L'énigme du "Haltbefehl"...

Les Totalitarismes à l'assaut de l'Europe !

Re: L'énigme du "Haltbefehl"...

Message par BRH » Dimanche 19 Septembre 2010 11:42:01

norodom a écrit : Bien qu'il n'y eût nul besoin de revenir sur ces graves évènements, M. Reynaud insista sans détour sur la possibilité que la France se retirât de la guerre. Lui-même poursuivait la lutte, mais il y avait toujours le risque qu'il se voit bientôt remplacé par d'autres, animés de dispositions différentes.


Merci, Roger : vous le constatez, on s'approche de plus en plus de la vérité... :wink:

Dans le contexte de cet évènement, il en est un autre, celui du conseil français de la veille, 25 mai 1940, qu'il me tient personnellement à coeur de connaître dans ses moindres détails...
Le 25 mai 1940 était la date anniversaire de mes [u]12 ans.


Voyez ici :

viewtopic.php?f=12&t=4
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Re: L'énigme du "Haltbefehl"...

Message par norodom » Dimanche 19 Septembre 2010 17:30:55

Bonsoir Bruno,

Tout d'abord je vous précise que j'avais lu le contenu du fil que vous aviez ouvert le 27 janvier 2007 sur le thème " Le 25 mai 1940: Weygand croit-il encore à la victoire ? "
Pas mal de choses, frisant parfois la fiction, y ont été écrites....

J'ai noté que dans ce fil vous vous référiez, au point 7, aux écrits de William Langer et de Benoist-Méchin.

A cette question, je donne ma réponse:
"Comment aurait-il pu y croire puisque, à cette date du 25 mai, lors de la réunion du comité de guerre, lui-même et le Maréchal Pétain insistaient pour demander l'armistice"

Parallèlement j'ai également lu le texte de François Delpla_Le secret de Paul Reynaud_Histomag44, n°65, Mai-juin 2010, où l'auteur évoque cette journée du 25 mai.
C'est du "Delpla", séduisant certes, mais fidèle à ce que j'ai relaté précédemment, je ne le suis pas sur toute la ligne...

J'en viens à notre dernier entretien:

"Merci, Roger : vous le constatez, on s'approche de plus en plus de la vérité..."

Je suis tenté de vous répondre "quelle vérité ?..."

Votre citation initiale est:

"Reynaud s’envole pour Londres le 26 mai : d’après William Langer, il souleva la question de savoir si – les Anglais se déclarant incapables d’apporter un soutien plus grand de leur aviation à la France- il n’était pas de l’intérêt commun que la France conclue un armistice, avant l’occupation de la zone côtière de la Manche !"

Que vous auriez dû compléter d'entrée par ce complément que vous aviez indiqué au point 7:

"Le soir du 16 mai, rendu à Paris, en présence de Reynaud et de Gamelin, Churchill annonce que « la R.A.F consent à mettre 10 squadrons supplémentaires à la disposition du Haut-Commandement. »
Cette mesure n’étant pas suivie d’effet...."


Alors pourquoi ma question: "quelle vérité ?..."

Aux premières heures du 26 mai, Lord Gort et le général Blanchard avaient établi en commun leur plan de retraite vers la côte.
Il convient de préciser que Gort, qui avait abandonné ses espérances dans le plan Weygand, avait pris cette décision capitale dès la veille au soir.

Peut-on imaginer que Reynaud se pointe là, pour demander la permission de déroger à l'engagement qu'il avait pris lui-même, sans consultation préalable de son gouvernement, le 28 mars 1940 à Londres?... Est-ce logique ?.

Très cordialement,
Roger
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Re: L'énigme du "Haltbefehl"...

Message par BRH » Lundi 20 Septembre 2010 10:01:40

Pour ce qui est de l'article sur Weygand, merci de préciser dans le sujet en question en quoi on y frôlerait la fiction. Cela serait intéressant à plus d'un titre.

