles Reibel, Les Responsables : Ma déposition devant la Cour suprême de Justice, Editions Baudinière, s.d, annexe 2, p. 54-55). La situation de la France était donc tragique. En cas de lutte, elle se retrouverait "dès le second round...dans la situation du boxeur aveugle et à demi paralysé" (Jean Montigny, Le complot contre la paix, La Table Ronde, 1966, p.154).
Le 5 décembre 1938, une scéance entre ministres est consacrée au problème de l'achat pour 2 milliards et demi de 1000 avions aux Etats-Unis "dans le secret le plus absolu". Paul Reynaud indiquait que si les 1000 engins étaient livrés, il serait possible de "diminuer d'autant les commandes le nombre des appareils à commander à l'industrie française" (Guy Pédroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 477). Cependant, Guy de la Chambre est en complet désaccord avec le ministre des finances. Selon lui, les Américains ne livreront pas d'avions de coopération et de bombardement moyen. Par ailleurs, il explique que la France ne sortira de toute manière que 2000 avions sur les 3000 prévus. Il indiqua que "si nous annulons des commandes françaises pour le montant des livraisons américaines, celles-ci ne remplaceront pas ce que nous devions demander à une augmentation correspondant au rythme des fabrications." (Guy Pédroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 478). Il est dramatique de constater que la France qui possédait la première aviation durant la Grande Guerre n'était même plus capable de construire suffisement d'avions et doit demander de l'aide à l'étranger.
Malgré tout, les 8, 9 et 10 février 1939, c'est-à-dire sept mois seulement avant la guerre, s’organisèrent des réunions secrètes par les commissions sénatoriales de la Défense nationale. Guy La Chambre se voulait rassurant. Cependant, il trouva quelques opposants. L’un d’eux, Maroselli, ouvrit les yeux des élus sur l'effroyable retard de la France en matière d'aviation : "L'Allemagne possédait 5 000 avions modernes et l'Italie 2 000. Nous en avions 230, au lieu des 1 200 prévus. L'Allemagne sortait 600 à 700 avions modernes par mois, l'Angleterre, 300, la France, à peine 14 par mois en moyenne, c'est-à-dire 160 pendant l'année 1938. Ces chiffres concernent uniquement les appareils modernes, c'est-à-dire pouvant se comparer entre eux et de qualité sensiblement égale." (Hector Ghilini, A la barre de Riom, Editions Jean Renard, 1942, p. 27). Charles Reibel, qui assistait aux réunions, écrivit plus tard : "Il est permis de dire que, malgré les assurances données avec autorité habilement nuancée de bonhomie par le président du Conseil et malgré les explications de M. Guy La Chambre, l'impression fut désastreuse, certains sénateurs pensaient même que le ministre de l'Air allait démissionner." (Charles Reibel, Les Responsables : Ma déposition devant la Cour suprême de Justice, Editions Baudinière, sd, p. 12-13). Au moment de clore les débats, un communiqué officiel fut proposé. L'Assemblée le repoussa et, "n'accepta qu'un texte volontairement indolore et terne, tout juste ce qu'il fallait pour ne pas inquiéter l'opinion" (Charles Reibel, Les Responsables : Ma déposition devant la Cour suprême de Justice, Editions Baudinière, s.d, p. 13).



Enfin, le 7 mars 1939, Reibel envoya une lettre à Daladier dans laquelle on lisait : "Les indications que nous avons recueillies et qui confirment, en l'aggravant encore, l'opinion que chacun de nous pouvait se faire de notre situation dans le domaine de la guerre aérienne, m'ont causé une profonde angoisse et me laissent en face d'une cruelle crise de conscience. La situation est vraiment tragique, non seulement à cause de la déficience de notre aviation, mais encore en raison de l'insuffisance éclatante de notre DCA, pour ne rien dire de l'inexistence de notre défense passive. Je ne puis me résigner à laisser le pays vivre dans une sécurité trompeuse, qu'ont accrue les commentaires regrettables dont votre Gouvernement a laissé la presse entourer les communiqués, à dessein si prudents et si réservés du Comité secret." (Charles Reibel, Les Responsables : Ma déposition devant la Cour suprême de Justice, Editions Baudinière, sd, p. 15-16).


Les gouvernements de la fin des années 1930 étaient parfaitement au courant de la situation de l’armée française. Pourtant, ils ne réagirent que très peu, et cela malgré l’opposition d’un certain nombre de leurs collègues. Cependant, certains généraux avaient tenté d’alerter les gouvernements bien-avant la fin des années 1930 (http://realite-histoire.over-blog.com/a ... 34667.html).
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

Napoléon
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Re: La responsabilité du Front Populaire dans le désastre...

Message par BRH » Samedi 15 Décembre 2012 14:31:20

2ème partie : peut être considérée comme une réhabilitation de Pétain ! Est-ce justifié ? A vous de juger !!!


- Par VSA - Publié dans : Contemporaine La débâcle de mai-juin 1940 aurait-elle pu être évitée (2) ?
Les positions des généraux

L’un des premiers généraux à exprimer la nécessité d’améliorer l’armement en France est Philippe Pétain. Dans les années 1910, il estimait déjà que les moyens mis en œuvre n’était pas suffisant pour la Première Guerre Mondiale, et exprimait déjà sa volonté d’avoir une armée davantage mécanisée (Philippe Pétain, Tactique d’Infanterie, 40e, Edition ISC, 51 rue du Paradis, 75010, Paris). Général en chef de l’armée à partir de 1917 (jusqu’au 9 février 1931), il écrit dans un mémoire du 5 janvier 1919 que 6 875 chars légers et de 435 chars lourds sont nécessaires à la défense du territoire. 3 075 chars doivent être utilisés en régiment de première ligne, 3 000 autres en réserve et à la disposition du commandant en chef, et 800 pour le remplacement des unités endommagées. Il écrit : "pour la prochaine mobilisation 6 785 chars constitués en arme autonome... [Il concède que] c'est gros, mais l’avenir est au plus grand nombre de combattants sous la cuirasse." (Guy Pedroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 339). Il exprime sa volonté de se tourner vers l'avenir et de ne pas s'enfermer dans le présent. Sur ce sujet, nous ne pouvons pas étudier la stratégie de l'Entre Deux Guerres du maréchal Pétain sans mentionner l'oeuvre Pétain : Le soldat 1914-1940 de Guy Pedroncini. Cet historien, spécialiste de la Grande Guerre, a été doyen de la faculté des lettres de l'université du Maine (Le Mans) et fut professeur à la Sorbonne. Pedroncini est l'un des plus grands connaisseurs de la stratégie souhaitée par Pétain pendant et après la Grande Guerre. Il a notamment prouvé que le général de guerre n'employait pas uniquement des tactiques défensives mais aussi des tactiques offensives, et cela notamment par la Directive n° 5 du 12 juillet 1918 : "La surprise tactique sera obtenue par la soudaineté du déclenchement de l'attaque, soit à la faveur d'une préparation par l'artillerie et l'aviation de bombardement aussi brève et aussi violente que possible, soit sans préparation à la faveur de l'action de rupture des chars d'assaut ouvrant la voie à l'infanterie et à l'artillerie. Le rôle de l'aviation est de la plus haute importance." (AFGG, 623-1928, document repris par Guy Pedroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 181 et 266-267). C'est exactement le même principe qui sera repris par Heinz Guderians, le concepteur de la fameuse Blitzkrieg, c'est-à-dire de la "guerre éclair". Ce même historien reprendra près de 80 sources afin de mieux comprendre les pensées du Maréchal vis-à-vis de l'armée française durant l'Entre Deux Guerres.
Par la suite, avec le soutien du général Buat, son chef d'État-Major entre 1919 et 1929, il s'oppose à la construction de fortifications défensives, préconisant au contraire la constitution d'un puissant corps de bataille mécanisé, qui puisse de porter le combat le plus loin possible à l’intérieur du territoire ennemi, et cela dès les premiers jours de la guerre. En juin 1922, il obtient même la démission du maréchal Joffre de la présidence d’une commission d'étude portant sur l'organisation de la défense du territoire, commission crée quinze jours auparavant. Lors de l'inauguration du monument aux morts de l'Ecole Turgot, en juin 1921, Pétain déclarait déjà : "Notre ennemi est abattu, mais il guette de ses yeux haineux le premier signe de faiblesse de notre part pour répondre à la lutte. Veillons et restons forts. Notre ennemi travaille. Il sait que pour vaincre dans la guerre future dont il attend sa revanche, il doit s'installer d'abord solidement dans tous les domaines de l'activité humaine. Il perfectionne son organisation et son outillage pour assurer ses bases. Mais déjà dans les laboratoires et les bureaux d'études, il cherche avec opiniâtreté et méthode à appliquer à la guerre les derniers progrès de la science." (Guy Pedroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 297). Puis il expose sa vision de la guerre : "La guerre est l'épreuve suprême des peuples. Elle révèle clairement leurs forces et leurs faiblesses parce que tout concourt de nos jours à la lutte : la valeur morale des nations, leur solidarité sociale, leur organisation, leur volonté autant que les ressources matérielles." Et il lance ces phrases prophétiques : "La guerre future sera une guerre d'industrie et d'organisation. Je le crois mais attendons-nous au surplus à ce que la science, au service de l'ingéniosité des hommes, apporte dans les luttes de l'avenir plus d'imprévu encore que nous n'en avons constaté au cours des récentes hostilités. Soyons outillés matériellement. Soyons surtout des hommes à l'intelligence souple pour nous adapter rapidement à des situations insoupçonnées et pour résoudre, avant et mieux que nos rivaux, les problèmes qui surgiront." (Guy Pedroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 303-304).

