Montoire, brouillard diplomatique ?

Les Totalitarismes à l'assaut de l'Europe !

Montoire, brouillard diplomatique ?

Message par Daniel Laurent » Vendredi 22 Mai 2009 09:29:26

Bonjour,
Montoire, brouillard diplomatique

En juin 1940, Hitler a écrasé la France et est proche du triomphe total. Il ne lui reste plus qu’à signer la paix avec le Royaume-Uni et il pourra se retourner tranquillement vers son objectif essentiel : L’Est, le Lebensraum.

Churchill clame qu’il continuera la guerre, mais sa position est fragile et Hitler le sait. Les pacifistes, les partisans de «l'appeasement» comme Halifax sont puissants et tentent de contrecarrer Churchill.

Toute la stratégie nazie entre juin 1940 et juin 1941, soit le début de Barbarossa, aura deux axes essentiels :

- Tenter de déstabiliser Churchill en faisant craindre le pire aux Britanniques et les amener à signer une paix de « compromis ».
- Cacher au monde entier que, en fait, il se prépare à agresser l’URSS.

L’Afrique jouera un rôle important dans ses manipulations. En faisant résonner quelques bruits de bottes vers le sud, Hitler fait craindre le pire à la Grande-Bretagne pour son Empire africain.

Au passage, cela peut aussi inciter les USA à temporiser, car la perte de la route méditerranéenne serait une catastrophe pour leur commerce extérieur.

C’est donc les grandes manœuvres, mais, en fait de troupes, Hitler paye de sa personne.

Suite à son voyage à Hendaye, ou il rencontre Franco le 23 septembre 1940, tout le monde s’attends à ce que le Reich s’engage en Afrique en commençant par Gibraltar que le Caudillo souhaite récupérer.

Il avait la veille rencontré Laval à Montoire puis le 24 y rencontre Pétain. Même craintes : Cette «Collaboration» annoncée par la presse, que va-t-elle donner en Afrique ? Vichy va-t-il obtenir d’Hitler l’aide nécessaire à la récupération de l’AEF, passée peu avant à la France Libre ? Le régime de Vichy sort à peine de Mers El Kebir et de Dakar, son bellicisme anti-anglais semble évident.

Puis le 28 octobre à Florence, c’est le tour de Mussolini dont les ambitions africaines sont connues.

Toutes ces rencontres sont longuement commentées dans les medias allemands. A Londres, c’est presque la panique et il faut toute l’énergie et la compétence politique de Churchill pour que son siège, qui vacille, ne tombe pas. A Washington, c’est l’inquiétude. A Moscou, Staline est très intéressé : Plus Hitler s’enfonce sur le front Ouest, moins il lorgnera de son coté.

Mais tout ceci n’est qu’une partie du rideau de fumée que le Führer tend devant le monde.

Car contrairement à ce que certains ont bien voulu tenter de nous faire croire, lors de ces rencontres, ce sont Franco, Pétain et Mussolini qui proposent à Hitler l’aventure africaine, et pas l’inverse.

Les avocats passés ou contemporains du Maréchal ont toujours prétendus que Pétain avait courageusement refusé les offres d’entrée en guerre que Hitler lui aurait fait et développé une « diplomatie secrète » en faveur des anglo-saxons.

C'est en fait exactement le contraire qui c'est passé :
Cette entrevue fut soigneusement préparée par Vichy qui a fait preuve juste avant de "bonne volonté" en s’alignant sur des positions de nature, selon eux, à séduire Hitler : Publication du Statut des Juifs, lancement d'une "Révolution Nationale" néo-fasciste, création de la Légion des combattants.

Et, à Montoire, c'est Pétain qui, comme Laval 48 heures avant, propose au Führer une discrète entrée en guerre de la France contre les Anglais via la reconquête militaire des colonies AEF récemment passées a la France Libre, reconquête qui ne manqueras pas de faire s'affronter le Flotte et la Royal Navy.

