Témoignage du 6ème Dragon...

Les Totalitarismes à l'assaut de l'Europe !

Témoignage du 6ème Dragon...

Message par BRH » Mercredi 16 Juin 2010 13:58:35

30 Mai

Nous arrivons au terme de ce véritable raid à Ellecourt. En 15 nuits, nous avons franchi l’étape, région de Thionville, région d’Aumale, soit environ 500 kilomètres. La brigade est en parfait état, les chevaux n’ont pas souffert, les hommes ne sont pas fatigués et ceci malgré des étapes de nuit, parfois pénibles. L’Etoile du Berger était notre guide, et je me rappelle l’avoir bien souvent regardée au cours de ces longues nuits. Au cantonnements, où nous arrivions au petit jour, nous organisions la défense contre avion, nous mangions, nous dormions.

Le soir, le régiment repartait.


31 Mai

Nous entrons en secteur sur la Somme et relevons la brigade motorisée de la Division. Quelques jours auparavant, la brigade motorisée a refoulé au delà de la Somme les éléments ennemis qui l’avaient franchie.

Le secteur tenu par le Régiment est limité à l’Ouest par Angest inclus, à l’Est par Saint-Pierre à Gouy, inclus. Pour ma part, je suis au P.C des éléments en ligne, à Soues avec le Commandant de Labouchère.

Répartition des moyens:

Angest, 2ème Escadron, Capitaine Levêque, 1 G.M, 1 canon de 25 (Lieutenant de Lamaze, et Maréchal des Logis Barsochi).

Ferme Sud de Angest 1 G.M, 1 canon de 25

Bois du Gard et Château. 1er Escadron, Capitaine de Vaulx 2 G.M (Sous-Lieutenant Bizot Espiard) groupe de mortiers (Sous-Lieutenant Charette).

Saint Pierre à Gouy, peloton Fresson, 1 canon de 25, sous-Lieutenant Alexeiwsky.

Le 4ème Escadron occupe le bois au Sud du Bois du Gard (en 2ème échelon).

Le 3ème Escadron (Capitaine de Chezelles) organise et occupe Soues.

Les jours passent relativement calmes. Quelques actions de patrouilles. Activité de l’aviation moyenne.

Il convient de signaler, que la liaison avec le 4ème Hussards à l’Ouest d’Angest est mauvaise. Le Colonel Jacottet envoie des patrouilles pour prendre liaison; ces patrouilles reviennent sans avoir trouvé les Hussards, d’où discussion, CR du Colonel au Général etc... Bien que ne disposant pas de tête de pont entre Picquigny et Longpré, le 15è Corps blindé n’en franchit pas moins la Somme sans difficulté à l’ouest d’Angest, par un double pont de voie ferré qui n’était pas démoli! !

La 2ème Dragons portés que nous avons relevé a-t-il reconnu les ponts d’Angest ? J’en doute. Au moment de la prise des consignes nous ne pouvons savoir si ces ponts sont ou non détruits. Qu’a-t-il été fait ensuite? Je l’ignore.

Toujours est-il que la ruée des chars allemands se fera par ces points de passage.


2 Juin 1940

Le P.C se transporte à Le Mesjes. Le Commandant de Labouchère et moi-même, nous mettons à la disposition du Colonel qui prend le commandement du secteur affecté au régiment.


3 Juin 1940

Des reconnaissances du 44ème Régiment de Tirailleurs Sénégalais arrivent à Le Mesjes.

Nous allons être relevés.

La relève commence dans la soirée du 4. Elle n’est pas terminée lorsque, vers 3 heures du matin, le secteur s’agite. Des coups de fusils partent, quelques détonations se font entendre. La fusillade redouble d’intensité. Plus aucun doute, les Allemands passent à l’attaque.

Les mitrailleurs doivent être transportés en camion après relève.


Le 4

Vers 16 heures, je suis à Riancourt pour y attendre les camions. Dès leur arrivée, je forme deux convois avec guide. L’un se rendra à Angest pour y prendre les éléments mis à la disposition du Capitaine Levêque, l’autre se rendra au bois du Gard pour y prendre les éléments mis à la disposition du Capitaine de Vaulx. Après relève, les deux convois se rassembleront à Molliens Vidarne où ils attendront l’ordre de se porter sur Ronchoy où sont les chevaux haut-le-pied.

Les ordres sont donnés, l’exécution en est amorcée, lorsque me trouvant à la ferme Tenfol, je reçois une modification à l’ordre initial.

Après relève, tous les éléments de l’Escadron de Mitrailleuses se mettront à la disposition du Capitaine de Chezelles à Oissy où une ligne de résistance sera établie.


Au début de l’attaque, je suis au P.C du Capitaine de Vaulx (bois du Gard) et attends les mitrailleurs qui n’arrivent qu’au petit jour. Nous quittons le bois du Gard et, par Riancourt, nous rejoignons Oissy où le 3ème Escadron qui s’est replié de Soues, après relève, est déjà installé.

La situation est confuse.

Les communications téléphoniques ne fonctionnent plus, les liaisons sont difficiles.

Le Colonel Jacottet a quitté Le Mesjes; le P.C. ainsi que celui du Colonel commandant le 44ème Tirailleurs, se portent à Riancourt.

Dès lors, la situation est : Angest a été évacué par le 2ème Escadron. Celui-ci se porte sur Riancourt.

Riancourt est tenu par le 2ème Escadron et une compagnie de Tirailleurs.

Cavillon est tenu par les 1er et 4ème Escadrons et des Tirailleurs.

Soues tient toujours avec des Tirailleurs. L’ennemi Progresse de part et d’autre du Landon.

A Riancourt, où je me trouve, le P.C est près de l’Eglise, dans une cave. Nous subissons un violent bombardement. La maison qui se trouve au dessus de nous est en flammes, l’ordonnance du Colonel du 44ème Tirailleurs est tué dans les étages.


Nous quittons ce P.C et nous partons à la sortie Ouest du Village. La pression de l’ennemi s’accentue. Les renseignements manquent.

Le Colonel Jacottet envoie le Commandant de Labouchère à Cavillon pour voir ce qui s’y passe. Devant une situation très confuse, le Commandant de Labouchère organise la défense de Cavillon avec les éléments dragons et tirailleurs qui s’y trouve, il prend le commandement et rend compte. Quelques instants plus tard, il sera blessé mais restera à son poste.

Au moment ou Cavillon sera abandonné, il tombera mortellement frappé, atteint par une rafale de mitrailleuse à la gorge.

Cavillon pris, les Allemands progressent sur Oissy. Une contre-attaque de chars doit être faite de part et d’autre du Landon, mais les ordres et les contre-ordres se succèdent et la contre attaque ne se déclenche pas.

Quelques chars H 35 commandés par le Capitaine du Bessey sont toutefois envoyés à Riancourt, sur le pressant appel du Colonel Jacottet. Ils ne manoeuvrent pas et restent embossés sur la place de l’Eglise.