Le 15 juin 1922, le Maréchal est au City Temple à Londres. A cette occasion, il va avertir : "La victoire tant attendue enfin couronna nos efforts. Mais nous avions espéré que, rentrés dans nos foyers, nous pourrions désormais sans arrière-pensée nous adonner aux travaux de la paix. La France ne veut dominer aucun peuple, mais elle ne veut pas non plus qu'on l'étouffe, et lorsqu'elle entend chanter par-delà le Rhin le Deutschand über alles, elle comprend la menace. Les discours agressifs, les articles de presse lui rappellent à tout instant que l'ennemi n'a pas désarmé. Devant un tel esprit l'indifférence serait un crime. La France ne désire aucune extension de ses frontières. Elle n'a pas hésité à réduire dans des proportions considérables ses charges militaires, mais il est un minimum en dessous duquel elle ne peut descendre sous peine de renoncer à l'intégralité de son territoire et au respect de ses droits." Selon Pedroncini, il s'agit d'une mise en garde à destination du gouvernement français (Guy Pedroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 297-298).
Au moment de l'inauguration du monument aux morts à Vienne, le 9 septembre 1923, Pétain prononce un nouveau discours et se fait déjà insistant : "Regardons au-delà du Rhin. Chaque jour les renseignements qui nous parviennent nous montrent un peuple aveuglé par l'orgeuil qui n'accepte pas sa défaite et reste dominé par l'impérieuse volonté de revanche. Nos ennemis d'hier, profitant des dissensions inévitables entre Alliés, récusent maintenant la signature qu'ils ont apposé au bas du traité de paix. Grâce à des manoeuvres financières frauduleuses, ils prétendent se soustraire aux réparations légitimes. Et pourtant ce ne sont chez eux que des constructions nouvelles et usines en pleine activité... Le matériel, fusils, canons, avions que nos commissions de contrôle l'empêchent ou plutôt l'empêchaient de fabriquer chez elle, l'Allemagne les construit en Russie, en Hollande, en Lituanie. Son armée nationale imbue de l'esprit impérial et doublée des forces de police devient un instrument militaire de plus en plus redoutable, car cette armée est une pépinière de gradés, parfaitement instruits, capables d'encadrer la nation. [...] Partout est prêchée la revanche et la haine : sus aux Français qui foulent les provinces allemandes ! Et dans ces provinces allemandes on englobe naturellement l'Alsace et la Lorraine. Devant ce danger sans cesse grandissant, serrons les rangs et soyons unis comme nous l'avons été pendant la guerre. Et le maréchal demande aux anciens combattants de "servir de guides aux jeunes générations"." (Guy Pedroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 298).
Lors de la séance du Conseil supérieur de guerre du 15 décembre 1925, il se montre davantage favorable à la mise en place de môles défensifs sur les voies d’invasion. Lors de la séance du 19 mars 1926, le maréchal Foch s’oppose à Pétain car il estime que ce dernier accorde trop d’importance aux chars. Cependant, le Maréchal conseil et obtient l’étude de trois prototypes de chars (léger, moyen et lourd). Malgré tout, il finira par s'incliner et accepter la construction d’une ligne défensive. Par ailleurs, la majorité des généraux de l’époque s’opposaient à la stratégie de Pétain. André Maginot, le ministre de la guerre qui a donné son nom à la ligne défensive, déclara lors du débat parlementaire du 28 décembre 1929 : « ce n'est pas Pétain qui commande, mais le ministre de la Guerre ». La Ligne Maginot est donc construite, malgré l’opposition de Pétain. L’une des rares personnalités qui va dans le sens du Maréchal est Georges Clemenceau. Quelques jours avant sa mort, survenant le 24 novembre 1929, il s’exclamera : "Dans cinq ans, dans dix ans, quand ils voudront, les Boches entreront chez nous ".

En parallèle, le Maréchal continue à avertir la population du danger allemand. Le 18 septembre 1927, à l'inauguration de l'ossuaire de Douaumont, il lance un nouvel avertissement : "La victoire ne s'improvise pas [...] Sans préparation morale et matérielle, les épreuves qui sont inévitables dans la vie d'un peuple ne sauraient être acceptées de leur plein gré par les citoyens et abordées avec confiance... Ce ne serait pas en nous éloignant des principes d'ordre, encore moins en glissant aux doctrines dissolvantes que nous préparerions les générations futures aux difficultés de l'avenir. L'esprit de Verdun qui a suscité de si grandes actions doit rester le fondement de notre vie sociale et l'inspiration du devoir militaire." Comme le dit si bien Pedroncini : "On retrouve ici les préoccupations du maréchal Pétain concernant l'éducation, et la volonté de placer la bataille de Verdun comme le symbole de l'effort." (Guy Pedroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 297-298).
De plus, la question belge le préoccupait déjà dès la fin des années 1920. En effet, il ne souhaitait pas que la Belgique se retrouve dans la même situation qu'en 1914. Il expliqua : "Evitons de voir l'avenir trop sombre et proclamons, après tant de sacrifices, notre légitime espérance d'une paix honorable et prolongée. Mais ne nous endormons pas dans la confiance ! La situation dans laquelle la Belgique s'est trouvée placée dans la dernière guerre a eu trop de précédents dans l'histoire. Quels que soient les accords internationaux qui puissent intervenir dans l'avenir, nous savons qu'ils ne suffisent pas toujours à mettre les frontières à l'abri d'une agression. Veillons à préparer la concordance de nos efforts... Nous ne pous pas oublier que Liège, Namur et Verdun sont sur la Meuse les bastionsd'une même ligne de défense." (Guy Pedroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 304-305).
Lors d'un discours prononcé à Lyon, il insiste sur l'évolution de la technologie militaire : "La guerre moderne ne souffre pas les improvisations. Les progrès de l'armement ont transformé le champ de bataille en une immense usine où s'affirme le rôle prépondérand de la technique." (Guy Pedroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 305).

Le 22 janvier 1931, l'Académie française accueille Philippe Pétain au fauteuil du maréchal Foch (mort en 1929). L’intellectuel Paul Valéry le reçoit et fait le discours de réception retraçant sa biographie. Il rappelle et développe une phrase sur laquelle Pétain insistait : « le feu tue », et évoque quelques innovations en matière militaire : « la mitrailleuse a modifié durablement les conditions du combat à terre ». Il évoque quelques principes stratégiques, mais aussi les désaccords entre Pétain et Joffre. Le discours de réception du maréchal Pétain est un hommage au maréchal Foch auquel il succède, mais après avoir soumis le texte au général Weygand (n'oublions pas que Foch et Pétain ne s'appréciaient pas, tandis que Weygand connaissait bien Foch pour avoir été son bras droit).

Le 9 février 1931, Pétain est remplacé par le général Weygand au poste de commandant suprême de l’armée, et est nommé inspecteur général de la défense aérienne du territoire. Le 2 décembre 1931, il écrit à Pierre Laval, alors président du Conseil, pour lui demander "la constitution d'urgence d'une aviation de défense et d'attaque puissante", indépendante de l’armée de terre et de la marine. Pour cela, il conseille de prélever 250 millions de francs sur les crédits alloués à la construction de la ligne Maginot. A travers un article paru dans la Revue des Deux-Mondes dans ce même mois, il dénonce la "flagrante infériorité de la flotte aérienne française" et rappelle une nouvelle fois la nécessité de "constituer d'urgence une aviation de défense et d'attaque puissante".

