La défense du canal de l'Aisne à la Somme, le 5 juin 1940.

Les Totalitarismes à l'assaut de l'Europe !

La défense du canal de l'Aisne à la Somme, le 5 juin 1940.

Message par BRH » Lundi 23 Juillet 2007 14:53:21

A la suite de la percée allemande sur Sedan et l'encerclement des forces alliées dans le nord (Dunkerque), un front avait été hâtivement reconstitué sur l'Aisne, l'Ailette et la Somme. Voici ce que j'ai trouvé sur la 87ème DIA :

Sur l'Ailette (aile droite de la VIIème armée), les Allemands avaient à franchir le cours d'eau puis à escalader un talus vertical. Le fonds de la vallée est d'argile ; le talus étant fait de sable jaune, planté de bois légers. Le plateau qui le surmonte est une table calcaire. L'ennemi attaque à l'aube du 5 juin avec une forte densité d'infanterie, sans souci des pertes.

Aux premières lueurs du jour, profitant du brouillard, les Allemands réussissent à passer l'Ailette au moyen de radeaux ou de canots pneumatiques. Leurs pertes sont effroyables (les points d'appui français sont bien organisés selon un plan de feux méthodique), mais les hommes qui sont tués ou noyés sont immédiatement remplacés par d'autres qui parviennent à prendre pied sur la rive. Les îlots de résistance, débordés, se défendent avec acharnement : on s'y bat à un contre six. Seulement, les réserves manquent pour les dégager. Beaucoup succomberont faute de munitions!

Pendant trois jours la bataille se poursuit sans relâche. Hélas, l'aviation allemande s'acharne sur les premières lignes et les arrières ; elle poursuit de ses bombes les faibles réserves. Les troupes s'accrochent et ou contre-attaquent localement. Cependant, l'assaillant pousse toujours en avant. Il fait irruption dans les lignes toujours de plus en plus étirées, alors qu'il est plus nombreux et met en oeuvre de nouveaux moyens. La disproportion des forces devient telle que la position sera littéralement submergée !

A la 87ème DI, entre l'Oise et les hauteurs du nord de Soissons, le 9ème zouave, les 17ème et 18ème Tirailleurs algériens se couvrent de gloire. Un bataillon du 9ème zouaves tient seul, pendant deux jours, à Cuny. Le 7 au matin, il a déjà perdu 200 hommes et 10 officiers (le tiers de son effectif). Quelques jours plus tard, à Crépy en Valois, il ne lui restera plus que 60 hommes et un lieutenant. Dans les autres bataillons, les pertes sont aussi lourdes.

On reprochera à la 87ème DIA d'avoir « lâché pieds » la première, n'assurant plus la liaison avec la 6ème armée (7ème DI). Le fait est qu'elle n'est pas parvenue à dégager ses points d'appui principaux : Quierzy, Besme, St Paul au Bois, Trosly-Loire, Pont-Saint-Mard. Assaillis dès 4 heures du matin, la plupart ont succombé après 17 heures, le 5 juin.

Ce n'est pas faute d'avoir combattu : mais la pression allemande était trop forte ! N'ayant pas été secouru à temps et faute de maneuvres offensives d'envergure qui ne dépendaient pas du général Martin, commandant la division, celle-ci s'est sacrifiée sur place, ne ramenant que ses 3ème bataillons derrière l'Aisne. Là comme ailleurs, les Allemands ont fait porter leur effort principal à la jonction de la 87ème Dia et de la 7ème DI; De plus, les trop rares groupements destinés à la contre-offensive dépendaient de secteurs différents (l'un à la VIIème Armée, l'autre à la VIème Armée. Il semble que Pont-Saint-Mard était justement la limite entre les deux armées !)

Pour connaître les détails, il faudrait lire l'historique du 9ème zouave (disponible au SHAT de Vincennes, mais encore à la bibliothèque du Musée de l'Armée & bibliothèque des Invalides).
Comme d'habitude, le général Touchon, commandant la 6ème armée, a fait porté le chapeau à sa voisine, pour justifier l'enfoncement de ses lignes;

nota: la VIIème Armée était commandée par le général Frère, qui sera un moment le chef de l'AS, en 1942, avant d'être déporté.
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

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Message par BRH » Mardi 24 Juillet 2007 08:33:45

La 87e Division d'Infanterie d'Afrique en 1939-1940

http://membres.lycos.fr/dvo/quierzy/87.htm


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La 87e DIA est une division de réserve de série A, on dit aussi de formation (par opposition aux divisions d'actives du temps de paix), elle est mise sur pied à la mobilisation et composée à 80 % de réservistes (troisième catégorie). En théorie, les DIA devaient rester en Afrique et les DINA (Division d'Infanterie Nord Africaine) en métropole.

Elle est composée notamment des 9e Zouaves, 17e et 18e Tirailleurs Algériens et mise sur pied en Algérie (État-Major à Maison-Carrée près d'Alger) le 2 septembre 1939 à Constantine, Blida, Miliana, Orléansville (17e R.T.A., unité de formation ; Centre Mobilisateur Afr 5 du 1e R.T.A.), Maison-Carrée, Tizi-Ouzou (18e R.T.A., unité de formation ; Centre Mobilisateur Afr 1 du 5e R.T.A. ), Sétif, Bougie, Guelma puis concentrée en Tunisie. Elle comprenait à l'origine le 19e Tirailleurs Algériens qui permute avec le 9e Zouaves (Alger, Fort National, unité d'active ; Centre Mobilisateur Afr 5 ), de la 85e D.I. en octobre 1939.

Les Tirailleurs sont des unités d'infanterie formées à partir de 1840 en Algérie au sein de l'Armée Française à l'époque de la colonisation alors que les Zouaves (ils doivent leur nom aux tribus kabyles "Zouaouas") existaient avant la colonisation française et entrèrent au service de la France après la prise d'Alger (1830).

Dans ces unités, sous commandement français, le pourcentage de soldats nord-africains, désignés par les termes de soldats "indigènes", "arabes" ou "musulmans", est variable : environ 75 % dans les Tirailleurs, 70 % dans les Spahis, 40 % dans l'artillerie, 50 % dans le Génie et les unités du Train, ... Le reste des effectifs est constitué de Français d'Afrique du Nord ou de métropole. Chez les Zouaves, le recrutement est exclusivement français.

Le drapeau du 9e Zouaves porte en 1939 les inscriptions : Yser 1914, Verdun 1916, Cœuvres 1918, Saconin 1918, Breuil 1918, Montdidier 1918, Berry-au-Bac 1918, celui du 17e R.T.A. : Maroc 1925-1926 et celui du 18e R.T.A. : Levant 1920-1926.