La preuve irréfutable figure dans les archives allemandes saisies par les Américains en 1945 : Le compte rendu de l'entretien figure en effet dans les archives secrètes de la Wilhelmstrasse, le Ministère des Affaires Etrangères du Reich. Un extrait :

M. Laval l'avait informé sur la conversation qu'il avait eue l'avant-veille avec le Führer. Il en avait conclu que le thème principal de l'entretien avait été la question de la collaboration entre les deux pays. Il regrettait qu'une telle collaboration n'ait pas été déjà mise en place dans les années précédant la présente guerre. Mais il était peut-être encore possible de rattraper le temps perdu. Les Anglais offraient pour cela la meilleure des occasions. Pour des alliés de la France, ils s'étaient depuis l'armistice particulièrement mal conduits envers elle. La France n'oublierait pas les événements d'Oran et l'agression de Dakar. Cette dernière action avait été menée, à l'instigation de l'Angleterre, par un mauvais Français, un général français qui avait renié sa patrie. La France actuelle ne tolérait plus des choses de ce genre et cet officier avait été aussitôt condamné à mort, à la confiscation de ses biens et au bannissement perpétuel. Voilà comment la justice avait suivi son cours contre lui.

Les Anglais pourtant continuaient leurs agressions contre la France, particulièrement contre son domaine colonial. A Dakar, la France avait tenu bon. Il [Pétain] avait envoyé dans les colonies d'Afrique un officier, avec la mission de ramener les renégats sous l'autorité française. Dans ce domaine, puisque le Führer avait fait l'honneur à la France de parler de collaboration, il y avait peut-être un terrain sur lequel elle pouvait être mise en pratique entre les deux pays. Sans vouloir entrer dans les détails, il pouvait assurer, quant à lui, que tout ce qui dépendait de lui serait fait pour assurer l'emprise de la France sur ces territoires coloniaux.
(Souligné par l’auteur)

Il convient de signaler aussi le compte rendu rédigé sous forme de "Note" par un délégué des Affaires étrangères du Reich, Hasso von Etzdorf, et destinée aux commandants en chef de l'armée allemande. Von Etzdorf n'a pas personnellement assisté aux entretiens de Montoire. Il a établi son rapport au moyen de notes prises pour le compte du maréchal von Brauchitsch et du général Halder. Les renseignements lui avaient été fournis par Paul Schmidt, l'interprète d’Hitler. Le rapport est daté du 28 octobre 1940. Un extrait :

Pétain : A déclaré qu'il ne lui était pas encore possible de préciser dès à présent les limites exactes de la collaboration de la France avec l'Allemagne. Il ne pouvait que se prononcer sur le principe d'une collaboration. Il voyait dans la collaboration une « fenêtre de la France ouverte sur ses colonies ».
Il fallait d'abord qu'il discute en conseil des ministres la nature de la collaboration, et il fallait ensuite discuter cette collaboration dans les détails. D'abord une collaboration économique renforcée engageant davantage l'industrie française des armements serait sans doute la chose la plus intéressante qui soit, même pour l'Allemagne. La mentalité française exigeait, dans l'intérêt d’une évolution durable de la collaboration, que l'on procédât lentement. Pour cette raison, Pétain ne croyait pas qu'il fût alors déjà possible de déclarer du côté français la guerre à l'Angleterre; autrement, le résultat très grand et positif qui devait certainement découler de la présente conversation serait très vite anéanti. Pétain a exprimé le désir de collaborer avec l'Allemagne en direction de Dakar pour maintenir et reconquérir l'Empire colonial français; lui Pétain, il ferait tout ce qu'il pourrait pour assurer à la France la conservation de ses territoires.
(Souligné par l’auteur)

Quant à Franco, même scenario, découvert par les Américains après la guerre mais pieusement camouflé au nom de la guerre froide, cependant accidentellement révélé le Département d’Etat et repris par le journal le Monde du 6 mars 1946 :

Les relations de Franco avec l’Axe
Washington, 4 mars. Le département d’Etat a publié une série de documents concernant les relations du général Franco avec l’Axe durant la guerre.

Il s’agit d’abord d’un mémorandum de l’ambassadeur d’Allemagne en Espagne, Sohrer, daté du 8 aout 1940, déclarant que : Le gouvernement espagnol se déclare prêt, sous certaines conditions, à abandonner sa position de non-belligérance et à entrer en guerre au coté de l’Allemagne et de l’Italie.

