A l'abri du feuillage.

Les Totalitarismes à l'assaut de l'Europe !

A l'abri du feuillage.

Message par Jean Defranchi » Mardi 31 Juillet 2007 08:52:03

Bonjour à tous,

Petite histoire sans aucune importance :

Après un séjour à Roye et un passage à Montdidier nous partîmes vers le sud, en raison de l'avance allemande.
J'avais pris place dans un camion Berliet bâché dont le toit était surmonté d'une mitrailleuse en tourelle. Cette dernière était une antiquité provenant d'un Potez 25. Le lieutenant commandant l'échelon roulant, considérant mon grade de caporal-chef, m'avait institué mitrailleur pour le cas ou nous serions attaqués. Personne ne m'avait disputé la place.
Nous progressions en convoi, sur une route rectiligne, au milieu des champs de la plaine picarde, Le temps était magnifique.
Tout à coup nous avons entendu le grondement, encore lointain, de moteurs d'avions. Le convoi s'est immobilisé, Nous avons vu, venant de l'horizon, des avions au nombre d'une vingtaine. Nous ne pouvions encore les identifier.
Aussitôt tout le monde sauta hors des camions. Hormis les fossés de la route il n'y avait rien pour s'abriter excepté, peut être, un boqueteau circulaire situé à plusieurs centaines de mètres. Immédiatement ce lieu fut considéré comme une oasis de paix et une vague déferlante de réservistes se précipita dans sa direction...
J'aurais volontiers suivi l'exemple de mes anciens, mais, assez naïvement, je pensais qu'un ancien arpète de Rochefort ne pouvait pas quitter son poste, Je n'eus d'ailleurs pas à le faire car, les avions approchant, je vis qu'ils portaient des cocardes tricolores.
Pendant ce temps la débandade continuait. Personne ne songeait à regarder en l'air.... Les plus rapides à la course pénétrèrent dans le présumé refuge, mais, chose curieuse, ils ressortirent aussitôt heurtant au passage les plus bedonnants qui arrivaient à leur tour, épuisés. Il y eut, pendant une minute peut être, une mêlée confuse de gens qui entraient et sortaient, en s'interpellant, dans un désordre incroyable.
Vue d'en haut, par les pilotes qui nous survolaient, la scène pouvait ressembler à une myriade d'insectes butinant un bouquet de fleurs.
Les avions s'éloignant le bouillonnement humain s'atténua puis cessa.
La meute revint vers les camions. Que pouvait il y avoir sous les arbres qui puisse provoquer une telle débâcle ? Etait ce une bête échappée d'un cirque ? ... ...
Non,...mais tout bonnement un dépôt de munitions. Les fugitifs s'étaient trouvés devant un dilemme : devaient ils mourir du danger venant d'en haut ou de celui venant d'en bas ?.
Le lieutenant engueula tout le monde, puis, venant vers moi, me demanda
Vous, le caporal chef, comment vous appelez vous ?
Deffe mon lieutenant !
Bien ! ... Deffe je vous ai à l'oeuil ! La prochaine fois que vous quitterez votre poste vous aurez affaire à moi !.
Un des réservistes me dit, en aparté, goguenard : " T'as compris mon gars ? Voilà comment on récompense les cabots-chefs trop zélés ! ".


Bien amicalement.



Jean Defranchi
 

Message par Daniel Laurent » Jeudi 02 Août 2007 05:56:26

Bonjour,
Merci, Jean, interessant et ... significatif !
Peux-tu mettre une date sur cette histoire ?
Cordialement
Daniel
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Daniel Laurent
 
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