Les 17e et 18e R.T.A. n'auront pas le temps de se doter d'un insigne.

Au début de novembre, la division est embarquée à Bizerte pour Marseille, regroupée dans la région de Montpellier, Albi, Castelnaudary, puis emmenée vers Arcis-sur-Aube le 27 novembre. Elle y séjourne jusqu'à la fin du mois de février 1940, époque à laquelle elle reçoit l'équipement 1935. Elle est alors appelée à relever la 7e Division Coloniale dans le Secteur Fortifié de la Sarre.

Commandant : Général Barbeyrac de Saint-Maurice, puis Colonel Martin (25 mai 1940).
Chef d'état-major, Commandant Roche.
Commandant l'infanterie divisionnaire, Lieutenant-Colonel Roux, puis Antelme (18 juin).
Commandant l'artillerie divisionnaire, Colonel Horeau, puis Lieutenant-Colonel Mathieu (18 juin).
Infanterie :
9e Zouaves, Lieutenant-Colonel Tasse.
17e Tirailleurs Algériens, Lieutenant-Colonel Antelme puis Colonel Tasse (18 juin).
18e Tirailleurs Algériens, Lieutenant-Colonel Clerc, puis Commandant Kaack (18 juin)
III/442e Régiment de Pionniers, 7e et 8e Compagnies du II/624e Pionniers, 13e Compagnie de Pionniers du 17e RTA, 14e Compagnie Divisionnaire Antichars du 9e Zouaves (à partir du 8 juin)
Artillerie :
87e RAA (Régiment d'Artillerie d'Afrique) à trois groupes de 75 hippomobiles : Lieutenant-Colonel Mathieu, 287e RALD (Régiment d'Artillerie Lourde de Division) (ex 267e) à deux groupes de 155c hippo. : Chef d'escadron Le Pelletier de Woillemont, 2e Compagnie Anti-Chars Polonaise (25 AC), 10e Batterie Anti-Chars du 87e RA (47 hippo.), VIII/320e Régiment d'Artillerie (75), 87e Parc d'Artillerie, 87e Section de Munitions Hippomobile, 287e Section de Munitions Automobile.
Cavalerie :
87e Groupe de Reconnaissance de Division d'Infanterie (GRDI) : Chef d'escadron Pousset , 16e GRDI (6 juin)
Chars :
2e Compagnie du 36e Bataillon de Chars de Combat (FT)
Génie :
87e Bataillon de Sapeurs-Mineurs : 87/1 et 87/2 Compagnies de Sapeurs-Mineurs
Transmisions :
87/81 Compagnie Télégraphique, 87/82 Compagnie Radio
Train :
87/16 Compagnie Hippomobile, 187/16 Compagnie Automobile
Intendance :
87/16 Groupe d'Expoloitation Divisionnaire. (16e Section de Commis Ouvriers d'Administration (COA) de Montpellier)
Service de Santé :
87e Groupe Sanitaire Divisionnaire (16e Section d'Infirmiers Militaires (SIM) de LunelIX)
Unités rattachées à la 87e DIA :
16e GRDI, à partir du 6 juin, III/442e régiment de pionniers, 7e et 8e compagnies du II/624e pionniers, 2e compagnie du 36e bataillon de chars de combat (FT), 2e compagnie anti-chars Polonaise (25 AC), VIII/320e régiment d'artillerie (75) 2)
Unités détachées :
Partie de la 11e compagnie du III/18e RTA à partir du 5 juin, I/87e RA à partir du 8 juin.

En mai, la Division est relevée par la 82e D.I.A. et la 52e D.I. et transportée dans la région de Pierrefonds (Oise). En Réserve du Groupe d'Armées 2 (GA 2) au 10 mai 1940. Affectée à la 7e Armée du Gal Frère, le 18, elle fait mouvement vers l'Ailette et prend des contacts avec l'ennemi au nord de la rivière, à Verneuil-sous-Coucy et à Coucy-le-Château. Le 1er juin, son front est étendu jusqu'à l'Oise.

Bataille de l'Aisne.
Le 5 juin, l'ennemi s'infiltre, s'empare de Saint-Paul-aux-Bois et de Besmé, puis, le lendemain, progresse entre l'Ailette et l'Aisne. Le 7, la Division est forcée de se replier au sud de l'Aisne et combat, le 8, aux lisières nord des forêts de Villers-Cotterêts, de Montigny-Lengrain. Le 9, les combats se livrent à Chelles, à la ferme de Pouy, à Roye-Saint-Nicolas, à Taillefomaine. Le 10, repli sur la Gergogne, combats à Crépy-en-Valois. Le 11, repli sur Bouillancy, et Vincy-Manoeuvre, au nord-est de Paris (En repli au cours de la nuit, la 87e DIA rejoint dans la matinée ses positions sur la ligne Chauvineau (secteur Est) avec la 11e DI encadrées par les 7e DINA et 3e DLI. Ils trouvent sur place quelques éléments épars de l’armée de Paris dont des artilleurs de marine qui sont intégrés au dispositif. La 87e se porte en réserve dans la région Nord d’Etrepailly). Le 12, passage au sud du Grand-Morin. Le 13, recul vers Esbly, Montry et le 14, repli au sud de la Seine : Samois, Veulaines, Avon, Champagne-sur-Seine.

Le 15 juin, l'ennemi est à Melun. Le 16, ce qui reste de la Division se regroupe au carrefour de l'Obélisque, forêt de Fontainebleau, puis se replie, partie à pied, partie en camions, vers les Bordes et Bonnée. Le 17, passage de la Loire à Gien. Le 18, la Division est réorganisée avec l'appoint du 19e Bataillon Autonome de Tirailleurs Sénégalais et le 344e R.I., en deux Groupements Mixtes. Il reste 14 pièces de 75 et 9 pièces de 155. Les troupes sont fatiguées mais leur moral est aussi bon que possible. Le 19, le Cher est franchi à Menneton et Méry. Par les coupures de l'Indre, de la Creuse, de la Vienne, les éléments de la Division se retrouvent, le 24 juin, à Chabanais, Chassanon, Chaillac et Saint-Junien. Les tirailleurs rembarquent à Marseille le 7 août 1940.