Pour ce qui est du voyage de Reynaud à Londres, voici ce qui est tiré des archives du cabinet de guerre pour la journée du 26 mai. Mettons de côté l'effort de Reynaud pour obtenir l'ouverture de négociations avec Mussolini en vue de permettre l'entrée en ligne des 10 divisions encore derrière les Alpes sur le front nord. Après un échange vif sur ce point, Churchill est amené à poser la question crûment : "Les Allemands ont-ils fait des offres de paix aux Français ?" Reynaud réplique : "Non, mais il "sait qu'on pourrait leur en faire s'ils le souhaitaient."

Annexe confidentielle. Cabinet de guerre, n° 140, 26 mai 1940, Arch. Cab. de guerre 65/13.

En outre, il est erroné de prétendre que Gort et Blanchard aient mis au point un plan de retraite vers la côte aux premières heures de la matinée. En effet, c'est en début de l'après-midi qu'il est question d'amener Reynaud à cautionner l'ordre de repli vers la côte donné à Gort. Le texte finalement signé par Reynaud est téléphoné à Weygand à 16 h 05. Arch. Cab. de Guerre 65/18.
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Re: L'énigme du "Haltbefehl"...

Message par norodom » Lundi 20 Septembre 2010 15:39:17

BRH a écrit :Pour ce qui est de l'article sur Weygand, merci de préciser dans le sujet en question en quoi on y frôlerait la fiction. Cela serait intéressant à plus d'un titre.


J'ai écrit "frisant parfois la fiction"... ce que je ne mets pas à votre actif.
Peut être ai-je été sévère en employant ce mot "fiction" ?..."anticipation" aurait-il mieux convenu?... Celà est d'ailleurs sans importance.

BRH a écrit :Mettons de côté l'effort de Reynaud pour obtenir l'ouverture de négociations avec Mussolini

Pas d'accord !... c'est le motif majeur de sa visite à Londres.

A son retour, le 26 mai à 22 heures, Reynaud avait convoqué à son domicile, Edouard Daladier, Paul Baudoin et Charles Roux.
Il leur a fait part de sa conférence à Londres avec Churchill, Halifax, Eden et Beaverbrook au cours de laquelle une discussion s'était engagée sur la nécessité de faire quelque chose pour tâcher de maintenir l'Italie dans sa non-belligérance. Aucune conclusion n'avait été atteinte.
Ce soir là Reynaud n'a parlé à ses hôtes de rien d'autre...

Alors, pour ce qui est du contenu de l'Annexe confidentielle. Cabinet de guerre, n° 140, 26 mai 1940, Arch. Cab. de guerre 65/13
Je ne connais pas ce document... l'avez-vous consulté vous-même?
Donc je me dispense de tout commentaire et je vais tâcher d'en savoir davantage...

Cependant, bien qu'il me soit nécessaire de revoir la chronologie des faits qui ont précédé l'Armistice, j'émets une hypothèse que peut-être vous pouvez m'aider à résoudre:
<<Ne peut-il y avoir confusion entre une offre de paix de la part des allemands et une réponse de ces derniers à une demande de proposition de conditions d'Armistice ?>>

BRH a écrit :En outre, il est erroné de prétendre que Gort et Blanchard aient mis au point un plan de retraite vers la côte aux premières heures de la matinée. En effet, c'est en début de l'après-midi qu'il est question d'amener Reynaud à cautionner l'ordre de repli vers la côte donné à Gort. Le texte finalement signé par Reynaud est téléphoné à Weygand à 16 h 05. Arch. Cab. de Guerre 65/18.


Je ne prétends rien...

Le 24 mai, dans un message adressé à Lord Ismay, Churchill avait critiqué Lord Gort, reprochant à ce dernier, entre autres motifs, de n'avoir pas suivi Weygand et d'avoir donné l'ordre au général Franklyn d'abandonner le secteur d'Arras avec les 5ème et 50ème divisions...

Le 25 mai à 7 heures John Dill met Gort au courant de l'évolution préoccupante du front tenu par les belges dans le secteur de Courtrai (effectivement les lignes belges craquèrent au cours de la soirée entre Geluwe et la Lys)
Peu àprès 18 heures Gort prit l'nitiative d'agir et en fit part à son chef d'état major Pownall.
Allant à l'encontre des ordres reçus, il fit replier les 5ème et 50ème divisions du Sud pour les mettre à la disposition du général Brooke dangereusement découvert suite à l'éclatement des lignes belges.