Le mémorandum ajoute : Le gouvernement espagnol pose comme conditions à son entrée en guerre :
1 – La réalisation de ses demandes territoriales : Gibraltar, Maroc Français, portion de l’Algérie colonisée et habitée par des Espagnols de façon prédominante (Il s’agit d’Oran) et agrandissement du territoire de Rio-de-Oro, ainsi que des colonies du golfe de Guinée
2 – Donner à l’Espagne l’assistance militaire et toute aide nécessaire pour faire la guerre.

Le deuxième document est une lettre de Franco à Mussolini, ou il rappelle son intention d’entrer en guerre au moment favorable, dans la mesure des moyens à sa disposition et le désir des Espagnols d’entrer en possession des territoires dont l’administration actuelle est la conséquence de la domination et de l’exploitation franco-anglaise.

Le troisième document est une lettre de Franco à Hitler, datée du 22 octobre 1940 (Veille de l’entrevue de Montoire) dans laquelle le Caudillo discute les conditions pour l’entrée en guerre de l’Espagne et conclut en adressant au Führer son adhésion inébranlable et complète.

Le quatrième document est constitué par des notes sur une conversation entre Hitler et Franco, le 23 octobre 1940, ou ce dernier affirme une fois de plus que l’Espagne s’est toujours sentie à tous les moments a l’unisson avec l’Axe ... et que, dans la guerre actuelle, elle lutterait avec joie aux cotes de l’Allemagne."

Mais l’Afrique, en fait, Hitler s’en fiche comme d’une guigne et il ne donnera aucune suite à ses propositions d’alliances vers le sud, sauf à envoyer un très maigre DAK quand Mussolini sera en difficulté en Lybie.

Cependant, tout le monde s’y est fait prendre, y compris d’ailleurs les généraux allemands qui rêvent de reconquérir les colonies du Kaiser perdues en 1918. Mais, la aussi, c’est tout bénéfice pour Hitler. Que la Wehrmacht se tienne prête à attaquer à tout moment ! Cela ne sera pas vers le sud, mais vers l’est, aucune importance.

Daniel Laurent

Sources :
François DELPLA, Montoire, Albin Michel, 1996
Dominique VENER, Histoire de la collaboration, Pygmalion, 2000
Louis-Dominique GIRARD, Montoire, Verdun diplomatique, André Bonne, 1948
Archives allemandes, ADAP, D XI 212, pages 326-322, compte-rendu de l’interprète Schmidt
Note de von Etzdorf citée par Louis NOGUERES, Président de la Haute Cour de Justice, Le Véritable Procès du Maréchal Pétain, Librairie Arthème Fayard, 1955 (p.634-637)
Le Monde, édition du 6 mars 1946
Cordialement
Daniel
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Re: Fallait-il continuer la guerre en Afrique du Nord ?

Message par Daniel Laurent » Vendredi 22 Mai 2009 09:31:47

Bonjour,
Mon precedent message est hors-sujet mais est essentiellement destine a montrer que Monsieur Bosibouvier, fidele a sa tradition, nous dis n'importe quoi sur ce sujet comme sur les autres...
Cordialement
Daniel
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Re: Fallait-il continuer la guerre en Afrique du Nord ?

Message par boisbouvier » Vendredi 22 Mai 2009 21:13:42

Suite à son voyage à Hendaye, ou il rencontre Franco le 23 septembre 1940, tout le monde s’attends à ce que le Reich s’engage en Afrique en commençant par Gibraltar que le Caudillo souhaite récupérer.