A Douaumont, Pétain envoie un nouvel appel à la classe politique française le 7 août 1932. Cet avertissement est encore plus retentissant que les précédents : "Le sublime élan de dévouement envers la collectivité nationale a trop souvent fait place aux calculs égoïstes des intérêts particuliers. Pour résoudre les difficultés de l'heure présente, pour faire triompher nos vues sur le terrain des négociations internationales, il importe que la France montre une résolution unanime. L'heure est grave en effet ... Nous avons rêvé de paix et de collaboration entre les peuples, nous avons cru que les engagements solennellement souscrits suffiraient à garantir l'ordre établi, et voici que la notion fondamentale du respect des contrats s'effrite, que la bonne foi [...] se dérobe et que l'Europe reste divisée. [...] Mais il serait vain de consentir les sacrifices nécessaires à notre sauvegarde si nous laissions notre organisme national s'épuiser sous les rudes incidences économiques du moment. Une crise sans précédent ébranle le monde et menace jusque dans ses fondements notre civilisation. [...] Dans les moments d'angoisse ou d'incertitude qui font vaciller les plus fermes dessins, tournons nos pensées vers ce "soldat de Verdun" dont la vertu semblait sans limites, nous puiserons en lui la notion et la volonté de l'accomplir." (Guy Pedroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 299). Dans ce même discours, il précise que "de dures expériences ont convaincu les soldats de la faiblesse de l'homme en face de la prodigieuse puissance du matériel." (Guy Pedroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 306).
A l'occasion du 17ème anniversaire du déclenchement de l'offensive allemande sur Verdun, le 21 février 1933, Pétain déclare : "Au contact des réalités, l'enthousiasme s'atténue, l'homme réfléchit. Dans la bataille moderne, il s'aperçoit qu'il n'y a point de victoire possible si les troupes ne sont pas suffisamment armées, instruites, commandées." (Guy Pedroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 306).
Le 9 février 1934, le Maréchal est nommé ministre de la Guerre dans le gouvernement de Gaston Doumergue, fonction qu’il occupe jusqu’au 8 décembre 1934. Il a accepté le portefeuille de la Guerre à la condition de pouvoir coordonner les trois ministères militaires : la Guerre, la Marine et l'Air. Il manifeste ainsi son soucis constant de la coordination dans la préparation à la guerre, aussi bien que dans la conduite des opérations. Cependant, il va devoir faire face aux restrictions budgétaires consacrée à l’armée. Dès le 26 mars, il demande l’adoption du char B1 dont il avait fait faire des prototypes pendant son commandement. Le même jour, il décide aussi l’adoption du char D2 et de l’étude d’un char léger. Par ailleurs, Pétain était soucieux de la formation des officiers supérieurs, et ordonne que tous les postulants de l’École supérieure de la guerre effectuent des stages préalables dans des unités de chars et d’aviations (Journal Officiel, 4 mars 1934).

Le 31 mai 1934, il est convoqué devant la Commission des finances et renouvelle ses réserves sur l’efficacité de la ligne Maginot. Il explique ce qu’est pour lui la fortification : le béton est un moyen pour économiser les effectifs, mais l’essentiel reste une armée puissante sans laquelle elle n’est qu’une fausse sécurité. Le but de la fortification est de permettre le regroupement des troupes pour l’offensive ou la contre-offensive. Il indique à la Commission des finances : « la ligne Maginot ne met pas à l’abri d’une pénétration de l’ennemi, si l’armée n’est pas dotée de réserves motorisées aptes à intervenir rapidement. » Néanmoins, il soutient le principe de cette ligne. Malgré tout, le Maréchal ne pensait pas que la ligne Maginot devait s’arrêter à la frontière belge. Il n’oublia pas ces graves erreurs lorsqu’il fera juger les responsables de la défaite en 1941, en imputant celle-ci essentiellement aux politiciens, même si nous savons très bien que les autorités gouvernementales avaient aussi suivi les orientations stratégiques de certains généraux.

Le 15 juin 1934, Pétain obtient un crédit supplémentaire important de 1 275 milliards de francs pour la modernisation de l’armée. La veille, il prononce un discours à la Chambre des députés et détaille brièvement les futures dépenses du crédit accordé le lendemain :
- 395 millions seront employés à l'achèvement de travaux en cours et pour la construction de casernements à proximité des ouvrages, dont 292 millions de francs seront destinés à l'organisation défensive de la frontière du Nord
- 880 millions seront utilisés pour des dépenses diverses, comme la conception des chars et des avions
A cette occasion, il insiste également sur la nécessité de na pas diminuer les crédits accordés, et cela pour deux raisons : pour empécher l'arrêt des travaux ; afin d'éviter l'interruption des contrats de main-d'oeuvre, ce qui pourrait engendrer le licenciement de 15 000 ouvriers (Philippe Pétain, Actes et Ecrits, Flammarion, 1974, p. 413-415).

Malgré tout, le ministre Pétain se heurte aux difficultés économiques du pays et le Président du Conseil Gaston Doumergue envisage de baisser le crédit accordé au ministère de la guerre. A l'occasion du Congrès des officiers de réserve, organisé le 22 juillet 1934, le Maréchal tire la sonnette d'alarme : "Vous saurez conduire votre troupe au feu comme vous l'aurez fait à la manoeuvre, aptes dès la première heure à en obtenir un rendement utile dans les conditions de surprise et de brutalité qui marqueront le début des conflits futurs. Car il importe de le rappeler, la Nation tout entière est appelée à participer au danger et le paysdoit être prêt à subir sur l'ensemble du territoire la terrible épreuve d'une attaque brusquée." (Guy Pedroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 310).
Le 19 août 1934, le Maréchal inaugure le monument de Charmes. Il profite de l'occasion pour faire un nouveau discours et revient sur les erreurs de la Grande Guerre. Il rappelle notamment les retards accumulés lors de la mise en place de l'offensive de Lorraine qui était finalement prévue le 14 novembre 1918, mais que l'armistice du 11 empècha sa réalisation. Il explique : "Après quatre années de lutte sans précédent, le dénouement de la guerre paraît devoir s'accomplir sur ce même terrain de Lorraine, témoin de nos premiers efforts. Mais l'ennemi a pressenti et mesuré le danger : il se dérobe aux conséquences d'une capitulation en signant l'armistice. Le général de Castelnau qui, en 1914, avait barré la route à l'envahisseur à Charmes et au Grand-Couronné, était privé de la joie du triomphe. [...] En matière d'art militaire, il est dangereux d'ériger en système les résultats d'une expérience même heureuse. Les données de la guerre comportent trop d'éléments changeants, imprévus, parfois impondérables. C'est au chef qu'il appartient d'en discerner à tout instant la valeur pour en déduire la forme de sa manoeuvre." Enfin, il termine son discours tout en regrettant l'affaiblissement des liens franco-italiens, qui avaient pourtant porté leurs fruits durant plusieurs bataille de la Première Guerre mondiale (Guy Pedroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 311-312).
Le 27 octobre 1934, Pétain parvient à convaincre Louis Germain-Martin, ministre des finances, de signer le "Plan Pétain" prévu pour 1935. Ce plan prévoyait la construction de 60 chars lourds, de 300 chars moyens et de 900 chars légers. Deux jours plus tard, il remet une déclaration auprès de la Commission des Finances de la Chambre des députés, et insiste sur la nécessité d'un effort financier pour appuyer le "Plan Pétain" (Philippe Pétain, Actes et Ecrits, Flammarion, 1974, p. 415-416). Mais la chute du gouvernement en décembre retardera la mise en place de ce projet de plusieurs mois. De plus, le Maréchal est remplacé par le général Maurin, partisan des chars lourds et lents. Au même moment, il est l’un des premiers à dénoncer publiquement "le péril hitlérien", par l’intermédiaire de la Revue des Deux-Mondes. Dans ce même numéro de décembre 1934, il rappelle "la faiblesse de l’armée française". Deux mois plus tard, dans ce même magazine, cette fois-ci dâté du 15 février 1935, il écrit : "Il est indispensable que la France possède une couverture rapide, puissante, à base d’avions et de chars". Le 1er mars, dans une nouvelle intervention dans la Revue des Deux-Mondes, il déclare : "Notre système militaire actuel remonte aux années 1927-1928" et précise que : "Loin d'être matériellement désarmée, l'Allemagne dispose maintenant de forces militaires imposantes, susceptibles d'être mises sur pied très rapidement. Ainsi le rendement de notre système militaire ne répond plus aux conditions que nous impose le réarmement du Reich." Dans ce même article, il indique : "Le réarmement de l'Allemagne est un fait accompli. [...] Enorme accroissement des forces actives, armée et aviation ; possibilités grandissantes d'attaque brusquée, tels sont les traits nouveaux qui caractérisent l'évolution la plus récente de la puissance militaire allemande. [...] Au cours de l'année 1935, l'armée permanente du temps de paix comptera au minimum un effectif de 400 000 hommes, au lieu des 100 000 prévus par le traité. Son organisation, primitivement fixée à Versailles à sept divisions d'infanterie, va en compter vingt et une. A l'armée active proprement dite s'ajoutent les formations de la police encasernée, c'est-à-dire strictement militarisée, comptant à elle seule 180 000 hommes et bientôt 200 000, au lieu des 35 000 hommes consentis. Au total, les forces actives en temps en paix s'élèveront au cours de l'année 1935 à 600 000 hommes prévus,soit un chiffre quatre fois et demie plus fort. [...] De toute évidence, nos forces militaires actuelles sont calculées en fonction d'une puissance militaire allemande différente de celle d'aujourd'hui. Le déséquilibre qui existe dès maintenant à cet égard entre la France et l'Allemagne rique de devenir tragique à partir de 1936." (article repris dans Actes et Ecrits, Flammarion, 1974, p. 295-314).

