17 juin 1940 : tragédie à Rennes...

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17 juin 1940 : tragédie à Rennes...

Message par BRH » Vendredi 18 Juin 2010 07:51:35

Rennes ; 17 juin 1940, tragédie dans la gare à la plaine de Baud
Mis en ligne : mercredi 20 septembre 2006, par Yves

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http://www.lelancastria.com/17-juin-194 ... nes-a.html


17 juin 1940, tragédie à Rennes à la plaine de Baud

Trois avions à croix gammée venant de l’Est mitraillent à basse altitude, la route de Vitré / Rennes. Ils se dirigent ensuite vers notre cité . A 10h30 le matin, après une nuit d’angoisse, une déflagration formidable surprend la ville, faisant sauter les carreaux de la plus part des maisons. Ce fut le premier et le plus terrible des bombardements contre Rennes. Les bombes destinées à la gare de triage de la plaine de Baud, font exploser un wagon de cheddite faisant partie d’un train de munitions qui, par malheur, séjournait à proximité de plusieurs trains. L’un amenait de Brest, venant de Narvik, le 212e régiment d’artillerie ; un autre était un train de réfugiés venant de Lisieux et le troisième un train de troupes anglaises.

Cette puissante explosion causa plusieurs milliers de victimes et détruisit un grand nombre de maisons. Les explosions se succédèrent pendant 24 heures. Ce fut le seul bombardement allemand, mais aussi le plus meurtrier.

En fin d’après midi, au milieu de l’émotion générale et aussi de la douleur de tous, retentit l’appel du maréchal Pétain : l’annonce de la demande d’armistice. Chacun se demande ce qui se passe dans la plaine de Baud après la terrible explosion du matin. Une heure à peine après la catastrophe donc avant midi, des hommes courageux se rendent à Baud. Il y avait là des pompiers, des cheminots et quelques dévoués citoyens. Malgré le danger des bombes à retardement qui se font toujours entendre, ils commencent à tirer les blessés, pendant que les rescapés quittent ce lieu d’horreur par le moulin de Jouet. Le général Bazoches interdit l’accès de la plaine. Malgré cela, les sauveteurs reprennent leur travail l’après-midi et continuent à sortir des corps horriblement mutilés, brûlés, racornis. D’autres sont intacts comme pétrifiés.

18 juin 1940

Dans la soirée, les allemands occupent méthodiquement les points sensibles de la ville, sans s’occuper des états major. Ces officiers, comme la population rennaise atterrée, assistent impuissants au défilé, sous leurs fenêtres, des blindés ennemis.

Et à Baud, que se passait il ? L’après-midi arrive une équipe de soldats français prisonniers, sous la conduite d’un officier, pour creuser les premières tombes au cimetière de l’Est, à droite du carré militaire. C’était un spectacle apocalypse, il y avait de nombreux soldats anglais de la formation « Royal Engineer »stationné à Lorient. Plus de 500 cercueils furent construit et de nombreux corps furent enterré dans une propriété privée ainsi que de nombreux furent enterrés dans une prairie à proximité de la catastrophe.

Ce document m’a été fournit par les archives de Rennes dont je remercie.

Le témoignage d’une rescapée de la tragédie de Baud le 17 juin 1940

Mme Char..., est en effet une rescapée de cette catastrophe, son témoignage qu’elle donne est stupéfiant. Avec sa sœur, elle était dans une voiture, à quelques mètres des trains qui ont explosé.

« Inutile de vous préciser que ce spectacle dantesque est resté gravé avec la plus extrême précision dans ma mémoire. « j’ai combattu l’oubli : oublier c’est se choisir complice »

Ainsi aux quatre trains présent ce jour là, s’en ajoutait un cinquième , appelé « le train des banques » qui avait reçu l’ordre d’émigrer à Villeneuve-sur-Lot, avec espèces, documents, contenus des coffres et personnel. Deux de mes sœurs y étaient. Le train devait partir le 16 juin. Il est resté sur place, côte à côte avec les trains des réfugiés, de militaires français, anglais et sanitaires, et de munitions. Le matin du 17 juin, mes sœurs nous firent demander quelques objets précieux oubliés dans la précipitation. Nous partîmes donc en auto à la gare. Sur le conseil d’un cheminot, nous arrêtâmes notre auto à 5 ou 6 mètres d’un train bien banal et nous nous apprêtâmes à rejoindre à pieds le train des banques .A ce moment, nous avons très bien entendu les avions arriver. Il y en avait cinq. Ils savaient parfaitement ce qu’ils faisaient, quel était le train de munitions, volaient au plus bas et ce n’est pas une bombe qui a touché de plein fouet sa cible, mais plusieurs. S’il y avait un wagon de mélinite, il y en avait plusieurs de cheddite, et autres munitions. Immédiatement le spectacle est dantesque....

Dans cette tragédie on parle de 2000 morts, Mme Char..... se demande si ce n’était pas plus.

On a parlé de 4000 et plus. En effet on a compté par tête et enterré plus dans des tranchées creusées le long des ballastes.

Pour revenir au bombardement ; il était dix heures quand il s’est produit. Mais ce n’est qu’à 14 heures que la troupe française nous a délivrées de l’auto. Il était impossible de faire quelque mouvement que ce soit et nous avons eu tout le temps de vois les détails. Ils étaient sidérés de nous trouver. Nous aussi. Ils nous ont fait sortir à pied de la Plaine de Baud, et pendant notre retour, nous avons été dépassées par des camions pleins de soldats morts. Mes sœurs s’étaient sauvées au tout début, perdant évidemment ce qu’elles possédaient et nous avons été accueillies dans une maison amie où elles étaient et où nous avons vraiment fait figure de revenantes. Il était 17 heures.