5 Juin 1940

De Riancourt, le Colonel m’envoie au P.C de la brigade pour rendre compte de la situation. Le bas du village, du côté de l’Eglise, est bombardé, je franchis la place, prends un side-car et pars. A la sortie du village, un attelage de 75 vient d’être atteint par les projectiles. Les conducteurs gisent sur le bord de la route, les chevaux déchiquetés, de l’autre côté. Spectacle impressionnant; je me souviens que l’un des chevaux, dont l’encolure et la tête étaient séparées du corps, semblait regarder tous ceux qui passaient, la tête en position verticale.


J’arrive à Molliens Vidame, prends la grand’route malgré son insécurité, une attaque de chars allemands m’étant signalée sur la droite, j’avance avec prudence et arrive à Belloy S.Léonard, où je trouve le P.C de la Division.

Je rends compte de la situation au Général Petiet, et me rends ensuite au P.C de la Brigade que je découvre sous un hangar. Le 18ème Chasseurs à cheval monte en ligne pour y soutenir le 4ème Hussards qui se trouve dans la région de l’arbre à Mouche. J’ai l’impression très nette que la situation s’aggrave. Le Général me conseille de ne pas reprendre la route de Molliens Vidame. Je sors du P.C et, au moment de reprendre mon side, le conducteur me dit "Vous ne paraissez pas rassuré, mon Capitaine", et moi de lui répondre "ne t’en fais pas, nous nous en sortirons". Un examen rapide de la carte, mon plan est fait. J’évite la grand’route, prends un petit chemin rocailleux qui longe la voie ferrée au Sud de la route. Avant d’arriver à Molliens Vidame, je vois des troupes qui se replient, de l’artillerie surtout. De nombreux blessés, affolés, me disent que les Allemands arrivent. A Molliens, une auto-mitrailleuse surveille la route que j’ai évitée. Plus de doute, ça va mal, je fonce dans le brouillard, il faut que je rejoigne le Colonel. J’arrive à Oissy où je vois de Chezelles. Rejoindre Riancourt me paraît difficile. Les Allemands progressent à l’Est du Landon en direction de Oissy, des chars français (du Bessey) progressent à l’Ouest en direction de Riancourt. Je les laisse passer, puis les rejoins. A 500 mètres de Riancourt, je suis pris à partie par le A.A ennemies, je descends précipitamment du side et me jette dans le fossé bordant la route. A ce moment, je vois très nettement les Allemands qui progressent de l’autre côté du Landon, sur la crête, et entends très distinctement les commandements. Je progresse à pied et arrive exténué. Je n’ai pas dormi depuis plusieurs jours et n’ai mangé que quelques biscuits ou conserves.

A Riancourt, j’ai le sentiment très net que nous ne pourrons tenir longtemps, le Colonel hésite à donner l’ordre de repli malgré tous les renseignements que je lui rapporte. Vers 21 heures, alors qu’aucune décision n’est prise, l’ordre de repli arrive. Le repli se fera à travers champs sous la protection des chars du Capitaine du Bessey, le 2ème Escadron se repliera le dernier. Nous partons: on se bat au Sud de Riancourt, aux lisières d’Oissy. Nous débordons ce village par l’Ouest, ne pouvant y pénétrer par le Nord. L’escadron de Chezelles tient encore dans Oissy, avec l’aide des chars du Capitaine Rethoré. Je guide le Colonel jusqu’au P.C de Chezelles. Le P.C est vide, j’appelle, de Chezelles ne répond pas. Je le découvre enfin: Il nous apprend que les Allemands avaient poussé jusqu'à l’intérieur du village et occupé son P.C quelques instants avant que nous n’y arrivions, puis s’étaient retirés.

Nous l’avons échappé belle.

L’ordre de repli est donné à l’escadron de Chezelles. Nous nous replions tous sur Bougainville. Les chars du Capitaine Rethoré s’intercalent dans la colonne. Les hommes sont exténués et ce n’est qu’à la faveur de la nuit que nous pouvons bien lentement atteindre Bougainville.

En arrivant, pas d’ordre pour l’instant, il faut avant tout dormir et chacun s’y emploie.

Au petit jour, on avisera...


6 Juin

Bougainville est un épisode extrêmement pénible de cette campagne. Le village se trouve sur un mamelon au Sud de Molliens Vidame. Le 6 Juin au soir, nous nous étions repliés de Riancourt et Oissy. Protégés par des chars, nous avions pu, grâce à la nuit, gagner Bougainville. Nous étions harassés de fatigue et avancions péniblement. Il était environ minuit lorsque nous sommes arrivés.

Le Colonel n’avait qu’un ordre extrêmement court, peu précis, au sujet de la mission qui incombait au régiment. Aussi, s’abstint-il de réunir les Capitaines. La consigne était de se reposer jusqu’au petit jour.

J’installe mes hommes et fixe mon poste de commandement dans une épicerie. J’ai soif, je découvre une bouteille, je la porte à ma bouche, horreur, c’est un bouteille d’huile. J’ai faim, mais je ne peu rien trouver dans l’obscurité.

Je ne peux résister à la tentation de me déchausser. Une chambre en désordre, un lit défait, peu importe, je m’étends et dors comme une brute. Le lendemain matin, je découvre une boîte de conserve. Il est bon de manger, quand on a faim.


Il fait à peine jour, nous organisons la défense du village d’ailleurs déjà tenu par quelques pionniers appartenant à un bataillon formé à Montpellier. Ces pionniers n’ont pas ou peu de cartouches. Ils n’ont pas non plus l’intention de se battre, et nous ne les verrons d’ailleurs pas au moment du "baroud".

La direction du cimetière attire surtout mon attention. Accompagné du Sous-Lieutenant Bizot Espiard, j’étudie les emplacements qu’il conviendra de donner aux mitrailleuses. Je rejoins ensuite le Colonel à son P.C.


Les Allemands attaquent vers 5 heures du matin.

Très rapidement la pression s’accentue, le village est violemment bombardé par l’artillerie adverse.

De Chezelles a installé son P.C dans une maison à la sortie Nord du village. Je m’y rends à plusieurs reprises. De la lucarne du grenier, je suis les mouvements d’une compagnie ennemie qui progresse en direction du cimetière. Nos mitrailleuses crépitent et prennent cette compagnie violemment à partie. Le Commandant de Compagnie fait un geste, toute la compagnie reflue à l’abri d’un repli de terrain, les armes automatiques rapidement mises en batterie ouvrent le feu sur nous. La progression reprend ensuite. Je reviens au P.C du Colonel et le mets au courant de la situation. Des chars (4 Somua) étant mis à notre disposition, je vais à leur rencontre. Dans un bruit infernal, je leur donne un ordre bref. Le but est de se porter en direction du cimetière.

Le jeune sous-Lieutenant qui commande ces chars manque de cran, il ne dépassera pas la sortie du village.

Plus tard, le Capitaine R., commandant l’escadron, me dira que ses hommes, les conducteurs surtout, étaient peu entraînés à la conduite des chars, que leur instruction était incomplète, qu’ils savaient occuper un point, s’embosser, mais qu’ils n’étaient pas rompus à la manoeuvre tous les volets fermés.

Il en est d’ailleurs ainsi pour beaucoup d’unités de chars qui, rapidement mises sur pied, ont été lancées dans la bagarre.


A midi, la situation est critique.