Toujours en 1934, il rédigea la préface de l'ouvrage du général britannique Ashmore, intitulé Défense anti-aérienne (Payot, 1934). Les propos portent sur l'avenir de l'aviation et sont quasiment visionnaires : "L'aviation offensive porte dans ses flancs des possibilités insoupçonnées qu'il y a péril mortel à méconnaître. Dans son domaine, l'air, qui ne peut être barré comme on barre la terre et la mer, elle domine tous les autres théatres en plus des actions sur les arrières, actions qui lui sont propres [...] L'aviation boulverse les notions admises jusqu'ici comme évidentes ; elle oblige à remettre en cause les organisations anciennes [...] Que ne peut-on attendre d'un engin qui peut intervenir dans les batailles terrestes, dans les batailles navales, dans la défense aérienne du territoire et dans l'attaque du sol ennemi ? La vitesse prodigieuse des engins aériens lui permet de passer comme la foudre d'un domaine à l'autres, et d'agir partout à la fois. L'aviation rétrécie le monde. Elle contribue pour beaucoup à ce changement d'échelle, annoncé par Paul Valéry. Elle oblige à des boulversements profonds dans la constitution des forces armées, et dans l'organisation de l'Etat. Elle est la plus puissante défense du pays."
En 1935, Pétain devait participer à une conférence à Bruxelles portant sur l'évolution de l'art de la guerre et son avenir. Cet évènement était destiné aux Amis de la langue française et aux Conférences cardinal Mercier. Cependant, il a été contraint d'y renoncer pour des raisons diplomatiques, mais le texte du discours fut préservé. Le général Conquêt avait publié quelques extraits dans son oeuvre Auprès du maréchal Pétain (p. 154-155). Quant au texte intégral, il avait été communiqué par le fils du général Montjean au colonel Perrier-Cornet en 1988. Ce dernier confia le précieux document à Guy Pédroncini qui publia quelques passages à travers son Pétain : Le soldat 1914-1940. Selon l'historien, le Maréchal voulait mettre en avant les expériences et erreurs du passé, et constatait que les humains n'ont "jamais tenu compte du capital d'expérience amassé par leurs devanciers" et qu'ils sont "toujours retombés dans les mêmes ereurs et les mêmes incertitudes". Il souhaitait mettre en valeur l'apprentissage de l'histoire afin d'y trouver "d'utiles leçons", même si chaque conflit engendre "une énigme nouvelle ". L'histoire ne fournit pas de "recettes pour vaincre" mais il permet "quelques anticipations sur les formes nouvelles de la guerre". Puis il insistait sur le fait que "matériel, volonté, intelligence dominent toute action guerrière", que la science et le courage "ont toujours été indispensables", et cela "au regard de l'importance croissante qu'ont prise au cours des âges les conditions matérielles". Et il affirme "que la situation des matériels mis à la disposition des combattants détermine la physionomie propre de la guerre et que le perfectionnement incessant des moyens entraîne une évolution continue de l'art de la guerre." Toujours d'après ce même document, il voulait faire une étude sur l'évolution de l'art de la guerre en fonction de l'armement, et cela depuis Alexandre le Grand jusqu'à la Grande Guerre, en soulignant un profond changement au XIVème siècle avec l'apparition de l'arme à feu. Il ne souhaitait pas passer à coté de Napoléon qui "porte au plus haut degré l'art militaire et exploite avec une incomparable habilité toutes les possibilités de son temps." Il voulait mettre l'accent sur le XIXème siècle qui symbolisait l'apparition "de profondes transformations dans le domaine du matériel", notamment le fusil et le canon à tir rapide qui "boulversent les conditions du combat. L'efficacité destructrice du feu exclut du champ de bataille les formations serrées." Enfin, il définissait la Grande Guerre comme le grand tournant tant attendu : "C'est le monde presque tout entier qui met les armes à la main. L'enjeu est d'importance. L'avenir même de l'humanité est en cause : d'un côté c'est la Haine et la Violence, de l'autre la Liberté et le Droit." Il ajoute que : "Sans doute l'offensive seule peut apporter des résultats décisifs : encore faut-il en avoir les moyens", définissant la percée comme "une illusion". Pour vaincre définitivement, il faut épuiser les réserves de l'ennemi. C'est ce qui s'est passé en 1918, mais elle "n'a été possible que grâce au char blindé, instrument qui se rit des mittrailleuses et des défenses accessoires, et qui permet les foudroyantes et les pénétrations profondes", et que c'est "l'apparition de ce nouvel engin qui rend l'avantage à l'assaillant et met fin en quelques mois aux hostilités de quatre ans." (Guy Pedroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 307-308). Pédroncini précise que le général Montjean regrettait que cette conférence du maréchal Pétain n'ait pas été prononcée, car cela aurait empéché les préjugés mensongés selon qui inventait un Maréchal n'accordant q'une faible importance à la technologie. Il y a pourtant suffisement de preuves pour démontrer le contraire. Beaucoup ont oublié que ce simple homme avait prédit la stratégie employée à l'avenir par les armées évoluées, et par extension la débâcle de 1940 :
"Il n'est malheureusement pas déraisonnable d'imaginer un agresseur résolu menant ses opérations dès le début avec une telle rapidité qu'elles anéantissent les premières forces militaires de son adversaire, paralysant sa mobilisation, détruisent les organes vitaux de sa puissance économique, étouffent toute velléité de résistance. Les instruments d'une pareille guerre existent. Sans tenir compte des moyens que le progrès de la chimie, de la bactériologique ou de l'électricité laissent entrevoir, il y a dès maintenant l'engin blindé et l'avion.
L'engin blindé automobile a donné la mesure de sa valeur en 1918. Sa puissance, sa rapidité de déplacement, sa résistance aux projectiles n'ont fait que s'accroître.
L'avion [...] est en train de se tailler une part prépondérante dans le domaine guerrier." (Guy Pedroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 307-308).
Le 6 avril 1935, le maréchal Pétain remet la légion d'honneur à l'Ecole supérieure de la guerre. A cette occasion, il prononce un discours devant le président de la République Albert Lebrun, et dévoile sa stratégie qui demeure opposée à celle de Maurin : « l'apprentissage de la guerre doit s'inspirer de la connaissance des faits, dont l'Histoire fournit la base. [...] L'art militaire est le plus mouvant de tous les arts. Il serait facheux de se figer dans l'étude du passé sans jamais interroger l'avenir... L'école de guerre doit apporter dans ses recherches un esprit résolument ouvert aux problèmes modernes. Sous peine d'être surpris et de subir le système de guerre de l'adversaire, il importe dès maintenant d'avoir une doctrine. Cette doctrine doit faire une place raisonnable aux facteurs moraux et intellectuels qui restent des éléments permanents de l'action. Mais elle doit aussi s'appuyer sur l'étude des propriétés de l'armement qui de tout temps ont régi les formes de combat. La mitrailleuse, le canon lourd, le char et l'obus à gaz ont boulversé la tactique. Tout en restant attentif aux transformations que les progrès de la chimie, de l'électricité ou de toute autre science, il est nécessaire de tenir le plus grand compte des perspectives ouvertes par l'engin blindé et par l'avion. L'automobile, grâce à la chenille et à la cuirasse, a conquis droit de cité sur le champ de bataille et y met la vitesse au service de la puissance. Les unités mécanisées sont capables de donner aux opérations un rythme et une amplitude inconnus jusqu’ici. L’avion, en portant la destruction jusqu’aux centres vitaux les plus éloignés fait éclater le cadre de la bataille limité autrefois à la portée des coups de l'artillerie et modifie les conditions de l'action stratégique. [...] On peut même se demander si l’avion ne dictera pas sa loi dans les conflits de l’avenir. On ne comprendrait donc pas que cette arme, dont la puissance et le prestige s'accroissent de jour en jour, ne fut pas l'objet dans cette école d'une école approndie. En fait, la victoire appartiendra à celui qui saura le premier exploiter au maximum les propriétés des engins modernes et combiner leur action à quelque plan que ce soit pour anéantir les moyens de lutte de l'adversaire. » (Philippe Pétain, Actes et Ecrits, Flammarion, 1974, p. 423-428 et Guy Pédroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 312-313). Malgré tout, les hommes au pouvoir à cette époque ne tiendront pas compte de cette réflexion. Pétain était certain que la Seconde Guerre Mondiale était proche, tandis que d’autres le riront au nez, tout en s’accrochant à l’illusion d’une paix durable. A cette époque, le général Sikorsky publia son livre La Guerre moderne (Berger-Levrault, Paris, 1935). Le Maréchal participa à la rédaction de sa préface. Il écrit d'abord pour l'aviation "un rayon sans cesse croissant". Puis il explique que les éléments terrestes devront être "motorisés et mécanisés", et précise que « Les possibilités des chars sont tellement vastes qu’on peut dire que le char sera peut-être demain l’arme principale. » Puis il ajouta que : "L'utilisation de ces forces nouvelles, en combinant les unes avec les autres, posent des problèmes nouveaux, délicats et complexes d'organisation et d'emploi tactique. Favorisant l'attaque brusquée et les actions de surprise, ces progrès sont de nature à ouvrir de nouvelles voies à l'art de la guerre."
Afin d'unifier les forces armées de la France, il crée le Comité permanent de la défense nationale en 1936. Ce comité réunira divers généraux jusqu’en 1939, et Pétain assiste régulièrement aux séances. L’objectif était de préparer la France à la guerre : "une nation doit avoir, dès le temps de paix, une organisation permanente, fortement centralisée, qui assure l'unité de direction pour tout ce qui touche à la préparation des forces nationales [...] L'Air doit soit collaborer avec les autres armes, soit agir isolément pour porter la guerre chez l'ennemi ; cependant, les actions des trois armes doivent être coordonnées et il faudra, par conséquent, un commandement unique [...] Je ne demande pas un chef unique pendant la paix, mais pendant la guerre [...]". Pour lui, il faut établir cinq points: "Etablissement du plan de défense de l'Etat et des plans de campagne correspondant aux diverses hypothèses ; Orientation de la doctrine de défense nationale en fonction de l'évolution de la technique et arbitrage entre les thèses divergeantes; répartition générale des effectifs et des crédits de défense nationale ; mise en harmonie des programme d'armement; impulsion donnée aux recherches techniques s'inspirant des besoins communs aux forces terrestres, navales, aériennes." Il conclu par : «dans le domaine militaire, l’unité de commandement en vue de la coordination des moyens est à la base du succès.» (maréchal Pétain, Défense nationale et Commandement unique, Revue des Deux Mondes, 1er mai 1936, puis repris dans Actes et Ecrits, Flammarion, 1974, p. 315-327). Il applique cette réflexion à l’ensemble de la défense nationale. Cela inclut les servitudes géostratégiques de la France, puissance à la fois continentale, maritime et coloniale, pour justifier la centralisation du commandement. Ensuite, il faudra créer un ministère de la Défense nationale chargé de la coordination des hautes questions des forces armées, avec un chef d’état-major général de la Défense nationale qui, lors de la mobilisation, doit être investi de la direction générale de l’ensemble des théâtres d’opérations.

