Le Vatican contre les nazis ?

Les Totalitarismes à l'assaut de l'Europe !

Le Vatican contre les nazis ?

Message par Sabredor » Mercredi 07 Février 2007 14:59:08

Relevé sur un autre site:

<<Si le nouveau pape (depuis mars 1939) ne parla guère, les dignitaires soumis à la férule pontificale parlèrent et agirent beaucoup. On sait au total encore peu de chose sur l’Europe occidentale parce que les développements d’après-guerre n’ont pas conduit les États à faire la clarté sur le rôle de l’Église. Au fil des découvertes des chercheurs, le bilan s’alourdit cependant et tend à contrebalancer par des découvertes accablantes l’intervention courageuse mais tardive de certains prélats en faveur des juifs déportés - telle l’initiative apparente de Saliège, le 23 août 1942, contre « les persécutions actuelles », en réalité concertée avec Gerlier après un entretien de ce dernier avec le grand rabbin de France (discours charitable et réticences antiallemandes qui valurent à Saliège comme au courageux de Solages une haine vaticane post bellum qui trancha avec la gloire des prélats collaborateurs jusqu’au bout : le dossier, en France et dans toute l’Europe centrale et orientale, constitue un critère comparatif sûr des options romaines). Il en ressort que, à l’Ouest de l’Europe, il y eut aussi, parfois même avant guerre, participation cléricale à la curée économique antisémite : après l’Anschluss, en juin ( ?) 1938, Eugen Haisler, secrétaire d’Innitzer, venu préparer en France « un comité catholique d’amitié franco-allemand », rencontra notamment Rossé, chef des autonomistes alsaciens financés par le Reich, « qui l’a chargé d’acquérir pour lui à Vienne une imprimerie juive à un prix avantageux ». On dispose désormais d’informations substantielles sur les chefs cléricaux français de la collaboration, de Suhard, successeur au printemps 1940 de Verdier, à Baudrillart en passant par Beaussart, évêque auxiliaire de Paris : entre autres, Suhard « montr[a] le plus grand esprit de conciliation » lors des perquisitions de la Gestapo du 26 juillet 1940 visant à « établir la collusion de feu le cardinal Verdier avec les juifs » et le « complot ourdi contre le Reich par des émigrés politiques et par l’archevêché de Paris » : « au siège même de l’archevêché de Paris, la Cinquième colonne avait ses indicateurs », comme le prouva la descente allemande qui permit de saisir l’exemplaire qui s’y trouvait du « compte rendu de[s] conversations » de Mgr Verdier et Benès - vraisemblablement sur les alliances franco- et tchéco-soviétiques - à l’occasion du congrès catholique de Prague (du 27 juin au 1er juillet 1935) : les nazis étaient si bien informés que leur police fit « ouvrir tel tiroir dans tel meuble, situé dans telle pièce, parce qu’ils savaient que ce tiroir contenait le dossier de la mission du cardinal Verdier et le compte rendu » en question.

L’information est beaucoup plus riche sur l’Europe orientale. Car les États confrontés à une furieuse opposition de la Curie (comme leur prédécesseurs dans l’entre-deux-guerres, et pour des raisons territoriales similaires, celles d’avoir saisi des terres estimées définitivement allemandes) sortirent massivement des rayonnages, au tournant des années quarante et cinquante dans le cadre de grands procès, les archives d’État ou ecclésiastiques (saisies après réquisition). Selon les diplomates français, et ce en pleine guerre froide, où ils taxaient volontiers de « propagande » toute initiative des gouvernants communistes de l’Est, il s’agit de documents originaux, non tronqués et fiables. Ils orientent sur des pistes accablantes pour l’Église catholique la remarque de Saul Friedlander sur « la liberté d’action laissée aux évêques » qui aboutit à des attitudes confessionnelles très différentes envers l’extermination des juifs : tandis que le patriarche orthodoxe de Constantinople ordonnait à ses évêques de tout faire pour sauver les juifs, rien de semblable ne vint de Rome .

