Récits

Les Totalitarismes à l'assaut de l'Europe !

Récits

Message par BRH » Dimanche 06 Juin 2010 14:27:38

[b]AVANT -PROPOS

Le 4e régiment de dragons portés, titulaire de deux citations au cours de la grande guerre,
portait déjà la fourragère verte.

Sa belle conduite pendant la campagne de 1940 lui valut une nouvelle citation a l'ordre de
L'armée. Depuis le 10 mai jusqu'à l'armistice, il lutta chaque jour avec discipline, avec décision,
Le plus souvent avec héroïsme, heureux eût-on dit de se sacrifier même quand il savait qu'il
Etait seul et que la partie était perdue.

Cette belle tenue, ce moral ardent, le 4e r.d.p. le devait a ses hommes et à ses gradés (pour la
plupart originaire du Nordet de l'Est) et qui, tous, dans cette garnison de Verdun , près de ces
champs de batailles à peine refermés, avaient sans cesse sous les yeux l'exemple magnifique
de leurs aînés . Il le devaient surtout à ses chefs.

Et parmi eux, comment ne pas citer en premier le colonel Lacroix. C'est lui qui tour à tour chef
d'escadrons puis lieutenant-colonel et colonel dans l'armée du Rhin, puis a Verdun, commanda
Le 4e bataillon cycliste transformé en d.p. Pour devenir en suite le 4e R. D. P. à deux puis à trois
bataillons. Aucun officiers, aucun dragons ne pourras dissocier le non de son ancien régiment
de celui de ce chef incomparable qui, sous les dehors les plus sévères et les plus rudes, l'esprit
continuellement tendu vers le devoir, savait aussi cacher le cœur le plus sensible et le plus généreux.
nommés général de brigade quelques mois avant les opérations actives, il dut céder sa place au
colonel Vincens de causan qui grâce à son activité débordante à sa souriante et paternelle fermeté,
a su à son tour , en quelques semaines ,s'imposer à tous et se faire aimer.

Mais le sort n'a pas voulu que le colonel de causan conduisit jusqu'au bout le 4e Dragons,
tombé prés du Quesnoy aux mains de l'ennemi avec la plus grande partie du 3e bataillon,
il a su d'abord être le prisonnier du devoir, de la dure consigne de résister sur place en tenant
jusqu'à épuisement de ses moyens et de ses munitions.

Alors, le régiment déjà meurtri et amoindri dans ses effectifs sinon dans son courage passe sous
le commandement du chef d'escadrons Amanrich qui commandait le 1e bataillon . C'est lui devra le
conduire dans les Flandres, à Dunkerque, puis de l' Eure jusqu'en Dordogne, en d'incessants engage-
-ments. Le rude combattant à la poigne énergique, au parler direct, que déjà les hommes n'appellent
plus que « à la bataillle « sait insuffler à tous la volonté de se battre et de tenir. C'est lui qui commandera ce qui restait du régiment lorsque le 4e R.D.P. sera dissous le, le 31 juillet 1940.

Certes, bien des faits d'armes du 4e dragons pendant cette campagne restent encore obscurs ou ignorés. beaucoup de ceux qui ont été les témoins ou les acteurs ne sont pas là, ne seront plus jamais là.....

Aussi notre piété fervente, notre amour sont tournés vers nos morts, vers ceux que nous avons ensevelis dans l'action même du combat, vers ceux qui errent encore dans ce royaume qui n'est ni celui de la mort ni Celui de la vie et que l'ont appelle les « disparus » .

Notre affection se penche sur nos camarades blessés qui souffrent encore dans leur chair alors que le canon s'est tu depuis longtemps déjà, sur nos camarades prisonniers, plus vaillant peut-être que nous mêmes , en tous cas, moins heureux ; car depuis de longs mois séparés de leur patrie et de leurs affections, ils souffrent
de plus dans leur âme.

DECEMBRE 1940
J.T.



***CITATION

Du 4e Régiment de dragons portés
Pour la campagne de 1940

______

Le général commandant en chef, Ministre, Secrétaire d'Etat
à la défense national, cite :

A l'ordre de l'armée (ordre n° 128 C) :

Le 4e régiment de dragons portés :

« Magnifique unité, qui a fait preuve, dans des combats difficiles,
du 10 mai au 28 mai 1940, sous les ordres, d'abord, du colonel de Vincens
de Causans ; ensuite, du chef d'escadrons Amanrich, des plus hautes qualités
militaires et de courage et d'esprit offensif.

Pendant cette période, à maintes reprises, a contribué, soit en attaquant
soit en résistant sur place, aux décrochages des unités voisines, a causé de nombreuses
pertes a l'ennemi, fait de nombreux prisonniers et pris du matériel.

A peine de retour en France, s'est fait remarquer par son mordant à l'attaque
de la Heunière (forêt de Pacy), le 11 juin ou il a infligé de nombreuses pertes a l'ennemi
et fait des prisonniers , et, le lendemain, à résisté opiniâtrement, à Cocherel, à des forces
ennemies très supérieurs en nombre, devant lesquelles il ne s'est replié que lorsque l'ordre
lui en a été donné. »


signé Weygand


ORDRE DE BATAILLE DU 4e DRAGONS PORTES

A la date du 10 mai 1940

Etat-Major


De Vincens de causand (Marie- Louis- Maxime- Jacques) ----- Colonel
Baillet (Robert- Eugène- Laurent) -----Capitaine adjoint
Lafargue (Jean- Louis- Jacques- Julien)-----Capitaine médecin chef de servie santé
De lapasse (Joseph- Marie- Jaques)-----Capitaine chef du service auto
Berthemy (Alfred- Louis)-----Capitaine
Botreau- Roussel- Bonneterre (Jean- Marcel-Augustin- Alphonse)-----Lieutenant chargé des transmissions
Couchard (Marcel- Annet- Marius)-----Lieutenant officier de détail
De Gouffre de la Pradelle de Leyrat-----Lieutenant officier de renseignement
Chaussivert (Raymond- Louis- Gustave)-----Lieutenant chef de peloton de commandement
.

Escadron hors rang

Thuillier (Jean- Lucien)-----Lieutenant commandant l'E.H.R
Nicolas (Robert- Paul- Georges)-----Lieutenant pharmacien
Stalin (André- Charles)-----Lieutenant officier chef d'atelier
Mohy (René- Charles)-----Lieutenant officier d'approvisionnement

Premier bataillon
Etat –major

Amarich (Charles)-----Chef d'escadrons, commandant le 1e bataillon
Pornin (André-Jean- Victor)-----Lieutenant Officier adjoint
Devin ----- Lieutenant médecin du 1e bataillon

Premier Escadron

Bonamy (François- Paul- Joseph- Marie)-----Capitaine commandant la 1e escadron
Potier (François-Charles- Ernest)-----Lieutenant chef de peloton
Lagary (André- Emile)-----Sous-Lieutenant chef de peloton

Deuxième Escadron (motos)

Lemaire de Marne (Etienne-Marie)-----Lieutenant commandant le 2e escadron
Gascard (Paul-Alexis- Marie)-----Lieutenant chef de peloton
Verney (André- Frédéric)-----Sous-Lieutenant chef de peloton
Carissimo (Francis- Albert)----- Sous-Lieutenant chef de peloton
Solignac (Antonin-Jean-Louis)----- Sous-Lieutenant chef de peloton
Trouillard-------Aspirant, chef de peloton

Troisième Escadron (F.V.)

Arnemann (Marcel-Henri)-----Capitaine commandant le 3e escadron
Cohe (Paul- Etienne-Christian)----- Lieutenant chef de peloton
Landry (Emile- Gaston- Henri)----- Sous-Lieutenant chef de peloton
Bonnaud (Jean)----- Sous-Lieutenant chef de peloton

Quatrième Escadron (F.V)

Mir (Jean- Pierre- Louis Guillaume)-----Capitaine commandant le 4e escadron
Parmentier (Jean-Marie)----- Lieutenant chef de peloton
Lejoindre (Jaques- Gustave- Charles)----- Lieutenant chef de peloton
Chévenier (Joseph- Henri)----- Sous-Lieutenant chef de peloton
Gazats----- Aspirant, chef de peloton

Cinquième Escadron (Mitrailleuses et Engins)

Clavé (Georges- Raoul- Charles)----- Capitaine commandant le 5e escadron
Devoyod (Michel- Henry)----- Lieutenant chef de peloton
Dosnon (André- Lucien- Clément)----- Sous-Lieutenant chef de peloton
Parriaux (Marcel- Charles- Prosper)----- Sous-Lieutenant chef de peloton
Frémeaux (André- Paul)----- Aspirant, chef de peloton

Deuxième Bataillon
Etat - Major

Marlard (Charles)-----Chef d'Escadrons, commandant le 2e bataillon
Roger (Paul- Jean- Guillon)----- Capitaine officier adjoint
Monin (Emile- Eugène- Georges)----- Lieutenant médecin du 2e bataillon

Sixième Escadron (A.M.R)

Ségur (Pierre- Paul- Victor)----- Capitaine commandant le 6e escadron
Chaperon (Armand-Marie- Ernest)----- Lieutenant chef de peloton
Merlivat (Robert- Alfred)----- Sous-Lieutenant chef de peloton
Delord (André)----- Sous-Lieutenant chef de peloton
Fortin------ Aspirant, chef de peloton

Septième Escadron (motos)

Cagna (Emile- Jean- Marcelin)----- Lieutenant commandant le 7e escadron
Mellerio (Emile- Marie- Honoré)----- Lieutenant chef de peloton
Boyer (Marcel- Aimé)----- Lieutenant chef de peloton
De Soye (Gaston- Edmond- André- Joseph)----- Sous-Lieutenant chef de peloton
Vandermarck (Michel)----- Aspirant, chef de peloton

Huitième Escadron (F.V)

Ménières (Gilles- Marie- Henri- Emile)----- Lieutenant commandant le 8e escadron
Baptiste (Pierre- Charles- André)----- Lieutenant chef de peloton
Nigaud (Georges-Josph)----- Lieutenant chef de peloton
Mellet (Jacques- Marie- Charles)----- Sous-Lieutenant chef de peloton
De La Panouse (Antoine- Marie)----- Sous-Lieutenant chef de peloton

Neuvième Escadron (F.V)

De Vandière De Vitrac (René)----- Capitaine commandant le 9e escadron
Maurice (André- Maxime)----- Lieutenant chef de peloton
Cara (Charles- Paul- Jean- Marie)----- Sous-Lieutenant chef de peloton

Dixième Escadron (Mitrailleuses et Engins)

Le Tellier (Michel- Philippe)----- Capitaine commandant le 10e escadron
Beeker (Albert- Phillipe)----- Lieutenant chef de peloton
Ramsayer (Augurte)----- Lieutenant chef de peloton
Hébert (Pierre- Marie- Serge)----- Sous-Lieutenant chef de peloton
Couturier (Maurice- François- Victor)----- Lieutenant chef de peloton
Vernon (Roger)----- Sous-Lieutenant chef de peloton

Troisième Bataillon
Etat – Major

Gouse De Saint-Martin (Henri- René- Emile- Charles)------Chef d' Escadron commandant le 3e bataillon
Hamon (Joseph- Marie- Ernest)-----Lieutenant officier adjoint
Bonin (Jean Paul- Marie)----- Lieutenant médecin du 3e bataillon

Onzième Escadron (A.M.R)

Ponsy (Jean- Joseph)----- Lieutenant commandant le 11e escadron
Logeard (Edmond- Fernand)----- Lieutenant chef de peloton
Van De Viele (Etienne- Emille)---- Lieutenant chef de peloton
Chautrand------- Aspirant, chef de peloton

Douzième Escadron (Motos)

De Chabaliere (Marie- Maurice- Robert)----- Capitaine commandant le 12e escadron
Hennessy (Kilian- Bertrand- Marie- Jacques)----- Lieutenant chef de peloton
Mazerot (Roger- Frédéric- Denis- Clément)-------- Lieutenant chef de peloton
Onof (Jacques- Emilie- louis)------ Sous-Lieutenant chef de peloton
Chapelier------- Aspirant, chef de peloton
Cazenobe (Félix)---- Aspirant, chef de peloton

Treizième Escadron (F.V)

De Riolt De Fronclarc (Jean- Elie- Théodore)------ Lieutenant commandant le 13e escadron
Albaut (Daniel)------ Lieutenant chef de peloton
Poumeau De Laforest (Roger- Charles- Edouard)----- Lieutenant chef de peloton
Charbonnier (René- Emile- Henri- François)----- Lieutenant chef de peloton
Béguin-Billecoq (Claude- Louis)---- Sous-Lieutenant chef de peloton
Bazier----- Sous-Lieutenant chef de peloton

Quatorzième Escadron (F.V)

Hennessy (Jaques Marie)------ Lieutenant commandant le 14e escadron
Yannisse (Roger)---- Lieutenant chef de peloton
Doneau (Albert) ------ Sous-Lieutenant chef de peloton
Catry (René- Pierre- Marie)----- Sous-Lieutenant chef de peloton

Quinzième Escadron (Mitrailleuses et Engins)

Sappeye- Marinier (Louis- Joseph)------ Lieutenant commandant le 15e escadron
Vène (Marc)----- Lieutenant chef de peloton
Chevillot (Marcel- Charles)------ Lieutenant chef de peloton
Cicéron (Phillipe- Marie)------- Sous-Lieutenant chef de peloton


JOURNAL DES MARCHES ET OPERATIONS DU 4e REGIMENT de DRAGON PORTES

PREMIERE DIVISION LEGERE MECANIQUE
DEUXIEME B.L.M


1er SEPTEMBRE 1939 – 25 JUIN 1940


JOURNAL DE MARCHE ( 2 )

Le journal des marches, tenu depuis la mobilisation générale de septembre 1939,
ayant été brûlé pendant la campagne des Flandres, à Ghyvelde, avec les documents
du P.C du régiment, il ne peut être fait qu'un court résumé des mouvements qui ont
précédé l'entrée en campagne du 10 Mai. Antérieurement au 10 Mai, le régiment n'a
pas été engagé. De la mobilisation générale au 10 Mai le régiment et sous le comman
dement de son colonel en temps de paix, le colonel Lacroix, qui a fait du régiment une
magnifique unité combattante.

En septembre et octobre 1939 le régiment stationne dans la région de Verdun :
Deiue, Génicourt, Sommedeiue, ; puis Châtillon – sur- les - côtes, watronville, Eix,
Azannes, Fleury-sur-Aire .

Le 10 novembre, le régiment est alerté, la neutralité Belge est menacée et la 1e D.L.M.
doit se porté aux frontières de la Belgique. Le régiment fait mouvement et ce porte dans
la région de Quiévy, puis de valenciennes (P.C. à Aubry).

La situation internationale étant détendue, le régiment se replie et cantonne dans la région
de cambrai .PC. E-M.et E.H.R à Naves ; le 1e bataillon à Cagnoncles ; le 2e bataillon à
neuvilly ; le 3e bataillon à Bethencourt. Le 10 janvier 1940, le colonel Lacroix est appelé à
prendre le commandement de la 4e B.L.M. et le commandant Causans prend le comman
dement du 4e dragons.
Le 16 janvier la situation internationale étant de nouveau menaçante, le régiment se porte de
nouveau à la frontière, en direction de Bavay. Le 18 janvier une détente s'étant produite
le régiment reprend ses cantonnements .

Le 14 mars le régiment rompt de ses cantonnements pour se rendre dans la région de
Valenciennes-Curcies et y effectuer des travaux de défense. Il est mis a la disposition
du général commandant la 2e D.I.N.A.(général Dame) P.C Marly.

Le 25 mars, le régiment fait mouvement sur ses anciens cantonnements de la région de Cambrai
et le 27 il les quitte pour stationner dans la région de Saint-Omer, la première DLM étant mise
a la disposition du général commandant la 7e armée (général Giraud).

Le régiment se cantonne dans la région de la Lys (P.C à Delettes) jusqu'au 30 avril.
Le 30 avril, le régiment fait mouvement dans la région de Clairmarais.

JOURNAL DE MARCHE (3) le 10 mai

Le régiment est cantonné dans la région de clairmarais à l'est de Saint-Omer,
dans des baraquements édifier par le génie de la 1e DLM et qui sont en cours de construction.
Le PC est installé dans le parc de l'ancienne abbaye de Woestine, depuis le 30 avril. Le stationnement
Est le suivant : E.M-et E.H.R., ancienne abbaye de Woestine ; le 1e bataillon, à Erques et Erbelles ;
2e bataillon à Nieppe ; 3e bataillon au séminaire Saint-Bernard. Des éléments du 2e bataillon
(3e et 14e escadron) cantonnent dans la région d'Oxelaefe.

A partir de 4h30 et pendant plus d'une heure, le camps de clairemais est survolé par les bombardiers
ennemi, pris par la D.C.A de Saint-Omer à Woestine. A 6 heures , est donnée l'alerte numéros 3.
peu après, un message de la division avertit que l'heure « H », c'est-à -dire l'heure ou les premiers
éléments de la première DL.M. franchiront la frontière belge est fixer à 10 heures. Le régiment part
sur deux itinéraires différents (I4 et I5). Il doit franchir la frontière aux points initiaux suivants :
l'Abeele (I4) et Bailleul (I5), à h plus 1h45.

Sur I4 marchent l'EM du régiment et le 2e bataillon ; sur I5 marchent le 1e et 3e bataillons. Le
régiment est commandé en l'absence du colonel Causans, en permission et rappelé par
télégramme dès le reçu de l'ordre d'alerte, par le chef d'escadrons Amanrich. Le 1e bataillon
(bataillon Amanrich) est commandé par le cpitaine Clavé.

La traversée de la Belgique s'effectue sur les itinéraires prévus dans un ordre parfait et jusqu'à
18 heures, des bombardiers allemands effectuent à Termonde un bombardement en piqué d'une
grande précision, au cours duquel le pont sur l'Escaut et détruit, obligeant ainsi à suivre un autre itinéraire.A 21 heures, sur la transversale Anvers-Malines au carrefour de Waloos, liaison et prise entre
Les deux éléments du régiment marchant sur les deux itinéraires. A 24 heures le commandant
Amalrich se porte, de sa personne, à Oostmalle, ou se trouve le P.C. avancé de la division,
Pour y prendre les ordres du général Picard, tandis que le régiment poursuit sa route.
Le sous-lieutenant Lagary, bléssé dans un accident de side-car est évacué.

JOURNAL DE MARCHE (4) 11 mai 1940

Le régiment à pour mission de se porter sur une ligne Tilbourg et le canal de Turnhout et, en
liaison avec les unités de l'armée Hollandaise qui tiennent Tilbourg , arrêter l 'ennemi. Dans
la matinée, le P.C du régiment est fixé à Poppel et les escadrons sur leurs positions, en suivant
l'itinéraire Ost-Malle-Merksplag-Poppel. Pendant toute la journée, un bombardement d'une
extrême violence a lieu, par avions, presque sans arrêt. L'aviation allemande en nombre, avec une
maîtrise complète de l'air bombarde les colonnes et les villages, parfois a très basse altitude et
avec un bruit de sirènes qui marque la volonté de l'ennemi de semer la terreur. Des motocyclistes
isolés, agents de transmission, sont pris en chasse par les mitrailleuses. La route entre Osmalle et
Merksplag passe par une région de bruyères et de bois qui sont en flammes. Toutefois, l'effet
produit par l'aviation est plus psychologique que matériel et les pertes sont légères. Le sous-
lieutenant Cara est blessé. A 17 heures ; le P.C du régiment est porté à Hoogh – Eind, à 3
Kilomètres au nord-est de Poppel, en territoire hollandais. Les renseignements qui parviennent
au P.C. font savoir que les Hollandais se replient sur la région de Tilbourg et qu'il n'ont pas l'intention
de tenir ce village (renseignements donnés par le lieutenant de Saint-Hubert, officier de liaison de
l'armée belge auprès de l'armée Hollandaise).Le dispositif du régiment, qui se réalise dans la soirée,
est le suivant : 2e bataillon Loge-Mierde-Hooge-Mierde-Lixière- sud-est des bois de Hooge-Vijvers-
Bosch, le 1e bataillon est en réserve à Beerse.

JOURNAL DE MARCHE (5) 12 mai 1940

Le colonel de Causans rejoint dans la matinée le P.C. d'Hoog-Eind, qui est commun avec celui du 74e
régiment d'artillerie ( colonel Marguerittes). Vers 11 heures, le commandant de Saint –Martin envoie
un premier compte rendu pour avertir d'un premier contact à l'est de Loge-Mierde. Une demie heure
plus tard, le contact se précise sur tout le front du 3e bataillon, qui trouve en face de lui des
éléments à pieds et des motocyclistes. Toute l'après midi, les combats se poursuivent, dans les bois, et les 13e,
14e et 15e escadrons résistent sur place, sans céder un pouce de terrain. Les mitrailleuses du 13e
escadrons ont des champs de tir réduits et exécutent des feux meurtriers avec leur hausse de 200.
Vers 15 heures, le commandant Saint-Matin craint d'être coupé du P.C., des infiltrations s'étant
produites à l'extrême gauche de son dispositif. Du pont de l'Aa à la sortie nord de Wellenseind.
A la même heure, le contact se précise sur le front du 2é bataillon, notamment pour le 8e escadron
Qui tient l'Aa dans les bois, au sud-est d'Hoog-Eind. A 16 h 30 le village de Diessen, tenu par
un peloton d'A.M.R du 6e escadron (peloton Delord), le 7e escadron et un peloton divisionnaire
anti-chars et attaqué par un détachement ennemi. Le contact est pris, d'abord, par les autos-mitrailleuses
légères puis par des chars et des éléments a pieds, toujours en plus grand nombre.
A 16 heures le colonel déplace le P.C pour l'installer à Esbeck ou se trouve celui du 2e bataillon.
A 17h30 l'ennemi attaque également Hilvarenbeck, tenu par le 6e et le 10e escadrons.
L'aspirant Vanermarcq, du 7e escadron qui assure la liaison entre la division et le régiment apporte
l'ordre de tenir sur la position jusqu'à 20h30.
La mission du régiment se sera de se replier derrière le canal de Turnhourt et de le tenir.
Vers 18h30, les éléments qui tiennent Diessen doivent se replier , les pièces d'artilleries sont
détruites et la pression de l'ennemi est de plus en plus forte.
A 20h30 le régiment commence sont décrochage.
Le colonel quitte le Village, à 20h45,le pistolet à la main, au moment ou les premier soldats
allemands débouchent sur la place du village. Le repli et rendu très difficile en raison des bois,
en l'absence de chemin et de la nuit. Le 2e bataillon retraite par échelons, il est accroché sur ses
flancs, il est accompagné par un très sévère tir d'artillerie ennemi dès le débouché de Poppel.
Il fera 40 kilomètres à pieds dans la nuit pour rejoindre le lieu de rassemblement ( bois est de Vlimmeren)
ou il arrivera le lendemain à 7h30 . le 3e bataillon se replie par les bois, tenus par le 15e escadron
et passe le canal d'embranchement sur des portières, le pont de la national 25 étant sauté.
Le 15e escadron réussit son décrochage et revient sans pertes ; par contre les 13e et 14e escadrons
ont des pertes sévères et ne le lieutenant Fonclade et ni le lieutenant Hennessy qui les commandent
ne les rejoignent.
A partir de 23h30, le P.C. du régiment et installé dans la villa Ter-Loo, à 2 kilomètres de Kasterlee,
sur la route de Retie.
La journée a coûté au régiment les pertes suivantes le lieutenant Fonclade blessé ; les lieutenants
Lafforest, chabonnier, Hennesy Yanisse ,les sous-lieutenants Béguin-Billecoq, Donneau, catry
Ont disparus

Anecdote personnel; mon père racontait que dans les premières heures de combats, ils étaient confrontés
a des ennemis très jeunes 17-18 ans en chemises noir et quand la première ligne était tombé, la deuxième
s'avançait sans prêté attention a leurs camarades.