Le maréchal Pétain émet plusieurs critiques contre le manque de volonté de la classe politique à investir dans l'armée française, et évoque des insuffisances dans tous les domaines. Le 4 octobre 1936, il lance un discours à Saint-Quentin et prononce cette célèbre phrase : "La conception de l'armée défensive qui a prévalu en France à la suite du traité de Versailles a fait son temps." A cette occasion, il évoque la situation internationale et se dit favorable à un resserrement des alliances face au péril allemand. Il mentionna l'amitié qui le lie avec John Persching et son admiration pour les Etats-Unis, puis mentionne sa volonté de préserver les relations avec la Grande-Bretagne (Guy Pedroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 302).
La revue Sciences Politiques avait publié une conférence qui devait être prononcée par le Maréchal le 3 février 1938, à l'ouverture du cours de Défense nationale à l'Ecole libre des Sciences Politiques, devant plus de 800 élèves et devant des membres du conseil d'administration de l'école. Il insiste sur le fait que "L'art militaire est en perpétuelle évolution." et ajoute que "Ce sont les propriétés techniques des armes qui fixent le caractère des guerres." (Philippe Pétain, Actes et Ecrits, Flammarion, 1974, p. 328-341).

Malgré ses interventions, Pétain sera peu suivi. Parmi les officiers qui le soutiennent, il y a notamment deux de ses anciens élèves à Saint-Cyr, Alphonse Juin et Charles de Gaulle. D’ailleurs, ce dernier écrira trois livres sur l’armée française : Le fil de l’Epée en 1932, Vers l’armée de métier en 1934 et La France et son armée en 1938. Il reprendra les mêmes suggestions que Pétain en matière militaire, même si quelques différences demeuraient entre les deux hommes.
Par ailleurs, il faut savoir que le Maréchal se montrait déjà sceptique en 1936 sur la capacité de la France à pouvoir combattre face aux Allemands. Pour preuve, une lettre envoyée au général Héring et datant du 7 janvier 1937, qui démontre son état d’esprit sur de possibles menaces :

"Mon cher Héring,
Cette fin d’année (votre lettre est datée du 30) ne vous apparaît pas gaie.
Vous avez pour cela deux raisons, la santé de madame Héring et l’état général de nos affaires militaires, et vous êtes bien placé pour sentir la gravité de ces dernières.

L’Europe entière est dans l’attente des oracles qui vont sortir du prophète de Berchtesgaden. Voilà où nous en sommes 19 ans après avoir tenu dans nos mains le peuple qui nous menace aujourd’hui, à notre merci.
Rien ne sert de récriminer, il faut se préparer à se battre de nouveau – sursum Corda !
En toute affection… meilleurs vœux de guérison pour madame Héring
Ph. Pétain"
Le 26 mai 1938, le Maréchal prononce un discours au Congrès de l'Union nationale des Combattants. Il rappelle la défaite française de 1870 face à la Prusse, puis le redressement de la France lors de la Grande Guerre. Mais il ajoute : "La victoire aurait-elle changée de camp ? Les clauses du traité de 1919 ont été déchirées par l'Allemagne, l'un après l'autre. Ce qui nous en reste, aussi appréciable que ce soit, ne constitue plus qu'une victoire mutilée. Sans avoir recours à la force des armes, l'Allemagne s'est assurée en pleine paix des avantages matériels qu'elle n'aurait pu obtenir en d'autres circonstances qu'après une campagne militaire victorieuse. Notre prestige en a souffert. Notre force militaire, restée cependant intacte, a perdu la par comparaison avec celles d'autres peuples voisins, une partie de sa puissance. Nous nous trouvons en présence d'une situation sérieuse. Notre avenir est menacée." (Philippe Pétain, Actes et Ecrits, Flammarion, 1974, p. 433-436). Il averti encore les français du danger le 20 novembre 1938 à Metz, à l'occasion d'un banquet pour le 20ème anniversaire de l'entrée des troupes françaises dans la ville. Il se montre extrêmement pessimiste : "En examinant froidement les faits, je suis forcée de constater que nous avons laissé échapper la plupart des avantages de notre victoire. Les Français, oubliant que la grandeur d'un pays n'est faite que de la somme des efforts personnels, se laissèrent entraîner vers la jouissance et les appétits matériels. L'union réalisée devant le danger s'évanouit dans le bien-être, et chacun reprit ses habitudes égoïstes du temps de paix. C'est pourquoi l'avenir si beau en 1918, vous apparaît maintenant sous des couleurs plus sombres." (Philippe Pétain, Actes et Ecrits, Flammarion, 1974, p. 436-441).
Enfin, juste avant la guerre, un conflit opposa Pétain à Gamelin. En effet, en janvier 1939, le Maréchal déclare à Science Po : « Comme les armements terrestres et maritimes ont été très peu modifiés depuis 1918, on pourrait en déduire que les caractères de la guerre future seront, au début, les mêmes que ceux de la guerre passée. Il n’en sera pas ainsi parce qu’il s’est produit un fait nouveau considérable, de nature à bouleverser les conditions de la guerre future. Le fait nouveau, c’est l’apparition de l’avion et sa participation à la guerre ». le général Gamelin n'était pas contre la modernisation de l'armée puisqu'il dira le 5 décembre 1938 : "Il faut augmenter l'aviation [...] mais un accroissement des forces terrestres s'impose. Or on est à la limite des crédits [...] pour l'achat de matériel neuf. Car nous avons des prototypes d'engins blindés, et il faudrait accélérer la sortie des matériels de série. Dans un pays à faible natalité, il faut des engins de guerre très moderne." (Guy Pedroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 478). Auparavant, il avait même demandé à Daladier la création de trois divisions le 10 mai 1938, puis de trois divisions cuirassées avec deux autres en réserve le 21 mai de la même année. Daladier rejeta ces demandes et n'accepta que deux divisions cuirassées de réserve prévues pour octobre 1940 (Guy Pedroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 479). Mais, lors d'une réunion du CPDN des 24 et 25 février 1939, Gamelin répondra bêtement à Pétain : « Que peut l’aviation contre des hommes enterrés dans des tranchées étroites » (Citation déformée par Jean-Baptiste Duroselle dans La Décadence, p. 395, puis reprise par Guy Pedroncini dans Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 310). Si Gamelin n'était pas dénué d'une bonne volonté à moderniser l'armée, ce chef des forces françaises était encore enfermé dans ses stratégies de la Grande Guerre. En parallèle, voici la pensée de Pétain vis-à-vis d'une future attaque ennemi : "Tout à coup l'agresseur passera à l'intimidation aux actes. Sous la violence déchaînée de ses attaques, il faudra courrir aux frontières, défendre le ciel et en même temps continuer et intensifier les travaux de la paix, veiller sur les moissons, repreupler les usines vidées par l'appel aux armes ; conserver une volonté froide et lucide au milieu du boulversement des esprits. La Nation devant la brusque révélation de la réalité frissonnera. Les épreuves sembleront trop lourdes, les victimes trop nombreuses, les mesures de défense insuffisantes. La masse encline aux mouvements irraisonnés penchera peut-être vers le découragement et la capitulation et se tournera vers ses chefs, implorant d'eux un réconfort et une direction. C'est de leur énergie, de leur prestige que dépendra en définitive le sort du pays." (Guy Pedroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 310). Il est frappant de constater à quel point l'attaque allemande était annoncée par le futur chef de l'Etat.