L’Église assuma dans la Russie occupée des responsabilités identiques à ce qu’elles furent dans la Croatie de Pavelic ou la Slovaquie de Tiso, sans que le Vatican pût invoquer son ignorance des faits : agence de renseignements la plus remarquable du globe (une des puissantes motivations de l’intérêt américain, depuis la fin de la Ière Guerre mondiale, pour une active présence à Rome), le Vatican fut, pape en tête, informé dans ses plus menus détails des événements de la guerre. Falconi a naguère montré que dès septembre 1939, Pie XII n’ignorait rien des méthodes de guerre allemandes, et les archives françaises corroborent ses sources polonaises et yougoslaves On ne peut distinguer de leurs tuteurs cléricaux, clercs ou laïcs, les organisations terroristes, « l’armée catholique d’Ukraine » issue de l’« Organisation des Ukrainiens nationalistes » (OUN) du nazi ukrainien Stefan Bandera. Au terrorisme de l’avant-guerre sous la houlette du Reich succéda celui de la guerre pour cette « police supplétive » des occupants massacrant combattants de l’Armée rouge, juifs et partisans : avec un enthousiasme qui faisait parfois défaut aux Allemands soucieux de liquidation « rationnelle » et organisée, Raul Hilberg l’a remarqué à propos de tous les supplétifs des nazis, des Ukrainiens aux Slovaques, des Croates aux Baltes, des Roumains aux Hongrois, et pas seulement des « Allemands ethniques » trouvés sur place ; il a également relevé le veto contre tout secours aux juifs pourchassés par les Einsatzgruppen signifié à leurs curés par les évêques, tel le Lithuanien Brizgys. C’est dans les rangs de la police balte, biélorusse et ukrainienne que furent recrutés les éléments de la division SS Galicia formée en 1942-1943 (avec 20 000 Ukrainiens sélectionnés sur un nombre double de volontaires). Les bourreaux furent escortés de leurs clercs, ainsi après le massacre de 6 000 juifs « qui a duré trois jours et trois nuits », dont fut témoin le jeune Simon Wiesenthal : perpétré à l’été 1941 par l’OUN pour « célébrer [son] retour à Lvov » (siège de Mgr Szepticky), il fut interrompu à la sonnerie des cloches de l’église, « une voix ukrainienne hurl[ant] : "Suffit pour ce soir ! C’est l’heure de la messe !" ». Exemple banal de la caution apportée par le clergé, du bas en haut de la hiérarchie, aux croisés catholiques contre Russes et juifs. Car, en dépit d’une légende de réticences, d’ailleurs postérieures à Stalingrad, de l’Église à l’égard des atrocités allemandes ou assimilées, les prélats contrôlèrent étroitement cette alliance entre laïcs et clercs, tel le vieil évêque uniate de Lemberg (Lvov), Mgr Szepticky, véritable symbole de la poussée germanique en terre slave : son combat antirusse (et antipolonais) au service de l’Autriche (avant 1914) puis du Reich (depuis 1917) fut relancé par la Guerre depuis juin 1941 ; sa croisade et les oeuvres de ses subordonnés ne distinguèrent de fait jamais l’impératif de « vaincre une fois pour toutes la communisme athée et militant » et celui de se débarrasser des juifs du lieu. Comme ses pairs, il bénit la division SS Galicia, « guidée par ses aumôniers uniates » à l’assaut des « bolcheviques impies » .

Ce qui vaut pour la Russie vaut pour toute l’Europe centrale et orientale, où la hiérarchie non seulement ne protégea pas les victimes mais interdit leur protection. On ne voit pas par quel miracle les prélats antisémites patentés de Pologne, Hongrie, Slovaquie, Roumanie, qui avaient, dans les pays pogromistes dotés d’une sévère législation antijuive avant-guerre, activement participé à l’élaboration et à l’adoption de ces lois (et qui montrèrent en 1945 leur inclination à recommencer), auraient soudain pris en pitié les pourchassés. « Il est particulièrement significatif de noter que les Lithuaniens non-juifs sont chargés d’aller chercher les candidats » à l’extermination, observa Taylor dans son mémoire du 26 septembre 1942 pour le secrétaire d’État Maglione, « dans le Ghetto de la mort de Varsovie (...) C’est une tragédie que la population polonaise soit montée par les Allemands contre les juifs et que les relations entre les Polonais et les juifs aient été aggravées au dernier degré. C’est particulièrement vrai à Lemberg » - fief de Szepticky. Raul Hilberg a, pays par pays, dressé le tableau impitoyable d’une attitude en parfaite continuité avec un long passé ; or, les circulaires des évêques aux curés, comme celle citée plus haut en Lithuanie, et toutes autres démarches impliquaient l’aval d’un nonce.

On sait l’éminente contribution de la Slovaquie de Mgr Tiso, ancien archevêque de Bratislava, classée par Hilberg parmi « les satellites par excellence », aux déportations juives. Les archives d’alors exhumées après-guerre prouvèrent que l’« attitude [des évêques] à l’égard du massacre des Juifs de Slovaquie a[vait] été pour le moins suspecte » et qu’ils ne s’étaient pas montrés « fort désintéressés des biens de ce monde ». Litote du consul de France à Bratislava, lors du procès « pour haute trahison » de janvier 1951 de trois évêques slovaques, champions du parti Hlinka puis de Tiso (Mgrs Vojtassak, de Spis, Buzalka, auxiliaire de Bratislava, et Godjic, uniate de Presov), pour présenter leurs aveux authentifiés par les archives de l’État slovaque : ainsi Vojtassak avait-il approuvé, entre autres décisions de Tiso, la déportation des juifs (sténographie de la séance du 3 février 1943), et participé au pillage des biens juifs, « notamment à Baldovce et à Betlanova », arrondissant son patrimoine dont il tirait un revenu annuel de 3 à 4 millions de couronnes.