La Division reçoit le 2 septembre 1940 une Citation à l'ordre de l'Armée :

GUERRE DE 1939-1940

ORDRE N° 210 C

Le Général Commandant en Chef, Ministre, Secrétaire d'Etat à la défense Nationale, cite :

A L'ORDRE DE L'ARMEE

87e Division d'Infanterie Nord-Africaine

" Attaquée sur la position de l'Ailette le 5 juin 1940, la 87e Division, sous l'impulsion de son chef, le Général Henry MARTIN, a opposé à l'ennemi une résistance héroïque. Toutes ses troupes : Infanterie, Cavalerie, Artillerie, rivalisant d'ardeur pour défendre à outrance les points d'appui, même lorsqu'ils étaient dépassés par l'ennemi ou encerclés, ne se sont repliées que sur l'ordre du Commandement, obligées souvent de se frayer un passage les armes à la main.

" Regroupées après la bataille, ces mêmes unités faisant preuve d'une telle discipline et d'un magnifique esprit de devoir ont pu, à nouveau, être engagées dans de durs combats qui ont marqué la défense de l'Aisne, puis la retraite vers la Seine et la Loire.

" Dans toutes ces opérations, la 87e D.I.N.A. a fait preuve d'abnégation, d'endurance, de vaillance, dignes des grandes traditions de l'Armée d'Afrique.

2 Septembre 1940.

Signé : WEYGAND.



Sources et liens :

Historama n°10 - Les africains - http://perso.netpratique.fr/michel.mart ... d_afrique/

France, 1940 - http://france1940.free.fr/oob/fr_oob.html

Historique des Tirailleurs Algériens - http://perso.wanadoo.fr/bernard.venis/

Militaria Magazine - http://www.militariamag.com/

Maison-Carrée - http://perso.wanadoo.fr/maison-carree.maville/

Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

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Message par Daniel Laurent » Mardi 24 Juillet 2007 09:36:01

Bonjour,
Je vois que nous avons les memes sources
http://membres.lycos.fr/dvo/quierzy/87.htm

Un petit papier qui reprends ces journees du 5 au 8 juin d'une maniere generale (Journees cruciales !) et donne le meme lien pour la 87 DI.

http://www.histoquiz-contemporain.com/H ... ssiers.htm

(Pub :lol: )
Cordialement
Daniel
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Message par BRH » Mercredi 25 Juillet 2007 17:41:33

A ce propos, avez-vous le JMO de la VIème armée, commandée par Touchon ? Voilà qui m'intéresserait...
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Message par Daniel Laurent » Mercredi 25 Juillet 2007 18:37:35

BRH a écrit :A ce propos, avez-vous le JMO de la VIème armée, commandée par Touchon ? Voilà qui m'intéresserait...

Ca c'est une question pour mon complice co-redacteur de l'article mentionne ci-dessus, a savoir Alain Adam.

Je vous laisse le soin, Bruno, de gerer l'affaire.
:lol:
Cordialement
Daniel
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Message par BRH » Mercredi 25 Juillet 2007 18:52:28

:lol: :lol:
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Message par BRH » Mercredi 25 Juillet 2007 21:00:46

Robert-Auguste Touchon (1878-1960), épouse Blanche Lacroix. Sorti de St Cyr en 1901. Il sert dans les Chasseurs Alpins jusqu’en 1919. Skieur remarquable.

Avant de commander la VI° armée appelée à la mission impossible de colmater la brêche de Sedan en mai 1940, le général Touchon fut, au début du XX° siècle, un pionnier du ski militaire en Briançonnais. Il fut, après Coolidge, le premier à explorer méthodiquement en alpiniste et en dépit de la médiocrité des cartes topographiques dont il disposait, les massifs de la haute Clarée.

Il se révèle être un combattant et un meneur d’hommes exceptionnel soit au Maroc 1913, soit pendant la première guerre mondiale ( 4 blessures-7 citations). Professeur à l’école supérieure de guerre de 1919 à 1931. Colonel il commande le 159ème RIA. Général de Brigade en 1933. Cdt la 42ème Division d’infanterie en 1936. Gouverneur militaire de Lyon et de la 14ème Région Militaire. Général d’armée en 1940, il commande la VIème armée qui ne brille pas sous son autorité. Il quitte le service actif le 20 Août 1940. Emprisonné par les Allemand, libéré en Août 1944.
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

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Message par BRH » Mercredi 25 Juillet 2007 21:53:26

Je redonne ici l'analyse du général Buisson sur la bataille de l'Aisne, en ce qu'elle concerne la VIème armée.

La Bataille de l'Aisne


2ème phase - Juin 1940


1 - Situation

Au début du mois de Juin, les Allemands ont liquidé le Nord de la France. La position de résistance des Armées Françaises passe par (de l'Ouest à l'Est): la Somme, Canal du Nord, Oise, Canal des Ardennes, Ailette, Chemin des Dames, Canal de l'Oise, Aisne, Montmédy, Ligne Maginot.


2 - ORGANISATION

De l'Oise à l'Argonne, la position est tenue par le Groupe d'Armées n°4, sous le commandement du Général Hutzinger, ayant à sa gauche le Groupe d'Armées du Général Besson.


1er - à gauche : VIème Armée - Général Touchon-P.C. Congis.

7ème C.A. - Général Noël

47ème D.I. - 7ème D.I.

28ème D.I.

17éme C.A. - Général de la Porte du Theil -

44ème, 45ème et 42ème D.I.

P.C. Ville en Tardenois.

3 - ÉTAT DES DIVISIONS ENGAGÉES

a/ Hommes

Divisions en ligne fatiguées par vingt jours de combat ou secteur de combat. Arrêt de l'ennemi sur la ligne de repli.

Effectifs diminués par les pertes de ces combats, les évacués, les permissionnaires non rentrés. (26ème D.B.C.A. le 10/6).

Changements et glissements fréquents avec marches pour l'aménagement des C.A.

b/ Matériel.

- Artillerie : Complet.

- Infanterie : Complet.

D.C.A. : F.M. et mitrailleuses. (peu de munitions)

D.C.B. : 25 - à peu près complet.

47 - peu. Matériel peu connu.

37 - pétoires.

- Aviation : Néant.


4 - DÉTAIL DES DIVISIONS ENGAGÉES

- 7ème D.I. - Gal Huppel Inf : 93-102-130.


Art : 31- 231.

G.R.D.40.

- 20ème D.I - Gal Corbe Inf : 2-47-115.

Art : 7-207.

G.R.D.20.

- 27ème D.I - Gal de Bilemont Inf: 7I-159

7ème Demi-Brigade

Art : 58-258

G.R.D.20

- 28ème D.I - Gal Lestien Inf : 97-99-

25ème Demi-Brigade.