Londres convint qu'il n'y avait plus aucun doute: il fallait approuver l'initiative de Gort.
Le 26 mai, Eden envoyait un télégramme à Gort en ces termes " Si les informations reçues sont exactes, une seule possibilité vous reste: la mer."
Mais aux premières heures de ce 26 mai, les plans préliminaires étaient déjà faits...
Le général Brownrigg avait été chargé d'organiser l'évacuation de toutes les unités des services qui pourraient gêner le repli ultérieur des hommes du front.
En accord avec le général Blanchard, fût admis le principe d'un repli derrière le canal de la Lys en vue de l'établissement d'une tête de pont qui devait faire face aux allemands avec pour objectif de tenir le plus longtemps possible sans se replier.

Pour ce qu'il en est de l'implication de Reynaud dans ce scénario là, tel qu'il en ressort du contenu des "Archives Cab. de Guerre 65/18".... là, vraiement, pour l'instant, je suis totalement ignorant sur ce sujet !...
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Re: L'énigme du "Haltbefehl"...

Message par BRH » Mardi 21 Septembre 2010 17:49:23

Les documents en question sont référencés dans l'ouvrage de John Costello. "Les dix jours qui ont sauvé l'Occident". Il n'y a pas lieu de les contester.

En accord avec le général Blanchard, fût admis le principe d'un repli derrière le canal de la Lys en vue de l'établissement d'une tête de pont qui devait faire face aux allemands avec pour objectif de tenir le plus longtemps possible sans se replier.


Le principe de ce repli n'impliquait pas encore de devoir évacuer aux yeux du général Blanchard. Cela était d'ailleurs contraire à ses instructions. Mais, dans l'esprit de Gort et du gouvernement anglais, il s'agissait bel et bien d'une évacuation en bonne et due forme par Dunkerque, de préférence...

<<Ne peut-il y avoir confusion entre une offre de paix de la part des allemands et une réponse de ces derniers à une demande de proposition de conditions d'Armistice ?>>


Difficile de répondre. Nordling a été reçu par Reynaud le 20 mai : il lui a fait part de l'offre de Goering : "Que M. Reynaud nous fasse des propositions d'armistice". Est-ce que Reynaud, faisant cavalier seul, aurait sollicité d'éventuelles conditions d'armistice ? Nul ne le sait. Mais il a parlé de la possibilité de ne pas pouvoir repousser des offres de paix allemandes à Baudouin.
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Re: L'énigme du "Haltbefehl"...

Message par norodom » Mardi 21 Septembre 2010 22:33:46

BRH a écrit :Le principe de ce repli n'impliquait pas encore de devoir évacuer aux yeux du général Blanchard. Cela était d'ailleurs contraire à ses instructions. Mais, dans l'esprit de Gort et du gouvernement anglais, il s'agissait bel et bien d'une évacuation en bonne et due forme par Dunkerque, de préférence...


Effectivement, le 20 mai, lors de la réunion dans la "Dynamo Room" de Douvres, le plan élaboré prévoyait une évacuation d'urgence par la Manche, en utilisant trois ports, Boulogne, Calais et Dunkerque. Ce plan fût contrarié, tout d'abord le 23 mai par la fulguranta attaque de Boulogne par la 2ème division de panzers et trois jours plus tard par la chute de la citadelle de Calais où le général Nicholson et ses hommes fûrent faits prisonniers après une résistance qualifiée par Guderian d'"héroïque et digne des plus grands éloges"
Il ne restait donc que Dunkerque... L'initiative personnelle de Lord Gord, dans cette opération, sauva le corps expéditionnaire britannique.

Sur le dernier point de notre échange (relation Göering-Reynaud), je vais poursuivre mes recherches....
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Re: L'énigme du "Haltbefehl"...