JOURNAL DE MARCHE (6) le 13 mai 1940

la mission du régiment est de tenir le canal d'embranchement depuis Turnhours jusqu'à Deschel.
Pour l'accomplissement de cette mission, le colonel de Causans a sous ses ordres des éléments
du 4e cuirassiers et du 18e dragons pour les têtes de ponts, et il a également sous ses ordres la 18e
division d'infanterie Belges, dont le P.C. est à Kasterlee. Le premier bataillon tient le canal depuis
Turnhours jusqu'à Vooneide. le P.C. du commandant Amanrich est à Ooend-Turnhours ; le 2e
Bataillon est à droite du premier et tient le reste du secteur. Le P.C. du commandant Marlard est à
Rétie ; le 3e bataillon qui a combattu pendant 24 heures et qui a opéré un décrochage difficile de nuit
et dont les pertes sont sérieuses reste en réserve dans les bois entre Tielen et Ciele. Les belges ont
préparé sur les routes des « destructions folles » et ont hâte de les mettre en œuvre. La volonté de
résistance du 4e dragons ramène de nombreux fantassins sur leur position qu'ils avaient abandonnés
sur le canal.
Durant la journée, le contact est étroit, notamment sur le front du premier bataillon ; mais, nul part,
L'ennemi ne réussit à franchir le canal, sinon quelques isolés armés de mitrailleuses qui passent a la
nage. Deux prisonniers, en civil, mais qui sont porteurs de leur livret de solde, sont amenés au P.C..
à 22 heures, ce sont des fantassins qui prétendent avoir quitté leur uniforme pour fuir plus facilement.
Le régiment à perdu au cours de la journée le sous-lieutenant Chévenier, disparu.

JOURNAL DE MARCHE (7) 14 mai 1940

Vers minuit, les C.R. des escadrons renseignent le colonel et lui apprennent que le pression devient
très forte, qu'a la faveur de la nuit, des infiltrations se multiplient, à 1 heure, l'aspirant Vandermarcq
apporte les ordres du général Picard qui sont e se replier sans délai pour occuper une nouvelles
position. Le repli s'effectue à partir de 3h30. le régiment doit occuper sa nouvelle position à partir
de 7h30. le décrochage et le mouvement ont lieu dans des conditions normal, l'activité de l'aviation
ennemi, très intense la vielle, est en ce moment presque nulle. La mission du régiment est de tenir la
ligne Saint-Lenaarts – Oostmalle – Zoersel – Zandhoven – Vierse. Le 1e bataillon est au nord du
dispositif (P.C. à Oosmalle) ; le 2e bataillon est au centre (P.C au carrefour des routes Halles –
Pulderbosch) ; le 3e bataillon est au sud (P.C à Lanneremberg).
Les Belges manifestent une hâte inconsidérée pour faire sauter les ponts et veulent, dés le milieu de
la matinée (9h30) faire sauter le pont de Massenhoven, rendant de ce fait, tout repli éventuel du
3e bataillon impossible le général Giraud, commandant la 7e armée, vient vers 10h30 au P.C.du
régiment, à Halle et rédige de sa main l'ordre aux troupes Belges de ne faire sauter les ponts de
Massenhoven et de Wignegen, que sur ordre du colonel de Causans ou de sont reprèsentant. A
Partir de 16 heures, sur les fronts des 2e et 1e bataillons les contacts avec l'ennemis se précise.
Vers 17h30 le commandant Marlard rend compte que l'ennemi attaque en force son bataillon. Le
colonel de Causans demande au colonel Marguerittes de faire un tir de barrage dans les bois qui
facilitent la progression des Allemands.. l'ennemie est stoppé. A la tombé de la nuit le contact
est perdu et sur la route, les chars « h » du 4e cuirassiers circulent librement. A 19h30
arrive l'ordre de se replier au sud du canal Albert. Le mouvement doit s'effectuer de nuit.
L'E.M du régiment, les 2e et 1e bataillons se replient par l'itinéraire Halle – Lindenhoek –
Wigneghem ; le 3e bataillon se replie par Massenhoven – Lammenrenberg.
Le régiment à perdu dans la journée le lieutenant Parmentier ; blessé.

JOURNAL DE MARCHE (8) 15 mai 1940

Le repli s'effectue dans de bonnes conditions et les destructions n'ont lieu qu'après le passage
de tout le régiment, qui se regroupe dans la région de Kontich. Le P.C. et dans le château de
Kontich. Vers 18 heures le régiment fait mouvement en direction d'Alots .le P.C se fixe à
Aaigem . l'aviation allemande poursuit son activité, mais la D.C.A. Britannique est très active
et oblige les avions ennemis à se disperser et à voler haute altitude. A 21 heures, le régiment
fait mouvement vers le sud pour regagner la France.

JOURNAL DE MARCHE (9) 16 mai 1940

A 9 heures, en arrivant à Condé-sur-Escaut, le colonel apprend que les allemands ont pénétré
en territoire Français et qu'ils sont à Avesnes, se dirigeant sur Landrecies. Remontant des
colonnes de fuyards, le régiment se porte vers le sud, au delà Du Quesnoy. Le P.C s'installe
dans une prairie, voitures camouflées sous les arbres et le long des haies, à l'entrée d'Englefontaine.
Le régiment doit tenir depuis Jolimetz jusqu'à La croix –Caluyau, les lisières de la forêt de Mormal.
Mais le régiment ne forme plus un tout, dans la main de son chef, Le colonel De Causans commande
un groupement dans lequel s'intègrent à la fois le 3e bataillon et des chars du 4e et 6e cuirassiers et
le 18e dragons et une batterie du 74e R.A ; les 1e et 2e bataillons sont : le premier en réserve de
division , le second aux ordres du colonel Beauchesne, qui commande un autre groupement.
Le régiment a perdu, au cours de la journée du 15 le capitaine Mir, évacué.

JOURNAL DE MARCHE (10) 17 mai 1940

Les renseignements qui parviennent avertissent de l'approche de détachements légers ennemis dans
la forêt de Mormal, notamment sur Locquignol. D'autre part, l'ennemi progressant sur l'axe Le Cateau-
Cambrai le 2e bataillon reçois l'ordre du colonel Beauchesne de se porter à Solesmes, ou la journée
passe avec de simples accrochages de patrouilles.

JOURNAL DE MARCHE (11) 18 mai 1940

L'ennemi, par des détachements blindés et motocyclistes, manifeste une activité accrue dans la forêt
de Mormal et sur l'axe Locquignol-Jolimets. Vers midi le P.C. du colonel De Causans est coupé de ses communications avec l'arrière par une auto-mitrailleuse ennemi qui entre Louvignie et Englefontaine,
révèle sa présence en mitraillant un agent de liaison du régiment. Le lieutenant Astoul, du 6e cuirassier
part avec un blindé repoussé la patrouille allemande.
Celle-ci se replie par une petite route en direction de l'est (forêt de Mormal). A 13 heures le colonel De
Causant replieson P.C et le porte à la sorti du Quesnoy, sur la route d'Englefontaine, dans une maison
ou le commandant Saint-Matin a déjà installé le P.C du 3e bataillon. A 16 heures les chars allemands
ont bousculés la résistance Française de Jolimets et approchent Du Quesnoy. Le colonel a l'ordre
d'attaquer sur le Quesnoy-Landrecies.et de prendre liaison avec le groupe de Beauchesne qui doit
attaquer, de son côté, sur l'axe : Solémes-neuvilly – Le Cateau. A 17 heures l'attaque débouche
Du Quesnoy et les chars du commandant de Thélinrepoussent les deux A.M ennemis, qui étaient
Arrivé aux portes de la citadelle. Le colonel et son état major, à pied sur la national 46 suivent
la progression des chars et des dragons du 3e bataillon. A Englefontaine, la liaison est recherché
Sur la transversale Bavay- Le Cateau, mais l'attaque du groupement de Beauchesne n'a pu
déboucher en même temps. En effet, le colonel de Beauchesne ayant reçu à 15h30 l'ordre
d'attaquer à 16h30 demande que l'attaque n'ai lieu qu'à 17h30, les chars du colonel Pinon
Ne peuvent être en place sur la base de départ qu'à cette heure, le général de division décide
que l'attaque ne sera décalée que d'une demi heure, soit 17 heures. N'ayant pu se mettre en
liaison avec le colonel Pinon et le commandant Amalrich, le colonel De Beauchesne se rend au
P.C du général de division d'une part pour demander un nouveau décalage de l'attaque, et d'autre
Part, pour prendre contact avec le colonel commandant les chars et le commandant le 14e D.P.
A 18 heures les chars n'étant pas en place et l'attaque devant avoir lieu, à base de chars, le colonel De Beauchesne envoie le capitaine Boery dire aux deux chefs de bataillon de surseoir l'attaque. Pendant
ce temps, le 1e bataillon, qui a pour mission de tenir les lisières et les abords de Vendegies est, depuis
16 heures au contact avec l'ennemi dont il repousse toutes les attaques, à l'heure prescrite, le 2e bataillon occupe sa base de départ, sa droite, au carrefours des routes Neuvilly, le Cateau, a sa gauche 1 kilomètre sud d'Amerval dans l'après midi du 18, Neuvilly a été attaqué violemment par l'aviation, de
nombreuses bombes incendiaires, qui n'ont pas éclaté jonchent les rues. Une liaison, a gauche,
est recherchée, mais une importante colonne motorisée remonte le flanc droit du 2e bataillon par
la crête d'Ynchy-Viesly, vers Fontaine-au-Tertre. Bientôt les armes automatiques et anti-chars
ennemis prennent de flanc le 2e bataillon et nos chars, malgré les tirs a vue de nos batteries.
Cette colonne est bloquée par un char Somua qui arrive part hasard à Neuvilly, est mis en place
a la sortie nord de la ville, par le capitaine Ségur , en bordure de la rivière, et par le détachement du
lieutenant Carini, du 6e cuirassier, qui débouche de Fontaine-au Tertre, ce dernier à disparu au cour
de l'opération, plusieur chars ennemis sont mis hors de combat.
le capitaine de Boery (de la brigade) vient de donner l'ordre de se replier Solesmes et de tenir le
village. La nuit est tombée quand les chars du colonel Pinon arrivent sur la base de départ, l'ordre
de repli apporté par le capitaine de Boery était en cours d'exécution. Le décrochage a lieu par
échelons, couvert sur le flanc gauche ouest par nos chars. Il a lieu sous un violent bombardement
de 77 les A.M.R.du B.T.N.restent en soutient du B.T.N.du 131e qui coopèrent à l'action et ne se
replient qu'après le décrochage de l'infanterie. le bataillon reprend ses emplacements à Solesmes.
le 1e bataillon reçois l'ordre de se replier sur Escarmain .A la même heure, ordre est donné au 2e
bataillon de poursuivre le repli et d'aller occuper défensivement, face au sud ; Montrecourt,
Saulzoir, et Villers-en-Cauchie, en liaison, avec le 131e R.I. (établi à Verchain).
Pour le groupement de Causans, demeuré seul, la situation devient sérieuse. Il réussit à progresser
Au delà de Ronbersart et jusqu'à deux kilomètres de environ de Landrecies. Mais 22h30,il doit
S'arrêter et , tandis que le 3e bataillon s'installe définitivement pour la nuit le colonel porte son P.C.
Dans une ferme, à proximité immédiate de la route. Les chars se tapissent en lisière des bois.
Un convoi de munitions allemand incendié par les chars jette les lueurs d'un véritable feu d'artifice.

JOURNAL DE MARCHE (12) 19 mai 1940

A 1h30 le colonel De Causans donne l'ordre aux éléments de son groupement de se replier sur Le Quesnoy.
Le repli s'effectue sans grande difficulté et le groupement s'arrête vers 8 heures à Louvignies.
Le lieutenant Hennesy, du 12e escadron, reçoit l'ordre de reconnaître avec son peloton motos la route,Du Quesnoy.
Une demi heure plus tard, son sous-officier adjoint ramène le peloton. Le lieutenant Hennesy a été fait prisonnier
par l'ennemi, qui tient les abords du Quesnoy.
Devant la situation créée par la présence de l'ennemi sur l'itinéraire de repli et l'absence de communication,
le groupement s'installe en position défensive pour tenir le village de Louvignies.
A 10 heures, le lieutenant Botreau-Bonneterre part en voiture pour rejoindre la division et demander des ordres.
Une demi heure plus tard sa voiture revient à Louvigniers, la présence de blindé allemands oblige l'officier de
liaison à abandonner sa voiture et de poursuivre sa mission à pied. A partir de 11 heures, des détachements
légers ennemis, composé soit d'un blindé, soit d'un blindé et de quelques motocyclettes ou même de motocycles
seuls viennent au contact et sont repoussés par les A.M.embossés aux sorties du village grâce aux mitrailleuses
du 15e escadron et un canon de 47, placé sur la route nationale, en direction d'Englefontaine. Vers 15 heures la
pression ennemi devient plus active et des infiltrations se font par les vergers qui entourent le village.
A partir de 17 heures la fusillade s'intensifie,des avions survolent à très basse altitude les défenseurs
de Louvignies, qui tirent sur eux aux fusils.
Quatre chars du groupement qui sont en assez mauvaise état mécanique ( chenilles détendues), reçoivent
l'ordre de se replier par Ghissignies, en direction de l'ouest, pour regagner la division.
A 19 heures des infiltrations ont permis à l'ennemi de pénétrer dans Louvignies. Les mitraillettes crépitent.
Le feu est très dense, mais ne semble pas ajusté. Les balles font sauter les tuiles des toits, écaillent
les murs ou ricochent sur les pavés des rues. Le colonel donne alors l'ordre de repli sur Ghissignies,
qui est à 3 kilomètres, tenu par un bataillon du 27e R.T.A. le repli s'effectue par une route étroite
heureusement bordé de talus et sous le feu des balles traçantes que prodigue l'ennemi.
A 21 heures le groupement du colonel De Causans se resserre avec les 600 tirailleurs dans la cuvette de Ghissignies.
Pendant cette journée, le 1e bataillon, qui s'est replier à 2 heures sur Escarmin, continue son mouvement
vers l'ouest, jusqu'à Iwuy, ou il arrive vers midi. A partir de 19 heures, l'ennemi attaque vigoureusement
sur tout le front du bataillon, qui brise ses élans. Le contact intense dure jusqu'à 23 heures, heure à laquelle
le bataillon reçois l'ordre de décrocher et de franchir le canal de l'Escaut, à Bouchain. Le 2e bataillon est
installé défensivement à Montrecourt, Saulzoir, Villers-en-Cauchies (8e escadron renforcé d'A.M.R). A 17 heures
violente attaque, chars et infanterie ennemie cherchant à progresser par les vergers dans Montrecourt et
villers-en-Cauchies. Une batterie R.A.C, placés à proximité des voies pénétrantes, détruits trois chars,
les canons anti-chars et mortiers du bataillon enflammes trois nouveaux chars, les équipages et l' infanterie
d 'accompagnement sont dispersés par nos tirent d'armes automatiques et mitrailleuses, les allemands subissent
de lourdes pertes. A Villers-en-Cauchies le 8e escadron résiste également à tous les assauts.
Le lieutenant Ménières capture une voiture ennemi contenant trois officiers ( l'un s'échappera lors du
décrochage de l'escadron) . Vers 21 heures arrive l'ordre de décrochage. Le capitaine Roger (adjoint envoyé
en liaison à Noyelles, près du colonel commandant le 131e R.I)) ne rentre pas. Le contact avec l'ennemi est
en ce moment très étroit pour le 8e escadron et les éléments de droit. Le décrochage ne pourra être terminé
qu'à 24 heures (sans pertes). Le commandant se porte aux ponts du canal ( au sud
de Denain) conformément aux ordres reçus.

JOURNAL DE MARCHE (13) 20 mai 1940

Depuis le décrochages des 1e et 2e bataillons, décrochage qu'il ignore, le groupement De Causans
et seul à 25 kilomètres des lignes en avant des lignes Françaises, qu'il ne pourra rejoindre. A 1h30
le colonel De causans renvoie, sous les ordres du capitaine Serre, du 74e R.A.les T.C du groupement
et ceux du bataillon de tirailleurs. Les blessés sont mis dans une camionnette, la sanitaire du bataillon
étant insuffisante. Une heure plus tard, le capitaine Serre ramène la colonne de T.C : il s'est heurté aux
soties de Salesches, à des barricades gardés par des chars ennemis. A 6 heures, la fusillades commence
et ne cessera de s'intensifier. A 11 heures, le groupement tente une sortie et réussit une sortie en direction
de Bermerain. Mais les chars non plus d'essence, les vivres et les munitions manques : le sort du groupement et
de plus en plus critique. Cependant d'après les renseignements recueillis le groupement Causans, attaqués de
toutes parts, réussira à gagner Saint-Hilaire-Les-Cambrai, à plus de 15 kilomètres de son point de départ.
Il ne sera capturé que le lendemain le régiment (le 1e et 2e bataillons), sous les ordres du chef d'escadron
Amanrich, tient le canal de la Sensée, de Paillencours à Brunemont. Dans la matinée pour rejoindre leurs positions,
les colonnes sont prises sous un violent bombardement. Le 2e bataillon à reçu l'ordre de tenir les points de passage
sur le canal de la Sensée, sud de Vasner-au-bac, Paillancourt et l'est de Wavrechain.
Cependant, pendant cette occupation, des éléments du G.R.4, qui défendait le pont de Paiilencourt sont bousculés
avec quelques pertes ; l'ennemi s'infiltre au nord du canal, vers 14 heures . le 2e escadron monte une
contre-attaque (2 pelotons des 8e et 9e escadrons plus le 10e escadron) sur l'axe Wavrechain,
pont de Paillecourt ; devant cette attaque, les éléments ennemis repassent le pont, mais les pelotons sont soumis
toute la soirée à des tires ennemis. Le front et rétabli avant la nuit. De plus sur la gauche du 2e bataillon,
à Bouchain, l'infanterie amis déclenche une forte attaque pour dégager entièrement Bouchain, au sud du canal.
Le 7e escadron en entier à été prêté à l'infanterie et participe à cette attaque (aucune perte).
Le P.C. du Régiment est installé à Fressain, le 1e bataillon est commandé par le capitaine Clavé.
Le régiment à subi les lourdes pertes suivantes : colonel De Cansans, commandant Saint-Martin, les
lieutenants Sappey, Botreau, Hamon, Poncy, Logeard, Vande-Viele, Hennesy, Mazerot, Véne, Chevillot, Verdier,
Cicéron, médecin lieutenant Bonin, capitaine De Chabalier disparus. Lieutenant Devoyotd tué au combat.

JOURNAL DE MARCHE (14) 21 mai 1940

Au début de la matinée, un renseignement signale que l'ennemi fait mouvement de l'ouest vers l'est,
ordre est donné au 2e bataillon d'occuper Paillencourt et de pousser une reconnaissance vers Thun, Iwuy,
par la crête sud-est de Paillencourt. Paillencourt est rapidement occupé par les 8e et 9e escadrons, une
reconnaissance motos, A.M.R, (aux ordres du capitaine Ségur) est poussé vers Thun. Cette reconnaissance
signale qu'une importante colonne motorisé se dirige vers le sud-ouest. Dans l'après midi l'ennemi revient
en force et cherche à forcer les ponts de Paillencourt et le pont sud de Wasnes-au-bac, mais le génie de la
D.L.M. parvient à temps à détruire ces ponts. Les tentatives ennemis sont rapidement brisés avec pertes.
Le lieutenant Becker est blessé. A partir de 21heures, le régiment est relevé par les éléments de la
25e division d'infanterie et le 4e G.R.D.I., le 4e dragons fait mouvement en didection du nord-ouest sur Aubigny.
Le régiment a perdu le lieutenant Becker, blessé, l'aspirant Fortin disparu.

JOURNAL DE MARCHE (15) 22 mai 1940 mont Saint Eloi

L'état-major du régiment et le 1e bataillon font mouvement par l'itinéraire Fresnes-Gravelles-Thélus .
LE 2e bataillon, par Drocourt-Acheville-Vimy-Givenchy-Souchez-Carency. Au carrefour de la route de Thélus-Neuville,
avec la nationale 26 (Arras-Lens), le commandant Amanrich apprend que les allemands occupent le mont Saint Eloi,
à Neuville-Saint-Waast. Mais la relève du 2e bataillon par la 25e D.I.ne sera terminé que vers midi.
A ce moment l'aviation ennemi bombarde intensément les routes entre Marcq et Villers-au-Tertre.
Le groupe de commandement du 2e bataillon, qui ferme la marche est violemment pris à partie et subit des pertes
lourdes ; la voiture du commandant Marlard est criblé de balles, le chauffeur et tué au volant. Le 2e bataillon,
à Souchez, reçoit l'ordre de se porter sur Carency et forme une charnière entre les 2 bataillons.
Le 1e bataillon attaque vigoureusement et prend possession du mont Saint Eloi, à 16h30 malgré un tir violent de
l'artillerie et les bombardements aériens. Dans le mont Saint Eloi, le 1e bataillon fait 130 prisonniers et
s'installe en position défensive.
Le régiment à perdu, au cours de la journée, le lieutenant Coche, disparu.

JOURNAL DE MARCHE (16) 23 mai 1940

A 7 heures, le 1e bataillon reçoit l'ordre de se replier sur la ferme de Bhertonval. Le 2e bataillon, établi
défensivement à Carency et aux lisières ouest du bois à 2 kilomètres au sud-ouest le 8e escadron, pousse dans
la matinée, une reconnaissance motorisée (aux ordres du capitaine Segur) sur Villers-au-Bois. Des renseignements
très important sont rapportés. Une très forte colonne motorisé ennemie se dirige sur Carency, une autre sur
le mont Saint Eloi. Vers 14 heures, une violente attaque ennemie se présente à l'ouest de Carency et contourne
ce village par Amblain-Saint-Nazaire, abrité par une crête. Le 2e bataillon se défend avec acharnement, tenant
en échec l'avance Allemande et s'opposant au mouvement débordant par le nord ; vers 17 heures, l'attaque ennemie
s'intensifie par l'ouest le nord et le sud. Le chef d'escadron est blessé près des mortiers en s'efforçant de parer
au mouvement enveloppant par le nord de Carency.
Pendant toute la journée, la bataille est très dure, le régiment à en face de lui les chars de la
7e panzer-Division, des chars en nombre et sur tout le front du régiment De mont Saint Eloi à Carency,
se déroule une bataille de chars et d'infanterie. Les chars de la 1e D.L.M, attaquent, en liaison avec
les chars Britanniques, tandis que l'aviation Allemande bombarde les villages (Thélus, Neuville-Saint-Vaast,
Givenchy,Souchez) et les combattants.
Le capitaine Clavé étant blessé, le chef d'escadron Amanrich prend lui même et directement le commandement
du 1e bataillon. Le chef d'escadrons Malard est blessé et c'est le capitaine Ségur qui prend le commandement
du 2e bataillon, dont la situation est sérieusecar l'ennemi arrêté par le régiment cherche sur, Notre Dame
de Lorrette, à le déborder par la droite. A 23h30, le commandant Amanrich reçoit l'ordre de replier son régiment
dans la région de Vimy.
Le régiment à perdu le capitaine Clavé, le commandant Marlard et l'aspirant Frémaux.blessés.

NOTE PERSONELLE ; au mon Saint Eloi en plus des Français et des Anglais il y avait aussi des belges
(7e carabiniers Belges). La 7e Panzer-Division était commandé par le général Rommel.
Au mont Saint Eloi, en 2 jours le 4e régiment de dragons portés à perdu 57 hommes.

JOURNAL DE MARCHE (17) 24 mai

Au reçu de nouveaux ordres parvenus au P.C.du mouvement de Vimy, à 2 heures, le régiment se porte à
Gondecourt (3 kilomètres de Seclin). A 14 heures le régiment fait mouvement sur Herliès.(E.M et 2e bataillon)
et Erquinghem. Le 1e bataillon durement éprouvé au mont Saint Eloi, est renforcé par le 38e G.R.D.I ;
il est commandé par le capitaine Arenemann.
Le régiment a perdu le lieutenant de Marne, tué, et le sous-lieutenant Hébert ; blessé.