Art : 2-202.

G.R.D.22.

- 41ème D.I - Gal Bridoux Inf : 101-103-104.

Art : 13-213.

G.R.D.

- 42ème D.I - Gal Keller Inf : 80-94-150.

Art : 61-261.

G.R.D.37.

- 44ème D.I - Gal Boisseau Inf : 6-26ème D.B.C.A.

173 Demi-Brigade.

Art : 91-291.

G.R.D.41.

- 45ème D.I - Gal ROUX Inf : 31-85-113.

Art : 55-255.

G.R.D.33.

- 53ème D.I - GalEtchebarrigaray Inf : 208-329.

Art : 22-

G.R.D.60.

- 56ème D.I - Gal de Mierry Inf : 294-306-332.

Art : 26-226.

G.R.D. 63.

- 59ème D.I. - Gal Lascroux Inf : 83-135.

Art : 84.

G.R.D.

- 82ème D.I. - Gal Armingeat Inf : 4 et 6èmes Tirailleurs.

1er Zouaves - 439 R.P.

Art : 66-266.

G.R.D. 82

- 235ème D.I - Gal Trolley de Prévaux Inf : 9-108.

Art : 323. G.R.D.

- 238ème D.I - Gal Debeney Inf : 25-114.

Art :

G.R.D.

- 240ème D.I - Gal Buisson Inf : 42ème R.I.C.

40ème Demi B.T.

- Brigade Polonaise - Gal Maczek 1 Bat Chars.

1 Bat porté.


5 - LA BATAILLE


Le front du Groupe d'Armées, étendu sur cent cinquante kilomètres, est tenu par neuf divisions, ce qui représente seize kilomètres au minimum par D.I.

Or, au peloton des élèves-caporaux, on apprend qu'une D.I. tient défensivement sur six kilomètres d'une position organisée.

Dans le cas présent, il n'y a dans la presque totalité des cas pas de position organisée, pas de tranchées, pas d'aviation, pas même l'avion de reconnaissance divisionnaire de l'ancienne guerre.


Le 5 juin

Les Allemands attaquent sur l'Ailette, sur le front des 7ème, 41ème et 28ème D.I. L'attaque est menée comme elle le sera par la suite sur toutes les coupures, à l'aide des moyens de 1918 : préparation d'artillerie, infanterie en masse, reconnaissances, et emploi de l'aviation de bombardement en plein.

L'ennemi, donc, sur l'aile gauche du IVème Groupe d'Armées, pénètre jusqu'à la ligne d'arrêt, très faiblement étoffée.


Le 6 juin

L'attaque de l'aile gauche continue.

Vers 15 heures, l'ennemi met en oeuvre la nouvelle arme : attaque massive par blindés. (Faux: aucun panzer dans cette attaque !) La 28ème D.I., la 41ème D.I. et la 7ème battent en retraite derrière l'Aisne.

La 27ème D.I. est alertée. Elle contre-attaque en direction de Soissons, mais ne réussit qu'à recueillir les éléments de la 41ème D.I.


Le 7 juin

L'Allemand prépare la rupture de l'Aisne. Pour cela, il amènera toute la journée ses moyens à pied d’oeuvre.

Le 8 juin

Attaque de l'Aisne, toujours sur l'aile gauche du IVème Groupe d'Armées. 41ème, 28ème, 44ème D.I., jusqu'à l'est de Pont-Arcy, charnière du canal de l'Oise à l'Aisne et de l'Aisne.

Partout il franchit l'Aisne, grâce aux trous très importants de notre dispositif et à la disproportion des moyens. Mais, alors que devant la 26ème D.B.C.A., aile gauche de la 44ème D.I., ses gains se bornent à la rive sud de l'Aisne, à gauche, il réussit à percer dans la région de Soissons, établissant une tête de pont. Le P.C. de la 28ème D.I., à Serches, manque d'être enlevé.


La 28ème D.I. s'installe face à l'est sur la Vesle, sous la protection du 22ème B.C.A., qui tient le plateau de Bazoches.


La 27ème D.I. contre-attaque sur Soissons, se heurte aux chars allemands et se replie.(Faux ! Toujours aucun panzer sur ce front !!).

La 238ème D.I., envoyée en renfort, est embarquée. Les routes sont encombrées de réfugiés. Elle n'arrivera pas, et sera dirigée sur la Marne par la suite.


Le 9 juin

La 27ème D.I. se replie de Soissons sur l'Ourcq d'Oulchy le Château. La 28ème D.I. cède du terrain. Il se produit un trou entre elle et la 44ème D.I. Le commandement bouche ce trou en y mettant la 45ème D.I. qu'il retire de l'Aisne (région de Berry au Bac), à 3 H 30 du matin.

Exact: très mauvaise idée; La 45ème DI laisse un trou vers Berry au Bac qui ne sera pas vraiment défendue, faute d'effectifs suffisants. Par contre, les panzers de Kleist vont bien déboucher par la tête de pont conquise facilement, suite à l'incompréhensible pression de Touchon...

De cette opération découlent une série de fausses manoeuvres, bientôt la pagaille. Autobus parisiens non employés alors que la troupe fait le chemin à pied ou par des moyens de fortune. Les Allemands ayant étendu l'attaque à l'ensemble du front, certaines unités, accrochées, restent sur place (4 bataillons sur 9 - 1 groupe de 75).

La 44ème et la 42ème D.I. s'étirent dans les deux sens pour tenir l'Aisne. La 42ème arrive à Berry au Bac et y trouve les Allemands installés depuis le départ de la 45ème.

L'artillerie de la 28ème D.I. est donnée à la 45ème.

Ordre de repli est donné dans la nuit aux 44ème, 45ème et 42ème D.I. sur Fismes.


Trou entre Fismes et Fére en Tardenois.


Nuit du 9 au 10

La 26ème D.B.C.A. organise une tête de pont pour la défense de la Vesle à Fismes. Le 22ème B.C.A. est sur la rive sud de la Vesle à Bazoches.

La 53ème D.I. est toujours à Mailly.


Le 10 juin

L'ennemi poursuit son attaque générale.

A gauche, la 27ème D.I. retraite sur Château-Thierry. La 238ème, amenée en renfort, se place à sa droite derrière la Marne. La 44ème, sous les ordres de laquelle ont été placés les éléments de la 28ème, se bat sur la Vesle, à Fismes. La 45ème s'oriente Nord-Sud pour essayer de joindre la 238ème et la 44ème. Dans l'après-midi, la 44ème, attaquée par derrière, se replie sur Lhéry - Tramery. La 45ème a passé la Marne à 23 heures.

