Comment Lorient est tombée...

Les Totalitarismes à l'assaut de l'Europe !

Comment Lorient est tombée...

Message par BRH » Dimanche 12 Juillet 2009 11:44:43

Ce fut loin d'être un combat héroïque. Témoignage de Philippe Morize :

"Les Allemands vont-ils arriver ? Nous aurions l’air malin. Les trois heures ont passé, lentes et monotones, sans aucun incident. Seul un agent de police est venu nous prévenir que Madame Coué ne rentrerait pas chez elle ce soir. Relevés de notre faction, nous n’avons rien d’autre de mieux à faire que de rentrer chez nous.

Mauvaise nuit. Plus de D.C.A. et cependant le ronronnement des avions se fait entendre ainsi que cinq ou six explosions : des bombes ont été lancées aux environs du port de pêche.

Mercredi, jeudi passent, nous apportant des nouvelles plus ou moins exactes. Les Allemands ont défilé dans Guingamp, ils sont à Pontivy, à Quimper … tout s’est bien passé. Mais on n’en voit pas un à Lorient. Qu’y a-t-il de vrai dans tout cela ? Nous finissons par croire que les gens voient mal.

Hélas ! c’était assez réel. La matinée du vendredi se passe encore dans l’ignorance de la vérité. Mais à 2 heures, j’apprends celle-ci.

L’Amiral de Penfentenyo a reçu l’ordre de défendre Lorient et de se battre jusqu’aux portes de l’arsenal. Cela est loin de faire l’affaire des civils qui lui envoient une délégation. L’Amiral renvoie tout le monde : il a pris une décision.

Le lendemain, il apprend qu’un bataillon de mitrailleuses sur auto a quitté Châteaulin pour Lorient. Une barricade est organisée aux « Cinq chemins de Guidel » sur la route de Quimperlé, à dix kilomètres de Lorient. On repêche deux mitrailleuses, quelques munitions. On groupe cent cinquante volontaires et on résistera comme on pourra.

Lorsque les Allemands se présentent, le feu est ouvert sur eux. Ils ripostent mais ils laisseront sur le terrain trois voitures, huit morts et plusieurs blessés. De notre côté, nous avons six tués dont trois officiers, neuf blessés dont le Général Mussat.

La résistance ne cesse que sur les instances de la population civile qui est menacée d’un bombardement. Ces civils n’ont rien dans le ventre ! Et, dans le milieu de l’après-midi du vendredi 21 juin 1940, les Allemands entrent dans Lorient, déclarée ville ouverte.

Je n’irai pas jusqu’à dire que ce fut une véritable joie dans la population, mais l’attitude de celle-ci fut des plus écœurantes. « Enfin, on va pouvoir dormir tranquille ! » entendait-on dire. Et c’était à qui se montrerait le plus aimable avec l’ennemi. Aucune dignité chez la plupart. Le Sous-préfet, lui-même, faisait les cent pas devant chez lui dans l’attente de la visite des autorités occupantes.

Le « Nouvelliste du Morbihan », paru le soir, nous apportait les prescriptions du Commandant allemand :

« Plus d’alcool dans les cafés (pauvres Lorientais ! vous n’aviez pas prévu ceci !), route et circulation interdite à partir de 22 heures, reddition des troupes ».

Le Commandant Lesage et moi, nous nous rendons immédiatement au quartier d’Artillerie Frébaut, le plus proche du bureau. Les troupes françaises y sont rassemblées, prêtes à partir au camp de Pont-Scorff où elles seront prisonnières. On ne nous y envoie pas, on nous retient au quartier où nous assistons à l’entrée du gros des Allemands. La discipline qui règne chez eux nous frappe : pas un homme ne descend de voiture avant d’en avoir reçu l’autorisation."

http://www.philippemorize.com/frontoffi ... asp?id=347

Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

Napoléon
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