Le Maréchal n’est pas le seul à demander un plus grand effort dans le réarmement de la France. Le général Vuillemin, chef d'Etat-Major à l'armée de l'Air, avait réalisé un d'un voyage d'études en Allemagne. Il y rencontre le maréchal Göring, qui lui montra des prototypes et des usines à énorme capacité de fabrication. Très affecté par ce qu’il avait observé, il tenta d’alerter les politiciens au pouvoir : "J'ai dû prévenir les présidents du Conseil, Blum et Daladier, que si la guerre éclate, au bout de quelques heures, notre aviation démodée aura été anéantie." (Jean Montigny, La Défaite, Editions Grasset, 1941, p. 102).
En septembre 1938, c’est-à-dire au moment de la crise tchécoslovaque, ce même général Vuillemin déclara à Edouard Daladier : "Monsieur le président, si la guerre éclate, je vous demande d'être relevé de mon commandement et d'aller me faire tuer dans un avion de bombardement au-dessus de Berlin." (Charles Reibel, Les Responsables : Ma déposition devant la Cour suprême de Justice, Editions Baudinière, s.d, p. 13). Ces propos furent rapportés à Reibel par Daladier lui-même le 10 février 1939.
Par ailleurs, le ministre des Affaires étrangères Georges Bonnet craignait un débordement de la part des opposants politiques qui souhaitaient à la guerre. Lors d’un entretien avec de députés partisans d'une solution négociée, il s’exclama : "Ils sont fous. Vous, à la Chambre, faites l'impossible pour arrêter cette guerre, nous irions au désastre, cette guerre serait un crime!" (Jean Montigny, La Défaite, Editions Grasset, 1941, p. 104). Ce même Bonnet va demander une réunion au ministère de la guerre, qu’il obtiendra le 23 août 1939. Mais Gamelin et La Chambre osèrent affirmer que l'armée de terre et l'armée de l'air étaient prêtes, et m’émirent que quelques réserves. Reprenant la doctrine de Pierre Cot, Guy La Chambre d'invoqua l’aide de l'aviation anglaise, mais les parlementaires n’en savaient rien. En effet, Paul Rives, rapporteur du budget de l'air, tenta vainement d'obtenir des renseignements sur l'aviation anglaise, mais nos « alliés » ne souhaitaient pas donner d’information sur le nombre d’avions qui pourraient seconder l’armée française. (Hector Ghilini, A la barre de Riom, Editions Jean Renard, 1942, p. 22). Malgré tout, ils expliquèrent que les moyens des anglais "équilibraient sensiblement les moyens italo-allemands", mais avouèrent dans le même temps que l’"aviation de bombardement ne sortait pas encore en grande série" et qu'il faudrait "attendre au début de janvier 1940" (le procès-verbal de la réunion rédigé par le général Decamp, chef du Cabinet militaire de Daladier, a été publié dans Gringoire, le 19 décembre 1940).

De plus, au cours de cette réunion, Edouard Daladier ne demanda pas au général Vuillemin (présent à la réunion) de précisions sur l'état réel de l’aviation française. Pourtant, ce dernier savait que, face aux 4 500 avions de guerre allemands en ligne (sans compter les 5 000 en réserve et les 3 000 de coopération), l’armée française ne possédait que 510 avions de chasse (dont 442 modernes), 390 bombardiers (dont aucun moderne), 170 avions de reconnaissance (dont 52 modernes), et 340 avions d'observation (dont aucun moderne). En outre, elle ne possédait aucun avion de bombardement en piqué. Un comité d'étude pour leur fabrication s'était réuni une première fois le 21 octobre 1938, c'est-à-dire beaucoup trop tard (Gringoire, 24 avril 1942, p. 2 et 13 mars 1942, p. 3, 13 mars 1942, p. 3). Ainsi, Raymond Recouly expliqua : "Nous avions, Anglais et nous, sur notre front, 710 avions de chasse contre 1 500 allemands, soit pas même la moitié. Sur ce maigre total, la chasse anglaise, dont on nous a si souvent parlé, dont nos oreilles ont été rebattues, ne figure guère que pour le cinquième." (Gringoire, 24 octobre 1940, p. 2). Malgré tout, ces estimations étaient parfaitement connues. Entre le 9 février et le 10 août 1939, le général Geffrier, attaché de l'Air à Berlin, avait envoyé cinq rapports alarmant "fournissant des précisions sur l'accroissement de l'armée de l'air allemande, les qualités de ses nouveaux appareils, les nouvelles tactiques envisagées, la production sans cesse croissante des usines aéronautiques du Reich" (Gringoire, 24 avril 1942, p. 2).

Au début du second conflit mondial, le général Gamelin se ventait d’avoir formé hâtivement deux demi-brigades cuirassées au groupement d'instruction de Nancy, et souhaitait mettre sur pied quatre divisions. Pour cette réalisation, l’armée française disposait de 2 545 chars modernes (plus environ 1 300 chars de conception ancienne), mais certains étaient encore en rodage, tandis que d’autres étaient armés avec des canons de 1918. Deux appréciations de Recouly illustrait l’infériorité militaire française :

-"Le 10 mai 1940, les Allemands disposaient d'environ 5 000 ou 5 500 chars dans les unités combattantes, dont 4 000 environ répartis dans les sections de combat,1 000 ou 1 500 de remplacement" (Gringoire, 24 octobre 1940, p. 2)

-"L'Allemagne avait 6 500 chars. Nous exactement 2 545. Mais les déficiences d'armement eurent des conséquences désastreuses en particulier au nord de Sedan où, faute de canon de 37, on assista à la destruction d'un bataillon entier de chars. M. Daladier a déclaré qu'il y avait des chars dans les dépôts, dans les garages, et qui furent inemployés. C'est un mensonge. Je défie qu'on me cite un cas précis [...] La radio n'existait pas sur les chars légers le 1er septembre 1939. A la même date, le canon automatique n'était pas prêt. Et jamais avant la guerre on n'a pu faire manœuvrer de divisions blindées, puisque nous n'en possédions pas" (Gringoire, 10 avril 1942, p. 3).

Cependant, les chiffres concernant les chars sont faux. D'après les dernières recherches, il est certain que les Allemands n'avaient pas plus de chars que les Français. Ils possédaient environ 2 500 chars, mais tous étaient modernes. Par ailleurs, si Daladier avait demandé des précisions sur la DCA, il aurait appris que la France possédait uniquement 17 canons de 90 mm pour les hautes altitudes sur les 500 demandés par l'armée. De plus, sur les 7 000 pièces de DCA jugées nécessaires, la France n’en possédait que 600. Sur les 6 000 pièces de DAT (Défense Aérienne du Territoire), elle en possédait 1 500. N’oublions pas beaucoup d'anciens modèles de la guerre 1914-1918 furent retapés en 1930, en 1933 et en 1934. D’ailleurs, l'armée française ridiculisait ce matériel sous le nom de "lance-patates" (Déposition du général Marescaux à Riom, citée dans Gringoire, 10 avril 1942, p. 3).


La France n’était pas prête pour la guerre … mais aurait pu l’éviter !



Le 23 mai 1939, le général Georges rédigea une note capitale qui confirmait l'insuffisance flagrante du matériel militaire :
I- L'Artillerie.

a) Artillerie légère de campagne.
1°) L'obusier de 105 est destiné à remplacer en partie le 155 court dans les
artilleries divisionnaires.
Une soixantaine de groupes ont été commandés.
Comment se fait-il qu'une vingtaine de groupes seulement aient été livrés... à une cadence moyenne d'un groupe par mois?
2°) Notre matériel 65 de montagne est aujourd'hui nettement insuffisant en portée
et en puissance.
Pour faire face à ces besoins urgents, nous devrions disposer d'une réserve importante de matériel 75 de montagne.
Or, cette réserve est aujourd'hui inexistante.
Quelles mesures a-t-on prises pour remédier d'urgence à cette situation grave?
3°) Artillerie lourde de CA
Notre 105 L.1913,canon de corps d'armée, a une portée de 11 à 13 km insuffisante devant les canons longs allemands.
Un nouveau matériel de 105 L. Schneider a été accepté : une cinquantaine de groupes seraient nécessaires, 7 groupes seulement ont été livrés, puis, la fabrication a subi un temps d'arrêt qui dure encore.
Pourquoi cette lenteur excessive, alors que le rajeunissement de notre Artillerie de corps d'armée est indispensable et urgent?

b) Artillerie de destruction.
Nous n'avons pour cette mission (d'attaque) que notre artillerie de la guerre
(1914 ): mortiers de 220,270,280,370,400.
Ce matériel serait à renforcer, à moderniser, parce qu'il est insuffisant en nombre et en portée.
Où en est-on de ces études?
D'autre part, il devrait être pourvu d'obus à amorçage de culot (et non de fusées d'ogives) de manière à avoir des effets de destruction puissants dans le béton.
Ces projectiles auraient été commandés en 1937 ou 1938. Aucun n'a été livré.
Où en est cette fabrication?
Quelle est la cause de ces retards inexplicables?
Quand les obus mis en commande seront-ils livrés?

c) Artillerie de DCA
1°) Artillerie de DCA de petit calibre.
Nous avons dû acheter du matériel à l'étranger. Mais les achats réalisés sont de faible importance par rapport aux besoins à satisfaire.
Notre canon de 25 Hotchkiss (monotube ou bitube) commence à peine à sortir de fabrication; encore devons-nous partager la production avec la Roumanie.
Quelles mesures sont prévues pour accroître le rythme de fabrication de ce matériel, indispensable pour la protection des troupes, des points sensibles, des établissements, des villes de la Métropole comme de l'Afrique du Nord?
2°) Artillerie de DCA de moyen calibre.
800 pièces de 75,modèle 32 ou 33,sont nécessaires pour l'armement des batteries existantes où à créer.
A peine 360 matériels ont été livrés.
Bourges n'a sorti en 8 mois que 35 matériels de 75/32.
Pourquoi a-t-on arrêté le 75/33,dont la production chez Schneider était satisfaisante (200 matériels livrés) ?
Quelles mesures sont-elles prises pour développer la fabrication de Bourges en matériel 75/32?
3°) Artillerie lourde de DCA.
Il s'agit de matériel de type 90, type marine amélioré.
Près de 500 matériels seraient nécessaires; aucun n'est sorti.
On en annonce une cinquantaine pour 1941.
Est-il possible d'attendre une date aussi lointaine pour un matériel de cette importance ?
Comment pourrait-on hâter et développer les fabrications du matériel de 90 DCA?