JOURNAL DE MARCHE (18) 25 mai 1940

Journée calme, marquée seulement par quelques bombardements aériens. Le capitaine Grimbert, du 18e dragons,
est affecté au régiment, comme officier des transmissions en remplacement du capitaine Botreau-Bonneterre,
disparu le 20 mai.

JOURNAL DE MARCHE (19) 26 mai 1940

A 9 heures, le régiment reçois une nouvelle mission. Il s'agit de tenir le canal de la Deule, de Bauvin au sud,
à Bac-à-Wavrin au nord. Le commandant Amanrich porte son P.C.à la ferme de Coquerez
(sortie nord-ouest de Saintchin) puis à la ferme de Coupignies, tandis que le 1e bataillon s'installe au nord ;
de Bac-à-Wavrin à Don et que le 2e escadron s'installe au sud, depuis le pont de Don. Nos lignes sont sous le feu
de l'artillerie ennemi.

JOURNAL DE MARCHE (20) 27 mai 1940

Le régiment en ayant reçu l'ordre, décroche à partir de 3 heures ; sa mission est de tenir la Lys depuis
Estaires (2e bataillon) à Bac-Saint-Maure (1e bataillon) . la relève s'effectue normalement pour les unités
de gauche ;le 8e escadron, qui tient la boucle du canal devant Bercleau n'a pu être touché, vers 4 heures,
alors que la relève venait de se terminer, le 8e escadron est violemment attaqué ; il est obligé de se dégager
après un combat au corps à corps.
Le lieutenant de la Panousse est blessé.
L'installation du régiment est terminée à midi, de nombreuses péniches, bord à bord, qui pourraient permettre
les infiltrations ennemis sont coulés. A 15 heures, les renseignements qui arrivent au P.C. signalent que les
Allemands ont percé entre Hazebrouck et Cassel et qu'ils s'infiltrent dans la forêt de Nieppe. Le régiment doit
alors faire face au sud-ouest et à l'ouest et tenir depuis Estaires jusqu'à Vieux-Berquin. A 19h30, le 9e escadron
est au contact de l'artillerie ennemie, puis le 8e et 10e escadrons sont au contact de l'infanterie allemande
qui s'infiltrent et traversent le canal de Nieppe.

JOURNAL DE MARCHE (21) 28 mai 1940

A 14 heures, le capitaine de l'Escalle, de l'E.M de la 3e D.L.M, vient en liaison au P.C. du régiment
(sortie ouest de Doulier) et rend compte que la 3e D.L.M tient la ligne Estaire-La Bassée.
Toute la journée, le régiment et au contact, légèrement d'abord, puis, vers le soir, des contacts se précisent
avec des éléments de l'infanteries, appuyés de chars. Un char et un voiture de D.P ennemis sont détruits devant
Estaire, par les canons et les mitrailleuses du lieutenant Becker. La menace pèse lourdement à la droite du
dispositif du régiment, qui risque d'être tourné par le nord. Les renseignements qui arrivent sur la situation
de l'armée des Flandres sont d'une gravité exceptionnelle : l'ennemi occupe Cassel et Hazebrouck.
A 21heures le chef d'escadron Amanrich reçoit l'ordre de se replier sur Zuydcoote, par
l'itinéraire : Bailleul-l'Abeele-Watou-Rondschoote-Guyvelde. Le décrochage s'effectue à partir de 22 heures,
alors que des infiltrations se sont produites entre les P.A de droite et le repli à lieu lentement, à travers
les décombres de Bailleul, sur un itinéraire déjà utilisé à plein par les grandes unités qui retraitent
le régiment à perdu, dans la journée le lieutenant Boyer.

JOURNAL DE MARCHE (22) 29 mai 1940

Vers 8 heures les premiers éléments du régiment arrivent à Guyvelde et se rassemble dans le cimetière.
Ordre est donné d'abandonner les voitures, de sabote les camions et le matériel automobile. A 13 heures
les avions allemands font leurs apparitions. Jusqu'à la nuit, ils ne cesseront de bombarder Bray-Dunes et
le pont sur le canal de Dunkerque, entre Bray-Dunes et Guyvelde sans toutefois, réussir à atteindre ce dernier
point. la D.C.A.Britannique est en action.
Le régiment à perdu dans la journée, le sous lieutenant Couturier, l'aspirant Bazier, le lieutenant Soye et
l'aspirant Perrée, disparus.

JOURNAL DE MARCHE (23) 30 mai 1940

A 8 heures, à pied, le régiment quitte Ghyvelde et va s'installer dans les dunes de Zuydcoote.
A 11h50, le régiment fait à nouveau mouvement pour se regrouper dans les dunes de Malo-Terminus.
La mer est d'huile.
A 21 heures, l'artillerie allemande entre en action et les obus tombent dans les dunes et encadrent
le Casino-Hôtel ou se trouvent de nombreux blessés.

JOURNAL DE MARCHE (24) 31 mai 1940 fin de la campagne de Flandres

Le régiment, par détachement de 250 hommes embarque à Dunkerque sous les bombardements de la fin de l'après-midi.
Les éléments du régiment débarquent à Douvres et sont acheminés vers des destinations différentes
(Porthsmouth, Bournmouth, Plymouth) ; la campagne des Flandres est terminées.

JOURNAL DE MARCHE (25) 6 juin 1940 retour en France

De retour sur le sol Français le régiment se regroupe à Gaudreville-la-Rivière. Il doit se reformer sur
de nouvelles bases : 1 escadron de motos, 3 escadrons de F.V.et 1 escadron de mitrailleuses et d'engins.

4 ans jour pour jour avant le débarquement!!!

JOURNAL DE MARCHE (26) 8 juin 1940

Les éléments du régiment, qui doivent former le nouveau 4e dragons, quittent par la route,
Gaudreville pour Saint-Rémy-Les-Chevreuses. Le 4e dragons est à nouveau constitué et son ordre de
bataille est le suivant ;

ETAT MAJOR

Chef d'escadron Amanrich, commandant la régiment
Capitaine Bonamy, capitaine adjoint
Lieutenant Chaussivert, chef du peloton de commandemant
Lieutenant Couchard, chef officier de détails
Lieutenant Stalin, chef du service auto
Lieutenant de la Pradelle, officier de renseignement
Capitaine médecin Lafargue, chef du service santé
Sous lieutenant médecin Rudaux adjoint au chef de service de santé

E-M DU BATAILLON

Capitaine Baillet, commandant le bataillon
Sous lieutenant Delord, adjoint au capitaine commandant la bataillon

1e ESCADRON

Lieutenant Potier, commandant l'escadron
Sous lieutenant, Carissimo
Sous lieutenant, Albert
Lieutenant, Chaperon
Adjudant, Gaumé

2e ESCADRON

Capitaine Arnemann, commandant l'escadron
Lieutenant, Lejoindre
Sous lieutenant, Bonneau
Adjudant chef, Merle

3e ESCADRON

Capitaine, Thuillier, commandant l'escadron
Lieutenant, Albaut
Lieutenant, Gascard
Aspirant, Cazenobe
Aspirant, Gazats

4e ESCADRON

Capitaine, De Vandière
Sous lieutenant Maurice
Sous lieutenant, Onof
Adjudant chef, Bourdon
Sous lieutenant, Falgas

5e ESCADRON

Capitaine, Le Teillier
Sous lieutenant, Vernon
Sous lieutenant, Dosnon
Lieutenant, Parriaux
Sous lieutenant, Pornin

JOURNAL DE MARCHE (27) 10 juin 1940

A 2 heures le régiment reçoit l'ordre d'alerte. Il doit avoir touché son matériel pour 11 heures.
Durant toute la matinée, à Saint-Rémy-les-Chevreuses, s'effectue la distribution, des armes, des munitions
et des véhicules. Les hommes touchent des équipements et des effets. A 14 heures le régiment quitte
Saint-Rémy et fait mouvement sur Pacy-sur-Eure. A 19 heures le P.C. est installé dans un ferme,
à Saint-Aquillin-de-Pacy. L'ennemi à franchi la Seine dans la région de Vernon et avance en direction de Pacy.
Le régiment prend ses dispositions pour la nuit.

JOURNAL DE MARCHE (28) 11 juin 1940

Le régiment est installé en position défensive : le 1e escadron tient Vaux-Cocherel ; le 2e escadron Ménille ;
les 4e et 5e escadrons Pacy-sur-Eure et Saint-Aquillin. Le 3e escadron les rejoints dans l'après midi.
A 18 heures, le régiment attaque en partant de la lisière nord du bois de Pacy appuyé par des chars de la
D.L.M. et renforcé par des chars « B », en direction de la Heunière. Malgré la pluie et le feu violent des
armes automatiques et des minen, la résistance ennemie est brisée ; dans un élan admirable le 4e escadron
(capitaine de Vandières) atteint la Heunière, qui était son premier objectif. Une quarantaine de prisonniers
sont faits et l'ennemi laisse sur le terrain de nombreux morts et blessés. Mais la 2e D.L.M,
qui devait attaquer sur la droite du régiment n'a pu faire déboucher son attaque. L'aile droite du régiment
n'est pas couverte et vers 21 heures, il doit exécuter l'ordre de repli sur la ligne Ménille-Pacy.
Le P.C du régiment est à la marie de Pacy-sur-Eure.
Le régiment à perdu, au cours de la journée, le capitaine de la Vandières mortellement blessé ; le sous
lieutenant Falgas blessé.

JOURNAL DE MARCHE (29) 12 juin 1940

A 5 heures, le 1e escadron reçoit l'ordre de prendre le pont de Cocherel, que l'ennemi tient sous sont feu
depuis la veille au matin. Pris à partie, non seulement par des éléments ennemis qui marchent dans la région
de Vernon vers l'ouest, mais également par des forces qui viennent des Andelys opérant nord-sud, occupent
depuis la vielle au matin les crêtes dominant Cocherel et d'autre part, les éléments devant opérer à gauche
(6é cuirassiers et le 1e bataillon du 236e R.I.) n'ayant pu progresser, le 1e bataillon ne peut atteindre que
les lisières sud-est du village. Il occasionne de grosses pertes à l'ennemi, mais contre-attaqué par des forces
importantes, l'escadron subit de sérieuses pertes :
Le capitaine Bonaly et le sous lieutenant Carissimo sont mortellement atteints ; les lieutenants Pottier et
Chaperon Sont grièvement blessés. Le 1e escadron doit se replier sur Vaux.
A 18 heures, le 3e escadron (capitaine Thullier ) reçoit l'ordre de tenir le ferme et le bois de Préaux
(1.500métres de ouest de Saint-Aquilin). Le capitaine part avec le lieutenant en premier, le lieutenant Albaut,
et reconnaît la ferme qui doit pas être occupée, aussi décide-t-il de faire débarquer son escadron à proximité
de la ferme qui doit devenir son P.C, mais au débarquement, l'ennemi enveloppe, le ferme de ses feux.
Un rude combat s'engage, acharné, au cours duquel chaque officier, chaque gradé, chaque homme, font preuve
d'un magnifique élan.Des hommes empoignent des mitrailleuses et font un tir incendiaire, mais continu, qui
crée l'épouvante chez l'ennemi dont le détachement se replie, laissant sur le terrain deux mitrailleuses et
18 prisonniers et de nombreux morts. A la tombés de la nuit les escadrons sont resserrés à Saint- Aquilin, Pacy,
Fains. Le P.C. est porté à la Noé-du-Bois.

JOURNAL DE MARCHE (30) 13 juin 1940

A, 2 heures, le régiment qui à reçu l'ordre se replie en direction du sud de Dreux, à Torcay.
Il reste stationné dans les bois. A 21 heures, il fait mouvement en direction de Verneuil.

JOURNAL DE MARCHE (31) 14 juin 1940

Le régiment tient l'Avre depuis Verneuil jusqu'à Tillières, le P.C. est installé à Pléviellier.
Aucun contact sérieux dans le courant de la journée. Vers le soir, l'ennemi exerce une pression sur
le 12e dragons, à la droite du dispositif du régiment.

JOURNAL DE MARCHE (32) 15 juin 1940

A 2 heures, le régiment reçoit l'ordre de se replier et de faire mouvement en direction de Remalard.
Sa mission est de tenir les lisières nord est nord-ouest des bois de Vore. Le P.C. du régiment est
installé à Freulement. Aucun contact avec l'ennemi.

JOURNAL DE MARCHE (33) 16 juin 1940

A 18 heures, le régiment se replie sur l'Huisne pour en tenir le cours depuis Remalard jusqu'à La Fouquelière
( 2 kilomètres de Maison-Maugis). A 22 heures le P.C.s'installe dans la château de Perrines.
Le 1e escadron tient les sorties nord de Remalard. Les 3e et 4e escadrons tiennent l'Huisne depuis Dorceau
jusqu'à Bellon, en liaison du 5e qui tient Boissy-Maugis.

JOURNAL DE MARCHE (34) 17 juin 1940

Dés les premières heures de la matinée, l'observatoire du régiment est installé à 500 mètres du château des
Perrines deux batteries du C.C, en appuie direct du régiment, joignent leurs moyens de d'observations.
Vers 10 heures le contact est pris, dans Remalard, par le 1e escadron, puis par les escadrons qui tiennent
l'Huisnes. L'artellerie effectue des tirs qui paraissent efficaces sur les sorties nord de Remalard et sur
les crêtes nord de Boissy-Maugis. Dans la région de Boissy-Maugis le contact est pris avec des cavaliers ennemis.
C'est la première fois depuis le début de la campagne que le régiment se trouve devant des éléments à cheval.
Les combats sont rudes, les armes automatiques sont très actives. Le 5e escadron met en action ses mortiers qui
sèment un grand désastre parmi les chevaux ennemis. Chez ce dernier les pertes sont sévères, au régiment elles
sont presque nulles.
A 14 heures le régiment sur l'ordre qu'il à reçu décroche et se replie dans la région de Bellevue pour y attendre
de nouveaux ordres. Le P.C s'installe de 15 à 18 heures, au château des Fleugerets. A 18 heures, le régiment
fait mouvement sur la Fontaine à 2 kilomètres du Mans.

JOURNAL DE MARCHE (35) 18 juin 1940

A 8 heures, après avoir été survolé en rase-motte par deux escadrilles de bombardiers qui, d'ailleurs,
ne lancent aucun bombe, le 4e dragons fait mouvement. Il traverse Le Mans et arrive à Lion-d'Angers vers 14 heures.
Le régiment à une nouvelle mission : tenir la Mayenne depuis Château-Gonthier. Son dispositif est le suivant :
le 4e escadron à La Neuville ; le 5e escadron et le 1e escadron, à Montreuil 2e escadron du pont de sur la
Mayenne au Lion-d'Angers ; le 3e à Grez ; réserve de bataillon 1e peloton du 3e escadron. P.C. du régiment,
stationné à Lion-d'Angers.

JOURNAL DE MARCHE (36) 19 juin 1940

A 8h45, le contact est pris à Lion-d'Angers, au pont qui traverse la Mayenne. L'ennemi manifeste son mordant:
certain des allemands traverse la rivière à la nage, sous les feux de nos mitrailleuses. A 10 heures un char
ennemi réussit à neutraliser le canon de 47 qui tient le pont. Vers 11 heures les chars hotchkiss du 4e
cuirassiers arrivent et permettent d'arrêter l'ennemi. Le 3e escadron est fortement accroché à Grez-Neuville;
l'ennemie s'infiltre sur l'aile gauche du village et fait pleuvoir sur le village une pluie de projectiles divers.
Les pertes sont sensibles. Le Lion-d'Angersest bombardé à coup de minen mais sans grand dégats. Vers midi,
la situation du régiment qui se trouve devant un ennemi très supérieur en nombre et en matériel devint critique
et l'encerclement se précise. C'est alors qu'arrive, à 12h30 l'ordre de se replier sur la Loire. Le régiment
fait mouvement sur Challonnes ou il franchit la Loire ; puis il se regroupe à Breuil (15 kilomètres est de
Challonnes), à partir de 17 heures.
Le régiment à perdu, dans la journée ; le lieutenant Bonneau, disparut et l'aspirant Cazats blessé.

JOURNAL DE MARCHE (37) 20 juin 1940

A 11 heures, le régiment quitte Le Breuil puis, par Chenille-Mauvelier va stationner à Le Bourneuf,
à 1 kilomètre de au nord de l'Asbie. Il cantonne sur place, tout en gardant les issues du village.

JOURNAL DE MARCHE (38) 21 juin 1940

le régiment quitte Le Bourgneuf à 8h45 par Breuil-Chaussée. A 9h30,il reçoit l'ordre de se porter à Thouars,
avec mission de barrer la route de Saumur. A 11 h30, le régiment forme un centre de résistance aux lisière
de Thouars, face au nord à l'est et à l'ouest. A 12 h 45, un lieutenant d'artillerie se présente au P.C et
informe le commandant Amanrich que, sur ordre du commandant la subdivision de Niort, Thouars est déclarée
ville ouverte. Le chef d'escadrons lui répond qu'il a des ordres pour accomplir une mission et qu'il les
exécutera, qu'il n'a d'ordre à recevoir que du général de division. Le 3e escadron est désigné pour assurer
la défense du pont, appuyé par deux canons de 47 de l'artillerie du C.C. l'escadron établit sa position sur
les hauteurs, à l'est du pont. Vers 15h 45, deux blindés allemand qui s'étaient présentés sont neutralisés par
les canons anti-chars. A partir de 16 h l'ennemi, pousse ses armes automatiques dans les maisons et le 3e escadron,
violemment pris à parti, subit de lourdes pertes. A l'est l'ennemi dessine une manœuvre d'encerclement qui se
précise vers 18 heures. En ayant reçu l'ordre, l'escadron se replis sur Saint-Chartres, en réserve du régiment,
qui doit tenir la rivière de Moncontour.
Le P.C. est à Saint-Chartres. Le régiment tient la ligne Messais-Marnes sur laquelle, elle n'a pas de contact
avec l'ennemi.
Le régiment à perdu l'aspirant Cazenobe du 3e escadron bléssé.

JOURNAL DE MARCHE (39) 22 juin 1940

A 11 heures, le régiment, en ayant reçu l'ordre, se replie pour tenir la ligne Les Jumeaux-Assais.
Le P.C. est fixé à Venhuchen. A 17 heures le contact est pris aux Jumeaux par le 5e escadron, qui se
dérobe péniblement, après un violent combat, quand il en à reçu l'ordre. A 17 h30, le régiment,
suivant le sort de la division se replie vers le sud, en direction de Saint-Maixent, qui est traversé
durant la nuit . une forte colonne motorisée allemande a passé dans Saint-Maixent entre 18 heures et 19h15.
Le régiment est groupé pour la nuit, dans les pacages, à Bouhas.
Le régiment a perdu, dans la journée, le sous lieutenant Vernon, du 5e escadron, qui observait dans le clocher
des Jumeaux lorsque celui-ci, atteint par un obus, s'est éffrondré.

JOURNAL DE MARCHE (40 - fin) 23 juin 1940 armistice

L'armistice est signé entre la France et l'Allemagne mais la cessation des hostilité doit intervenir
6 heures après la signature de l'armistice entre la France et l'Italie.
A 18 heures, le régiment quitte Bouhas pour stationner à Epanvilliers et tenir le village.
A 19h30 il fait mouvement pour tenir le nœud de communication à Rouillac, ou il arrive dans la nuit.

24 juin 1940
A 7 heures, le régiment se porte dans la région de Saint-Aguilin, à 17 kilomètres au nord-ouest de Coutras,
en vue d'interdire à l'ouest de Saint-Aguilin les directions Monvendre-Libourne, aux sorties de la Roche-Chalais.
Le P.C. est installé à la Roche-Chalais.

25 juin 1940
A 0 h35, les hostilités ont cessé entre la France et l'Allemagne, l'armistice étant signé avec l'Italie depuis
le 24 juin à 18h30. a 6 heures le régiment fait mouvement sur Chanterac (Dordogne), ou il cantonne à partir de 9h30.

1e juillet 1940
Prise d'armes du régiment, au château de Chanterac, à 8 heures. Le colonel remercie le 4e dragons pour sa belle
conduite au feu et demande à tous de rester unis après la démobilisation.

2 juillet 1940
A 5 heures, le régiment rompt de son cantonnement de Chanterac pour stationner dans la région du
Double. P.C. à Saint-Michel-deDouble.

8 juillet 1940
Le régiment prend part à la dernière prise d'armes de la 1e D.L.M. au moulin de Saint-Vincent-de-Connezac.
Le général Langlois, commandant le corps de cavalerie, passe en revue les troupes que lui présente le général
de Beauchesne commandant la 1e D.L.M.
Le 4é régiment de dragons portés est dissout.

Triste bilan

Français:
120 000 tués ou disparus
200 000 blessés
ainsi que 2200 chars et 935 avions détruits.
à ces chiffres il faut ajouter les pertes du BEF ainsi que des belges et des hollandais.

2 000 000 de prisonniers


Allemands:

45 500 tués ou disparus(63 000 selon le décompte unité par unité)
111 000 blessés
1200 avions et 700 chars détruits.
quelque milliers de prisonniers rendus après l'armistice de 1940

Il faut ajouter également quelque 6000 italiens morts et blessés.

En 45 jours de combats on peut donc dire que cette bataille fût une boucherie.
Et les Français malgré leur défaite catastrophique se sont battus souvent avec acharnement.
la victoire allemande fut rapide et éclatante mais ce fut loin d'être une promenade de santé.


RECIT DES COMBATS LIVRE PAR LE 6e ESCADRON

Le 11 mai, au matin, l'escadron A.M.R. du capitaine Ségur se trouve à la frontière Hollandaise, carrefour situé
à 10 kilomètres au nord de Turnhout, ou il a reçu mission de reconnaître l'ennemi et d'en prendre le contact en
direction de Hillvarenberck et Diessen.

Nos éléments sont arrivés vers 9 heures. Renforcés par le 7e escadron motos et un escadron anti-chars.
Ils se sont installés défensivement sur le ruisseau de l'Aa.

L'après midi du 11 et la matinée du 12 sont relativement calmes.

Vers 11h30 un officier Hollandais fait connaître que des détachements motorisés ennemis se trouvent à Oirschot
et font des préparatifs pour se porter en direction de Diessen.

Nos éléments sont à leur postes de combats et, vers 16h30, c'est le premier contact avec l'ennemi, contact pris
par une auto-mitrailleuse allemande qui, dés les premiers coups de canons de 25 se replie ; quelque minutes après
arrive un char ennemi, armé d'un canon de 77.

Nos canons de 25 ouvrent le feu. Il y a canonnade de part et d'autre.
D' autres chars ennemis renforcent le premier. Ils ont L'avantage d'être bien armés et peuvent se défiler à
travers le terrain boisé, toutefois nos canons de 25 les tiennent en respect : ils ne peuvent franchir le ruisseau.
Malheureusement, nos canons anti-chars, écrasés par la puissance de feu ennemi, Sont détruits après une demi-heure
de combat.

Pour la défense du village, il ne reste que quatre A.M.R. et deux pelotons de motos. L'ennemi nettement supérieur
en nombre et en moyens, fait un débordement de grande envergure, débordement appuyer par des minens.
Les A.M de 7,5 sont employées contre le personnel à pied et malgré la supériorité écrasante, nous maintenons
l'ennemi pendant une heure, puis, débordés de toute parts, n'ayant plus d'armes anti-chars et sur ordre,
nous sommes obligés de nous replier.

Ce repli se fait pas à pas, d'obstacles en obstacles. Les éléments à pieds, protégés par des A.M.R. les Allemands,
très nombreux, ont un mordant tels, que le brigadier-chef Gilbert, chef de voiture, à l'occasion de tirer sur l'ennemi à
moins de 15 mètres. Cette supériorité numérique au cours de notre décrochage, nous occasionnera quelques pertes en tués,
blessés et en matériel. Toutefois nous arrivons à maintenir l'ennemi sur le ruisseau à 2 kilomètres de Diessen,
ou il sera arrêté jusqu'a la tombée de la nuit.
Les A.M.R. seront employées pendant la nuit, elles couvriront le repli du P.C. du régiment et du 2e escadron en
direction de Poppel et au delà.