C'est le 23 octobre et non le 23 septembre 1940 qu'a lieu l'entrevue d'Hendaye entre Franco et Hitler. Premier point.
Si c'est Franco et Pétain qui voulaient entrer dans une alliance militaire avec Hitler et non l'inverse, quel besoin avait Hitler de faire un si long voyage ? Deuxième point.
Pourquoi Hitler fait-il ce voyage si ce n'est pour obtenir une alliance de Franco et de Pétain au moment où il voit que la conquête directe de l'Angleterre s'avère impossible ? Troisième point.
Pourquoi Churchill a-t-il accepté de rencontrer Rougier, envoyé par le Maréchal et signé avec lui un gentlemen agreement qui fut confirmé par lord Halifax peu après ? Quatrième point
Le moment où Franco est prêt à entrer dans une alliance militaire avec Hitler a bien existé en effet mais il se situe entre juin et août 40. Or, en octobre, la situation a changé: l'Angleterre a résisté à l'invasion et le cabinet de guerre dirigé par Winston Churchill s'est affermi. C'est en rentrant d'Hendaye que Hitler dit préférer se faire arracher cinq dents que de rencontrer à nouveau cet homme là (Franco). Cinquième point.
Il est exact qu'un projet de reconquête du Tchad a existé entre Laval et Abetz.
Or, le congédiement de Laval par Pétain le 13 décembre a mis fin au projet. Il était contraire aux stipulations du GA signé par Rougier et par Churchill. Sixième point.
Bref, c'est l'armistice qui a empêché Hitler de gagner la guerre.
Il le dit lui-même! et Göring aussi.
boisbouvier
 

Re: Fallait-il continuer la guerre en Afrique du Nord ?

Message par boisbouvier » Vendredi 22 Mai 2009 21:19:00

Certainement. Mais puisque vous parlez dépôts et logistique, je vous parle de l'armée des Alpes. Pour ce qui est des dépôts, il devait y avoir au moins six mois de consommation pour les munitions pour une dizaine de divisions. L'Armée des Alpes avait donc de quoi tenir largement un mois et même d'alimenter ses voisines.

Résister à l'escarpin italien, certainement , mais pas à la botte allemande.
Ces métaphores ne sont pas de mon cru: elles le sont de celui de De Gaulle.
boisbouvier
 

Re: Fallait-il continuer la guerre en Afrique du Nord ?

Message par Daniel Laurent » Samedi 23 Mai 2009 05:50:15

boisbouvier a écrit :C'est le 23 octobre et non le 23 septembre 1940 qu'a lieu l'entrevue d'Hendaye entre Franco et Hitler

Ah ! Mes coquilles ! (BRH est instamment prie de ne pas effacer le q, merci)
:lol:
Si c'est Franco et Pétain qui voulaient entrer dans une alliance militaire avec Hitler et non l'inverse, quel besoin avait Hitler de faire un si long voyage ?

On l'a deja dit 100 fois : Hitler se moque de l'Afrique et n'a nullement l'intention de s'y engager.

En juin 1940, Hitler a écrasé la France et est proche du triomphe total. Il ne lui reste plus qu’à signer la paix avec le Royaume-Uni et il pourra se retourner tranquillement vers son objectif essentiel : L’Est, le Lebensraum.

Churchill clame qu’il continuera la guerre, mais sa position est fragile et Hitler le sait. Les pacifistes, les partisans de «l'appeasement» comme Halifax sont puissants et tentent de contrecarrer Churchill.

Toute la stratégie nazie entre juin 1940 et juin 1941, soit le début de Barbarossa, aura deux axes essentiels :

- Tenter de déstabiliser Churchill en faisant craindre le pire aux Britanniques et les amener à signer une paix de « compromis ».
- Cacher au monde entier que, en fait, il se prépare à agresser l’URSS.

L’Afrique jouera un rôle important dans ses manipulations. En faisant résonner quelques bruits de bottes vers le sud, Hitler fait craindre le pire à la Grande-Bretagne pour son Empire africain.

Au passage, cela peut aussi inciter les USA à temporiser, car la perte de la route méditerranéenne serait une catastrophe pour leur commerce extérieur.

C’est donc les grandes manœuvres, mais, en fait de troupes, Hitler paye de sa personne
Cordialement
Daniel
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Re: Fallait-il continuer la guerre en Afrique du Nord ?

Message par boisbouvier » Samedi 23 Mai 2009 06:31:04

On l'a deja dit 100 fois : Hitler se moque de l'Afrique et n'a nullement l'intention de s'y engager.