La catholique Hongrie, rangée parmi « les satellites opportunistes », se montra également fidèle à ses traditions pogromistes : même en 1944, alors que tous ses dirigeants, clercs inclus, s’efforçaient pour échapper au sort des satellites de se disculper aux yeux des Anglo-Saxons, le primat Seredi ne put, dans sa lettre pastorale du 29 juin, censurer la violence de son antisémitisme sous l’apparent regret de son impuissance totale à empêcher quoique ce fût. Son successeur, nommé en 1944, l’ancien évêque de Veszprem, Mindszenty, de son vrai nom Joseph Pehm, Allemand « d’origine souabe », n’eut rien à lui envier : obscur jusqu’à sa gloire d’après-guerre (et deux volumes des archives Hongrie 1944... ont disparu du Quai d’Orsay), il suggéra son passé par l’audace de ses déclarations antisémites, notamment en 1948 devant Bertha Gaster, correspondante à Vienne du News chronicle : cette fille du rabbin de Whitechapel (ce qu’il ignorait) lui fit une certaine publicité.

En Croatie, la « purification ethnique » frappa les Serbes orthodoxes autant que les juifs : les persécutions sont connues depuis longtemps, grâce aux recherches de Falconi dans les fonds d’État yougoslaves, parfaitement fiables, bien que Rhodes reproche à cet auteur catholique d’avoir « invalidé certaines de [ses] conclusions anticatholiques » par sa non-maîtrise du serbo-croate et par son recours aux « documents officiels communistes » habilement sélectionnés . L’argument paraît aussi sérieux que celui qui interdirait aux juifs de s’intéresser à la Shoah, et Belgrade n’eut pas besoin de « sélectionner ». Le dossier catholico-croate est d’une noirceur telle qu’elle résista chez les diplomates français aux tentations révisionnistes de guerre froide. Ce n’est pas Tito qui inventa les chiffres énormes des massacres de Serbes et de juifs par « l’État libre de Croatie » de Pavelic, mais les fonds de guerre qui établirent ces évaluations : à la fin de l’été 1942, un peu plus d’un an après l’invasion de la Yougoslavie, le diplomate américain Biddle, ministre auprès du gouvernement yougoslave en exil, y évalua les seuls « atroces massacres de Serbes » aux chiffre « confirmé » de « 600 000 hommes, femmes et enfants », massacres qui se poursuivaient alors avec frénésie » et s’accompagnaient de « la destruction de tout ce qui était serbe en Bosnie ». La question ne se pose plus, après les travaux de Falconi et d’Aarons et Loftus, de savoir si Rome ignora les oeuvres de l’État de Pavelic et l’éminente contribution qu’y apporta un « clergé (...) dans l’ensemble composé de fanatiques ou d’hommes pétrifiés par la peur », du bas en haut de la hiérarchie. Le Vatican, Pie XII au premier chef, soutint jusqu’à sa chute le régime oustachi. Il couvrit les crimes des clercs, de la participation personnelle ou de l’adhésion aux massacres (en camps de concentration et tous autres lieux, dont les bâtiments religieux orthodoxes) aux pillages de biens juifs et orthodoxes, avérés par des documents écrits pour Saric (évêque de Sarajevo, l’un des chefs de longue date du camp antiserbe) et Rozman (évêque de Ljubljana). Il n’en ignora rien, comme plusieurs chefs de la Curie. Le Lorrain Tisserant, secrétaire de l’Orientale directement concerné par le dossier, s’en prit devant le délégué de Pavelic au Vatican Rusinovic à la barbarie des Croates notoire depuis « la Guerre de Trente Ans », où ils avaient ravagé sa région natale. Tardini vit dans leurs exactions (sans les désigner clairement) des « erreurs » de jeunesse. Pie XII préféra parler des risques d’échec de la « croisade militaire en commun contre le bolchevisme ».