RECIT DES COMBATS du 5e escadron les 12,13 et 14 mai en belgique (arendonck)
LE 5e ESCADRON DANS LES COMBATS
DES 12 ,13 ET 13 MAI EN Belgique

Dans l'après-midi du 12 mai, le 5e escadron de mitrailleuses et engins, aux ordres du capitaine Clavé, reçoit la mission
de défense du canal de Turnhout, dans la partie englobant le pont, 4 kilomètres nord-est d'Arendonck.

Après, reconnaissance, les pelotons, renforcés d'éléments belges comprenant : un canon de 47 sur chenilles, un groupe de
fusiliers et un groupe de mitrailleuses sur blockhaus, s'installe avec mission de fournir des feux de flanquement sur le
canal et d'interdire l'accès du pont et le débouché sur la route qui y aboutit. Le génie belge avait fait sauté dans
l'après-midi.

D'ouest en est, le secteur est ainsi composé : peloton de mitrailleuses de l'adjudant-chef Merle, canon de 47, peloton
de mitrailleuses de l'aspirant Frémeaux, groupe de canons de sous lieutenant Parriaux.

L'installation se fait rapidement dans des éléments de tranchées et des emplacements creusés par les troupes belges peu
avant le 10 mai.

Bientôt, la nuit tombe. Elle se passera dans le calme. Quelques éléments du 3e bataillon qui se replie passent à pied sur
les débris du pont.

Le 13, vers 10 heures, une voiture allemande, tractant un canon anti-char, se présente face au pont. D'une rafale précise,
le dragon Buffelo, du peloton Merle, met hors de combat le conducteur de la voiture et les servants de la pièce.

L'ennemi précise bientôt ce premier contact et déborde dans les taillis qui encombrent la rive opposée. Il concentre sur
nous un feu nourri d'armes automatiques. Cette fusillade s'avère inefficace et nos hommes accueillent avec flemme
ce copieux baptême du feu. Nous répondons à notre tour, saluant d'une rafale chacun des objectifs que nous apercevons.
Jusqu'à 17 heures, nous subissons un feu violent, agrémenté de quelques minen auxquels répondent les mortiers du
lieutenant Devoyod, camouflé dans le bois derrière nous. A 17 heures le calme revient, et durera jusqu'à la nuit.
Nous en profitons pour perfectionner notre position. Vers 20 heures, le peloton prend violemment à partie des éléments
ennemis qui débarquent dans un layon sur la rive opposée. Le feu reprend de part et d'autre, intensifié brusquement par
les allemands, dès la tombée de la , nuit. Ceux ci ont concentré, près du pont, des armes automatiques et tentes,
protégés par leur feu, de faire franchir le canal à leurs éléments légers. Aussitôt, nos mitrailleuses prennent à partie
les armes ennemies dont elles anéantissent les servants. De temps en temps le 47 détruit une pièce adverse.
Sans soucis de leurs pertes, pourtant importantes, les allemands continuent d'attaquer.

Le 14, vers 3 heures alors que vient de nous parvenir le ravitaillement en munitions, le feu ennemi décroît brusquement
puis cesse, à notre étonnement. A 5 heures nous parvient d'être prêts à nous replier. En effet, vers 8 heures,
l'ordre de repli arrive. Le peloton Picquemal, chargé de protéger ce repli, s'installe est engage bientôt le combat
avec une A.M. ennemie venue reprendre le combat au pont.

Matériel au dos, nous retournons au P.C, situé dans les bois, à environ 1k500 derrière nous.
Le capitaine Clavé nous annonce qu'en deux endroits l'assaillant a débordé le canal. L'escadron, dit-il, se repliera
à pied en sûreté. Les voitures marcherons avec le peloton Frémeaux, qui forme l'arrière garde.

Lorsque nous arrivons aux premières maisons d'Arendonck, le village est soumis à un voilent bombardement.
Le capitaine nous fait obliquer à droite et nous contournons le localité. Nous progressons par bons successifs,
le matériel roule à notre hauteur, par ci, par là, des coups de feu partent des maisons. Les allemands nous serrent
de près et les maréchaux des logis Denay et Laurent doivent délivrer les armes à la main le dragon Dislair et plusieurs
de ses camarades tombés dans une embuscades ennemis.

Devant, la menace ennemie, le capitaine Clavé fait embarquer une partie de l'escadron dans les voitures et charge
l'aspirant Frémeaux de prendre les devants avec celles-ci et de rejoindre le régiment. Puis, avec le reste de l'escadron,
il quitte le route et se repli vers le sud à travers bois. Alors commence une marche qui durera jusqu'au lendemain soir
19 heures. La progression se fait à la boussole, faute de carte. Aux lisière d'un village, déjà occuper par l'ennemi,
un civil ravitaille le groupe avec un jambon, du pain et du lait. Puis le capitaine accorde quelques heure de repos.
A minuit, départ. Des escadrons allemands à cheval nous dépassent. Cachés dans un fossé, nous les regardons défiler.
Un peu plus tard, nous tombons sur l'ennemi. Le capitaine s'avance sur une sentinelle qui, surprise crie "halte-là"
en Français. Le capitaine ne répond pas, fait signe « en avant ! » et nous défilons à 35 devant l'allemand stupéfait.
Deux heures plus tard, nous effectuons une nouvelle halte puis nous repartons vers le sud-ouest.
Dans l'après midi, nous parvenons aux lignes belges ou nos alliés, nous reçoivent très cordialement et à 19 heures
nous retrouvons nos camarades.

Nous avions effectué une marche de 80 kilomètres à la boussole, à travers l'ennemi, presque sans pertes,
grâce au courage et au sang froid imperturbable du capitaine Clavé.

RECIT DES COMBATS chars et combats à pied (18 mai Jolimetz)
CHAR ET COMBATS A PIED A JOLIMETZ

Le 18 mai, les éléments restant du 13e escadron, déjà cruellement éprouvé aux combats du Hooge-Mierde, en Hollande,
tenaient le carrefour qui sépare le forêt de Mormal des premières maisons du village de Jolimetz.
Complétons rapidement la situation en disant que le 3e bataillon, aux ordre du colonel de Caussans et du commandant
de Saint-Martin, tenais Louvigny et Ghissignie, tandis qu'à Wendegie, s'installait le 1e bataillon, aux ordres du
commandant Amanrich à qui quelques jours plus tard, devait revenir la lourde tâche de mener le régiment à son
glorieux destin.

Les dragons du 13e escadron, aux ordres du lieutenant Albaut, n'étaient heureusement pas seuls en face de cette
forêt qui ne livrait, avec son mystère, que d'interminables théories de réfugiés, remarquable moyen d'infiltration
pour cette cinquiéme colonne dont on ne pourra jamais dire dans quelle mesure elle fut du domaine de l'imagination
ou de la réalité. les dragons, donc, étaient appuyés par une compagnie de tirailleurs, aux main d'un chef d'élite
et enfin de somua du 4e cuirassier, aux ordres du capitaine Dunoyer de Segonzac

Il était environ 14 heures, les derniers réfugiés se hâtaient vers Jolimetz quand, brusquement les chars allemands,
que l'encombrement presque exclusivement civil de la route n'avait pas permis de déceler, ouvrirent un feu d'une
extrême violence sur le carrefour. Ce fut une pluie de balles et d(obus de tous calibres qui s'abbati sur la position
occupé par les dragons. Malgré la magnifique résistance des somuas, dont l'un fût mortellement touché au centre
du carrefour, leurs fusils-mitrailleurs n'arrivaient que difficilement à faire entendre leur faible voix dans le
concert d'une aussi puissant orchestration.
Que faire ? tenir, certes, mais pour le faire utilement, il fallait resserrer le dispositif afin d'accroître la
puissance de feu : la position des tirailleurs se prêtaient admirablement à cette manœuvre, rapidement exécutée.
Alors, un véritable duel de feu s'engages, d'autant plus intense qu'aucun adversaires ne voulait céder ;
les mitrailleuses des tirailleurs crépitaient sous le feu d'artifice des projectiles traçants des gens d'en face.

Combien de temps cela durera-t-il ? c'est difficile de le dire. On ne regarde pas sa montre dans ces moment là,
pas plus que l'on ne consulte sa montre quand sa maison brûle.

On vit alors ceci : des hommes, les dragons, bondir hors de leur position délimité par une haie vive, s'élancer
en avant, immédiatement accompagnés par les chars du capitaine de Segonzac. A peine ont-il parcouru ensemble
150 mètres que les chars allemands reculent dans la forêt, les quelques éléments à pied qui les ont accompagnés
en font autant. Un coup rapidement frappé, avec une pierre, à la porte du somua : voici le capitaine des dragons
et le capitaine de Segonzac d'accord, les chars s'enfoncent dans la forêt à la poursuite des ennemis tandis que
les dragons patrouillent dans les taillis à la recherche des éléments à pied « des panzers ». on contrôlait
maintenant largement le carrefour de Jolimetz et de ses abords.

Il convient de s'en tenir à ces faits, parce qu'ils sont riche d'enseignements ; qu'il suffit d'ajouter qu'un
peu plus tard, le capitaine de Segonzac eut son char détruit et qu'il pût, bien qu'entouré de chars allemands,
s'en échappé et revenir sain et sauf.

Ce court épisode d'une journée qui en connut bien d'autres et qui coûta cher à tous le monde, illustre indiscutable
nécessité du coude à coude du char avec les fantassins de la D.L.M. ils ont constamment besoin l'un de l'autre,
leurs actions respectifs sont solidaires et cette solidarité est d'autant plus efficiente qu'elle est plus étroite.
S'ils veulent faire de bon travail, c'est avec le même cœur, plus exactement le même « moral » qu'ils doivent aller
ensemble au combat.

Capitaine de dragons

RECIT DES COMBATS le 1e bataillon à l'épreuve des durs combats du mont-saint-éloi
LE 1e BATAILLON A L'EPREUVE

LES DURS COMBATS DE MONT SAINT ELOI (22-23-24-MAI)

Le 22 mai, le 1e bataillon du 4e R.D.P. vient d'être relevé de la région d'arleux ou il tenait le canal de la Sensée,
lorsque, dans la matinée, il reçoit l'ordre de se porter dans la région d'Arras.

Il débarque à la Targette, ou on lui donne l'ordre d'attaquer Mont Saint Eloi, gros village, dominant le plateau
environnant et présumé solidement défendu.

Le bataillon aux ordres du capitaine Clavé, est renforcé par un escadron de chars Somua. Il progressera derrière
eux en trois échelons.

1e échelon : l'escadron motos du lieutenant de Marnes, à pied
2e échelon : les escadrons de fusiliers Arnemen et Lejoindre
3e échelon : l'escadron de mitrailleuses et engins.

L' attaque débouche vers 15 heures. un bond de regroupement est prévu à mi-route des 3 ou 4 kilomètres qui
séparent la base de départ à l'objectif. Mais, au moment ou nos chars abordent Berthonval, une tragique méprise
se produit. Des éléments anglais, qui tiennent la ferme, ouvrent le feu sur nos chars Somua. Ces derniers ripostent,
détruisent les deux canons anti-chars et mettent un certain nombre d'anglais. La marche reprend et l'abordage du
village commence. Contrairement au prévisions, la résistance ennemie est insignifiante. Les allemands se replient
en désordres devant nos chars, abandonnant du matériel motorisé et un canon anti-char. Un assez grand nombre
d'ennemies se cache dans les maisons et dans les caves. Chaque escadron commence le fouille d'une partie du village
et, bientôt, les prisonniers affluent tandis que l'armement et le matériel capturé s'empilent, sur la place centrale
on dénombre 140 prisonniers, qui sont dirigés sur la Targette. Mais dans la soirée, quelques ennemis, parmi lesquels
un lieutenant, seront encore capturés.

Le nettoyage du village terminé, sa défense, face à l'ouest, s'organise sous un vif bombardement appliqué sur
Mont-Saint-Eloi par l'artillerie allemande dés la prise de celui-ci. Ce bombardement qui se poursuivra tard dans
la soirée, nous cause des pertes au cours de la mise en place du système de défense. Du sud au nord trois points
d'appuis sont établi. Au sud-ouest , celui du lieutenant Lejoindre, formé d'éléments du 4e escadron, renforcé du
P.M de l'aspirant Frémeaux et du groupe motos du chef Marin. Au centre, celui du 3e escadron, commandé par le
capitaine Arnemann, renforcé des canons de 25 du sous lieutenant Parriaux. Au nord-ouest, le point d'appui de Marne,
avec une partie de l'escadron motos et le P.M de l'adjudant-chef Merle.

La nuit se passe dans le calme. Au matin, le bombardement recommence tandis qu'à 3 kilomètres à l'ouest débarque
des troupes ennemis et que des chars adverses multiplient les patrouilles. Devant l'activité allemande,
le commandant juge la position du bataillon trop excentrique et décide de le reporter à la hauteur de la ferme
de Berthonval.

Le décrochage s'effectue sans incident. Toutefois, des hommes sont blessés par des éclats d'obus.
A Berthonval, s'établit un système de résistance en profondeur. Dans la ferme et ses environs, prennent position
les escadrons Lejoindre et Arnemann et les canons de 25. sur la crête à 500 mètres en arrière, s'établit, en soutien,
l'escadron de Marne, les pelotons de mitrailleuses et les mortiers de 81 du 5e escadron, avec mission d'engager
le centre de résistance. Il est environ midi, l'ennemi prend contact à la ferme et appuie son action d'un tir
d'artillerie très dense et de tirs de mitrailleuses. Le capitaine Clavé, commandant le bataillon est blessé

L'escadron motos, renforcé du P.M. de l'aspirant Frémeaux, reçoit l'ordre de se porter à la ferme.
Il progresse sous les bombardements d'artillerie et d'aviation et sous un tir de mitrailleuses et atteint
la ferme de Berthonval. Il a perdu en route plusieurs blessés, dont les aspirants Trouillard et Frémeaux.
A la ferme, la défense a été fortement éprouvée. L'ennemi, qui occupe une position dominante, concentre son
tir sur nos armes automatiques et nos canons de 25. le pilonnage dure jusqu'à 21 heures, le combat est très étroit.
De nombreux chars ennemis rôdent autour de la ferme. contenus par nos Somua et le 1e escadron A.N.R. une attaque
général est à craindre or, la plupart de nos armes automatiques sont détruites et nos pertes sont lourdes.
Les maréchaux de logis Requis et Denay tombent à leurs postes et le maréchal des logis Nouvel, avec un cran et
un esprit de décision admirables, quitte son A.N.R. et sert d'abord le canon de 25 puis la mitrailleuse de ses
deux camarades tués, jusqu'à épuisement des munitions, détruisant deux chars légers. Au P.C. du bataillon, plus
de 80 blessés n'ont pas encore été évacués. La nuit tombe et l'attaque allemande ne se déclenche pas.
Vers 23 heures une Lorraine, envoyée pour chercher des blessés, se trompe de route et tombe aux mains de l'ennemi.
A minuit l'ordre de repli parvient au bataillon et à 1 h 30 le décrochage s'opère .

A la ferme, restent une dizaine de blessés non évacués faute de moyen. D'autre part, le lieutenant de Marne et certains
éléments de l'escadron motos n'ont pas pu être touchés à leur poste par l'ordre de repli et continueront à résister.
Et, dans cette ultime affaire, le lieutenant de Marne (1) trouvera la mort . Vers 2 heures, le bataillon rembarque à
la Targette, couvert par son escadron A.M.R. qui, dans de nombreuses patrouilles a, au cours de la journée, détruit
plusieurs A.M et chars ennemis.

Au cours de ces dures journées, la bataillon a superbement tenu et, dans un magnifique élan, a rempli sa mission
jusqu'au bout, sans soucis des pertes.

L a tombe du lieutenant Lemaire de Marne a été retrouvé au Mont-Saint-Eloi. Ainsi repose sur la terre même ou
il a glorieusement combattu jusqu'au bout, refusant de se rendre, un des officiers de réserve du 4e dragons,
que tout le régiment connaissait et aimait car il était la vie même. Nul n'avait plus d'entrain, plus de bonne
humeur avec ses chefs et ses camarades, plus de bonté pour ses hommes.


RECIT DES COMBATS 23 mai dépannage et liaison
23 MAI AU MONT-SAINT-ELOI
DEPANNAGE ET LIAISONS

Le 8e escadron du 4e R.D.P, appuyé par quelques A.M.R. a reçu pour mission de tenir le bois de la Targette.
Là comme ailleurs, le ravitaillement doit fonctionner car les dragons, s'ils savent très bien se battre le ventre vide,
et cela arrive plus d'une fois, apprécient forts l'arrivée de « la soupe ». malheureusement, le chef comptable est
disparu avec presque tous ses impedimenta. Qu'à cela tienne ? l'adjudant dépanneur Kieffer est là : c'est lui qui
désormais, se charge du ravitaillement sur les positions et comme cela ne suffit pas il assure aussi la liaison
entre le bataillon et l'escadron.

Le voilà qui revient du bataillon avec un pli destiné au lieutenant Ménières, qui commande l'escadron.
Jusqu'à 500 mètres du bois, cela va à peut près. Plus près, c'est autre chose, car l'escadron est au prise avec
l'ennemi et cela tire de tous les côtés. Les précédents agents de transmission envoyés par le bataillon ne sont pas
arrivés. mais il faut passé. L'adjudant dépanneur laisse là la voiture avec deux dépanneurs, prend une « solo » qui
se trouvait là et fonce : il passe. Le pli contient l'ordre de tenir sans esprit de repli.

La situation s'aggrave. L'escadron n'est plus en liaison avec leurs voisins. Les chars allemands avancent et sont
aux prises avec les anglais. De partout cela crépite. Un tir de minen vient aussi se mettre de la partie et arrose
le bois.

Il faut reprendre la liaison avec le P.C. du régiment et lui rendre compte de la situation, mais la route et coupé
par un large thalweg balayé par les mitrailleuses à terre et les armes des chars allemands. L'escadron est seul,
entièrement coupé de ses voisins, sans rien pour s'abriter. L'adjudant Kieffer se présente encore : cela le change
du dépannage et le voilà parti pour assurer la liaison. A mi chemin il tombe, blessé ; une mitrailleuse, à moins de
100 mètres l'a prise à partie. il se traîne comme il peut à l'abri d'une meule de paille : toutes les autres sont en feu,
celle-là sera préservée. L'adjudant rage de ne pouvoir accomplit sa mission. Cependant, l'attaque allemande fléchit devant
la résistance du bois. Bientôt elle se fatigue et lâche. L'ennemi cherche, un autre secteur d'attaque.
Le 8e escadron conserve le bois

L'adjudant est trouvé. On l'évacue avec regret car, en plus d'un parfait dépanneur, c'était un si bon agent de
transmission.

Avancée allemande au environ d'ARRAS

Le 19 mai, la 7e panzer division prend Cambrai en faisant 650 prisonniers. Le 20 mai, Rommel se trouve déjà au sud
d'Arras, après avoir traversé le canal du Nord, à Marcoing. La majeure partie de ses troupes se trouvant encore
loin derrière, Rommel part à leur rencontre avec seulement deux chars et une voiture de commandement, mais, à
proximité de Vis-en-Artois, sur la route d'Arras, Rommel doit faire face à l'ennemi qui détruit les deux tanks qui
l'escortent. Rommel passera ainsi plusieurs heures encerclé par les Français mais sera délivré par l'arrivée du reste
de la division. Le 21 mai, une contre-attaque est lancée par les 4e et 7e régiments blindées britanniques et la
3e division légère mécanisée française, sur les hauteurs d'Arras défendues par la 7e Panzer ainsi que la division
motorisée SS Totenkopf. Rommel écrira à propos de cette contre-attaque : « De violents combats avec des centaines
de chars et avec l'infanterie qui les suivait. Contre les chars lourds alliés, nos canons antichars de 37 millimètres
ne sont pas efficaces, même à une distance assez courte. La barrière défensive constituée par eux a été rompue,
nos pièces ont été détruites, les servants massacrés. »
Pour contrer cette contre attaque, Rommel est forcé d'utiliser sa DCA de 88 millimètres comme des canons antichars
face aux blindés Matilda et Somua S35 alliés, puis d'appeler une escadrille d'avions d'assaut Stuka.
Les alliés finiront par se replier sur Arras. Le 25e Panzer-régiment qui a atteint les colline d'Acq (sud de la Scarpe)
reçoit l'ordre de faire demi-tour et ainsi surprendre les alliés sur leurs arrières. Rommel échappera de peu à la mort,
encore une fois, et aura un officier tué à son côté pendant qu'ils étudiaient une carte ensemble.
Les pertes sont lourdes des deux côtés, les Allemands de la 7e panzer, pour ce seul 21 mai ont perdu 89 tués, 116 blessés
et 173 disparus ainsi qu'une vingtaine de chars et beaucoup de matériel (camions, mitrailleuses, canons),
la division SS Totenkopf a quant à elle trois cents hommes hors de combat. Les Britanniques ont eux perdu entre
quarante trois et soixante-deux chars sur les soixante-quatorze engagés et les Français une vingtaine sur les
soixante-dix engagés, mais les Allemands sont arrêtés pour la journée. Le 22 mai, la 7e Panzer traverse la Scarpe
et atteint le mont Saint-Éloi où vont se livrer de violent combats. le 26 mai, Rommel est décoré de la croix de
Chevalier par le lieutenant Hanke agissant au nom d'Hitler.

combats autour du Mont-Saint-Eloi

21 Mai

A 12 heures, le Groupe SOMUA est dirigé vers la région de Vimy où le Lieutenant-colonel PINON prend également le
commandement du Groupe S-35 du 4ème Cuirassiers ET PASSE AUX ORDRES DU Corps de Cavalerie. Il est question d'une contre
offensive en liaison avec les anglais dans la région d'Arras.
A la même heure, Le Groupe H-35 passe aux ordres du Lt-Colonel commandant le 4ème Cuirassiers. Tout en restant stationné
à Erchies, il détache des éléments du 2ème Escadron à chacun des ponts sur le canal de la Sensée, entre Auchanbeul et
Goeulzin, en soutien immédiat des G.R. qui tiennent le secteur.
A 20 heures, le 4ème Escadron S-35 est mis à la disposition de la 3ème D.L.M.
Mission : Se porter à etrun (4 km N.O. d'Arras) en nettoyant la zone comprise entre les routes Ecuries Anzin et
Neuville – Vaast Maroeuil.