Le voyage d'Hitler n'aurait été qu'une gesticulation ?
A cette date d'octobre 40, c'est probable en effet, puisque son but final est de conquérir l'est européen et que le refus de Churchill de négocier la paix risque de l'obliger à une guerre sur deux fronts. Mais cette gesticulation aurait pu aboutir à un résultat tangible: amener Franco dans l'alliance militaire déjà formée avec l'Italie et le Japon (signature du pacte tripartite en septembre 40) en l'incitant à une action commune contre Gibraltar.
Qui sait si le cabinet Churchill aurait résisté à ce revers supplémentaire ?
Grâce à Pétain, renseigné par le colonel Fonck, lui-même renseigné par son ami Osawa, l'ambassadeur du Japon à Paris, Franco fut averti dès septembre des intentions d'Hitler à ce sujet, et il a eu le temps de mijoter une attitude temporisatrice qui a duré de Hendaye- Montoire (octobre 40) à Montpellier (février 41) date à laquelle Franco refuse pratiquement d'entrer dans cette alliance militaire qu'il aurait sans doute acceptée en juillet-août 40.
A partir de là, tout se complique pour Hitler.
Mussolini, par ses défaites en Afrique et dans les Balkans, l'oblige à disperser ses forces
dans ces régions périphériques et à retarder l'attaque projetée contre l'URSS.
Il a déjà perdu la guerre: la guerre sur deux fronts aura bien lieu.
Que dis-je sur deux fronts ?
Sur trois, sur quatre...
Pétain et Franco, ensemble, ont bien sauvé la guerre.
Si Churchill le traite si bien dans ses Mémoires, c'est qu'il lui en est reconnaissant.
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Re: Fallait-il continuer la guerre en Afrique du Nord ?

Message par Daniel Laurent » Samedi 23 Mai 2009 06:51:48

Ah, bon, Franco ne voulait pas la guerre a Hendaye ?
Le Monde du 6 mars 1946 :
Les relations de Franco avec l’Axe
Washington, 4 mars. Le département d’Etat a publié une série de documents concernant les relations du général Franco avec l’Axe durant la guerre.

Il s’agit d’abord d’un mémorandum de l’ambassadeur d’Allemagne en Espagne, Sohrer, daté du 8 aout 1940, déclarant que : Le gouvernement espagnol se déclare prêt, sous certaines conditions, à abandonner sa position de non-belligérance et à entrer en guerre au coté de l’Allemagne et de l’Italie.

Le mémorandum ajoute : Le gouvernement espagnol pose comme conditions à son entrée en guerre :
1 – La réalisation de ses demandes territoriales : Gibraltar, Maroc Français, portion de l’Algérie colonisée et habitée par des Espagnols de façon prédominante (Il s’agit d’Oran) et agrandissement du territoire de Rio-de-Oro, ainsi que des colonies du golfe de Guinée
2 – Donner à l’Espagne l’assistance militaire et toute aide nécessaire pour faire la guerre.

Le deuxième document est une lettre de Franco à Mussolini, ou il rappelle son intention d’entrer en guerre au moment favorable, dans la mesure des moyens à sa disposition et le désir des Espagnols d’entrer en possession des territoires dont l’administration actuelle est la conséquence de la domination et de l’exploitation franco-anglaise.

Le troisième document est une lettre de Franco à Hitler, datée du 22 octobre 1940 (Veille de l’entrevue de Montoire) dans laquelle le Caudillo discute les conditions pour l’entrée en guerre de l’Espagne et conclut en adressant au Führer son adhésion inébranlable et complète.

Le quatrième document est constitué par des notes sur une conversation entre Hitler et Franco, le 23 octobre 1940, ou ce dernier affirme une fois de plus que l’Espagne s’est toujours sentie à tous les moments a l’unisson avec l’Axe ... et que, dans la guerre actuelle, elle lutterait avec joie aux cotes de l’Allemagne."
Cordialement
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Re: Fallait-il continuer la guerre en Afrique du Nord ?