La 42ème se replie sur la Vesle, à l’est de Reims.


La 82ème tient la montagne de Reims.

A 19 heures, les chars allemands sont à Reims.

Le Groupement chars Maczek débarque à Épernay.

Le 11 juin

L’ennemi passe la Marne à Château Thierry et progresse en direction du Petit Morin.

La 20ème D.I., arrivant de l'Est est débarquée entre Dormans et Épernay et est engagée en pagaille avant d'être rassemblée.

La gauche des 27ème, 238ème et se replie sur Montmirail.(Exact ! On sent que la bataille n'est pas correctement conduite par Touchon: il ne songe qu'à l'alignement derrière des cours d'eau et n'envisage plus aucune contre-attaque, même locale!).

La 45ème laisse à Dormans un un bataillon qui sera fait prisonnier. Le reste de la division s'organise au sud de la Marne, sur Verneuil.

La 44ème franchit la Marne (ordre de repli) à 12 heures, à Reuil-Oeuilly. La 26ème D.B.C.A se retourne défensivement sur la rivière. Les 6ème R.I. et 173ème demi-brigade sont à quelques kilomètres au sud - Forêt d’Enghien - Boursault;.

Reims est tenu jusqu'au soir par le 439ème Régiment de Pionniers. On a laissé des D.I. à la Montagne de Reims, (survivance des souvenirs historiques), pendant les journées du 11 et du 12 : la 42ème D.I., qui se replie sur la Marne, la 82ème, le groupe 235ème et 1Oème, qui est à Verzy - Verzenay dans la soirée.

La 7ème D.L.M. reçoit l'ordre de se porter sur Épernay, mais ne part que le lendemain, (trente chars), disloquée en deux groupes, car le commandant de la 14ème D.I. en conserve une partie.

La 53ème D.I. Légère, venant de Mailly, s'installe entre Châlons et Outrepont (S.E. de Châlons), avec deux régiments, sur un front de cinquante kilomètres !


Le 12 juin

A gauche, les Allemands avancent leurs moyens.

La 27ème D.I. est à Montmirail, derrière le Petit Morin. La 238ème, en crochet défensif, se replie sur la gauche, puis recule un peu en direction de l'est.

La 59ème arrive à 19 heures entre Montmirail et Cézanne. La 45ème se replie en direction de Montmort.

La 44ème tient à Oeuilly, derrière la Marne.


On commence à dégarnir la Montagne de Reims, qui tient toute la journée, mais, les Allemands étant à Nanteuil la Fosse le soir, il faut se replier. On regroupe les 1Oème et 235ème D.I. A droite, la 14ème s'aligne à la Montagne de Reims, la 3ème, région de Souain, la 6ème D.I.C. (nouvelle) à l'est d’Épernay;, prolongée par la 36ème.

Mais les chars allemands sont sur la route Reims-Châlons.

Les ponts sautent à 12 heures. Les D.I. décrochent,

Le 13 juin

Les Allemands percent à Montmirail, tombent sur la 52ème D.I. Légère, qui débarque. Elle est rejetée avec la 235ème et la 7ème et disparaît de la bataille.

Ces D.I. retraitent vers Sézanne.


Au centre, la 44ème est accrochée à la forêt d'Enghien, se replie vers 13 heures à Ablois, et la 26ème D.B.C.A. contre-attaque de Morangis sur le plateau d'Ablois à 14 heures.


.c.Action locale de la 7ème D.L.M.


Les Allemands étant à Romilly, ordre de repli lui est donné sur Vertus, qu'elle atteindra dans la nuit.

A 21 heures, les Allemands entrent à Romilly.

Les Divisions d'Infanterie ont perdu de un tiers à trois quart de leurs effectifs. La 53ème tient derrière la Marne.

Le 14 juin

Le 18ème Corps d'Armée arrive de l'Est, (56ème et 306èmes D.I.) et débarque en pleine bataille. Son artillerie et une bonne partie de son infanterie sont immédiatement capturées.(Exact ! Mesure trop tardive qui aurait due être prise au moins depuis le 10 juin !!!).

La 44ème D.I., en arrière-garde, reçoit un ordre de repli sur Morains le Petit, qu'elle atteint à 8 heures du matin. A 11 heures, elle retraite sur Euvy, puis sur Champfleury, par Fére Champenoise, où sont identifiés à midi le passage d'éléments de dix divisions.


Le soir, nouvel ordre de repli prescrivant de traverser l'Aube. Bombardement des colonnes par avions. La 3ème D.C.R. se replie de nuit sur l'Aube.


Le 15 juin

Les Allemands, glissant le long de la Seine, postent à chaque pont un ou deux chars et quelques sides, qui interdisent les passages et la reconstruction d'un pont. De ce fait, toutes les colonnes en retraite qui s'y présentent, roquent vers l'est et viennent par la suite se heurter aux grandes colonnes blindées allemandes, dont le passage est signalé:


- Le 15 : Auxerres - Tonnerre à 18 heures.

- Le 16 : Avallon à 5 h - Clamecy ;à 6 h 30 - Sens à 12 h - Saulieu ;à 12 h - Dijon ;et Montbard à 14 heures.

Les colonnes disloquées franchissent parfois la Seine, mais seront faites prisonnières dans la région Montbard, Chaource, Châtillon, Dijon, exténuées par les fatigues de dix jours de combats en retraite, sans alimentation, sans munitions, sans ordres.




Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

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La défense du canal de l'Aisne à la Somme, le 5 juin 1940

Message par Denis V » Mardi 09 Octobre 2007 10:40:45

Je reviens sur la percée allemande du front français du 5 juin et des jours suivants à la jonction des 23e DI et 87e DIA établies de part et d'autre de l'Oise et du Canal latéral à l'Oise, respectivement sur le Canal de St-Quentin et sur le Canal de l'Ailette ou Canal de l'Oise à l'Aisne. http://membres.lycos.fr/dvo/quierzy/wwiie13.jpg
Les rattachements de ces unités aux 7e et 6e Armées changent avant la bataille et on s'y perd. Mais je n'ai pas trouvé de point d'appui entre Manicamp et l'Oise ou à Quierzy, mentionné ci-dessus, dans les JMO 87e DIA - SHAT Vincennes - côte 32N348 et JMO 18e RTA - SHAT Vincennes - côte 34N275. C'est à dire à l'aile gauche de la 87e DIA.
Je n'ai malheureusement rien sur l'organisation du flanc droit de la 23e DI (107e RI ?).
Or, à cet endroit, le 6 juin, le 485.I-R (263.Infanterie-Division, V ArmeeKorps) longe par surprise le Canal Latéral à l'Oise jusqu'à Noyon, entre la 23e DI qui tient Noyon et la 87e DIA qui recule plein sud vers l'Aisne. Il ne semblait donc guère y avoir de défense organisé à cet endroit précis.
Si quelqu'un pouvait disposer d'éléments complémentaires.