22 Mai

A 6 heures, le 3ème Escadron est mis à la disposition de la 2ème D.L.M. à Uzel (8 km de Douai).
A 9 heures, le Groupe H-35 (P.C. et 2ème Escadron) reçoit l'ordre de se porter par Douai – Beaumont – Drocourt –
Rouvroy – Vimy – Carency-sur-Hermaville (15 km Ouest d'Arras).
Arrivée à Givenchy à 18 heures 40, il reçoit un contrordre donnant Vimy comme point de destination et est remis
à la disposition du Lt-Colonel PINON.
Dans la matinée, le Groupement SOMUA reçoit l'ordre du Corps de Cavalerie, de préparer des contre-attaques éventuellement :
soit entre Maroeil et Arras pour dégager la 3ème D.L.M., qui est sur la Scarpe, soit en direction de l'Ouest entre
Mont St-Eloi et Aoq si cette D.L.M. était tournée.
Le P.C. du Lieutenant-Colonel PINON se porte à Neuville St-Waast ; Le 4ème Escadron rejoint le Régiment.
A 13 heures 35, le Commandant MARCHAL reçoit l'ordre de prendre le commandement du point d'appui de Souchez tenu
jusqu'alors par l'Escadron De BEAUFORT de la 3ème D.L.M. Le 2ème Escadron s'installe en réserve à Givenchy.
A 15 heures 40, un peloton H de l'Escadron De BEAUFORT est envoyé à Carency pour protéger l'occupation de cette localité
par le bataillon MALLARD du 4ème R.D.P. Villers-aux-Bois est tenu par l'ennemi .
A 17 heures, le 1er Escadron exécute une brillante attaque de Neuville St-Waast sur Mont St-Eloi, encercle le village et
le livre au 4ème R.D.P. après avoir fait 130 prisonniers dont un Colonel et 3 Officiers.
Malheureusement un incident dramatique se produit au cours de cette opération. Un détachement de 5 ou 6 canons anti-chars
anglais installé et mal orienté dans la région de la ferme de Berthonval ouvre le feu sur nos chars débouchant de la croupe
Ouest de la Targette. Ceux-ci croyant avoir à faire à des ennemis les détruisent tous à coups de canon et ne se rendent
compte de leur méprise qu'en passant ensuite à leur hauteur quand ils ont repris leur marche sur Mont St-Eloi.
Des chars lourds allemands sont signalés vers 17 heures 30 dans le bois de la Haye (N.-O. de Carency) mais n'en débouchent
pas.
A 21 heures, l'Escadron De BEAUFORT reçoit l'ordre de rejoindre la 3ème D.L.M. à Acheville (4 km Est de Vimy),
il doit être remplacé par 2 Escadrons de chars d'infanterie venant de Lens. Ces chars n'arrivent pas, il est relevé à
Souchez par le 2ème Escadron.
Au lever du jour, le 1er Escadron (S-35) se reporte à Mont St-Eloi en soutien des éléments du 4ème R.D.P. qui tiennent
le village.

23 Mai

Vers 9 heures 30, une attaque allemande se produit sur Maroeuil et Mont St-Eloi (N.-O. d'Arras) appuyée par des chars,
de l'artillerie et une aviation très active qui bombarde toute la région.
Le Lieutenant De VISSEC, commandant le 1er Escadron S-35 est tué ainsi que son aide conducteur : Dragon DELASTRE, en
couvrant le repli des D.P. qui doivent évacuer le village de Mont St-Eloi.
A 10 heures ; le Groupe H-35 continuant à tenir Souchez, reçoit l'ordre de prendre liaison avec la 3ème D.L.M. dans
la région de Bully (7 km Nord de Souchez) et de pousser un Escadron vers Aix-Noulette. Le 3ème Escadron n'lanc gauchayant
pas encore rejoint (toujours détaché à la 2ème D.L.M.), Souchez est abandonné et le 2ème Escadron reçoit à 12 heures du
Colonel LEYER 53ème D.L.M.), l'ordre de bousculer les éléments ennemis qui, venant d'Hersin, cherchent à couper en
direction du N.-E. la route d'Arras – Béthune au Nord de Sains (10 km S.-E. de Béthune). Arrivé dans Sains vers 12 heures,
le 2ème escadron est pris à partie sur son flanc gauche par des armes anti-chars et de l'artillerie ennemies.
Il est obligé de se replier sur Aix, une progression allemande se faisant au même moment du N.-O. vers le S.-E. de Hersin
vers Ablain – St-Nazaire et menaçant de le couper de Souchez.
Le peloton De BUTTET, peloton de tête, a perdu 3 chars détruits par le feu ennemi ; les équipages peuvent se replier en
rampant dans les fossés de la route. Le Lieutenant DUMESNIL est légèrement blessé.
La 3ème D.L.M. évacue l'agglomération minière de la région de Liévin – Bully et se replie sur la route de Lens – Bethune,
le 2ème Escadron est remis à la disposition de la 1ère D.L.M. et est dirigé vers Liévin et Givenchy sur Souchez,
en soutien du Bataillon du 4ème R.D.P. qui s'est replié sous la pression ennemie de Cassy sur cette localité.
Il y arrive vers 18 heures.
Le 4ème Escadron reçoit l'ordre à 8 heures de se porter à Maroeuil pour s'opposer à une menace ennemie sur l'axe
Maroeuil – Neuville – St-Waast.
L'attaque allemande du matin menée par une panzerdivision sur Maroeuil et Mont St-Eloi a été stoppée aux lisières Est
ces localités, par des contre attaques du Groupe SOMUA. Dans la journées, Neuville St-Waast où se trouve le P.C. du
Lieutenant-Colonel PINON est bombardée à de nombreuses reprises par l'Aviation et l'Artillerie ennemies. Vers 16 heures,
Le Lieutenant D'HARCOURT est blessé par une bombe d'avion ainsi que les Dragons DIOT et MARTIN André. Vers 19 heures,
le Lt-Colonel PINON est gravement blessé au cours d'une liaison en A.M.R. à proximité de son P.C. avancé de la Targette.
Le Capitaine BEAUSSANT qui l'accompagnait est tué ainsi que le conducteur de l'A.M.R. : le Dragon CHOUPAULT du 4ème R.D.P.
Le Capitaine D'USSEL et l'Adjudant-Chef ROUX du 4ème Escadron ont été blessés auparavant par éclats
d'obus ; le M.d.L. PASANT est tué.
Par ordre de la 1ère D.L.M., le Lieutenant-Colonel POUPEL est chargé de regrouper ce qui reste des 2 Régiments de
la 1ère D.L.M. (18ème Dragons et 4ème Cuirassiers) dans le bois de la Crête de Vimy aux environs du monument canadien
où les unités arrivent vers 23 heures. Le 3ème Escadron avait rejoint le Régiment dans le courantr de l'après-midi et
était déployé entre Neuville – St-Waast et Ecuries en soutien des anglais.

PELOTON de LIAISON 24 mai 1940

Le 24 mai 1940, le 1e bataillon reçoit l'ordre d'occuper la ferme de Berthonval, tandis que le 2e bataillon était installé
depuis la vielle dans les bois de Carency. Un peloton du 1e bataillon, le peloton Gaspard, reçoit pour mission d'établir
la liaison entre les deux unités. Le capitaine Clavé, commandant le 1e bataillon, qui devait être blessé quelques instants
plus tard, indique au lieutenant Gaspard l'emplacement qu'il doit occuper. Mais il faut y aller ! la ferme ou se tient
le capitaine Arnemann, le bois, toujours aux mains du lieutenant Ménière sont mitraillés, bombardés par l'ennemi avec un
acharnement croissant. Aussi, à peine le peloton Gaspard s'est-il mis en route qu'un rideau de feu le contraint au
plat-ventre. Les allemands, à peine éloignés de 1000 mètres sont installé au lisières du Mont-Saint-Eloi, s'opposent
avec tous leurs moyens à l'accentuation qu'ils devinent. La situation du peloton est tragique. Il faut entraîner une
poignée d'hommes à pied, sous les obus et les balles. « mission s d'abord » et voici le lieutenant Gaspard parti en avant,
rampant, bondissant à travers un feu qu'il sent de plus en plus ajusté. Les hommes suivent-ils ? ils finissent par le faire,
entraînés autant par le courage de leur chef que par la confiance qu'il a su leur inspirer depuis le début de la campagne.
Enfin, voici la ligne atteinte la progression est achevée et, ce qui est plus réconfortant, c'est qu'un seul homme a été
touché et encore que très légèrement (un éclat d'obus dans la jambe). Le peloton s'installe, le feu il ne le craint plus
malgré la persistance de son intensité. Il l'a vaincu, puisqu'il a passé au travers sans dommage, par son audace et sa
ténacité. Il occupera la position, la défendra avec le courage, réfléchi des unités solides et c'est avec le même calme
que donne le certitude du devoir accompli qu'il se repliera dans la nuit, en exécution des ordres supérieurs.

COMBATS AU PONT DE BERCLAUX

Le 26 mai 1940, le 8e escadron du 4e R.D.P. commandé par le lieutenant Ménière, reçut le commandement d'interdire le
franchissement du canal de la Deule, dans la région du pont de Berclaux. Celui-ci, sensiblement à la jonction de trois
bras de canaux, constituait la charnière du dispositif. La portion nord était défendue par une compagnie anglaise et une
compagnie française de chasseurs à pied. La région sud est était tenu par la D.I.N.A., la position sud et sud ouest
( le village de Berclaux) appartenait à l'ennemi. Le 8e escadron devait venir renforcé la compagnie anglaise et française
de chasseurs.

A 14 heures, la reconnaissance était faite. A proximité de la ferme de l'abbaye, toutes les crêtes environnantes étaient
mitraillés par l'ennemi ; de plus, des tirs de minenwerfers d'intensité moyenne étaient effectués sur la ferme et sur
les positions des compagnies déjà en place.

Un agent de liaison des chasseurs à pied ayant fait savoir que les capitaines commandant respectivement les compagnies
française et anglaise avaient fait P.C. commun dans la ferme de l'abbaye, après entente des deux capitaines, il fut
décidé que le peloton de F.V. du lieutenant Mellet assurerai la liaison sur la droite avec la compagnie des chasseurs à
pied Lenormand, que le peloton F.V. du lieutenant Batiste renforcerai la gauche du dispositif, que le P.M.du lieutenant
Nigaud prendrait position autour de la ferme et, qu'enfin, le peloton F.V. du sous lieutenant de la Penousse serai
maintenu en réserve.

Pendant la journée, les allemands firent efforT sur la branche du canal défendue par la D.I.N.A., qui souffrit d'un
violent bombardement. La 1e D.L.M. avait réclamé d'urgence des renseignements, l'aspirant Hermet, du 8e escadron, partis
prendre liaison avec la D.I.N.A. Suivi de six volontaires, fut d'abord accueillit par une grêle de balles tirées par
l'ennemi qui flanquait le canal dont les ponts étaient sautés. Il rampa avec ses hommes à travers les roseaux bordant
la rive et réussit à saisir une corde à laquelle été amarrée une barque. Une demi-heure durant, il tira cet esquif jusque
un promontoire caché au vue de l'ennemi qui mitraillait sans cesse les roseaux et il trouva un porte de liaison anglais,
sur l'autre rive, qui le reçut à coup d'armes automatiques. S'étant fait connaître en agitant des mouchoirs blancs,
tous atteignirent enfin un P.C. du régiment, le village n'était plus que ruine fumante. Un colonel fit part à l'aspirant
de tenir coûte que coûte, à défaut des rives du canal, les villages situés derrière celui-ci.
L'aspirant revint au P.C. avec les mêmes difficultés sans homme blessé. Les renseignements demandés furent immédiatement
envoyé à la division.

L'observatoire du 8e escadron, placé dans le pigeonnier de la ferme, repéra trois emplacements de mitrailleuses et un
champ ou passaient d'importantes troupes ennemi. Un peloton de mitrailleuse et un mortier de 60 furent alors placé.
Debout sur unes crête, les jumelles aux yeux, le lieutenant dirigea le tir. Il dispersa une troupe ennemi et réussit
même à incendier une voiture de fusiliers portés allemands, fier de ce dernier succès. Les ennemis ripostèrent par des
tirs violents d'armes automatiques et de « minen », appliqués sur le pigeonnier, ou le dragon Marin, observateur,
s'accrochait dans un nuage de poussière à une poutre, l'échelle brisée, le plancher défoncé. Il se rétablissait sur
les poutres au plus grand bonheur de ses camarades. Les armes automatiques allemandes ayant été repérées dans certaines
maison du villages de Berclaux, leur destructions méthodique furent entreprise par le lieutenant Nigaud.
Dés que les maisons visées avaient pris feu et que les servants s'étaient enfuis, le peloton tout entier et les servants
de la pièce de 60 se levaient comme un seul homme et se félicitèrent

La nuit du 26 au 27 ne connue guère que des patrouilles de nageurs allemands qui furent repoussés.
Au petit jour, le calme régnait sur l'ensemble des positions amis et ennemis. Le capitaine commandant la compagnie de
chasseur à pied envoya quelques patrouilles dans le village de Berclaux, qui semblait abandonné, mais n'eurent pas le
temps de gagner le canal. A 4h45, un tir massif, combiné de gros minnens, d'obus de 77 et de 105, sur l'ensemble des
positions alliés, démolissant la ferme de l'abbaye ou se trouvait les P.C. la liaison téléphonique fut coupée.
Les P.C.réfugiès dans la cave ébranlée par le bombardement, essayait de maintenir la liaison avec les pelotons et les
sections. Très rapidement, environ 90 blessés ou morts furent entassés dans la cave. Au milieu des gémissements et des cris,
les ordres étaient dictés et envoyés par des agents de liaison ; qui devaient traverser la cour de la ferme, hachée de
balles et d'obus.

Bientôt, le capitaine Denis, commandant la compagnie de chasseurs à pied, apprit que deux de ses sections étaient anéanties
(officiers tués). Les compagnies anglaises avaient subi des pertes équivalentes. Un dragon français, la figure arrachée
et en sang, s'obstinait à demander à tous : « me reconnaissez-vous ». un médecin fendait les vareuses, ligaturait,
avec de vieux mouchoirs, et demandais les paquets de pansements des hommes valides. Une poussière de plâtras, soulevée
par chaque coup de l'ennemi, entourait chacun d'un épais brouillard. Bientôt, l'on put voir les anglais quitter leur
positions et se replier par le nord, suivis pas à pas par l'artillerie allemande et ses armes automatiques.

Presque aussitôt, on apprit qu'une compagnie allemand passait le canal à la nage, à proximité du pont démoli, qui n'était
plus défendu que par quelque chasseurs à pied. Le lieutenant commandant le 8e escadron, donna l'ordre au lieutenant de la
Panouse de contre-attaquer cette compagnie et de la rejeter à l'eau. Le lieutenant de le Panouse, avec le plus beau courage,
se précipita vers le pont, situé à 80 mètres environ, suivi de ses hommes, au pas de course. Il parvient ainsi à un
terre-plein à proximité des rives balayer par les balles et les minnens. Son peloton partit à l'attaque grenade à la main,
mais le groupe qui se trouvait à ses côtés fut presque immédiatement mis hors de combat. Lui même blessé à trois endroits
(au bras, à l'omoplate et au rein), dut céder le commandement du peloton au maréchal des logis Leveugle. Celui-ci essaya
d'entraîner en avant ce qui restaient, mais les allemands, quatre fois plus nombreux, mitraillant à bout portant.
Le chef Leveugle et ses hommes ne pouvant plus progresser, s'accrochèrent au terrain, se défendant à coup de grenades
défensives. au P.C. des rafales de balles achevaient les derniers carreaux. L'entrée devenait très difficile.
Les liaisons ne se faisait plus. Le lieutenant commandant le 8e escadron conseilla au capitaine Denis de transporter
l'ensemble des deux P.C. à un fossé situé à 50 mètres de la ferme et moins repéré que celle-ci. Ce fut fait.

On put voir alors les restes de la compagnie de chasseur à pied quitter leurs positions, comme l'avait fait la compagnie
anglaise, poursuivit comme elle par le feu ennemi. Le 8e escadron restait seul, avec un effectif déjà fortement éprouvé,
ayant contre lui un bataillon allemand, qui venait de prendre pied sur sa position. Les liaisons avec le 2e bataillon
étaient coupées. Depuis plusieurs heures, a gauche, plus personne. A droite, la compagnie de chasseurs à pied Lenormand
également repliée.
Les corps de plusieurs agents de liaison étaient étendus sur la route. Chacun avaient compris que l'ordre de repli
n'était certainement pas parvenu à l'escadron, mais était décidé à ne pas reculer sans ordre écrit.

Les tirs de l'ennemi étaient déjà si violent qu'il devenait presque impossible de lever la tête au-dessus du fossé.
L'artillerie allemande avait reporter son tir sur un bois en arrière de la position. Les troupes qu'elle appuyait étaient
l'intérieur de celle-ci. Dans la cour de la ferme, submergée d'allemands poussant de véritables rugissements pour
impressionner l'adversaire, le maréchal des logis Leveugle et quelques hommes se battaient au corps à corps, défendant pied
à pied le terrain. Bientôt, l'ennemi fut plus qu'à une trentaine de mètres du fossé, faisant sauté la terre tout autour avec
les rafales de ses mitraillettes ; sur la gauche, courbé sur leurs pièces, deux mitrailleuses tenaient encore. Le lieutenant
Ménière, l'aspirant Hermet, le maréchal des logis Schomberg décidèrent de ne pas se rendre et, revolver au poing.
Vidèrent leur chargeurs sur l'ennemi qui, à quelques mètres, vociférait des injures. Çà et là, quelques hommes dans leurs
trous, continuaient à lancer des grenades. C'est alors que le dragon Derchez, hors d'haleine, arriva en grimpant sur la
crête du fossé. C'était un agent de liaison du bataillon. Rampant depuis une heure dans les champs, il avait réussi à
traverser les barrages de mitrailleuses. Il apportait l'ordre de repli, expliquant que le bataillon avait décrocher depuis
6 heures et qu'inquiet de ne pas voir le 8e escadron arriver, le chef de bataillon avait doublé sa première liaison,
probablement intercepter par l'ennemi. L'ordre de repli fut immédiatement porté à chaque peloton. Déjà les allemands
sommaient le P.C de se rendre.
Décidé à ne pas se laisser faire prisonnier, le lieutenant intima l'ordre au peloton de mitrailleuses, qui était à ses
côtés, d'abandonner les pièces afin de sauver le personnel. Chacun, grenade à la main, pistolet au poing, retraitait en bon
ordre, aidé par les mitrailleuses du peloton Batiste qui, en retrait était moins engagé. Mitraillé à bout portant pendant
la traversé d'un champs découvert, le 8e escadron gagnait un bois déjà harcelé par l'artillerie. Refusant d'abandonner
leur pièces deux dragons ; Pitelwski et Jaffrelot, tombèrent sou les balles ennemies.

Arrivé aux lisières du bois et se croyant sauvé, l'escadron souffla une minute. A cet instant, parurent à travers
le feuillage, les uniformes verts d'un élément allemand qui avait dû, lui aussi, traverser le canal, à 1 kilomètre à
l'est du pont de Berclaux et tenait le bois. Le 8e escadron était complètement encerclé. Instinctivement, son chef bondit
en avant en criant : « à la baïonnette, charger ! ». les dragons s'élancèrent en criant. Le lieutenant Ménière abattit
d'une balle dans le ventre unallemand qui s 'était dressé devant lui. Il entrevit à droite et à gauche, les dragons,
magnifiques, bousculant à l'arme blanche un ennemi qui commençait à fuir. Chacun criait en courant, les uns s'empêtrant
dans les rigoles qui traversaient le bois, les autres, jetant devant eux des grenades qui ricochaient sur les arbres.
Le bois fut rapidement traversé et l'escadron put enfin se regrouper derrière une ligne de chemin de fer en remblai.

L'ennemi déconcerté, n'avait pu arrêter cette contre-attaque désespérée. Le lieutenant commandant rajustait son monocle,
ses hommes haletants étaient couchés sur le dos, d'autres pâles, se tenaient appuyés sur leurs mousquetons ou essayaient
de sourire en racontant leur histoire à des camarades encore trop hébétés pour les écouter

On se conta : 66 hommes manquaient à l'appel.

D'UNE LUCARNE

Le 28 mai, dans l'après- midi, le 1e peloton du 1e escadron A.M.R, commandé par le lieutenant Pottier, se retrouve
installé au carrefour à 1 kilomètre nord ouest de Neuf-Berquin, face au village de Vierhouch, distant de 1km 200environ.
Des lucarnes d'un grenier, le lieutenant et ses observateurs ont pu constater dans ce village le présence de nombreux chars
et de nombreux motocyclistes ennemis, Venant de Merville. Comment faire pour ennuyer ces gaillards là ? la nuit va tomber et,
tout à l'heure, ils seront bien inquiétants. Le lieutenant fait venir sont side-car. A quelques centaines mètres en arrière,
se trouve le maréchal des logis de Pierredon, du 74e d'artillerie et sa pièce de 75, isolé dans la nature.
De Pierron est heureux de pouvoir employer utilement ses derniers obus. Il ne possède qu'un carte Michelin, mais qu'à cela
ne tienne, il connaît sa pièce et son métier, dans 5 minutes il ouvrira le feu. Au lucarne tous les yeux sont dirigés vers
le village.

Deux détonations : Pierron à déclenché le tir... les obus passent au dessus des A.M.R et vont s'abattre en plein sur
l'objectif, produisant l'effet d'un coup de pied dans une fourmilière. Les 7,5 en profitent pour arroser copieusement
l'ennemi, qui cherche refuge en dehors du hameau. La 13,2 du maréchal des logis Nouvel a pris à parti un mastodonte d'acier
qui se trouve au pied même d'un calvaire. Les balles traçantes arrivent sur la carapace, certaine ricochent.
Enfin, il disparaît au milieu d'un nuage de fumée. BRAVO De Pierron, BRAVO le 1e peloton, dans le grenier tout le monde
saute de joie

Le 28 mai, dans l'après- midi, le 1e peloton du 1e escadron A.M.R, commandé par le lieutenant Pottier, se retrouve
installé au carrefour à 1 kilomètre nord ouest de Neuf-Berquin, face au village de Vierhouch, distant de 1km 200environ.
Des lucarnes d'un grenier, le lieutenant et ses observateurs ont pu constater dans ce village le présence de nombreux chars
et de nombreux motocyclistes ennemis, Venant de Merville. Comment faire pour ennuyer ces gaillards là ? la nuit va tomber et,
tout à l'heure, ils seront bien inquiétants. Le lieutenant fait venir sont side-car. A quelques centaines mètres en arrière,
se trouve le maréchal des logis de Pierredon, du 74e d'artillerie et sa pièce de 75, isolé dans la nature.
De Pierron est heureux de pouvoir employer utilement ses derniers obus. Il ne possède qu'un carte Michelin, mais qu'à cela
ne tienne, il connaît sa pièce et son métier, dans 5 minutes il ouvrira le feu. Au lucarne tous les yeux sont dirigés vers
le village.

Deux détonations : Pierron à déclenché le tir... les obus passent au dessus des A.M.R et vont s'abattre en plein sur
l'objectif, produisant l'effet d'un coup de pied dans une fourmilière. Les 7,5 en profitent pour arroser copieusement
l'ennemi, qui cherche refuge en dehors du hameau. La 13,2 du maréchal des logis Nouvel a pris à parti un mastodonte d'acier
qui se trouve au pied même d'un calvaire. Les balles traçantes arrivent sur la carapace, certaine ricochent.
Enfin, il disparaît au milieu d'un nuage de fumée. BRAVO De Pierron, BRAVO le 1e peloton, dans le grenier tout le monde
saute de joie.

DECROCHAGE IN EXTREMIS

Le 28 mai, dans la nuit, le 1e escadron A.M.R, qui tient le carrefour situé au nord-ouest de Neuf-Berquin reçoit l'ordre de
se replier sur le hameau de Bleu, ou est installé le P.C. du 1e bataillon.

L'ennemi s'infiltre partout, ses fusées éclairantes voltigent à gauche et à droite, le 1e bataillon et menacé d'encerclement,
il faut se dépêcher si l'on veut échapper au coup de main ennemi. Le lieutenant Pottier prend liaison avec son chef d'escadron,
le capitaine Arnemann, qui le charge de protéger le repli de son unité . déjà, à la tombé de la nuit, un groupe de voitures haut
le pied, qui tenait de rejoindre les combattants à quelques deux kilomètres de là, pris sous un violent feu d'armes automatiques
ennemies à dû se replier. L'agent de liaison Leray à disparut dans la nuit.

Successivement les escadrons rejoignes le point de rassemblement ou attendent les voitures.

