L'Appel du 23 juin 1940...

Les Totalitarismes à l'assaut de l'Europe !

L'Appel du 23 juin 1940...

Message par BRH » Samedi 19 Juin 2010 17:48:31

Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

Napoléon
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BRH
 
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Re: L'Appel du 23 juin 1940...

Message par Francois Delpla » Jeudi 29 Mars 2012 05:27:11

Extrait d'un livre à paraître, à propos de celui que j'ai consacré en 2000 à l'appel du 18 juin :

cet ouvrage est, de tous, le plus évolutif –même si malheureusement, en 2010, il a été impossible de l’actualiser avant de le remettre en librairie. Il me restait à découvrir une nouvelle date dans l’histoire, non seulement de la France, mais de la guerre, du siècle et même de la démocratie, celle du 23 juin 1940. En effet, était-il écrit d’avance que la Grande-Bretagne, ayant de Gaulle sous la main, allait continuer de reconnaître le gouvernement de Pétain après l’armistice ? C’était si peu écrit que c’est, d’abord, la décision inverse qui fut prise et dûment annoncée ! De Gaulle, traité comme un galeux par le Foreign Office depuis le début, au motif que Pétain pouvait encore se bien conduire, a beaucoup de vent dans les voiles le matin du 23, l’annonce de la signature de Rethondes ayant eu lieu dans la nuit. Le cabinet de guerre, sans que Halifax émette la moindre réserve, le charge de constituer un « comité national », destiné à devenir le gouvernement de la France qui poursuit la lutte ; on espère alors qu’il va comporter des gens comme Reynaud, Herriot ou Mandel, dont de Gaulle n’aurait été que l’hirondelle. Toujours est-il que le cabinet publie un communiqué dans ce sens et autorise de Gaulle à annoncer ces dispositions à la radio le soir. Las, de même que Hitler, s’il voulait réussir son putsch de Munich en 1923, n’aurait pas dû laisser libres les autorités bavaroises qu’il avait entraînées dans sa conspiration, de même Churchill aurait dû ce jour-là séquestrer Halifax ! Le ministre des Affaires étrangères est en effet assailli, dans l’après-midi, par des notabilités françaises de Londres, Jean Monnet et l’ambassadeur Charles Corbin en tête, qui peu à peu le convainquent que la mission confiée à de Gaulle serait du plus mauvais effet dans les esprits français et que, si certes l’armistice est une chose affreuse, c’est des colonies françaises et non de Londres que doit partir une dissidence : cela s’appelle lâcher la proie pour l’ombre. C’est peu avant minuit que le carrosse se transforme en citrouille, Halifax humiliant une nouvelle fois le ministre de l’Information Duff Cooper au nom de ses prérogatives de membre du cabinet de guerre, fonçant à la BBC récupérer le texte du discours prononcé par de Gaulle et interdisant aux journaux de le publier. Il n’en est pas à sa première violation d’une décision collégiale, et il fait régulièrement avaliser ses transgressions par le cabinet de guerre le lendemain matin, preuve de la surface politique qu’il conserve et de l’étroitesse de la marge de manœuvre de Churchill : ainsi est fait encore cette fois et de Gaulle, au zénith le 23, n’est plus rien le 24. C’est le seul de ses discours qu’il censurera dans ses propres recueils… tout en publiant le communiqué sur le « comité national » dans les annexes de ses mémoires, sans en avoir rien dit dans le texte : une si précoce reconnaissance, il ne faut pas la laisser perdre entièrement…
Je consacre au 23 juin un court chapitre en 2000, puis je trouve dans les archives britanniques une version anglaise du discours gaullien du 23 et la publie en 2003, puis en 2010 le documentariste de télévision Hugues Nancy trouve la version française dans les archives de l’INA… et je revois ma traduction … et enfin, dans l'été 2011, le petit-neveu de Corbin m’écrit qu’il est en possession d’un billet inédit du général de Gaulle, adressé à son grand-oncle, probablement en fin de matinée, le 23, l’informant de son plein accord avec le cabinet anglais et lui proposant une rencontre ! Mais ce n’est pas tout : je découvre aussi, en 2010, un discours disparu, quoique radiodiffusé, de Churchill, datant, lui, de la nuit du 22 au 23 (sans doute après minuit, donc encore un événement de ce 23 juin où la guerre aurait pu basculer tout autrement et le destin de Hitler être fort abrégé ). Il s’agit d’un coup de sang à l’annonce de l’armistice, appelant tous les Français à désobéir à Pétain … et canalisé dans des formes (légèrement) plus policées par la réunion du matin suivant et son « comité national ». Mais la fin de la soirée n’est pas moins intéressante, ni moins regrettablement méconnue, que les premières heures de la journée : je lis pour les besoins de mon livre sur Mers el-Kébir, en 2010, les papiers de Joseph Kennedy édités par sa petite-fille Amanda Smith en 2001, et y découvre des notes sur un coup de fil de Churchill à l’ambassadeur le 23 juin à 22h 40. L’auteur est jugé « quelque peu éméché » par le destinataire. Toujours est-il qu’à l’heure même, peut-être, où Halifax passait à la BBC récupérer l’allocution du général français, son premier ministre pressait le gouvernement américain de reconnaître de Gaulle, en plaidant avec un prophétisme qui allait mettre quatre ans et demi à se vérifier :

Ne perdez pas de vue ce comité, parce que les Etats-Unis ne pourront pas ne pas le reconnaître, parce qu’il représente l’âme de la France, et rappelez-vous toujours qu’après nous vous y viendrez.




Rappel : un de nos colistiers, modérateur sur un autre forum et engagé dans une défense désespérée d'une sanction à mon endroit (et d'une autre contre BRH), vient d'oser prétendre que mes recherches d'historien ne dépassaient jamais le niveau de l'anecdotique.

Chacun peut en juger, c'est le cas de le dire, sur pièces.

Mais ce n'est pas la mort du pécheur qui est demandée, ni même son repentir : seulement sa conversion à ses propres valeurs.
cf. viewtopic.php?f=15&t=1001
Francois Delpla
 
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