II- Infanterie et chars.

a) Munitions d'infanterie.
Il semble que la consommation des munitions d'Infanteries pour les besoins stricts de l'instruction, en temps de paix, dépasse les fabrications, bien que les dotations d'instruction aient été exagérément détruites.
De la sorte, les stocks constitués pour la mobilisation diminuent peu à peu: grave danger ! [...]

b) Canons antichars.
Deux modèles: Hotchkiss, Puteaux.
Hotchkiss (nationalisé) fabrique à une cadence satisfaisante.
Mais Puteaux, qui a une commande de 2 000 matériels, en sort 10 par mois (40 livrés).
Ce rythme est inadmissible.
Mesures prises pour le relever?

2°) Canon de 47:
Il faut un millier de matériels qui ont été commandés.
En 8 mois, une trentaine de matériels ont été livrés:
Mesures prises pour accélérer cette production?

c) Chars.
Le char lourd, type B, qui est excellent, ne sort qu'à la cadence de 4 à 5 par mois.
Il faudra 4 ans pour réaliser les besoins.
C'est un matériel qui établit notre supériorité en matière de chars.
Il faudrait donc activer sa production.
Mesures prises à cet égard?
Le char moyen Somua, sort à une bonne cadence. Il en est de même: des chars légers Hotchkiss (H-35) et Renault (R-35) bien qu'à un moindre degré.
Mais le char FCM, de facture nouvelle et intéressante, n'a été livré qu'à 100 exemplaires.
Pourquoi ne pas développer sa production?

(Document reproduit par Charles Reibel, Les Responsables : Ma déposition devant la Cour suprême de Justice, Editions Baudinière, s.d, annexe 1, p. 50-53).

Le général Georges concluait : "Notre production est, d'une manière générale, trop lente pour satisfaire nos besoins propres avec la rapidité qu'exigent les circonstances. Cette carence s'affirme encore davantage en présence des demandes (Artillerie, Chars, Antichars, DCA) que nous présentent les Puissances aujourd'hui protégées (Pologne, Roumanie, Turquie, Grèce). Il nous faut donc : Non seulement procéder à un redressement rapide et puissant dans le domaine de nos propres fabrications, mais encore réaliser des accords avec les Puissances alliées (Angleterre) ou amies (Etats-Unis, Belgique, Suisse) afin de procéder à une répartition de commandes selon les possibilités industrielles de ces Etats. Ces accords seraient de la plus grande urgence." (Charles Reibel, Les Responsables : Ma déposition devant la Cour suprême de Justice, Editions Baudinière, s.d, p. 53). La France n'était absolument pas prête à faire la guerre, que ce soit sur terre ou dans les airs.



Le lendemain de l’attaque allemande sur la ville polonaise de Dantzig (1er septembre 1939), le président Edouard Daladier déclare la guerre au IIIème Reich. Cependant, il viole la constitution de la IIIème République puisqu’il ne demande pas l’accord des deux chambres. Un certain nombre de politiciens et de militaires s’élevèrent contre cette décision. En 1943, l'abbé Bergey raconte : "Il est donc bien acquis que la France a été jetée dans la mêlée au mépris de la Constitution. Les deux Chambres étaient-elles, par leurs majorités, contre la déclaration de guerre ? Il faut répondre "Non", puisque au Palais Bourbon comme au Luxembourg, c'est à la majorité des voix qu'on a empêché l'opposition (pacifiste) de parler. Mais alors pourquoi le gouvernement n'a-t-il pas voulu solliciter le vote ? Parce que pour faire voter la guerre, on aurait trouvé une minorité dangereuse, au sein de laquelle des hommes informés auraient jeté un cri d'alarme. C'était courir le risque de compromettre ce que "les bellicistes" au pouvoir avaient déjà "décidé". Ces voix n'ont pas retenti le 2 septembre, parce qu'il n'a été question que de "crédits" à voter. Mais le vrai débat n'a pas été proposé. Et c'est là qu'est la "trahison" voulue à l'égard des Chambres et du Pays." (Gringoire, 24 septembre 1943, p. 3). On peut vraiment se demander si les hommes au pouvoir avaient conscience de la supériorité effective et technologique de l’ennemi, malgré les alertes de Pétain, de Benazet, de Reibel et d’autres. Mais il faut dire que ces politiciens n’ont jamais fait une guerre de leur vie, et ont donc agit par méconnaissance et par l’incompétence de certains officiers qui les entourent. Par ailleurs, le général Gamelin imaginait une Pologne résistant plus de six mois, ce qui aurait laissé le temps de préparer une attaque pour voler à son secours. Cependant, la Pologne a tenu deux semaines. Le 17 avril 1942, un ancien ministre de la Guerre, Jean Fabry, écrivit : "Placé (le 3 septembre) devant le fait accompli, le Parlement l'a subi sans protestation. Et s'il avait été consulté ? Je crois qu'il aurait suivi le gouvernement, mais les résistances auraient été si angoissées, les avertissements si sévères que peut-être en octobre 1939, lorsque le chancelier Hitler nous proposa la paix après la défaite de la Pologne, la situation eût évolué autrement. A la Commission de l'armée du Sénat, il n'y avait personne pour vouloir la guerre. Trop avertis, nous la redoutions". (Gringoire, le 17 avril 1942, p. 1). Les Chambres auraient peut-être voté la guerre, mais la situation aurait radicalement changé fin septembre, après l'effondrement de notre allié de l'Est et l'inaction de l'armée française qui révélait sa tragique impuissance. Par ailleurs, le colonel Jean Fabry parlait d’une paix possible entre la France et l’Allemagne en octobre 1939. Est-ce un fait ?

Un cadre allemand déclara à un diplomate neutre en mission à Berlin : "Nous avons tous pensé que dès la mobilisation, alors que les deux tiers au moins de notre armé étaient activement occupés en Pologne, les Français allaient, sans plus attendre, entamer une offensive à fond contre des forces ennemies nettement inférieures, attaquer vigoureusement la ligne Siegfried assez faiblement défendue, en passant au besoin par le Luxembourg. Nous fûmes très surpris de constater qu'ils n'en faisaient rien, en dehors d'une offensive très faible, incapable de produire aucun résultat sérieux. Bien des nôtres se dirent alors que la France était entrée dans la guerre, beaucoup moins avec le désir de la mener résolument et de toutes ses forces, que pour complaire à son allié britannique. C'est pourquoi dès le début d'octobre, la Pologne étant entièrement submergée, notre Führer adressa à ses ennemis de l’Ouest une sincère et suprême offre de paix. Puisque la Pologne, pour laquelle les Français prétendaient se battre, était hors de cause, pourquoi donc continuer une lutte qui n'avait désormais plus d'objet ? Notre étonnement fut grand de constater que la France répondait par un refus catégorique à cette proposition. Chacun de nous se demandait alors ce que cherchaient au juste les Français. Ils veulent la guerre, nous nous disions-nous, et cependant, ils ne la font pas. Nous en arrivions à cette conclusion qu'ils ne savaient pas au juste ce qu'ils voulaient." (Propos rapportés par Raymond Recouly dans Gringoire, 24 octobre 1940, p. 2). Très peu d'historiens (pour ne pas dire aucun) relatent ce fait caché, cette tentative de paix de la part du chancelier du IIIème Reich. Le 6 octobre 1939, Daladier hésita à prendre cette main tendue de Hitler. Cependant le secrétaire général des affaires étrangères Alexis Léger empêcha cette réalisation. Désormais, la débâcle était inévitable.