C'est d'abord le 2e escadron motos qui à pour mission de d'assurer le jalonnement de la colonne en direction de Bailleul,
c'est, ensuite le 5e escadron (lieutenant Lejoindre) qui est aiguillé d'urgence dans cette direction. Le temps presse il faut sauver
le plus de monde possible. Les balles traçantes commencent à remplir le ciel. Le 3e et 4e escadrons, aux ordres du capitaine Bonamy,
ont eu des difficultés pour décrocher et se font attendre. Enfin, les voici ! le capitaine Bonamy et ses hommes ramènent les débris
d'une compagnie anti-chars appartenant à un régiment de tirailleurs algériens, soit une vingtaines d'hommes et cinq canons de 25,
qu'il confie au lieutenant Pottier. Le capitaine Arneman part en guide des dernières rames. Les « Lorraine » viennent à peine de
disparaître dans la nuit que la tenaille ennemie se resserre. Visiblement, celui ci hésite à déclencher son coup de main, ne sachant
à quel force il a à faire. Quelques coups de 77 tombent autour du carrefour. Chez nous, tous le monde observe le plus grand silence ;
on se chuchote les ordres. Soudain, le crépitement des armes automatiques reprend et se rapproche. Le dispositif ennemi semble prendre
la forme d'un arc de cercle. Des balles traçantes zèbrent le ciel à peu de distance. Les chefs de voitures le doigt sur la détente,
la tête émergeant de le tourelle, écarquille les yeux et fouillent les ténèbres environnantes qu'un rayon de lune déchire par intermittence.
En hâte, mais sans précipitation et toujours dans le plus grand silence. Les indigènes se sont hissés sur les voitures,
cependant que les canons sont attelés derrières celles ci. L'adjudant chef Antoine, le maréchal des logis chef Damien et les
conducteurs ont affectés l'opération dans un temps record. Enfin, tout est près. Les « moulins » sont lancé en même temps et tandis
que les voitures partent immédiatement dans la direction de Bailleul, feu au plancher. La dernière, « 13,2 » du maréchal des logis Nouvel,
au commandement du lieutenant Pottier, ouvre un feu nourri sur l'ennemi qui, à ce moment précis, surgit en nombre à quelque mètres.
Aux rafales de 13,2 répondent celles de mitraillettes. Le lieutenant courre à toute vitesse vers son side-car, saute dedans et démarre
à vive allure cependant que l'A.M.R., fonce derrière lui, guidée par de brefs appel de feu rouge. Cinq minutes se sont à peine écoulée
depuis le départ des voitures de D.P. trop tard, messieurs les allemands.

combats dans la région de Cocherel Mardi 11 juin :

Le capitaine de Viéville prend le commandement du 4ème Cuirassiers.
Selon le désir du capitaine Le Tellier, du 4ème R.D.P., chargé de la défense du point d'appui de Pacy, inquiet sur des infiltrations
ennemies signalées le long du cours de l'Eure, le capitaine de Viéville pousse un certain nombre de reconnaissances.
- 11 heures. Peloton S (lieutenant Coupé) sur Houlbec, où sont signalés des éléments d'infanterie ennemis. Le lieutenant Coupé prend
contact au passage à MeniUe avec des éléments du 4ème R.D.P. Ceux-ci signalent que les éléments du 6ème Cuirassiers qui devaient tenir
Rouvray se sont repliés sur Cocherel. Le lieutenant Coupé se dirige sur Cocherel, dont le pont était barricadé : pas d'éléments
du 6ème Cuirassiers. Il poursuit sa mission sur Rouvray. A la sortie de Cocherel, il rencontre, par surprise, cinq cyclistes allemands
et ouvre le feu : deux cyclistes sont tués. Un peu plus loin, il est accueilli par le feu nourri d'armes anti-chars : ses trois chars
sont percés par plusieurs projectiles. Deux chars sont mis dans l'impossibilité de tirer. Le lieutenant Coupé donne l'ordre de repli
en assurant la protection par son feu.
- 15 h. 10. L'escadron H (lieutenant de la Morsanglière) part pour Boncourt avec mission de reporter les éléments du 6ème Cuirassiers
(deux pelotons motos) sur le pont de Cocherel. Il y arrive à 16 heures. A peine arrivé, conformément à l'ordre d'opérations de la 1ère D.L.M.,
il est renvoyé immédiatement sur Boncourt afin de reporter sur le pont de Chambray les mêmes éléments du 6ème Cuirassiers.
- 16 heures. L'escadron S (lieutenant Ville) reçoit l'ordre de se porter à la sortie nord de la foret de Pacy en vue de participer à une
attaque en direction de La Heunière et de Bizy en entraînant dans sa zone des éléments du 4ème R.D.P. (capitaine de Vendières de Vitrac).
Le P.C. avancé du Régiment se porte à hauteur du P.C. de la 2ème B.L.M. ; l'aspirant Schreiber y est blessé d'une balle de pistolet
mitrailleur à la cuisse. Le débouché de cette attaque a lieu à 18 heures (deux pelotons 1eréchelon, un peloton 2ème échelon).
Les chars sont pris sous le feu d'une part d'une dizaine d'armes anti-chars installées aux lisières sud de La Heunière, d'autre part
d'un barrage d'artillerie de 77.
Après avoir réduit les armes anti-chars, la progression reprend et, à 19 h. 15, le village commence à être contourné par l'ouest en
vue d'atteindre le premier objectif, à savoir le carrefour de la route Cocherel- Vemon et Pacy-Vemon.
A 20 heures, la partie nord du village est atteinte. Violente réaction de l'ennemi par armes anti-chars et artillerie. Le nettoyage
des lisières sud du village est opéré par le 4ème R.D.P., qui fait de nombreux prisonniers.
Contact pris entre les chars et le 4ème R.D.P. à 20 h. 30 pour prendre des dispositions pour la nuit. Le capitaine de Vendières,
au 4ème R.D.P., est grièvement blessé à ce moment et transporté en char par le lieutenant Ville jusqu'au P.C. de la brigade.
Le lieutenant Ville reçoit alors des ordres du colonel de Bellefond, commandant la brigade, pour protéger l'installation du 4ème R.D.P.
pour la nuit à la lisière nord des bois de Pacy.
Décrochage laborieux sous un feu violent d'armes anti-chars et d'artillerie.
L'opération s'effectue la nuit tombée ; les chars se replient sur Pacy vers 23 heures, ramenant en remorque trois canons anti-chars
de 37 et leurs munitions. Après recoupement, les pertes causées à l'ennemi sont estimées à :
- une quarantaine de tués et vingt-cinq blessés graves laissés sur le terrain ;
- plusieurs mitrailleuses lourdes détruites ;
- une auto-mitrailleuse détruite ;
- plusieurs camions (quatre à cinq) ;
- un certain nombre d'armes anti-chars neutralisées (trois ramenées, dont deux en parfait état).
Pertes de l'escadron S : un char embourbé et incendié par l'équipage, qui a été récupéré.
Pertes au P.C. : aspirant Schreiber, blessé.
- 18 h. 15. L'escadron H pendant ces événements arrive à Boncourt. Les pelotons Nicolas et Coquart et un peloton moto du 6ème
Cuirassiers poussent sur Hardencourt. Le peloton moto est stoppé par des tirs d'armes automatiques.
-19 h. 30. Les deux pelotons ont terminé le nettoyage d'Hardencourt. Le peloton moto entre dans le village et fouille les maisons ;
opération terminée à 20 h. 30. Réaction de l'artillerie ennemie.
Le lieutenant de la Morsanglière décide de se replier sur Boncourt pour y passer la nuit. Arrivé sur Boncourt, sur ordre de
la 1ère D.L.M., il reçoit l'ordre de pousser deux pelotons (Dauger, Nicolas) sur Vaux-sur-Eure, avec mission de ramener à Cocherel
l'escadron du lieutenant Pottier, du 4ème R.D.P.
Liaison est prise avec le lieutenant Pottier, qui estime impossible de pousser sur Cocherel étant donné la tombée de la nuit.
Les deux pelotons reviennent à Boncourt par Croisy et Saint-Aquilin. Installation à Boncourt pour la nuit en point d'appui cerclé.
Le T.C., dès 4 heures du matin, avait quitté Pacy pour Boisset.

Mercredi 12 juin :

Au petit jour, la situation des deux escadrons est la suivante :
- Escadron S, regroupé à Saint-Aquilin ; P.C., Saint-Aquilin.
- Escadron H, regroupé à Boncourt.
L'escadron H a reçu l'ordre dans la nuit de recommencer l'opération commencée la veille et interrompue par la nuit, opération destinée
à replacer les éléments du 6ème Cuirassiers sur Chambray en passant par Cocherel.
Départ à 4 h. 30 de deux pelotons (Dauger, Coquart). Pendant ce temps, deux pelotons S partent à 4 h. 45 (Coupé, Legendre) avec mission
de reporter sur Cocherel en passant par Vaux-sur-Eure l'escadron Pottier du 4ème R.D.P.. Ces deux opérations vont se conjuguer.
Le lieutenant Coupé avec ses deux pelotons prend contact avec le lieutenant Pottier à 5 heures à Vaux-sur-Eure, arrive aux lisières est
de Cocherel à 6 h. 15. Rien à signaler. Un peloton S (Legendre) se porte vers le pont pour l'occuper, soutenu par. l'autre peloton.
Réaction violente d'armes anti-chars impossibles à déceler étant donnée la configuration du terrain. Le sous-lieutenant Legendre sort
de son char pour prendre liaison à pied avec les D.P. ; il est mitraillé à courte distance et tombe. Malgré des recherches effectuées
d'une part par le lieutenant Coupé et son peloton, d'autre part par le médecin lieutenant Bouniol avec sa sanitaire,
le corps du sous-lieutenant Legendre n'a pu être retrouvé.
Liaison prise avec les éléments H (Coquart) qui progressaient sur l'axe Hardencourt-Cocherel.
Combinaison des efforts et des feux, ce qui permet au maréchal des logis-chef Lambert (S) de détruire successivement trois armes
anti-chars qui venaient prendre position et un camion à munitions.
Les pelotons H (Coquart et Dauger) détruisent de leur côté deux armes anti-chars et infligent à l'ennemi placé le long du remblai
de la voie ferrée des pertes considérables.
A plusieurs reprises, au cours de la journée, l'escadron H subit de violents tirs d'artillerie notamment vers 16 heures après
le survol d'un avion ennemi (sans doute un Morane MS 406 utilisé par les Allemands).
A 18 h. 15, l'encerclement est presque total ; l'escadron H protège le repli des éléments du 6ème Cuirassiers en direction de Caillouet.
A 18 h. 35, l'escadron H reçoit l'ordre de quitter Boncourt par la route de Mizerey et se replie sur Saint-Aquilin.
L'escadron S et le P.C. reçoivent l'ordre de se porter à Orgeville, où des infiltrations se révèlent à partir de 21 heures.
Le T.C., à 20 heures, reçoit l'ordre de se porter de Boisset aux Essarts (8 km S. de Pacy).
Pertes de la journée : sous-lieutenant Legendre, disparu ; cuirassier Caval, blessé à l'oeil gauche ; 3 sides, 1 solo.
A 21 h. 30, le P.C. et l'escadron S se dirigent d'Orgeville sur Le Plessis, où l'escadron S reste en protection du repli de la D.L.M.
jusqu'à minuit avec un peloton du 6ème Cuirassiers (lieutenant de Villèle). L'escadron H se porte de Saint-Aquilin à la Noé-du-Bois
au P.C. du 4ème R.D.P..

LES COMBATS DE COCHEREL DU 11 ET 12 JUIN

Au cours, de la nuit du 11 au 12, le commandant Amanrich est venu se rendre compte de la situation et a donné l'ordre au lieutenant Pottier
de reprendre coûte que coûte Cocherel et le pont le 18 escadron ( lieutenant Chaperon) rejoindra l'escadron 6 chars de Somua
(lieutenant coupé) prendrons part à l'attaque. L'opération doit se faire des que les renforts arriverons.
Au lever du jour, arrivent successivement , les chars et le 1e peloton. Le lieutenant Pottier, met au courant le lieutenant Coupé au courant
de la situation, et lui demande de faire copieusement arroser les taillis au ours de la progression.

Les divers éléments d'attaque sont rapidement en place. L'ordre et donné ; les Somuas débouchent, l'escadron à pied les suit, en utilisant
le plus possible les couverts existant. Le lieutenant commandant marche devant le peloton du centre est à proximité du char du lieutenant
Coupé. Les deux Somuas de tête fouillent les buissons de leurs rafales de mitrailleuses. Aucune réaction de l'ennemi. Puis, ils abordent
et pénètrent dans le village. Même silence de l 'ennemi.. l'infanterie approche, elle aussi est atteint le remblai de la voie ferrés puis
le franchit. L'escouade de tête du lieutenant Chaperon est entrée dans le village et doit se trouver près du pont. Le lieutenant commandant,
revolver au poing, s'apprête à bondir en avant. Tout à coup, à 30 mètres devant lui, derrière un muret de jardin, se découvre un groupe
d'allemands encadrant une mitrailleuse. A peine a-t-il le temps d'esquisser un geste, que le lieutenant Pottier tombe grièvement blessé,
sous une longue rafale de mitrailleuse ( 4 balles l'ont atteint au bassin. Comme si c'était là le signal convenu, immédiatement après
s'abat sur l'escadron et sur les chars une grêle de balles et d'obus venant principalement des hauteurs avoisinantes et des maisons situés
sur la rive droite. Nos chars répliquent : le 47 et la 7,5 crépitent, l'escadron utilise ses F.M au maximum .le peloton Chaperon réussit
à atteindre son objectif, occasionnant de grosses pertes à l'ennemi, qui se replie de l'autre côté en lançant des grenades. Des deux côtés,
ont entend es cris de rages et des hurlements de douleurs.

Au plus fort du combat, l'agent de transmission Couvreux narguant les balles, n'hésite pas, à se porter vers sont lieutenant commandant,
lui donne à boire, essaie de panser ses plaies, mais il à trop à faire. Il retourne à la bataille en lui promettant de le venger.
Sur c'est entrefaites, le capitaine adjoint Bonamy est arrivé sur le terrain de combat, des renseignements sont nécessaires à son chef,
il vient les chercher.
Mais le 1e escadron, dont il vient de quitter le commandement pour prendre son nouveau poste. Son cœur reste attaché à ses hommes
et le lieutenant Pottier ne l'à pas quitter depuis sont arrivé au régiment. C'est vers lui qu'il se dirige aussitôt, méprisant les rafales
qui s'abattent alentour. Parvenu à proximité, il lui prodigue des paroles d'encouragements et le félicite de sa conduite . cependant l'endroit est terriblement exposé. Le lieutenant Pottier, étendu, reçoit encore une balle qui lui troue la poitrine. D'autre part, il n'y à plus d'officiers ; deux chefs de peloton, le lieutenant Chaperon et le sous lieutenant Carissimo sont tombés à leur tour, le second mortellement blessé, le sous lieutenant Albert a fortement à faire à l'aile gauche du dispositif ou les baïonnettes des dragons font merveilles. Bonamy reprend de lui même le commandement de son ancien escadron. Il veut traverser la route pour donner des ordres à Gaumé, son adjudant, mais il s'écroule aussi, blessé à mort « m.... , ils m'ont touché », dira-t-il en tombant. En même temps que ses chefs, peu à peu l'escadron est décimé, mais il tient toujours, et il tiendra encore.... L'esprit du « grand Charles » et de son « terrible neveu» souffre en lui.(1), esprit de lutte et de sacrifice, l'escadron ne se repliera que lorsque, l'ordre lui en sera donné. Celui-ci est arrivé, il faut maintenant décrocher. Des hommes sont là, à proximité des blessés,
ils s'interrogent du regard ; nos officiers ? un char se repli en tirant, par malheur il ne voit pas le lieutenant Pottier et se dirige sur
lui. Va-t-il l'écraser ? non au dernier moment, rassemblant un peut de vie, le lieutenant lève son casque. Le chef de voiture l'aperçoit
est fait stopper. Le portillon s'ouvre, alors sans fièvre, pieusement, au mépris des coups qui continuent à pleuvoir, l' adjudant Gaume,
le maréchal des logis-chef Damien et des volontaires, saisissent les corps de leurs chefs, les déposent côte à côte, le capitaine et son
fidèle second.

A Cocherel, le 1e escadron a lutté jusqu'au bout de ses forces : 10 tués, 45 blessés, sur un effectif de 78 hommes, contenant pendant vint
quatre heures un ennemis dix fois supérieur en hommes et en matériel de toutes sortes, occupant d'autre part, une position privilégiée,
que les chasseurs d'Evreux connaissent bien.

Le nom de Cocherel sera inscrit dans la citation à l'ordre de l'armée du 4e R.DP. qui restera la récompense et la fierté du 1e escadron.

(1) Capitaine Bonamy était le neveu du colonel Charles Lacroix qui à commandé si longtemps le 4e R.DP.


DEVOUEMENT

Le 12 juin 1940, à Cocherel, l'escadron, qui à subit des pertes importantes, vient de recevoir l'ordre de se replier. Plusieurs blessés
sont restés sur le terrain, l'officier commandant le peloton demande un motocycliste volontaire pour se rendre à la recherche de ses
camarades .
Le dragon Charpentier se présente avec son side-car et malgré le feu intense de l'ennemi réussit à ramener au poste de secours 14 de ses
camarades. Entre temps l'unité s'est replier sur Vaux. Charpentier apprenant alors qu'il reste encore des hommes sur le terrain repart
de nouveau à leur recherche, pour tenter de leur porter secours.
Il n'est jamais rentré.

recit de combat la ferme des Préaux et la franc-garde allemande

LA FERME DES PREAUX
ET LA FRANC-GARDE ALLAMANDE

12 juin, depuis deux jours, le 4e R.D.P.est engagé dans la région de Cocherel et des lisières nord du bois de pacy, à 18 kilomètres
d'Evreux. Les pertes sont lourdes des deux côtés.

Le 3e escadron vient d'être formé à la hâte (entre 7 heures et midi), aux ordres du capitaine Thuillier, avec des éléments disparates,
qui reviennent d'Angleterre (pionniers, infirmiers, gradés et hommes de l'ateliers automobile, vestige du 13e escadron). On se connaît mal.
Le capitaine a des doutes sérieux sur la valeur de ses mitrailleurs.
A 14 heures, l'ordre est donné de porter l'escadron d'abord en voiture puis à pied, à l'ouest de la route de Pacy-Vernon, aux lisières
nord du bois de Pacy, ou la situation est confuse. Le mouvement s'exécute sans le P.M de l'aspirant Cazenoble ni les fusiliers du sous
lieutenant Gazats, laissés en réserve de régiment dans le bois de Saint –Aquilin. La lisière du bois est occupée et tenue sous les tirs
harcelants des 77 allemands. On enterre pieusement un mort, on évacue avec beaucoup de difficultés 8 blessés, dont le maréchal des logis
Chaussoy, l'escadron vient de recevoir le dur baptême du feu.
A 18 heures, l'ordre arrive de repli et de tenir face au nord, la ferme du Préaux et le bois de Saint-Aquilin, ou se trouvent déjà les
deux pelotons de réserves.
Les éléments décrochés de la forêt de Pacy, le capitaine commandant le 3e escadron part en avant avec le lieutenant Albaut, chef du 1e
peloton, afin d'effectuer une rapide reconnaissance de terrain. Il retrouve l'aspirant Gazenoble, qui commande l 'ensemble dans le bois
de Saint-Aquilin : il est installé défensivement un peu en arrière de la lisière, face au nord « rien à signaler » d'ailleurs une brune
légère gêne la vue à moins de milles mètres. Il est 19 heures

Etroit plateau qui se termine brusquement au sud, en dominant Saint-Aquilin à Evreux et qui remonte vers le nord. La ferme, importante
comprend plusieurs corps de bâtiments. A 50 mètres en avant, une &norme meule de paille, puis une bergerie, enfin, des champs de blé et
des boqueteaux. : l'itinéraire même que suit déjà la flanc-garde ennemie chargé, elle aussi, de s'emparer de la ferme, magnifique
observatoire vers le sud.
Devant l'imprécision de la situation et l'heure tardive, le capitaine décide de s'entourer par des feux de tous côtés, le peloton Gazats
restera dans le bois avec un G.M, face à l'ouest et au nord. Albaut, renforcé d'un G.M, organisera un réduit aux débouchés nord de la ferme,
et flanquera son camarade Gaspard et ses fusiliers à la ferme, face au l'ouest, en laissant un G.C au P.C face au sud. Cette reconnaissance
a pu durer un quart d'heure. Le capitaine a envoyer chercher l'escadron pour le faire débarquer sur un chemin rocaille parallèle à la route,
sur la contre-pente au sud de la ferme. Mais c'est sans compté sur l'ennemi. Pendant qu'il termine ça reconnaissance et que l'escadron arrive, il se passe , 400 mètres à l'ouest, des événements qu'il ne soupçonne pas .
Quelques instants après le départ de son capitaine, l'aspirant Cazenobe a remarqué dans la brume qui habille le lointains, des hombres
qui se succèdent sans fin en silence et qui glissent vers le sud-ouest : on dirai un immense convoi. Il pense d'abord que ce sont des
éléments amis. Puis, soudain, un doute l'assaille : il y en à trop !...

Alors, lui même, avec un homme de son peloton, se dirige vers le nord pour mieux voir. Il n'a pas fait 100 mètres qu'au bout d'un léger
couvert, le voilà face à face avec une cinquantaine d'allemands qui progressent à pied, en silence, parmi les blés et les haies.
A 20 mètres Cazenobe crie : « rendez-vous ! ». un coup de pistolet lui répond. Cazenobe tire le sien qui ne fonctionne pas.
En quelques mots, il se concerte avec sont compagnon, pendant qu'il alertera les nôtres, Carnoli donnera le change. Ainsi fait, il bondit
en arrière pendant que Carnoli lance des commandements imaginaires ; « fusil-mitrailleur de la 1e escouade en avant !
2e groupe ouvrez le feu ».
C'est à ce moment que l'escadron arrivé sur voitures, effectue sont mouvement pour débarquer. Le 1e groupe du peloton Albaut est à peine
à terre, à hauteur de la corne sud-est de la ferme, qu'il est pris sous le feu des balles traçantes. Le reste de l'escadron saute hors des
voitures avec les armes et s'abrite derrière les véhicules, encore que beaucoup n'y comprennent rien.
Cependant, le groupe de tête ouvre le feu presque instantanément en direction du nord. Le reste du peloton se faufile dans la grande cour
de la ferme, bientôt suivit par le 2e peloton qui arrive à contre-pente ainsi que le G.M envoyé par Gazenobe.
Le capitaine donne l'ordre de hisser les mitrailleuses et deux F.M. sur un tas de briques, sur les murs nord de la ferme et de tirer
coûte que coûte, même dans le brouillard. Alors un feu terrible commence à balayer, face au nord, la meule, la bergerie, les champs de blés et les lisières des bosquets. Les bandes de mitrailleuses se succèdent sans arrêt et sans garantis de la précision du tir de l'ex pionnier Boyard, on est obligé de reconnaître qu'il y mes du cœur ; on dirait que les six frères qui servent comme lui dans l'infanterie et la cavalerie sont venus l'assister. Le bruit de nos armes automatiques commence è couvrir celui des mitrailleuses ennemies, dont les tirs trop haut nous fait une voûte étoilée.