L’ordre de repli arrive.

Une fois encore, le décrochage va se faire dans des conditions très pénibles. Les Capitaines reçoivent un ordre du Colonel. J’envoie un ordre écrit au sous-Lieutenant Moreau ainsi qu’au sous-Lieutenant Bizot Espiard.

Verbalement, je dis au Capitaine de Chezelles de coordonner le repli de ses pelotons et des mitrailleurs mis à sa disposition. L’adjudant chef Levêque est blessé au cours de cette mission, le cavalier Levasseur, de mon groupe de commandement, porteur de mon ordre pour le sous-Lieutenant Moreau fait preuve de beaucoup de cran. Il ne me rejoindra pas, sa mission accomplie.

Protégé par les chars, le repli s'effectue. Avec mon groupe de commandement, je marche dans le sillage du Colonel. Nous subissons un violent bombardement. Vus par des chars allemands, nous encaissons les coups de boîtes à mitraille. Sous le feu, nous courons pour sortir de cette zone dangereuse.

Exténué, j’ai le "coup de bambou" et, derrière une haie, m’arrête. Avec mon G.C, je repars en direction de Bussy les Poix. Je rencontre de nombreux blessés qui demandent du secours, mais que faire! deux brancardiers, qui sont avec moi, s’arrêtent et prodiguent leurs soins. Ils ne me rejoindront pas! Scènes affreuses devant lesquelles je reste impuissant.

Nous arrivons enfin à Bussy où je retrouve le Colonel.


6 Juin - 14 heures

L’ordre est de se porter sur Ronchoix où se trouvent les chevaux haut le pied, par l’itinéraire: Sud de Poix - Thieulloy la Ville. Le Colonel part avec sa voiture de tourisme: son intention est d’aller à Ronchoix au plus vite et donner ainsi l’ordre à des camions de se porter au devant des combattants. Il prendra aussi des dispositions pour les ravitailler en vivres. Il quitte donc Bussy, mais, arrivé à Thieulloy la Ville, il tombe sur les autos mitrailleuses allemandes. Sa voiture a le capot criblé de balles, il ne doit son salut qu’à l’habilité du conducteur qui fait rapidement demi-tour sur la route.

Avec un groupe de combattants de mon escadron (Lieutenant de Lamaze, sous-Lieutenant Bizot Espiard) et quelques tirailleurs sénégalais, je quitte Bussy les Poix après avoir dirigé les 3 canons de 25 (le 4ème est resté à St Pierre à Gouy sur la Somme) sous la direction du M.d L. Barsochi sur Ronchoix par l’itinéraire que je suivrai moi-même.


Nous arrivons péniblement à Croiraux.

Les hommes sont épuisés; nous nous désaltérons puis repartons. Nous traversons Poix qui est tenu par une Compagnie du 2ème Bataillon de mitrailleurs, Capitaine Grand, et une section du 28ème Régiment, la Section commandée par le Lieutenant Dumont chargée de la surveillance du viaduc et tunnel de Famechoy et prenons la route de Rouen. Il est à peu près 15 heures. Poix vient d’être bombardé par l’aviation allemande. Plus tard un officier retrouvé à Edelbach (Lt. Dumont) me dira que les Allemands sont arrivés à Poix vers 15 h 30.

Au sommet de la cote de Poix, nous nous arrêtons, exténués, nous avons encore plus de 30 km à faire à pied. Nous avons toutefois l’impression que nous ne courons pas un danger imminent. J’ignore l’aventure qui est arrivée au Colonel. Poix est tenu, bref, nous sommes en arrière des lignes et n’avons d’autre souci que celui de rejoindre les chevaux haut le pied au plus tôt. Je suis inquiet cependant de ne pas avoir rencontré les camions promis par le Colonel. A Poix, j’ai su par un officier qu’un camion était à la recherche de dragons. Cet officier ne put me donner d’autres renseignements.


Le Lieutenant de Lamaze dort profondément sur le bord de la route. Je le réveille. Nous consultons la carte - 30 km à faire - les hommes seront incapables de les couvrir, ils n’ont pas mangé et sont exténués. Je décide que la petite troupe se portera sur Thieulloy la Ville qui n’est qu'à 2 km environ. Elle se reposera en attendant que je vienne l’y chercher. Je pars avec mon motocycliste sur Ronchoix en ayant le soin de suivre l’itinéraire de repli du régiment. A Ronchoix, je prendrai 2 camions et reviendrai à Thieulloy la Ville. Mon plan, hélas, ne pourra se dérouler comme je l’ai prévu, les événements vont plus vite que je ne le pensais.


Arrivé à Thieulloy la ville, je m’arrête en plein carrefour à la sortie Ouest du village, je consulte une carte. Je lève les yeux, mon attention étant éveillée par un bruit de moteur. A quelques 50 mètres de moi, les autos mitrailleuses allemandes surgissent, je vois distinctement les servants qui, debout dans leur tourelle sont armés d’un fusil mitrailleur. Le motocycliste et moi-même n’avons qu’un réflexe: nous sautons de machine tandis que nous essuyons un feu nourri. Je me précipite sur une porte de jardin, j’appuie des deux mains, la porte s’ouvre, je traverse le jardin en courant, saute une haie la tête la première, franchis un autre jardin, saute une autre haie derrière laquelle je me mets en boule. Par miracle, je n’ai pas été atteint.

Il est exactement 17 h 10.

Je cherche, appelle, je ne sais ce qu’est devenu le motocycliste.

Mon calvaire se poursuit, je suis hanté par l’idée que mes hommes sont en route sur Thieulloy et qu’ils vont y subir un triste sort! Les autos mitrailleuses se mettent en mouvement, je perçois le bruit des moteurs.

A pied, je repars; en me dissimulant, j’atteins un bois où je me repose, je repars, évitant routes et chemins. La faim et la soif m’incitent à m’approcher d’un village. J’observe et, prudemment, pénètre dans le premier que je rencontre. Je bois du cidre, bien mauvais d’ailleurs, gobe deux oeufs et demande à un enfant de me conduire chez le Maire qui pourrait, sait-on jamais, mettre une voiture à ma disposition pour me rendre jusqu’à Aumale. L’enfant hésite, sa mère le retient par la manche, je dissipe sa méfiance en lui montrant ma carte d'identité. Je suis bien un officier français... Le gosse m’accompagne, le maire est absent, les réfugiés nombreux qui sont dans le village, s’intéressent peu à mon sort, je dois repartir à pied. Je prends la voie romaine qui coupe la route d'Aumale au carrefour Sainte-Claire; je rencontre un brave homme, il est à bicyclette et tient une bicyclette de dame à la main. Il consent à me prêter la bicyclette de dame et c’est ainsi que, juché sur un vélo trop petit pour moi, j’arrive au carrefour Sainte-Claire.

Les avions allemands viennent de passer et ont copieusement arrosé le carrefour. D’une cave, un officier vient de sortir. Je le rejoins, me présente, et lui conte mon aventure. L’officier appartient au service routier du Quartier Général du 9ème C.A. Il consent à me conduire au P.C du C A à Sarcus. A peine arrivés, nous apprenons que le P.C va se replier hâtivement sur Campo. Ça va mal, la pression allemande s’accentue.