Message par BRH » Jeudi 23 Septembre 2010 09:57:43

Je n'ai pas connaisance d'une réunion dans la "Dynamo room" de Douvres. Il n'entrait certainement pas dans les prévisions du gouvernement anglais d'évacuer le BEF à la date du 20 mai. Il est vrai que l'Amirauté anglaise prend ce jour-là les 1ères mesures en vue d'évacuer des troupes du BEF. Mais, il n'a pas été question d'évacuer le BEF, autrement que sous la forme d'un "brain-storming". A moins que vous ayez connaissance de faits plus précis ?
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Re: L'énigme du "Haltbefehl"...

Message par norodom » Jeudi 23 Septembre 2010 15:49:56

BRH a écrit :Il n'entrait certainement pas dans les prévisions du gouvernement anglais d'évacuer le BEF à la date du 20 mai.

Mais si Bruno... et même avant le 20 mai!.

Je vous indique un site (il en est d'autres)

www.communaute-urbaine-dunkerque.fr
Territoire >> Histoire du territoire >> Il y a 70 ans, l’opération Dynamo

>> Extrait du sommaire...
19 mai : premiers préparatifs de l’opération Dynamo

"Dès le 18 mai, le général Gort qui commande le Corps expéditionnaire britannique alerte Londres sur le caractère désespéré de la situation militaire et l’urgence de sortir au plus tôt de ce piège, afin d’assurer le sauvetage des divisions engagées sur le continent. Un plan d’évacuation d’urgence par la Manche est mis au point par le vice-amiral Ramsay qui a établi ses quartiers à Douvres, dans la Dynamo Room, une salle où, durant la première Guerre mondiale, avait été installé un générateur électrique".

Les informations que j'ai citées, qui font référence à la réunion dans la "Dynamo Room" de Douvres le 20 mai 1940, sont extraites du témoignage du général Walther K. Nehring, lequel était au moment de l'évènement, chef d'état-major du général Guderian.

Je précise que je connaissais celà depuis plus de quarante ans.... Cette nouvelle opportunité de discussion sur ce forum, sur un sujet qui m'a toujours passionné, m'a incité à revoir ce témoignage entre autres, afin de remettre de l'ordre dans les bribes de ma mémoire... méfaits du temps et de l'âge, auxquels j'essaie de résister....

Dans ce témoignage de Nehring, il apparaît que dès le 19 mai, lord Gort avait suggéré l'évacuation comme l'une des possibilités offertes au corps expéditionnaire britannique.
Cet avis fût suivi par des ordres du général Pownall au colonel lord Bridgeman afin d'établir les plans nécessaires. A cette date, tous les ports de Boulogne à Zeebrugge demeuraient encore disponibles.

C'est le vice-amiral Ramsay qui le 20 mai, après avoir étudié le plan d'évacuation, s'enquit de trouver les navires en quantité suffisante pour évacuer un maximum d'hommes en un minimum de temps. A ce stade là on croyait impossible d'embarquer plus de 10.000 hommes par jour dans les trois ports, Boulogne, Calais et Dunkerque. L'estimation de ce chiffre était envisagée dans le cas où l'ennemi n'interviendrait que modérément.... on connaît la suite...
L'opération débuta le lendemain.
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Re: L'énigme du "Haltbefehl"...

Message par norodom » Jeudi 23 Septembre 2010 17:40:43

Je crois utile de revenir sur le sujet principal de ce fil: "L'énigme du "Haltbefehl"... en m'inspirant de la chronologie des évènements qui ont précédé l'évacuation par Dunkerque.

J'y vois une explication sur le choix définitif d'Hitler acceptant la proposition de Goering de confier Dunkerque à la Luftwaffe.

Le 22 mai la 2ème division de panzers atteint les quartiers sud de Boulogne où se livre un combat d'une violence imprévue. Dans la soirée du 23 les Stuka attaquent en nombre et mettent hors service trois destroyers et cinq transports, ce qui soulage considérablement les assaillants.
Le 24, la vieille citadelle est prise d'assaut.... le 25 Boulogne capitule... deux généraux et 5000 soldats alliés sont faits prisonniers.