Ordre est donné alors au reste du 1e peloton de se portes à la corne nord de la ferme, de fixer l'ennemi en direction du nord et de
l'escadron face à l'est. En même temps, le 3e peloton est envoyé pour contourner l'ennemi à l'ouest, et de s'emparer de la meule et de
la bergerie. Ces mouvements s'amorcent avec décision, sans trop de difficultés. Les mitrailleuses et le F.M. tirent toujours et
s'amusent maintenant à balayer la meule, la bergerie, les blés et le lisière du bois, ou des formes ne cessent de se glisser.
Bientôt, à droite, les éléments du 1e peloton tirent à la corne nord de le ferme, le 3e peloton, à gauche, entre en action à son tour.
Cela tire de partout, on ne s'entend plus, on s'étonne seulement un peu de ne pas recevoir plus de balles de tous les côtés à la fois.
Il fait presque nuit. Vers la meule de paille on entend parlementer. Le brigadier Bringel crie allemand : « rendez vous ! » à des hommes
qu'il devine entassés, on lui répond dans l'ombre d'une rafale de mitraillette. Alors, notre fusilleur-tireur riposte aussitôt par un
chargeur plein tiré debout, des cris de douleurs s'élèvent en même temps que les mots « camarades ».
18 allemands sont sortis de derrière le meule et de la bergerie. Ils sont conduits au P.C. du capitaine. Sur leurs indications, quatre
blessés graves sont retirés des abords de la bergerie, on ramasse trois mitrailleuses complètes avec chargeurs. Ils y a des allemands
tués qui restent sur le terrain. Mais il fait nuit et les recherches sont remises au lendemain, d'autant que les 77 ennemis commencent
à pleuvoir tout autour de la ferme et troublent seuls maintenant le défilé et la fouille des prisonniers.
Les quatre blessés sont immédiatement soignés par l'infirmier de l'escadron. Le dragon Billet qui , blessé à la main l'après-midi même
dans le bois de Pacy, n'avait cessé de se dévouer pour ses camarades. C'est lui qui, pendant 2 heures, aidera à mourir l'officier
allemand transporté au P.C. avec cinq balles dans le ventre. Les prisonniers, très fatigués, avec qui nos hommes ont partagé leur bidons,
sont expédiés sur le régiment.
On se compte : par un véritable miracle, il ne manque personne à l'appel. Le 3e escadron est fier de sa première journée.
En quelques heures, s'est forgée entre ses officiers et ses hommes qui s'ignoraient presque tous, cette camaraderie de combat
qui ne meurt jamais.

recit des combats du groupe de combat du marécal des logis Barbier
GROUPE DE COMBAT DE FUSILIERS
DU MARECHAL DES LOGIS BARBIER

Menilles , le 12 juin,
En position depuis la vielle, nous attendions l'arrivé de l'ennemi. Le bruit des mitrailleuses et du canon s'entend en direction de
Cocherel. Disposant de deux F.M, je les avais placés de manière à défendre le pont et à « enfiler » la route Croisy-Menille.
Devant nous, des champs et des bois dont l'un trop près réduisait considérablement une partie de la vue. Nous attendons, camouflés
entre les troncs d'arbres quand, tout à coup, le tireur de mon F.M. placé sur le pont me signale une infiltration à l'extrémité du champ.
Regardant à la jumelle, j'aperçois des soldats d'allemands qui, tranquillement, avancent en colonne. Chacun de mes hommes est à son poste
et n'attend que le signal d'ouverture du feu. Je laisse l'ennemi avancer encore, quand la cible semble belle. Les F.M se mettent à cracher,
puis...plus rien ! les allemands se sont enfoncés dans les hautes herbes. Alors commence cette bataille ou l'on sent un ennemi supérieur
en nombre s'infiltrer partout, ou il faudrait tirer partout à la fois. Le contact à peine pris, des fusées partent d'une méchante masure
situé en haut de se fameux champ. Mais nous n'avons rien pour le détruire. Sommes nous déjà repérer ?
Le résultat est immédiat : les premiers obus arrivent sur le village : tous sur le P.C. d'autres tombent sur le groupe de mitrailleuses,
non sans causer quelques dégâts. Les deux fusils-mitrailleurs toujours en batterie, continuent leur travail, tirant sur des cibles sûres,
ménageant leurs munitions. A partir de ce moment, les allemands adoptent une autre tactique, merveilleuses de précision et de rapidité,
par jeux de fusées, ils dirigent leurs tires d'artillerie. Les obus tombent autour de nos armes automatiques, puits le tir se raccourcit
et , au fur et à mesure que l'ennemi avance en rampant dans les herbes qui les cachent, le tir s'allonge, si bien que le F.M de gauche
doit se replier pour éviter d' être encerclé. Le combat dure encore quelques heures . hélas ! il faut se retrancher dans le village.
Déjà complètement encerclé par la gauche, nous pensons nous replier par la droite, bien qu'aucun des agents de liaison envoyés ne soient
revenus. Plus de liaison, nous sommes complètement isolés ! le pont demeurant tenu par un F.M tous les hommes se regroupent dans me village
pour reprendre contact avec le chef de peloton Pecastaing, qui fait preuve d'un sang froid et d'un courage exemplaire.
Un autre F.M est envoyé sur la droite pour nous protéger. Nous apercevons des allemands à quelques mètres. Encerclés par la gauche et par
la droite. De plus le F.M du pont à dû se replier à son tour. tous les tirs d'artillerie sont concentrés sur l'endroit ou nous nous défendons.
Je suis blessé. Au reçu de cet ordre de mon chef de peloton « avec votre F.M du pont, assurez le décrochage », j'installe l'arme automatique
au carrefour, à quelques mètres des allemands. A ce moment là plusieurs des nôtres sont blessés. Malgré tout, ceux-ci sont transportés au
cours du repli qui se fait dans l'ordre de repli le plus parfait, et je décroche à mon tour. A peine ai-je fait quelques mètres,
que je vois du monde refluer : « impossible de passer, tout est occupé par l'ennemi ! ». il nous faut reprendre position ! qu'importe !
on ne discute pas !. malgré les obus qui éclatent tout autour de nous et les rafales de mitraillettes qui nous ajustent, à très courtes
distances. Un seul chemin nous restes : repasser le pont ! le pont est repassé sous les sifflements des balles. Pendant ce temps, mon tireur,
seul à son F.M reste impassible, tire à droite, à gauche, toujours avec succès, malgré les obus qui pleuvent, les éclats qui ricoches sur
l'asphalte , les balles qui viennent se ficher dans les murs,
dans la terre. Quand tous le monde est de nouveau replié, je traverse le pont avec mon F.M, je parcours une centaines de mètres et nous nous
installons. Puis encore cent mètres. Ainsi, le repli est protéger, le F.M tire toujours. Il nous faut longer l'Eure, dont l'autre rive
est au mains de l 'ennemi, et les fusée tirent toujours, les tires s'allongent constamment. Complètement trempés, n'ayant pas hésité à
traverser l'eau pour échapper aux allemands, nous nous défendons toujours. Mais l'encerclement continue, il faut arrêter cette avance.
Le chef demande des volontaires. A cinq nous partons sous son commandement. A peine avons nous fait quelques centaines de mètres,
qu'à nouveau nous entrons en contact avec l'ennemi. Au crie de « France » lancé par nous, les balles sifflent. Mon F.M assure encore
le décrochage. l'ennemi, croyant sans doute à une multitude d'armes automatiques, n'avance plus, jusqu'à la tombé de la nuit, que
prudemment et lentement. Ainsi avons nous pu sauver tout le peloton, sans abandonner un seul blessés.
Le soir même nous occupions une autre position.


La 1e DLM le 16/18/19 mai 1940
16 mai 1940
La 1ère D.L.M. ne fait plus partie de la VIIème Armée et rejoint la Ière. Du 10 au 14 mai, la division a perdu la moitié de la Découverte
(6ème Cuirassiers) et 3 escadrons du 4ème de Dragons portés, 3 canons de 25 ont été perdus , le 12 , 3 chars ont été perdus, embourbés et
détruits par leurs équipages
18 mai 1940
A 13 heures, arrive un ordre du général Giraud d'attaquer dès que possible "pour border la Sombre de Landrecies à Ereux" dit le général
Picard.
" Entre Le Cateau et la forêt de Mormal pour prendre en flanc les unités ennemies qui attaquent Le Cateau de front" dira le général Giraud.
Cette attaque "chars en tête" pouvait avoir "des résultats énormes " dira-t-on encore. Il importe donc de s'étendre un peu plus longtemps
sur les événements de cette journée : l'ordre d'attaque a donc bien été donné à 13 heures et transmis aux groupements tactiques :
a) Groupement de Beauchesne, qui tient Neuvilly et le bois de Vendrecies, avec deux bataillons du 4ème R.D.P., les chars du 18ème Dragons,
un groupe d'artillerie et un détachement de découverte, doit attaquer sur Le Cateau-Wassigny.
Groupement de Causans, qui tient la lisière S.-O. de la forêt de Mormal et de Ribersart, avec un bataillon du 4ème R.D.P.,
les chars H du 4ème Cuirassiers, un groupe d'artillerie et un détachement de découverte, doit attaquer sur Landrecies.
Or, au début de l'après-midi du 18, les deux groupements, constitués depuis le 15, qui ont fait mouvement depuis le 16 et ont pris
contact le 17, sont éparpillés. Le groupement de Beauchesne n'attaque pas "en raison de l'absence des chars" (qui n'ont pu parvenir
à temps) en raison aussi d'une attaque allemande qui se produit sur Solesmes à l'heure même où la nôtre devait se déclencher.
Le contre-ordre a été donné par le colonel de Beauchesne à 18 h. 30. Le journal de marche du 18ème Dragons dit que les pelotons
de chars ayant combattu le 17 et le 18 au matin, se sont trouvés "engagés partout" et n'ont pu être regroupés. Au début de la nuit,
le groupement se repliera vers le nord-ouest. Le groupement de Causans a attaqué et progressé jusqu'aux abords de Landrecies.
Mais deux escadrons de chars H avaient été retenus au Quesnoy par le général Martin, et, sur l'effectif restant (trente appareils),
une vingtaine est détruite vers Jolimetz.
L'attaque ne fut pas exécutée. Dispersée sur un vaste front, ayant exécuté successivement le 17 et le 18 au matin des ordres souvent
contradictoires émanant d'autorités très diverses, morcelée en petits détachements sur lesquels les chefs locaux "mettaient la main",
lancée en pleine bataille dans une région déjà sillonnée par les blindés allemands, la 1ère D.L.M. se trouve incapable de répondre à
la mission que lui avait assignée le général Giraud car elle n'existe déjà plus en tant qu'unité constituée.

combats de Boissis-Maugis 17 juin
COMMENT NOUS AVONS DENFENDU BOISSIS-MAUGIS

Peloton d'engins du 5e escadron, commandé par le lieutenant Pornin.
17 juin 1940, ce jour là, nous étions installés sur le ruisseau qui coule à proximité du petit village de Boissis-Mongis.
Nous étions arrivés la vielle et nous tenions face au nord et nord-est ; tous les éléments du point d 'appui étaient sur la position,
à l'exception d'un groupe de fusiliers détaché en avant comme organe de renseignement..

Vers 11 heures, alors que nous creusions les trous de mines sur le pont donnant accès au village et que chacun s'ingéniait à parfaire
notre installation, quatre coups retentirent, c'était les canons de 47, placés à notre gauche qui ouvraient le feu sur des blindés ennemi.
Nous vîmes alors arriver un homme, puis deux, puis trois, par des itinéraires différents, apportant les renseignements suivants :
« l'ennemi entrait précipitamment dans le village pour échapper aux feu des armes automatiques des unités voisines.
Le premier blindé ennemi,
porteuse d'un fanion blanc, venait d'être couché sur le flanc, mis hors de combat par deux coup de 25. » Le groupe de fusilier,
surpris par la brusque arrivée des engins blindés ennemi ainsi que des motocyclistes, se trouvait maintenant en fâcheuse posture
car il devenait difficile de regagné le pont. On entendait des coups de feux dans toutes les directions. Cependant, après un bref
combat de rue, le groupe entier réussissait à repasser le pont au moment ou nous terminions la pose des mines ; il était temps.
Les éléments ennemis avaient grossi rapidement, on vit arriver des cavaliers, on vit repartir des side-cars, la fuite précipiter
du bétail qui se trouvait dans les près voisins, nous révéla la progression d'allemands à pieds. Nos mortiers, avertis par téléphone,
ouvrirent le feu en même temps que nos mitrailleuses, l'ennemi riposta vigoureusement et, malgré les tirs précis de nos armes et
réglés de nos armes, parvint à gagner le ruisseau. Le barrage de nos mortiers fut plaqué au plus près, à tel point que les éclats de
nos 81 arrivaient jusqu'à nous. Ce tir du être particulièrement efficace, car de nos positions avancées, nous entendions les cris de
leurs blessés. L'ennemi vient au plus près et nous dûmes défendre notre barrage à la grenade.Vers 14 heures, nous reçûmes l'ordre de
repli qui s'effectua sous la protection d'un peloton de chars.

recit de la défense de Thouars le 21 juin 1940
LA DEFENSE DE THOUARS ET DU THOUEST

Le 21 juin, à 9h30, le régiment venant de Bourgneuf, a reçu l'ordre de se porter à Thouars, avec pour mission de barrer la route de Saumur.
A 11h30, le dispositif et réalisé. Le 3e escadron , renforcé du peloton de 25 du sous lieutenant Parriaux, encadré à l'est parle 5e escadron
et à l'ouest par le 4e , les sorties nord de Thouars et en particulier, la grand-route de Saumur, le long de la voie ferrée.
La population civile, tout au moins celle qui ce manifeste, est manifestement hostile, car la ville regorge de réfugiés et redoute la
bataille dans ses murs. Le capitaine Thuillier, qui commande le 3e escadron, doit à plusieurs reprise exhorter les civiles.
Il leur ordonne de débarrasser les champs de tir, leur fait défense de circuler et leur recommande de gagner les caves.

D'autant qu'un groupe motocyclistes du sous lieutenant Albert vient de revenir de la route de Saumur et annonce l'arrivée imminente
d'un fort détachement ennemie. Sur ces entrefaites, arrive un capitaine, commissaire de la gare de Thouars , il annonce qu'effectivement
la ville possédant plus de 20.000 habitants est déclarée « ville ouverte » et ne doit pas être défendue mais ne peut produire aucun ordre
écrit à ce sujet. Le capitaine commandant le 3e escadron lui répond qu'ayant reçu l'ordre de défendre Thouars il compte bien remplir
sa mission. Cependant, il envoie chercher le lieutenant d'artillerie qui représente le colonel commandant la subdivision et le fait
conduire auprès du chef d'escadrons Amanrich pour toute explication utile. Le chef d'escadron répondra qu'il n'a à remplir que les missions
reçues du général de division.

Cependant, peu après, arrive un ordre de repli pour le régiment. Le 3e escadron, au centre du dispositif, restera le dernier et ne
partira qu'à 14h15, afin d'assurer le départ du reste du régiment.

Les pelotons sont en place, le lieutenant Albaut, installé aux abords de la route de Saumur, interdit la voie ferrée, le passage à
niveau et la passerelle. Il recoupe ses feux avec ceux du lieutenant Gaspard à droite et ceux du maréchal des logis-chef Camus, à gauche,
qui tiennent les passages voisins sur la voie ferrée. C'est Albaut, fidèle à la consigne reçue, fait ouvrir le feu. Deux ou trois rafales
crépitent, des ennemis tombent ou sautent de leurs engins. Au même instant, le capitaine, commissaire de gare, drapeau blanc déployé,
se précipite au passage à niveau, à la grande surprise des nôtres. La situation est tragique et odieuse. Il est 14h15. Albaut fait partir
ses canons de 25 et fait tirer plusieurs rafales de fusil-mitrailleur en l'air. Puis, repli son peloton en bonne ordre jusque la place
centrale. L'escadron est déjà sur voitures, dans la grande rue, en direction du sud. Le capitaine a fait placer à l'entrée de la rue un
canon de 25 et deux F.M pour protéger la retraite d'Albaut
Mais l'ennemi ne pousse pas et l'escadron peut démarrer et défiler en ordre parfait parmi la population accourue.

A la sortie sud de Thouars, à l'entrée du pont sur le Thouet, se trouve le chef d'escadrons Amanrich, commandant le régiment, il donne
ses ordres au capitaine Thullier : mission interdire à l'ennemi les débouchés sud de Thouars et, en particulier le franchissement du pont.
Moyens : l'escadron et le peloton de 25, renforcé de deux canons de 47 déjà en place, aux ordres de l'aspirant de la Bruchélerie, de
l'artillerie anti-chars du C.C . Liaison à droite, à gauche : rien le P.C du régiment se trouvera à 15 kilomètres en arrière à Saint-Charles.
C'est là pour un escadron une belle mission, dans la quelle, il se trouve à l'aise, dans la quelle on ne compte que sur Dieu et sur soi.
Le Thouet coule dans une vallée encaissée. De l'autre côté de la rivière, vers l'ennemi, thouars apparaît comme une ville arabe avec
ses maisons, ses murs, ses églises, que l'ont aperçoit au-dessus de rochers et des jardins, avec aussi milles fenêtres qui peuvent être
autant de meurtrières. Par contre, le repli, si l'ordre en est donné un jour, ne pourra s'opérer que par la grand-route et ses abords et
ses abords qui montent pendant près d'un kilomètre, exposé au feu de l'ennemi.

Le capitaine garde ses impressions pour lui et donne ses ordres ; au centre Albaut et les 25 organisés dans les maisons du voisinage de
la route et interdirent le pont. 300 mètres à gauche, dans les jardins qui dominent la vallée, Gaspard, renforcé du P.M, s'établira à
l'ouest et face au nord et protégeras les deux canons de 47 qui sont déjà en place. Enfin à 100 mètres à droite de la route, le peloton
du chef Camus interdira un petit pont sur le Thouest et couvrira le dispositif à l'est, des patrouilles seront nécessaires à cet endroit,
car la rivière est herbeuse et de nombreuses maisons, ainsi que des bouquets d'arbres, cachent la vue. Enfin le P.C s'installe quelques
200 mètres en arrière, non loin du tournant de la route.
Alors, arrive en touriste un monsieur, qui se présente au capitaine. Il lui dit être le sous-préfet et lui recommande vivement de reculer
son dispositif à deux kilomètres en arrière, afin d'éviter un combat au porte même de la ville. Le capitaine lui répond qu'il comprend
bien ces raisons, mais qu'il doit avant tout obier aux ordres et qu'il restera ou il est. Après avoir vérifié ses papiers il lui indique
le P.C. du chef d'escadrons afin qu'il puisse lui exposer ses doléances. Le sous-préfet part et ne sera plus jamais revu.

Vers 15h45, un véhicule blindé se présente à l'entrée du pont, suivi d'un camion bourré d'allemands il sont accompagnés d'une voiture
portant un drapeau blanc. Trois coups de 47 retentissent en quelques secondes et vont au but, deux des voitures ennemis s'enflammes et
la fumée monte lentement vers le ciel. En même temps, les F.M, au centre, commencent à crépiter.
Vers 16 heures , l'ordre arrive de tenir le plus longtemps possible en ralentissant le plus possible l'ennemi et de ne se replier que
devant une menace d'encerclement.
Le chef d'escadron Amanrich vient voir le capitaine à son P.C. les fenêtres de Touhard commencent à remplir leurs rôle de meurtrières,
car des tirs ajustés d'armes individuelles sont appliquer sur le tournant, près du P.C qui est particulièrement visé. Le commandant
repart après quelques instants, sous les miaulements de balles.

Peu à peu le front s'allume de toute parts. Des rafales de mitrailleuses allemandes se font entendre sur la droite, nos mitrailleuses
et nos F.M.répondent. A 30 mètres du P.C., au tournant, la devanture d'un marchand de pièces auto sert de carton à ces messieurs d'en face.
Derrière le maison, des motocyclistes qui s'étaient camouflés avec leur engins et ne peuvent plus bouger et font des grimaces pour se
distraire. Un agent de transmission, à pied, qui sort du P.C a la jambe traversée, l'adjudant Got, sans souci des balles, le transporte
de l'autre côté de la route, dans un side-car. Les liaisons latérales avec le capitaine sont presque impossible, tout mouvement est
immédiatement sanctionné par l'ennemi. Nos armes répondent et de même arrosent tout ennemi qui apparaît, des side-cars allemands, arrivés
sur une petite place en haut de la ville sont durement accueillis. Ainsi, les minutes passent. Il pleut à verse, les pelotons ont reçu
l'ordre de tenir tant qu'ils pourraient, sans se laisser débordé, puis de se replier en prévenant le P.C. A droite du pont, le peloton du
maréchal des logis chef Camus, fortement accroché par des résistances frontales , voit soudain apparaître sur son flanc droit des éléments
ennemis qui ont franchi, un peut plus loin le Thouet à la nage. 8 hommes sont rapidement mis hors de combat. Le brigadier-chef David est
tué courageusement à son F.M,. Camus et son peloton se replient homme par homme, par bonds individuels ( il faut passer le pont sous le
feu de quatre mitrailleuses ennemies) jusqu'au point d'appui Albaut qui les recueille. Albaut à son tour contourné par la droite, ayant
rempli sa mission, donne l'ordre du départ.
Malheureusement, le maréchal des logis Scarppetta et 7 hommes, qui occupent un nid de résistance à l'intérieur d'une maison, près du pont,
ne pourront pas décrocher à temps, une vingtaine d'allemands occupent déjà le rez-de-chaussée, Scarppetta et ses hommes après une belle
résistance seront fait prisonniers.(ils s'échapperont quelques jours plus tard).

Le brigadier-chef Briat, du 5e escadron, est tué à son canon de 25, les autres servants sont mis hors de combat. Le canon détruit ne pourra
pas être reprit. Albaut, emmène huit blessés. Camus neuf. Il y a une dizaines de disparus un peu plus haut, le peloton Gaspard et le P.M.
subissent également des pertes, car c'est une grêle de balles qui leur tombe dessus. L'aspirant Cazenobe, chef du P.M, tombe blessé.
Il cri à Albaut au passage : « ne me laisse pas » il est emmené avec 15 autres blessés.

Pendant ce temps, au P.C on suit mal les événements pourtant si proches, car tout mouvement de communication est interdit. Les balles
sifflent dans les rues. Les agents de transmissions envoyés par les pelotons n'arrivent pas. Un avion allemand passe au ras des maisons.
Quelques minnens commencent à tomber. Le capitaine pense que les pelotons ont put se dérober et envoie un homme qui ne revient pas.
Il va lui même au P.A de Gaspard qu'il ne trouve plus. Enfin, deux chars arrivent envoyés de l'arrière arrivent par la grand-route et
sont les biens venus. Le capitaine monte dans un char et va jusqu'au pont s'assurer du replie de ses pelotons, les allemands ne tirent
plus et se cachent. Il est 18h30, le P.C, à son tour, décroche pendant que les deux chars tirent sans arrêt. Les side-cars cachaient
derrière le magasin de pièces auto démarrent par surprise. Le P.C s'égrène en colonne par un dans le fossé de la grand-route,
salué par des balles qui semblent venir de tous les côtés. Le maréchal des logis Lagneau bute sur des fils électriques tombés à terre
et manque de s'électrocuter, remis de sa frayeur il rit avec les autres. Les 1000 mètres les plus dangereux sont ainsi parcourus.
Enfin, les voitures sont retrouvée avec le reste de l'escadron, on se congratule. Les blessés sont entre de bonnes mains.
L'escadron est mis en réserve.

Deus heures après, le capitaine, le lieutenant Albaut, le lieutenant Gaspard et quelques invités mangent avec appétit l'omelette dans
le jardin d'une petite ferme. Ils contemplent les fleurs et trouvent la vie relativement belle, au moins pour quelques heures.

les mitrailleurs 22 juin 1940
LES MITRAILLEURS AUX « JUMEAUX »


Le 22juin 1940, le 5e escadron, sous les ordres du capitaine le Tellier, reçois l'ordre de s'installer en point d'appui aux jumeaux face
au nord. Le petit village des jumeaux est situé à 600 mètres au sud de la route de Mirebeau-Airvault et à environ 7 kilomètres de cette
dernière. Position délicate par le feu avec les éléments de gauche ni ceux de droite.
Le terrain plat, couvert de cultures déjà très hautes et les voies d'accès en bon état ; permettent l'infiltration facile de l'ennemi à
pied et des chars.