Nous quittons Sarcus et arrivons à Campo.

Je me présente au Chef du 3ème Bureau ainsi qu’au Chef d’Etat Major. Le chef du 3ème Bureau, auquel je demande un camion pour aller chercher mes hommes à Thieulloy la ville, ne peut me donner satisfaction car il estime que je ne pourrais mener à bien cette expédition en raison de la situation qui s’aggrave d’heure en heure. "Vous ne pourriez arriver à Thieulloy et serrez fait prisonnier", me dit-il. Plus tard, je saurai, en effet, que le groupe Lamaze Bizot s’est porté sur Thieulloy comme il était convenu, mais qu’il y a rencontré les autos-mitrailleuses allemandes. Le Lieutenant de Lamaze est fait prisonnier, le s/Lieutenant Bizot blessé. Ce dernier a pu, je ne sais comment, être évacué. (De Nîmes où il arriva après un long voyage, il m’écrivit plusieurs cartes).

Au P.C du 9ème G A, dont nous dépendons cependant, aucun renseignements précis ne m’est donné sur le 6ème Dragons. J’apprends seulement que les chevaux haut le pied ont quitté Ronchois. Le chef du 3ème Bureau m’invite à dîner, il me conseille ensuite le repos. J’ai les talons emportés et ne peux plus avancer. Le lendemain, on avisera.

Pendant le repas; je lis l’inquiétude sur tous les visages, le Général Ihler me confie qu’il n’a plus aucune réserve et, me vantant les qualités du Général Petiet, il ajoute -"Ah! si j’avais encore des troupes comme les vôtres à ma disposition".

Je prends congé de me réfugie sous un hangar où la section du courrier du quartier général est installée. Je m’étends sur une botte de paille et dors profondément.


Le lendemain, j’apprends qu’un sous-Officier d’artillerie de la Division cherche lui aussi son régiment. Il dispose d’une voiture auto. Il lie son sort au mien, ensemble nous partons à la recherche de la Division.


7 Juin

Nous arrivons à Ronchois au cours de la matinée. Le Maire m’apprend que les chevaux de dragons sont partis la veille au soir, à minuit. Il ne peut que m’indiquer la direction dans laquelle ils sont partis. Je pars pour Forges les Eaux, où je perds leur trace. Matinée décevante. Malgré tous mes efforts, je n’ai aucun renseignement précis.

Un gendarme me dit avoir vu des chevaux qui se dirigeaient vers Sarcy. Je pars pour Sarcy, où je trouve des Anglais qui mettent des dispositifs de mine en place. Un garde champêtre me dit que des chevaux sont dans le bois, qu’il me montre. Il s’agit du bois Leborgne que j’atteins rapidement: les chevaux haut le pied sont bien là. Le Colonel, très ému, me dit que je suis le seul à avoir rejoint. Son inquiétude est grande sur le sort du Capitaine Levêque, du Lieutenant Fresson qui, après de nombreuses péripéties aussi tragiques que celles que j’ai connues, pourront nous rejoindre avec une poignée d’hommes.


8 Juin

Dans la nuit du 7 au 8 Juin, nous quittons le bois Leborgne. Le régiment hélas, a beaucoup de chevaux et peu de combattants. Les garde-chevaux constituent le gros du régiment.

Avec le Commandant Beauchamp, je précède la colonne pour l’orienter. Il fait une nuit noire; sur les routes les réfugiés, nombreux, se soucient peu des mouvements de troupe. Ils roulent en plein milieu de la chaussée, craignant de verser leur précieux chargement dans le fossé et ce n’est qu’en les menaçant que je réussis à les faire appuyer à droite.

Dans la journée du 8 nous bivouacons dans un bois, au Nord de la Seine, à proximité du pont de Andé. A peine sommes nous installés au bivouac que l’ordre de nous préparer à repartir nous parvient. Nous avons faim; avec le Commandant Beauchamp nous décidons d’aller dîner dans un restaurant, d’ailleurs fort sympathique, non loin de la Seine, qui en temps de paix, devait attirer de nombreux parisiens. Une auto mitrailleuse anglaise stationne devant la porte. Nous entrons dans la cour du restaurant. Nos Anglais auto-mitrailleurs, en véritables touristes qu’ils sont même en temps de guerre, sont confortablement installés sous les parasols rouges et blancs qui se dressent au dessus des tables. La bière -de la bonne bière dont nous avions oublié le goût et la couleur depuis longtemps- est servie par de charmantes serveuses. La gaieté règne dans la maison. Nous oublions la guerre et l’ennemi, cependant, est à nos trousses. Nous entrons dans la salle.à manger et faisons un excellent repas, malheureusement trop rapidement expédié.

A minuit, toute la brigade arrive au pont de Andé. Celui-ci est tenu par des hommes du génie. Des dispositifs de mine ont été mis en place, des rails de chemin de fer piqués dans le sol ferment le pont. Nous marquons un bon temps d’arrêt. La consigne est formelle: la circulation n’y sera rétablie que le lendemain à partir de 6 Heures du matin. Devant une situation aussi grotesque, le Général Maillard fait demander l’Officier chargé de la garde du pont, les rails sont enlevés, nous franchissons la Seine.

Il est une heure du matin.


9 Juin

Nous prenons la route de Louviers et arrivons à Pinterville où le régiment stationnera. Nous pensons tous que nous aurons un repos bien mérité et que des renforts nous seront envoyés. Nous nous employons donc à nous installer aussi bien que possible.

Mon escadron est cantonné au Château de Monsieur Fayard, Editeur à Paris.

La maîtresse de maison me reçoit fort aimablement et met à ma disposition une chambre magnifique avec cabinet de toilette. Mes bagages arrivent. Un peu de toilette, je me couche: le lit est confortable, les draps sont blancs, quel délice pour moi qui depuis longtemps ai couché à la belle étoile. Le sommeil ne vient pas. On frappe, la porte s’ouvre; devant moi, se dresse le Colonel. La situation est plus grave que nous ne le pensions, je suis convoqué au P.C à Pinterville. Des ordres brefs: il faut repartir sur la Seine!


10 Juin

Je reviens au Château, donne des ordres et rejoins le Colonel qui a porté son P.C au Château d’Ailly.

Deux groupements sont formés avec ce qui reste du régiment.

Le Capitaine Levêque a sous ses ordres le 1er groupement, 2 pelotons: Fresson La Fonta, des pionniers anglais, des pionniers français. Mission: occuper Venable et la voie ferrée à l’Ouest.

J’ai sous mes ordres le 2ème groupement qui comprend des Anglais déjà installés sur le terrain au Nord de Venable, 1 GM, 3 canons de 25, 1 peloton (Adjudant chef Gigon). La mission qui m’incombe est de pousser jusqu’au tunnel au Nord de Venable, de chercher la liaison à l’Est avec le 4ème Hussards et de m’opposer au franchissement de la Seine par les Allemands.