M Simon Aymeric raconte

Il était 10 heures 10 lorsqu’une formidable déflagration souffla les portes et les fenêtres de la plupart des maisons de la ville de Rennes. Trois chasseurs bombardiers Allemands dont l’on distinguait parfaitement les croix noires, venaient de faire sauter plusieurs tonnes de cheddite d’un train de munitions stationné dans la gare de triage de la plaine de Baud, à proximité de trois autres convois :

Un train militaire amenant de Brest plusieurs régiments d’artillerie qui arrivaient de Narwick et étaient composés en grande partie de recrues, originaires du Midi, de Marseille, Montpellier, Perpignan, Narbonne, Nimes,... Elles appartenaient notamment au 212 R.A. , au 22 RCAL, au 203 rald. Ces unités qui avaient participé à la bataille de Norvège étaient sous le commandement du général Bethouard et étaient destinés à la défense du « Réduit Breton » celles que les suivaient purent heureusement être détournées à temps.

Un train militaire Anglais qui s’apprêtait à rapatrier en Angleterre des formations militaires anglaises, en particulier celle du « Royal Engineer »qui était cantonné à rennes depuis le début de la guerre.

Un train de réfugiés de Lisieux immobilisé à l’entrée de la gare de triage entre les passages 188 et 189 de Pincepoche et de Bray.

L’on ne conut jamais le nombre exact des victimes de ce bombardement. Il y en eu au moins 2000. Atteintes de tous côtés par l’explosion des caisses de munitions, la plus grande partie de celles-ci avait été en effet rendue non identifiable par le feu qui calcinait les wagons .

L’évacuation des blessés terminée et en dépit du danger permanent provenant des obus de tous calibres qui ne cessèrent d’éclater pendant 24 heures, les premiers corps furent rassemblés en bordure des voies d’accès desservant la gare de triage. 269 corps purent ainsi être transportés dans l’après-midi du lendemain du 18 juin au cimetière de l’Est, où après que ces victimes eurent été bénites, ils furent alignés côte à côte dans deux longues tranchées parallèles que des soldats français, désormais prisonniers de guerre, venaient de creuser dans la 18ème section au sud du Carré Militaire 1914-1918.

Les rails tordus, la profondeur des trous de bombes et le manque de moyens de transport ne permettant pas de dégager rapidement l’ensemble des corps de la plaine de Baud, les 300 derniers furent inhumés provisoirement dans une vaste prairie située en bordure du, ballast. Il en fut de même 5 jours plus tard pour les 18 victimes du train des réfugiés.

Tous ces corps furent exhumés de septembre à octobre 1941. Après avoir été identifiés dans toute la mesure du possible ils furent déposés dans des cercueils de bois, fabriqués par les ouvriers de l’Arsenal et inhumés derrière leurs camarades des deux premières tranchées.

Ils y furent rejoint en 1943 et 1944 par une grande partie des victimes civiles des bombardements des 8 mars, 29 mai et 8 août 1943, et 5 juin, 9 juin, 12 juin et 7 juillet 1944.

En ce qui concerne les inhumations du 17 juin 1940, le temps réglementaire de sépulture de 8 années écoulé, 252 corps furent restitués à leur famille en 1949 et 1959.

En 1961, les 282 qui n’avaient pas été réclamés furent transférés par le ministère des Anciens Combattants dans la Nécropole qu’il venant de créer en Bretagne à sainte-anne-d’Auray. 132 corps identifiés reposent en sépultures individuelles, et 150 corps inconnus ont été déposés dans l’Ossuaire.

Les 200 soldats britanniques, victimes du bombardement du 17 juin 1940, furent regroupés dans la partie Sud de la 18ème section que la ville de Rennes avait concédé à la Grande Bretagne pour y créer un Carré Militaire.

En ce qui concerne les victimes civiles des bombardements, il ne reste plus actuellement que cinq rangées qui groupent 208 tombes de chaque côté d’un monument de marbre noir érigé par la ville de Rennes en hommage aux 1600 victimes des 9 bombardements qu’elle a subis pendant la deuxième guerre mondiale.

Cette 18ème section, à la magnifique pelouse sur laquelle flotte le drapeau tricolore constitue un lien privilégié entre le carré militaire du Souvenir Français qui compte 1499 tombes - celui des victimes civiles des bombardements - les 252 tombes du Carré Militaire Anglais et celles du Carré des fusillés.

Chaque année, lors de la commémoration de l’appel du 18 juin, les Anciens des Forces Françaises Libres, les « Free-Men » viennent déposer une gerbe au pied du calvaire en forme de croix épée du carré Militaire Anglais et signer le Livre d’or déposé dans l’Oratoire.

Il en est de même lors des cérémonies officielles du 1er novembre et lors de l’Hommage de al jeunesse Scolaire Rennaise aux Morts pour la France, le 8 mai.

Le fils de Monsieur André Racine m’a contacté afin d’apporter quelques précisions :
André Racine était, en 1940, maréchal de logis au 212ème RALD, 14 ème batterie, 1ère pièce, sous les ordres du capitaine Montargès. Il a fait la campagne des Flandres du 13 mai au 31 mai 1940. Il a embarqué pour l’Angleterre à Dunkerque. Visiblement il en est reparti pour Brest et s’est retrouvé à Rennes dans un train, le 17 juin 1940, lors du bombardement de la gare de triage. Le 212ème ne venait donc pas de Narvik mais des Flandres via l’Angleterre.



Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

Napoléon
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