La 10ème division de panzers se charge de Calais, mais elle subit plusieurs attaques efficaces des blindés britanniques. Le 24 mai, Calais est encerclé... le 25 l'attaque en règle ordonnée par Guderian échoue.... le 26 mai une nouvelle attaque est repoussée... Alors que le moral des assaillants est bas, après une intervention massive des stukas dans la soirée, les derniers défenseurs du bastion capitulent.

Il faut retenir qu'au soir du 24 mai, après la visite d'Hitler à Charleville, les instructions reçues de la Luftwaffe étaient: "Dunkerque doit être laissé à la Luftwaffe. Si Calais n'est pas tombé le 26 mai, la Luftwaffe s'en chargera également"
Bien évidemment ce choix ne pouvait être du goût des chefs des unités de panzers qui devaient être quelque peu vexés que leur rôle soit sous-estimé.
La réaction du général Franz Halder, en particulier, est significative...

Cette chronologie fait bien apparaître l'importance du rôle bien orchestré revenant à chaque corps (panzers-infanterie et stukas). Il existait bien une préparation militaire coordonnée de la conquête des ports sur la Manche.
Dunkerque restant l'ultime rempart, il était évident qu'il serait défendu avec la rage du désespoir.

Je reste personnellement convaincu que le choix de la Luftwaffe était le bon, même si par la suite les choses ne se passèrent pas idéalement pour l'assaillant.

Et les chars dans ce cas?... Eh bien, il n'avaient pas à être exposés sous les bombes de leurs partenaires d'en haut, constituant quand-même en retrait, autant de pièces d'artillerie.
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Re: L'énigme du "Haltbefehl"...

Message par Eric van den Bergh » Mercredi 13 Octobre 2010 12:45:40

J'ai remarqué que mes derniers messages ont été disparus
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Re: L'énigme du "Haltbefehl"...

Message par BRH » Mercredi 13 Octobre 2010 14:51:59

Cela m'étonne. :shock:

Peut-être voulez-vous dire que les messages que vous vouliez poster ont disparu ?
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Re: L'énigme du "Haltbefehl"...

Message par Francois Delpla » Mercredi 13 Octobre 2010 20:12:09

Norodom et Eric contestent ma thèse, hélas, sans sembler bien la connaître.

Je suis allé moi aussi aux archives, notamment celles de Fribourg, où j'ai trouvé des traces de la prise en main de Jacobsen par Halder : ce sont des choses qui arrivent aux jeunes historiens ! Les ruses de Hitler ne sont pas vues, avant tout parce qu'elles ne sont pas soupçonnées. Ce qui, avec un fourbe pareil, est léger et dangereux.
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Re: L'énigme du "Haltbefehl"...

Message par norodom » Mercredi 13 Octobre 2010 21:23:07

Francois Delpla a écrit :Norodom et Eric contestent ma thèse, hélas, sans sembler bien la connaître.

Non, non! je ne conteste pas votre thèse que j'avais consultée... pas de contestation d'emblée...
... mais je dois reconnaître qu'il m'est indispensable de revoir celà, c'est long et pas simple.
De surcroît, très intéressant !.
Aussi vais-je vous relire attentivement et analyser vos arguments.
Au boulot !... à bientôt.
Bonne nuit!
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Re: L'énigme du "Haltbefehl"...

Message par norodom » Vendredi 15 Octobre 2010 14:54:34

Bonjour François,

Je continue mon analyse personnelle de votre thèse... patience !...

Auparavant je vous interroge sur un point que je n'avais pas immédiatement relevé...
Francois Delpla a écrit :e suis allé moi aussi aux archives, notamment celles de Fribourg, où j'ai trouvé des traces de la prise en main de Jacobsen par Halder

Ne faites-vous pas une "inversion"... ?
J'ai lu, tout récemment que Hans Adolf Jacobsen et Charles Burdick ont publié en 1988 un livre sous le titre "The Halder War Diary, 1939-1942", traduction du journal de guerre de Halder, lequel n'a pas été publié sous sa forme originale, parce qu'il s'agissait d'un journal de guerre personnel et secret, contenant des notes prises à l´aide de la sténographie de Gabelsberg, une ancienne langue sténographique que peu de gens pouvaient lire.