A Venable, où j’arrive le premier en side-car, je vois le Colonel. L. Officier de cavalerie venant du dépôt d’Evreux et chargé d’organiser le secteur. En fait, il a fait peu de chose il m’accueille en disant: "voici la relève", sa voiture est dirigée dans la bonne direction, il n’a visiblement qu’un souci, partir au plus tôt. Je lui demande de me mettre au courant de la situation. Son sous-officier adjoint lui passe des cartes, un discours commence alors qu’une reconnaissance sur le terrain serait plus utile. Ce Colonel m’agace; devant une situation grave j’estime que ce n’est pas le moment de palabrer. Il faut faire vite, je prends congé; il faudra que je me débrouille seul!

Le Colonel monte en voiture et part!...

L’adjudant-chef Gigon est là, je lui donne des ordres. Avec son peloton, il part dans la direction du tunnel mais, à peine sorti du village, il est arrêté par le feu ennemi. je ne fais qu’un bond, rejoins Gigon et prends les dispositions qui s’imposent. Les AA sont mises en place, les Anglais qui sont là, une trentaine, n’ont qu’une envie: partir au plus tôt. Je donne une mission à l’interprète mais n’obtiens aucun résultat. L’interprète est un jeune brigadier-chef français, pauvre figure de soldat d’opérette au casque trop grand et aux cheveux trop longs. L’officier anglais prétend qu’il a des ordres de repli. Je lève la voix, donne des ordres, il faut tenir. Le groupe de mitrailleurs Barker arrive, je le place moi-même. Au loin, je vois distinctement les Allemands qui franchissent la Seine à l’aide d’un bac (à Muid) qui est resté de leur côté! Gigon se dépense sans compter, il est à mes côtés et trouve que je m’expose trop -"Baissez-vous mon Capitaine, vous allez vous faire descendre", me dit-il. Je reviens à Vénable et installe 3 canons de 25 qui viennent d’arriver. Je dispose aussi d’un canon de 47. Dès lors, mon P.C et celui du Capitaine Levêque se superposent. Nous nous installons dans une maison misérable, sale et en désordre.

Triste fin de journée.

La nuit arrive.

Le Lieutenant de Courson est mis à ma disposition avec quelques éléments du 4ème Hussards. Je lui donne une mission. Je passe la nuit sur une chaise, j’ai sommeil, j’ai faim aussi, je n’ai pas mangé depuis la veille, mais la fatigue l’emporte.


Le lendemain matin au petit jour, la fête reprend, les Allemands attaquent, les obus tombent sur le village, mon groupe de mitrailleurs commandé par le M.D.L. Barker est annihilé, un tireur tué, plusieurs blessés.

Je mets le Colonel au courant de la situation. Il n’a rien et ne peut rien: pas de moyens de transmission, pas d’artillerie, aucun moyen de signalisation, service sanitaire inexistant. La situation est fort compromise lorsque vers 10 heures je reçois 2 autos mitrailleuses. Elles sortent du village: la première, touchée par une arme anti-char, s’arrête, la 2ème se replie. Les autos mitrailleurs de la 1ère voiture, morts ou vivants, resteront dans leur cercueil de fer.

A midi, l’ordre de repli arrive.

Les canons de 25 et 47 partent les premiers, le repli se fait en bon ordre, les Allemands fort heureusement, hésitent à pénétrer dans le village; nous pourrons atteindre le Château d’Ailly sans perte! Nous marquons un temps d’arrêt sur la route de Louviers.


Le Colonel regroupe ce qui lui reste de son régiment. Les renseignements que nous possédons sur la situation générale sont peu nombreux et peu précis. Les emplacements des P.C nous sont à peine connus. Le Colonel, apprenant que la brigade est à Hondreville décide de s’y rendre, tandis que le régiment se portera dans la direction de Cailly. Il me demande de l’accompagner.


A Hondreville, tout paraît calme, les rares habitants qui y sont restés ne se doutent pas du danger imminent; nous non plus d’ailleurs.

Le pont d’Heudreville n’étant pas praticable, le Colonel me demande de faire une reconnaissance de tous les passages sur l’Eure depuis Pacy jusqu’à Acquigny. Cette reconnaissance me permettra de connaître parfaitement le terrain, ce qui me sera bien utile le lendemain.


Le soir, nous mangeons enfin!

Sur une table, avec une serviette, une assiette, un, couvert! La maison fort luxueuse dans laquelle nous nous installons, vient d’être quittée par ses propriétaires. nous nous répartissons les chambres. Celle qui m’est dévolue appartient, je le présume, à la petite fille de la maison. Sur les meubles, des objets divers, des bracelets, quelques images, la fillette doit avoir une dizaine d’années. Le divan est défait, on a l’impression que cette pauvre petite, éveillée très tôt, a été emmenée précipitamment par ses parents. J’en éprouve une certaine émotion en pensant à mes petits. Je me couche et dors profondément il est si rare de coucher dans un lit!..


Le lendemain, la journée sera agitée.

Les Allemands progressent. Sans idée d’ensemble, les troupes que l’on peut atteindre, reçoivent une mission. Quelle mission! on fait feu de tout bois. Il faut tenir, n’importe où, peu importe si les moyens sont insuffisants. Bref, nous défendrons l’Eure depuis Acquigny jusqu’à Pacy sur Eure. Le 6ème Dragons sera dans la région de Heudreville Cailly, le 4ème Hussards plus à l’Est, vers Pacy sur Eure.

Au début de la matinée, le Colonel à envoyé le Capitaine Dauxerre faire une reconnaissance au Nord de l’Eure, à Fontaine, où sera installé le P.C.

Comme toujours, les événements vont plus vite que nous ne le pensions. Le Colonel parait inquiet. Ce n’est pas au Nord de l’Eure mais bien au Sud que nous serons obligés d’installer le P.C. La défense se bornera à l’occupation des ponts.

Le Colonel me demande d’aller chercher Dauxerre... les premiers coups de fusil viennent de partir. Il me dit de faire vite! J’ai compris; je pars en auto et arrive au pont de Cailly déjà occupé par une auto-mitrailleuse française. Des pelotons, celui du Lieutenant de Courson en particulier, sont installés dans les fossés de la route; sur les crêtes, en face, les Allemands débouchent. Je marque un temps d’hésitation, quitte ma voiture, prends un side-car, plus souple pour les demi-tours et à Dieu vat! Je pars. Je dis au conducteur d’accélérer l’allure, nous filons à 60 à l’heure. Je me trompe de route à une patte d’oie, je me rabats vers la gauche et arrive à Fontaine. Dauxerre, inquiet, commençait à se demander par quel itinéraire il pourrait sortir de ce mauvais pas. Avec beaucoup de conscience, il avait préparé la maison qui devait abriter le P.C. Je lui fais signe, lui crie de monter en side, fais demi-tour sans m’arrêter et fonce à toute vitesse en direction du pont de Cailly. Dauxerre me suit. Nous franchissons le pont. Les balles sifflent. Quelques instants après, il aurait été trop tard. Dauxerre me dira: "je brûlerai un cierge pour vous, vous le méritez bien". Le Colonel est assez heureux de ce coup rapidement exécuté.

La pression s’accentue, nous ne pourrons tenir longtemps sur l’Eure.


Le Colonel me confie une autre mission.