http://membres.lycos.fr/dvo/quierzy/q4.htm

Extraits :

"Mercredi 5 juin, 2e acte de la bataille, les allemands (6.Armee, Heeresgruppe B) attaquent en force. Les 3 régiments de la 72. Infanterie Division allemande (XVIII.ArmeeKorps) se lancent à l'assaut ; 266. Infanterie Regiment à gauche, 124. IR au centre tous deux devant les Tirailleurs et 105. IR à droite devant les Zouaves.

Après une intense préparation d'artillerie sur tout le front à l'aube, qui s'étend en profondeur entre Quierzy et Juvigny, ils franchissent le canal à la faveur d'un épais brouillard sur des barques pneumatiques ou à la nage.

Les vagues successives sont accueillies à coups de fusils et de grenades, qui coulent les embarcations et font de nombreux morts qui flottent sur canal. Les pertes sont effroyables (les points d'appui français sont bien organisés selon un plan de feux méthodique), mais les allemands tués sont immédiatement remplacés et parviennent à prendre pied sur la rive. Les combats se poursuivent au corps à corps sur les berges : on s'y bat à un contre six.


Les points d'appui se défendent avec acharnement. Beaucoup succomberont faute de munitions. Les réserves manquent pour les dégager. La plupart, mêmes encerclés, tiennent mais l'ennemi les contourne et progresse entre Pont-St-Mard et Crécy-au-Mont et par le pont de Bichancourt insuffisamment détruit. Devant Guny, le 105.IR allemands décimé par nos armes automatiques doit engager ses réserves.

A la mi-journée, les allemands débordent Manicamp malgré la résistance sur place des unités ; la 11e Compagnie du 18e RTA qui assure la liaison au pont de l'Oise avec la 23e DI ne se repliera que le 7 avec cette dernière. Mais les infiltrations ennemies sont nombreuses, St-Paul-aux-Bois est investi, Trosly-Loire est menacé. Sans doute l'ennemi cherche-t-il, selon une méthode qui lui chère durant cette campagne, à attaquer par l'arrière, en capturant les états-majors pour désorienter les unités privés de chefs ... Des renforts sont nécessaires. Une section de chars du 36e BCC - 3 FT17 de la Grande Guerre - arrive en début d'après-midi ! Une contre-attaque des Tirailleurs du 17e permet de dégager le PC du 9 Z à Selens.

Au soir, les allemands s'emparent de Besmé ferme par ferme mais les points d'appui sur le canal et dans Trosly-Loire tiennent, les pertes infligées à l'ennemi sont importantes et plus de cent prisonniers ont été faits (principalement des hommes du 124.Gr.Inf.Rgt. de la 72.Inf.Div. (XXXXIV AK, 6. Armee, Heeresgruppe B ).

Les éléments avancés, ayant contournés les défenses françaises, parviennent à la Ferme Neuve pour le 266.IR, à la lisière nord de St-Paul-aux-Bois pour le 124.IR et sur la colline à l'est de Selens pour le 105.IR.

A cet instant (5 juin au soir), le Gal Frère commandant la VIIe Armée française se met à espérer ; il téléphone à son supérieur, le Gal Besson, commandant le 3e Groupe d'Armée (GA3) : "Chez moi, tout le monde tient. On est encerclé, mais on tient ... J'ai la conviction absolue que l'armée française est en train de se sauver."
Cité notamment par Dominique Lormier dans Comme des lions, Mai-juin 1940, Le sacrifice héroïque de l'armée française (v. ci-dessous)


Le 6 juin, tandis que Paul Reynaud s'adjoint le général de Gaulle, comme sous-secrétaire d'État à la Guerre et à la Défense nationale, les allemands poursuivent leur action. A l'ouest, ils poussent en direction de Blérancourt malgré la résistance sur place des Tirailleurs sur St-Paul-aux-Bois notamment. Le 18e RTA contre-attaque de la Rue de Noyon en direction de la Ferme Favette pour dégager la dernière batterie de 75 intacte du 87e RA qui appuie le régiment. Renforcé par la compagnie de réserve du 17e RTA et appuyé par une section de 2 FT (le 3e est en panne) les Tirailleurs repoussent l'ennemi et capturent 16 allemands dont un officier. Au soir, les allemands attaquent très violemment Camelin et le Fresne.

Au centre, l'attaque allemande en direction de Trosly-Loire est pareillement stoppée ; 152 prisonniers dont 2 officiers et un important matériel sont pris. A l'est, une grande partie de l'armement est perdu du fait des violents pilonnages d'artillerie, la liaison est perdue avec le 93e RI, les Tirailleurs se replient vers Epagny et le GRD multiplie les reconnaissances pour rechercher la liaison avec le 93e RI.

De leur côté, les Zouaves interdisent jusqu'au soir tout franchissement au Bois de la Tinette. Les allemands n'en poursuivent pas moins leur avance et au soir, le 266.IR atteind la colline au sud-est de Blérancourt, le 124.IR les hauteurs au sud de St-Aubin et le 105.IR Ouilly - Vézaponin.

Vers 21 h tombe l'ordre de décrocher. On croit tout d'abord à une mystification de la 5e colonne. Mais à gauche de la 7e Armée, sur la Somme, le front de la 10e Armée a cédé et le recul de la 10e Armée oblige la 7e Armée à retraiter. Rommel a trouvé la parade aux hérissons de Weygand, il avance à travers champs. Dans le secteur de la 87e DIA, les importantes incursions ennemies alentours rendent une contre attaque impossible ; le 485.I-R (263.Infanterie-Division, V ArmeeKorps) a passé le Canal de l'Oise à l'Aisne à Bichancourt et longe par surprise le Canal Latéral à l'Oise jusqu'à Noyon, entre la 23e DI tenant la rive droite de l'Oise et Noyon et la 87e DIA tandis que les 463 et 483. Infanterie-Regiment (263.I-D également) franchissent le Canal de St-Quentin devant Vouël.