Merci de m'éclairer
norodom
 
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Re: L'énigme du "Haltbefehl"...

Message par norodom » Vendredi 15 Octobre 2010 20:59:10

@François Delpla

Mon "verdict"...

Je commence par les textes de Nicolas Bernard...
En premier, la journée du 17 mai, dans la chronologie des évènements

"Hitler explicite ses motifs : "En aucun cas il ne doit se produire un revers [...] qui relèverait de manière fatidique le moral de nos ennemis, pas seulement de leur armée, mais aussi de leurs dirigeants politiques". On le voit, le motif n'est pas purement militaire."

Donc Hitler s'exprimait à haute et intelligible voix... devant un micro associé à un appareil d'enregistrement !.
Sur la partie que j'ai soulignée, une telle déduction m'échappe !.

"Au même moment, à Paris, le consul général de Suède, Raoul Nordling déclare vouloir se mettre en rapport avec le Président du Conseil, Paul Reynaud, afin de lui remettre personnellement "un message de la plus haute importance". Ce message n'est rien de moins que ce que Göring lui a déclaré le 15 mai 1940."

alors que le 11 mai :

"....Göring rencontre à Berlin Dahlerus et lui déclare que le Führer, dès que l'armée allemande aura atteint Calais, a l'intention de proposer la paix à la France."

??

Je passe sur les tractations de-ci de-là, se rapportant aux parades diplomatiques à une agression italienne, lesquelles m'apparaissent assez brouillonnes... Hors sujet, ici...

J'en viens au 24 mai :
Je suis assez sceptique que ce soit ce jour là, que Hitler fit part de son admiration de l'Empire britannique, de la nécessité de son existence et de la civilisation que l'Angleterre avait donnée au monde... et d'autres commentaires rapportés après la guerre, par le général Blumentritt, chef des opérations de Rundstedt.

"Toujours est-il qu'à 12h30 environ, l'ordre suivant est émis en clair aux unités allemandes qui combattent devant Calais : "Par ordre du Führer -- attaque au nord-ouest d'Arras limitée à une ligne Lens - Béthune - Aire - Saint-Omer - Gravelines -- le canal ne sera pas franchi"
L'ordre est capté par les Anglais. Le chef d'état-major de la BEF, le général Pownall, n'arrive pas à y croire : "La chance tournerait-elle ?". Le Führer a ainsi ordonné aux Panzer du Heeresgruppe A, qui sont sur l'Aa, de stopper leur avance. Les unités trop avancées sont rappelées. Le Haltbefehl est entré dans l'Histoire. Il ne sera levé, et encore, pas totalement, que trois jours plus tard."

La ligne en question s'étire entre 80 et 90 km... celà fait beaucoup et implique un engagement important d'effectifs et de matériel...pour le canal, il doit s'agir de l'Aa... pas du canal de Bergues à la mer.
En plus les ordres sont transmis en clair... de quoi déjouer l'attention et encourager les occupants de la poche de Dunkerque à prendre le temps de se rassembler... la Luftwaffe s'en chargera... une ruse nazie en quelque sorte !.
A noter que Calais tomba dans la soirée du 26.

Et maintenant, comme promis, à nous deux François...

Citation :
"J'ai été le premier, je crois, à remarquer que le journal de marche du groupe Rundstedt ne réclamait aucun arrêt dans les heures précédant la venue de Hitler."

Elémentaire mon cher Watson....
Au cours de la visite que fit Hitler à Charleville le 24 mai 1940, au QG de Von Rundstedt, celui-ci lui fit part de la nécessité d'arrêter les blindés sur l'Aa, afin (entre autres motifs), d'attendre les renforts d'infanterie.
Ce qui signifie l'attente de l'autorisation d'un ordre...
Il est donc normal qu'une opération qui n'a pas été programmée antérieurement à son exécution, ne soit pas inscrite dans le journal de marche d'une unité combattante.