Le dispositif est à peine installé que le contact est pris avec des éléments cyclistes de reconnaissance ennemi, puis par une patrouille
de hurlants qui se trouvent dans l'obligation de rebrousser chemin. Quelques temps après, succèdent les A.M.D allemandes, suivis de chars
légers et moyens . le combat s'engage entre ces éléments et nos canons de 25 qui, fort heureusement, se trouvant protégés par un mur,
tirent par une brèche faite à cette effet. La 2e et 3e A.M.D, ainsi qu'un char léger, touchés, prennent feu à la satisfaction de tous.
A ce moment, intervient le tir de l'artillerie allemande, facilitant ainsi à ses éléments à pied la progression dans un terrain couvert
de cultures. Ces éléments se répandent partout, de plus en plus nombreux, et peu à peu encercle le village. Le combat devient de plus
en plus dur.
Le tir de l'artillerie ennemie a détruit notre observatoire, installé dans le clocher de l'église et déjà ont déplore la mort probable
du sous lieutenant Vernon, qui s'y trouvait. Des maisons sont touchés, des éclats de vitres gisent partout sur le sol.
Peu soutenu, devant compter sur ses propres éléments, la capitaine, afin de se dégager, décide une contre-attaque sur un point ou se
trouvent nos véhicules, pour les mettre en sûreté. Cette attaque est menée par le lieutenant Dosnon, qui réussit sur ce point le terrain.
Par la gauche, simplement gardé par un groupe de mitrailleuses, un char ennemi réussit à pénétrer dans le village même, balayant de son
feu tout ce qui bouge. Un de nos canon commandé par le brigadier-chef Deloris, trop avancé et obligé de se replier.
Il se met provisoirement en batterie dans une grange, afin de détruire le char sur son passage dans les différentes rues du village.
Idée ingénieuse, car quelques minutes après, l'engin est détruit à bout portant.

Pressé de toutes parts, le capitaine envoi un agent de liaison, le maréchal des logis Galusinaki, à gauche, ou les éléments amis sont
déjà partis. Par la même liaison, le capitaine expédie un conte rendue au P.C. du régiment, qui lui-même était déjà replier.
Le 10e escadron n'avait pas reçu l'ordre de repli.
Durant ce temps, le combat et de plus en plus dur, le village est presque entièrement encerclé, il ne reste qu'une seule voie libre,
mais les véhicules abrités dans un bois, légèrement en arrière, sont également menacés par des chars ayant contourné le village par
la droite.
La liaison du P.C.revenue, le capitaine donne l'ordre immédiat du décrochage, organisant la défense du repli au moyen des canons de
25 gardés chacun par un fusil-mitrailleur.
L'ennemi, voyant le mouvement, redouble de vigueur et oblige nos armes à fonctionner durant le parcours de la position aux voitures.
Embarquement pénible sous le feu de l'ennemi. Il ne manque plus que les équipes canons, toujours en action.
Finalement, elles réussissent à décrocher. Le dernier canon est chargé en batterie sur une tout terrain Laffyte disposé à cette effet.

L'ordre du départ est donné, la colonne, dans le meilleur ordre, démarre, mais trois A.M.D. ennemis surgissent par derrière et l'attaque.
Le brigadier-chef Deloris, chef de pièce canon, ne perd pas son sang froid et fait ouvrir le feu, malgré la marche de son véhicule et la
présence de l'agent de liaison Galusinaki qui de retour de liaison, se trouvait alors derrière les blindés allemands. Au bout de quelques
instants la 1e A.M.D touché prend feu. L'agent de liaison, malgré le feu des mitrailleuses l'ennemies, est dégagé, les deux autres engins
s'arrêtent et le danger est écarté au fur et à mesure que la distance augmente.

Résultat obtenu : du côté ennemi : 5 blindés ennemi détruits ; un grand nombres de soldats à pied hors de combat. Chez nous le sous
lieutenant Vernon, disparu dans le clocher avec un observateur, plus deux blessés légers.

L'attaque de la Heuniere, la mort glorieuse
Du capitaine De Vandiere De Vitrac


Après avoir combattu sans répit depuis le 10 mai, en Hollande, en Belgique, et dans le nord de la France, après Dunkerque et l'Angleterre,
le reste du 4e dragons, de retour en France, est de nouveau organisé sous l'énergique commandement du chef d'escadron Amanrich et lancé en
avant face à l'ennemi. Celui ci, le 10 juin, a franchi la Seine à Vernon et à Rouen. Il marche sur Paris.
En 24 heures, le 4e escadron est formé aux ordres du capitaine de Vandière de Vitrac. C'est un capitaine jeune, enthousiaste, qui n'est que
bonté pour ses hommes et que tout l'escadron adore. C'est aussi à ses heures un poète sensible, épris du beau et de la joie. Nul plus que lui
n'aimait la vie. Il a quitté sa femme, son jeune fils, un autre enfant lui est promis.
Le 4e escadron est formé, rapidement il est dirigé dans la vallée de l'Eure, au milieu des convois de réfugiés et arrive à Pacy, dont il
occupe les sorties nord et est. La ville est dans le plus grand désordre, des décombres commencent à s'amonceler, des voitures gisent
abandonnées sur la chaussée, des magasins sont éventrés.
La nuit, cependant, se passe dans le calme. Dès l'aurore, nos chars patrouillent à la recherche de renseignement. La luftwatfe n'est pas
moins active, elle sillonne le ciel à toutes altitude et cherche elle aussi. La matinée est mise à profit pour parfaire l'organisation
défensive de Pacy. A 15 heures, le capitaine de Vandière est joyeux, il profite d'un moment de répit pour se changer et faire sa toilette.
Vers 15h30, en même temps que des vagues de bombardiers ennemis brusquement apparues dans le ciel, survolent la région, un pli arrive au
P.C. de l'escadron. C'est un ordre d'attaque « En direction de Vernon, base de départ, les lisières nord du bois de Pacy, aile droite à
la grand-route Pacy-Vernon, sur la gauche, à 600 mètres à l'ouest. Liaison à l'est avec la 2e D.L.M. »
Le capitaine fait appeler ses officiers et donne ses ordres. Le lieutenant Onoff à droite et celui du sous lieutenant Falgas à gauche
constituerons l'échelon du feu. Le lieutenant Maurice suivra en deuxième échelon, derrière Onoff, et assurera la liaison avec la 2e D.L.M.
Le peloton Bourdon à la gauche du lieutenant Maurice.
Alors, commence la marche d'approche à pied pour gagner la base de départ. Les dragons, anciens motocyclistes, accablés de fatigue,
commençaient à s'assoupir dans Pacy. Quelques-uns avaient trouver des fraises qui leurs semblaient bonnes, sans un mot, les voilà de bouts
est prêt. Certains sifflent et chantonnent . en cours de route, ils croisent des fantassins qui se replient en désordre, ils ont la
coquetterie de ne pas y prendre garde. Dans la forêt le coucou chante, le jour et splendide et cet fin d'après-midi brûle. Seulement,
on commence à entendre les éclatements des 77 allemands dont le bruit se rapproche et qui deviennent de plus en plus obsédants.
Après 3 kilomètres de marche, on arrive à la base de départ, sur un layon, à 70 mètres en arrière des lisières nord de la forêt.
Le chef d'escadron Amanrich et le capitaine Baillet sont là. Les ordres sont précisés. L'attaque se fera en deux bons avec, comme objectif
final, la Heunière. Mais, déjà, les chars du lieutenant Ville sont partis prendre contact sur tout le front qui s'éveille dans un
crépitement d'armes automatiques. Les dragons entendent cela. Quelques rafales et des obus s'égarent dans le voisinage.
Le capitaine de Vandière sait, de plus, que la 2e D.L.M. n'est pas encore arrivée sur ses emplacements. Les dragons vident leur bidon et
essuient la sueur d'un soleil chaud, qui darde à travers le feuillage. Le capitaine de Vandière regarde sa montre : l'heure du sacrifice
est proche. Il parle à ses hommes qui lui répondent « on les aura ! »
17h35 les derniers chars (3 Somua et 2 chars démarrent le capitaine donne l'ordre d'attaque. En criant : HOURRAH! Les hommes s'élancent
d'un bond en avant dans la formation prévue.
Cependant, l'attaque débouche dans des conditions défavorables. A droite, le peloton Onoff ne peut sortir du bois, cloué par des résistances
ennemies. Les liaisons, dans la partie du bois à traverser, n'ont pu fonctionner.

Mais laissons la parole à l'adjudant-chef Chaiffre, commandant le peloton de commandement : « j'arrive aux lisières du bois avec le peloton
de commandement et je vois mon capitaine seul, à 30 mètres dans la plaine, défiant les balles, car elles tombent drues.
Je vois Fargas à 600 mètres sur ma gauche, à droite, personne. Onoff n'a pu déboucher. Le capitaine me donne l'ordre avec mes dix hommes
de remplacer ce peloton. Et alors commence la fameuse attaque. En avant, ! En avant ! crie le capitaine et, en tête, sans s'occuper
des balles qui sifflent, il poursuit sa marche en direction des boqueteaux, objectifs intermédiaires. Cela me rappelle les périodes
d'instructions, les hommes s'avancent et tirent debout comme les chasseurs. Le capitaine se trouve près de moi au moment ont nous
abordons les boqueteaux, en tête, il y pénètre. L'agent de liaison Loubiat, qui se trouve à nos côtés dit « nous n'en verrons pas un !
Ils ont fui. » A l'instant même, 7 allemands, cachés derrière le feuillage se lèvent et se rendent sans combattre.
La capitaine est heureux, il exulte et se frotte les mains.(c'était sa manière d'exprimer sa joie.) Il me tape avec amitié sur l'épaule.
Plus loin, aux lisières nord des boqueteaux, nous cueillons un 2e groupe de 7 prisonniers et prenons 2 mitrailleuses et 2 mortiers,
4 canons anti- chars. Le capitaine est déchaîné, un véritable lion, payant sans cesse de sa personne. Toujours en tête,
il entraîne l'escadron. »

Le sous-lieutenant Fargas écrira aussi : « je vois toujours le capitaine de Vandière qui marchait à côté de mon peloton, venir me trouver
et me crier : « Falgas, c'est magnifique, encore 80 prisonniers demain, je paye à boire à tout l'escadron. En avant ! il était d'un entrain,
d'un élan magnifique. »
Mais l'attaque arrive à une ferme situé à 500 mètres sud de la Heunière. C'est le première objectif. Là, de nouveaux prisonniers, des armes
anti-chars et de nouvelles mitrailleuses enlevées. Cependant la résistance se fait plus âpre. L'ennemi qui subit de lourdes pertes,
semble se raidir. Le brigadier-chef Voisin, gradé d'un courage exemplaire, tombe frappé mortellement à la tête des son groupe à qui
il essaye de frayer un passage. Falgas, tombe à son tour blessé.
Le flanc droit de l'escadron, avec Onoff et le peloton de commandement n'ont pu atteindre cet objectif. Pris de flanc^par les armes ennemies,
7 des leurs sont tombés, blessés, sur le terrain. Ainsi l'escadron est coupé en deux.
Qu'importe ? le capitaine de Vandière parle à ses hommes comme il sait le faire. Il montre les prisonniers et les armes prises et
dit « Demain je paierais le champagne à toute l'escadron, vous avez été magnifiques ! » il organise, comme il peut ses liaisons, parle
aux chars, fixe l'objectif final : « Adjudant-chef Bourdon : La Heunière ; maréchal des logis Muller : carrefour route Pacy-Vernon,
à 200 mètres à l'est, ou ce trouve un café ; lieutenant Maurice au centre. » Les dragons repartent, dépassent les chars qui font du
bon travail. L' adjudant-chef Chaiffre atteint les lisières est de la Heunière, le lieutenant Maurice les lisières sud. Alors,
le capitaine apprend qu'une violente résistance est faite à droite au groupe Muller, à proximité du café. Il venait de consoler
Fargas, « mon pauvre Fargas, vous êtes touché ! car il savait pas voir souffrir. Il n'hésite pas, il part seul pour aller plus vite.
Qu'est-ce que 150 mètres sous les balles ? puisqu'il y a quelqu'un en difficulté. Il atteint Muller, fait demander les chars,
décide une manœuvre de revers et, comme toujours, repart seul.
Pendant ce temps, le maréchal des logis-chef Muller se débat avec l »ennemi. Dans un fossé, il tombe sur deux corps d'officier
allemands ; il leur fait les sommations dans leur langue ; l'un d'eux se relève et dit « Tu es un traite. » Au même moment le
brigadier Curt accourt : « le capitaine est blessé. » Muller bondit à son secours. Il prend son capitaine dans les bras pour
le mettre à l'abri, pendant qu'il l'emporte, il entend : « Muller vengez-moi, je suis touché. » A travers ses larmes, il dépose
son capitaine et somme l'officier allemand de lui indiquer qui a tiré, ce dernier lui répond seulement « je ne regrette rien. »
Alors Muller prend résolument le commandement, il ordonne au maréchal des logis Filleau et à ses hommes de porter le blessé à
l'arrière et de le faire partir sur un char au poste de secours. Il donne ses ordres aux dragons dont la douleur ne connaît plus
d'obstacles. Un assaut furieux et le point d'appui ennemi est entre nos mains. De nombreux allemands et leurs officiers sortent du café.
L'ennemi, pourtant très supérieur en nombre, se replie en désordre sous le feu de nos armes automatiques. L'objectif est partout couronné
et la victoire est compléte. Le sacrifice du capitaine de Vandière n'a pas était vain. L'ennemi par vagues successives,
sur la crête de Vernon, ou l'on voit grouiller les motocyclistes, tentera maintes attaques au cours de la journée,
il sera à chaque fois repoussé. Cependant, le miracle ne peut toujours durer. Tard dans la nuit, les munitions épuisées,
toujours seul le 2e escadron devra se replier sur sa base de départ. Le lieutenant Maurice en à pris le commandement

Le capitaine de Vandière a été chargé sur un char qui retourne chercher des munitions à Pacy. En cours de route, ce char prend
le sous-lieutenant Fargas qui se traîne avec une balle dans la cuisse. Fargas se met à l'extérieur. On repart, les balles sifflent,
les branches qui camouflent le char prennent feu. On s'arrête une seconde. Fargas, par une fente de visée, s'écrit :
« alors, mon capitaine, ça va ! », il entend une voix faible ! « qui me parle , c'est Fargas ! ». alors, la voix si faible
et comme heureuse répond « ça va ». ce seront les dernières paroles du capitaine de Vandière de Vitrac, frappé à la tête
de son escadron qui l'aimait tant, frappé dans la plénitude de sa joie, lors que sa victoire était déjà sûre.
Car, lorsque le char s'arrêta à peu près à l'emplacement d'ou était partie l'attaque, IL ETAIT MORT

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Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

Napoléon
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BRH
 
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Sur la Somme !

Message par BRH » Lundi 10 Janvier 2011 11:18:50

Texte de Monsieur l’Abbé BOURGEOIS, lieutenant au 60ème R.I.,
paru dans le Bulletin paroissial de septembre 1941 :
« Le Rayon de Soleil de Belloy, La Chaussée, Breilly »,
édité par l'Abbé Paul DENTIN, curé de Picquigny et La Chaussée-Tirancourt.

28 septembre 1941

Chers Paroissiens,

Je suis très heureux de faire connaître les notes écrites par M. l’Abbé BOURGEOIS lieutenant au 60e RI – elles intéresseront beaucoup tous mes paroissiens, ceux de Breilly et aussi ceux de Belloy et de La Chaussée. Les soldats français qui se sont battus à Breilly les 5 et 6 juin 1940 méritent tous, les morts et les vivants, ce modeste témoignage de reconnaissance.

« Le 26 mai, venant d’Alsace, le 60e RI qui tenait avant la guerre garnison à Besançon, monte en ligne sur la Somme, immédiatement à l’Ouest d’Amiens. Il doit tenir coûte que coûte un front d’environ 10 kilomètres. Encore, le Colonel ne dispose-t-il que des 1ers et 3e Bataillons, le 2e lui étant enlevé pour être placé en réserve de Division.
Pendant huit jours, les unités organisent la position avec des moyens de fortune et repoussent plusieurs coups de mains ennemis. Dans les P.C. on cherche anxieusement à résoudre ce problème insoluble avec 1500 hommes, et personne derrière : interdire à l’ennemi 10 kilomètres d’un terrain boisé, coupé de ravins, favorable à l’offensive, car il comporte peu de grands champs de tir. On fait pour le mieux, mais sans illusions : si l’ennemi attaque en masse, on ne peut l’empêcher de passer ; il y a par endroits, 500 mètres entre les points d’appui, 500 mètres de bois, de taillis, de jardins, par où l’ennemi s’infiltrera comme il voudra. Cela ne fait pas grand-chose, deux bataillons sans soutien, étirés sur 10 kilomètres, pour une mission de résistance à outrance…
5 juin – 4 heures. Précédés et accompagnés d’un très violent bombardement d’artillerie et d’aviation, l’Infanterie allemande attaque en masse. Plusieurs régiments se jettent entre nos deux bataillons ; comme on le prévoyait, le dispositif est submergé ; pour le comble, à gauche du régiment une division Coloniale, attaquée au cours de relève, est disloquée et reflue ; le flanc gauche du 60e est complètement découvert. Les Allemands s’infiltrent entre les ponts d’appui et progressent. Nos sections, nos compagnies sont encerclées les unes après les autres et farouchement continuent à se battre, faisant front de tous les côtés. Le Capitaine MARGOT, Commandant de la 2e Cie, le Lieutenant MARTIN, le Sous-Lieutenant LANGRENAY, sont tués ; le Capitaine VOLGEMUTH, l’Adjudant-Major du 1er bataillon, est blessé, ainsi que le Lieutenant CHAUVIN et les Sous-Lieutenants MOUREY et MONNOT. Privés de leurs Officiers, les hommes tiennent et repoussent les assaillants.
6 heures. Le Commandant GUEYRAUD est mortellement touché à son P.C. du 1er bataillon ; son Officier Adjoint, le Lieutenant PANEt est très grièvement blessé.
7 heures. Le 1er bataillon est encerclé tout entier. Les Allemands ont progressé de 2 à 3 kilomètres ; ils viennent se heurter contre la Ferme des Romons tenue par l’Adjudant TARRIDE et quelques Éclaireurs Motos, et la Ferme Saint Christ, P.C. du 3e bataillon, défendue par la section de commandement et une section de mitrailleuses. Pendant toute la journée, l’ennemi va s’acharner sans succès contre ces deux points d’appui. Il est d’ailleurs gêné, sur ses arrières, par la résistance des éléments de 1e ligne qui continuent à combattre même après encerclement, dans les villages de Picquigny, Breilly, Ailly et dans les bois au sud de la Somme. Partout l’attaque revêt la même forme ; bombardements intenses, par canons et mines, bombardements et mitraillages par l’aviation adverse, complètement maîtresse du ciel, enfin, assauts d’infanteries. Magnifiquement, par masses compactes, les Allemands foncent en chantant, ils sont fauchés par le tir des F.M. et des mitrailleuses. Alors, sans un instant de répit, le cycle infernal recommence. Décimés, épuisés, nos gars s’accrochent au terrain. Et malgré tout, ça tient…
13 heures. La Ferme Saint-Christ est assaillie avec une violence exceptionnelle. Elle barre de ses feux le vallon qui conduit à Saisseval et l’ennemi veut passer coûte que coûte. Il parvient au prix de lourdes pertes à moins de 500 mètres des défenses de la Ferme ; le Commandant GAUCHERAND, du 3e bataillon et le Capitaine MATRON de la C.A.3, sont sérieusement blessés et évacués, le Capitaine de MALEZIEUX, Adjudant-Major est tué en servant lui-même un mortier de 60 m/m. Les Allemands tirent à balles incendiaires, la ferme prend feu ; dans les caves, des munitions sautent. Le Lieutenant CHARRIÈRE, Officier-Adjoint ; le Lieutenant BOUTEILLIER, de la C.R.A., le Lieutenant ROUSSEAU, de la C.A.3, prennent la direction de la défense ; l’ennemi est une fois de plus repoussé.
17 heures. La 9e Cie est à son tour complètement encerclée. Plus favorisée par le terrain, la 10e, Capitaine KERLEROUD, soutenue par la 11e, Capitaine Caton, réussit au prix d’efforts héroïques, à maintenir ses liaisons avec l’arrière tout en gardant ses positions en forêt d’Ailly. Le lieutenant de la Serre, de la 10e, s’offre volontairement comme cible aux armes automatiques de l’ennemi afin d’en permettre le repérage. Le Sous-Lieutenant BOUCHER de la C.A3 est blessé et refuse de se laisser évacuer, pour rester avec la Cie qu’il est chargé d’appuyer.
Le 2e bataillon est rendu au Colonel qui l’engage aussitôt. Entraîné par son chef, le Lieutenant MAQUET, la 5e Cie contre-attaque et reprend de haute lutte le village de Fourdrinoy. Appuyés par des chasseurs du G.R.D. 17 elle réussit à s’y maintenir. Mais elle perd le Lieutenant GUENOT grièvement blessé à la tête et au ventre, les Sous-Lieutenants COURTY et SAGAZA tués. Devant Fourdrinoy, les masses allemandes sont si denses qu’on tire dedans au canon de 25 m/m.
21 h30. Un bataillon allemand fraîchement débarqué, donne l’assaut à la ferme Saint-Christ qui brûle toujours, et où vient d’arriver en renfort une section de la 7e Cie avec les Lieutenants HENRIOT et BLONDEAU ; malgré quoi il n’y a pas en tout 90 défenseurs. Corps à corps sauvage de 20 minutes, au bout duquel les débris du bataillon allemand se replient. Dans le seul chemin de la maison blanche, les cadavres de l’ennemi se comptent par douzaines.
6 juin. Dès l’aube, l’attaque reprend. Il faut évacuer les Romons et Fourdrinoy, devenus intenables, Saint-Christ tient toujours et repousse de nouveaux assauts. A droite les 10e et 11e se maintiennent solidement aux lisières Nord de la forêt d’Ailly, mais il faut évacuer à la 10e, tous les chefs de section, le Lieutenant de la SERRE, les Sous-Lieutenants BERGEREY et PAROT, plus ou moins grièvement blessés, et le Sous-Lieutenant BOUCHER touché à nouveau.
Au prix de pertes effroyables, les Allemands, sans cesse renforcés avancent malgré tout. Le 2e bataillon s’accroche au rebord Sud du plateau de Fourdrinoy ; le Lieutenant GUÉDIN de la C.A 17 fait au fusil et à la mitrailleuse des ravages dans les rangs ennemis, et ramène sur son dos plusieurs de ses hommes blessés. La situation est critique. Le Capitaine de St BLANCA commandant le 3e bataillon, contre-attaque lui-même à la baïonnette avec une cinquantaine d’hommes. Il tombe foudroyé par une rafale, en pleine poitrine. A ses côtés, les Sous-Lieutenants GIRON et GUIPEY sont mortellement atteints. Le Lieutenant de VAUX, des Pionniers, est blessé.
9h. L’ennemi prend pied dans le hameau de Saissemont et atteint les lisières de Saisseval, dans ce village bombardé et incendié, le Colonel et son P.C. se défendent pied à pied. Depuis 30h les hommes n’ont rien mangé, pas dormi, ça tient quand même. Des mitrailleurs ont les mains brûlées à force de tirer, des gars faits prisonniers s’échappent et remettent ça. Si seulement on avait du renfort, ils ne passeraient pas, mais ils sont trop…
Midi. L’ennemi débordant largement sur la gauche, la division communique l’ordre de repli. Méthodiquement, au milieu des pires difficultés, les éléments qui ne sont pas encerclés décrochent. St Christ est évacué après 13h, la forêt d’Ailly après 14h. Au cours du repli, le Lieutenant HIVEN, officier des transmissions est tué. 36h de lutte ont coûté au régiment 13 officiers tués ou disparus, avec des dizaines de Sous-Officiers et des centaines d’hommes et les blessés sont plus nombreux. Les survivants commencent vers le Sud une retraite jalonnée de combats ; et 200 gars seulement exténués essaieront de passer la Loire, mais le 6 à midi l’ordre de repli n’est pas parvenu aux éléments encerclés. Sur les bords de la Somme, dans les bois d’Ailly et de Picquigny, des gars sans eau ni vivres ménagent leurs munitions pour tenir le plus longtemps possible. Le dernier carré succombera le 7 juin à 17h30 alors que les Allemands arrivent sur la Bresle. »
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

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