Le mythe Rommel

[Baron Percy]

Dans le cadre des Mercredis de l'Histoire, la chaîne ARTE proposera ce mercredi 1er août à 20 h 40 un portrait du maréchal Rommel, à qui ses succès dans la guerre d'Afrique du Nord à la tête de l'Afrikakorps ont valu le surnom de "Renard du désert".
Les dessous d'un mythe : à découvrir.

[Daniel Laurent]

Bonjour,
Je laisse aux membre de forum le soin de voir ce docu, innaccessible de chez moi, puis de donner leur avis et me laisser, ensuite, une chance de pulveriser le mythe si besoin est...

[rapentat]

Bonsoir,

Je suis dans la même situation que Daniel Laurent, n'ayant pas de TV, donc j'attends avec impatience vos observations.

Cordialement.

[Baron Percy]

Le documentaire nous a présenté un Rommel quelque peu inattendu : dur envers lui-même, intransigeant envers les autres, il était craint par ses subordonnés et on cherchait plutôt à éviter sa présence sur le terrain.
Par contre, il a volontiers accepté de servir de sujet à la propagande hitlérienne orchestrée par Goebbels, ce qui explique sa prodigieuse notoriété en Allemagne.
Il n'éprouvait de l'intérêt que pour son métier, n'hésitait pas à s'exposer en première ligne et avait une réputation de fonceur.
Il lui dut ses fulgurants succès en Lybie, mais aussi ses premiers revers, notamment à El Alamein.
C'est là qu'il prit conscience que la guerre était perdue pour l'Allemagne et qu'il choisit de désobéir aux ordres de Hitler qui lui recommandaient de tenir sur place jusqu'au dernier homme. Sa retraite lui permit de sauver son armée qu'il ramena presqu'intacte en Tunisie.
Fait maréchal le 2 octobre 1942, il est muté sur le front de l'Ouest afin de superviser les fortifications du mur de l'Altlantique.
Mais il n'a plus la foi et est conscient des failles du système défensif.
C'est seulement à ce moment qu'il apprend l'existence des camps d'extermination.
Il est alors approché par les généraux qui tentent de s'opposer au dictateur nazi, mais son ralliement à leur cause ne sera que très tardif (début juillet 1944).
Il avait pour projet de remettre la reddition de ses troupes aux Alliés occidentaux afin de les laisser progresser librement sur le territoire et accélérer ainsi la fin du conflit.
Dénoncé par un courrier de Bormann, il sera contraint de se suicider pour éviter des représailles à sa famille.
Le portrait met aussi clairement en évidence les contradictions du personnage : bien qu'opposé à Hitler et à sa conduite de la guerre, il ne put jamais s'en détacher totalement et le régime, qui ne souhaitait pas que son nom soit associé publiquement à la conspiration, lui fit des obsèques nationales.
Sa tombe est aujourd'hui honorée et fleurie tant par ses partisans que par ses adversaires d'hier qui reconnaissent en lui un militaire de valeur qui sut mener une guerre propre.

[rapentat]

Bonjour,

Merci, cher Baron, pour ce compte rendu. Donc ce film était surtout une biographie du Maréchal et non pas axé sur ses batailles en Afrique du Nord. Il serait intéressant de connaître l'avis des uns et des autres sur le tacticien ou le stratège qu'était Rommel. Mais attendons la réponse de Daniel Laurent.
Juste une petite anecdote, dans les années 70, je séjournait à Stuttgart et je fus surpris d'apprendre que le Maire de la ville s'appelait Manfred Rommel et qu'il était le fils du Maréchal. Il me semble qu'il est resté plus de quarante ans à ce poste.

Cordialement.

[Daniel Laurent]

Bonjour,
Il me semble que ce docu, que je n'ai pas vu, nous donne l'essentiel :

Le portrait met aussi clairement en évidence les contradictions du personnage : bien qu'opposé à Hitler et à sa conduite de la guerre, il ne put jamais s'en détacher totalement

J'avais en son temps ecrit un article "La nazification de la Wehrmacht" pour le Mag'44 :
http://stephane.delogu.free.fr/le-mag02-07.html

Le fait que j'avais mis Rommel en cause a declenche d'interminables polemiques sur le forum concerne mais les admirateurs de Rommel, "ange egare chez les nazis", avait bien du admettre que, si Rommel etait probablement le moins influence par le nazisme de tous les Marechaux du Reich, il s'etait bien compromis quand meme avec le regime.

Ce n'est pas une critique a l'egard de Rommel, mais une sorte de coup de chapeau a la capacite extraordinaire d'Hitler de compromettre ses collaborateurs et d'en faire, a des degres divers, ses complices. Pour que meme Rommel soit mouille, il fallait qu'elle soit puissante, cette capacite !

[Baron Percy]

je fus surpris d'apprendre que le Maire de la ville s'appelait Manfred Rommel et qu'il était le fils du Maréchal.

L'homme a d'ailleurs participé au documentaire et a dressé un portrait privé du maréchal, père souvent absent, sévère mais juste.
Le jour même de son arrestation, il avait confié ses craintes à son fils, persuadé que le régime nazi ne l'accuserait pas publiquement pour ne pas prendre le risque de porter un coup au moral de la population en raison de sa renommée, mais qu'il le trouverait le moyen de le faire disparaître discrètement.

Pour que meme Rommel soit mouille, il fallait qu'elle soit puissante, cette capacite !

Vous ne croyez pas si bien dire !
Rommel lui-même en était parfaitement conscient.
Au cours du printemps 1944, Hitler tenait à l'avoir auprès de lui pour pouvoir avoir l'oeil sur lui et le maréchal, qui s'était promis de tenter de lui exposer la nécessité d'entamer des pourparlers avec les Alliés en vue d'une capitulation honorable, ne put jamais y parvenir car le Führer lui coupait systématiquement la parole.