Message par boisbouvier » Samedi 23 Mai 2009 09:30:24

Les deux premiers documents sont, sauf erreur, datés du mois d'août 40.
Or, à cette date, je conviens volontiers que Franco est disponible pour entrer dans une alliance militaire avec Hitler et Mussolini. Je l'ai dit, je crois. Pourquoi laisserait-il la Tunisie à ce dernier sans la contrepartie du Maroc et de l'Oranie pour lui-même ? Il a fait savoir le 16 juin qu'il était prêt à soutenir le Reich s'il était assuré d'obtenir ces territoires.
Mais Hendaye, c'est en octobre, c'est à dire après la bataille d'Angleterre qui, perdue par lui, lui interdit d'envahir cette petite ile. Ile elle est, ile elle reste. Mais c'est que ça change tout!
Franco qui n'est pas bête se dit : attendons la suite. L'ennui, c'est qu'il a pris des engagements vis à vis des deux compères qui, en outre, l'ont aidé à gagner la guerre civile. Il ne peut pas rompre brutalement et il va payer de mots pour lanterner, temporiser, jouer les Fabius cunctator.
Hendaye, c'est ça. Une réponse dilatoire qui ne va pas abuser Hitler. D'où son irritation contre lui et les cinq dents qu'il préfèrerait se faire arracher plutôt que de rencontrer à nouveau cet homme-là.
Les deux derniers documents fournis par D. Laurent sont comme certaines phrases de Laval à mettre sur le compte de cette temporisation évidemment nécessaire.
En politique tout le monde ment à un moment ou à un autre.
Demandez aux pieds noirs ce qu'ils pensent de De Gaulle.
C'est à nous, la piétaille, de ne pas être bête.
Mentir pour la bonne cause, même le catéchisme en reconnait le bien fondé!
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Re: Fallait-il continuer la guerre en Afrique du Nord ?

Message par boisbouvier » Samedi 23 Mai 2009 09:35:41

Mais Hendaye, c'est en octobre, c'est à dire après la bataille d'Angleterre qui, perdue par lui, lui interdit d'envahir cette petite ile. Ile elle est, ile elle reste. Mais c'est que ça change tout!


Erratum: dans "perdue par lui" il faut comprendre que le "lui" c'est Hitler, et non pas Franco, évidemment.
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Re: Fallait-il continuer la guerre en Afrique du Nord ?

Message par boisbouvier » Dimanche 24 Mai 2009 08:31:30

Je vois où vous voulez en venir... Eh bien, je vous souhaite bon courage, car vous n'êtes pas près d'arriver au bout.



Merci de me dire si j'y suis arrivé, au bout.
Mis au défi de prouver que Pétain avait sauvé la guerre, je crois être parvenu à faire taire mes contradicteurs: D. Laurent, F.Delpla, Chef Chaudard, duc de Raguse... et vous-même, BRH.
En signant l'armistice, Pétain a empêché Hitler de s'intéresser à la Méditerranée dès juillet 40, et il lui a fait commettre la faute de l'attaque directe de l'Angleterre à partir d'août. Premier point.
En avertissant Franco, en septembre 40, du projet hitlérien de l'attaque indirecte de l'Angleterre par l'investissement de Gibraltar, il lui a donné le temps de peaufiner sa stratégie de la réponse dilatoire qui fut la sienne à Hendaye. Deuxième point.
En le rencontrant à Montpellier en février 41, il l'a amené à répondre Hitler qu'il ne rentrerait dans une alliance militaire avec lui que quand il aurait pris Suez (autrement dit quand elle ne lui servirait plus de rien!). Troisième point.

