Cette intervention aurait-elle permis de changer l'issue de la bataille de France (l'assaut allemand contre la ligne "Weygand", sur la Somme et l'Aisne) ?
En vérité, un élément était de nature à changer la donne : l’intervention de la Royal Air Force ! L’aviation française, surclassée, essayait tant bien que mal de disputer à la Luftwaffe, la maîtrise des airs qui se traduisait surtout par le bombardement des positions françaises et des voies de communication. De plus, sous la protection d’une chasse souveraine, les appareils d’observations coopérant avec la Wehrmacht signalaient le moindre mouvement des troupes françaises…
Si Churchill acceptait de lancer les 10 « squadrons » qu’il avait promis le 15 mai, alors tout n’était pas perdu ! Surtout, ce renfort tant de fois promis, mais jamais envoyé, pouvait permettre une action des escadrilles de bombardiers anglais. Alors, les concentrations de panzers nécessaires pour réaliser le « Schweerpunkt » devenaient vulnérables. Ceci, d’autant que les deux aviations parviendraient à une répartition des tâches : à la R.A.F le secteur de la Somme (où devaient combattre une ou deux divisions anglaise), et celui de l’Aisne à notre aviation.
« Daladier et Gamelin décident de télégraphier à Churchill pour lui demander l’appui plus intensif de l’aviation britannique. Le Premier britannique promit d’envoyer des renforts aériens au continent, écrit Langer. Mais cette promesse n’eût pas de suite, car le Cabinet de Guerre en repoussa l’exécution (soixante jours qui ébranlèrent l’Occident, par Benoist-Méchin, collection bouquins, p.105)»
Gamelin insiste à nouveau, le 16 mai, par un télégramme adressé à Churchill :
« Je me permets d’insister à nouveau pour vous demander l’envoi immédiat de 10 squadrons de chasse envisagé.
Situation très sérieuse. Naturellement, ces 10 squadrons seraient basés sur la Basse-Seine où ils sont à l’abri, et d’où vous pourrez facilement les reprendre. »
Le soir du 16 mai, rendu à Paris, en présence de Reynaud et de Gamelin, Churchill annonce que « la R.A.F consent à mettre 10 squadrons supplémentaires à la disposition du Haut-Commandement. »
Cette mesure n’étant pas suivie d’effet, Reynaud s’envole pour Londres le 26 mai : d’après William langer, il souleva la question de savoir si – les Anglais se déclarant incapables d’apporter un soutien plus grand de leur aviation à la France- il n’était pas de l’intérêt commun que la France conclut un armistice, avant l’occupation de la zone côtière de la Manche !