La « résistance » de Stepinac - candidat pro-allemand qui avait en 1937 succédé à l’Allemand Bauer à Zagreb et aujourd’hui promis à la canonisation - relève de la légende. S. Alexander, dans ses deux livres apologétiques, ne trouve dans sa seule source originale, Katolicki List, journal de l’archevêché, que des signes d’adhésion au régime : tous les documents contradictoires sont de seconde main. Les fonds français, double du livre de Falconi, y ajoutent des précisions. Les archives oustachas ayant été symboliquement regroupées dans le palais archiépiscopal de Zagreb, les titistes les y découvrirent en 1945 : s’y trouvaient, entre autres, mainte photo de Stepinac faisant le salut oustachi (bras levé) auprès des hauts fonctionnaires ; et des textes, telle sa circulaire aux évêques publiée dans son journal le 29 avril 1941, glorifiant « l’État croate ressuscité » et « le chef de l’État croate », et ordonnant un « Te Deum solennel dans toutes les églises paroissiales ». Mais « il n’existe de lui aucun document protestant contre les crimes commis en Croatie par les Oustachis et les Allemands ». Les horreurs accumulées par « l’occupant et (...) les Oustachis [, avec lesquels] beaucoup de (...) chefs [musulmans] ont collaboré », encore découvertes en 1945, confirment la fusion de l’Église et de l’État sous Pavelic. Pullulaient les monastères-arsenaux, comme celui de Siroki Brijeg (en Herzégovine) où des franciscains criminels de guerre furent arrêtés en 1945. Le trésor oustachi, trouvé début 1946 dans le couvent du Kaptol des franciscains de Zagreb, contenait bijoux, or, dents en or scellées à des mâchoires entières, bagues sur des doigts coupés, etc., provenant du pillage d’orthodoxes et de juifs assassinés en masse ; un PV d’emballage rédigé pour chaque caisse prouvait la présence de fonctionnaires oustachis à chaque opération. Ce ne furent pas seulement « certains prêtres exaltés qui sont allés, par haine et par peur du communisme, jusqu’à prêter main-forte aux oustachis et à la Wehrmacht (...) durant l’occupation », mais l’ensemble d’un corps dominé par les franciscains : l’Église yougoslave s’était « compromise à tel point qu’il serait possible de dresser contre elle un réquisitoire en n’invoquant que des témoignages religieux ». Guy Radenac, consul à Zagreb, en entendait encore de nouveaux plus de deux ans après la guerre, significatifs de ce que Falconi a appelé « hideux mélange de boucheries et de fêtes » : sur les massacres d’orthodoxes, tel celui de Glina en (mai) 1941, confirmé par le récit du père Thomas, trappiste français réfugié pendant la guerre à Banja-Luka : 2 000 morts dans la nuit, hommes, femmes et enfants, tués et pillés ; sur les festivités avec l’occupant, les « grands dîners en l’honneur des officiers allemands » organisés par un couvent où l’on servait « des gâteaux (sic) (sic dans le texte) ornés de croix gammées », décrits par le père Loewenbrück, bénédictin français de Pleterje (selon lequel « seuls, parmi les ordres non cloîtrés, les dominicains furent irréprochables » mais furent tous tués sous une bombe britannique à la fin de la guerre). Parce qu’il est impossible de dissocier le martyre des Serbes orthodoxes de celui des juifs yougoslaves, évoquons la « conversion forcée » des orthodoxes, intelligentsia strictement exclue dans la mesure où elle était considérée comme irrécupérable : ce retour à « l’Inquisition espagnole » obligeait les victimes quand elles n’avaient pas été massacrées d’emblée à « choisir » entre l’adhésion au catholicisme et la mort. Le décret oustachi du 3 mai (complété par mainte autre mesure) qui en fixait les règles ne fut pas seulement un ordre oustachi, mais aussi un texte vatican contresigné par Tisserant. Belgrade attendit 1952 pour le révéler dans un Livre Blanc sur les relations Vatican-« État indépendant de Croatie » puisé à la fois au « journal personnel » de Stepinac et aux archives oustachies : il disculpait le secrétaire français de l’Orientale, seul prélat « romain » hostile à l’« acte de conversion, qui ne l’avait signé que « contre son gré », en reproduisant les procès-verbaux de ses entretiens orageux avec Rusinovic (sources de Falconi). Les Français, alarmés de l’énormité de ces révélations, consultèrent Tisserant : tout en invoquant « le rôle modérateur » de Stepinac, il confirma tout, ajoutant « que la secrétairerie d’État avait été "assez molle" » .

...à la Curie

On connaît depuis les années soixante les silences de Pie XII sur « l’anti-christianisme du régime hitlérien, les persécutions, les déportations, les abominables méthodes de guerre et d’occupation » allemandes (de Blesson). Le dossier a été définitivement traité par Saul Friedlander sur la base de documents allemands et des volumes III et II des FRUS de 1942 et de 1943 (que complètent les fonds français). Il en ressort que la Curie fut informée au plus menu détail par des sources juives, américaines (l’Américain Myron Taylor, « représentant personnel » de Roosevelt « auprès du pape Pie XII », lui fournit un état précis des exterminations en Pologne le 26 septembre 1942) et allemandes ; qu’elle ne les dénonça pas, même quand, de juillet à octobre 1942, « les États-Unis et d’autres gouvernements », dont celui de Grande-Bretagne, unirent leur « efforts (...) pour obtenir du pape une protestation publique contre les atrocités nazies dans les territoires occupés par l’Allemagne ». Les divers motifs invoqués anticipent à la fois sur la négation des crimes et sur la thèse de l’innocence allemande :

« le pape dans ses discours a déjà condamné les offenses contre la moralité en temps de guerre et qu’être précis actuellement ne servirait qu’à aggraver les choses » ;

« le peuple allemand, dans l’amertume de sa défaite, lui reprochera plus tard d’avoir contribué, ne serait-ce qu’indirectement, à cette défaite (...) c’est précisément une telle accusation qui a été portée contre le Saint-Siège par les Allemands après la dernière guerre, en raison de certains phrases prononcées et de certaines attitudes adoptées par Benoît XV [pendant] les hostilités » (Montini à Tittmann) ;

« des rapports sur les mesures sévères (severe measures) prises contre des non-aryens étaient également parvenus au Saint-Siège d’autres sources mais que jusqu’à présent il n’avait pas été possible d’en vérifier l’exactitude » (Maglione, le 16 octobre 1942, trois semaines après le rapport Taylor sur la Pologne) ;

« le Saint-Siège ne pouvait dénoncer des atrocités particulières (specific), mais (...) avait souvent condamné les atrocités en général » et « ne pouvait pas vérifier les rapports des Alliés concernant le nombre de juifs exterminés, et caetera » (Maglione, le 26 décembre, après la condamnation solennelle, le 17, par les nations unies de « cette politique bestiale d’extermination accomplie de sang-froid »).