En mai 1940, en pleine débâcle, le chef des forces françaises Maxime Weygand essayait de limiter la casse. En parallèle, un Daladier complètement irréaliste démontra son incompétence en matière de stratégie militaire. Dans le Tome 3 de ses Mémoires (Rappelé au service), le général Weygand indique à la page 153 : « Dans la première partie de sa réponse, le Président du Conseil s'associait à mes demandes à nos alliés. Dans la seconde il m'invitait à organiser la Bretagne en un réduit national capable d'une résistance de durée et me faisait part, pour la première fois, de son intention de renforcer la défense de l'Afrique du Nord. La conception d'un réduit breton, séduisante pour l'esprit, parut dans la conjoncture du moment, militairement irréalisable. Pour organiser une véritable forteresse, il fallait disposer d'effectifs, d'engins de guerre de toute nature, singulièrement anti-chars et anti-aériens. Tout cela nous manquait sur la ligne de défense que nous organisions en toute hâte, il ne pouvait être question d'en distraire aucun élément. Je mis néanmoins aussitôt la question à l'étude comme j'en avais le devoir et parce que rien ne devait être négligé de ce qui pourrait se montrer utile. Je reviendrai sur ce réduit breton. Quant au renforcement de l'Afrique du Nord, il eût été bon d'y penser plus tôt. Lever et armer 500 000 hommes demandait un certain temps, sans parler du tonnage nécessaire à leur transport et de leur installation en Afrique ou le général Noguès avait déclaré ne pouvoir en recevoir et en instruire que 20 000. L'intention d'acheter des armes à l'étranger pour les en munir affirmait notre misère, mais cette solution à longue échéance ne répondait nullement à l'allure prise par les événements. »



Enfin, quelle est la situation de l'armée française au moment de la signature de l'Armistice ?

Dans son discours du 20 juin 1940, le maréchal Pétain a dévoilé publiquement les faiblesses de l’armée française, en comparant la situation avec celle de la Grande Guerre : « Nous espérions résister sur la ligne de la Somme et de l'Aisne. Le Général Weygand avait regroupé nos forces. Son nom seul présageait la victoire. Pourtant la ligne a cédé et la pression ennemie a contraint nos troupes à la retraite. Dès le 13 juin, la demande d'armistice était inévitable. Cet échec vous a surpris. Vous souvenant de 1914 et de 1918, vous en cherchez lés raisons. Je vais vous les dire. Le 1er mai 1917, nous avions encore 3.280.000 hommes aux armées, malgré trois ans de combats meurtriers. A la veille de la bataille actuelle, nous en avions 500.000 de moins. En mai 1918, nous avions 85 divisions britanniques ; en mai 1940, il n'y en avait que 10. En 1918, nous avions avec nous les 58 divisions italiennes et les 42 divisions américaines. L'infériorité de notre matériel a été plus grande encore que celle de nos effectifs. L'aviation française a livré à un contre six ses combats. Moins forts qu'il y a vingt-deux ans, nous avions- aussi moins d'amis. Trop peu d'enfants, trop peu d'armes, trop peu d'alliés voilà les causes de notre défaite. » La débâcle n’était donc pas une surprise, mais on peut aussi constater que les « alliés » anglais n’ont pas beaucoup aidé les troupes françaises. En mai 1945, c’est-à-dire avant son procès, Pétain envoya une note à la Commission d’Instruction de la Haute Cour : « J’étais ministre de la guerre en 1934, je ne le suis resté que neuf mois. Cela suffit à des adversaires pour essayer de me rendre responsable de la défaite de 1940. Je ne suis guère en mesure, actuellement en prison, démuni de tous documents, séparé de mes collaborateurs, d’apporter des précisions sur le budget des armements en 1933. Ce que je puis affirmer, c’est que mon effort a tendu essentiellement à la réorganisation de l’armée, alors que la politique de presque tous mes prédécesseurs n’avait, au contraire, tendu qu’à l’application de la formule « arbitrage, sécurité, désarmement.

Une des premières conséquences du désarmement avait été la réduction de la durée du service militaire. En ce concerne la diminution de 20% sur les crédits de matériel inscrits au budget de 1934,, il ne s’est agi, en réalité que d’une variante d’emploi, absolument justifiée, puisque, sur les crédits restants, 200 millions ont dû être reportés à l’exercice de 1935 par suite du retard dans la livraison des matériels commandés.

Depuis la note du 17 avril 1934, la politique de la France était d’assurer elle-même sa propre défense. J’ai alors tracé, pour 1935 et les années suivantes, tout un plan de réarmement et réclamé un crédit de 800 millions comme première tranche de ce nouveau programme. Mais on ne pouvait modifier en quelques semaines, dans le domaine des réalisations pratiques, une politique de dix années d’illusion, d’hésitation, de faiblesse, contre laquelle les autorités militaires étaient demeurées sans pouvoir. […]

Quant aux chefs du parti communiste – que je ne confonds pas avec la classe ouvrière – qui m’accusent de trahison, ils avaient délégué M. Ramette à la tribune de la Chambre pour répondre au discours dans lequel je sollicitais le vote immédiat de crédits nouveaux de 1 275 millions, et M. Ramette s’exprimait ainsi : « Nous ne situerons pas la discussion d’aujourd’hui à la manière du parti socialiste de Jules Moch. Son souci est qu’on réalise à meilleur marché la préparation de la guerre. Nous, nous nous dresserons contre cette préparation en bloc. Et si la guerre éclate, notre but sera de la transformer en guerre civile. » (Philippe Pétain, Actes et Ecrits, Flammarion, 1974, p. 461-462).
Enfin, il est intéressant d’analyser la plus puissante des grandes unités militaires françaises, c’est-à-dire la VIIème Armée. Il restait comme éléments :

- pour la 19è Division : moins de 1000 hommes, 23 mitrailleuses, 3 canons de 25, 1 canon de 47 et 1 canon de 75

- pour la 29è Division : aucune infanterie, 5 canons de 75, 1 canon de 25 et une fraction de G R D

- pour la 47è Division : 700 fantassins, 4 canons de 75 et 7 canons de 155

- les 4ème D I C et 24ème Divisions sont réduites à quelques centaines d'hommes (Général Georges, situation du 25 juin 1940).
La supériorité de l'armée allemande est incontestable, et l'armée française était trop faible pour résister. Il n'y avait donc pas besoin d'être devin pour deviner la débâcle.

Après l'analyse de ces deux articles, il n'est guère étonnant que la France a subi une débâcle militaire face à l'Allemagne. Alors que le IIIème Reich s'était préparé à la guerre en se dotant des dernières technologies, les gouvernements français préféraient compter sur un matériel vétuste et dépassé. Pourtant, dans les années 1930, plusieurs avaient alerté les politiciens au pouvoir sur l'urgence d'investir dans l'armement. Il y a eu des quelques personnalités politiques comme Paul Bénazet ou Charles Reibel. Des militaires sont aussi intervenus pour faire part de leurs inquiétudes, comme Pétain, Georges ou Vuillemin qui avaient compris que la guerre était proche. De plus, le Maréchal était l'homme le plus prestigieux de l'époque à alerter les autorités, alors on peut se demander si les politiciens l'ont réclamé au pouvoir durant la débâcle uniquement à cause de son prestige, ou car il était l'un des premiers à avoir prédit la catastrophe. En face, Pierre Cot et Guy de la Chambre préféraient compter sur une alliance avec d'autres pays, mais la France a dût se débrouiller quasiment seule au début de la Seconde Guerre Mondiale. De plus, certains généraux comme Gamelin avaient démontré leurs compétences limités, et voulaient employer des stratégies dépassées. Par ailleurs, il ne faut pas oublier qu'en début 1942 s'organisa le procès de Riom, qui réunissait les hommes accusés par Pétain d'être responsable de la débâcle. Est-ce que ces accusations sont justifiées ? Au regard des différentes preuves, il est incontestable que les personnes au pouvoir entre 1936 et 1940 ont pleinement contribué à cette catastrophe. Donc qu'on le veuille ou non, le procès de Riom était bel et bien légitime. Malgré tout, il ne faut pas présenter la Bataille de France de mai-juin 1940 comme une promenade de santé pour l'armée allemande. En effet, n'oublions pas que les pertes ennemies ont été proportionnellement plus conséquentes lors de ces six semaines de campagne que lors des six premiers mois sur le front russe en 1941, ou que lors des trois mois de la Bataille de Normandie en juin 1944. Au moment de l'armistice de Rethondes, l'Allemagne ne disposait plus que de 700 chasseurs et 841 bombardiers, et près de 1 600 de leurs avions furent détruits. Avec une infériorité technologique et effective, les troupes françaises se sont montrés davantage héroïques et résistants que le prétendaient beaucoup de personnes. Cela démontre alors que si les politiciens avaient davantage investi dans l'armement et mobilisé plus d'hommes, alors nous n'aurions certainement pas subi une telle défaite. Enfin, il ne faut pas être dupe, certaines décisions de généraux sont à remettre en cause, voire même à déplorer. Nous pouvons citer notamment l'erreur tactique monumentale des généraux Gamelin et Georges d'avoir laissé le centre du front (c'est-à-dire la Meuse) sous la défense de divisions sous-équipées en DCA et en armes antichars. Nous pouvons rappeler également la décision de disperser la 7ème armée ainsi que 3 divisions de cuirassés alors qu'il était possible de contrer la percée de chars allemands par les flancs, puis ensuite de contre-attaquer pour renverser la situation. Enfin, n'oublions pas la mauvaise gestion des chars par Weygand, qui en envoya plusieurs centaines pour reconquérir des places stratégiques secondaires, au lieu de les conserver pour lancer des contres-offensives lors de batailles décisives et sur des points géostratégiques importants. A toutes ces erreurs s'ajoutent des problèmes fréquents de coordination et de communication.
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

Napoléon
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