La tragique répétition du débarquement.

[Baron Percy]

Le 27 avril 1944, au large de Darthmouth sur la côte du Devon (GB), l'exercice Tiger tourna au fiasco et se solda par la mort de 639 soldats américains.
Pourquoi cette répétition générale du débarquement a-t-elle tourné au cauchemar ?
Il faut tout d'abord savoir que ces côtes aglaises du Devon avaient été choisies car elles présentaient des similitudes frappantes avec les côtes normandes d'Omaha beach et d'Utah beach retenues pour le débarquement.
Une forte concentration de troupes alliées eut donc lieu entre Porthmouth et Plymouth à la fin de l'année 1943.
Cela entraîna l'évacuation forcée des habitants de plusieurs villages proches de l'endroit choisi pour installer le camp d'entraînement des troupes.
Les exercices en mer s'effectuaient sur des péniches de débarquement dénommées LST.
Plus de mille furent construites en prévision du débarquement sur les côtes françaises.
Celles-ci mesuraient 100 m de long, pouvaient embarquer chacune 500 soldats, 50 jeeps et 10 blindés.
Mais très vite, on s'aperçut que la collaboration entre les troupes US et britanniques était désastreuse. Chaque état-major entendait travailler indépendamment sans tenir compte de l'autre.
Dans la nuit du 27 au 28 avril 1944, ces dissenssions tournèrent au drame lors de l'exercice dont le nom de code était "Tiger".
Une dizaine de LST avaient pris la mer à cette occasion et devaient simuler un débarquement sur les côtes du Devon.
Des erreurs majeures furent commises par les responsables de l'opération dont le chef suprême n'était autre que Dwight D. Eisenhower.
Au nombre de celles-ci :
- une sous-estimation du danger que représentaient les vedettes lance-torpilles allemandes basées à Cherbourg et qui patrouillaient régulièrement dans ce secteur.
- l'absence d'escorte de protection pour le convoi.
- les fréquences radio différentes sur lesquelles opéraient les émetteurs US et anglais.
Peu après minuit, le convoi fut repéré par des vedettes lance-torpilles qui profitèrent de leur vitesse de croisière pour déclencher une attaque éclair.
Deux péniches furent touchées de plein fouet : les LST 507 et 531.
L'impact des projectiles fut décuplé en raison de l'explosion des réservoirs de carburant des jeeps et des blindés. A bord, ce fut vite l'enfer.
En quelques minutes, les deux LST coulèrent.
Si la marine était entraînée à faire face aux situations d'urgence en pleine mer, ce n'était pas le cas pour l'armée de terre. Les GI's rescapés se jetèrent à l'eau, mais en raison d'une mauvaise manipulation de leurs gilets de sauvetage, la plupart se noyèrent.
Des centaines de cadavres se mirent à flotter sur les lieux de la tragédie.
Survenue à quelques semaines du jour J, celle-ci demeura secrète.
Des instructions provenant de l'état-major intimèrent aux survivants de ne rien révéler de ce qu'ils avaient vécu cette nuit-là.
Pire même, bien que traumatisés par le drame, ils furent affectés aux unités qui participèrent au débarquement du 6 juin.
Le plus surprenant dans cette affaire fut que les Allemands ne surent pas tirer parti des observations effectuées par leurs patrouilles lors de cette opération d'interception.
Jusqu'au bout, ils continuèrent à être persuadés que le débarquement allié aurait lieu dans le Pas-de-Calais...