Pie XII usa d’un double argument le 30 décembre 1942, peu après le message de Noël qu’il présenta à Tittmann, « chargé d’affaires des États-Unis », comme répondant aux souhaits de tous ceux qui le pressaient d’« exprimer une parole (some word) de condamnation des atrocités nazies ». Ce long texte insignifiant, divisé en « cinq points fondamentaux de la pacification et de la Société humaine », comportait, au cinquième, une allusion « à des centaines de milliers de personnes qui, sans aucune faute de leur part, par le seul fait de leur nationalité ou de leur origine ethnique, ont été vouées à la mort ou à une progressive extinction » : quatre lignes et 3 mots sur 13 pages de traduction française, que personne ne remarqua, pas même Berlin :

il invoqua « une certaine exagération pour des buts de propagande » dans « les rapports des Alliés sur les atrocités » ;

« il expliqua que lorsqu’il parlait des atrocités il ne pouvait nommer les nazis sans mentionner en même temps les bolcheviks ce qui (...) pourrait ne pas vraiment plaire aux Alliés » .

Pas toujours muets, Pie XII et L’Osservatore « flétrirent les bombardements de Rome » avec passion jusqu’à l’été 1944 (après avoir tenté de les éviter depuis 1940), et ceux, depuis 1942, lancés contre les villes du Reich. Ces cris furent d’autant plus remarqués que le pape était resté coi sur les déportations de masse des juifs, comme celles qui eurent lieu « sous [s]es fenêtres », dans Rome occupée par les Allemands, depuis la mi-octobre 1943. Il avait confié à Hudal la tâche de discuter avec le général Stahel, commandant général de Rome, cette « question délicate [et] désagréable pour les relations germano-vaticanes », mais qui fut « liquidée », selon von Weiszäcker - nouvel ambassadeur du Reich venu depuis le début juillet 1943 préparer avec la Curie et les Anglo-Saxons le meilleur avenir allemand possible -, en moins de deux semaines : cette mission à elle seule constituait un aveu, compte tenu de l’antisémitisme du nazi autrichien Hudal et de son contact à Rome avec Walter Rauff, « chef des services de renseignements SS », « responsable du programme des chambres à gaz mobiles » de 1941 à l’Est (envoyé au printemps 1943 à Rome pour six mois par Martin Bormann, Rauff fut affecté en septembre « dans une unité SS opérant dans la région Gênes-Milan-Turin » dans le même but). On n’entendit pas davantage Pie XII sur les déportations de 1944, notamment celles des juifs hongrois, massives depuis mai .

Sauvetage-recyclage des bourreaux

Dès ce moment et dans la perspective d’un « renversement des alliances » qui s’avéra impossible du point de vue militaire général mais progressa à marches forcées sur le plan politique, Washington et le Vatican avaient commencé le sauvetage-recyclage des bourreaux : le premier, notamment via Taylor et le symbole ecclésiastique du « pactole » américain à Rome depuis 1925, Mgr Spellman, finança en large part cette opération de masse, réalisée pour l’essentiel grâce au maillage ecclésiastique du continent, qui achève de donner sens aux « silences » pacelliens .

De la guerre...

Walter Rauff, chef de « la section anticommuniste », fut pendant les négociations de reddition » séparée de l’Armée allemande d’Italie révélées en mars-avril 1945 « le principal interlocuteur » d’Alan Dulles, l’un des deux frères (avec Foster) de la célèbre firme d’avocats d’affaires Dulles, Sullivan and Cromwell, liés à la banque Schroeder, étai d’Hitler, et acteurs depuis 1919 de la liquidation douce de Versailles. Les tractations échouèrent en apparence - la capitulation en Italie ne précéda que de peu (le 2 mai) la générale -, mais sauvèrent « les officiers nazis qui y avaient été mêlés », tel Karl Wolff, « chef de l’état-major personnel de Himmler » et d’un « groupe d’intervention SS » en URSS, « personnellement compromis dans les meurtres de 300 000 personnes », condamné en 1949 à quatre ans d’emprisonnement, dont il ne fit « qu’une semaine ». Ces pourparlers avaient eu pour médiateur le Vatican, où entre 1943 et 1944 Rauff et Hudal créèrent le « réseau d’évasion » des criminels de guerre couvert par les Anglo-Américains (et les Français), opérationnel bien avant mai 1945 .