L'ordre est transmis par les agents de liaison qui parviennent à se glisser jusqu'aux points d'appui encerclés. Malgré la fatigue de deux jours et deux nuits de combats et la faim (il n'y a plus de ravitaillement depuis le 4 juin), le repli s'effectue en ordre à la faveur de la nuit en direction des ponts sur l'Aisne de Rethondes, Berneuil, Attichy et Vic tenus par la 11e DI. La 11e Compagnie du 18e RTA qui assure la liaison au pont de l'Oise avec la 23e DI ne se repliera que le lendemain avec cette dernière. Le 7 vers 13 heures la rivière a été franchie par tous les éléments qu'il a été possible de décrocher, les ponts sautent. Les allemands attaquent déjà. La déception est grande de ne trouver là ni défense organisée ni renforts regroupés pendant les 20 jours de combats sur l'Ailette.

On trouve à Quierzy des traces de ces combats ; des douilles de 7,5 mm 1929 correspondant à l'armement individuel des Tirailleurs. Egalement, le site SGA / Mémoire des hommes mentionne le décès à Quierzy le 6 juin du Tirailleur Sendjesni Mohamed Ben M’Hammed du 18e RTA.


Des journées décisives
On sait aujourd'hui que pour Weygand l'ordre donné le 5 juin à ses unités de lutter "sur place sans esprit de recul" signifiait que la guerre devait s'arrêter là, pour négocier avec Hitler tant que la France a une armée. Weygand refusait alors toute idée de repli vers la Bretagne ou l'Afrique du Nord et rien n'est donc fait en ce sens.
Mais l'armée française oppose, au délà de tout espoir, à l'attaque allemande du 5 juin, une résistance remarquable - et remarquée - sur la Ligne Weygand, contrastant avec ce qui s'est passé en mai.
Cette nouvelle donne ne modifie pas le cours de la bataille mais Weygand finit par céder sans conviction le 6 et autorise la retraite. Son plan d'armistice est mort et l'Armée Française se battra jusqu'au bout.
Après le rembarquement réussi de Dunkerque, ce sursaut français aidera également Churchill à convaincre les britanniques que l'on peut se battre contre Hitler et continuer la guerre.
Il trace aussi la voie dans laquelle s'engagera de Gaulle, devenu le 6 juin Secrétaire d'Etat à la Guerre du gouvernement Reynaud.



Le prix payé par les allemands sur l'Ailette est élevé ; de leur propre aveu pour ces deux jours ; 1.800 morts et 4.500 blessés (outre plus de 200 prisonniers). La seule 1.Geb.Division du XXXXIV ArmeeKorps, qui a traversé le canal plus à l'est ce jour-là perd 500 hommes. Les Zouaves perdent de leur côté 16 officiers et 620 hommes (tués, blessés ou disparus). les pertes des Tirailleurs, égalements lourdes, attestent qu'ici comme ailleurs l'armée française s'est battu courageusement.

Sur l'autre rive de l'Oise, le V ArmeeKorps allemand qui attaque depuis La Fère est tenu un temps en échec devant Noyon par de puissantes contre-attaques françaises mais à l'aube du 7 juin, les 62. et 94.I-D venant du Nord et la 263.I-D du sud-est resserrent l'étau sur Noyon où les combats de rues opposent les fantassins allemands aux fantassins français jusqu'en début d'après-midi. La plupart des unités françaises parviennent à s'échapper. Au soir, la 263.I-D occupe Noyon. La chaleur est étouffante. Les morts sont enterrés à la hâte.

Les combats se poursuivent au sud de l'Aisne. La 87e DIA se bat au nord de la Forêt de Retz ; Ferme de Pouy les 8 et 9 juin, Taillefontaine le 10 ...

Lundi 10 juin, la bataille défensive sur la Somme et l'Aisne est perdue. Le repli général se fait sur Soissons et Oulchy. Les Allemands atteignent Château-Thierry. Le front sur la Marne est défendu héroïquement. Le 11 juin, la rivière est franchie à Brasles et à Chartèves. Les allemands progressent dans toutes les directions."
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Re: La défense du canal de l'Aisne à la Somme, le 5 juin 194

Message par BRH » Mercredi 01 Février 2012 11:47:39

Pour mieux comprendre la situation :

23ème division d’infanterie : Tours Général Jeannel

- 32ème régiment d’infanterie : Angers

- 107ème régiment d’infanterie : Angoulême

- 126ème régiment d’infanterie : Brive

Pour mémoire, l'historique du 93ème RI à droite de la 87ème DIA :

http://www.93emeri.fr/cariboost_files/m ... 9_1940.pdf
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Re: La défense du canal de l'Aisne à la Somme, le 5 juin 194

Message par Denis V » Samedi 04 Février 2012 13:44:52

Denis V a écrit :Or, à cet endroit, le 6 juin, le 485.I-R (263.Infanterie-Division, V ArmeeKorps) longe par surprise le Canal Latéral à l'Oise jusqu'à Noyon, entre la 23e DI qui tient Noyon et la 87e DIA qui recule plein sud vers l'Aisne. Il ne semblait donc guère y avoir de défense organisé à cet endroit précis.


Quelques éléments de réponse trouvés depuis :

C'est le IIIe/18e RTA qui se trouve au 5 juin (Quartier de Manicamp - Pont de Bichancourt) à la gauche du 18e RTA et de la 87e DIA contre l'Oise en liaison avec le 107e RI, 23e DI rive nord de l'Oise.

Plus précisément c'est la 11e Cie du Lt Gardien du 18e RTA avec à sa droite la 9e Cie du IIIe Btn/18e RTA également. C'est cette dernière Cie qui est en charge du pont de Bichancourt. La 11e Cie tient une ligne allant de ce pont exclu (côté droit) à l'Oise inclus (côté gauche).

Dans la matinée du 5 juin, la 9e Cie est enfoncée au pont de Bichancourt mais la 11e, bien que prise à revers par la droite tient. A 13h30, elle se trouve encerclée le dos à l'Oise, sa gauche toujours sur le canal de l'Ailette (ou canal de l'Oise à l'Aisne), liaisons, communications, ravitaillements coupés, face à des colonnes allemande de l'ordre d'un bataillon circulant sur la route Bichancourt - Manicamp.