Il s’agit d’aller à Heudreville au devant du peloton Larrieux, qui a reçu l’ordre de venir au pont de Cailly. La rive Ouest de l’Eure est battue par le feu ennemi, je pars à pied, trouve un vélo, l’enfourche, mais ne peux atteindre Heudreville.

Je reviens sur mes pas, trouve le Colonel qui met une voiture à ma disposition. C’est par un itinéraire détourné, en évitant le chemin qui longe l’Eure, que j’arrive à Heudreville. Le P.C. de la brigade s’y trouve encore mais la situation est grave. Je vois le Capitaine Levêque et lui transmets les ordres du Colonel concernant le peloton Larrieux.

Celui-ci devra s’installer sur les crêtes qui dominent l’Eure. Cette mission ne pourra d’ailleurs pas être exécutée. Je reviens sur mes pas, par le même chemin, et trouve le Colonel sur la route suivie.

L’ordre de décrocher a été donné.

Dès lors, sur un itinéraire de repli, nous formerons des bouchons, ces bouchons tant à la mode, qui n’ont pas ralenti l’ennemi. Nous faisons 40-50-60 kilomètres parfois plus et nous arrêtons. Se reposer, manger, il n’y faut pas songer. Nous occupons le terrain puis repartons, sans que le contact ne soit pris par les Allemands. Les postes de commandement se déplacent eux aussi au gré des événements, nous en ignorons souvent les emplacements. La course aux P.C. commence. Pour ma part, dans une même journée, je pars sur les routes craignant à chaque tournant de tomber sur quelques détachements ennemis.


11 Juin

Le 11 Juin, je remplis une de ces missions.

Je trouve la Division dans une ferme; devant la porte une auto-mitrailleuse française assure la défense du P.C. Les Officiers d’EM sont inquiets. La division, étalée sur un large front, est dans une situation critique, l’emplacement de certaines unités est inconnu. J’ai l’impression de la Général éprouve une vive satisfaction en me voyant, il va savoir enfin où est le régiment.

Je lui rends compte de la situation.

Le Colonel Jacottet, après la rupture du combat sur l’Eure, a pris la décision de se replier en direction de la Mayenne. Le Général est satisfait: "dites à votre Colonel que le salut est vers l’Ouest, que tout ce qu’il a fait est bien, que je le complimente", etc, etc... Je place quelques mot encore: "les hommes sont exténués dis-je, mais ils font preuve de beaucoup de courage". Je prends congé. Quelques heures après, le Général quittait son P.C. protégé par l’auto-mitrailleuse.

Une fois encore, l’ennemi était là.


Après avoir quitté le P.C. de la division, je me suis rendu au P.C. de la brigade.

Même réception, Le Général, ignorant tout du 6ème Dragons est heureux de me voir. Il me me cache pas que la situation est grave. Il me donne des ordres à transmettre au Colonel Jacottet. Je prends congé et rejoins Saint-Aubin d’Ecrouville, où le régiment arrive quelques instants après moi.

Les chevaux sont au bivouac, devant le Château. Nous pouvons enfin faire un peu de toilette, et prenons un repas hâtivement préparé.

La nuit vient.

Les uns vont se reposer sur la paille, d’autres trouvent un lit. A minuit, le Colonel nous fait appeler. Il faut se préparer à partir! Les chevaux sont sellés.


Nous ne quittons Saint-Aubin qu’au jour, vers 5 heures du matin. Le Colonel connaissant parfaitement la région évite les grands axes qui sont peu surs, nous prenons des chemins de moindre importance; dans les villages, les paysans nous distribuent du tabac, des biscuits, des chocolats fins, que sais-je encore, toutes choses provenant de coopératives hâtivement abandonnées par les Anglais.


Les 12 - 13 et 14 Juin

Nous sommes à la Volardière, qu’y faisons nous, nul ne le sait. Nous y perdons du temps, un temps précieux qui nous eût permis de gagner le Sud de la Loire. les Etats majors, submergés, manquent de renseignements! Il est question de créer une armée de Bretagne, c’est ce qui explique peut être notre marche vers l’Ouest. plus de doute, il y a une idée directrice.

Mais la partie est perdue, bien perdue.


Le 15 Juin.- Nous sommes à Brulemail

Le 16 Juin

A St Gervais.

A chaque arrêt, comme il sied, "le bouchon" est mis en place. Quelle plaisanterie que ces bouchons!!

Au cours de tous ces déplacements, combien de misères ai-je soulagé! Je me rappelle avoir trouvé à la Volardière toute une nichée d’enfants de gens évacués. Ils jouaient, se souciant peu du drame affreux que nous vivions. Je leur fais distribuer de la soupe, qu’ils mangent dans des boites de conserve. Prenant les deux plus petits par la main, tandis que les autres suivaient par derrière, je les amène ensuite à la cuisine roulante, où je leur fais distribuer du chocolat. Quelle joie! le Capitaine était bien gentil!...

Ailleurs, une petite fille de 4 ans est couchée sur la paille avec 41° de température, je fais appeler le médecin et donne quelques cachets d’aspirine à la maman.


Le 17 Juin

Après une étape pénible, nous arrivons dans la forêt d’Averton. Le P.C du Colonel est à Averton, les escadrons sont dispersés dans la forêt, mon escadron est à la ferme Bellevue assez éloignée du reste du Régiment.

La ferme Bellevue, désaffectée, est maintenant un lieu de vacances pouvant recevoir une trentaine d’enfants. La maison est dirigée par une dame âgée qui, très obligeamment, met les locaux à notre disposition.

Arrivé à la ferme vers les 9 Heures du matin, je fais un peu de toilette et me couche.

A midi, nous déjeunons.

Les ordres arrivent très tôt.

Nous quitterons la forêt vers 19 heures et ferons mouvement en direction de la Mayenne. Il est donc décidé que nous nous mettons à table vers les 17 heures. Les hommes se reposent après avoir soigné les chevaux.

Vers 15 heures, je suis sur le pas de la porte avec la maîtresse de maison. Elle n’est certes pas très inquiète, mais elle me demande tout de même si elle ne court pas quelque danger. Je la rassure, lui disant qu’il ne peut y avoir de combat dans la région et que seule l’éventualité de l’arrivée d’une colonne motorisée allemande peut être envisagée.

A peine ai-je prononcé ces mots que des coups de mitrailleuses partent en lisière de la forêt, à quelques 300 mètres au Nord de la ferme. Sur le moment, je suis surpris. Réagissant très vite, je dis à l’adjudant Xambo de se porter en lisière de la forêt pour voir ce qui s’y passe. Par un autre itinéraire, je fais de même, accompagné par le M.D. L. Barsocki. Nous arrivons à proximité d’une maison habitée: "Les Allemands sont sur la route" me dit-on. En rampant, nous gagnons la lisière de la forêt. Plus bas que nous, à 50 mètres environ, nous voyons une colonne motorisée précédée par des autos-mitrailleuses qui se dirige vers Vulaine la Juhel! Je suis stupéfait! L’aventure est d’importance! Il va falloir, une fois encore, sortir d’un mauvais pas. Je reviens à la ferme, alerte mon escadron qui allait manger la soupe.