Ce que nous savons des rapports entre Hudal et Pie XII infirme la thèse des historiens officiels de la Curie, tel le P. Graham, selon lequel « "Mgr Hudal n’a joué aucun rôle" au sein de la Commission pontificale d’assistance » ; et oriente vers celle de Ladislas Farago, qui affirme que le pape hissa Hudal « au niveau le plus haut de la hiérarchie du Saint-Siège » et en fit le principal adjoint de Montini (futur Paul VI) dans l’« opération d’exfiltration des nazis ». Hudal apparaît dans les recherches des dernières décennies comme le pivot, avec Mgrs Montini, Riberi et Siri, archevêque de Gênes, du dispositif mis en place à Rome et dans toute l’Europe occupée, financé par des trésors nazis et assimilés, « blanchis » et enflés par le marché noir et les fonds alliés. Le 23 août 1944, sous couvert d’« action caritative en faveur des prisonniers de guerre », le Saint-Siège sollicita des autorités alliées l’envoi d’un « représentant » flanqué d’un secrétaire, pour apporter « aux prisonniers catholiques une assistance religieuse normale ». Après l’acquiescement américain, il réclama le 2 décembre pour « le directeur spirituel des Allemands résidant en Italie » - Hudal - le droit de « visiter en Italie les internés civils de langue allemande ». Hudal entama ainsi sa mission dans les Rat Lines (nom de code anglo-saxon des filières d’évasion), avec Rauff et Riberi, également chargé en novembre 1944 « de s’occuper officiellement, au nom du Saint-Père, des Allemands détenus en Italie par les Alliés » : « la commission pontificale d’Assistance » ainsi créée, « instrument efficace de la politique américano-vaticane », soustrairait en masse au châtiment les criminels allemands, croates, hongrois, slovaques, ukrainiens, baltes, français, etc., avec le soutien permanent, entre autres, de Taylor et du RP Carroll, second successeur depuis la fin de 1940 (après Mgr Hurley) de Spellman à Rome.

Travaux allemands, anglo-saxons, courriers du Quai d’Orsay de toute provenance infirment les conclusions de l’équipe d’historiens français auxquels Mgr Decourtray confia l’examen des archives ecclésiastiques pour étudier le rôle de l’Église dans le sauvetage de l’ex-milicien Touvier, exemple-type des criminels de guerre ripolinés en réfugiés accablés par le sort : des prélats français inconscients ou mal informés auraient par charité secouru un bourreau qu’ils avaient pris pour une victime, sans être mandatés ou couverts. Une partie de l’Église française se compromit en réalité comme toutes ses homologues dans une opération romaine. Dès novembre 1944, Tardini, de la Secrétairerie d’État, motiva devant le diplomate français, Guérin l’appel de « quatre prêtres américains » à la secrétairerie d’État « par l’importance croissante des affaires » communes, les besoins de la correspondance en anglais « en particulier, de l’organisation des secours », qui impliquaient coopération. En février 1945, « les divers organismes », les deux commissions pontificales d’Assistance aux réfugiés et aux rapatriés, furent groupés « en une seule oeuvre, la commission pontificale d’Assistance », financée par « l’UNRRA » - les États-Unis - « par l’intermédiaire du Vatican ». Au tournant de 1944, elle fonctionnait à Rome, dans toute l’Italie via « les centres diocésains paroissiens » et à l’étranger, par ses diverses missions, « dont certaines se sont rendues en Allemagne, en Autriche et en Hongrie ». Les « réfugiés politiques » arrivés en Italie « sont dirigés sur le père Faller », résidant Piazza Cairoli, « religieux allemand qui s’occupe d’un centre d’accueil destiné à tous les réfugiés se trouvant en Italie. Ce centre, qui a connu une activité particulière en 1944 et 1945, a reçu indistinctement les réfugiés de toutes nationalités venues d’Europe Centrale et particulièrement d’Allemagne ». Faller « les met en contact avec le père [français] Blondeau », de l’hôpital Fato Bene Fratelli, sur l’île du fleuve Tevere. Blondeau, pivot d’un réseau de « couvents dont le personnel est en partie français », leur « communique l’adresse d’un couvent à Rome susceptible de les héberger ». Faller les adresse aussi à Riberi, via Po, qui « leur délivre une carte donnant accès à un mess pontifical ». « La commission », qui travaillait « en accord avec les autorités italiennes ou alliées et avec l’UNRRA », servit dès 1944 « trois millions de repas » dans le réfectoire pontifical de la Via Po. Blondeau « remet enfin à chacun, suivant sa situation, une somme d’argent » pour l’achat de vêtements et objets de première nécessité. Dernière étape, « certains réfugiés ont obtenu des passeports pour se rendre en Amérique du Sud » : la Croix-Rouge internationale, à la demande des Anglo-Saxons très influents en Suisse, envoya à Hudal, à l’Anima, ces passeports dont le flot gonflerait à partir de mai 1945. D’énormes poissons avaient déjà échappé au filet : Bormann, considéré par Hilberg comme mort en 1945 pendant « la bataille de Berlin », « aurait quitté l’Allemagne dès le 10 mai 1945 par le Tyrol et pour l’Argentine après quelques mois de secret romain sous la sauvegarde de Mgr Hudal », selon Jean-Pierre Blancpain, et de Rauff (Werner Brockdorff) ; le transfert de ce protégé de la Curie eut lieu selon Paul Manning en 1948, et on lui remit une grosse part de « la réserve financière de la Deutsche Bank » .

Eminente contribution due à Claude G.: qu'en pensez-vous ? :shock:
Sabredor
 

Message par Antoine » Mercredi 07 Février 2007 23:05:24

Quel site ?
Antoine
 
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Message par Administrateur » Jeudi 08 Février 2007 08:50:45

Ce texte paraît tiré d'une oeuvre d'histoire écrite par un universitaire. Merci de le renseigner, faute de quoi il sera retiré.