A ce sujet, j'ai noté une de vos citations sur la fiabilité relative des journaux de marche des unités militaires... (ce qui est bien connu des historiens, écrivez-vous)

Dans votre texte très fouillé : "Une énigme sexagénaire : l'ordre d'arrêt devant Dunkerque (24-26 mai 1940)"

Vous évoquez une série d'hypothèses aux intérêtes historiques divers et avec "le souci de dégager une certitude", vous évoquez tout d'abord, le rôle diplomatique de Goering, assorti du souci de ce dernier de réserver les lauriers à "l'aviation arme nazie"

A ce stade de la lecture, Goering étant le "second du Führer", j'ai cru un instant que vous alliez développer votre thèse du Haltbefehl à but diplomatique, consenti de concert par les deux compères.... bernique !. vous passez la seconde par un "Reste l'hypothèse diplomatique"
Et moi déçu: <<Ah! mais mince alors!... c'est plus une certitude !.... c'est une hypothèse !.>>

Trève de ce qui pourrait apparaître ironique à certains, mais ce n'est pas de l'ironie François, et je vous affirme que si j'avais déjà lu votre exposé, j'ai pris un réel intérêt à le relire (ne vaut-il pas mieux deux fois qu'une?).

Je n'irai pas plus loin dans mon analyse, qui en fait n'en est pas une mais une simple édition de commentaires.

Récapitulons les trois fils directeurs "hypothétiques":

1/ Arrêt d'ordre militaire, matériel et stratégique.

2/ Arrêt d'ordre diplomatique. (Thèse déjà connue depuis plus de 50 ans et non depuis 1990, année de parution de l'hypothèse dite "diplomatique" de Costello).

Ce qui suit incite à sourire:

"Et le pilonnage systématique de la zone par "l'artillerie aérienne" devait faire pression sur les britanniques pour accélérer les négociations."

Quant on examine le bilan des pertes aériennes allemandes, au cours de l'opération "dynamo", soit 130 à 140 appareils et combien de pilotes, peut-on accepter de croire que l'on avait affaire à une simple manoeuvre de pression?... L'opération a coûté 106 appareils à la RAF.

3/ Et enfin, un arrêt souhaité par Hermann Goering, à des fins de suprématie et avec le souci de soutenir le prestige de son Führer en Allemagne. Goering estimait en effet que ce prestige serait ébranlé si la gloire finale revenait à la seule armée de terre.
Sur ce dernier point, dont j'ai pris connaissance il y a 43 ans, je ne me suis pas acharné à l'approfondir et le bien comprendre... seul l'avis d'un spécialiste pourrait m'éclairer.

En conclusion, je ne réitèrerai pas ce que j'ai déjà écrit, seulement signifier une dernière fois, que ma conviction repose sur l'existence d'impératifs uniquement matériels et militaires.
Ce qui me met en accord avec Eric van den Bergh.

Et je tiens surtout à souligner qu'au soir du 23 mai, la 1ère division de panzers avait atteint l'Aa, au sud de Gravelines. Le lendemain, 24 mai, l'attaque de Gravelines et du fort de Philippe (à mi-parcours côtier entre Calais et Dunkerque), défendu courageusement par les français, échoua... ce qui a pû donner matière à réflexion et créer des soucis à Rundstedt.

J'irai même plus loin, au risque d'apparaître présomptueux, l'ampleur médiatique du mot "énigme" est démesurée. L'échafaudage de ce terme repose sur l'idée répandue que le Haltbefehl a eu pour effet d'atténuer la déroute, voire de la transformer en victoire. Or il n'est pas évident et celà ne sera jamais prouvé, que sans cet arrêt c'eût été pire.

Boutade finale... c'est de l'ironie... on ne peut tout de même pas concevoir une guerre avec le seul Hitler aux commandes des panzers, des stukas ou des unités navales de la kriegsmarine !.
Ce "super stratège" qui rappelons-le n'était que "kaporal" en 1918 ne s'était pas vu reconnaître ces qualités en rapport, à l'époque... si ?

Amicalement,
Roger
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