A 15h30, munitions presque épuisées, le Lt Gardien traverse l'Oise à la nage pour prendre contact avec le Cdt du PA d'Abécourt, 107e RI, et se ravitailler en munitions. Les renseignements recueillis sur la situation de l'ennemi décide le Lt Gardien à établir une nouvelle position entre l'Oise et le canal de St-Quentin (ou canal latéral à l'Oise) avec un groupe de mitrailleuse tirant sur la route pont de Bichancourt - Manicamp infligeant jusqu'au soir des pertes considérables à l'ennemi (266. Infanterie Regiment, 72. Infanterie Division allemande, XVIII.ArmeeKorps).

La position est renforcée durant la nuit et tenue le 6 juin toute la journée en liaison avec la 23e DI. Une patrouille allemande est décimée à 16h45 au pont canal d'Abécourt (jonction du canal de l'Ailette avec la rivière Oise).

L'ordre de décrocher (sur Noyon par la route nationale) est donné à la 11e Cie durant la nuit. Le reste du IIIe Btn n'existe plus. Noyon est violemment attaqué au petit matin. Le Lt Gardien y observe de petites colonnes ennemies provenant de Morlincourt, entre le canal de St-Quentin et la route nationale.

La percée vers Noyon du 485 IR le long de ce canal est donc possible :
- par la rive sud une fois franchi le canal de l'Ailette au pont de Bichancourt le 5, Oise et canal latéral franchis à Quierzy ou alentours. On s'y bat le 6 : un tirailleur du 18e RTA y est tué.
- par la rive sud entre Oise et canal donc après repli de la 11e Cie dans la nuit du 6 au 7.
- par la rive nord en s'infiltrant entre 107e et RI et 18e RTA les 5 ou 6. Plus probablement après repli des 107e et RI et 18e RTA dans la nuit du 6 au 7.

Extrait d'une publication à paraitre sur le IIIe Btn du 18e RTA à Manicamp.

http://dvole.free.fr/quierzy/q4.htm
http://dvole.free.fr/quierzy/18.htm
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Re: La défense du canal de l'Aisne à la Somme, le 5 juin 194

Message par BRH » Samedi 04 Février 2012 15:32:36

Merci pour cette contribution passionnante. Il ne semble pas, toutefois, que les généraux Martin et Jeannel se soient étroitement consultés pour pallier à une percée de l'ennemi à cet endroit. Et leur chef ?
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Re: La défense du canal de l'Aisne à la Somme, le 5 juin 194

Message par aladin » Jeudi 16 Février 2012 19:24:06

merci d'avoir apporté toutes ces informations sur la bataille de la somme. Je suis arrivé à mieux comprendre ce qui s'est passé ce jour du 5 juin 1940 à manicamp (Aisne) , localité ou mon père, qui faisait partie du 18ème RTA, 87ème DIA, à été blessé et capturé par les allemands.

Selon, ce qu'il m'avait raconté de cette journée là, sa compagnie s'était repliée, laissant derrière elle, les blessés inaptes à l’évacuation , parmi lesquels, son lieutenant, dans la cave d'une ferme. C'est là qu'ils ont été capturés par les allemands.
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Re: La défense de l'Aisne à la Somme, le 5 juin 1940

Message par Denis V » Vendredi 17 Février 2012 12:40:56

Merci Aladin,

Effectivement, nous nous trouvons à Manicamp (Secteur de la 87e DIA, Sous-Secteur du 18e RTA) à l’aile droite de l’attaque allemande sur la Somme du 5 juin 1940. Côté français, nous sommes sur la « Ligne Weygand » à la jonction des 6e Armée au nord de l’Oise et 7e Armée au sud. Quelques précisions géographiques tout d’abord peuvent toutefois être apportées, le sujet de cette rubrique pouvant d’ailleurs lui-même prêter à confusion.

Il n’y a pas un canal de l'Aisne à la Somme mais trois. Du sud au nord :
- le Canal de l’Aisne à l’Oise (ou Canal de l’Ailette, dont il suit le cours) dans sa totalité reliant l’Aisne (à Bourg-et-Comin) à l’Oise (à Manicamp-Abbécourt), soit 47,7 km en passant sous le Chemin des Dames !
- le Canal latéral à l’Oise (dont il suit le cours) de Manicamp-Abbécourt à Tergnier, soit 12 km environ.
- le Canal Crozat ou Canal de St-Quentin de l'Oise (à Tergnier) à la Somme et son canal (à Saint-Simon).
Toutes ces communes se trouvant dans le Département de l’Aisne.

Cette rubrique devrait donc plus exactement s’intituler « La défense de l'Aisne à la Somme » ou « La défense des canaux de l’Aisne à la Somme », étant observé qu’est principalement traité ici La défense du Canal de l’Ailette ... :wink:

Concernant l’organisation de la défense de l'Aisne à la Somme, au 5 juin 1940, nous avons au centre de la « Ligne Weygand » la VIIe Armée du Gal Frère, sur la Somme, le Canal Crozat et l'Ailette de l'Oise à Coucy-le-Château, dont la 87e DIA constitue l'aile droite face à la jonction des VIe et IXe armées allemandes. A droite, sur l'Ailette puis l'Aisne jusqu'à Neufchâtel-sur-Aisne la VIe Armée du Gal Touchon. Avec la Xe Armée du Gal Altmayer établie sur la Somme de la Manche à l'est d'Amiens, ces trois armées forment le Groupe d'Armées n°3 (GA3) du Gal Besson qui a à sa droite, de l'Aisne à la Ligne Maginot, les IVe Armée du Gal Réquin et IIe Armée du Gal Faeydenberg forment le GA4 du Gal Huntziger. La carte n°1 de « Soixante jours qui ébranlèrent l’occident » de Jacques Benoist-Méchin montre très bien tout cela.

Concernant votre père, la commune de Manicamp a entrepris depuis 2010 de sortir de l’oubli les combats du 18e RTA sur l’Ailette en 1940 http://dvole.free.fr/manicamp/m050611.html et « 18e RTA 1940 », à l’origine de cette initiative, est en mesure d'apporter de plus amples précisions complémentaires sur cette unité : http://dvole.free.fr/1940/181940.htm :oops:
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Re: La défense du canal de l'Aisne à la Somme, le 5 juin 194

Message par Denis V » Dimanche 19 Février 2012 23:26:13

Pour être plus précis, on trouve du sud au nord :
- sur les 47 km du canal de l'Ailette : la 28e DI, la 7e DI, avec loin en arrière la 8e DI, la 87e DIA avec loin en arrière la 11e DI (derrière l'Aisne comme la 8e DI)
- sur les 12 km du canal de l'Oise : la 23e DI en partie
- sur les 15 km du canal Crozat : la 23e DI en partie, la 3e DLI avec loin en arrière la 7e DIC vers Compiègne
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