Ce n'est certainement pas le contributeur "Tartempion" qui a pu le rédiger...
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Message par petit tambour » Jeudi 08 Février 2007 10:39:27

tandis que le patriarche orthodoxe de Constantinople ordonnait à ses évêques de tout faire pour sauver les juifs, rien de semblable ne vint de Rome .

Le but étant de dire du mal de l'église et du vicaire du Christ , je n'ai que du mépris pour ce texte , vous n'avez pas de preuve de ce que vous avez CC...
petit tambour
 
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Message par Administrateur » Dimanche 11 Février 2007 10:17:35

Il s'avère que ce texte s'inspire largement des travaux d'Annie Lacroix-Ritz, universitaire soviétophile bien connue:

http://www.voltairenet.org/article7605.html

De sorte que -pour ceux qui le souhaitent- le débat peut continuer.
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Re: Le Vatican contre les nazis ?

Message par Francine » Dimanche 27 Septembre 2009 11:45:53

Quelques faits historiques rappelant la gratitude des Juifs à l'égard de Pie XII.

• 13 février 1945, Israële Zolli (1881-1956), Grand Rabbin de Rome, se converti au catholicisme et prend pour nom de baptême Eugène, en hommage à Eugène Pacelli, alias Pie XII.

• 7 septembre 1945. Giuseppe Nathan, commissaire de l’Union des communautés israélites, rend grâce « au souverain Pontife, aux religieux et aux religieuses qui n’ont vu dans les persécutés que des frères, selon les indications du Saint-Père" (L’ Osservatore Romano, 8-9-1945) ».

• 21 septembre 1945. Le docteur Leo Kubowitski, secrétaire du Congrès Juif Mondial, est reçu par Pie XII afin de lui présenter ses remerciements pour l’oeuvre effectuée par l’Eglise Catholique dans toute l’Europe en défense du peuple juif. (L’ Osservatore Romano, 23-9-1945).

• 11 octobre 1945. Le Congrès juif mondial offre 20 000 dollars au Vatican en reconnaissance des efforts de la Sainte Eglise catholique romaine dans le sauvetage des Juifs persécutés par le nazisme et le fascisme (New-York Times, 11 octobre 1945).

• 29 novembre 1945. Le pape reçoit 80 délégués des réfugiés juifs, provenant de camps de concentration allemands, « très honorés de pouvoir remercier personnellement le Saint-Père, pour la générosité qu’il leur a démontrée pendant la terrible période nazie ».

• 26 mai 1955. 94 musiciens juifs, de l'orchestre philharmonique d'Israël, sous la direction de Paul Kletzki, ont joué sous les fenêtres du Vatican « en reconnaissance de l’œuvre humanitaire grandiose accomplie par le Pape pour sauver un grand nombre de juifs pendant la seconde guerre mondiale ».

• 9 Octobre 1958. A la mort de Pie XII, le Premier Ministre Israélien Golda Meir déclare : « Pendant la décennie de terreur nazie, quand notre peuple a subi un martyre terrible, la voix du pape s’est élevée pour condamner les persécuteurs… Nous pleurons un grand serviteur de la paix ».

• 10 Octobre 1958. Le Dr. Elio Toaff, Grand Rabbin de Rome, déclare : « Les juifs se souviendront toujours de ce que l’Eglise catholique a fait pour eux sur l’ordre du Pape au moment des persécutions raciales ». Il ajouta : « de nombreux prêtres ont été emprisonnés et ont sacrifié leur vie pour aider les juifs ». (Le Monde 10.10.1958).

• 1963. M. Pinchas Lapide, consul d’Israël à Milan du vivant de Pie XII, déclare au journal Le Monde : « Je peux affirmer que le pape, le Saint-Siège, les nonces et toute l’Eglise catholique ont sauvé de 150.000 à 400.00 juifs d’une mort certaine… L’église catholique sauva davantage de vies juives pendant la guerre que toutes les autres églises, institutions religieuses et organisations de sauvetage réunis ». (Le Monde le 13.12.1963).

• 1975. Le Dr Safran, Grand Rabbin de Roumanie, a estimé à 400.000, les juifs de Roumanie sauvés de la déportation par l’œuvre de St Raphaël organisée par Pie XII. « La médiation du Pape sauva les juifs du désastre, à l’heure où la déportation des Roumains était décidée » (Pie XII face aux nazis, Charles Klein - S.O.S. 1975).