Une demie heure après, l’escadron, formé en colonne, a disparu dans la forêt.

J’envoie mon motocycliste auprès du Colonel, mais il reviendra sans l’avoir trouvé.

J’évite les routes, les chemins, les marches au "jugé" souvent à la boussole. Mon intention est de me lier le plus possible à l’itinéraire initial qui m’avait été donné dans l’ordre du Colonel pour gagner la Mayenne. Le terrain est difficile, la nuit est noire, je devrai faire au moins 70 kilomètres pour arriver à destination.

Quelle nuit!

Heureuse coïncidence; je précède le 4ème Hussard qui me rejoint. Le Général de brigade marche avec le 4ème Hussards. Il me dit avoir vu le Colonel Jacottet inquiet, paraît-il, à mon sujet. J’apprends que le régiment, comme mon escadron, a dû quitter la forêt d’Averton par alerte. Au cours de la nuit, je marcherai dans le sillage du 4ème Hussards. L’étape sera extrêmement pénible, en raison de l’obscurité totale. Les a-coups, nombreux, fatiguent les hommes et les chevaux. Des garde-chevaux, endormis sur leur selle, lâchent les chevaux qui s’arrêtent en plein champ. D’autres chevaux tombent. Au cours d’un arrêt, les officiers se rassemblent, l’inquiétude est grande. Le Colonel du 4ème Hussards ne peut cacher son chagrin. Il pleure comme un enfant tandis que le Général lui tapant sur l’épaule, le réconforte. Nous sentons tous la défaite peser sur nos épaules.

Au jour, nous franchissons la Mayenne, les renseignements que nous avons sont peu rassurants.


18 Juin

J’apprends que le Colonel et le régiment sont à Andouillet

Je le rejoins en side-car, le mets au courant de mon aventure. Il plaisante, me disant que j’aime me mélanger aux Allemands. En fait, il est heureux de constater que je me suis débrouillé. Je rejoins mon escadron, nous franchissons la Mayenne et nous arrêtons à St. Germain de Bretagne pour y faire boire les chevaux. Les cuisines roulantes étant là, nous faisons distribuer du café aux hommes.

Le rassemblement de la brigade se fera, ensuite, dans la région de Andouillet.

Les choses en sont là, lorsque, me dirigeant vers le point de rassemblement, une colonne motorisée allemande arrive par le même itinéraire que celui que nous avons suivi. Nos camions, qui sont en queue de colonne, sont mis en travers de la route, par ordre du Colonel Chiappini. Les hussards font le vide et partent au galop dans la direction de Andouillet. Un peloton est fait prisonnier. C’est le désarroi le plus complet. On parle d’armistice, un communiqué radiophonique aurait été entendu. Précipitamment, sans trop de désordre, nous gagnons l’Etang du Perthes où, petit à petit, les éléments de la brigade se rassembleront. L’ordre du Général est de ne plus tirer. Les bruits d’armistice se confirment.

L’Officier, agent de liaison de la brigade, revient, disant que tout contact avec la Division est perdu. Le Général Petiet et quelques rares éléments de la Division ont pu gagner la Loire!!


19 Juin

Nous quittons l’Etang du Perthes, largement dépassé par les troupes Allemandes. Celles-ci se soucient peu des troupes encerclées, elles foncent droit devant elles en suivant les grands axes qui les mèneront sur les côtes de la Manche et de l’Atlantique. Parfois, quelques éléments légers s’arrêtent, prennent les fusils, les cassent en frappant la crosse sur le sol, puis repartent.

De l’Etang du Perthes, le Colonel décide de gagner la forêt de la Guerche en évitant routes et chemins. Nous avons l’ordre de ne plus tirer; les bruits d’un armistice conclu avec l’Allemagne se confirment.


Un incident comique illustre ce déplacement du Perthes à la Guerche. Le régiment, en colonne, est dans un petit chemin, peu praticable, la tête du régiment est à la hauteur de la route...

Quelques motocyclistes allemands passent sur la route. Le Colonel hésite à la franchir avec tout son régiment. Il marque un temps d’arrêt. A ce moment, toute une colonne motorisée allemande arrive et passe à toute vitesse. Nous assistons, éberlués, à un défilé au cours duquel les soldats allemands nous font des signes de la main. Bonjour, Bonjour, ont-ils l’air de nous dire!


La colonne s’étant écoulée, nous montons à cheval, les premiers éléments de tête ont franchi la route, mes canons de 25 sont à leur tour engagés lorsqu’une deuxième colonne allemande arrive. Nous sommes au trot et, pour éviter un télescopage, les voitures allemandes s’arrêtent, tandis que mes canons franchissent la route!...


19 Juin.-

Nous arrivons dans la forêt de la Guerche.

Nous installons les chevaux au bivouac. Des mitrailleuses et fusils mitrailleurs sont placés à tous les carrefours; peine perdue! que ferons nous si des éléments allemands se présentaient! Nous sommes encerclés, la forêt de la Guerche est mal tracée, peu de chemins, terrain très coupé par des haies et des fossés. Cette région n’intéresse pas l’Allemand qui a des objectifs lointains sur lesquels il fonce à toute vitesse. C’est bien la guerre éclair qu’ils mènent depuis le début et devant laquelle, avec des moyens inégaux, nous restons impuissants.

A proximité du bivouac, il y a quelques vieilles maisons habitées. Les Officiers s’installent à la Cour Poisson. Les habitants, très dévoués, mettent tout ce qu’ils peuvent à notre disposition. Des cuisiniers préparent nos repas sur un feu de bois; nous installons des tables en plein air; quand il pleut, nous nous réfugions sous un hangar.

Les menus sont abondants, grâce aux réserves que nous avons, grâce aussi à ce que nous achetons sur place. Ce seront bien les derniers repas convenables que nous ferons. Les hommes sont bien nourris, nous achetons du bétail que nous tuons sur place, nous faisons le pain etc... Mais les réserves s’épuisent, il faut aussi nourrir près de 2000 chevaux; qu’à cela ne tienne, des sous-officiers s’habillent en civil et, à l’aide de voitures attelées par nos propres moyens, ils se rendent dans les villages environnants pour y acheter tout ce qui nous est nécessaire. A leur retour, ils nous content leurs aventures parfois fort pittoresques, car les Allemands occupent la région.

Nous faisons des parties interminables de bridge; le soir, nous écoutons les émissions radiophoniques.

Nous attendons que l’armistice soit signé pour sortir de notre tanière

Perdus pour perdus, assez nombreux sont ceux qui attendent une décision hardie du Général: que l’on donne à tous liberté de manoeuvre; par petits groupes, nous essayerons de gagner la Loire. Le Général et notre Colonel - le Colonel du 4ème Hussards n’est pas du même avis - ne veulent pas entendre parler de cette affaire. Nous ne pouvons pas, disent-ils, abandonner le matériel et les chevaux que les Allemands prendront d’ailleurs sous peu de jours.


Les jours passent!

Nous sommes angoissés.

Un officier, en civil se rend à la préfecture de Laval. Le Sous-Préfet ne peut lui donner un renseignement précis. L’armistice serait sur le point d’être signé. En ce qui nous concerne, il ne sait que nous conseiller.

