Herschel Grynszpan est ce jeune Juif allemand de 17 ans, exilé en France et menacé d'expulsion, qui abattit au début du mois de novembre 1938 le troisième secrétaire de l'ambassade d'Allemagne à Paris, Ernst Von Rath, pour protester contre le sort fait à ses coreligionnaires dans le Troisième Reich.
Arrêté sur place sans opposer de résistance, Grynszpan fut emprisonné à Fresnes.
Sa détention préventive allait durer 19 mois, le gouvernement français repoussant sans cesse son procès par crainte de se mettre à mal avec l'Allemagne.
Le jeune homme désespéré ignorait quelles seraient les conséquences dramatiques de son geste.
Les Nazis tirèrent parti de cet assassinat pour diaboliser la communauté juive et cherchèrent à se venger en organisant les manifestations "spontanées" de la Nuit de Cristal qui aboutirent à l'incendie de 267 synagogues, à la destruction de 7000 magasins juifs, à la mort de 91 personnes et à l'incarcération de 35.000 autres.
Von Rath devint un martyr de la grande Allemagne et le chancelier lui fit faire des obsèques nationales.
Hitler avait également fait de Grynszpan son ennemi personnel et lors de l'invasion de la France en juin 1940, il exigea qu'il soit livré aux autorités d'occupation.
Ce fut chose faite peu après et il devint ainsi le premier Juif à être remis par l'Etat français aux Nazis.
Goebbels fut chargé de mettre sur pied son procès public au cours duquel il entendait dénoncer le complot de la juiverie internationale et lui imputer ainsi la responsabilité de la déclaration de la guerre.
Mais Grynszpan menaça de présenter Von Rath comme un homosexuel qu'il aurait abattu parce qu'il avait repoussé ses avances. Le procès politique devenait ainsi une simple affaire de moeurs.
C'était évidemment une image inadmissible pour un héros national germanique et le procès dut être reporté à une date ultérieure.
Mais entretemps, la situation internationale évolua au détriment de l'Allemagne et ce grand procès propagandiste auquel rêvaient Hitler et Goebbels n'eut jamais lieu.
Nul ne sait ce qu'il advint d'Herschel Grynszpan.
Son corps ne fut jamais retrouvé et il fut officiellement déclaré mort le 8 mai 1945, le jour de la signature de l'Armistice.