Franco et Pétain avaient eu le temps de se connaitre puisque Pétain avait représenté la France à Madrid pendant un an.
Mais, surtout leur philosophie politique était la même.
Elle était influencée par l'Encyclique "Quadragesimo anno" de Pie XI, car tous deux étaient chrétiens, pratiquant dans le cas de Franco; et "de coeur" dans le cas de Pétain. (Salazar fut de même.)
Ni l'un ni l'autre n'étaient "fascistes", mais ils étaient aussi très anticommunistes et ils se défiaient de la faiblesse des démocraties parlementaires face aux deux brutes : Hitler et Staline. (Comme on les comprend!)
Le mouvement "Les non-conformistes des années Trente" avec Philippe Lamour, Emmanuel Mounier, Robert Aron, autour d'Esprit, de Plans, d'Ordre nouveau, alimenté par les ouvrages d'André Tardieu, président du Conseil entre 1929 et 1932, fut plus important en définitive que Maurras, dit F-G Dreyfus, grand connaisseur de la période qui précède la guerre.
Tout donne à penser qu'entre Pétain et Franco le courant passait bien.
Pétain eut recours à Salazar pour parler aux Anglais et celui-ci se fit un devoir de lui rendre ce service.
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Re: Fallait-il continuer la guerre en Afrique du Nord ?

Message par Daniel Laurent » Dimanche 24 Mai 2009 08:52:27

boisbouvier a écrit :
Je vois où vous voulez en venir... Eh bien, je vous souhaite bon courage, car vous n'êtes pas près d'arriver au bout.

Merci de me dire si j'y suis arrivé, au bout.
Mis au défi de prouver que Pétain avait sauvé la guerre, je crois être parvenu à faire taire mes contradicteurs: D. Laurent, F.Delpla, Chef Chaudard, duc de Raguse... et vous-même, BRH.

Vous ne les avez pas fait taire, vous les avez juste ecoeures, devant l'evidente mauvaise foi de vos "arguments".
Vos manipulations des faits n'ont convaincu personne, mais poussent de nombreux forumeurs a eviter de discuter avec vous car les evidences averees qui vous sont opposees vous glissent dessus comme le pluie sur les plumes d'un canard.
Merci de ne pas prendre vos desirs pour des realites !
Cordialement
Daniel
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Re: Fallait-il continuer la guerre en Afrique du Nord ?

Message par Daniel Laurent » Dimanche 24 Mai 2009 08:56:49

boisbouvier a écrit :En avertissant Franco, en septembre 40, du projet hitlérien de l'attaque indirecte de l'Angleterre par l'investissement de Gibraltar, il lui a donné le temps de peaufiner sa stratégie de la réponse dilatoire qui fut la sienne à Hendaye.

Pourriez-vous, au sujet de ce grossier mensonge, nous donner un petit bout de source ?
Juste pour voir...
:mrgreen:
Cordialement
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Re: Fallait-il continuer la guerre en Afrique du Nord ?

Message par boisbouvier » Dimanche 24 Mai 2009 12:25:20

Pourriez-vous, au sujet de ce grossier mensonge, nous donner un petit bout de source ?
Juste pour voir...
:mrgreen:



Bien sûr.
Lisez le livre du Vice-Amiral Fernet qui doit s'appeler "Aux côtés du Maréchal Pétain", souvenirs 1940-1944., paru chez Plon en 1953.
Il a vu de près tout ce qui s'est passé à Vichy en 1940-début 41.
Il dit en avant-propos:" pendant les huit premiers mois , jusqu'à la fin de février 41, j'ai eu le privilège de vivre dans l'intimité du Maréchal. Nommé alors secrétaire général du Conseil National, je ne le voyais plus que quelques heures par semaine"... etc.
boisbouvier
 

Re: Fallait-il continuer la guerre en Afrique du Nord ?

Message par Daniel Laurent » Dimanche 24 Mai 2009 13:00:23

Je parlais de source, de documents d'archives, de preuves, et pas de temoignages a posteriori d'ex-collaborateurs qui racontent ce qu'ils veulent quand ca les arrangent...
Cordialement
Daniel
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Re: Fallait-il continuer la guerre en Afrique du Nord ?

Message par boisbouvier » Dimanche 24 Mai 2009 16:59:23

et pas de temoignages a posteriori d'ex-collaborateurs qui racontent ce qu'ils veulent quand ca les arrangent...

_________________


Ne demandez-vous pas la lune ?
Vous en connaissez beaucoup des tribunaux qui n'ont pas recours à témoins ?
Et que dire des juges qui récusent les témoins lorsque ceux-ci contredisent leurs jugements a priori ?
Malheureusement, il y en a eu.
Apparemment, il en existe toujours !
boisbouvier
 

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