En pays normand, le commerce ne perd pas ses droits: ce sont des gens de la région qui viennent maintenant à nous pour nous offrir de l’avoine, de l’orge, de la farine etc... Les prix, cela va sans dire, sont astronomiques! Des "Margoulins" viennent roder autour du bivouac. Un véritable marché de chevaux s’établit auquel, malheureusement, quelques mauvais cavaliers se prêtent. Nous sommes obligés de prendre des mesures énergiques.


Le 25 Juin

Nous apprenons par la radio que l’armistice est signé. Un officier se rend à Rennes. Il nous rapporte un texte incomplet des clauses de l’armistice, le voici:


Le Gouvernement français décide la fin du combat contre le Reich en France, ainsi que dans les possessions françaises, colonies, territoires sous protectorat français et sous mandat.

Il assure que les formations françaises déjà encerclées par les troupes allemandes déposeront immédiatement les armes.

L’armée française de terre, de mer, de l’air, sera, dans un délai à préciser, démobilisée et déséquipée. Exception sera faite pour certaines formations qui sont nécessaires au bon maintien de l’ordre à l’intérieur. L’Allemagne ainsi que l’Italie préciseront leurs forces et leurs armements.


Les forces françaises qui se trouvent dans les territoires à occuper par l’Allemagne seront conduites rapidement dans les territoires non à occuper, et seront congédiées. Les troupes déposeront, avant leur départ, leurs armes et les impedimenta à l’endroit où elles se trouvent au moment de l’entrée en vigueur de ce pacte. Elles seront responsables envers les troupes allemandes de leur reddition en bon ordres.


Nous donnons une interprétation fausse à ce texte. nous pensons que, nous rendant librement aux Allemands, nous serons conduits en zone libre. Dès lors, le Général décide de déposer toutes les armes à la Mairie de la Guerche. Cette opération a lieu au cours de la nuit.


1er Juillet

Le 1er Juillet, il se rend à la Commandantur de Laval où il rencontre un Général commandant un corps d’armée. Un Officier d’Etat Major vient dans la forêt de la Guerche où il constate qu’il s’agit bien d’une brigade de cavalerie. Les Allemands ne cachent pas leur stupéfaction. Un conseil se tient: ordre est donné au Général Maillard de se porter sur Châteaubriand avec toute sa brigade. Là, nous trouverons une commission mixte qui nous enverra en zone libre.

Le Général Maillard donne des ordres très sévères qui sont suivis à la lettre: le 2 Juillet, toute la brigade quitte la forêt de la Guerche en bon ordre. Les chevaux ont été pansés, le matériel astiqué, les hommes sont dans une tenue correcte. Jusqu’au dernier moment, la discipline est parfaite.

Au départ de la Guerche, nous ne sommes pas escortés mais, arrivés sur la route nationale qui conduit à Châteaubriand, nous voyons apparaître des motocyclistes; plus loin, des Allemands en camion viendront grossir le nombre des gardiens. Tout cavalier qui s’arrête pour sangler son cheval est surveillé par un motocycliste, nous commençons à déchanter.

Par ordre du Commandement allemand, la colonne s’arrête: les meilleurs chevaux sont rassemblés dans un champ. Là, des officiers d’une division d’infanterie choisissent les chevaux qui leur plaisent.

Quand je parle de régiment, de brigade, je veux dire: ce qu’il en reste!


Ma jument, Miquette, est prise par un Officier Allemand. Mon fidèle ordonnance me selle un cheval de troupe. Pauvre Miquette, j’éprouve une grande peine en la quittant. Les cavaliers démontés sont transportés en camion.

La colonne repart.

A 3 kilomètres de Châteaubriand, toujours escortés, nous quittons la route, entrons dans un champ, où nous formons le bivouac. Des sentinelles sont placées de proche en proche, des armes automatiques sont mises en place, l’ordre est de ne pas franchir ce réseau de surveillance. Tout hommes qui essayerait de s’évader, sera abattu: Nous sommes bien prisonniers. Nous attendons malgré tout la commission d’armistice qui doit régler notre sort, nous avons confiance, nous prêchons la discipline jusqu’au bout.

Les hommes s’installent sous des toiles de tente, les chevaux pas nourris, mal abreuvés, fatigués, dépérissent très vite, nombreux sont ceux qui meurent.

Les Officiers sont autorisés à quitter le bivouac. -dénommé Camp D- à 20 heures, nous couchons dans les fermes environnantes; le matin, à 7 heures, nous sommes à l’appel. C’est ainsi que j’ai couché, pendant plusieurs nuits, chez de braves gens, à la ferme du Bois Robert.

Nous apprenons que le Général a reçu l’ordre de se rendre au Château de Châteaubriand, où il sera interné. L’émotion se lit sur tous les visages. L’ordre du jour du Général est émouvant au possible.


Il nous quitte!!

http://war.megabaze.com/page_html/099-T ... nd%2039-45

Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

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Re: Témoignage du 6ème Dragon...

Message par BRH » Mercredi 16 Juin 2010 14:19:09

Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

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Re: Témoignage du 6ème Dragon...

Message par didiert » Vendredi 11 Avril 2014 13:04:21

Bonjour BRH

J'ai effectué mon service national au sein du 6ème dragons (à Saarburg RFA) et depuis recherche tout ce qui touche au régiment.

Je suis donc tombé sur ce site et votre récit qu'il m'a plu de lire. Dans le cadre de mes recherches, je suis entré en contact il y a quelques années avec le commandant DE BORT, sous-lieutenant au 6RD en 1940. J'ai de ma famille qui habite la région de Poix et Moliens Vidâme, que vous citez, et qui sont reprises dans l'historique du régiment édité en 1973,que m'a justement donné M. de Bort, alors président de l'amicale des anciens.

J'ai trouvé sur le site atf40 des photos tout à fait intéressantes du colonel JACOTTET et de plusieurs de ses officiers dans la forêt de la Guerche, malheureusement je n'en ai pas conservé le lien. A propos d'officier, et à moins que je n'ai pas tout vu de votre récit, il me semble que vous ne donnez pas votre fonction.

Sachez que je serai tout à fait ravi d'entrer en contact avec vous. J'ai écrit un historique du régiment pour sa période où il était stationné à Saarburg (1978-1992) et je travaille actuellement à une liste des morts du régiment pendant la première guerre.

Pour la seconde, je n'ai que peu de renseignements, si ce n'est qu'il existe une plaque commémorative près de l'église à Evrange, et je suis preneur de toute information, voire éventuellement de pièce d'uniforme identifiée au régiment.

Espérant le plaisir de vous lire.
Bien respectueusement
didiert
 
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Re: Témoignage du 6ème Dragon...

Message par boisbouvier » Vendredi 11 Avril 2014 21:48:22

Chateaubriant s'écrit avec un T. C'est une petite sous-Préfecture de Loire Atlantique pleine de charme. On dit que Napoléon et Victor Hugo y furent conçus mais ça ne doit pas être vrai. Par contre, Chateaubriand ne l'a pas connu. Lui, c'était Combourg dans l'Ille et Vilaine.
boisbouvier
 
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