• 16 Février 2001. Le grand rabbin de New York, David Dalin, déclare que Pie XII était injustement attaqué alors qu’il peut être considéré comme “un juste”, aux yeux des Juifs. « Il fut un grand ami des Juifs et mérite d’être proclamé “Juste parmi les Nations” parce qu’il a sauvé beaucoup de mes coreligionnaires, bien plus même que Schindler… Selon certaines statistiques, au moins 800.000". Il rend hommage à l’écrivain Antonio GASPARI pour son ouvrage "Les juifs sauvés par Pie XII" et rappelle qu’"au cours des mois où Rome a été occupée par les nazis, Pie XII a donné pour instruction au clergé de sauver des juifs par tous les moyens". Lorsqu’on a remis au cardinal Palazzini la médaille des "justes" pour avoir sauvé des juifs, il affirmait : "le mérite en revient entièrement à Pie XII" ». Le Grand Rabbin Dalin conclut : « Jamais un pape n’a été autant félicité par les Juifs. Immédiatement après la Seconde Guerre Mondiale et durant les années qui ont suivi, des centaines de manifestations d’estime envers Pie XII ont été apportées à son égard de la part des plus hautes autorités d’Israël depuis Mme Golda Meir et le Grand Rabbin de Jérusalem, jusqu’au Grand Rabbin de Rome, Elio Toaff » (Interview au Weekly Standard).

• 13 Octobre 2008 : Plusieurs Juifs italiens témoignent devant les caméras avoir été sauvés par des membres de l'Eglise, avec le soutien de Pie XII, lors des persécutions nazies. Parmi eux, Emanuele Pacifici, le fils de Riccardo Pacifici, rabbin de Gênes durant la guerre.

http://www.pie12.com:80/index.php?2008/10/14/97-des-juifs-temoignent-avoir-ete-sauves-par-pie-xii

Le Pape Pie XII est un grand Pape, arrêtons de salir sa mémoire.

Ma page Facebook pour la défense du Pape Pie XII : http://www.facebook.com/home.php#/profile.php?id=1450922013&ref=name

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Lien vers le site "WikiPie12" : http://wikipie12.telemack.net/index.php/Accueil
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Re: Le Vatican contre les nazis ?

Message par boisbouvier » Dimanche 18 Octobre 2009 09:53:05

C’est dans les rangs de la police balte, biélorusse et ukrainienne que furent recrutés les éléments de la division SS Galicia formée en 1942-1943 (avec 20 000 Ukrainiens sélectionnés sur un nombre double de volontaires). Les bourreaux furent escortés de leurs clercs, ainsi après le massacre de 6 000 juifs « qui a duré trois jours et trois nuits », dont fut témoin le jeune Simon Wiesenthal : perpétré à l’été 1941 par l’OUN pour « célébrer [son] retour à Lvov » (siège de Mgr Szepticky), il fut interrompu à la sonnerie des cloches de l’église, « une voix ukrainienne hurl[ant] : "Suffit pour ce soir ! C’est l’heure de la messe !" ». Exemple banal de la caution apportée par le clergé, du bas en haut de la hiérarchie, aux croisés catholiques contre Russes et juifs. Car, en dépit d’une légende de réticences, d’ailleurs postérieures à Stalingrad, de l’Église à l’égard des atrocités allemandes ou assimilées, les prélats contrôlèrent étroitement cette alliance entre laïcs et clercs, tel le vieil évêque uniate de Lemberg (Lvov), Mgr Szepticky, véritable symbole de la poussée germanique en terre slave : son combat antirusse (et antipolonais) au service de l’Autriche (avant 1914) puis du Reich (depuis 1917) fut relancé par la Guerre depuis juin 1941 ; sa croisade et les oeuvres de ses subordonnés ne distinguèrent de fait jamais l’impératif de « vaincre une fois pour toutes la communisme athée et militant » et celui de se débarrasser des juifs du lieu. Comme ses pairs, il bénit la division SS Galicia, « guidée par ses aumôniers uniates » à l’assaut des « bolcheviques impies » .


C'est sans doute vrai mais en quoi cela peut-il nous étonner ?
Au moment de l'invasion nazie (juin 41) les meurtres de Hitler sur les Juifs sont encore inconnus et d'ailleurs non commencés tandis que ceux de Staline sur les popes, les prêtres ou les nationalistes ukrainiens sont notoires et anciens. Sans parler de la famine de 34-35 imposée à l'Ukraine : elle causa 5 millions de morts. Choisir entre Staline et Hitler c'était choisir entre la peste et le choléra, à ceci près que les crimes massifs de Staline sont antérieurs à la guerre tandis que ceux de Hitler ne commencent qu'avec elle et qu'ils sont restés largement inconnus jusqu'à la fin. Lire "Les chambres à gaz, secret d'Etat" de Eugen Kogon et coll.
boisbouvier
 

Re: Le Vatican contre les nazis ?

Message par boisbouvier » Lundi 26 Octobre 2009 07:45:16

Qui dira jamais suffisamment les méfaits de l'anachronisme ?
Ils sont partout, mais le cas d'Annie Lacroix-Riz en offre une illustration finalement... précieuse.
Lorsque les armées de Hitler ont pénétré en Ukraine et dans les pays baltes, elles furent accueillies avec des fleurs, de la vodka et des gâteaux. Là-bas, la "collaboration" ne posa aucun problème de conscience aux habitants. Et comme on les comprend ! après ce qu'ils avaient enduré précédemment. Seulement voilà ! comme la suite a été défavorable aux Allemands et que ceux-ci se révélèrent ensuite pires que les russes n'avaient été en un autre temps, on fit grief de leur collaboration à des gens qui ne pouvaient pourtant prévoir ce qui allait arriver en 42-45.
boisbouvier
 


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